Rien

Ce vide, tu le peuples de tes silences. Rien que tu ne saches déjà. Mais ils sont bouche d'or tous tes à-côté, ces ratés que tu chéris, ils te parlent ô combien. Tu es ce soldat qui dort des étoiles mortes plein les yeux. Beauté de ces étoiles qui n'ont plus rien à dire, mortes comme un autre toi-même. Beauté de ces étoiles sur celui qui a fermé les yeux. éloquence de celui qui ne veut plus compter. o bien sûr tu comptes tu comptes encore sur tes doigts l'hémistiche d'une bière que le serveur n'a pas voulu convertir en alexandrin, tu comptes encore les galops sourds des moqueries. Celui qui dit si mal sa souffrance est moqué. Mais qu'importe ? Il te faut dire, tes mots ne sont pas perdus pour toi : ce que tu es, ce qui forme encore sur ton visage un début de sourire désabusé, il te faut l'exprimer. Poème que tu prends à partie, dis-leur toi, dis la souffrance et la peine, dis bien la solitude et la difficulté d'aimer. Qu'importe la grandiloquence : tous nous voulons aimer, être aimé, telle est notre souffrance. AInsi soit-t-il. O bien sûr encore on moquera mon poème d'un soir de beuverie et de solitude.
Je m'en contrebalance, je l'aurai dit.

Parfois les soldats font semblant d'être morts pour sauver l'essentiel: l'étincelle, l'humour, un sourire trop pâle qui dit que tout n'est pas perdu.

Prose d'un loser. J'aime bien. Surtout : "...un début de sourire désabusé, il te faut l'exprimer". Ce presque rien qui fait tout. Etre aimé. C'est notre refrain muet mais tellement tonitruant. Merci encore une fois.