LOISEAU : A la chasse aux moules
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claude
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LOISEAU : A la chasse aux moules
Hasssen a un sale coup !
Je vais bouffer un tagine chez mon pote Hassen, avant sa grande transhumance pour le Grand Atlas, et arrivé au thé à la menthe, il me sort un chaudron plein de vieilles pièces qui jettent des feux comme au Bengale.
- 300 pi’ces d’or, qu’il me dit.
La pièce fait environ 6 grammes de jaune. Hassen a acheté chaque pièce le prix du gramme d’or. Le voilà en possession d’1,8 kg d’or qu’il veut refourguer dans le Maghreb.
- Inch Allah !
Il a des talbins plein les yeux. Il se voit déjà palper la monnaie comme s’il en pleuvait.
Je prends une pièce et lit sur la tranche « Dieu protège la France ». Merde ! Ce coup-ci, Dieu n’est pas du côté de Hassen.
- Je suis pas numismate, mais c’est du beau boulot ! Des 20 francs or Louis-Philippe ! Jolie contrefaçon en plomb et laiton. Au poids, y en a au moins pour deux Debussy*. Allez, bon prince, je t’achète le tout pour trois Delacroix*, parce l’alliage est moulé dans de la belle pièce. Mais attention, mes biftons, eux, sont authentiques !
Hassen a eu du mal à accuser le coup. Il a pleuré, juré, injurié, dans l’ordre et le désordre (certains disent à cheval !) et il s’est souvenu que j’étais son débiteur. Je fus donc un peu obligé de lui promettre que j’allais tenter d’arranger son affaire. Moi aussi j’en avais rendu des services. J’allais donner à certains l’occasion de faire briller la monnaie de ma pièce. D’office j’ai pensé à Wanda. Elle avait chez moi une ardoise longue comme une chasuble et pour me renvoyer l’ascenseur elle y aurait gagné à prendre des actions Otis. Je savais qu’elle fricotait avec un détective, pour moi c’était le début d’une piste…
* Debussy : billet de 20 francs ; Delacroix : billet de 100 francs
Je vais bouffer un tagine chez mon pote Hassen, avant sa grande transhumance pour le Grand Atlas, et arrivé au thé à la menthe, il me sort un chaudron plein de vieilles pièces qui jettent des feux comme au Bengale.
- 300 pi’ces d’or, qu’il me dit.
La pièce fait environ 6 grammes de jaune. Hassen a acheté chaque pièce le prix du gramme d’or. Le voilà en possession d’1,8 kg d’or qu’il veut refourguer dans le Maghreb.
- Inch Allah !
Il a des talbins plein les yeux. Il se voit déjà palper la monnaie comme s’il en pleuvait.
Je prends une pièce et lit sur la tranche « Dieu protège la France ». Merde ! Ce coup-ci, Dieu n’est pas du côté de Hassen.
- Je suis pas numismate, mais c’est du beau boulot ! Des 20 francs or Louis-Philippe ! Jolie contrefaçon en plomb et laiton. Au poids, y en a au moins pour deux Debussy*. Allez, bon prince, je t’achète le tout pour trois Delacroix*, parce l’alliage est moulé dans de la belle pièce. Mais attention, mes biftons, eux, sont authentiques !
Hassen a eu du mal à accuser le coup. Il a pleuré, juré, injurié, dans l’ordre et le désordre (certains disent à cheval !) et il s’est souvenu que j’étais son débiteur. Je fus donc un peu obligé de lui promettre que j’allais tenter d’arranger son affaire. Moi aussi j’en avais rendu des services. J’allais donner à certains l’occasion de faire briller la monnaie de ma pièce. D’office j’ai pensé à Wanda. Elle avait chez moi une ardoise longue comme une chasuble et pour me renvoyer l’ascenseur elle y aurait gagné à prendre des actions Otis. Je savais qu’elle fricotait avec un détective, pour moi c’était le début d’une piste…
* Debussy : billet de 20 francs ; Delacroix : billet de 100 francs
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Loiseau naît !
Nous y voilà !
Avec Wanda, que j’aurais nommé « créature » si j’avais pu entretenir depuis mon accident quelque passion pour la gaudriole, on se pointe chez Loiseau. Wanda a les clés. On entre.
- Fred, c’est Wanda ! si t’es à poils, enfile un bermuda, je suis avec un ami…
- …
- Fred ?
- Ouais, c’est bon !
Petit couloir sombre qui mène à une pièce principale plongée dans une obscurité artificielle. Des stores vénitiens arrêtent net les faibles rayons d’un soleil paresseux. Des feuilles manuscrites, des alcools hétéroclites, des mégots, des fringues, une paire de pompes… gisent ça et là sur et aux environs d’une table basse qui jouxte un canapé lacéré où Fred Loiseau est allongé tout habillé. Une de ses chaussettes trouées forme un col cheminée autour de son gros orteil. En me devinant dans l’encoignure de la porte, il se redresse en gîtant pour s’asseoir. Wanda hume en frétillant des narines l’odeur fauve et prégnante qui règne dans la pièce. Elle passe sa langue sur ses lèvres avec gourmandise et réfrène un élan concupiscent qui l’aimante en direction du canapé. Mais les mains sur les hanches, Wanda se ressaisit et toise notre hôte amorphe :
- Mon chou, il te faudra semer autres choses que des phéromones d’aède en décomposition pour faire de moi ton esclave…
Fred se lève et me tend la main.
- On sous-estime l’impact de l’olfaction sur la libido des femmes, mais le drame actuel c’est que les femmes répriment l’appel de leur sens.
L’œil de Loiseau a pris de l’éclat. Il tire les stores, mais peu de lumière pénètre dans son antre. La clarté du jour bute contre l’accumulation composite d’une saleté originelle déposées sur les vitres. Wanda me présente à son acolyte. Je lui explique le souci et ce que j’attends de lui.
- … Hassen a été michetonné par un type que se fait appeler Momo. Momo pour Mohamed, pas pour Maurice. Mais selon Hassen il n’a pas une tronche à porter un prénom aussi doux. Momo a une vraie tête de coupable. Cheveux ondulés et mi-longs sous une casquette de base-ball, joues creuses, nez fort, menton fuyant et un problème à l’oreille qu’il tripote en permanence. Gauche l’oreille.
Wanda va faire des cafés dans la cuisine et semble délibérément ne pas vouloir prendre part à notre conversation. Fred baille et fait de son mieux pour s’y intéresser.
- C’est une caricature de portrait robot, ce mec.
- Le gendre idéal !
- Et on le trouve où ce mignon ?
- Il opère dans le XVIIIe, mais la transaction a eu lieu dans le XIIe. Il a fait traverser le Xe et le XIe à Hassen pour l’emmener au coffre d’une bagnole où la marchandise se trouvait.
