Exo en direct du jeudi 30 mars à 21h

42 et 7 donc (Bilou :-) arrête la bière

oh je veux jouer! Je veux jouer!

27 et 6

Bluewitch a écrit:27 et 6

:-) Je crois que c'est 42 / 7. Mais bon 27 / 6 j'ai rien contre non plus, hein :-) En même temps, ça nous en dit pas long.

Bienvenue Jonjon
Maintenant chacun attrape un livre, l'ouvre page 48 (un livre!) et en extrait la septieme phrase.
Chacun recup la phrase de son suivant au post, le dernier celle du premier, et doit en faire le début d'une nouvelle. Maxi 2000 signes

moi je dis rien, j'attends de voir, j'ai une envie déclinante d'écrire ce soir, donc je me place dans une glorieuse expectative de lâcheté qui en bon français rime avec un retour de virus et une forme un peu médiocre...

Tu eus jadis des chiens sauvages dans ta cave, mais à la fin se métamorphosèrent en oiseaux et en aimables cantatrices.
Nieztche, Ainsi Parlait Zarathoustra

"Parce qu'aucune de vous ne se mariera".
Federico Garcia Lorca. La Maison de Bernada Alba

ligne ou phrase?

C’était une cloche qui tintait de toute l’irrévocable tristesse de son merci beaucoup.

"Il a longtemps espéré, mais il a fini par comprendre que vous attendiez la même chose de lui." tiré de Asiles de fous de Régis Jauffret

me suis plantée! attendez, je reprends: "Marie avait ce talent rare de m'insupporter au premier mot"

Tout le monde attendait de voir le marié soulever la mariée pour lui faire franchir le seuil de la maison vide et ensuite la musique et la fête commenceraient, mais John Quinn avait encore une surprise en réserve.

John McGahern (superbe auteur irlandais mort ce midi), Pour qu'ils soient face au soleil levant, Editions LGF, page 48, 7e phrase

Salut tout le monde !

"Il ne veut pas lui faire de la peine" J PREVERT, Paroles, page 48, ligne 7...

Ca ressemblait à n'importe quel autre boulot impossible, tu te fatiguais, t'avais envie de te tailler (...)

Bukowsky, Au sud de nulle part

« Il y avait deux petites filles de 6 ou 7 ans qui rentraient de l’école. »
Bukowski, Le ragoût de septuagénaire

"Ce n'est pas poli pour celui à qui cela arrive"

jonjon21 a écrit:"Ce n'est pas poli pour celui à qui cela arrive"

Et c'est de LE NEZ QUI VOQUE, de Réjean Ducharme.

J'ai retiré la première phrase de Blue puisqu'elle en a donné deux, à sa demande, pour que ce soit plus clair !

Et ben voilà :-) Rendu des copies à 22 heures 30, les retardataires piochent au hasard.

ah lala, j'espère que quelqu'un d'autre écrira une phrase après moi parce que celle de Krystelle est vraiment difficile. hehehe!

jonjon21 a écrit:ah lala, j'espère que quelqu'un d'autre écrira une phrase après moi parce que celle de Krystelle est vraiment difficile. hehehe!

de Giny, je veux dire.

En ce qui me concerne, la phrase est tirée de "Zestes Mondains" de Thierry Bellefroid

Yali a écrit:Et ben voilà :-) Rendu des copies à 22 heures 30, les retardataires piochent au hasard.

Euh... Ceux qui sont à l'heure peuvent aussi piocher au hasard ? ;-)

J'ai une question, la phrase doit commencer notre texte ou pas forcément ?

oh! Un instant! Est-ce que je prends la ligne de Sahkti ou la phrase de Giny?

"Direct crystallographic analysis indicates that all platelets within a 'sub-packet' have an irrational orientation with the austenite which is rather closer to NW than to KS (Sandvik, 1982)."

H.K.D.H. Bhadeshia, 'Bainite in steels', The institute of materials, London, 1992

Ben quoi, le grand maître a dit "Prenez un livre que vous avez sous la main", et moi, je suis au bureau...

D'ailleurs, je ferais mieux de m'y remettre... et rassurez-vous, ç'aurait encore pu être pire: la phrase numéro 6 était vraiment atroce ;-))))).

