ANONYME : Rien de plus, rien de moins (Faustine)

C'est fini. C'est tout, c'est fini. Que voulez-vous dire d'autre ? Que voulez-vous ajouter ?


Une fille, une anonyme. Elle est devenue majeure il y a quelques mois. Elle a fêté son anniversaire avec ses amis. Elle avait loué une grande salle où tout le monde s'était rassemblé. Parce que tout le monde l'aimait. C'était une fille simple. Elle était grande avec de longs cheveux châtains. Elle avait bien quelques bourrelets et son pantalon était bien remplit. Elle avait de ces joues rouges qui laissent transparaître la moindre émotion. Et ses yeux, de grands yeux bleus, qui s'écarquillaient à la chaque nouvelle inattendue, sous des sourcils jamais éplilés correctement. Elle avait le rire facile, qui plaisait bien aux hommes. Elle avait des gestes vifs, larges. Elle mimait toujours ce qu'elle racontait. D'ailleurs elle avait toujours plein de choses à raconter. Elle adorait décrire les aventures sulfureuses de sa voisine, qui dormait la porte ouverte pour "qu'il y ait un courant d'air". En fait elle racontait tout ça comme pour se venger des insomnies qu'elle lui imposait. De plus elle enrageait d'être seule, elle.
Ca faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas goûté aux joies de l'amour. Il y avait eu ses premiers lourds échecs. Depuis c'était devenue une fille posée. Elle se laissait bien courtisée lors d'une de ces soirées étudiantes bien connues, mais rien de plus. Elle se concentrait sur ces études. Elle faisait de la comptabilité. Tous les matins elle se rendait à son école en plein coeur de Nantes. Elle aimait bien Nantes. C'était là qu'elle avait appris l'autonomie. Elle avait eu son petit appartement. Au début elle avait du mal, surtout pour la cuisine, c'était une piêtre cuisinière. Elle ne réussissait pas jusqu'aux pâtes ! Alors sa maman lui préparait chaque week-end des petits plâts maison, histoire qu'elle ne se laisse pas mourir de faim.


En ce matin du 12 février, elle se rendait une fois de plus à son école. Elle avait une boule au ventre. Aujourd'hui devait être une journée remplie en émotion ! En effet, Guillaume, le garçon si "spécial" à ses yeux, devait l'inviter à prendre un verre. C'était la suite d'un pari chanceux, sur un match de football opposant deux équipes dont elle ne connaissait même pas les noms. Cela ne l'avait pas empêchée de parier avec lui, et elle avait gagné qu'il lui offre un verre. Elle aimait bien Guillaume, mais n'était pas sûre de ses sentiments. Elle avait du mal à oublier Paul, son premier amour, avec lequel elle avait fait sa seconde moitié de lycée. Guillaume était très différent de Paul. Il n'avait pas ce côté sombre qui lui avait tant plu chez l'autre. Il était altruiste, il aimait bavarder, on pouvait converser des heures avec lui. Il la faisait toujours rire.
Mais aujourd'hui elle devait aussi se concentrer sur son évaluation. C'était très important. Elle avait eu de faibles notes aux précédentes, et devait se ratrapper.
C'est donc avec un coeur battant son plein qu'elle passait les murs de son école ce jour-là. Elle aperçut ses deux amies qui l'attendaient. Commença alors une longue conversation sur l'issue de ce fameux verre avec Guillaume. S'ensuivant de nombreux conseils plus inutiles les uns que les autres. Mais elle, ça l'amusait. Elle semblait moins stressée que ses amies. Elle avec le trac, certes, mais n'avait pas passé sa nuit à réfléchir sur ce qu'elle pourrait bien lui dire.
Elle entra dans la salle de l'évaluation. Ce fut un désastre. Comme d'habitude, elle oublia tout ce qu'elle savait. Ce problème la poursuivait depuis le collège... Elle sortit de là agacée. Avec ses amis elle se rendirent à la cafétéria. Sur le chemin son père l'appela. Il voulait savoir comment cela s'était passé. Elle le trouvait collant parfois, mais elle préférait cela à un père qui ne saurait même pas qu'elle existe. Elle n'osa pas lui avouer la vérité, qu'elle n'attendait même pas la moyenne. Elle essaya de prendre un air assuré mais lui ne mordit pas. Il fut compréhensif et n'insista pas.


