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El a-mort

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Message  loki-baal Jeu 23 Oct 2008 - 13:01

El a-mort




Le soir se couche sur mon cadavre. L’air nocturne s’amuse entre mes membres usés…

Je n’attends personne et personne ne m’entend. Seul, au milieu d’une multitude de quidams qui hument l’odeur du sang pas encore sec. Ces innocentes charognes suivent ma vie qui s’enfuit. Des myriades de regards dissèquent mes plaies suintantes. Les visages tourbillonnent autour de ma carcasse. Une jolie brune chuchote des demi-mots amers. Un gros bonhomme blond bredouille ses derniers jurons. Les regards accrochés à mon corps. La rage s’estompe. Le silence s’habille de noblesse. Aucune larme ne bouscule leur allégresse. La fête s’est tue…

Un linceul immaculé se pose sur la prunelle de mes yeux. Ma vision boquillonne. Mes paupières pèsent sous le poids de mon épuisement. Mes naseaux mordent le sol. Des tornades de poussière y dansent autour. De frêles pantins manipulés par mon dernier souffle. Le sable chaud m’accueille dans mon ultime demeure. La terre de mes ancêtres allège mes souffrances…

Ô pays de rocailles, te souviens-tu de ton fils ? Enfant des pierres assoiffées gisant le long des chemins sans issu. Le souverain soufflait sa fièvre aux quatre coins de son royaume. Les ombres s’abâtardissaient à peau de chagrin. L’eau s’embaumait de la couleur de l’or. Cette région en ruine changea mes couches et berça ma prime jeunesse et solidifia mon adolescence et me décora d’une puissante robustesse. La liberté crissait sous mes pas. Le vent affolait mes nerfs. Je violais la vie dans une fugue dévastatrice. Mes passions effervescentes s’enivraient au son de ma cavalcade. Au mitan des miens, je courtisais l’indépendance. L’ivresse de la conquête des régions vierges au contact de ma peau burinée par l’écume des saisons…

Libertad… Escribo tu apellido1.

Les années accroissaient mes forces. Le soleil rageur sculptait mon squelette. Ma carapace musculaire éclaboussait la concurrence. Mes adversaires vomissaient leurs poumons à embrasser mon allure. Moi, guerrier sans rival…

Et des hommes vinrent… admirer mes exploits. Je brillais... sous leur surprise. J’explosais mon chrono… sous leur engouement.
Je défiais l’ouragan… sous leur enthousiasme.
Je piétinais la tempête… sous leur exaltation.
Et des hommes vinrent… étouffer mon affranchissement…

Dans le ventre de la capitale, comprimé entre quatre murs de parpaing décrépis par une pluie diluvienne, exilé à mille milles des miens, arraché à ma terre rêche, je devins extranjero2. L’immigré courbant l’échine face aux inquisiteurs écœurés par l’odeur des loqueteux du sud. Le pestiféré somnolant à même le sol. Mes prouesses n’époustouflaient personne. Les citadins caricaturent les exportés qu’avec des crayons gris…

Les saisons gobaient les lunes avec délectation…

Je fus exproprié. Relogé dans une baraque aveugle. Une cellule insignifiante où le vacarme perforait mes tympans. Les festivités éructaient bruyamment à l’extérieur. Atteint de cécité, l’ouïe en alerte, l’attente boursouflait mes nerfs. Les minutes égrenaient leur chapelait. Mes sens olfactifs captaient les molécules d’effrois de mes congénères. La hargne bouillonnait aux commissures de mes lèvres. Je froissais les heures dilettantes avec fureur…
Au milieu de ma nuit, un cri strident de ferraille déchira le silence. Une lumière aveuglante inonda la pièce. Je fus expulsé à coup de matraque hors de mon squat. Un désert circulaire m’accueillit dans son enfer...

