PHOTO COMMUNE : L'impasse

Appel à textes ICI

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« L’impasse »
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- Bonjour monsieur Esthair. Ou plutôt : bonsoir.
- Oui, bonsoir, bonsoir madame Bellevue. C’est vrai, la nuit est déjà là. D’ailleurs ils ont allumé.
- Ils sont attentifs à tout, vraiment.
- Je dirais même : attentionnés, vous ne trouvez pas ?
- Oh, pour ça, pas toujours. Par exemple hier, un peu de chauffage n’aurait pas été du luxe.
- Madame Bellevue, monsieur Esthair, bonsoir. Alors monsieur Esthair, qu’avez vous trouvé aujourd’hui ?
- Pas grand chose, monsieur Cargin, comme souvent. J’ai bien vu ce bibelot, là, dans cette vitrine, mais c’était déjà fermé.
- Ah celui-là ? Inutile d’espérer, je l’ai réservé…
- Comment « réservé » ? Mais je croyais qu’on ne pouvait pas ! C’est un monde ça, vous vous croyez au-dessus des lois monsieur Cargin ?
- Ca vous va bien de parler des lois monsieur Esthair … Quand on sait pourquoi vous êtes ici…
- Calmez-vous messieurs, ils nous écoutent.
- Exact madame Bellevue. Ca leur ferait trop plaisir de nous voir nous écharper. Merci de me le rappeler. Mais, dites, monsieur Cargin, ça ne va pas recommencer ! Et d’abord que savez-vous ! Ils ne disent jamais rien sur nous. Alors je ne vois pas comment vous pourriez être au courant de quoi que ce soit me concernant !
- Monsieur Esthair, j’en sais beaucoup plus que vous n’imaginez. Tout finit par se savoir. Et puis, vous venez seulement d’arriver. N’est-ce pas madame Bellevue, monsieur Esthair a tout le temps pour comprendre…
- Hélas…
- Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Tout le temps ? Pourquoi « hélas » ? Je ne suis que de passage, du moins j’aime à le supposer.
- Ah vous êtes encore bien naïf. Regardez donc autour de vous monsieur Esthair. Que voyez-vous ? Deux rangées de magasins dans une impasse, avec une grande porte qui ne s’ouvre que pour entrer, le tout sous un ciel artificiel.
- Et alors ?
- Alors ? Dites-lui, vous, madame Bellevue…
- Non, non, non ! A moi on ne m’a rien dit à mon arrivée. Je préférais quand je ne savais pas…
- Très bien.
- Comment très bien ? Vous en avez trop dit monsieur Cargin, ou pas assez ! Je veux savoir !
- Monsieur Esthair, il est coutume ici de commencer par raconter sa vie sans façons, ce qui nous éclairera aussitôt sur les raisons de votre présence dans cette galerie. Vous comprenez ?
- Pas du tout ! Je vous ai dit que je n’étais que de passage. Je ne vois pas ce que vous insinuez ! Madame Bellevue, parlez !
- Allons, laissez madame Bellevue tranquille et finissez ce petit jeu monsieur Esthair, on arrivera à tout savoir. Tôt ou tard. En ce qui me concerne, chacun sait la vérité. D’ailleurs, je ne m’en suis jamais caché. Alors…
- Quelle vérité ? Mais qu’est-ce que c’est que tous ces mystères ?
- Monsieur Esthair, calmez-vous. Monsieur Cargin a voulu dévaliser une bijouterie et cela s’est terminé dans un bain de sang, cinq morts, dont les trois employés et un policier.
- Madame Bellevue ! Vous me racontez ça comme ça, d’un ton léger, et monsieur Cargin qui sourit finement !
