Hors d'atteinte

Je nous voyais hors d’atteinte sur la portée des aléas galants, loin des versants du spectre, des lendemains bleuâtres ou penchants gris souris, mais à la faveur d’un soupir, une note en suspens sème la zizanie ; une vérité criarde qui se défend de pâlir, qui tranche et qui détache sur l’irréalité, soudain fond comme un mensonge surplombant l’auvent fait à notre orangerie.

Soudain donc, il n’est de membrane si naïve que cette évidence qui nous ceint, de cellule plus gracile que le sein ouvert à notre alliance.

Je nous voyais tellement, tellement par laisser-aller, accuser sans maugréer les spasmes du manque, excuser les errements fantasques, libres encore de récuser les cahots de l’absence, au nom d’un je-ne-sais-quoi assassin, quelque création d’esprit qui, de vrai, tue le cœur et qui rend le corps orphelin.

Je vois maintenant combien je pars quand je nous quitte, comme en vain je m’attache ensuite à renouer l’oubli de cette perte, voulant toujours nous savoir hors d’atteinte, avec pour seul attouchement celui de l’alchimie des sens, ceux-là mêmes qui te révèlent substance à mon être.

N’est-il pas, ma tendre, de membrane si naturellement fragile que cette évidence ?

Joli ! Des mots sinueux, qui me font penser aux menus méandres d'un ruisselet.

J'aime beaucoup : "une vérité criarde qui se défend de pâlir", en revanche ceci : "avec pour seul attouchement celui de l’alchimie des sens, ceux-là mêmes qui te révèlent substance à mon être" me paraît une rupture d'équilibre, un moment où le texte bascule dans le précieux.

Trop de circonvolutions pour moi, j'ai l'esprit simple ;-) Ce qui ne m'empêche pas de reconnaître à sa juste valeur le travail sur l'expression, cela force l'admiration.
Des phrases qui accrochent, qui me parlent :
Je nous voyais hors d’atteinte [...] loin [...] des lendemains bleuâtres ou penchants gris souris,
et surtout :
Je vois maintenant combien je pars quand je nous quitte qui en dit si long.

Partagée... Trop de recherche, les belles trouvailles sont noyées et ne prennent pas toute leur valeur par surabondance, à mon avis. Mais de très belles choses.

Island a écrit:Trop de circonvolutions pour moi, j'ai l'esprit simple ;-) Ce qui ne m'empêche pas de reconnaître à sa juste valeur le travail sur l'expression, cela force l'admiration

Idem pour moi.

précieux, c'est ça, trop
mais en même temps, il y a une élégance, la langue est ouvragée, ciselée
un peu trop sophistiqué, je trouve

Il y a des mots qui dansent, des phrases qui chantent mais trop de musiciens dans un orchestre risque(nt) de créer la cacophonie. Un sentiment de trop d'effets dans ce texte dont je reconnais toutefois la belle élégance des tournures.

je le relirais le matin au réveil pour voir, le soir après le travail ça se bouscule trop

un peu comme la musique de Mozart: trop de notes!^^