Lavé de pluie

Pleurez mes yeux coulez mes larmes
lavez ma vie dans l’eau froide
pleuvez mes cieux
lavez ma ville
essayez-vous à l’impalpable
entre ma route et vos nuages
ployez messieurs le vent sauvage
arrache les tuiles à vos toits
pleurez mes yeux dessous l’orage
pleurez mes cieux craquez mes arbres
balayez vifs et nivelez
retrouvez la clarté sous l’épave
qu’il pleuve à vie
qu’après la pluie tourne la page
vienne l’oubli
qu’après la pluie vienne l’orage.

Belle unité sonore, on dirait une peinture monochrome !
Le rythme irrégulier est bien assorti au propos, comme une colère qui se fait jour après les "incantations " du début, assez de tout ça, lavez-moi tout et que la vie reprenne!
Dans cette dynamique que j'ai ressentie, du coup, les deux occurences du mot "orage" me gênent, seul le second porte force et fertilité.
Merci pour ce beau texte.

Du souffle et du rythme. Bienvenu(e). Ça nous ragaillardit le fauxrhum.
A la relecture je relève le (passé inapteperçu) "pleuvez" (pas sûr que ça existe) qui est en tout cas une belle invention répondant par son paralllisme des formes au Pleurez de l'incipit.

Merci pour vos commentaires et vos compliments !

@teverino, je confirme (bien inutilement je pense), "pleuvez" n'existe pas ; mais il me paraissait nécessaire ici pour les raisons que tu as évoquées. Je te rassure, je ne suis pas un habitué du néologisme dans mes textes ! Ici, la pluie me semblait manquer d'impératif pour un poème que je voulais vigoureux, alors je me suis arrangé...

@Polixène, si je comprends bien, c'est la répétition du mot "orage" qui te pose problème ? Elle te semble superflue ? Par quoi l'aurais-tu remplacé, dans ce cas ?

Spoiler:

Pas besoin de  remercier : c'est un plaisir d'échanger avec les personnes disposées à vivre ici un atelier au vrai sens du terme (et non à jeter au nez des autres leurs déjections écrites)
Pour le premier "orage", je ne sais pas s'il faut le remplacer par un autre mot, c'est à toi de voir . En fait, c'est le côté un peu théâtralisé du début qui induit un déroulé, et ce déroulé nous met sous l'orage dès la fin de la première partie; ainsi, quand il revient, quelque chose dans la logique bute un peu . Mais c'est tellement personnel, ce n'est sans doute évident que pour moi, raison pour laquelle je n'ai pas d'autre piste.

Silence écrit, vous avez inversé @Polixème et @teverino, mais ce n'est pas grave. Polixème a répondu sur "orage" (sans désespoir) et quant à moi "Pleuvez" me va fort bien, c'est ce que je pensais avoir souligné.
Les prénoms ont été rectifiés

la pluie, et l'orage, il manque juste le vent pour mettre une touche finale

So-Back a écrit:la pluie, et l'orage, il manque juste le vent pour mettre une touche finale

Euh... le vent, comme au vers 7, tu veux dire ?

"autan " pour moi, comme dit dans le Sud

Un peu trop chantant pour mon goût, quoique la rupture de rythme du deuxième vers m'ait ravie. Je ressens souvent la musicalité comme un piège, qui enferme le sens dans ses boucles, mais j'ai sans doute tort.

Difficile d'avoir tort quand on parle de son ressenti personnel ! C'est vrai que la musicalité est une chose que je recherche souvent dans mes poèmes - elle et le rythme. J'essaie de faire en sorte qu'elle ne prenne pas (trop) le pas sur le sens, et n'y parviens pas toujours.

Merci de ta lecture et de ton commentaire.

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je crois aussi qu'il y a des questions de préférences sensorielles : des poésies qui donnent le premier rôle aux images, d'autres au rythmes et aux sonorités.