Des cris : première dizaine

Fantaisie dans un mode quasi médiéval composé en cinq dizains comprenant chacun six vers parfois rimés ; avec ce qu'on pourrait éventuellement nommer une épanadiplose. Genre anaphore-clausule quoi ! Je publie ça ici et je viendrai commenter les autres après, histoire de me faire connaître un peu d'abord.
BON, C'EST PAS UN TEXTE TOUT NEUF, MAIS EN CE MOMENT JE N'ÉCRIS PAS DE POÉSIE.
Ceci est le premier dizain et il y en a donc quatre autres à venir derrière.

-1-
je ne sais pas pourquoi j'ai cri
Pourtant j'ai dépensé ma vie
A le ravaler dans ma gorge
C'est un sortilège, une goule
C'est une longue maladie
Je ne sais pas pourquoi j'ai cri
-2-
J'ai cri toujours contre mon gré
Ça sort tout seul, irrépressible
Un mal de ventre à soulager,
Une obligation quotidienne
Selon : hurlement, râle ou soupir
J'ai cri toujours contre mon gré
-3-
J'ai cri lorsque la vie m'étrique
Quand je me marche sur les pieds
Quand je veux un peu m'isoler
Quand j'oublie tout de la métrique
Quand l'image fait de la musique
J'ai cri lorsque la vie m'étrique
-4-
Je me retiens lorsque j'ai cri
J'ai peur d'ennuyer l'entourage
Je suis désœuvré et j'enrage
Que faire de toutes ces journées
Ainsi à l'étroit dans mon corps ?
Je me retiens lorsque j'ai cri
-5-
Ce que j'ai cri parfois se chante
Ça me fait sentir animal
Je siffle ainsi longtemps ma muse
Comme une catin, ça m'amuse
Sous la douche, et je bande mal
Ce que j'ai cri parfois se chante
-6-
Lorsque j'ai cri sans y penser
Qu'importe comment sera l'ouvrage
Si ce sera du radotage
Grand art , ou bien mathématique
J'écoute seulement la musique
Lorsque j'ai cri sans y penser
-7-
Lorsque j'ai cri en gros volume
C'est dans le cul que j'ai la plume
Je m'en fou de ce con va panser
La blessure suinte, la morve fume
Je braque un obus vers la lune
Lorsque j'ai cri en gros volume
-8-
Parfois j'ai cri sans m'arrêter
Ça coule comme torrent de montagne
Ça roule des galets de castagne
Sur ta gueule je voudrais cogner
Pour te casser, pour t'estropier
Parfois j'ai cri sans m'arrêter
-9-
Tant que j'ai cri je voudrais vivre
Et c'est une consolation
Aux douleurs, aux crucifixions
Que de bien tailler un crayon
Et de partir à l'abandon
Tant que j'ai cri je voudrais vivre
-10-
J'ai cri tant que je suis assis
Tant et tant sur mon vieux derrière
Même si parfois après je pleure
Il s'écoule bien des humeurs
Pour bien protéger mes arrières
J'ai cri tant que je suis assis

Salut Narbah, toujours curieuse de ce que tu écris (et cri) et même si le cri est ancien, pour moi, il est tout neuf, il sort du chaudron/ventre/.
Si je n'aime pas trop les mots sur les mots (ou les cris sur les cris), je trouve les tiens bien fichus (pas tout au long de texte, cependant).
Il m'a fallu aller voir ce qu'étaient "épanadiplose", "anaphore-clausule" ce qui me ramène un peu à mon ignorance littéraire, mais bon, j'ai passé cet écueil.
J'aurais aimé trouver des rimes d'un paragraphe à l'autre, genre ABCDEA, reporté dans chaque paragraphe.
J'ai aimé, dans ce style plutôt classique trouver des mots ou des expressions modernes, l'auteur ne s'attache pas à un style mais exprime ce qui lui tient "au ventre".


J'en redemande, merci !

Des cris, et puis enfin le silence, halte à cette violence
Des pleurs, des larmes, des sanglots
Hébété, tel le sinistré sans sabots
Des cris fusillés, et l’attente d’un nouveau flot


je réponds par des cris, la famille s'agrandit
bravo, je retiens celui là mais ils resonnent tous

J'ai cri toujours contre mon gré
Ça sort tout seul, irrépressible
Un mal de ventre à soulager,
Une obligation quotidienne
Selon : hurlement, râle ou soupir
J'ai cri toujours contre mon gré

Des mots pour maux, inégaux, heurtés, concassés. La vie, quoi.
J'aime
" j'ai cri quand la vie m'étrique
quand je me marche sur les pieds"
et
"Ça coule comme torrent de montagne
Ça roule des galets de castagne"

J'aime moins
"Ce que j'ai cri parfois se chante
Ça me fait sentir animal
Je siffle ainsi longtemps ma muse
Comme une catin, ça m'amuse
Sous la douche, et je bande mal
Ce que j'ai cri parfois se chante"
je trouve qu'il y a là une idée ( ou deux ?) mal exploitée. Des fois les idées priment sur les mots, d'autres fois c'est l'inverse. Mais pourquoi pas ?

Ah ben ces cris/écrits ne forment pas un long fleuve tranquille...
On y voit le pauvre "crivant "patauger se débattre s'asphyxier se prendre des branches lutter contre le courant puis se laisser porter victime jubilante parfois de ce mouvement qui l'emporte, qui lui donne des envies de castagne, l'écriture, l'écrit tu (tue) l'aventure..
J'ai un petit faible pour le 9 à cause du choc rigolo que provoque "tailler son crayon" pour parer une "crucifixion "...c'est vrai quoi la vie c'est simple comme un taillage de crayon ....(mais qui écrit encore avec un crayon)
As tu posté la suite ?Vais voir...

Au moins c'est de l'artisanat ce cri plein de copeaux, de sciure! C'est rugueux et chaleureux comme un atelier, on a envie de boire un coup avec toi en te tapant sur l'épaule: va mon gars, crie, crie tant que tu pourras.