Discussion entre deux amis

Il s'agit d'une écriture d'invention faite dans le cadre scolaire. Le sujet étant :
"Micromégas, personnage d'un conte de Voltaire s'exclame ; " Je ne veux pas qu'on me plaise [...] je veux qu'on m'instruise." Imaginez le dialogue entre deux personnages, l'un attendant de la littérature un divertissement, l'autre espérant qu'elle lui apportera un certain savoir. Vous veillerez à illustrer leurs arguments respectifs par des références aux textes du corpus ( Apologie de Raimond de Sebonde de Montaigne, Un animal dans la Lune de La Fontaine et Petite digression de Voltaire) et aux différents genre de l'argumentation."



- Et bien, voyez-vous, je crains que sur ce sujet, nos avis ne diffèrent.
- En effet, il y a, entre vous et moi, une divergence d'opinion qui vient du fait que vous, vous soutenez qu'un texte parfait est un texte qui doit être lu et donner un enseignement au lecteur et que lire est inutile si on ne tire rien des lectures que nous faisons, tandis que moi, je soutiens que la littérature doit être un divertissement et qu'un livre doit être lu par plaisir : chose que je trouve ridicule, d'ailleurs.
-C'est tout à fait cela que j'affirme. Et je peux vous le prouver sans aucun problème. Si la littérature n'existait que pour apporter du plaisir aux hommes, et qu'aucun enseignement n'était à tirer de nos lectures personnelles, comment pourrions-nous ouvrir notre esprit au monde qui nous entoure ? Par quel moyen pourrions-nous apprendre le fonctionnement de notre société avec ses qualités et ses défauts ? Comment certains auteurs pourraient-ils nous communiquer leur opinion sur tels ou tels sujets afin de nous conforter dans nos idées ou de nous faire douter ?
- A cela, je vous réponds : comment comprendre un texte qui n'a pas pour but de divertir son lecteur ? Comment arriver à suivre la pensée d'un auteur qui n'écrit que pour instruire ? Si le lecteur ne trouve aucun plaisir dans sa lecture, savez-vous ce qu'il fait ? Il ne trouve pas l'envie de se forcer à terminer sa lecture pour savoir ce que l'auteur veut lui apprendre. Il arrête tout simplement de lire. Et non seulement il n'aura rien appris, car il ne sera pas aller au bout, mais en plus, il aura perdu son temps vainement et ne se sera en rien distrait
.- Ce sont les hommes fainéants et inconscient, ne souhaitant pas ouvrir leurs esprits au monde dans lequel ils évoluent qui réagissent comme vous. Tout homme un tant soit peu curieux finirait la lecture, ne serait-ce que pour savoir ce que pense l'auteur. Et puis, soyons honnête, il n' y a rien de plus épanouissant que de se dire : « Ah ! Mais bien sur ! L'auteur à tout à fait raison sur ce point ! Comment n'y ai-je pas penser plus tôt ! » ou encore « Ah non ! Je ne pense pas que cet auteur ai raison. ». Rien ne stimule mieux un esprit que de te le confronter à un autre.
- Vous voyez, vous me parlez d'épanouissement. Qui dit épanouissement, dit plaisir. Sauf que pour vous, le plaisir vient après -excusez-moi le terme- un ennui que je qualifierais pour ma part, de mortel. Moi, je vous parle d'un texte, où le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde. Prenez par exemple, un texte court comme un certain conte philosophique de Voltaire, qui s'appelait Petite Digression si ma mémoire ne me trompe pas. L'auteur y raconte une petite histoire plaisante. Le lecteur ne s'y ennuie pas une seule seconde, il est plongé, captivé par le récit. L'œuvre est lue toute entière, d'un seul trait car le lecteur n'a qu'une chose en tête : comment va donc se finir cette histoire ? L'auteur réussit là son pari : celui d'écrire pour être lu et de plaire. Prenez maintenant un autre texte, comme par exemple, hum.. voyons voir... Ah, oui, je le tiens ! Prenez Apologie de Raimond de Sebonde, de Montaigne. L'auteur y écrit ce qu'il pense tout du long, pour essayer de démontrer à ses lecteurs sa théorie. Il n'y a absolument aucune histoire qui ressorte de cet amalgame de mots. Le lecteur s'ennuie, abandonne vite. L'œuvre de cet auteur ne sera ni lue, ni appréciée.
-Vu de votre point de vue, vos exemples sont justes, certes. Mais vu du mien, Apologie de Raimond de Sebonde est un texte dix milles fois plus méritant que l'autre exemple que vous me fournissez. Au moins, le lecteur comprend – à conditions de lire jusqu'au bout – le point de vue de l'auteur et la morale qu'il y a à tirer. Pour Petite Digression, certes, oui, il s'agit là d'une lecture facile, mais justement ! Le lecteur lira ce texte sans se poser de questions et passera à coté d'une morale. Car oui, il y en a une ! Je vois à votre air que vous êtes surpris. J'en conclus donc que vous aussi, vous faites partis de ces gens qui ont lus ce texte sans se poser de questions et, par conséquent, sans voir la morale que l'auteur a voulu y glisser.
-C'est que plus exactement, j'ai du m'en rendre compte, mais que l'histoire, bien plus divertissante m'aura fait oublier la morale. Mais c'est un mal pour un bien. Certes, je n'aurais pas retenu longtemps le message que l'auteur voulait me faire passer, mais pendant tout le temps qu'aura pris ma lecture, je me serais amusé. Alors que vous, vous aurez pris un temps fou pour terminer un texte quasi-incompréhensible pour la plupart des gens, vous l'aurez même peut-être relu plusieurs fois afin d'être sur d'avoir compris le message qu'a voulu vous faire passer l'auteur, vous vous serez littéralement ennuyé pendant la longue et fastidieuse étude de ce texte, pour quoi au final ? Pour vous apercevoir que l'auteur pense telle ou telle chose, et pour avoir le privilège de dire un simple « Je suis d'accord avec lui » ou un simple « Je ne suis pas d'accord ». Il me semble que c'est là beaucoup de peine pour si peu de joie.
-Et moi, avec votre manière me penser, je suis tenté de dire que vos lectures ont un effet éphémère sur votre esprit. Quelques minutes de bonheur et après : plus rien, le néant total. Vous oubliez trop facilement ce que vous venez de lire. Ça ne vous marque pas, et par conséquent, ça ne peut pas vous aider dans votre vie, puisque vous oubliez tout.
- Il me semble que de toute évidence, cette conversation ne nous mènera nulle part. Vous et moi restons manifestement sur nos positions, et quel que soit l'argument que l'autre avance, nous arrivons toujours à démontrer le contraire. Pourquoi ne pas trouvez un arrangement, comme une sorte de point de vue intermédiaire. Pour vous, un texte parfait, c'est un texte qui présente une morale à la fin, qui fait réfléchir. Pour moi, c'est un texte qui permet de divertir ou le lecteur se plonge dans une histoire fictive. Et bien, pourquoi ne pas faire un mélange des deux ? Pourquoi ne pas dire que le texte parfait est le texte qui amuse tout en enseignant ?
-Je vois où vos idées vous mènent. Il est vrai que ça ferait un bon compromis. Un peu de nos opinions se regroupant dans un seul et unique texte, pourquoi pas, après tout. Et il me semble que vous me faites là la définition de certaines fables de Jean de la Fontaine.Vous voyez, finalement, nos deux opinions étaient bonnes à prendre. Il suffisait juste de ne pas les isoler. Seule, elles ne valent pas ce qu'elles valent une fois réunies. Et bien mon cher ami, il me semble que ce sujet se clôt dans la joie et la bonne humeur. Il se fait tard. Je pense que rentrer chez vous serait une bonne idée.
- Il est vrai. Au revoir mon ami.
- Au revoir.