Des beuglements… des dents… des cris… des rires gras… des gestes menaçants… en perpétuel mouvement bousculaient mes neurones. Les miradors hurlaient ma malvenue. Les neurones en feu. Le sang noyait mon cerveau. Des mouches à visage humain papillonnaient agressivement autour de mes flans. Courir… Fuir ses créatures… ces visages hideux de jouissance. Sprinter en route vers la libertad… Tourner à gauche… à gauche… non… à droite… Les murs censuraient l’accès. Demi-tour… Virevolter sans décoller… Et ces mugissements… et ces cris… et ces singes menaçants qui tourbillonnaient autour de mon corps. Le feu dévorait mes pensées. Mes pulsions ordonnaient de l’action. La peur instaura ses lois. Anéantir toute personne mobile. Stopper ce grabuge pour retrouver la sérénité. Je dessinais ma cible sur un petit nain jaune armé d’un mouchoir. Ce nabot contournait mes attaques avec une agilité de danseuse. Le tissu innervait mon âme. Je piétinais son ombre mais… son corps se dérobait. Mes pupilles s’aiguisaient sur ses arabesques. Un coup de boule à contre temps de son entrechat et ce morveux s’écrasera au sol…

Les pieds dans les starters du vent et la rage au bord des lèvres. Les ailes de la fureur me propulsèrent vers mon point de mire mais… une douleur aigue terrassa mon élan… Une paire de harpons me transperça la peau et fora les côtes pour mieux s’enfoncer dans ma chair qui ruisselait de sang chaud. Mes soubresauts offraient aux pointes de fer le loisir de fouiller mes entrailles avec précision. Deux éclairs foudroyèrent ma colonne vertébrale. Les dars métalliques fouillaient mos dos avec acharnement… la folie… la frayeur… la fatigue… épuisaient ma vigueur. Rouge… me crachant sur les cuisses… Rouge... les gorges déployées… Les canines proéminentes… Ces vampires s’enivraient de ma vie. Rouge… le front couleur de la honte… Mon cœur vrombissait en fond de cinquième... Les narines et les poumons gonflés du carburant volatil. Ces moustiques… les écraser entre mes membres… Mais ces guêpes construites avec du vice frétillaient dans les airs à une cadence infernale. Charger… cogner… se protéger… riposter… Et ses insectes s’acharnant sur mon épiderme en feu. Accélérer… Décaniller… Pourchasser ces mirages le diable aux trousses. Ces pantins voltigeaient alrededor de mi vida3 l’immergeant progressivement vers sa fin. Confondre l’amour et el a-mort… le grand écart de deux langues latines.

Brisé par l’effort… dans un geste ultime… courber l’échine… et… donner sa vie au matador…

L’agresseur introduit au sommet de l’omoplate droite une épée de 80 cm de long. L’objet tranchant dévia sa trajectoire. Les cordons nerveux latéraux de la moelle épinière furent lésés ce qui provoqua la désolidarisation de la cage thoracique entraînant un traumatisme du tissu pulmonaire sous l’influence de l’agent pathogène déclenchant l’irruption sanguine du poumon aux bronches et à la trachée ressortant par la gueule et le mufle. Le diaphragme et la panse ainsi que le foie furent perforés sous la violence du coup. Le décès fut occasionné par l’ingurgitation du propre sang de la victime…






1 liberté, j’écris ton nom (nom de famille)
2 l’étranger
3 autour de ma vie

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Message  muzzo Jeu 23 Oct 2008 - 13:09

Bien écrit, mais totalement irréaliste, à moins que ce taureau ait fait de hautes études littéraires. J'aimerais bien entendre la version du toréador , pour la même scène; elle tiendrait sûrement en quelques lignes. Il est vrai que je ne les porte guère dans mon coeur.
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Message  Invité Jeu 23 Oct 2008 - 13:57

Je trouve qu'il y a un souffle intéressant dans ce texte (notamment dans le paragraphe du "pays de rocaille"), mais son côté brouillon a gêné ma lecture.

