L’esprit de l’escalier
3 participants
Page 1 sur 1
L’esprit de l’escalier
L’esprit de l’escalier
On traverse le rêve mais c’est celui des autres.
Elle s’est levée du banc, a quitté le jardin aux ombres centenaires, a traversé la rue, les odeurs de la rue, les bruits de la rue. A refermé la porte, s’est coulée entre les murs de l’histoire, rejoindre l’odeur du café et le parfum de fruits mûrs.
Entendre des pas. Ils viennent vers vous, le savez-vous ? Vous le savez. Les marches sont lentes. De bois, de clous, de cire. Fatalement, lentes. Et la voie étroite.
Se retourner pour comprendre l’inaccessible. La lumière au-dessus de l’échafaud. Je ne pouvais imaginer le lieu dans le noir. Le sombre, ou l’obscur, oui. Mais monter dans le noir complet, occupant entièrement l’espace, comme un zéro le vide: non. Il y aurait toujours une source de lumière - comme une mémoire- et sans espoir de jamais tout recommencer.
Pourtant j’ai vu des oiseaux qui n’existaient pas. Ils étaient bien là, dans leur cage ouverte.
Il y avait une mer verticale, dressée, droite. Un arbre et une maison que je ne connaissais pas. Ou une maison et un arbre, on ne pouvait savoir lequel avait précédé l’autre.
« - Allez-y, allez-y, je vais rester là et vous regarder partir. »
Je marchais je marchais. Anna Andreïevna toujours à la même place je me retournai elle était devenue minuscule mais la canne se levait encore, je la voyais l’agiter.
On ne pourrait jamais tout recommencer
On traverse le rêve mais c’est celui des autres.
Elle s’est levée du banc, a quitté le jardin aux ombres centenaires, a traversé la rue, les odeurs de la rue, les bruits de la rue. A refermé la porte, s’est coulée entre les murs de l’histoire, rejoindre l’odeur du café et le parfum de fruits mûrs.
Entendre des pas. Ils viennent vers vous, le savez-vous ? Vous le savez. Les marches sont lentes. De bois, de clous, de cire. Fatalement, lentes. Et la voie étroite.
Se retourner pour comprendre l’inaccessible. La lumière au-dessus de l’échafaud. Je ne pouvais imaginer le lieu dans le noir. Le sombre, ou l’obscur, oui. Mais monter dans le noir complet, occupant entièrement l’espace, comme un zéro le vide: non. Il y aurait toujours une source de lumière - comme une mémoire- et sans espoir de jamais tout recommencer.
Pourtant j’ai vu des oiseaux qui n’existaient pas. Ils étaient bien là, dans leur cage ouverte.
Il y avait une mer verticale, dressée, droite. Un arbre et une maison que je ne connaissais pas. Ou une maison et un arbre, on ne pouvait savoir lequel avait précédé l’autre.
« - Allez-y, allez-y, je vais rester là et vous regarder partir. »
Je marchais je marchais. Anna Andreïevna toujours à la même place je me retournai elle était devenue minuscule mais la canne se levait encore, je la voyais l’agiter.
On ne pourrait jamais tout recommencer
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: L’esprit de l’escalier
Magique...comme un rêve reprend dans un patchwork signifiant et énigmatique ce que nous portons, nous en donne une représentation. Le sens est là, comme dans la poésie, il parle au plus profond.
Un reproche : je n'aurais pas été cherché le "vrai" nom d'Anna Akhmatova, ça fait un peu "happy few", ou bien ça convoque Mr Google qui à mon avis doit se tenir à l'écart du moment de la lecture du poème. Mais ce n'est pas la première fois que je te fais cette critique, tu dois avoir tes raisons.
Un reproche : je n'aurais pas été cherché le "vrai" nom d'Anna Akhmatova, ça fait un peu "happy few", ou bien ça convoque Mr Google qui à mon avis doit se tenir à l'écart du moment de la lecture du poème. Mais ce n'est pas la première fois que je te fais cette critique, tu dois avoir tes raisons.
