Proposition d'exercice : "Nouveau monde"

Voici ce qui était (à peu près) proposé comme concours en 2018 par Radiofrance :

Cette micronouvelle, récit imaginaire, appartenant au genre narratif, sera rédigée en 1 000 signes (plus ou moins 10%), titre (non obligatoire) et espaces [non] comprises. Le récit doit comporter une chute. On y retrouve un pouvoir évocateur. Les lieux, les personnages et les actions sont fortement suggérés. [En même temps, en 1000 signes...]

Le thème : Un nouveau monde

Je vous soumets donc l'exercice, si le clavier vous en dit.

Je commence les festivités.

À la tienne

Ce matin encore, j’ai la gueule de ses mauvais jours. Il m'a pincée fort. De gros bleus sur mes bras. Les seins tuméfiés. Une habitude quand il veut lever quelques parts d’ombre ou ma jupe.
Il a pris un autre verre et gratté le dos du chat, l'air de rien.

L'érudition n'empêche ni les névroses, ni la connerie.
Deux compartiments cérébraux.
Juxtaposés.
Étanches.

Je taille la route, pas mes veines.

Dans la voiture, j'allume le poste radio. Un chroniqueur disserte. La vie comme la mort pourraient être envisagée autrement. Peut-être sommes-nous la simple incarnation d'une vie déjà là virtuellement. Qui peut raisonnablement affirmer que la mort est un néant ? Regardez le vide des physiciens ! On peut postuler que la mort est une porte vers un nouveau monde sans verser dans la superstition.
Des paroles qui m'imprègnent. Comme le verre de rouge que je commande sur le zinc.

J'ai déjà salement trinqué, mais je trinque une dernière fois : À toi qui ne toucheras plus mon cul ni celui d'une bouteille. À chacun son nouveau monde !

Ils sont là à parler d’un nouveau monde,
Monsieur je sais tout à tout prévu, même la façon de respirer en société
c’est vous dire le numéro, pas sûr qu’il fasse l’unanimité
car madame voisine serait plus pour plus de liberté, ex soixante-huitarde, il lui tarde de respirer comme bon lui semble
Des retraités à l’oreille pas trop fine ( on ne pas être et avoir été) pensent qu’en matière de nouveau monde, il faudrait voir à à inventer la machine à remonter le temps , histoire de vérifier si avant c’était mieux car pour eux l’après leur semble un peu flou
Dans ce contexte sociétal chaud brûlant, la sensibilité est mise à rude épreuve, preuve étant que le sujet passionne autant qu’il interroge
Alors d’un commun accord , je prends la parole pour suggérer que les jeunes sont les plus concernés, donc écoutons leurs propositions, on ne sait jamais
Bref il en ressort que ce n’est pas simple et aussitôt un calendrier est fixé , pour commencer par étapes, finalement ces jeunes sont sages comme des images
On se retrouve depuis tous les mois et çà avance entre l’utopie et la réalité le verre de l’amitié est le juge de paix
J’ai cru comprendre qu’ils projettent de supprimer MONDE par ENSEMBLE

Il m’avait promis monts et merveilles, m’avait tendu ses bras, donné son corps, son cœur, j’avais tout pris. Comme un cadeau.
- Tu verrais comme c’est beau, l’impression est si forte en simulation que je m’imagine pas le réel !
Dehors le ciel gronde d’un cri sourd et plaintif comme une bête qu’on égorge. Le grand hiver vient. Celui dont on ne sait jamais quand il finira. Les cendres recouvrent déjà les empreintes et les dernières traces. Les électrolabs sont remisés au garage ; impossible de circuler par ce temps.
Je regarde Paul séloigner vers la cabine Tel&Work devinant dans sa marche l’inquiétude monter ; je l’imite.
Nous avions une éternité de solitude devant nous avec suffisamment de vivre pour tenir deux ans. Une solitude à deux, quel rêve ! Quel cauchemar…
Il m’avait promis monts et merveilles, m’avait tendu ses bras, donné son corps, son cœur, j’avais tout pris. Comme un cadeau. Je ne savais pas ce qui m’attendait là-bas.
Nous formions la première colonie de Mars. L’avant-garde du Nouveau Monde.

Smatch ! Pussi

En ignorant superbement les consignes, ce petit jeu donne ceci:

Nous=monde
Oui: "nous" vaut "monde"
Une équation sonore en
Vaut une autre, dont on s'honore.
Et nos mots (qui, pour pairs, sonnent) ?
Autant de clés vibratoires,
Un compte pour un conte, et inversement.

Monday morning, RAS, ça boume banlieue de l'univers, pour quelques millénaires;
On n'y voit goutte sur notre miette planétaire, dans l'épais silence de l'animalité;
Nous avons crû et cru, nous nous pensons Humains mais sommes fière moisissure.
Dimanche soir minuit moins une: quelques uns ont éveillé les autres.Lumière, joie.
Espoir entre tous partagé, corps et âmes allégés, Voie du cœur enfin trouvée.

Voilà une proposition d'exercice bien sympathique !
Je vais essayer de m'y coller tiens.

Hop-Frog, je me demande si la chute de ton texte ne serait pas plus percutante si tu zappais ceci "À chacun son nouveau monde !" (simple avis perso hein). Ce qui précède laisse augurer d'un tranchage de gorge à venir, ou d'une fugue, ou d'une nouvelle vie, ou plein de choses.

Polixène, ton texte est très musical, presque comme du rap quand je l'ai lu.