Fausse valse

fausse valse


comment dire le geste résigné
ce soupir en forme de rien
qui fond dans la poitrine et meurt à la narine

et l'attente immense toujours déçue
vague plaie profonde mais sans fond
Vénus née-noyée

comment ? ce soupir ? rien
que le geste cyclique des vents de soi
rien que le sang bleu oxydé de la brise

pourquoi souvenir fuis-tu au bout de mes paupières
comme la lune à l'aube ravalée ?
comme la chambre de l'aimée matin quittée ?

pourquoi avenir restes-tu
lolita aux yeux verts qui dans l'ombre me dédaigne
et me dit de ses mains tremblantes, de sa pudeur amusée
"peut-être"

je dis confusément semble-t-il
que rien du soupir n'acte
la mort douce que je porte

comme un second souffle
comme un second amour
comme un second moi

rien dis-je ébloui semble-t-il rien
que le soleil troublé rien oh rien
qui ne patauge dans la flaque des lueurs mourantes

rien qu'une valse lente
qui clapote au fond du soir
qui clapote au fond de soi

rien que la pluie du cœur
Atlantide grise où je danse et respire
avec la ferveur d'un spectre

Le temps dépose la cendre des heures sur la souffrance, cette braise. Elle est masquée mais brûle encore.

(La beauté de ce blues ne te console pas mais te permet au moins de toucher d'autres âmes.)

Je trouve votre texte tout à fait merveilleux.
cette syntaxe "de biais" est tout à fait expressive mais avec une pudeur qui révèle une profonde émotion.
Merci

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Très classe comme souvent. J'aime beaucoup.

Un mini bémol pour ce passage :
"comme un second souffle
comme un second amour
comme un second moi"