Respirer par la bouche
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Polixène
Hue
6 participants
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Respirer par la bouche
Je brûle. Me consume.
Brûlure du temps qui passe,
Chaleur du vide.
La place du vide dans mon ventre
L'absence de tes lèvres, de ta langue dans ma bouche qui cherche un chemin vers l'ailleurs.
Ta langue qui promène, emmène, m'emmène.
Chaleur de ta peau, loin de la mienne.
Tout contre mes reins.
Vide du toi en moi.
Souvenir de toi en moi, souvenir-foudre, tonnerre dans la poitrine, brûle la peau jusqu'aux os.
Souvenir sourire soupir.
Souvenir comme la promesse d'autres orages.
Danser sous la pluie.
Promesse qui n'éclate pas, promesse dans la pierre, figée, figée toujours.
Brûlure à bout de forces, brûlure écrasée, à terre, rompue, rompue sous la pluie.
Souvenir s'efface, souvenir-étincelle, soupir coagulé, sourire.
Je
chute
me consume
caresse
tousse
m'essouffle
éclabousse.
En fuite. Vide. Flaque. Boue.
Étreinte rêvée
Rêve d'un univers neuf
où poser les deux pieds sans tomber.
Brûlure du temps qui passe,
Chaleur du vide.
La place du vide dans mon ventre
L'absence de tes lèvres, de ta langue dans ma bouche qui cherche un chemin vers l'ailleurs.
Ta langue qui promène, emmène, m'emmène.
Chaleur de ta peau, loin de la mienne.
Tout contre mes reins.
Vide du toi en moi.
Souvenir de toi en moi, souvenir-foudre, tonnerre dans la poitrine, brûle la peau jusqu'aux os.
Souvenir sourire soupir.
Souvenir comme la promesse d'autres orages.
Danser sous la pluie.
Promesse qui n'éclate pas, promesse dans la pierre, figée, figée toujours.
Brûlure à bout de forces, brûlure écrasée, à terre, rompue, rompue sous la pluie.
Souvenir s'efface, souvenir-étincelle, soupir coagulé, sourire.
Je
chute
me consume
caresse
tousse
m'essouffle
éclabousse.
En fuite. Vide. Flaque. Boue.
Étreinte rêvée
Rêve d'un univers neuf
où poser les deux pieds sans tomber.
Hue- Nombre de messages : 51
Age : 36
Date d'inscription : 31/08/2008
Re: Respirer par la bouche
Un beau corps-à-coeur dont la sensualité frontale se suffit à elle-même: c'est un miroir, au lecteur d'en jou(i)er ou non.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Respirer par la bouche
Avec un champ lexical très symptomatique du corps, c'est un horizon éminemment sensuel qui se présente ici devant le lecteur. Le partenaire, aujourd'hui perdu, n'est prégnant qu'à l'aune du désir qu'il continue de susciter (champ lexical : « tes lèvres », « ta langue » x 2, « ta peau », expressions : « la place du vide dans mon ventre », « vide du toi en moi », glissement de préfixation assorti d'une construction en gradation : « promène, emmène, m'emmène »). Le jeu des hyperboles (« brûle la peau jusqu'aux os », « figée pour toujours »), la gradation hyperbolique (« écrasée, à terre, rompue »), le parallélisme (« ta peau, loin de la mienne ») et quelques verbes pronominaux (« me consume », « s'efface », « m'essouffle ») appuient douloureusement sur l'image de la séparation, sur la sensation d'indicible manque. Secondées, de-ci de-là, par l'assonance en « ou », quelques anaphores (« Souvenir » x 5, « promesse » x 3, « brûlure » x 2, « soupir » x 2, « sourire » x 2) martèlent les éclats saillants de l'histoire intime. Cependant, en toute fin de poème, la thématique du feu destructeur se trouve, contre toute attente, relayée par celle de l'eau (« éclabousse », « flaque », « boue »), ménageant une ouverture de la perspective (expression : « En fuite »). La boue, constituée de limon, d'argile, est symbole de fertilité. Une projection fantasmatique peut alors s'ébaucher (groupes nominaux à visée utopique : « étreinte rêvée », « univers neuf ») vers un nouvel équilibre amoureux (proposition subordonnée relative : « où poser les deux pieds sans tomber »). Le titre du poème renvoie, en quelque manière, au phénomène de combustion qui mine une grande partie du texte, signalant l'horizon, mortifère en l'état, de la locutrice.
Merci pour ce partage !
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Respirer par la bouche
Le titre "Respirer par la bouche" figure déjà l'atmosphère du texte : on respire par la bouche quand le souffle manque, qu'on a pris un coup, lorsqu'on accouche... Le rythme haché accentue cette sensation d'un choc. Les mots sont des éclats qui tournent en boucle. On perçoit la suffrance...
Le dernier vers est magnifique
" Rêve d'un univers neuf
où poser les deux pieds sans tomber."
Bravo
Le dernier vers est magnifique
" Rêve d'un univers neuf
où poser les deux pieds sans tomber."
Bravo
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 25
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Respirer par la bouche
Les mots comme des petites flameches iridescentes témoignant d'un désir , d'un amour consumé mais qui rougeole encore à la lumière du manque, et puis le verbe comme un souffle qui voudrait (qui pourrait ? ) ranimer le feu . Une sorte de précipité mis en valeur par la disposition graphique des mots leur choix judicieux
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
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