Haïkus des mois

En janvier la neige
fond au soleil des promesses
qu'on ne tiendra pas.


Février grignote
comme une souris de brume
le manteau des nuits.


Mars est un mendiant
en haillons de soleil gris
au seuil du printemps.


Avril qui sourit
tresse un cordon de lumière
aux cheveux du vent.


Mai n’est pas sérieux.
Il gambade en arlequin
au défilé des jours.


Juin en blanches larmes
ravit de promesses rouges
le merle gourmand.


Juillet torse nu
fait du gringue aux demoiselles
de bronzage éprises.


Août comme un chat roux
s’étire en jours mordorés
sous un soleil las.


Septembre le juste
place au cœur de chaque fruit
l’espoir d'une fleur.


Octobre câline
en caresses de brouillard
les collines mauves.


Sans pitié novembre
arrache aux arbres leurs feuilles,
aux hommes l’espoir.


Décembre chuchote
aux racines qu’elle porte
le secret du monde.

C'est super Hellian ! Poétique et tendre à souhait, très élégant aussi. J'aime beaucoup.

Sahkti a écrit:C'est super Hellian ! Poétique et tendre à souhait, très élégant aussi. J'aime beaucoup.

Chère modératrice…
à l'appel de quelques vieilles connaissances je suis de retour, bien décidé, non pas à fiche le bazar, mais bel et bien à rendre son souffle à VE qui s'est nécrosé totalement. Pouvons nous discuter de cela ? Pourrais tu prendre connaissance du fil consacré à réanimation de VE et nous faire savoir si tu es encore en vie ?

HELLION a écrit:En janvier la neige
fond au soleil des promesses
qu'on ne tiendra pas.

Je profite que je suis là pour mettre un mot à Hellion. Commenter ce genre de poésie est quasi impossible. Une fois qu'on a dit “c'est très joli“, il n'y a plus rien à ajouter. Personnellement, je suis pour une poésie agressive, engagée, une poésie qui s'empare des mots et les triture pour créer de l'indicible. Mon poète actuel préféré est Jean-Pierre Verheggen, t'as qu'a voir ! Ceci dit, je n'ai rien contre ce que tu as écrit là. Mais à quoi ça sert ? C'est joli…c'est tout.
Je n'ai pas le droit de poster des liens ???? alors l faudra le copier coller : en rajoutant HTTPS://devant évidemment :
fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Verheggen

Désolé de n'avoir su te répondre plus tôt cher Narbah. Tu me demandais  à quoi ça sert... A quoi ça sert, la poésie, si elle n'est pas engagée, mais seulement "jolie" ? Eh bien, mais à rien, bien sûr. Il ne manquerait plus que ça serve à quelque chose.  Attention ne me fais pas dire ce que je n'ai  pas dit du genre c'est bien plus beau lorsque c'est inutile. Non, ça je ne crois pas que ce qui est inutile est plus beau que le reste qui est utile. Mais attends un peu, la poésie engagée, ça sert à quoi ? faudrait-il classer la poésie en fonction de son degré d'utilité. Je te confierai que la fonction utilitariste de l'art en général m'échappe un peu. à moins que ça serve juste à être beau, beau et con à la fois; parce que, faut bien l'avouer quand quelque chose est très beau, on va pas lui demander en plus d'être très intelligente.  ben oui, le beau se suffit à lui-même, non. Voilà, camarade Narbah, c'est qu'est-ce que je pense ! La poésie quand c’est mignon joli, ça sert à que dalle et c'est achement mieux comme ça.

j'ai choisi celui la ;étant du 19 aout , et en plus j'ai ma chatte sur les genoux
j'aime bien ce résumé des mois

Août comme un chat roux
s’étire en jours mordorés
sous un soleil las.

12 haïku bien pensés, j'applaudis.
Et pour participer au débat (?), pourquoi ne pas dire que le tout beau, tout joli est une halte dans le tout engagé, une pause pour mieux repartir lutter, crier, hurler ?
La nature est, le poète peut la chanter, sur tous les tons. Il est aussi vain de triturer les mots. Les deux peuvent se faire avec Art.

Beaucoup aimé, tout particulièrement janvier, août et octobre.
Et pour participer au débat : j'aime les mots, qu'ils soient acides, salés, sucrés, amers...A quoi servent-ils ? Mais à tout ! A rien. A mentir. A faire exister ce qui n'existe pas. A anticiper, remplacer, recréer, sublimer, réparer, corroder, abîmer, amplifier, décrire, objectiver la réalité.
C'est déjà pas mal, mais bien sûr, on peut en rajouter...

So-Back a écrit:…et en plus j'ai ma chatte sur les genoux…

Un peu de mauvais esprit ?


beaucoup trop de trous
j'ai ma chatte sur les genoux
du flou dans mon cou

Merci pour ce poème !

C'est doux, musical, on se laisse facilement porter au rythme de ces haïkus indépendants mais qui se répondent cependant l'un l'autre.

