Je suis né gris.

Je suis né gris.
Loin du rose câlin, du rose bambin.
Pas de rose bonbon. Point de rose qui sent bon au coin du berceau.
Maman, je suis né gris, comme le menton de papa, loin du rose sucré barbapapa.
Loin du rose à croquer, juste un gris qui craque, loin du rose à aimer, amer, gris amer.
Le gris n’a pas de couleur.
Je suis une couleur ratée, un blanc taché, une candeur souillée, une rose fanée.
Déteint , le gris s’éteint.
Beauté du rose au teint
Quand le gris pleure du ciel, je suis la tristesse de l’averse froide, larme pluvieuse.
Le gris n’a pas de couleur.
Il n’existe pas, même quand on voit la vie en noir, le gris n’est pas.
Alors que le rose naît de la vie en rose.
Ni blanc, ni noir, gris pâleur dans la pudeur d’une non couleur.
Le gris est lisse et froid comme le marbre où la vie glisse d’effroi.
Mon gris est métallique.
Comme la lame tranchante, saillante, il découpe le rose en lambeaux de chairs fragiles.
Mon gris est métallique, masse lourde , compacte et froide. Un gris qui étouffe sous la masse d’acier. Poids écrasant.
L’air prisonnier d’un corps d’acier, prison de fer forgé.
Le gris de l’enfer.
Apnée métallique contre rose féerique.
Le gris s’aiguise où le rose égaye.
Le gris étripe quand le rose s’étreint.
Sous la guerre , tout est gris, les cendres, les cieux, et l’on s’offre des roses quand tout est fini.
Le gris est aigri.
Il ne grise pas l’âme.
Le gris est sans emphase, contre des phrases à l’eau de rose.
Le rose , lui , ne fait jamais grise mine.
Mais moi je suis né gris, et je ne peux sourire, cette grimace est réservée au rose.
Alors mon gris pleure de ne pouvoir devenir rose.

Je suis désolée j'ai posté 2 fois le même texte, suite à une erreur de manipulation...

Il est où l'autre ? En poésie ?

Il y a vraiment de l'idée mais je trouve que les images, les jeux de mots et surtout les sonorités pourraient être exploités davantage.
Quelques formules bien trouvées :
Je suis une couleur ratée, un blanc taché, une candeur souillée, une rose fanée.
Apnée métallique

Oui, j'ai vu où était l'autre. Pourquoi n'as-tu pas posté en poésie ? Pour moi ton texte est un poème. Mais, si tu l'avais posté en poésie, je ne serais peut-être pas allé le voir et je me serais privée d'un plaisir.
Joli texte, pas gai, mais joli. Des mots percutants, du sens aussi, beaucoup.
Bon, je vais aller faire un tour sur le post "poésie", j'ai tort de ne rester qu'ici.

Merci pour vos remarques.
Je ne l'ai pas posté en poésie, parce que j'ai du mal à cataloguer ce texte dans une case précise...
Easter quand vous me dites de chercher à exploiter davantage, que voulez vous dire?
S'agit -il de développer une idée, de la conduire un peu plus loin, ou s'agit -il de travailler la forme, de l'affiner?

Je n'ai pas vraiment de style d'écriture, je sens que j'ai des choses à dire, et je cherche la forme, je tâtonne, j'explore,je me risque...
Vos conseils seront donc les bienvenus.

Je me suis permis de déplacer ce texte dans le forum poésie où il a à mon sens plus sa place.

Je trouve l'idée belle et l'écriture sobre, comme j'aime, mais le texte m'a paru un peu sec... Je crois qu'il comporte trop de phrases nominales, que cela déséquilibre l'ensemble.

j'ai beaucoup aimé. J'aime tes mots aux sonorités qui claquent et tes jeux de mots en petits clins d'oeil.
Juste une petite chose :

à l'avant dernier vers "cette grimace est réservée au rose." ne m'a pas plus, problème de rythme que ne mérite pas, selon moi, ton poème. Ce n'est que mon avis ^^

En lisant ton texte, j'ai cru que c'était du slam. J'ai apprécié ton texte, même s'il s'étiole vers la fin (à mon goût). Bonne continuation !

karen a écrit: Easter quand vous me dites de chercher à exploiter davantage, que voulez vous dire?
S'agit -il de développer une idée, de la conduire un peu plus loin, ou s'agit -il de travailler la forme, de l'affiner?