Loupbleu a écrit:

Yali a écrit:Et ben voilà :-) Rendu des copies à 22 heures 30, les retardataires piochent au hasard.

Euh... Ceux qui sont à l'heure peuvent aussi piocher au hasard ? ;-)

J'ai une question, la phrase doit commencer notre texte ou pas forcément ?

Ah j'ai relu les consignes, c'est oui :-)

Tu prends la première

moi je l'aime bien ta phrase Fée, elle m'inspire plus que celle de Giny. Bon, je me mets au travail.

Fée Carabine a écrit:"Direct crystallographic analysis indicates that all platelets within a 'sub-packet' have an irrational orientation with the austenite which is rather closer to NW than to KS (Sandvik, 1982)."

H.K.D.H. Bhadeshia, 'Bainite in steels', The institute of materials, London, 1992

Ben quoi, le grand maître a dit "Prenez un livre que vous avez sous la main", et moi, je suis au bureau...

D'ailleurs, je ferais mieux de m'y remettre... et rassurez-vous, ç'aurait encore pu être pire: la phrase numéro 6 était vraiment atroce ;-))))).

Ahahahah :-) C'est un coup à faire comme Chirac, sortir de la salle :-)

jonjon21 a écrit:moi je l'aime bien ta phrase Fée, elle m'inspire plus que celle de Giny. Bon, je me mets au travail.

Bon, c'était juste pour rire :-)). Mais ça pourrait être rigolo, insérer une phrase très technique comme ça dans une nouvelle en essayant que ce soit cohérent...

C'est vrai que c'est une bonne idée ça Fée et ça pourrait être très drôle! Tu as certainement en réserve un tas de phrases techniques en bon français. Un exo "scientifique", on n'a jamais essayé et je suis certaine que l'imagination de quelques plumes du site s'en trouverait toute excitée!
Une fille dans un bistrot qui récite un traité de mécanique quantique, t'en penses quoi yali? :))

Il ne veut pas lui faire de la peine.

C'est ce qu'il lui dit en la regardant avec ses grands yeux noirs qui lui mangent le visage. S'il la quitte, ce n'est pas parce qu'il ne l'aime plus ou qu'elle a des reproches à se faire. C'est parce qu'il a rencontré Marie et Marie, personne ne peut lui résister.
Evidemment, vu comme ça, on ne peut que pardonner à cet homme de quitter cette jeune femme aux lèvres tremblantes, retenant ses larmes pour ne pas délaver davantage son visage piqué de son. Ce n'est pas sa faute à elle, ni sa faute à lui. C'est finalement Marie la seule responsable, c'est son charme qui l'a attiré et il n'a pu qu'y succomber.
Sans doute Marie a-t-elle une recette à lui proposer pour payer le loyer de ce studio flambant neuf dans lequel elle va désormais habiter seule, au milieu des meubles Ikea qu'ils ont acheté à crédit sur 18 mois, le temps qu'ils se sont laissés avant de faire un bébé. Quand Sophie aura réglé la dernière mensualité, elle contemplera le berceau vide en se disant que normalement, leur enfant devrait y dormir. Peut-être ailleurs, dans un modeste pavillon de banlieue, entendra-t-on au même moment un enfant pleurer avant d'être consolé. Par Marie ou par François. Peut-être à cet instant, à la vue de ces draps de dentelle n'abritant que le fantôme d'un espoir disparu, Sophie ouvrira-t-elle la fenêtre du salon. Contemplera la vue depuis ce cinquième étage. Peut-être pleuvra-t-il. Signe que quelque part, le bon Dieu partage un peu de son chagrin. Sait-on si sans un mot, Sophie enjambera la balustrade et regardera le ciel. En pensant à Marie. En caressant son ventre désespérément plat. En écoutant le silence de ce bébé inexistant.

Il ne veut pas lui faire de la peine.

Alors il la serre contre lui et l'embrasse tendrement au creux de l'oreille. Il n'entend pas les battements au creux de son ventre. Il ignore la peur qui se lit dans son regard. Hagard. Ce soir, il ne dormira pas en compagnie d'un berceau vide. Il sera dans les bras de Marie. Contre elle. En elle.
Lentement il s'éloigne. Referme la porte derrière lui. Doucement. Elle ne le verra pas traverser la rue. S'engouffrer dans sa voiture. Leur voiture. Et prendre la route d'un modeste pavillon de banlieue qui, dans quelques mois, peut-être...