Par exemple, dans un ensemble assez lyrique, on a tout d'un coup "J’explosais mon chrono", ce qui fait très prosaïque ; on croirait entendre un cycliste au Tour de France, et pour moi ça brise tout de suite l'envol (mais c'est peut-être volontaire).
Ensuite, dans la description de la corrida, j'ai eu l'impression d'une écriture pas assez maîtrisée, avec tantôt des phrases hachées par des points de suspension sans qu'on comprenne bien pourquoi, tantôt au contraire une succession d'actions bien décrites.

J'aime beaucoup en revanche la rupture du dernier paragraphe, ce côté distant, médico-légal, mais la phrase
"Les cordons nerveux latéraux de la moelle épinière furent lésés ce qui provoqua la désolidarisation de la cage thoracique entraînant un traumatisme du tissu pulmonaire sous l’influence de l’agent pathogène déclenchant l’irruption sanguine du poumon aux bronches et à la trachée ressortant par la gueule et le mufle."
est trop longue pour moi, pas dans le ton d'un rapport médical.

Je ne sais pas si je vous avais souhaité la bienvenue sur VE. J'espère lire bientôt d'autres textes de vous !

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Message  Invité Jeu 23 Oct 2008 - 17:36

Bienvenue Loki, oui il y a cette évidente rage d'écrire qui est palpable.
Cependant je m'interroge sur certains passage dont le final:

L’agresseur introduit au sommet de l’omoplate droite une épée de 80 cm de long. L’objet tranchant dévia sa trajectoire. Les cordons nerveux latéraux de la moelle épinière furent lésés ce qui provoqua la désolidarisation de la cage thoracique entraînant un traumatisme du tissu pulmonaire sous l’influence de l’agent pathogène déclenchant l’irruption sanguine du poumon aux bronches et à la trachée ressortant par la gueule et le mufle. Le diaphragme et la panse ainsi que le foie furent perforés sous la violence du coup. Le décès fut occasionné par l’ingurgitation du propre sang de la victime…

Le lecteur lambda ne sera probablement pas intéressé par du gore clinique.
Fais-tu des études vétérinaires ?

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Message  Lucy Ven 24 Oct 2008 - 1:35

Vrai que le dernier paragraphe fait presque tache dans ton texte Loki.

Contente de pouvoir lire, à nouveau, une de tes productions.

Aimé ce texte, vraiment.

Tes notes : 1, 2, 3... je ne les avais pas prises pour telles. J'ai inclus les chiffres à ma lecture, en parfaite niaiseuse que je suis, et mon erreur a donné une autre saveur à ces mots. Je t'assure. ^^

Je n’attends personne et personne ne m’entend.
Simple et, donc, simplement excellent.

Ma vision boquillonne.
^^

La liberté crissait sous mes pas. Le vent affolait mes nerfs. Je violais la vie dans une fugue dévastatrice. Mes passions effervescentes s’enivraient au son de ma cavalcade. Au mitan des miens, je courtisais l’indépendance. L’ivresse de la conquête des régions vierges au contact de ma peau burinée par l’écume des saisons…

Libertad… Escribo tu apellido1.
Mon passage préféré.
Les minutes égrenaient leur chapelait.
Ouïlle !!!

Voilà : à quand un autre texte ? ^^

J'oubliais celle-ci : " Confondre l’amour et el a-mort… le grand écart de deux langues latines. "
J'adore. Alors, au boulot, écris-nous quelque chose Loki !!! ^^
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Message  loki-baal Ven 24 Oct 2008 - 7:21

Je vous remercie tous pleinement de vos commentaires.
Je vous remercie de l'accueil chaleureux que vous m'avez fais.
Je me suis demandé si je devais répondre ou pas mais... je ne peux m'empêcher de répondre.

Muzzo : Vous n'avez jamais essayé de faire parler un haricot rouge ? C'est irréaliste mais surtout tellement amusant. Professionnellement, je compose, joue des spectacles pour enfants, et dans ce domaine, n'importe qui peut faire des études, même un taureau en maîtrise de lettre... Si si ça c'est vu !