- Il est prudent.
- Quand on a une sale gueule on développe d’autres qualités.
- Je ne fais pas dans la chirurgie esthétique, alors qu’est-ce ce que vous attendez de moi ?
- Vous le localisez et vous le suivez. J’ai besoin de savoir où il crèche et qui il fréquente. Vous me faites un rapport, je m’occupe du reste.
- En vers ?
- Pardon ?
- En vers le rapport ?
- Bien sûr, et si possible en octosyllabes, je trouve les alexandrins lourdingues.
Wanda revient avec deux cafés, les pose sur la table basse et va là où seule elle peut aller. Fred fronce les sourcils pour concentrer ses neurones sur une pensée.
- Vous avez quelques exemplaires de ces faux Louis ?
Je plonge ma main dans ma poche et sors l’objet de sa requête.
- Hassen m’en a confié dix. Ils sont tous strictement identiques : même défauts, même brillance.
- Sûrement un moule d’occasion pour des sous neufs. Je ne savais pas que le marché de la vieille thune était toujours porteur.
- On prend perpète quand on frappe de la fausse monnaie qui a encore cours, mais pour la monnaie ancienne…
- Les juges sont indulgents avec les nostalgiques.
- Voilà ! et les pièces en or s’écoulent comme des loukoums en Afrique du Nord. Ils les montent en pendentif, en ornement de châle ou que sais-je encore…
- Le bédouin aime ce qui brille, mais tout ce qui brille n’est pas d’or. Et votre ami Hassen paie cher le prix d’une leçon que vous lui auriez donnée gratuitement.
- C’est ça !
Wanda sort des toilettes et va dans la salle de bains. Un bruit sourd d’eau qui se renverse sur le sol précède un bris de verre et un cri :
- Perfide !
Un chat s’échappe de la salle de bain et traverse le salon en tenant dans sa gueule par la nageoire caudale un petit poisson rouge, avant de disparaître dans la cuisine, tandis que Wanda réapparaît éberluée.
- Fred, qu’est-ce que tu fous avec un poisson ?
Fred à Wanda, avant que celle-ci ne retourne dans la salle de bains :
- Une vieille dame me l’a donné hier en remerciant d’un service rendu… Je m’étais dit qu’il aurait un sursit dans la salle de bains.
A son chat dans la cuisine :
- Perfide, considère que c’est ton plat du jour !
A moi en face de lui sur une chaise :
- Cet animal se laisse trop influencer par son adresse. Mais revenons à nos moutons, j’accepte l’enquête. Wanda vous a-t-elle informé sur mes honoraires ?
Wanda ressort de la salle de bains :
- Fred, je n’ai pas eu le temps de t’en parler…
Et elle lui brosse une fiction proche de la réalité.
- Et moi, j’y gagne quoi ?
Wanda prend la tasse de café sans sucre que vient de siffler Loiseau et regarde au fond :
- Le grand nettoyage de ton appartement et un week-end à Deauville avec moi si le l’enquête piétine !
- Tu veux dire que tu m’invites à passer un week-end avec toi ?
- Je « t’invite », je « t’invite »... Fred, je t’ai connu plus gentleman !
- Mais rarement aussi fauché !
Wanda lève les yeux au ciel :
- Quand le poète s’arrête à des considérations matérialistes auprès de qui doit-on se réfugier pour se nourrir de rêves ?
- Auprès de la liseuse de bonne aventure, non ?
Je suis sous le charme :
- On trouvera bien moyen de vous dédommager plus substantiellement pour ce service.
- Ç’a le mérite d’être flou !
Nous y voilà !
Avec Wanda, que j’aurais nommé « créature » si j’avais pu entretenir depuis mon accident quelque passion pour la gaudriole, on se pointe chez Loiseau. Wanda a les clés. On entre.
- Fred, c’est Wanda ! si t’es à poils, enfile un bermuda, je suis avec un ami…
- …
- Fred ?
- Ouais, c’est bon !
Petit couloir sombre qui mène à une pièce principale plongée dans une obscurité artificielle. Des stores vénitiens arrêtent net les faibles rayons d’un soleil paresseux. Des feuilles manuscrites, des alcools hétéroclites, des mégots, des fringues, une paire de pompes… gisent ça et là sur et aux environs d’une table basse qui jouxte un canapé lacéré où Fred Loiseau est allongé tout habillé. Une de ses chaussettes trouées forme un col cheminée autour de son gros orteil. En me devinant dans l’encoignure de la porte, il se redresse en gîtant pour s’asseoir. Wanda hume en frétillant des narines l’odeur fauve et prégnante qui règne dans la pièce. Elle passe sa langue sur ses lèvres avec gourmandise et réfrène un élan concupiscent qui l’aimante en direction du canapé. Mais les mains sur les hanches, Wanda se ressaisit et toise notre hôte amorphe :
- Mon chou, il te faudra semer autres choses que des phéromones d’aède en décomposition pour faire de moi ton esclave…
Fred se lève et me tend la main.
- On sous-estime l’impact de l’olfaction sur la libido des femmes, mais le drame actuel c’est que les femmes répriment l’appel de leur sens.
L’œil de Loiseau a pris de l’éclat. Il tire les stores, mais peu de lumière pénètre dans son antre. La clarté du jour bute contre l’accumulation composite d’une saleté originelle déposées sur les vitres. Wanda me présente à son acolyte. Je lui explique le souci et ce que j’attends de lui.
- … Hassen a été michetonné par un type que se fait appeler Momo. Momo pour Mohamed, pas pour Maurice. Mais selon Hassen il n’a pas une tronche à porter un prénom aussi doux. Momo a une vraie tête de coupable. Cheveux ondulés et mi-longs sous une casquette de base-ball, joues creuses, nez fort, menton fuyant et un problème à l’oreille qu’il tripote en permanence. Gauche l’oreille.
Wanda va faire des cafés dans la cuisine et semble délibérément ne pas vouloir prendre part à notre conversation. Fred baille et fait de son mieux pour s’y intéresser.
- C’est une caricature de portrait robot, ce mec.
- Le gendre idéal !
- Et on le trouve où ce mignon ?
- Il opère dans le XVIIIe, mais la transaction a eu lieu dans le XIIe. Il a fait traverser le Xe et le XIe à Hassen pour l’emmener au coffre d’une bagnole où la marchandise se trouvait.
- Il est prudent.
- Quand on a une sale gueule on développe d’autres qualités.
- Je ne fais pas dans la chirurgie esthétique, alors qu’est-ce ce que vous attendez de moi ?
- Vous le localisez et vous le suivez. J’ai besoin de savoir où il crèche et qui il fréquente. Vous me faites un rapport, je m’occupe du reste.
- En vers ?
- Pardon ?
- En vers le rapport ?
- Bien sûr, et si possible en octosyllabes, je trouve les alexandrins lourdingues.
Wanda revient avec deux cafés, les pose sur la table basse et va là où seule elle peut aller. Fred fronce les sourcils pour concentrer ses neurones sur une pensée.
- Vous avez quelques exemplaires de ces faux Louis ?
Je plonge ma main dans ma poche et sors l’objet de sa requête.
- Hassen m’en a confié dix. Ils sont tous strictement identiques : même défauts, même brillance.
- Sûrement un moule d’occasion pour des sous neufs. Je ne savais pas que le marché de la vieille thune était toujours porteur.
- On prend perpète quand on frappe de la fausse monnaie qui a encore cours, mais pour la monnaie ancienne…
- Les juges sont indulgents avec les nostalgiques.
- Voilà ! et les pièces en or s’écoulent comme des loukoums en Afrique du Nord. Ils les montent en pendentif, en ornement de châle ou que sais-je encore…
- Le bédouin aime ce qui brille, mais tout ce qui brille n’est pas d’or. Et votre ami Hassen paie cher le prix d’une leçon que vous lui auriez donnée gratuitement.
- C’est ça !
Wanda sort des toilettes et va dans la salle de bains. Un bruit sourd d’eau qui se renverse sur le sol précède un bris de verre et un cri :
- Perfide !
Un chat s’échappe de la salle de bain et traverse le salon en tenant dans sa gueule par la nageoire caudale un petit poisson rouge, avant de disparaître dans la cuisine, tandis que Wanda réapparaît éberluée.
- Fred, qu’est-ce que tu fous avec un poisson ?
Fred à Wanda, avant que celle-ci ne retourne dans la salle de bains :
- Une vieille dame me l’a donné hier en remerciant d’un service rendu… Je m’étais dit qu’il aurait un sursit dans la salle de bains.
A son chat dans la cuisine :
- Perfide, considère que c’est ton plat du jour !
A moi en face de lui sur une chaise :
- Cet animal se laisse trop influencer par son adresse. Mais revenons à nos moutons, j’accepte l’enquête. Wanda vous a-t-elle informé sur mes honoraires ?
Wanda ressort de la salle de bains :
- Fred, je n’ai pas eu le temps de t’en parler…
Et elle lui brosse une fiction proche de la réalité.
- Et moi, j’y gagne quoi ?
Wanda prend la tasse de café sans sucre que vient de siffler Loiseau et regarde au fond :
- Le grand nettoyage de ton appartement et un week-end à Deauville avec moi si le l’enquête piétine !
- Tu veux dire que tu m’invites à passer un week-end avec toi ?
- Je « t’invite », je « t’invite »... Fred, je t’ai connu plus gentleman !
- Mais rarement aussi fauché !
Wanda lève les yeux au ciel :
- Quand le poète s’arrête à des considérations matérialistes auprès de qui doit-on se réfugier pour se nourrir de rêves ?
- Auprès de la liseuse de bonne aventure, non ?
Je suis sous le charme :
- On trouvera bien moyen de vous dédommager plus substantiellement pour ce service.
- Ç’a le mérite d’être flou !
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Fred a c’t’air !
Place de Clichy, place Blanche, place Pigalle, boulevard Barbès, gare du Nord, gare de l’Est, place de la République… arrivé Filles du calvaire, Loiseau commence à ressentir le sien. Il refait le parcours en sens inverse, par étape. Wanda lui a prêté son Austin. Elle est d’une teinte qui se fond dans la nuit. Il est vêtu comme un chat de gouttière gris souris. Le visage barré d’une barbe barbelée, sans signe particulier, ni couvre-chef, ni parapluie, ni canne, ni walkman, il a l’allure morne d’un anonyme. Neutre. Une ombre longeant les devantures des boutiques, usant des jeux de miroirs pour observer discrètement les quidams, il passe comme un pervers passif sous les néons blafards des épiceries fines où le sexe en gros se vend au détail. Entre Blanche et Pigalle, un bonimenteur l’alpague par l’épaule sans le regarder tout en apostrophant les badauds :
- Du live très show ce soir, la tête du professeur Choron coincée entre les jambons de Dolorès, notre avaleuse de bananes ; le spéculum de Lola, notre dresseuse de tigresses, entre les mains de volontaires choisis dans la salle et le clou de notre spectacle, le défi de Dorothée : elle tentera ce soir un double feet fucking avec le turc Ugur dont la particularité est de chausser du pied droit un petit 46 et d’avoir au gauche un pied bot…
- C’est tentant, mais j’ai pas un radis !
Le racoleur lâche sa prise :
- De l’inoubliable pour un petit investissement ! Vous ne le regretterez pas !
Fred repart à l’affût des casquettes. Il remonte dans l’Austin garée boulevard de Clichy et s’avance jusqu’à une place stratégique. Dès qu’une casquette montre le bout de sa visière, Loiseau se met en arrêt et c’est à ça qu’on reconnaît la bonne pince, les vernis de l’étoilé, l’attente n’est pas longue.
Après trois heures de recherche et une demi-heure de planque, Momo, comme sus-décrit, arrive de la rue Lepic, l’œil aux aguets, serre des mains aux environs du Moulin Rouge et repart du côté de la rue Puget. Fred hésite. Son intuition lui conseille de ne pas bouger et de guetter la rue Coustou qui donne un peu plus loin sur le boulevard de Clichy. Bingo ! la casquette réapparaît par là. Coup d’œil à droite, main qui tripote l’oreille gauche, pas de doute sur l’identité du zigue qui remonte tout droit vers Pigalle. Fred démarre. L’allée centrale le sépare de Momo qui s’engage à gauche dans la rue des Martyrs. Fred préfère rester sur les grands axes de la Goutte d’or. Il trouve une place et attend. Momo revient par la rue Dancourt, un casque de moto à la main. Prudent, mais prévisible, il fait des boucles pour brouiller les pistes. Boulevard Rochechouart, à la grille de la bouche de Métro Anvers, il se baisse, se redresse et monte sur un deux-roues. En surgissant sur la chaussée, son image de caïd carnassier, prince de la Goutte d’or, en prend un méchant coup. Momo se déplace en mob.
Loiseau le suit jusqu’à la bouche de métro Quai de la Râpée où l’intrépide motard attache avec soin son bolide. Par acquis de conscience, Fred se gare et poursuit sa filature à pied boulevard Diderot. Gare de Lyon, Momo ouvre le casier d’une consigne, y met son casque, prend un objet qu’il glisse dans son pantalon et se dirige vers l’un des plus célèbres coupe-gorge parisien où des travaux de démolition viennent de débuter : l’îlot Chalon.
En 1985, les forces de l’ordre ne s’aventuraient toujours pas dans ce quartier sans le soutien logistique de plusieurs escadrons de CRS.
Fin de la filature.
Place de Clichy, place Blanche, place Pigalle, boulevard Barbès, gare du Nord, gare de l’Est, place de la République… arrivé Filles du calvaire, Loiseau commence à ressentir le sien. Il refait le parcours en sens inverse, par étape. Wanda lui a prêté son Austin. Elle est d’une teinte qui se fond dans la nuit. Il est vêtu comme un chat de gouttière gris souris. Le visage barré d’une barbe barbelée, sans signe particulier, ni couvre-chef, ni parapluie, ni canne, ni walkman, il a l’allure morne d’un anonyme. Neutre. Une ombre longeant les devantures des boutiques, usant des jeux de miroirs pour observer discrètement les quidams, il passe comme un pervers passif sous les néons blafards des épiceries fines où le sexe en gros se vend au détail. Entre Blanche et Pigalle, un bonimenteur l’alpague par l’épaule sans le regarder tout en apostrophant les badauds :
- Du live très show ce soir, la tête du professeur Choron coincée entre les jambons de Dolorès, notre avaleuse de bananes ; le spéculum de Lola, notre dresseuse de tigresses, entre les mains de volontaires choisis dans la salle et le clou de notre spectacle, le défi de Dorothée : elle tentera ce soir un double feet fucking avec le turc Ugur dont la particularité est de chausser du pied droit un petit 46 et d’avoir au gauche un pied bot…
- C’est tentant, mais j’ai pas un radis !
Le racoleur lâche sa prise :
- De l’inoubliable pour un petit investissement ! Vous ne le regretterez pas !
Fred repart à l’affût des casquettes. Il remonte dans l’Austin garée boulevard de Clichy et s’avance jusqu’à une place stratégique. Dès qu’une casquette montre le bout de sa visière, Loiseau se met en arrêt et c’est à ça qu’on reconnaît la bonne pince, les vernis de l’étoilé, l’attente n’est pas longue.
Après trois heures de recherche et une demi-heure de planque, Momo, comme sus-décrit, arrive de la rue Lepic, l’œil aux aguets, serre des mains aux environs du Moulin Rouge et repart du côté de la rue Puget. Fred hésite. Son intuition lui conseille de ne pas bouger et de guetter la rue Coustou qui donne un peu plus loin sur le boulevard de Clichy. Bingo ! la casquette réapparaît par là. Coup d’œil à droite, main qui tripote l’oreille gauche, pas de doute sur l’identité du zigue qui remonte tout droit vers Pigalle. Fred démarre. L’allée centrale le sépare de Momo qui s’engage à gauche dans la rue des Martyrs. Fred préfère rester sur les grands axes de la Goutte d’or. Il trouve une place et attend. Momo revient par la rue Dancourt, un casque de moto à la main. Prudent, mais prévisible, il fait des boucles pour brouiller les pistes. Boulevard Rochechouart, à la grille de la bouche de Métro Anvers, il se baisse, se redresse et monte sur un deux-roues. En surgissant sur la chaussée, son image de caïd carnassier, prince de la Goutte d’or, en prend un méchant coup. Momo se déplace en mob.
Loiseau le suit jusqu’à la bouche de métro Quai de la Râpée où l’intrépide motard attache avec soin son bolide. Par acquis de conscience, Fred se gare et poursuit sa filature à pied boulevard Diderot. Gare de Lyon, Momo ouvre le casier d’une consigne, y met son casque, prend un objet qu’il glisse dans son pantalon et se dirige vers l’un des plus célèbres coupe-gorge parisien où des travaux de démolition viennent de débuter : l’îlot Chalon.
En 1985, les forces de l’ordre ne s’aventuraient toujours pas dans ce quartier sans le soutien logistique de plusieurs escadrons de CRS.
Fin de la filature.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Rapport râpé
- Oui !
- C’est Loiseau !
- Déjà !
- Je n’ai gagné qu’un ticket pour le ménage de mon appartement. Il habite dans le quartier de l’îlot Chalon, mais n’ayant pas de violentes pulsions suicidaires, je l’ai laissé s’y aventurer seul.
- C’est tout ?
- Je l’ai repéré place Blanche et suivi jusqu’à la gare de Lyon. Ah oui, le scoop : Momo a une mobylette. Il va du métro Anvers au métro Quai de la Râpée sur sa motobécane et l’attache contre les garde-corps des bouches de métro.
- Métro Quai de la Râpée ?
- Oui !
- Autres choses ?
- Il ne trimbale pas son casque avec lui quand il n’est pas sur sa mob. Je n’ai pas vu où il le planquait dans le quartier de la Goutte d’or, mais il le met dans un casier Gare de Lyon. Il ne veut pas s’en encombrer quand il arpente le macadam à la recherche du pigeon ni attirer la convoitise des résidents de son îlot doré. Mais comme ce quartier est une zone de non droit il doit s’y sentir plus en sécurité qu’ailleurs. Ça ne m’étonnerait pas que les pièces y soient frappées.
- Oui, c’est probable. Et le numéro de son cassier gare de Lyon ?
- Je peux le localiser à deux ou trois casiers près, mais je n’ai pas relevé les numéros. Au fait, quand il a déposé son casque dans son casier, il en a sorti un objet qu’il a aussitôt glissé dans son pantalon. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un roudoudou.
- Il est des quartiers où l’espérance de vie est plus élevé quand on est armé. Bon boulot !
- Je peux savoir ce que vous comptez faire maintenant ?
- Je vais tenter de lui faire entendre raison. Lui expliquer le préjudice causé. Lui demander de rendre la somme escroquée à Hassen en précisant que je ne veux pas la mort de son petit commerce, que les temps sont durs et qu’il est difficile de trouver un emploi honnête quand on a sa gueule, des trucs comme ça…
- J’ai une voix aussi niaise au téléphone pour que vous me preniez si ouvertement pour un con ?
- Sérieusement, je ne sais pas précisément ce que je vais faire ni comment. J’aime ménager à l’action une part d’improvisions. Mais je ne manquerai de dire à Wanda que vous vous êtes honorablement acquitté d’un dixième de ses dettes envers moi.
- Bien aimable !
- Bon ménage !
- Oui !
- C’est Loiseau !
- Déjà !
- Je n’ai gagné qu’un ticket pour le ménage de mon appartement. Il habite dans le quartier de l’îlot Chalon, mais n’ayant pas de violentes pulsions suicidaires, je l’ai laissé s’y aventurer seul.
- C’est tout ?
- Je l’ai repéré place Blanche et suivi jusqu’à la gare de Lyon. Ah oui, le scoop : Momo a une mobylette. Il va du métro Anvers au métro Quai de la Râpée sur sa motobécane et l’attache contre les garde-corps des bouches de métro.
- Métro Quai de la Râpée ?
- Oui !
- Autres choses ?
- Il ne trimbale pas son casque avec lui quand il n’est pas sur sa mob. Je n’ai pas vu où il le planquait dans le quartier de la Goutte d’or, mais il le met dans un casier Gare de Lyon. Il ne veut pas s’en encombrer quand il arpente le macadam à la recherche du pigeon ni attirer la convoitise des résidents de son îlot doré. Mais comme ce quartier est une zone de non droit il doit s’y sentir plus en sécurité qu’ailleurs. Ça ne m’étonnerait pas que les pièces y soient frappées.
- Oui, c’est probable. Et le numéro de son cassier gare de Lyon ?
- Je peux le localiser à deux ou trois casiers près, mais je n’ai pas relevé les numéros. Au fait, quand il a déposé son casque dans son casier, il en a sorti un objet qu’il a aussitôt glissé dans son pantalon. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un roudoudou.
- Il est des quartiers où l’espérance de vie est plus élevé quand on est armé. Bon boulot !
- Je peux savoir ce que vous comptez faire maintenant ?
- Je vais tenter de lui faire entendre raison. Lui expliquer le préjudice causé. Lui demander de rendre la somme escroquée à Hassen en précisant que je ne veux pas la mort de son petit commerce, que les temps sont durs et qu’il est difficile de trouver un emploi honnête quand on a sa gueule, des trucs comme ça…
- J’ai une voix aussi niaise au téléphone pour que vous me preniez si ouvertement pour un con ?
- Sérieusement, je ne sais pas précisément ce que je vais faire ni comment. J’aime ménager à l’action une part d’improvisions. Mais je ne manquerai de dire à Wanda que vous vous êtes honorablement acquitté d’un dixième de ses dettes envers moi.
- Bien aimable !
- Bon ménage !
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
La fête dans l’estafette
Hassen m’a prêté son estafette. Je tourne un moment avant de trouver une bonne place à proximité du métro Quai de la Râpée. Il ne me reste plus qu’à poireauter.
Il doit être 2 heures du mat quand Momo rapplique et pose sa bécane contre la grille du métro. On pourrait croire qu’il va pointer chez Renault et qu’il revient d’un trois-huit. En théorie il doit passer par le trottoir le long duquel je me suis garé. Ça ne manque pas. Il arrive.
J’ai longtemps réfléchi à la meilleure façon de l’interpeller.
Le gaz lacrymogène me semblait trop aléatoire et l’arme à feu trop radicale et trop bruyante. Il me restait l’effet de surprise et, assortie à sa casquette, ma bonne vielle batte de base-ball qui avait fait ses preuves sur le terrain.
Il n’a pas le temps de la voir surgir de derrière l’estafette que déjà il la prend dans la poire avec moi au bout. Il s’étale de tout son long. Du sang lui gicle de l’arcade.
- aaahhhh ! il fait.
C’est bon, il n’est pas mort. Je le traîne avec son casque et le charge à l’arrière du fourgon. Pour faire bonne mesure, une fois à l’intérieur, je lui mets un coup dans le foie et un sac vide de pommes de terre sur la tête que je ficelle autour de son cou. Puis je lui lie les poignets avant de les attacher à un montant en fer. Une petite fouille pour m’assurer qu’il n’est pas armé et « roule ma poule » me dis-je quand en passant la première pour sortir de mon stationnement j’entends :
- Police nationale, voulez-vous sortir du véhicule, les mains bien en évidence !
Un mot s’impose à moi « Merde ! » et baisse la tête en signe de capitulation. Quand je la relève pour affronter mon chef d’accusation :
- Putain ! Vous m’avez foutu une de ces trouilles !
- C’était le but !
- Mais qu’est-ce que vous foutez là ?
- Je me suis dit qu’il fallait que je vous empêche de faire une connerie et qu’il y avait peut-être moyen de réduire la dette de notre amie…
- Sa dette fond comme peau de chagrin. Je viens de la réduire d’un quart.
- J’ai vu avec quel fair-play vous aviez engagé la conversation avec Momo. Vous avez un don pour la diplomatie.
- Oui, effectivement, j’ai pas jugé bon de faire des phrases.
- Et maintenant que le colis est chargé, on livre où ?
- En banlieue !
- Et les clés de son casier ?
Fred marque un point. Je passe à l’arrière de la camionnette, fouille plus méthodiquement les poches d’un Momo qui respire difficilement et trouve les clefs de sa consigne.
- Les voilà ! Vous récupérez le contenu du casier et on se retrouve dans une heure devant la gare de la Garenne-Colombes. Ça va aller ?
- D’accord ! Mais si je n’y suis pas à 4 heures, c’est que cela n’a pas été.
3h40. Loiseau fait un créneau derrière l’estafette gare de la Garenne-Colombes. Dans mon rétro, je le vois s’approcher, un sac en bandoulière, les mains dans les poches, la tête dans les épaules, expirant de la buée mêlée à la fumée de son clope. Il monte dans la camionnette, jette un coup d’œil souriant à l’arrière et s’étonne.
- Qu’est-ce que vous avez fait de Momo ?
- J’ai un box dans le coin. J’y ai remisé notre ami. Alors, que dit son casier ?
- Qu’il n’est pas vierge !
Loiseau ouvre le sac qu’il a ramené et en sort un couteau, un pistolet à grenailles, des photos de Momo en vacances, quatre liasses de billets de cent et trois de deux cents, soit vingt mille balles. Le double de la somme versée par Hassen.
- Waouh !
- C’est pas tout !
Fred, comme un magicien qui ménage son effet, sort deux gros médaillons gravés en creux, dont un est plus profond que l’autre avec des inscriptions sur la tranche intérieure du cercle.
- Les moules des faux Louis ! dis-je comme si j’avais vu une chose de toute beauté.
- Ça doit valoir son pesant de cacahuètes chez un collectionneur… ou un séjour à l’ombre avec pension complète. On fait quoi ?
- Wanda peut désormais se considérer délivrée de toute dette à mon égard. Pour ce qui est de ce butin, la moitié de cet argent liquide appartient à Hassen. L’autre moitié, si vous êtes d’accord vous revient en prime. Moi, je ne prétends qu’à la possession des moules.
- Quand le prince est généreux, ses prétentions semblent toujours modestes.
- Alors ça vous va ?
- C’est parfait !
- On n’a plus qu’à raccompagner Momo à une porte de Paris dans un endroit discret en lui souhaitant de rencontrer rapidement une personne assez aimable pour le délier.
Nous avons fait comme dit et tout se déroula comme prévu. Ce petit matin-là, quand nos mains se serrèrent, nous convînmes d’opter pour le tutoiement.
*****
Cette histoire date d’une vingtaine d’années. Fred ne savait pas encore qu’il allait renoncer à l’écriture, exception faite de quelques récits livrés sur un forum d’écriture où il connaît encore un succès d’estime, et Wanda ne se doutait pas qu’elle tirerait un jour les cartes à des vedettes de cinéma et à des hommes politiques. Tous les deux auraient pu à plusieurs occasions emprunter des voies plus sûres, mais vivre dans la précarité est leur façon d’exister. Et cela leur a permis de continuer à s’aimer, en partageant le même destin sans jamais partager la même vie.
Enfin, aux dernières nouvelles, Fred a adopté un quatrième chat qu’il a une fois encore baptisé Perfide.
Hassen m’a prêté son estafette. Je tourne un moment avant de trouver une bonne place à proximité du métro Quai de la Râpée. Il ne me reste plus qu’à poireauter.
Il doit être 2 heures du mat quand Momo rapplique et pose sa bécane contre la grille du métro. On pourrait croire qu’il va pointer chez Renault et qu’il revient d’un trois-huit. En théorie il doit passer par le trottoir le long duquel je me suis garé. Ça ne manque pas. Il arrive.
J’ai longtemps réfléchi à la meilleure façon de l’interpeller.
Le gaz lacrymogène me semblait trop aléatoire et l’arme à feu trop radicale et trop bruyante. Il me restait l’effet de surprise et, assortie à sa casquette, ma bonne vielle batte de base-ball qui avait fait ses preuves sur le terrain.
Il n’a pas le temps de la voir surgir de derrière l’estafette que déjà il la prend dans la poire avec moi au bout. Il s’étale de tout son long. Du sang lui gicle de l’arcade.
- aaahhhh ! il fait.
C’est bon, il n’est pas mort. Je le traîne avec son casque et le charge à l’arrière du fourgon. Pour faire bonne mesure, une fois à l’intérieur, je lui mets un coup dans le foie et un sac vide de pommes de terre sur la tête que je ficelle autour de son cou. Puis je lui lie les poignets avant de les attacher à un montant en fer. Une petite fouille pour m’assurer qu’il n’est pas armé et « roule ma poule » me dis-je quand en passant la première pour sortir de mon stationnement j’entends :
- Police nationale, voulez-vous sortir du véhicule, les mains bien en évidence !
Un mot s’impose à moi « Merde ! » et baisse la tête en signe de capitulation. Quand je la relève pour affronter mon chef d’accusation :
- Putain ! Vous m’avez foutu une de ces trouilles !
- C’était le but !
- Mais qu’est-ce que vous foutez là ?
- Je me suis dit qu’il fallait que je vous empêche de faire une connerie et qu’il y avait peut-être moyen de réduire la dette de notre amie…
- Sa dette fond comme peau de chagrin. Je viens de la réduire d’un quart.
- J’ai vu avec quel fair-play vous aviez engagé la conversation avec Momo. Vous avez un don pour la diplomatie.
- Oui, effectivement, j’ai pas jugé bon de faire des phrases.
- Et maintenant que le colis est chargé, on livre où ?
- En banlieue !
- Et les clés de son casier ?
Fred marque un point. Je passe à l’arrière de la camionnette, fouille plus méthodiquement les poches d’un Momo qui respire difficilement et trouve les clefs de sa consigne.
- Les voilà ! Vous récupérez le contenu du casier et on se retrouve dans une heure devant la gare de la Garenne-Colombes. Ça va aller ?
- D’accord ! Mais si je n’y suis pas à 4 heures, c’est que cela n’a pas été.
3h40. Loiseau fait un créneau derrière l’estafette gare de la Garenne-Colombes. Dans mon rétro, je le vois s’approcher, un sac en bandoulière, les mains dans les poches, la tête dans les épaules, expirant de la buée mêlée à la fumée de son clope. Il monte dans la camionnette, jette un coup d’œil souriant à l’arrière et s’étonne.
- Qu’est-ce que vous avez fait de Momo ?
- J’ai un box dans le coin. J’y ai remisé notre ami. Alors, que dit son casier ?
- Qu’il n’est pas vierge !
Loiseau ouvre le sac qu’il a ramené et en sort un couteau, un pistolet à grenailles, des photos de Momo en vacances, quatre liasses de billets de cent et trois de deux cents, soit vingt mille balles. Le double de la somme versée par Hassen.
- Waouh !
- C’est pas tout !
Fred, comme un magicien qui ménage son effet, sort deux gros médaillons gravés en creux, dont un est plus profond que l’autre avec des inscriptions sur la tranche intérieure du cercle.
- Les moules des faux Louis ! dis-je comme si j’avais vu une chose de toute beauté.
- Ça doit valoir son pesant de cacahuètes chez un collectionneur… ou un séjour à l’ombre avec pension complète. On fait quoi ?
- Wanda peut désormais se considérer délivrée de toute dette à mon égard. Pour ce qui est de ce butin, la moitié de cet argent liquide appartient à Hassen. L’autre moitié, si vous êtes d’accord vous revient en prime. Moi, je ne prétends qu’à la possession des moules.
- Quand le prince est généreux, ses prétentions semblent toujours modestes.
- Alors ça vous va ?
- C’est parfait !
- On n’a plus qu’à raccompagner Momo à une porte de Paris dans un endroit discret en lui souhaitant de rencontrer rapidement une personne assez aimable pour le délier.
Nous avons fait comme dit et tout se déroula comme prévu. Ce petit matin-là, quand nos mains se serrèrent, nous convînmes d’opter pour le tutoiement.
*****
Cette histoire date d’une vingtaine d’années. Fred ne savait pas encore qu’il allait renoncer à l’écriture, exception faite de quelques récits livrés sur un forum d’écriture où il connaît encore un succès d’estime, et Wanda ne se doutait pas qu’elle tirerait un jour les cartes à des vedettes de cinéma et à des hommes politiques. Tous les deux auraient pu à plusieurs occasions emprunter des voies plus sûres, mais vivre dans la précarité est leur façon d’exister. Et cela leur a permis de continuer à s’aimer, en partageant le même destin sans jamais partager la même vie.
Enfin, aux dernières nouvelles, Fred a adopté un quatrième chat qu’il a une fois encore baptisé Perfide.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
ah j'aime beaucoup cette histoire là !
les grandes lignes de notre Loiseau et de son environnement sont respectées
et le point de vue du narrateur est original, ce type, inconnu, qui décrit l'aventure en mettant les 3 héros en scène, pas bête et bien traité
j'ajoute que l'écriture est vive, nerveuse, intelligente
j'ai eu un peu peur au tout début que, effectivement, on tombe dans du sous-San-Antonio, mais ce n'est pas le cas
donc, bravo ! cet épisode est digne de figurer dans le futur recueil des aventures de Loiseau
;-)
les grandes lignes de notre Loiseau et de son environnement sont respectées
et le point de vue du narrateur est original, ce type, inconnu, qui décrit l'aventure en mettant les 3 héros en scène, pas bête et bien traité
j'ajoute que l'écriture est vive, nerveuse, intelligente
j'ai eu un peu peur au tout début que, effectivement, on tombe dans du sous-San-Antonio, mais ce n'est pas le cas
donc, bravo ! cet épisode est digne de figurer dans le futur recueil des aventures de Loiseau
;-)
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Retour remarqué. Quelle bonne histoire, brillamment (oui !) écrite.
Invité- Invité
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Oups ! Petit problème de construction de phrase ici, avec la répétition du quand:
me dis-je quand en passant la première pour sortir de mon stationnement, quand j’entends :
Invité- Invité
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
claude a écrit: Des feuilles manuscrites, des alcools hétéroclites, des mégots, des fringues, une paire de pompes… gisent ça et là sur et aux environs d’une table basse qui jouxte un canapé lacéré où Fred Loiseau est allongé tout habillé. Une de ses chaussettes trouées forme un col cheminée autour de son gros orteil. En me devinant dans l’encoignure de la porte, il se redresse en gîtant pour s’asseoir. Wanda hume en frétillant des narines l’odeur fauve et prégnante qui règne dans la pièce. Elle passe sa langue sur ses lèvres avec gourmandise et réfrène un élan concupiscent qui l’aimante en direction du canapé.
C'est le passage qui m'a le plus "choqué". Des phrases trop longues, des mots trop longs. Trop d'informations, en somme !
claude a écrit: Il ne veut pas s’en encombrer quand il arpente le macadam à la recherche du pigeon et ni attirer la convoitise des résidents de son îlot doré. Mais comme ce quartier est une zone de non droit et il doit s’y sentir plus en sécurité qu’ailleurs. Ça ne m’étonnerait pas que les pièces y soient frappées.
D'un point de vue narratif, il y a une petite incohérence (qui ne nuit pas à la qualité) : le narrateur est bien le "JE" de l'ami-mystère...? Alors comment peut-il raconter la scène où Fred file Momo ?
Pour la forme, c'est bien écrit, oui. Parfois trop compliqué, un peu maniéré. Mais les dialogues sont efficaces et le ton, définitivement moderne. L'action déroule, file, se délie.
Une bonne histoire !
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Raconter cette histoire m’a pris toute la journée de vendredi dernier de 14 à 22 h, non stop, entre cafés et sucreries. Un live de 8h en quelque sorte. Je n’avais que ce créneau avant longtemps pour écrire un truc et coller à l’actualité d’un exo de VE (lieu unique au monde où j’aurais adoré pouvoir m’imprégner de l’esprit et participer plus assidûment).
Mentor : par respect pour les parents de Loiseau et pour ne pas trop l’abîmer, ça m’a semblé plus prudent de prendre de la distance et de placer le narrateur en témoin. Détective crassouillard, enquête à la manque, humour, grivoiserie… la tentation du San Antonio, surtout pour les vieux briscards de l’argot, je m’en défie dès le 1er paragraphe : « C’est comme une greffe de rosier sur cactus : c’est pas parce que l’épine pique que le Fred hérite d’art ! »
Island : tu es trop aimable. Mais quand on écrit « nous nous séparèrent » à la place de « nous nous séparâmes », le brillant se ternit.
Kazar : maniéré ? quand même pas ampoulé ? on m’a souvent dit que j’étais un peu trop cru, jamais précieux. Va falloir que je me surveille, je file un mauvais coton. Pour les lourdeurs de style, les phrases trop longues, certaines mêmes sont incohérentes car les corrections sont superposées, je plaide coupable. j’ai oublié de retirer des mots ou d’en ajouter.
on est sur un échange téléphonique entre Loiseau et le narrateur et c'est Loiseau qui cause. Loiseau déduit de son observation un comportement probable de Momo.
Mentor : de tous tes textes et commentaires, il ressort que du bon de toi. Tu es l’ami qu’on ne regrette pas d’avoir et je dis pas ça seulement parce que tu es l'un des administrateurs de ce site et que j’ai un service à te demander.
Si ce texte doit rester quelque part dans ces pages, est-ce possible d’y apporter quelques corrections en plus de celles que tu jugeras nécessaires ?
D’abord le titre général : je préférerais « A la chasse aux moules ! »
Supprimer les deux premiers paragraphes :
Supprimer le X à la fin de chouX:
Mettre un S à la place du T dans :
Il manque un E à :
Comme le fait remarquer kazar, il y a deux ET en trop, héhé :
supprimer QUAND dans :
Supprimer ce qui est barré et mettre à la place « je suis pas moins grossier » :
Mettre ée à la place de ER dans
Enfin supprimer le truc barré dans :
« nous convînmes d’opter pour le tutoiementet notre amitié débuta quand nous nous séparèrent.
Si tu n’as pas le temps, c’est pas grave.
Je vais encore traîner dans le coin aujourd’hui, mais dès demain ciao la compagnie durant plusieurs semaines.
Je l’ai déjà dit, mais décidément, je me sens bien ici.
Mentor : par respect pour les parents de Loiseau et pour ne pas trop l’abîmer, ça m’a semblé plus prudent de prendre de la distance et de placer le narrateur en témoin. Détective crassouillard, enquête à la manque, humour, grivoiserie… la tentation du San Antonio, surtout pour les vieux briscards de l’argot, je m’en défie dès le 1er paragraphe : « C’est comme une greffe de rosier sur cactus : c’est pas parce que l’épine pique que le Fred hérite d’art ! »
Island : tu es trop aimable. Mais quand on écrit « nous nous séparèrent » à la place de « nous nous séparâmes », le brillant se ternit.
Kazar : maniéré ? quand même pas ampoulé ? on m’a souvent dit que j’étais un peu trop cru, jamais précieux. Va falloir que je me surveille, je file un mauvais coton. Pour les lourdeurs de style, les phrases trop longues, certaines mêmes sont incohérentes car les corrections sont superposées, je plaide coupable. j’ai oublié de retirer des mots ou d’en ajouter.
Kazar a écritclaude a écrit:
Il ne veut pas s’en encombrer quand il arpente le macadam à la recherche du pigeon et ni attirer la convoitise des résidents de son îlot doré. Mais comme ce quartier est une zone de non droit et il doit s’y sentir plus en sécurité qu’ailleurs. Ça ne m’étonnerait pas que les pièces y soient frappées.
D'un point de vue narratif, il y a une petite incohérence (qui ne nuit pas à la qualité) : le narrateur est bien le "JE" de l'ami-mystère...? Alors comment peut-il raconter la scène où Fred file Momo ?
on est sur un échange téléphonique entre Loiseau et le narrateur et c'est Loiseau qui cause. Loiseau déduit de son observation un comportement probable de Momo.
Mentor : de tous tes textes et commentaires, il ressort que du bon de toi. Tu es l’ami qu’on ne regrette pas d’avoir et je dis pas ça seulement parce que tu es l'un des administrateurs de ce site et que j’ai un service à te demander.
Si ce texte doit rester quelque part dans ces pages, est-ce possible d’y apporter quelques corrections en plus de celles que tu jugeras nécessaires ?
D’abord le titre général : je préférerais « A la chasse aux moules ! »
Supprimer les deux premiers paragraphes :
Le comble quand on a pour nom Loiseau est d’avoir un poil dans la main. C’est son drame à Fredo. Il avance sur deux jambes : désinvolture et dérision. Il a des mains faites pour la plume, pas pour le plomb. Quand on est indien, jouer au cow-boy est un rôle de composition qu’on ne peut pas endosser toute une vie sans perdre son âme. C’est comme une greffe de rosier sur cactus : c’est pas parce que l’épine pique que le Fred hérite d’art !
C’est par Wanda que j’ai rencontré Loiseau. Wanda je la connais depuis qu’elle est petiote. D’avant qu’elle se lance dans l’arnaque. Pour elle aussi le biseness du tarot c’est de la fuite en avant, une erreur de casting. Elle vaut mieux qu’ça la môme. Je sais pas ce qui cloche dans la tocante du grand horloger, mais il faudrait voir à remettre les pendules à l’heure. Il est déjà 14 heures et ces deux-là sont encore à midi. Décalés, voilà ! c’est ça qu’ils sont, une sacrée paire d’égarés du vortex.
Okay, j’abrège.
Supprimer le X à la fin de chouX:
- Mon chouX, il te faudra semer autres choses que des phéromones d’aède en décomposition pour faire de moi ton esclave…
Mettre un S à la place du T dans :
- Vous avez quelques exemplaires de ces faux Louis ?
Je […] sorS l’objet de sa requête.
Il manque un E à :
Après trois heures de recherche et une demi-heure de planque, Momo, […]. Coup d’œil à droitE, […]. Momo se déplace en mob.
Comme le fait remarquer kazar, il y a deux ET en trop, héhé :
« Il ne veut pas s’en encombrer quand il arpente le macadam à la recherche du pigeonetni attirer la convoitise des résidents de son îlot doré. Mais comme ce quartier est une zone de non droitetil doit s’y sentir plus en sécurité qu’ailleurs.
supprimer QUAND dans :
« C’est bon, il n’est pas mort. […] quand en passant la première pour sortir de mon stationnement, quandj’entends :
Supprimer ce qui est barré et mettre à la place « je suis pas moins grossier » :
Un mot s’impose à moi « Merde ! » et baisse la tête en signe de capitulation. Quand je la relève pour affronter mon chef d’accusation,le premier mot qui me vient me sort de celui qui s’est imposé:
Mettre ée à la place de ER dans
Wanda peut désormais se considérer délivrée de toute dette à mon égard.
Enfin supprimer le truc barré dans :
« nous convînmes d’opter pour le tutoiement
Si tu n’as pas le temps, c’est pas grave.
Je vais encore traîner dans le coin aujourd’hui, mais dès demain ciao la compagnie durant plusieurs semaines.
Je l’ai déjà dit, mais décidément, je me sens bien ici.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
ok pour les corrections
je me suis permis de remplacer aussi mil par mille
le mil, c'est pour les piafs ;-)
je me suis permis de remplacer aussi mil par mille
le mil, c'est pour les piafs ;-)
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
.
Bien tourné, ce Loiseau, clâsse, enlevé, bravo Claude, t'as ta place au panthéon des Loiseaux !
Dis Mentor, je te demande de changer un truc, tu m'envoies bouler, et là...aaaaarrrrrghhl, y'en a des tapées, tu corriges tout, tu fais des cadeaux, je suis vert-menthe-horr.... bouhhhhhhhhh, mon rimmel coule.... je m'en vas piquer ma poupée de tous les côtés, moi.... J'écrivais menthe-or, par amitié, je crois que je vais écrire ment-tort. Non, réflexion faite c'est trop moche, je garde le premier ;-)))))
.
Bien tourné, ce Loiseau, clâsse, enlevé, bravo Claude, t'as ta place au panthéon des Loiseaux !
Dis Mentor, je te demande de changer un truc, tu m'envoies bouler, et là...aaaaarrrrrghhl, y'en a des tapées, tu corriges tout, tu fais des cadeaux, je suis vert-menthe-horr.... bouhhhhhhhhh, mon rimmel coule.... je m'en vas piquer ma poupée de tous les côtés, moi.... J'écrivais menthe-or, par amitié, je crois que je vais écrire ment-tort. Non, réflexion faite c'est trop moche, je garde le premier ;-)))))
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Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
c'est justement le jeu de mots sur Frédéric Dard qui m'avait fait faire cette réflexion, mais tu t'en es vite démarquéclaude a écrit:Mentor : la tentation du San Antonio, surtout pour les vieux briscards de l’argot, je m’en défie dès le 1er paragraphe : « C’est comme une greffe de rosier sur cactus : c’est pas parce que l’épine pique que le Fred hérite d’art ! »
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Mentor quelle bonne surprise !
Je viens faire un petit tour sur VE et puis s’en va, et qu’est-ce que je vois ?
Que t’es vraiment un type en or !
Merci !
Mais c’est qu’Apou nous joue la scène du jaloux !
Apou, tu es doué pour le théâtre à ce que j’ai lu. Mais j'attends l’intégrale et le soir de la première avant de t’envoyer des fleurs.
Je viens faire un petit tour sur VE et puis s’en va, et qu’est-ce que je vois ?
Que t’es vraiment un type en or !
Merci !
Mais c’est qu’Apou nous joue la scène du jaloux !
Apou, tu es doué pour le théâtre à ce que j’ai lu. Mais j'attends l’intégrale et le soir de la première avant de t’envoyer des fleurs.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
Un bien bel épisode que voilà ! très bonne idée que ce narrateur qui cotoit Loiseau et Wanda. L'écriture est parfaite, le récit enlevé, rien à redire ! un vrai plaisir de lecture
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: LOISEAU : A la chasse aux moules
J'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est que j'ai aimé ta manière de traiter l'histoire. Un bon épisode, à n'en pas douter !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
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