Papa
3 participants
Page 1 sur 1
Papa
C'est un sentiment étrange qui m'envahit, une douleur douce et bienveillante, un vide qui s'emplit de souvenirs pas toujours agréables. Il faut dire que nos relations étaient tendues - euphémisme.
Nous nous étions quittés sur un malentendu, un choix que nous avions fait, en accord avec l'une de mes sœurs aînées qui a bataillé contre les avis contraires, jour après jour, et réussit à faire admettre l'évidence, et mon père, en Ehpad. Un établissement qui allait prendre soin de lui en cette période de crise sanitaire alors qu'il était dépendant... gravement dépendant, en sursis.
Mais non. Cette décision, il ne l'avait jamais accepté se raccrochant à une pseudo liberté de mouvement qui ne correspondait plus à la réalité mais à une forme de sursaut fier, une volonté de ne pas faire rimer fin de vie et établissement hospitalisé.
Alors il a cherché pendant des semaines à sortir, à faire admettre à son entourage qu'il était en pleine possession de ses moyens, qu'il pouvait exercer son libre arbitre et faire valoir ses droits à penser et agir comme il le désirait.
Fin de vie... pourquoi cette expression m'exaspère ? Par sa proximité avec une médiatisation souvent inappropriée... Pour ce qu'elle représente, ce qu'elle cogne en chacun de nous…
La fin et ce mot si difficile à prononcer, à écrire, comme miroir de ce qui nous attend, toutes et tous.
Mon père est mort cette nuit.
Nous nous étions quittés sur un malentendu, un choix que nous avions fait, en accord avec l'une de mes sœurs aînées qui a bataillé contre les avis contraires, jour après jour, et réussit à faire admettre l'évidence, et mon père, en Ehpad. Un établissement qui allait prendre soin de lui en cette période de crise sanitaire alors qu'il était dépendant... gravement dépendant, en sursis.
Mais non. Cette décision, il ne l'avait jamais accepté se raccrochant à une pseudo liberté de mouvement qui ne correspondait plus à la réalité mais à une forme de sursaut fier, une volonté de ne pas faire rimer fin de vie et établissement hospitalisé.
Alors il a cherché pendant des semaines à sortir, à faire admettre à son entourage qu'il était en pleine possession de ses moyens, qu'il pouvait exercer son libre arbitre et faire valoir ses droits à penser et agir comme il le désirait.
Fin de vie... pourquoi cette expression m'exaspère ? Par sa proximité avec une médiatisation souvent inappropriée... Pour ce qu'elle représente, ce qu'elle cogne en chacun de nous…
La fin et ce mot si difficile à prononcer, à écrire, comme miroir de ce qui nous attend, toutes et tous.
Mon père est mort cette nuit.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Papa
Il y a dans ce court texte comme un concentré de questions complexes et douloureuses, dit avec une grande sincérité, simplicité et même tranquillité.
On se confronte à tout cela pour ses parents, mais derrière ce moment de la vie s'en profile un autre où on sera directement concerné.
Je l'ai vécu à propos de ma mère, elle aussi femme fière, qui avait passé son temps à revendiquer son autonomie, à repousser la vieillesse, à aider les autres.
L'EHPAD, c'était pour elle l'arrachement à sa vie mais aussi l'humiliation de devoir reconnaître sa dépendance, sa déchéance. Nous avions conscience de la violence que nous lui faisions, mais à moment donné c'était presque une question de survie pour mes soeurs, proches d'elle.
J'ai ressenti aussi cette douceur de l'adieu, où le meilleur du passé ressurgit, où tout semble s'unifier de cette personne qui nous quitte, tous ses âges, tout le trajet de son existence, tout ce qu'on a vécu avec elle.
On se confronte à tout cela pour ses parents, mais derrière ce moment de la vie s'en profile un autre où on sera directement concerné.
Je l'ai vécu à propos de ma mère, elle aussi femme fière, qui avait passé son temps à revendiquer son autonomie, à repousser la vieillesse, à aider les autres.
L'EHPAD, c'était pour elle l'arrachement à sa vie mais aussi l'humiliation de devoir reconnaître sa dépendance, sa déchéance. Nous avions conscience de la violence que nous lui faisions, mais à moment donné c'était presque une question de survie pour mes soeurs, proches d'elle.
J'ai ressenti aussi cette douceur de l'adieu, où le meilleur du passé ressurgit, où tout semble s'unifier de cette personne qui nous quitte, tous ses âges, tout le trajet de son existence, tout ce qu'on a vécu avec elle.
Pussicat aime ce message
Re: Papa
Lecture douloureuse également de mon côté car sujet très difficile et mauvais souvenirs.
Je reconnais comme seyne une forme de tranquillité dans ta façon d'en parler qui me parait vraiment réussie.
Les interrogations finales sur la fin pourraient également provenir de ce parti-pris.
Nous sommes bien démunis pour parler de cette fin, la faire tenir par des formules ou des textes, peut être qu'on en parle en n'en parlant pas : en décrivant comme toi une succession de détails, d'interrogations, de conversations qui se déroulent et se tiennent aux alentours de cette fin.
Merci pour ce partage.
Antoine
Je reconnais comme seyne une forme de tranquillité dans ta façon d'en parler qui me parait vraiment réussie.
Les interrogations finales sur la fin pourraient également provenir de ce parti-pris.
Nous sommes bien démunis pour parler de cette fin, la faire tenir par des formules ou des textes, peut être qu'on en parle en n'en parlant pas : en décrivant comme toi une succession de détails, d'interrogations, de conversations qui se déroulent et se tiennent aux alentours de cette fin.
Merci pour ce partage.
Antoine
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|