Parce qu’aucune de vous ne se mariera.
Parce que j’ai enfanté dans la douleur, j’ai crié ma souffrance au milieu du sable infini, du désert, du bétail famélique, du soleil épuisé , des hommes en bleu.. J’ai agrippé de mes mains encore engourdies les branches de l’arbre et j’ai poussé, j’ai poussé pour vous expulser hors de moi, me libérer enfin de ces mois où j’ai été maudite par les miens, chaque jour un peu plus. Regards de mépris, de dégoût qui me détaillent lentement, avec délectation d’avoir trouvé un nouveau sujet de conversation, une nouvelle source de quolibets, leur désir pervers de détruire une vie, une personnalité, quelqu’un enfin assouvi.
Renier mes origines, les refouler profondément jusqu’à ne plus me sentir marocaine, juste une silhouette inconnue, fondue dans la masse.
Mais elles me suivent. Elles s’accrochent à moi, elles s’impriment sur ma peau brune, elles pénètrent dans mes pensées, dans celles des autres aussi, ceux que je croyais être comme moi, libres. Je les ai entendus répéter les paroles des ancêtres, des mots durs, rauques, de cet arabe fier et majestueux des premiers colons. Je les ai suivis, apaisée, jusqu’à l’immensité brune qui vous a vues naître. J’ai expié ma faute. Maintenant, c’est à vous de payer. Jamais rien ne s’arrêtera.
Parce que je vous ai mises au monde.
Parce que l’opprobre vous suivra où que vous alliez.
Parce qu’aucune de vous ne se mariera.
Vous serez maudites.

« Direct crystallographic analysis indicates that all platelets within a 'sub-packet' have an irrational orientation with the austenite which is rather closer to NW than to KS »...
Je regrettais de m’être inscrit à ce cours. Je ne comprenais rien de ce que le professeur de physique, Mister O’Grady, planté comme une asperge à l’avant-centre de la classe, nous blablatait. En tout cas, pour moi ce n’était que du charabia. Et puis je connaissais personne pour me le traduire. Je me sentais comme un pou dans cette fourmilière d’étudiants anglophones, c’est-à-dire étranger et inutile. Cela faisait un mois que j’étais inscrit à l’université et je ne connaissais encore personne. Fuyant ma vie de fils de fermier d’Alberta, j’ai migré vers le sud de la Californie pour jouir du rêve américain. Du foutu american dream qu’ils nous vendent à la télé.
Maman n’était pas d’accord. Pas de grande surprise de ce côté. Maman n’était jamais d’accord avec mes ambitions. Elle me voyait déjà l’héritier de leur ferme. J’avais tenté de lui expliquer que je n’étais pas intéressé, que je voulais faire du fric, gagner ma vie à l’américaine, conduire une Porsche, avoir un boulot payant, être propriétaire d’une villa au bord de la mer où j’habiterais avec ma femme, une belle blonde plantureuse, et nos deux enfants surdoués. « Mais tu ne parles pas anglais », qu’elle m’avait rétorqué. Je lui avais répondu que tout le monde me disait que c’était facile à apprendre et que rendu là-bas, je n’aurais pas le choix de le parler.
- Donne-toi un peu de temps, m’avait-elle suggéré, tu es encore jeune.
- Le temps passe trop vite et j’ai trop de projets, maman.
J’avais tout d’abord été refusé dans six universités. Je ne détenais pas tous les pré requis. Ma moyenne au collège était loin d’être suffisante. Pas question de devenir ni avocat, ni médecin, ni président des États-Unis. Ceci dit, il faut être né là pour le devenir. J’avais en tête de changer la loi. Quel idiot! Puis je m’étais inscrit ici, dans une université minable, dans un programme minable pour obtenir un diplôme qui ne me servirait probablement à rien. Il était loin derrière le rêve américain!
Tandis que je désespérais, une fille à côté de moi me tapota l’épaule.
- What ? que j’ai demandé, parce que je connaissais au moins ce mot.
- You’re great looking! You should be a model!