A la cafétéria elle mangea quand même de bon appétit, malgré le fait que son esprit était ailleurs. Guillaume vînt alors s'asseoir près d'elle. Ses amies gloussaient, elles étaient persuadées qu'elles étaient discrètes ! Lui fixa le rendez-vous à dans une demi-heure. Puis il retourna manger à une autre table. Elle était en émoi.


La demi-heure en question passa assez rapidement. Elle le rejoint à l'endroit indiqué.Ils parlèrent longuement. Il lui raconta son enfance sur les côtes vendéennes. Elle parla de sa ville natale. Ils échangèrent leurs points de vue sur leur école. Elle parlait beaucoup, tout en remuant sa cuiller dans son café. Son autre main se chargeait de mimer ses propos. Les jambes croisées sous la table, les épaules voûtées, son regard posé sur le café. Malgré tout cela elle restait belle. Lui la regardait et faisait semblant de se satisfaire de ces quelques mots. Il appréciait bien sûr, mais il attendait plus.


Ils se quittèrent. Il lui fît promettre qu'ils se referaient ça, elle accepta. Elle se rendit alors à la bibliothèque. Elle lut vaguement le début d'un essai d'un économiste. L'économie, ça l'intéressait. Mais elle n'avait pas le niveau suffisant pour prétendre y réussir. Elle avait donc choisi la compta. Cela ne lui déplaisait pas.


Elle se souvint alors qu'elle avait oublié de récupérer ses vêtements au pressing. Elle décida de s'y rendre. Elle flânait dans les rues de Nantes. Elle aimait bien flâner. Elle pensait à ses choix. Avait-elle fait les bons ? Elle pensait à Guillaume. Ses amies la chariront lorsqu'elles apprendront qu'ils n'ont fait que discuter. Mais elle, elle aime bien prendre son temps. Puis elle n'était sûre de rien. Elle passa devant une affiche. C'était le nouveau film de Lynch. Elle adorait ce cinéaste, il avait un côté artistique incomparable. Il fallait qu'elle propose à quelqu'un d'aller le voir. Elle récupéra ses vêtements au pressing puis retourna à l'école pour assister à ses derniers cours. Elle travailla de nouveau à la bibliothèque. Ses amies n'avaient pas dit grand chose pour Guillaume. Elles commençaient à se lasser de l'histoire. Elle avait convaincu l'une d'entre elles de l'accompagner voir le nouveau Lynch. Elles se rendirent à la séance de 7h30. Elle ne fût pas déçue, un nouveau chef d'oeuvre !


Elle laissa son amie à quelques rues de la sienne. Elle continua à marcher tout en rêvant. Elle se repassait quelques détails du film. Il y avait encore des choses pas claires, qu'elle ne comprenait pas bien. A un moment une fille est dans un café et sur la badge de la serveuse est écrit son nom. Puis dans un autre passage de tout petits bonhommes sortent d'une boîte bleue. Elle avait beau se retourner ces scènes dans tous les sens elle ne comprenait pas.


