Ecrire le plus beau poème d'amour
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HELLION
coline dé
6 participants
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Ecrire le plus beau poème d'amour
Finette remuait la queue. Ostensiblement.
Finette : Leonberg, presque cinquante kilos.
Lorsque Finette remue la queue, le vent se lève. Moi, j’avais trop la flemme !
Ma peau hésitait encore entre des comparaisons éculées : soie, satin, velours… Je me disais qu’il aurait fallu trouver de nouveaux noms, plus beaux, plus… plus exotiques.
Les rayons du premier soleil matinal, doucement dentelés par un feuillage ténu, se prélassaient sur le lit et la quiétude de ce matin me rendait béat. C’était reposant comme mes premières nuits en montagne…..
Merryl venait de partir, laissant derrière elle un bruissement d’étoffes et son odeur de fille. Dans cette tiédeur parfumée, comment croire à la nécessité de se lever ?
J’ai quotidiennement un mal de chien à m’en persuader, alors, aujourd’hui !
J’étais chez elle ! Je m’étirais dans son lit ! Elle venait de me dire « à tout à l’heure » en me gratifiant d’un baiser de soixante seize secondes ( il y a en moi un crétin qui ne cesse de compter, c’est un de mes tocs. Ça me donne une sorte de ronronnement intérieur.).
Merryl, mon fantasme, mon désespoir, mon arc-en-ciel ! Mes paumes se creusaient rien qu’en pensant à son dos, je n’avais jusqu’alors osé envisager ses seins…
Et là, j’émergeais d’une nuit entière consacrée à l’aimer, à localiser chaque infime bouton, rougeur, imperfection qui me permettrait d’espérer …
L’inhumaine n’en avait pas, et pourtant, elle avait dit « à tout à l’heure ».
Je devais me montrer à la hauteur, accomplir un exploit, lui prouver que j’étais un héros digne de rester - au moins quelques temps - à ses côtés ; surtout la nuit.
J’avisai sur sa table de travail des piles de papier vierge, qui me parurent de bon augure, et j’entrepris le plus beau poème d’amour jamais écrit. Une recherche sur internet devrait me permettre de trouver les noms de tissus qui rendraient justice à sa peau fabuleuse…
C’est fou ce qu’il existe comme noms de tissus ! Jamais je n’aurais pu prévoir le temps qu’il me faudrait pour choisir entre ces brocatelles, ces lampas, ces linons ( trop petite fille, le linon ; trop vieillot, le lampas ; trop rêche, le madapolam…)
Il n’était pas loin de midi.
Déjà.
Je biffai donc les vers à peine esquissés et écrivis à la place : « Je suis sorti faire pisser Finette. Je t’aime »
Je comptai douze pas et pris d’une hilarité sans objet, je courus jusqu’au troquet, en me répétant : « je l’ai baisée deux fois, je la baiserai trois fois, je la baiserai quatre fois, je la… »
Finette me suivait, le regard plein d’adoration.
Mais bien sûr, elle ne savait pas compter
Finette : Leonberg, presque cinquante kilos.
Lorsque Finette remue la queue, le vent se lève. Moi, j’avais trop la flemme !
Ma peau hésitait encore entre des comparaisons éculées : soie, satin, velours… Je me disais qu’il aurait fallu trouver de nouveaux noms, plus beaux, plus… plus exotiques.
Les rayons du premier soleil matinal, doucement dentelés par un feuillage ténu, se prélassaient sur le lit et la quiétude de ce matin me rendait béat. C’était reposant comme mes premières nuits en montagne…..
Merryl venait de partir, laissant derrière elle un bruissement d’étoffes et son odeur de fille. Dans cette tiédeur parfumée, comment croire à la nécessité de se lever ?
J’ai quotidiennement un mal de chien à m’en persuader, alors, aujourd’hui !
J’étais chez elle ! Je m’étirais dans son lit ! Elle venait de me dire « à tout à l’heure » en me gratifiant d’un baiser de soixante seize secondes ( il y a en moi un crétin qui ne cesse de compter, c’est un de mes tocs. Ça me donne une sorte de ronronnement intérieur.).
Merryl, mon fantasme, mon désespoir, mon arc-en-ciel ! Mes paumes se creusaient rien qu’en pensant à son dos, je n’avais jusqu’alors osé envisager ses seins…
Et là, j’émergeais d’une nuit entière consacrée à l’aimer, à localiser chaque infime bouton, rougeur, imperfection qui me permettrait d’espérer …
L’inhumaine n’en avait pas, et pourtant, elle avait dit « à tout à l’heure ».
Je devais me montrer à la hauteur, accomplir un exploit, lui prouver que j’étais un héros digne de rester - au moins quelques temps - à ses côtés ; surtout la nuit.