Si je poste ce texte, c'est qu'en le relisant, je trouve que quelque chose cloche. Si vous avez des idées pour l'améliorer, allez-y. N'hésitez pas à critiquer =D

Un bon exercice de style, tu manies avec aisance des tournures de phrases peu usitées à l'époque actuelle, des périodes amples qui feraient dire à la plupart de tes contemporains : " c'est looooong !", et tu le fais sans t'emmêler, en gardant une belle clarté de phrases. Ca, c'est pour la partie compliments !!!
Pour ce qui est de la critique, le plus sérieux reproche serait, selon moi, une absence d'originalité : on s'attend à tout ce que tu vas dire.
Si tu veux améliorer ton texte, je crois qu'il faudrait que tu pousses chaque opinion dans ses retranchements. Méfie-toi de la première bonne idée: elle a toute les chances d'être une banalité, cherche la 2eme ! Essaie de voir à partir de quel point un système tourne à l'absurde, essaie de repérer la contradiction interne: dans presque toute discussion, il y a un moment où tu donnes des arguments à ton contradicteur: c'est ce moment-là que pourrait guetter ton partisan du gai savoir, pour mettre l'ennuyeux pédagogue échec et mat !
J'ai l'intuition que tu dois pouvoir y arriver : quand on est capable d'assimiler un langage comme tu l'as fait, ça ne devrait pas sembler trop difficile !!!

Hou! Tout cela est un peu touffu et compliqué! Surtout que déjà au début j'ai vu "tandis que moi, je soutiens que la littérature doit être un divertissement et qu'un livre doit être lu par plaisir : chose que je trouve ridicule, d'ailleurs." et que là je ne comprends pas bien, il soutient que mais il trouve ridicule. Pour la suite ça se tient mais c'est un peu beaucoup ennuyeux

Nath, t'es vache ! Ennuyée ? Ben moi pas.
C'est un exo d'école, faut pas oublier, et dans ce contexte je trouve le résultat assez probant malgré les maladresses ou certaines lourdeurs dans les "démonstrations".
Tu as su rester dans le style et déjà ça c'est pas si mal

Pas de surprises dans ce que tu énonces mais était-ce le but recherché? Pas sûr!
Tu demeures dans le cadre des contraintes posées, du style de l'auteur mentionné et tu arrives à recréer une discussion qui aurait pu se tenir de la sorte, si ce n'est qu'elle manque tout de même quelque peu d'arguments et de démonstration. Y avait-il une limite de taille? Tu pourrais sans doute développer certains aspects, axer davantage la discussion sur tel ou tel point afin de sortir (un peu, beaucoup...) des sentiers battus.
Le propos est connu mais en même temps suffisamment accessible que pour être compris de tous, donc à toi de créer un débat ouvert et modernisé de cette "polémique" sur la littérature.