- Je souris en revoyant la scène, c’est tout. Bon, je vais vous dire moi pourquoi madame Bellevue est avec nous, ensuite vous nous avouerez à votre tour. Madame Bellevue était caissière au Crédit National. Elle a détourné quelques millions avant de se faire prendre. Elle n’a pas supporté l’idée d’aller en prison et la voici avec nous.
- Tiens ! Voici mademoiselle Ignace. Bonsoir mademoiselle Ignace, Des emplettes aujourd’hui ?
- Pensez-vous, madame Bellevue ! A chaque fois c’est pareil, quand je suis décidée, je me casse le nez, cette fois c’était rupture de stock ! Ca devient infernal.
- Comme vous dites. Au fait, mademoiselle Ignace, expliquez à monsieur Esthair, nouvel arrivant, ce qui vous a amenée ici.
- Et lui ? Il a raconté ?
- Non, pas encore, il prétend qu’il n’y a rien à savoir, qu’il est là juste en transit… Comme tout le monde au début, quoi.
- Eh bien je me confierai quand il aura fait pareil, non mais ! Et puis zut, bonsoir, je m’en vais de ce pas essayer de leur faire comprendre qu’ils exagèrent, ici.
- Mais mademoiselle Ignace, vous savez bien que c’est inutile, ils ne bougeront pas le petit doigt.
- C’est vrai madame Bellevue, ils sont démoniaques, on veut acheter, et au dernier moment : bernique !
- Surtout, mademoiselle Ignace, que vous voulez toujours avoir quelque chose pour qu’un autre ne l’ait pas…
- Mais qu’est-ce que vous voulez insinuer encore, monsieur Cargin ? Et vous, donc ! Vous réservez toujours un maximum de produits, résultat : les prix montent ou alors ça provoque une pénurie. Ca devrait être interdit des pratiques pareilles.
- Vous avez beau jeu de parler d’interdit, mademoiselle Ignace, avec votre passé…
- Quoi mon passé ! Quoi mon passé ! Au fait, madame Bellevue, pourriez-vous m’avancer quelques billets, je suis un peu à court, je vous rembourserai au plus vite.
- Désolée mademoiselle Ignace, vous savez bien qu’ils m’ont dépouillée de tout à mon arrivée. Je ne peux que rêver devant toutes ces vitrines.
- Oui, excusez-moi, je n’y pensais plus. Alors, monsieur Esthair, on ne veut toujours pas dire pourquoi on est là ? Vous savez, personne n’est dupe. On n’est pas dans cet endroit par hasard. Ils ont de bonnes raisons de nous héberger ici. Ils savent ce qu’ils font.
- Que le diable vous emporte ! Je n’ai rien à dire ! J’ai ma conscience pour moi, contrairement à vous tous ! Je…
- Chut monsieur Esthair, plus bas ! Ils vont finir par sévir. Soyez donc raisonnable et demandez-vous plutôt comment passer le temps ici en bonne intelligence avec tout le monde.
- Vous avez peut-être raison madame Bellevue, nous ne sommes pas très nombreux, il devrait y avoir moyen de ne pas se déchirer pour un rien. Je leur ai dit en arrivant, je leur ai dit que je saurai me tenir. Oui, c’est ce que je leur ai dit. Mais ils n’avaient pas l’air de m’entendre.
- Ils n’entendent personne, mais ils écoutent tout le monde, soyez-en sûr monsieur Esthair.
- Je leur ai dit aussi que je n’avais aucune mauvaise intention…
- Comme on dit : l’enfer est pavé de mauvaises intentions, monsieur Esthair, attention où vous marchez…
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Cela s'approche plus, à mon humble avis, de la pièce de théâtre que de la littérature à proprement parler, mais c'est ce qui donne son charme à ce texte !