SAHKTI : Vraiment beau! Très touchant! Ce texte pourrait même ne pas nécessiter de suite. Ça se tient tout seul! Bravo!

GINY : Tu écris bien, ça je te l’ai dit souvent. Ton écriture est normalement subtile te nuancée. Dans ce texte-ci, par conte, y’a des coins ronds, des raccourcis. On dirait que tu veux rendre ça un peu plus punché que ça n’a besoin de l’être.

Marie avait ce talent rare de m'insupporter au premier mot. Pas qu'au premier d'ailleurs! Le dernier aussi, fallait toujours qu'elle l'ait. En toutes occasions, elle prenait le temps de les trouver, ses mots. Elle les sélectionnait, les bichonnait, les polissait, les faisait longuement reluire à l'intérieur d'elle, s'en délectait et les faisait partir avec la précision d'un horloger genevois. Et toujours, elle faisait mouche, frappait juste, stoppait les autres dans leur élan, et clôturait la conversation, victorieuse toujours. L'instinct d'une jouteuse verbale, souvent tueuse. Combien de petits frimeurs permanentés avait-elle remis sèchement à leur place ? De combien d'émérites académiciens avait-elle fait tomber la superbe? Au fil du temps, c'était devenu la terreur des conversations mondaines, de ces dîners en ville où l'on aimait discuter de la chose publique. Il était de bon ton de l'inviter. C'était devenu l'attraction. Il fallait la voir rayonner. Tous se délectaient de ses bons mots, de son sens de la formule, espérant secrètement ne pas avoir à subir ses foudres. Pour elle, il s'agissait de converser comme d'autres pratiquent l'escrime. La joute se déroulait toujours selon le même canevas. Deux ou trois échanges bien sentis lui permettait de tester la vaillance et la capacité de réaction de l'adversaire. S'ensuivait quelque savante esquive. Elle observait également, essayait de dénicher le moindre point faible. Un rien la mettait parfois sur la voie : un sourire en coin un peu trop appuyé, signe d'une certitude un peu trop prononcée; une marque péremptoire… Elle s'engouffrait alors dans la faille béante et à la fin de l'envoi touchait. Là où ça faisait mal. Elle clouait son rival sur place, le laissant dans une autre dimension, l'oeil hagard, comme un marin pris dans une mortelle tempête. Impossible de se relever après ça.. Et Marie savourait alors la victoire durement acquise, malgré l'apparente facilité. Rien d'ostensible, tout chez elle se passait à l'intérieur. Elle jouissait de ces moments privilégiés où elle lisait la victoire dans les yeux de son interlocuteur.
Et la nuit, dans ce lit que j'avais la chance de partager avec elle. Marie m'insupportait aussi, dès le premier mot entamé. Car dès qu'elle me disait "Je t'aime", je savais d'ores et déjà que j'avais perdu la bataille. Victime consentante, je m'écroulais dans ses bras…

NOTHINGMAN: Excellent! Beau portrait de cette Marie! Belle qualité d'écriture! C'est comme une version contemporaine des CARACTÈRES de La Bruyère.

GINY: c'est Britney Spears et sa statue qui t'ont inspirée Giny? ;))
Superbe texte Giny, vraiment, je suis sous le charme de la force que tu lui as insufflé et de ces cris qui retentissent, une vraie voix de femme!

JONJON: Hahaha tu as pris la phrase de Fée! Le parfait cliché de l'american dream. Cela me fait penser à un reportage vu il y a quelques années, dans lequel on voyait un type conduire un énorme mobilhome et dire que ça, c'était le signe extrême de la réussite totale. Une horreur! Ton texte est bien mais le format le désavantage un peu je trouve, tu y aurais gagné (et le texte aussi!) si tu avais pu faire plus long, détailler ses états d'âme et quelques scènes de sa nouvelle vie. Mais c'est déjà pas si mal, il y a un ton très juste dans ce que tu racontes.

NOTHINGMAN: longue dissertation sur le pouvoir des mots lorsqu'ils sont maniés par une joueuse un brin perfide! Tu prends ton temps pour poser le personnage et son caractère, j'aime assez ça. Par contre, je crois bien que je me serais passée de la fin qui apporte peu, cette histoire de lit, ça tranche un peu avec le rythme et la qualité de ce qui précède dans ton texte.