Socque : J'enrage quand vous parlez de passage brouillon. J'ai eu tellement de mal (au sens propre et figuré) pour écrire, lire, et corriger chaque phrase), mais vous avez tellement raison.

Socque & Pandaworks : J'aime ce dernier passage. Je ne suis pas vétérinaire mais ce passage casse l'aspect totalement irréaliste d'un taureau en master de lettre par un retour à la réalité vu de manière scientifique mais... cette phrase trop longue permet de biaiser ce retour comme quoi "ce passage n'est pas si scientifique que cela" !

Lucy : Je ne dirais qu'un mot : MERCI.
C'est très agréable que certains passages soit repris et commenté. Par contre, que veux dire ^^ ?
"Je n'attends personne et personne ne m'entend" j'ai beaucoup creusé cette phrase pour en retirer un simplicité permettant de faire rêver. Comme une chanson. D'ailleurs, ce texte est tiré d'une chanson "La corrida" de Cabrel. J'aime rêver sur une chanson et la réécrire à ma manière. J'aime les chansons et j'en écris aussi dans ma profession. C'est pour cela qu'écrire des textes, nouvelles, est assez difficile car je dois décompresser des vers sans noyer l'idée.
Oui, au boulot, mais c'est une passion et comme passion, j'ai le loisir de prendre mon temps. Je suis intermittents du spectacle, souvent, les personnes me disent : "tu as de la chance, tu vis de ta passion". Effectivement, c'est bon de pouvoir jouer ce que l'on a crée mais la vente de sa passion laisse quelques trainés grises qui me font avoir l'envie d'avoir d'autre passion comme les écris, le dessin, la photographie... ou j'ai le temps. Ainsi le travail se métamorphose en loisir atemporelle.

Merci à tous.

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Message  muzzo Ven 24 Oct 2008 - 7:31

loki baal a dit:
Muzzo : Vous n'avez jamais essayé de faire parler un haricot rouge ? C'est irréaliste mais surtout tellement amusant. Professionnellement, je compose, joue des spectacles pour enfants, et dans ce domaine, n'importe qui peut faire des études, même un taureau en maîtrise de lettre... Si si ça c'est vu !
Bien sûr, l'humour, l'effet comique naissent de ce décalage entre réalité et fiction. Pourquoi pas. On peut même imaginer un grand pays dirigé par un âne; mais là on quitte le domaine de la fiction!
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Message  Sahkti Mer 12 Nov 2008 - 9:18

Mélange de prose et de poésie, qui s'écoule de manière fluide sous des apparences décousues. Ce n'est pas pour me déplaire, même si je trouve que cette structure défausse un peu le récit. On alterne entre lyrisme et réalisme, entre symbolisme et romantisme... ça fait peut-être beaucoup pour un seul et même texte.
Ceci dit, l'ensemble me plaît, justement pour cet aspect hétéroclite. Reste la forme, peut-être, à alléger, mais c'est question de goûts personnels, cela.
J'ai aimé le fait que le taureau s'exprime différemment, fasse ressentir les choses autrement que dans un langage animal qu'on a trop souvent tendance à rencontrer dans les textes qui mettent en scène des animaux parlants ou pensants.
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Message  Sahkti Mer 12 Nov 2008 - 9:19

loki-baal a écrit:Professionnellement, je compose, joue des spectacles pour enfants, et dans ce domaine, n'importe qui peut faire des études, même un taureau en maîtrise de lettre... Si si ça c'est vu !
Intéressant comme boulot et pas facile!
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Message  bertrand-môgendre Sam 15 Nov 2008 - 9:51

... pèsent sous le poids... à reformuler

... Mes sens olfactifs... à mon sens, il n'y en a qu'un.

... Des mouches à visage humain papillonnaient agressivement... agressives ?
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