Pauvre Verlaine

Je sais que je dépasse le quota de deux textes par semaine mais je voulais mettre ce texte qui me tient à coeur de par la vitalité et la déchéance de la relation entre deux poètes. J'espère qu'il vaudra le coup de cette transgression.


Passe le jour comme passe une pluie.
Le drapeau déchiré en haut du bâton,
Le voilà parti sans langueur
Sans fausse tristesse et sans toi.
Pauvre Verlaine te voilà bien seul
Dans ta liqueur verte de bonheur perdu,
Les campagnes sanglantes de soleil
N'ont fait que hâler ton coeur
Sans l'endurcir ni le dompter.
Pleure ton ange perdu et ses cheveux
Blonds et ses errances mauvaises,
Arrange ta barbe,
Prends le ciel sur tes épaules.

Pauvre Verlaine, l'illusion fut rapide
D'une radieuse épopée sous la lune.
Tu voyais briller dans les hivers
Le reflet de sa peau sur tes vers,
Tu pleures désormais ses pas tournés
Vers ailleurs et loin du froid.
Tu aimes un Roi de fortune.
Pauvre Verlaine, pauvre prince,
Destiné à vider sur ton parchemin
Les larmes qui vivront avec toi
A jamais, à jamais sans lui.

Des belles choses :

Les campagnes sanglantes de soleil
N'ont fait que hâler ton coeur
Sans l'endurcir ni le dompter.

Arrange ta barbe,
Prends le ciel sur tes épaules.

Et d'autres un peu bateau :

D'une radieuse épopée sous la lune
ses pas tournés
Vers ailleurs et loin du froid.

J'aime beaucoup ce texte, Rimbaud me parle, moins pour sa poésie que pour d'autres raisons, mais je l'ai toujours vu le cheveu foncé !

Parce qu'évidemment, en dépit du titre, c'est d'un poème sur Rimbaud dont il s'agit. La présence de l'absent !

Correction du poème "Pauvre Verlaine"


Pauvre Verlaine,
Les campagnes sanglantes
N'ont fait que hâler ton coeur,
Sans l'endurcir ni le dompter.

Arrange ta barbe,
Prends le ciel sur tes épaules.

Pleure Verlaine,
Pauvre prince,
Ton Roi de fortune
Et ta main poignardée.

la version 2 est extrèmement synthétique, moins évocatrice

Si je préfère ceci :

Pauvre Verlaine,
Les campagnes sanglantes
N'ont fait que hâler ton coeur,
Sans l'endurcir ni le dompter.

à cela :

Pauvre Verlaine te voilà bien seul
Dans ta liqueur verte de bonheur perdu,
Les campagnes sanglantes de soleil
N'ont fait que hâler ton coeur
Sans l'endurcir ni le dompter.

il faudrait trouver un juste milieu en trop et trop peu.

Bon, s'agissant d'une de mes rares "idoles", avec Socrate, je ne peux que dire: merci pour lui.

Hommage certes élégant mais qui ne me convainc qu'à moitié.
Tu en dis trop ou pas assez; tu tentes de maintenir une structure, mais celle-ci semble emprisonner le tout; les évocations à un passé commun sont un peu trop présentes mais pas suffisamment claires pour que tout coule de source.
Bref, il me manque une fluidité dans tout cela.

J'ai lu cette ballade avec un certain plaisir.

Certaine images m'ont plu; mais le dernier vers un peu moins : il fait tomber le soufflé je trouve (mais c'est peut être subjectif).

Ole touroque, dans mon précédent commentaire je parlais de la version 1.

Je viens de découvrir la version 2 (avais-je mal vu ?) qui celle-ci me plaît dans sa concision fine et évocatrice.

Je préfère la version 2 parce que plus dépouillée, mais le choix de s'adresser directement au poète est peut-être discutable?
J'ai un peu de mal avec ces textes. Je crois qu'il est difficile de faire des poèmes sur des poètes, forcément certaines choses reviennent à la mémoire du lecteur et sans parler de comparer s'imposent d'elles même.