Papa

Je n'ai pas encore eu le temps de lire et de commenter d'autres textes, et je m'en excuse. Je vais profiter du 'répit' que m'offrent ces vacances pour me rattraper.


Il faisait froid. Oui, il faisait très froid. Je me souviens, maman tremblait. Tout était blanc autour d'elle. Les toits, les arbres, le sol. Tout. Maman avait très froid. Moi aussi. Elle était là, assise sur ce banc, à t'attendre. Seule tâche de couleur dans le paysage. Le monsieur à la radio a dit qu'il avait neigé toute la nuit. Maman n'y faisait pas attention, mais moi, j'écoutais. Je voulais me rappeler chaque moment ce cette journée. Chaque petit détail était important pour moi. Même les flocons de neige accrochées aux cheveux de maman. Même sa main posée sur son ventre. Posée sur moi. Maman m'aime déjà, je le sens. Je ne suis là que depuis deux mois, mais elle m'aime déjà.
Le temps passe, et elle t'attends toujours. Tu as eu exactement une heure et vingt sept minutes de retard. Tu ne t'es même pas excusé. Tu t'es juste assis là, à côté de maman. "Qu'est ce que tu veux ?" Maman à mis un quart d'heure avant de te répondre. Elle t'a parlé de moi. Elle t'a dit que j'avais deux mois. Que j'étais encore aussi petit qu'un grain de riz, mais que je grandirais bientôt. Elle t'a répété tout ce que lui avait dit la dame avec la blouse blanche. Elle était heureuse.
Mais toi pas. Non, toi tu es devenu tout blanc. Presque autant que le paysage qui nous entourait. Tu t'es énervé. Tu as crié. 16 ans, c'était trop jeune pour être papa. 16 ans, c'était trop jeune pour être maman. 16 ans, c'était trop jeune pour assumer une famille et des responsabilités. Tu as dit à maman que tu ne voulais pas de moi, qu'elle devait avorter. Avorter !
Papa, tu as dit à maman de me tuer !!
J'avais 2 mois, je n'étais pas plus gros qu'un petit grain de riz. On ne savait même pas encore que j'aurais été une fille. Mais si tu m'avais laisser vivre, si tu nous avais laisser vivre, j'aurais grandis, tout doucement. Oui, plus que 7 petits mois et tu te serais émerveillé en me voyant et, aujourd'hui papa, on fêterait, toi, maman et moi, mes 4 ans. J'aurais eu les yeux verts de maman, tes cheveux si clairs, son petit nez et de jolies tâches de rousseur, comme maman.
Bonne nuit, papa.

Anthony se réveilla en sursaut. Ce rêve. Toujours le même. Tous les ans, à la même date il y avait le droit. Voilà bien 5 ans qu'il n'avait plus vu Stéphanie. Depuis cet après midi cauchemardesque. Du moins, c'est ce qu'il avait pensé. Non, le vrai cauchemar, c'est maintenant. Maintenant qu'il donnerait tout pour pouvoir serrer sa petite fille dans ses bras.
Si seulement...
[Papa]
Le 14/11/2008
by Sly.

Eh bien, le pathos, ça y va ! Le sujet l'appelle, j'en conviens, et c'est votre choix ; simplement, ma sensibilité ne s'accorde pas à cet étalage de sentiments à l'écorché vif. En l'occurrence, dans le genre, je trouve le texte plutôt pas mal fait, pas mal amené, et déplore que les erreurs de langue en rendent la lecture moins aisée. Je vous les signale ci-dessous pour que vous puissiez améliorer votre texte.
Par ailleurs, à mon avis, vous abusez des phrases nominales, je trouve que cela déséquilibre votre texte...

(...) Seule tache (sans accent circonflexe sur le "a" ; une tache est une souillure, une tâche un boulot à faire) de couleur dans le paysage. Le monsieur à la radio avait (la concordance des temps appelle ici le plus-que-parfait, puisque vous parlez d'un événement qui s'est produit avant le temps du récit déjà au passé) dit qu'il avait neigé toute la nuit. (...) Même les flocons de neige accrochés (et non "accrochées", c'est un flocon) aux cheveux de maman. (...) Maman m'aime (pourquoi passez-vous au présent ici, alors que le texte était jusqu'à maintenant au passé ? Cela dit, je ne trouve pas ça gênant pourvu que vous gardiez cette option jusqu'au bout, le français supporte assez mal les aller-retour entre passé et présent) déjà, je le sens. Je ne suis là que depuis deux mois, mais elle m'aime déjà.
Le temps passe, et elle t'attend (et non "attends") toujours. Tu as eu (là, vous revenez au passé, je trouve que c'est une oscillation de trop) exactement une heure et vingt-sept minutes de retard. Tu ne t'es même pas excusé. Tu t'es juste assis là, à côté de maman. "Qu'est-ce que tu veux ?" Maman a (et non "à", ici c'est le verbe "avoir") mis un quart d'heure avant de te répondre. (...) Mais si tu m'avais laissé vivre, si tu nous avais laissé vivre, j'aurais grandi (sans "s" à la fin de ce participe passé), tout doucement. Oui, plus que 7 petits mois et tu te serais émerveillé en me voyant et, aujourd'hui papa, on fêterait, toi, maman et moi, mes 4 ans. J'aurais eu les yeux verts de maman, tes cheveux si clairs, son petit nez et de jolies tb]a[/b]ches (sans accent circonflexe, cf. plus haut) de rousseur, comme maman.
(...) Tous les ans, à la même date il y avait droit (et non "avait le droit", dans cette expression). Voilà bien 5 ans qu'il n'avait plus vu Stéphanie. Depuis cet après-midi cauchemardesque. Du moins, c'est ce qu'il avait pensé. Non, le vrai cauchemar, c'est (encore une hésitation entre présent et passé) maintenant. (...)

Quelle patience socque ! Combien de fois as-tu sur ce site expliqué sans te décourager que "tache et "tâche" ne sont pas les mêmes mots ?

Pour Sly qui prise l'anglais "tâche" vient de "task" (devoir, travail, tâche) , l'accent remplace le s.

Pathos à perfusion et c'est dommage, le souffle haletant du texte aurait pu porter bien autrement le lecteur, personnellement je le reverais plus noir, moins gnagnan et tenterais d'éviter les clichés à la "pas plus gros qu'un grain de riz", qui sont assez difficiles à utiliser sans justement tomber dans le cliché.

amicalement

Pin -

PinK1OOO a écrit:Pathos à perfusion

pathos "à profusion" ou "en perfusion", mais "à perfusion" ? :-)))

Et au fait, Easter : entre task et duty, quelle est la différence svp ?

Excuse, Sly, je lirai ton texte plus tard ;-)

à part le fait que "duty" est aussi une taxe, il y a une forte notion d'obligation (officielle et extérieure au sujet) alors que "task" n'a pas la même intensité, est plus personnel, dirais-je, dans le sens de "besogne" (dico) ou "corvée". A affiner :-)

Désolée Sly !!

Une histoire qui mériterait une refonte totale. Le côté pathos alourdit un petit quelque chose qui demanderait à pointer le bout de son nez. C'est mimi tout plein, et ça pourrait être plus ; ça devrait être plus.

en dehors du pathos dont mes prédécesseurs ont parlé, je retiens la note positive et optimiste : on peut penser après lecture que le bébé fille a vécu, est né, et aurait 4 ou 5 ans désormais. ;-)

et merci Easter ;-)

Un registre un peu trop pathétique à mon goût également, mais je te félicite sur la transition que tu as effectué à l'aide du rêve pour replacer ce texte, qui me semblait au premier abord une sorte d'essai camouflé, dans une véritable histoire à laquelle on a envie de s'intéresser.

Tiens, bizarre, j'étais sûre d'avoir commenté ce texte (pas la première fois d'ailleurs que je pense ça...)

Tu insistes beaucoup trop à mon goût sur le côté pathétique et dramatique de cette histoire. Le sujet parle pourtant de lui-même et il n'y a pas besoin d'en faire autant. Le défi serait justement de réussir à faire passer toute la gravité de ces émotions à travers des non-dits et des suggestions.

Personellement je n'ai pas été frappée pas un ton trop pathétique et étant venu lire cette nouvelle, intriguée par son titre, je n'ai pas été déçue...