Le débat sur l'utilité de la poésie etc est trop subtil pour mon état d'éveil du moment mais je compléterai juste en disant que l'avantage des poésies qui ne délivrent pas un message direct (engagé) c'est qu'elles résonnent plus facilement, en tout cas chez moi, parce qu'elles ont quelque chose de plus universel. Mais les deux types de poésie sont belles à leur manière et tout aussi indispensables!

Narbah pas saisi LE MAUVAIS ESPRIT

Pour en revenir aux haïkus: je les trouve très réussis. Parfois un peu trop "personnels" ou "psychologiques" pour être de vrais haïkus. Là où je comprends ce débat, c'est que moi j'ai longtemps préféré être dans la violence, dans le brutal, dans le débordement. Je suis donc du côté de Narbah sur le "faire joli"... mais finalement aussi du côté d'Hellion, qui s'adonne ici à un véritable "exercice" (oui c'est un peu provoc). J'ai évolué, et aujourd'hui je pense que le but est tout simplement de penser poétique. je pense que ce qui est écrit ne sert à rien. N'a de valeur que lorsque le logiciel de pensée lui-même est poétique. Pas besoin de papier pour écrire un haïku. Il est suffisamment bref pour exister dans la mémoire automatiquement. Alors oui la violence, oui le lyrisme, mais un haïku peut être un acte fondamental.

So-Back a écrit:Narbah pas saisi LE MAUVAIS ESPRIT

c'est une histoire de trou du haiku koi !

Yoni Wolf a écrit:(…)je pense que ce qui est écrit ne sert à rien.(…)

“Un bon poète n'est pas plus utile à l'état qu'un bon joueur de quille“ (Malherbe) Sujet classique de philo.

Soit la poésie est partout, soit elle n'est nulle part. Je n'ai jamais compris, et je me refuse à jamais comprendre, ce distinguo de dingue qui consiste à opposer prose et poésie : C'est d'une préciosité ridicule. Tricotons avec tout.
Il y a des proses poétiques et des vers prosaiques.
Ce que je constate en revanche, c'est que dans les publications poétiques ici, sur VE, on trouve des écrivants qui écrivent beaucoup de vent et en ne se préoccupant aucunement de leur environnement. En prose, la gent est plus réactive et gaillarde. encore que, en ce moment, tout le monde semble plus ou moins dans le béni-oui-oui de type patronage “c'est très bien ce que vous faites cher(e) ami(e), j'aime beaucoup“.

mon cher Narbah ,

J' approuve ton propos pour partie. D'abord, il présente le mérite d’être sans concession, ce qui incite à te répondre de même. je te rejoins lorsque tu mets à l'index cette distinction entre Prose et poésie. Je crois comme toi que de nos jours elle est de moins en moins justifiée. Cependant elle avait sa raison d’être dans les sicles passés, dès lors que l'écriture poétique ne pouvait se concevoir que sous le joug de certaines contraintes très normées (rimes, nombre de syllabes, etc...) Aujourd'hui, il reste quand même quelques distinctions de forme qui persistent à faire différence; Sinon d’accord pour "les quilles", quoiqu'il reste le jeu dont la nécessité vital n'est plus à démontrer...

Quant à la complaisance des commentaires, je ne saurais te suivre. Il s'avère que nombre de texte de la section prose sont de qualité, les tiens d'ailleurs en faisant partie. Quant aux critiques négatives, elle ne sont pas rares.
simplement elles sont souvent proposées en forme de litotes, un peu comme les rapport dans l'administration où selon un code implicite, il ne faut jamais prendre toute lange au pied de la lettre.

Enfin contrairement à l'avis formulé par Jano dans la rubrique "conversation", je trouve fort intéressante ta proposition d'exercice sur la motivation à l'écriture. J'aurais l'occasion de développer ce soir.

cordialement

HELLION a écrit:mon cher Narbah ,
(…) je te rejoins lorsque tu mets à l'index cette distinction entre Prose et poésie. Je crois comme toi que de nos jours elle est de moins en moins justifiée (…)
et
(…)ne pouvait se concevoir que sous le joug de certaines contraintes très normées (rimes, nombre de syllabes, etc...)(…)

Je prends bonne note que tu sembles bon camarade et que tu es ouvert à la discussion. Mais je ne peux pas te laisser dire ce que je n'ai pas dit. D'une part, je ne mets rien “à l'index“, ce n'est vraiment pas mon style. Le distinguo entre prose et poésie est établi ici et c'est une institution. Je n'ai pas l'intention de la remettre en question, ce serait vain.
Quant-à croire que les contraintes dont tu parles sont dépassées, alors là, certainement pas ! Je suis fervent adepte de l'Oulipo et j'adore les contraintes. Je pense d'ailleurs qu'il est impossible d'écrire quoi que ce soit sans contraintes, à commencer par celles que l'on se fixe soit même en choisissant un sujet. Mais ça y est, on est déjà en train de parler d'écriture…