J’avisai sur sa table de travail des piles de papier vierge, qui me parurent de bon augure, et j’entrepris le plus beau poème d’amour jamais écrit. Une recherche sur internet devrait me permettre de trouver les noms de tissus qui rendraient justice à sa peau fabuleuse…
C’est fou ce qu’il existe comme noms de tissus ! Jamais je n’aurais pu prévoir le temps qu’il me faudrait pour choisir entre ces brocatelles, ces lampas, ces linons ( trop petite fille, le linon ; trop vieillot, le lampas ; trop rêche, le madapolam…)
Il n’était pas loin de midi.
Déjà.
Je biffai donc les vers à peine esquissés et écrivis à la place : « Je suis sorti faire pisser Finette. Je t’aime »
Je comptai douze pas et pris d’une hilarité sans objet, je courus jusqu’au troquet, en me répétant : « je l’ai baisée deux fois, je la baiserai trois fois, je la baiserai quatre fois, je la… »
Finette me suivait, le regard plein d’adoration.
Mais bien sûr, elle ne savait pas compter
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 25
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: Ecrire le plus beau poème d'amour
Eh bien c'eut été dommage ! ce texte est vraiment drôle. où l’on constate que les élans poétique peuvent sombrer dans le plisser des tissus. d'où l'expression bien connue :Comme un poème sur de la soie…
HELLION- Nombre de messages : 477
Age : 74
Date d'inscription : 19/08/2017
Re: Ecrire le plus beau poème d'amour
coline dé a écrit:Je biffai donc les vers à peine esquissés et écrivis à la place : « Je suis sorti faire pisser Finette. Je t’aime »
Je comptai douze pas et pris d’une hilarité sans objet, je courus jusqu’au troquet, en me répétant : « je l’ai baisée deux fois, je la baiserai trois fois, je la baiserai quatre fois, je la… »
Finette me suivait, le regard plein d’adoration.
Mais bien sûr, elle ne savait pas compter
en amour la poésie est aussi libertaire de ses mots si precis si concis si vrai
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Ecrire le plus beau poème d'amour
C'est un poème d'amour laissé sur une feuille de papier. Une seule phrase. Avec un vrai Je t'aime.
Joliment raconté, comme toujours avec toi. De la sensibilité, une bonne dose de drôlerie et cette empathie si perceptible pour ses personnages.
J'ai particulièrement apprécié la précision des 50 kg de Finette (ça compte, ça) et celle sur les boutons, rougeurs et autres imperfections de cette peau aimée si passionnément.
Joliment raconté, comme toujours avec toi. De la sensibilité, une bonne dose de drôlerie et cette empathie si perceptible pour ses personnages.
J'ai particulièrement apprécié la précision des 50 kg de Finette (ça compte, ça) et celle sur les boutons, rougeurs et autres imperfections de cette peau aimée si passionnément.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Ecrire le plus beau poème d'amour
Chère coline dé,
Un texte en effet très drôle, piqué (en photo, on dit que l'image est piquée quand elle est nette), j'aime beaucoup les risques que vous (on peut dire tu non ?) prenez !
Je pense notamment à cette fin :
Je biffai donc les vers à peine esquissés et écrivis à la place : « Je suis sorti faire pisser Finette. Je t’aime »
Je comptai douze pas et pris d’une hilarité sans objet, je courus jusqu’au troquet, en me répétant : « je l’ai baisée deux fois, je la baiserai trois fois, je la baiserai quatre fois, je la… »
Finette me suivait, le regard plein d’adoration.
La toute dernière phrase ("Mais bien sûr, elle ne savait pas compter") me retire un peu quelque chose de ce très beau passage, j'aurais du mal à te (allez) dire pourquoi !
Merci beaucoup,
Antoine
Un texte en effet très drôle, piqué (en photo, on dit que l'image est piquée quand elle est nette), j'aime beaucoup les risques que vous (on peut dire tu non ?) prenez !
Je pense notamment à cette fin :
Je biffai donc les vers à peine esquissés et écrivis à la place : « Je suis sorti faire pisser Finette. Je t’aime »
Je comptai douze pas et pris d’une hilarité sans objet, je courus jusqu’au troquet, en me répétant : « je l’ai baisée deux fois, je la baiserai trois fois, je la baiserai quatre fois, je la… »
Finette me suivait, le regard plein d’adoration.
La toute dernière phrase ("Mais bien sûr, elle ne savait pas compter") me retire un peu quelque chose de ce très beau passage, j'aurais du mal à te (allez) dire pourquoi !
Merci beaucoup,
Antoine
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: Ecrire le plus beau poème d'amour
Voilà un texte qui donne beaucoup à réfléchir sur le sort de ces pauvres femmes qui tombent amoureuses d'un poète et qui retrouvent, en rentrant du travail, un bout de papier sur lequel est griffonné à la hâte : "je suis sorti faire pisser le chien". Cette histoire peut paraître amusante mais elle est tragique, en fait !
Perplexe- Nombre de messages : 48
Age : 44
Date d'inscription : 14/02/2011
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