Crépuscule

Dans son mystère piqué d'abeilles
Le ciel bascule
Se renverse
Dans l'œil d'une chauve-souris
Frissons de l'air
Dans une danse
Dont la musique est le silence.

Le crépuscule vert se penche
Sur l'agonie
D'un jour à mille autres pareil
Miroir brisé d'une folie
Course éperdue
Fouet
Nul répit
Charbons ardents sous des pieds nus.

Le ciel bascule
Tu t'arrêtes
Entre les bras de la Grande Ourse
Le ciel bascule
Tu t'apprêtes
A t'agenouiller à la source
A t'accorder à son mystère
Lapant le nectar de la nuit.

La reprise du vers "le ciel bascule" donne une syncope funky à ce poème. Rédigé, comme d'habitude, dans une langue d'une classique pureté, et basculant (c'est le cas de le dire) vers d'indicibles et délicieux mystères (ah, laper le nectar de la Nuit !)

A lire d'une oreille attentive.

P.S. les vers :

Dans une danse
Dont la musique est le silence

me font penser à cette maxime des indiens Lakota : "Chante et danse, le vent fera l'harmonie."

c'est plutôt joli, recherché ... et pourtant, sais pas pourquoi, ça ne me touche pas vraiment, ne m'emporte pas ... différences de sensibilité sur ce coup-là ... tant pis pour moi ! je serai plus conquis par le prochain ;-)

Moins séduite par celui-ci Arielle. Je n'ai pas calculé si les pieds concordaient, je n'aime pas me perdre dans la technicité lorsqu'on parle de poésie mais à l'oreille, quelque chose me heurte, comme une dissonnance. De plus, il me semble (avis perso) que fond et forme ne sont pas cette fois en totale adéquation. Forme trop rigide à mon sens pour évoquer une nature un brin éthérée.

La répétition du mot "dans" dans les premiers vers est gênante.
J'aime beaucoup le rythme des derniers.

Zou a écrit:La répétition du mot "dans" dans les premiers vers est gênante.

Oui, Zou, je me suis pris les pieds de-dans! Merci de me le faire remarquer

Encore de belles images… par exemple autour des abeilles, du nectar. J'aime aussi "charbons ardents sous des pieds nus". Ce n'est pas celui de tes textes que je préfère, je crois que quelques fois le rythme est un peu rompu, enfin, c'est la sensation que j'ai eu pour ce vers : "Dont la musique est le silence". Mais ça reste bon malgré tout.

Un petit air à la Colette bucolique... Il est de pires comparaisons...

Tu as condensé beaucoup de choses ici, peux être un peu trop, les trois parties m'emmenent vers des horizons différents que je n'arrive pas a relier entre-eux. les mots sont beaux, bien entendu.
Un petit malus pour lapper le nectar de la nuit.

Panda avoue:

Tu as condensé beaucoup de choses ici, peut-être un peu trop, les trois parties m'emmenent vers des horizons différents que je n'arrive pas a relier entre-eux.

Je pensais être assez claire pourtant dans le développement de l'histoire mais le lecteur, s'il est libre de son interprétation, se doit d'être guidé un tantinet, je crois, alors voilà comment je voyais la chose:

Première strophe:
Le crépuscule est l'heure où les chauves-souris basculent de leur position-repos, tête en bas à la position-action, tête en haut dans un vol parfaitement silencieux

Deuxième strophe:
Le crépuscule clôt une journée passée à courir, à se démener en tous sens qui en reproduit mille autres semblables

Troisième strophe:
On souffle! Sous les étoiles, on se ressource, retrouvant l'image des abeilles nourries de silence et de paix nocturne
Bon, c'est peut-être un peu tiré par les cheveux tout ça mais c'est comme ça que je le vois ;-)