Exercice en direct : mercredi 14-01-2009 à 21h

Allez hop, on va voir ce que ça donne...

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ quand t'as fait cet exo, tu peux TOUT faire !

Gobu a écrit:Pour Yali :

C'est pas ton truc des Cowboys Junkies, mais c'est un peu mou de la fesse.

Essaye donc ça : ça réveillerait un mort !

http://fr.youtube.com/watch?v=7fdesO8CdC8

J'écoute.
Je sens que l'on va s'entendre.
Allez c'est parti pour l'exo, j'y comprends rien, exactement ce qu'il me faut.

Yali a écrit:Allez c'est parti pour l'exo, j'y comprends rien, exactement ce qu'il me faut.

Bien ce que je disais : plus c'est foireux, plus on se marre.
Je devrais être nommé MC de l'année xD

On poste directement ici ou on ouvre un fil à part ?

ekue a écrit:On poste directement ici ou on ouvre un fil à part ?

On poste directement ici !

Un type était en train de traverser le boulevard St Germain, à la hauteur de l’église. Il était mal rasé, sa chemise dépassait de son pull et son pull dépassait de son blouson. Il tenait un papier à la main qu’il lisait. Tout en traversant, il déclamait :

Vaste piano
Piano vaste
Marteau rose
Rose marteau
Piano piano

Une fois sur le trottoir, il s’est arrêté et a continué à déclamer :

Piano marteau
Rose piano
Rose rose
Marteau piano rose
Marteau marteau marteau marteau

Les gens s’arrêtaient. Moi aussi. J’étais adossée à la rambarde du métro, je faisais semblant d’attendre quelqu’un. J’essayais de ne pas trop regarder le type. Pas directement. De toute façon, je crois qu’il s’en fichait qu’on le regarde ou pas. Il était dans son monde.
Un monsieur d’un certain âge a dit, de façon très sérieuse :
- Complètement marteau ce type !
- Tu l’as dit Papi, a répondu un jeune en rigolant.

Tout à coup, le type a eu un geste bref de la main comme pour chasser une mouche. Il a refait le même geste trois fois. Etait-ce une manie ? Il continuait à déclamer :

Lieu morose
Lieu pas rose
Masse agile
Lieu agile
Masse marteau piano

A ce moment, mon portable a sonné. C’était mon fils. Il avait besoin d’argent pour sortir avec des copains. J’avais oublié de lui donner son argent de poche. « « Est-ce que tu peux rentrer le plus vite possible ? ». Bon d’accord.

J’ai descendu les escaliers du métro. J’ai entendu encore le type, comme s’il parlait avec une voix très lointaine. Le dernier mot que j’ai entendu était « rose ». Et puis plus rien.

M.... !
J'ai oublié Nectar éclatant !
A compléter :
Lieu morose
Lieu pas rose
Masse agile
Lieu agile
Masse marteau piano
Nectar éclatant
Nectar morose
Nectar de piano

Après les courses et les dédales de vie en forme de mélodie
Aussi douce, aussi sûre que deux notes
.........juste deux
riant en un vaste piano ; éphémères de toujours.

Sa minuscule masse agile, sa queue pour voler du hêtre au merisier,
..................danser,
.........qui comme une main s’agitant pour chasser une mouche agaçante, obstinée, tremble
Et de froid
et de peur
et de fin.

Et sous son corps brisé le ruisseau de nectar rouge-éclatant
Sur la chaussée sale, jusqu’en cet endroit où les amants se trouvent
Ou les amants s’embrassent
.........Les amants égarés d’un amour comme un rire
.........Les amants blessés d’un amour en blessure de faux, de hache, de marteau
Rose et noir à la fois
Indiscret

Comme le rouge sur le blanc de l’hypocrite passage piéton

Impressionnant...

.


- Saleté de pays ! Qu’est-ce qu’il y a comme moustiques ! On se croirait chez les Kanaks ! Alors qu’on est en Gwada ! Paf ! Un de moins, pour dix de plus qui arrivent ! Quel bourbier !

L’homme qui peste sue aussi, en abondance. Il a de l’eau brune jusqu’aux genoux et chaque enjambée fait un bruit glauque. La canopée empêche le soleil d’accabler le gros homme, mais il ne s’en rend pas compte.
Des bruits furtifs fusent ici et là, une masse agile soulève les grandes feuilles sur l’eau, à deux mètres devant lui.

- Non ! y aurait pas des caïmans en plus ? Mais je suis où là ? C’est un remake de Dien-Bien-Fou ?

Pour le coup, le type se jette sur le coté et parvient à accrocher une racine de palétuvier pour se hisser sur une bande de terre, glissante mais plus sûre.
Il s’effondre et s’adosse à un fromager qui le domine de ses 40 mètres tandis qu’aussitôt une file de 2000 fourmis-manioc choisit son épaule puis son bras nu pour atteindre le sol.
Mauvais réflexe, il se gratte, provoquant la colère des fiers soldats du défilé, grands comme l’ongle du pouce. Seule solution, replonger dans la crique brunâtre, puis repartir, caparaçonné de boue, comme un éléphant, sur la terre plus ferme, là, plus loin.
Une vision de ti-punch lui traverse les neurones, image d’un nectar éclatant de fraîcheur piquante.
Il fait un geste bref de la main, comme pour chasser une mouche.
Un feulement suspect se fait entendre sur la gauche.

- J’aurais tout eu ! Pas un jaguar quand même, maintenant !? Et pourquoi pas un vaste piano qui me tomberait sur le râble, qu’on en finisse ? Je suis en train de faire un cache-mort… un cauchemar, c’est sûr, je vais me véreiller… me réveiller. On me martorose… me martyrise, j’ai rien fait pourtant, einh ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

Un sifflement soudain retentit à quelques centimètres de l’oreille de l’homme qui fait un bond de coté. Un grage-carreaux le fixe, enroulé sur une liane tortueuse. C’en est trop. Le type prend sa course, réussit à faire 50 mètres, se prend le pied dans une racine, s’étale, hurle à la mort au moment où sa tête butte sur un monticule creusé d’un trou tapissé de toile grise. La mygale recule à peine dans son terrier mais on sent qu’elle prend son élan…

- Coupez ! On la refait pas, c’est parfait ! crie Denis Brongnard. C’est dans la boite. Bravo Etienne. Rendez-vous à 14 heures pour la scène deux. Koh-Lanta va faire un tabac cette année !
.
.
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En vous attendant, je lis les nouvelles règles du forum. On ne publie pas des textes écrits à la va-vite...

– Quervinnec, vous travaillez sur quoi, là?
– Sur l'enquête Thomas, Chef
– L'enquête Thomas… l'enquête Thomas… C'est-ce type qui a écrasé la pauvre vieille et qui s'est pas arrêté?
– Ha si Chef, il s'est arrêté! C'est même lui qui a prévenu la police
– Pourquoi nous prévenir et pas fiche le camp?
– Parce qu'il ne l'avait pas fait exprès, Chef
– Passer à 125 km/heure avec un bolide genre masse agile argentée tape-à-l'œil sur une petite vieille dans une rue à 50 et il l'a pas fait exprès?! Vous vous foutez de moi, Thomas ?
– Sauf votre respect, Chef, vous confondez avec l'affaire Pelissier, la rue de l'Ecluse. A 134 il roulait, Chef, pour être précis
– Pelissier, Pelissier… c'est quoi alors, Thomas?
– C'est qui, plutôt, Chef! Un déménageur. Un pauvre gars qui transporait des meubles rue des Acacias. Avec un collègue, ils ont voulu monter un piano rose par le troisième étage mais ça passait pas dans la porte d'entrée, alors…
– Epargnez moi les détails Quervinnec, venez-en aux faits!
– Bien Chef. Ils ont monté le piano par l'extérieur pour le passer par la fenêtre et blam, la corde a lâché
– Et?
– Madame Dupriaux était juste en-dessous, elle allait traverser avec son chien et elle a pas fait attention, parce que le chien avait un jouet dans la gueule et…
– Les faits, Quervinnec!
– Ce sont les faits, Chef. Le chien tenait un marteau rose en plastique dans la gueule et au moment de traverser, il a repéré une mignonne en face, il a tiré sur sa laisse et Madame Dupriaux est tombée
– Elle est pas morte à cause du piano alors, mais d'une chute?!
– Ecrasée par le piano Chef, comme je vous dis. Aplatie. Y avait du sang partout, couleur nectar éclatant, vous savez, comme le jus de cerise qu'on vend chez Auchan
– Non, je sais pas et je m'en fous d'Auchan ! Je comprends rien à votre histoire. Elle est morte comment, en définitive?
– Compressée par un piano.
– Mais comment on peut laisser tomber un piano ?
– La corde, Chef
– La corde, la corde… ils déménagent pas les meubles lourds avec de la laine angora, si?
– Non Chef, mais Marc Thomas, le déménageur, il est pris d'un tic nerveux depuis l'enfance, il balance tout le temps la main dans tous les sens, comme si il était attaqué par des mouches. C'est-ce qu'il a fait et il a lâché la corde
– Donc c'est sa faute
– Ben pas vraiment Chef, les tics nerveux, on n'y peut rien
– Je le sens mal au procès ça, il va plaider l'irresponsabilité
– Mais puisque c'est pas sa faute, Chef…
– M'en fous! Je veux un coupable, un vrai ! Réfléchissez Quervinnec.
– Et si on accusait le chien? Après tout, si il avait pas tiré sur sa laisse, Madame Dupriaux serait pas tombée et elle aurait pu éviter le piano qui arrivait droit sur elle
– Le chien pas mal ça, pas mal du tout… mais on ne va pas amener un chien dans un prétoire
– La chienne en face, celle que le chien a vu! C'est pour ça qu'il a tiré sur sa laisse, parce qu'il avait vu une petiote poilue!
– Bravo Quervinnec! Vous voyez quand vous voulez! Vous deviendrez un jour inspecteur, je vous l'dis moi. Allez, filez, aller arrêter le propriétaire de cette femelle en chaleur et collez-le au trou pour homicide. Haaa, une affaire rondement menée Quervinnec, rondement menée…

Evanescent a écrit:Et on ne se moque pas de la première expérience MC de la petite :-)

c'était super (long à démarrer), vraiment, tu as été géniale !
merci grande MC

mentor a écrit:

Evanescent a écrit:Et on ne se moque pas de la première expérience MC de la petite :-)

Houl! Mais personne ne se risquerait à faire ça :-)

Personne.
Il répétait ce mot à chaque carrefour comme pour essayer de se convaincre. Peu à peu, pas à pas, il commençait à le croire.
Personne.
Personne depuis des heures.
Des mouches. Ça, la ville n’en manquait pas. Des centaines d’essaims de mouches naviguant comme lui d’une rue à l’autre, qu’il chassait d’un geste de la main quand elles s’approchaient trop, quand leur bourdonnement devenait insupportable.
Un homme. Des mouches. Et cette voix qui lui répétait sans cesse qu’il était trop tard. Cette voix qui lui implorait de faire demi-tour, de retourner chez lui, d’oublier.
De l’oublier. Elle.
Rendez-vous midi, café Siméon.
Il avait cru que malgré tout, malgré le silence, malgré les mouches, elle serait venue. Comme un nectar éclatant d’amour, elle lui aurait conféré l’immortalité, qu’il se serait senti ainsi, immortel malgré tout.
Malgré le silence.
Malgré les mouches.
Il s’arrêta. Son estomac lui creusait la cervelle. Le soleil lui brûlait le front. Il baissa les yeux. Il se tenait sur une traverse de piétons et les lignes blanches ressemblaient au clavier d’un vaste piano. Dans les notes crevassées de sa marche funèbre, il tomba à genoux.
Ce fut à cet instant qu’elle apparut, au bout de ce clavier, frêle, suante, suintante de solitude. Il cessa de chasser les mouches. Il cessa de compter les heures. La ville se ranima d’elle-même, se repeupla. Les voix, les ombres des gens qui passent, l’odeur de la vie en essaims. Il entendit le klaxon d’une voiture qui voulait passer.
Et tandis qu’il la rejoignait coin Port-Neuf et Chapleau, sa montre sonna midi.

Un jour, j’ai rencontré l’océan au plafond.

Assis sur ses talons, cheveux hirsutes, de ses yeux sortait comme une sorte de folie hagarde. Il ne fixait plus aucun point, depuis longtemps évadé bien au-delà des murs. Les murs…
L’épaisseur des pierres retenait derrière eux les murmures du monde. Dedans, entre eux, rien ne filtrait. L’enfer.

Je me souviens…

Il aimait les pavés scellés dans sa mémoire. Gras. Sales. A proximité des containers qui dégueulaient leurs ordures. Il aimait ça, oui. Parce qu’une poubelle ignore l’ordre. Elle avale les gestes, les mots, elle ingurgite les joyeux tintamarres aussi facilement que les coups. Et puis elle vomit. Dans le dérapage de l’overdose. Dans l’indifférence.

Y’avait les noces du ciel et du sel, comme un vaste piano, et Novecento.

C’était son évasion à lui. Son horizon en collines d’embruns. C’était le chant de liberté en poitrine soulevée, allégresse, allegro. Les doigts de Novecento couraient follement sur le clavier de la musique qui n’existe pas. Avant. C’était avant. Dans le noir d’entre les murs. Quand les pavés luisaient sous ses prunelles déshabituées. Chaque clap-semelle l’emportait plus loin, ailleurs, là où le cliquetis du verrou ne pouvait pas l’atteindre.

Pourquoi, dis, pourquoi… Marteau !

Il se parlait tout seul sans que ses lèvres bougent. A l’intérieur. En. Les barreaux, il n’y touchait jamais. A force de frapper, frapper, frapper, il avait un jour rougi le marteau du sang de l’autre. Et puis le temps. Beaucoup de temps. Beaucoup. Dans un coin de quelque part, gisait probablement un marteau rose. Ou blanc. Ou sans couleur. Sans odeur. Sans Sang.

Emporte-moi encore !

Alors il fermait les yeux et sa folie hagarde se recroquevillait, derrière les murs, derrière les barreaux, loin du sang.
Alors les pavés brillaient un peu plus, arrondis, usés par une marche virtuelle toujours recommencée. Et les poubelles continuaient à dégueuler dans l’indifférence.
C’est là que tout recommençait. Autrement.
Novecento et ses deux mains sur le clavier.
Et l’envolée de la musique qui n’existe pas.
Pas.

Je me suis allongé dans le nectar éclatant d’une masse agile. Que pourrais-je expliquer…

Il s’est noyé un jour, dans l’océan de son plafond. Corde tendue. Cou violacé.
C’était sa seule issue, vous comprenez. Vous comprenez ?




* Avec mon remerciement à Alessandro Baricco, pour tous les rêves qu’il me donne à vivre.
Romane

bon, avec tout ça, m'en vais vérifier comment s'écrit Dien-Bien-Fou :-)))

mentor a écrit:bon, avec tout ça, m'en vais vérifier comment s'écrit Dien-Bien-Fou :-)))

hum... juste 2 lettres de fausses (Phu et pas Fou)
sauf que c'était une plaine
shame :-(

les amis, je dois y aller, désolé
j'attends meme pas que tout le monde ait posté !
mais promis, dès demain je lis tout et je commente, comme d'hab
belle soirée à tout le monde
et encore merci Eva !

Houl! Mais personne ne se risquerait à faire ça :-)

Non... je ne l'ai même pas envisagé, d'ailleurs ;D

(en fait vous pouvez vous moquer, j'suis contente de mon texte et le reste j'm'en fiche =D)

mentor a écrit: c'était super (long à démarrer), vraiment, tu as été géniale !
merci grande MC

Oui, c'est vrai.
Finalement, plus la consigne est compliquée, plus c'est marrant.

Evanescent a écrit:j'suis contente de mon texte et le reste j'm'en fiche =D)

Bien parlé :-))

Je suis sorti en titubant légèrement. Une espèce de mouche ou de gros moucheron antipathique me prenait pour sa mère et, m’ayant adopté, s’entêtait à me tourner autour, m’obligeant à le chasser de la main. J’avais beau le renier, grommeler, il n’arrivait pas à couper le cordon, et moi, moi, j’échouais dans toutes mes tentatives de parricide. J’ai marché quelques centaines de mètres le long de l’avenue grise et bordée de platanes émondés. J’avais mille ans et je pensais à du Blondin, une histoire de moignons d’arbres et d’humeur vagabonde. La petite fille au manteau rouge marchait juste devant moi, trottinant autour de sa maman. Elle avait de beaux mollets fermes et ronds, la maman, des mollets d’athlète, épilés, lisses, qui devaient sentir le savon. Moi, j’aurais bien troqué mon existence contre celle d’ourlet de son jupon… La petite fille tournait autour, en chantonnant.
Elles étaient là, devant moi, à quelques mètres à peine, juste au niveau d’un passage protégé.
Elle pouvait avoir deux ou trois ans. Moi, je comptais les tours, 42, déjà. Je ne m’y connais pas bien en enfants. Tout d’un coup, à la sortie d’un « tour de maman », elle s’est jetée sur la route. Grisée par ses rondes, s’était-elle trompée d’axe ?
La voiture n’a rien pu faire. Le petit corps a été projeté. Sans un cri. Elle est retombée. La Maman a couru. Déjà, elle pleurait. Elle savait.
La police et les pompiers sont arrivé très vite. La petite fille ne les avait pas attendus. Ils ont recueilli les témoignages. Pas le mien. Un jeunot s’est contenté de noter mes nom, prénom, domicile et profession. Un gradé lui a jeté : « laisse tomber le pochetron ».
Il avait peut-être bien raison.
Le jeunot m’a toisé du haut de son uniforme et, de derrière sa moustache millimétriquement taillée, m’a lancé : « allez, file, l’éponge, ou on t’embarque pour ébriété sur la voie publique ».
J’ai filé sans demander mon reste. Mon reste de quoi, d’ailleurs ?
Le lendemain, un lendemain pluvieux, et moche et gris, je suis revenu sur les lieux du crime. C’est ce que font toujours les assassins, parait-il. J’ai traversé la rue, en sens inverse de la veille. Sur les bandes du passage clouté s’étalaient des taches en forme de test de Rorschach. J’ai essayé vainement de les interpréter. Sans doute aurais-je dû pouvoir y lire quelque chose, quelque chose en forme d’amour, quelque chose qui aurait parlé d’elle et de son manteau rouge. Mais je n’ai rien vu, rien lu d’autre que l’écho sombre de mon propre néant.
L’ombre de rien.
Alors, un peu plus seul encore, je suis retourné au bar, comme la veille, l’avant-veille et… oui. Là, près du piano à queue, j’ai feuilleté sans y croire un bouquin de Robert Marteau. « Les roseaux chavirent en cheveux roses ». J’en ai « rougi jusqu’au grenat »… « