Casino : Le parapluie
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Nothingman
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Krystelle
Jonjon
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Casino : Le parapluie
Contraintes :
Polar
Disparition du chien du président
Insérer une chanson de Brassens
Il pleut. L’atmosphère est au gris. Un gris nuageux. Un gris de béton, de bidonvilles, de ruelles mal éclairées et de vilains matous. Un gris pas trop accueillant pour une fille de président, perdue dans un New York de bas étage, trempée jusqu’à l’os sans parapluie. La pauvre a perdu sa chienne, une certaine Candy, et la cherche désespérément. Quand je l‘aperçois, la fille pas l’animal, elle tourne sur Brighton Road. Ses longs cheveux blonds lui collent à la figure et pourtant, je la trouve quand même vachement sexy. Un peu jeune, mais pas trop pour un mec comme moi. Elles ne le sont jamais trop. À la radio, on me passe un truc de Brassens. Une chanson française, merde! Pour qui ils se prennent ces enfoirés? C’est New York ici! La grande cité américaine! Rien à foutre des Européens!
Le parapluie de Suzanna! Je me frappe le front. Quel idiot! J’ai oublié de lui rendre son parapluie. Suzanna, c’est mon ex-femme. Une petite garce qui veut tout m’enlever en divorçant. Je suis détective privé. Aux yeux d’un juge, c’est pas sérieux. Pour eux, je suis un policier raté. Ils n’ont pas tort. C’est pour ça que Suzanna m’a quitté. C’est pour ça que je bois au goulot.
La fille passe près de ma voiture. Je baisse la vitre.
- Tu veux une cigarette ? que je demande.
Elle s’arrête et me regarde avec un joli minois effrayé.
- Je ne fume pas, qu’elle me répond en repoussant une mèche de ses cheveux mouillés.
- Tant pis.
Je m’en allume une.
Et j’éteins Brassens.
- Entre, que je lui propose, tu vas te rendre malade dans cet orage.
Elle hésite puis, tremblotante de froid ou de peur, je ne sais pas, elle s’assoit sur la banquette arrière de ma bagnole. Nous restons silencieux un bon moment. Je l’entends respirer bruyamment derrière. J’ajuste mon rétroviseur et l’observe. Elle m’observe à son tour et nous nous sourions. L’envie me prend de la toucher, mais je me retiens. C’est la fille du président et j’ai un code moral.
- Explique-moi ce que tu fais ici. Tu dois bien te douter que ce n’est pas un quartier qu’on s’attendrait à voir fréquenter une fille de président.
Elle paraît étonnée que je l’ais reconnue. Je hausse les épaules en jetant ma cigarette par la fenêtre. Faut vraiment que j’arrête. Mon père est mort d’un cancer quand j’étais gosse.
- Je cherche ma chienne, Candy.
J’ai déjà couché avec une femme qui s’appelait Candy. Mais ça c’est une autre histoire.
- Elle a l’air de quoi ta Candy chérie?
- C’est un caniche.
Ah! ce que je peux détester ces petites bêtes! Mais je joue le jeu, je hoche la tête, je fais mine de comprendre, d’être intéressé, en planifiant dans ma tête comment je vais l’attirer dans mon lit. Je lui propose de rouler un peu, de garder l’oeil ouvert, et je lui promets qu’avant le lever du jour, nous trouverions sa chienne. Elle me remercie et je remarque qu’elle est moins tendue, qu’elle me fait de plus en plus confiance.
Nous roulons donc dans le Bronx pas trop gai et je vois ici et là, réfugiés sous des escaliers ou dans des poubelles, des sans-abri qui nous dévisagent. Il vaudrait mieux chercher ailleurs, que je dis à la belle fille, mais elle refuse. J’avais promis.
Et c’est là que la petite bête surgit d’une ruelle, fuyant ou poursuivant quelque chose, filant à vive allure, toute sale et mouillée. Je ne la vois pas, mais la gamine, elle, se met à crier « Candy! Candy, ma jolie, ma tendre, ma douce! » et puis moi je ne freine pas à temps et j’écrase Candy. Les cris de la fille stoppent net et moi, je dis bêtement que « je m’excuse! Je ne l’avais pas vu. De toute façon, ce n’est qu’un animal, on t’en trouvera un autre. Y’en a des dizaines qui rôdent dans les environs. »
Elle me frappe et sort en pleurant. Je n’ai jamais eu le tour avec les femmes, mais je crois que ça fait partie du métier de détective privé. Je suis un solitaire et je le resterai toute ma vie. C’est le prix à payer pour aider les gens. Je me remets à rouler, je sens que ma roue arrière droite passe sur le cadavre de Candy, et le hurlement de la petite fille me le confirme. Merde! J’ai oublié de lui demander son prénom. Et ce foutu parapluie de Brassens qui me trotte encore dans la tête.
Fait chier.
Polar
Disparition du chien du président
Insérer une chanson de Brassens
Il pleut. L’atmosphère est au gris. Un gris nuageux. Un gris de béton, de bidonvilles, de ruelles mal éclairées et de vilains matous. Un gris pas trop accueillant pour une fille de président, perdue dans un New York de bas étage, trempée jusqu’à l’os sans parapluie. La pauvre a perdu sa chienne, une certaine Candy, et la cherche désespérément. Quand je l‘aperçois, la fille pas l’animal, elle tourne sur Brighton Road. Ses longs cheveux blonds lui collent à la figure et pourtant, je la trouve quand même vachement sexy. Un peu jeune, mais pas trop pour un mec comme moi. Elles ne le sont jamais trop. À la radio, on me passe un truc de Brassens. Une chanson française, merde! Pour qui ils se prennent ces enfoirés? C’est New York ici! La grande cité américaine! Rien à foutre des Européens!
Il pleuvait fort sur la grand route, elle cheminait sans parapluie,
J'en avais un volé sans doute, le matin même à un ami
Courant alors à sa rescousse, je lui propose un peu d'abri...
J'en avais un volé sans doute, le matin même à un ami
Courant alors à sa rescousse, je lui propose un peu d'abri...
Le parapluie de Suzanna! Je me frappe le front. Quel idiot! J’ai oublié de lui rendre son parapluie. Suzanna, c’est mon ex-femme. Une petite garce qui veut tout m’enlever en divorçant. Je suis détective privé. Aux yeux d’un juge, c’est pas sérieux. Pour eux, je suis un policier raté. Ils n’ont pas tort. C’est pour ça que Suzanna m’a quitté. C’est pour ça que je bois au goulot.
La fille passe près de ma voiture. Je baisse la vitre.
- Tu veux une cigarette ? que je demande.
Elle s’arrête et me regarde avec un joli minois effrayé.
- Je ne fume pas, qu’elle me répond en repoussant une mèche de ses cheveux mouillés.
- Tant pis.
Je m’en allume une.
Un petit coin de parapluie,
Contre un coin de paradis
Elle avait quelque chose d'un ange,
Un petit coin de paradis,
Contre un coin de parapluie,
Je ne perdais pas au change, pardi!
Contre un coin de paradis
Elle avait quelque chose d'un ange,
Un petit coin de paradis,
Contre un coin de parapluie,
Je ne perdais pas au change, pardi!
Et j’éteins Brassens.
- Entre, que je lui propose, tu vas te rendre malade dans cet orage.
Elle hésite puis, tremblotante de froid ou de peur, je ne sais pas, elle s’assoit sur la banquette arrière de ma bagnole. Nous restons silencieux un bon moment. Je l’entends respirer bruyamment derrière. J’ajuste mon rétroviseur et l’observe. Elle m’observe à son tour et nous nous sourions. L’envie me prend de la toucher, mais je me retiens. C’est la fille du président et j’ai un code moral.
- Explique-moi ce que tu fais ici. Tu dois bien te douter que ce n’est pas un quartier qu’on s’attendrait à voir fréquenter une fille de président.
Elle paraît étonnée que je l’ais reconnue. Je hausse les épaules en jetant ma cigarette par la fenêtre. Faut vraiment que j’arrête. Mon père est mort d’un cancer quand j’étais gosse.
- Je cherche ma chienne, Candy.
J’ai déjà couché avec une femme qui s’appelait Candy. Mais ça c’est une autre histoire.
- Elle a l’air de quoi ta Candy chérie?
- C’est un caniche.
Ah! ce que je peux détester ces petites bêtes! Mais je joue le jeu, je hoche la tête, je fais mine de comprendre, d’être intéressé, en planifiant dans ma tête comment je vais l’attirer dans mon lit. Je lui propose de rouler un peu, de garder l’oeil ouvert, et je lui promets qu’avant le lever du jour, nous trouverions sa chienne. Elle me remercie et je remarque qu’elle est moins tendue, qu’elle me fait de plus en plus confiance.
Nous roulons donc dans le Bronx pas trop gai et je vois ici et là, réfugiés sous des escaliers ou dans des poubelles, des sans-abri qui nous dévisagent. Il vaudrait mieux chercher ailleurs, que je dis à la belle fille, mais elle refuse. J’avais promis.
Et c’est là que la petite bête surgit d’une ruelle, fuyant ou poursuivant quelque chose, filant à vive allure, toute sale et mouillée. Je ne la vois pas, mais la gamine, elle, se met à crier « Candy! Candy, ma jolie, ma tendre, ma douce! » et puis moi je ne freine pas à temps et j’écrase Candy. Les cris de la fille stoppent net et moi, je dis bêtement que « je m’excuse! Je ne l’avais pas vu. De toute façon, ce n’est qu’un animal, on t’en trouvera un autre. Y’en a des dizaines qui rôdent dans les environs. »
Elle me frappe et sort en pleurant. Je n’ai jamais eu le tour avec les femmes, mais je crois que ça fait partie du métier de détective privé. Je suis un solitaire et je le resterai toute ma vie. C’est le prix à payer pour aider les gens. Je me remets à rouler, je sens que ma roue arrière droite passe sur le cadavre de Candy, et le hurlement de la petite fille me le confirme. Merde! J’ai oublié de lui demander son prénom. Et ce foutu parapluie de Brassens qui me trotte encore dans la tête.
Fait chier.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
L'ambiance polar et l'atmosphère un peu glauque sont plutôt bien rendues même si elles me semblent un peu "forcées" par moment. Mais le texte se lit bien, sans accrocs.
Re: Casino : Le parapluie
pas mal du tout, j'ai aimé ! l'ambiance polar des années 50, l'humour un peu noir qui se cache derrière le texte ... un joli exo qui m'a bien fait sourire !
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Assez d'accord avec Krystelle! Je pense que l'ambiance polar est un peu forcée et fait un peu cliché : la pluie, le Bronx, le détective privé désabusé,.... Sinon, j'ai trouvé l'image de Brassens passant sur une radio-new-yorkaise assez jolie. Autrement l'histoire roule!
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Style polar bien rendu avec ces phrases courtes, ce ton désabusé du privé moyen moyen.
De l'humour aussi avec par exemple : "C’est pour ça que Suzanna m’a quitté. C’est pour ça que je bois au goulot.".
J'ai cru ressentir le choc du caniche "écrasé", même si la phrase telle quelle m'a un peu gêné, enfin, tournée comme ça.
Ouais, pas mal Jonjon.
De l'humour aussi avec par exemple : "C’est pour ça que Suzanna m’a quitté. C’est pour ça que je bois au goulot.".
J'ai cru ressentir le choc du caniche "écrasé", même si la phrase telle quelle m'a un peu gêné, enfin, tournée comme ça.
Ouais, pas mal Jonjon.
Re: Casino : Le parapluie
Heu... ben d'abord à New York, on s'en fout pas des Européens Ensuite, t'as une vision un peu "clichéale" de la ville je trouve, mais bon... on bondit pas dans le Bronx d'un saut de puce et de la sorte.
Me semble que c'est un des textes les plus réussis que tu aies écrit jusqu'à présent ici Jonjon, un truc qui sent moins l'exo forcé que d'habitude. Il y a encore des maladresses, des raccourcis, mais on sent poindre l'ambiance et le fond du récit, y a de l'idée à exploiter, c'est sûr.
Me semble que c'est un des textes les plus réussis que tu aies écrit jusqu'à présent ici Jonjon, un truc qui sent moins l'exo forcé que d'habitude. Il y a encore des maladresses, des raccourcis, mais on sent poindre l'ambiance et le fond du récit, y a de l'idée à exploiter, c'est sûr.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Sahkti a écrit:Heu... ben d'abord à New York, on s'en fout pas des Européens Ensuite, t'as une vision un peu "clichéale" de la ville je trouve, mais bon... on bondit pas dans le Bronx d'un saut de puce et de la sorte.
Ouais, c'est cliché. C'était beaucoup plus une parodie des polars noirs des années 50 qu'un véritable polar qui se prend au sérieux.
Par contre, j'aimerais que tu me montres un exemple de maladresse pour que je puisse savoir à quoi tu te réfères.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Quand tu parles des cheveux collés sur le visage de la fille ou de son âge jeune mais pas trop pour un mec comme celui-là, y a un petit côté artificiel là-dedans qui sonne maladroit, je trouve. C'est pas assez naturel.
"C’est pour ça que je bois au goulot.": la formule est intéressante mais mal placée à cet endroit, ça sent le raccourci vu comme ça.
Et puis le fait qu'il ouvre sa fenêtre quand elle passe à côté de lui pour lui proposer une clope, ça sonne aussi un peu faux, pas trop crédible, surtout que tu expliques au début qu'elle a perdu sa chienne, donc le narrateur est supposé le savoir puisque c'est lui qui raconte et là, sa seule excuse, c'est la cigarette. Pas top
"C’est pour ça que je bois au goulot.": la formule est intéressante mais mal placée à cet endroit, ça sent le raccourci vu comme ça.
Et puis le fait qu'il ouvre sa fenêtre quand elle passe à côté de lui pour lui proposer une clope, ça sonne aussi un peu faux, pas trop crédible, surtout que tu expliques au début qu'elle a perdu sa chienne, donc le narrateur est supposé le savoir puisque c'est lui qui raconte et là, sa seule excuse, c'est la cigarette. Pas top
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Jonjon, il est détective privé, elle c'est la fille du président et il ne connait pas son prénom ????
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
Yali a écrit:Jonjon, il est détective privé, elle c'est la fille du président et il ne connait pas son prénom ????
Ouais, jsais, je m'en suis aperçu après... je pense que j'ai un peu trop voulu faire de l'humour...
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Casino : Le parapluie
J'ai aussi tiqué sur le prénom de la fille mais bon, la distraction est humaine. :o)
Bref, en conclusion "Adieu jolie Candy"!
C'est plaisant Jonjon, quand même pas mal maîtrisé, oui, c'est cliché, mais bon, si on le sait, ce n'est pas si grave.
Pour les maladresses, je ne vais pas en rajouter une couche, je partage les avis précédents.
Bref, en conclusion "Adieu jolie Candy"!
C'est plaisant Jonjon, quand même pas mal maîtrisé, oui, c'est cliché, mais bon, si on le sait, ce n'est pas si grave.
Pour les maladresses, je ne vais pas en rajouter une couche, je partage les avis précédents.
Re: Casino : Le parapluie
J'aime bien. Il y a une atmosphère, grinçante et qui se la joue machiste, mais bien là. De loin le meilleur que j'ai lu de toi, Jonjon.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
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