Je n'ai pas vraiment de style d'écriture, je sens que j'ai des choses à dire, et je cherche la forme, je tâtonne, j'explore,je me risque...
Vos conseils seront donc les bienvenus.

oui travailler la forme, il me semble que ce texte a un gros potentiel sur le plan des sonorités et des jeux de mots possibles. J'ai eu le sentiment que, alors que le texte passe bien comme ça, il y avait possibilité de s'amuser, de triturer encore plus. D'un autre côté tu expliques que tu expérimentes et tâtonnes, ça rejoint bien ce que j'évoquais.

Ekue, ta remarque ne me laisse pas indifférente car en effet je sens que le slam est une forme poétique qui me parle, à travers laquelle je me reconnais, c'est peut être une piste pour moi...
Merci Easter pour votre précision qui ne restera pas lettre morte.

Il y a de très bonne chose dans ce texte. J'aime beaucoup cette confrontation du rose et du gris qui entre nous sont deux "couleurs" qui se marient parfaitement. Et puis de belles trouvailles, originales.

Je me permets cependant une suggestion : faire plus court, il y a des redondances qui diminuent la force des propos. J'aurais vu quelque chose de beaucoup plus épuré.

J'aime bien, c'est un texte fort.

dans ce texte je trouve forge et métal, j'aime bien l'ensemble que cela donne avec le gris métallique et dépersonnalisé

J'aime bien. Mais quelques vers qui sont un peu faciles, banals, quand tu te sers des lieux communs les plus... communs. ^^

Il n’existe pas, même quand on voit la vie en noir, le gris n’est pas.
Alors que le rose naît de la vie en rose.

Sous la guerre , tout est gris, les cendres, les cieux, et l’on s’offre des roses quand tout est fini.

Le gris est sans emphase, contre des phrases à l’eau de rose.
Le rose , lui , ne fait jamais grise mine.

Mais sympathique. A retravailler, peut-être élaguer, je dirais.

Evanescent a écrit:J'aime bien. Mais quelques vers qui sont un peu faciles, banals, quand tu te sers des lieux communs les plus... communs. ^^

Il n’existe pas, même quand on voit la vie en noir, le gris n’est pas.
Alors que le rose naît de la vie en rose.

Sous la guerre , tout est gris, les cendres, les cieux, et l’on s’offre des roses quand tout est fini.

Le gris est sans emphase, contre des phrases à l’eau de rose.
Le rose , lui , ne fait jamais grise mine.

Mais sympathique. A retravailler, peut-être élaguer, je dirais.

Je reprends les mots d'Eva parce que je suis du même avis.

Et j'ajoute que le titre, idem pour le premier vers donc, m'ont gêné pendant la lecture car je me suis imaginé ce que donnerait :
Je suis né gros.

Il y a quelques jolies sonorités, des trouvailles plaisantes mais la volonté d'insister sur les mots roses et gris finit par se sentir. L'idée est là, mais tu t'attardes dessus, y revient, tente de bien faire comprendre ce que tu as en tête, quitte à en remettre une couche. J'aurais personnellement préféré de la sobriété à certains endroits, des tournures plus concises, épurées, histoire de mettre justement ces couleurs en valeur et non de les noyer dans tout le reste. Question de goût bien sûr.

Que dis-tu de cela : le rose est la couleur de la perversité ? Lu ça il y a quelques temps, maintenant. Beaucoup de blanc avec une touche de rouge. Une couleur faussement naïve, candide ; peut-être celle des désirs cachés et songes inavoués.

Qui sait ?

L'opposition des deux couleurs est une bonne idée, un peu trop appuyée à mon goût. Il faut dire que je préfère le gris au rose, même si le rose sied davantage à mon teint pâlichon.

Pour ma part, je taillerais volontiers dans le texte pour faire ressortir certains aspects de celui-ci, certains vers.

Qui nait gris ?

J'ai beaucoup aimé la sonorité des mots un peu à la gainsbourg .
Sur le sens du texte , on pourrait en discuter car j'ai pas tout compris.
Reste que la lecture et relecture a été super agréable.
Merci