Il y a quelques passages où il faut se concentrer dans cette profusion de noms, d'intervenants, de mouvements, d'actions... C'est un peu brouillon, mais en même temps, c'est le reflet de ce huis clos un peu angoissé mais amusant.

J'ai bien aimé, ça va vite (merci au style direct), et le point de vue est encore nouveau sur la photo (pourrie, donc, est le qualificatif qui ressort des quelques textes postés). D'ailleurs, voilà pourquoi ces exercices sont intéressants : ils illustrent bien la diversité des esprits, et l'individualité absolue de chacun d'entre nous. C'est fou. C'est fort. J'aime ça. J'aime VE, j'aime la vie.

Très bonne pièce !

Je reviens sur ma première impression pour la nuancer : très bonne scène !
Tes personnages ont chacun leur petit caractère, ce qui n'obligea à utiliser quelques accents grotesques lors de ma lecture à voix haute. Le petit Sébastien, six ans, n'a absolument rien compris, mais ses explosions de rires répétées m'ont fait passer pour clown ! C'est malin mentor !
N'est-ce pas là un excellent aboutissement à un texte qui ne se prend pas au sérieux ?
Donc, merci pour ce moment.

C'est enlevé, ça va vite et c'est souriant. Je crois avoir compris l'ensemble mais suis pas sûr de ne pas avoir imaginé quelques bouts d'intrigues qui n'étaient pas dans l'esprit de l'auteur ;-)

Effectivement, l'idéal serait de transformer ceci en un morceau théatral, avec en début de ligne, les noms ...

Mr Cargin : ...

Un texte dont on aimerait la suite parce que, ainsi que le signale Bertrand, il s'agit ici d'une scène , qui installe les personnages et le décor, renvoie à des évènements antérieurs et met le lecteur en appétit pour quelque chose de plus substantiel. Des projets dans ce sens cher auteur ?
Autrement, Charles a raison, ce serait en effet bien d'indiquer qui parle pour faciliter la lecture. Paresse et exigence du lecteur roi ;-)

L'enfer est pavé...on le savait...mais de tentations ça, c'est neuf et terrible si on ne peut jamais les assouvir, ce qui semble être le cas pour tes malheureux personnages, Mentor!
En tout cas, moi, j'ai bien ri de cet enfer-là et des conversations qu'on peut y entendre circuler dans les couloirs. Pas du tout gênée par le nombre des intervenants et leur identité (même si je n'ai toujours pas compris à qui ils devraient faire penser)

Un Enfer plein de gens bien élevés. Très bon texte, plaisant à lire. Ces dialogues façon conversation de salon de thé avec ces personnages bien dépeints en très peu de lignes sont aussi savoureux qu'un bon chocolat viennois. A déguster sans modération !

Diantre, moi et le théâtre... en plus de ne jamais y aller, j'ai du mal à en lire les textes. Un jour j'avais été voir le Rhino d'Ionesco, il m'a fait une peur bleue. Je coure toujours.

L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Tout le texte j'ai eu peur de bien comprendre & finalement ça me laissera une drôle d'impression. Comme ces bouts de textes qu'on lisait à l'école mais dont on ne connaissais jamais la suite. C'était frustrant et là aussi je suis frustrée.
J'avais bien comprises certaines choses mais comme Charles, j'ai l'impression d'en avoir imaginées d'autres qui n'ont tien à faire là.

C'est drpole, personne encore n'a raconté l'histoire d'un bonhomme qui faisait ses emplettes ou quelque chose dans ce goût là. Les Véliens ne sont que des pessimistes :-)))

C'est vrai que ça serait chouette comme scène si elle était jouée.

C'est drpole, personne encore n'a raconté l'histoire d'un bonhomme qui faisait ses emplettes ou quelque chose dans ce goût là. Les Véliens ne sont que des pessimistes :-)))

Si: on a fait un exo en direst sur un super-marché. je ne sais plus lequel :-)

Oui mais je parlais par rapport à la photo commune. Tou le monde raconte des trucs vachement pessimiste.
C'est vrai qu'elle est pas belle c'est galerie, mais la photo est pas mal quand même...

J'ai enfin lu ton texte: tu nous fais vivre en effet un Huis-clos,irréel , presque incongru; on prend un train en marche, des gens parlent, on descend , ils continuent...On reste sur notre faim:qui sont-ils réellement? Suspense.
La photo a des qualités artistiques, mais je ressents aussi une froideur gênante à sa vue...qui peut expliquer le pessimisme des textes qu'elle a engendrés

Les personnages manquent un peu d'identité , de relief .
Une petite aparté entre les dialogues aérerait un peu l'ensemble mais ça reste très agréable à lire.

Ca me fait trop penser à "huis clos" de Sartres (l'enfer, c'est les autres.)
et ça c'est un sacré compliment .
Félicitations

manisa06 a écrit:Ca me fait trop penser à "huis clos" de Sartres (l'enfer, c'est les autres.)
et ça c'est un sacré compliment .
Félicitations

Oui, un sacré compliment que je me prends, que je me garde ! Merci ! :-)
Va voir ici, mon post de jeudi à 12h29 please ;-)

http://vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/appel-a-textes-photo-commune-t2208-120.htm?sid=9a82d9ea83d274a5a60ab4481c88af31

N'est pas JPS qui veut, c'est sûr ;-)

ok désolé j'avais pas vu !!

Un brin d'absurdité qui apporte pas mal de charme à l'ensemble; j'ai également aimé le rythme trépidant et "rebondissant".
Un Mentor en forme, l'air de rien :-)
Tes personnages sont drôles et pathétiques à la fois, humains quoi! Et puis tu utilises cette photo un peu grisouille pour lui donner de belles couleurs.