Re: L’esprit de l’escalier
C'est bien un patchwork d'instants, de perceptions à divers moments.
Pour Anna Andreievna je plaide coupable avec circonstances atténuantes. Anna c'est le prénom, et son père s'appelait André. Le vrai nom d'Akhmatova c'est Gorenko, mais Gogol y file tout droit... Cette partie du texte est pillée dans le récit de Lydia Tchoukovskaia de leur (dernière ?) rencontre, je venais de le lire et cette référence s'est imposée. Quelqu'un qui reste et quelqu'un qui part, une ambiance à la Tchekhov, j'ai gardé les prénoms. Tu as raison, ce n'est pas la première fois... ça ressemble à une récidive.
Pour Anna Andreievna je plaide coupable avec circonstances atténuantes. Anna c'est le prénom, et son père s'appelait André. Le vrai nom d'Akhmatova c'est Gorenko, mais Gogol y file tout droit... Cette partie du texte est pillée dans le récit de Lydia Tchoukovskaia de leur (dernière ?) rencontre, je venais de le lire et cette référence s'est imposée. Quelqu'un qui reste et quelqu'un qui part, une ambiance à la Tchekhov, j'ai gardé les prénoms. Tu as raison, ce n'est pas la première fois... ça ressemble à une récidive.
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: L’esprit de l’escalier
Voilà, ce texte, très représentatif de ce que tu écris, de ton style, provoque en moi deux réactions opposées et simultanées:
C'est peut-être le mot "rêve" qui déclenche cela :
1- Je me laisse aller à la rêverie , je ne comprends pas, pas tout mais ça ne fait rien.
2- Je ne comprends pas, du moins pas tout, pas immédiatement et cela m'irrite. C'est une réaction dont je ne peux me départir et je voudrais que tu cites le fragment qui t'a fait écrire.
P.S. Je n'ai presque pas lu Akhmatova . Encore une lecture à faire....
Je relis ton texte : oui c'est beau ....mais irritant.
C'est peut-être le mot "rêve" qui déclenche cela :
1- Je me laisse aller à la rêverie , je ne comprends pas, pas tout mais ça ne fait rien.
2- Je ne comprends pas, du moins pas tout, pas immédiatement et cela m'irrite. C'est une réaction dont je ne peux me départir et je voudrais que tu cites le fragment qui t'a fait écrire.
P.S. Je n'ai presque pas lu Akhmatova . Encore une lecture à faire....
Je relis ton texte : oui c'est beau ....mais irritant.
obi- Nombre de messages : 566
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: L’esprit de l’escalier
Voilà, ça m'a demandé une petite recherche, mais j'ai fini par y arriver.
https://www.liberation.fr/livres/2019/11/29/le-duo-tchoukovskaia-akhmatova-journal-de-sauvetage-sous-la-terreur_1766353/
C'est un bel article.
Akhmatova disait "je me souviens de tout en même temps", comme si elle écrivait une poésie au jour le jour, ou dans l'instant, en s'appropriant tout ce qui passe dans son champ de perception. Sylvia Plath aussi, je crois. J'appelle ça Vider ses Poches. Même si en arrière plan il y a des thèmes récurrents.
https://www.liberation.fr/livres/2019/11/29/le-duo-tchoukovskaia-akhmatova-journal-de-sauvetage-sous-la-terreur_1766353/
C'est un bel article.
Akhmatova disait "je me souviens de tout en même temps", comme si elle écrivait une poésie au jour le jour, ou dans l'instant, en s'appropriant tout ce qui passe dans son champ de perception. Sylvia Plath aussi, je crois. J'appelle ça Vider ses Poches. Même si en arrière plan il y a des thèmes récurrents.
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Sujets similaires
» Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
» Mariée descendant un escalier et son reflet dans la fenêtre
» L'enfant et l'esprit
» Les mystéres de mon escalier...
» Esprit Libre
» Mariée descendant un escalier et son reflet dans la fenêtre
» L'enfant et l'esprit
» Les mystéres de mon escalier...
» Esprit Libre
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|