Elle arrivait à quelques mètres de la porte de son immeuble et elle commençait à chercher ses clés. Il faisait déjà nuit. Elle aimait la nuit. Soudain elle sentit un main sur son épaule. Elle voulut se retourner mais une autre main s'abattit sur sa bouche et elle sentit son corps se coller contre un autre. Elle se débatit. L'homme la traîna un peu plus loin, et entreprit de la déshabiller. Elle voulait hurler mais la main l'en empêchait toujours, l'étoufant. Ce fut très rapide. Elle ne sentit qu'une douleur, une grande douleur dans le bassin. Elle sentit le corps de cet homme, son odeur. Cette odeur lui montait à la tête. Ses yeux se remplirent de larmes. Elle ne percevait plus aucun son, que le soupir rauque de son agresseur. Il resta un moment comme ça. Elle ne se débatait plus. Elle bougeait, cela ne faisait qu'augmenter son plaisir. Puis elle sentit la main collée à sa bouche glisser lentement. Sa respiration était saccadée. La main glissa jusqu'à sa gorge. Elle mît trop de temps à comprendre. La peur lui arracha la vue. Elle se sentit partir. Elle ne pensa à rien. C'était fini.


Guillaume n'aura jamais d'autre rendez-vous. Lynch a perdu un admirateur. Le cours de comptabilité du lendemain aura une élève en moins. Un appartement se libérera d'ici peu. Le prêtre célébrera un enterrement de plus. Quelques personnes pleureront. Mais elle restera à jamais une anonyme, une fille sans nom, une fille comme les autres. Mais qui contrairement aux autres s'était trouvée au mauvais moment au mauvais endroit. Et c'est fini... Que voulez-vous ajouter ?

Je crois que tu as voulu poser une atmosphère de banalité, de normalité, pour donner un choc avec le dernier paragraphe. Pour moi, c'est beaucoup trop long... Cette énumération de faits plus bateaux les uns que les autres m'a ennuyé. Ce n'est pas mal écrit (quelques maladresses tout de même), mais le fond n'y est pas. Par contre le dernier paragraphe et la description de cette scène atroce est assez réussi. Pour moi, il aurait dû être plus long et approfondi, on sent que tu pourrais en dire bien plus. Quasi-certitude sur l'auteure =)

J'ai moyennement accroché à ce texte. A cause de la manière avec laquelle tout est raconté. L'auteur a voulu respecter une certaine distance, histoire de narrer ce drame avec recul et aussi "objectivité", mais il n'y parvient pas vraiment; ça ressemble à un assemblage de morceaux avec quelques tournures maladroites. Dommage, parce que le drame est bien là, même si il est hélas devenu un fait divers banal, banalement sordide.
Je ne sais pas si le texte est trop long et si il l'est, ça ne m'a pas vraiment gênée. Mais cette succession de petits détails apporte en fait assez peu et peut donner cette sensation de longueur, car les personnages ne sont qu'effleurés de la sorte.

pas accroché non plus, limite ennuyé ... tout le début est "plat", rempli de détails "futiles", raconté sans originalité, ça m'a fait pensé un peu à la collection "arlequin" ... et puis l'agression qui arrive brutalement est racontée en une dizaine de lignes, ce qui semble pas mal démesuré par rapport à toute l'intro, très longue, trop longue ...

Je dirai Pauline

Le rythme est intéressant bien que mécanique. la construction est linéaire, trop à mon goût. D'ordinaire, je qualifie cette manière d'écrire de "caméra sur l'épaule", entre ce texte et le lecteur il y a l'écran. je ne suis pas le personnage puisque je ne le sens pas vivre, ne suis pas dans sa peau. Je ne suis pas non plus l'auteur, et ce pour les mêmes raisons.

L'histoire m'a plu même si au bout d'un moment, on sent que quelque chose de "glauque", ou triste va arriver. On sait que cela ne va pas finir avec "ils s'embrassèrent, se marièrent et eûrent beaucoup d'enfants.
Le côté "cliché" de la vie étudiante en mal d'aventures ne me dérange pas. Il est là (et peut-être trop) pour faire durer le suspens sur ce qui va se passer. Du coup, il y a des longueurs.
En résumé, pas mal de maladresses, mais c'est un début, une bonne base à retravailler.

Punaise, rien n'annonçait pareille fin, du texte et de la jeune fille du reste !
Fameux effet de surprise (d'autant que j'ai failli abandonner plusieurs fois la lecture que je trouvais un peu ennuyeuse et soporifique).
Le style très réaliste du texte fonctionne bien lors qu'il s'agit de décrire la scène du viol et du meurtre. Style chirurgical en l'espèce. La chute le légitimise en quelque sorte. Au final, texte intéressant. Attention quand même aux fautes d'orthographe !

Un texte qui se lit facilement mais qui ne déclenche pas grand chose chez la lectrice que je suis. Ni émotion, ni sourire, ni angoisse, ni révolte, ni rien.
De même, il n'y a rien de fondamentalement "critiquable" : l'ecriture n'est pas désagréable, le texte pas désintéressant etc...
C'est juste que ces lignes sont un peu trop lisses, trop neutres, ne laissent pas une réélle empreinte dans l'imaginaire du lecteur.

Je me suis aussi bien embêtée à la lecture. Peut-être que moins long ou plus intéressant la première partie, ça aurait été mieux.

c'était long, beaucoup trop, malgré la chute que je n'attendais pas aussi dramatique
sinon ça se lit bien, sans heurts

je soupçonne Nina mais sans aucune certitude ;-)

il y a un effort pour faire découvrir cette jeune fille, pour la faire connaitre au lecteur par le biais de détail (lynch par exemple) elle pourrait cependant être encore mieux "croquée"

Toute l'histoire du début avec ce jeune homme est sympathique mais aurait pu être rendue plus vivante
Sinon c'est vrai que tout ça est peut-être raconté avec trop de distance, j'ai pas réussi à m'attacher au personnage...

Que voulez-vous ajouter ? Ben finalement, elle l'avait eu ou pas son évaluation ? Pardon pour le cynisme. Je m'explique :

Je trouve que c'est assez correctement écrit, la qualité d'observation fait une bonne partie de la qualité. Ce qui me manque, c'est que dans la façon "banale" d'écrire, il n'y a pas d'autre niveau, tu ne crées pas de failles (par exemple entre le discours et la réalié), tout ce qui nous permettrait d'entrer dans les personnages (c'est l'effet surface dont parle Yali). En ceci, je crois que tu manques aussi de nous rendre les personnages attachants.

Disons que je trouve que por le texte, tu vas vraiment dans une bonne direction, mais qu'il manque des ingrédients pour que ça prenne.

Je ne suis pas très au clair avec la chute, et ce que ce texte nous dit (et ne veux pas nous dire, refuse de nous dire d'où la remarque de début). A mon goût, un message du genre "le viol quel horreur", "la mort peut survenir n'importe quand", est une intention un peu faible (parce que évidemment chacun le pense), et je crois que tu as les moyens de faire beaucoup mieux.

Donc, des qualités dans ce texte, pour mon goût, des réserves, je crois, un vrai potentiel.

Un récit pas inintéressant qui arrive à s'étaler dans le temps, avec un souci du petit détail qui lui donne un cachet d'authenticité indéniable. La force du récit souffre malheureusement du recours trop fréquent à la banalité des images ("...goûté aux joies de l'Amour" entre autres) et de quelques vraies lourdeurs d'expression telles que "...malgré le fait que son esprit était ailleurs...(pourquoi pas tout simplement : "...malgré son esprit ailleurs..." ou bien : "...fixa le rendez-vous à dans une demie-heure" (qu'on peut écrire "...lui fixa rendez-vous une demie-heure plus tard".

En définitive, une histoire assez bien agencée, mais qui reste un peu plate en dépit du caractère dramatique de la fin.

J'ai faillit décrocher dès la première partie à cause de la banalité du récit (au début) et des longueurs. Puis vient ce rebondissement près de la porte de son immeuble qui redonne un coup de « booste » à l'histoire, mais la 2e partie s'achève trop rapidement. Je reste mitigé sur le texte. J'aime la chute, (je préfère les histoires qui finissent mal car elles sont plus marquantes dans les esprits), La dernière partie méritait d'être plus étoffée contrairement au début du texte.

long, très long à mettre en place un drame prévisible.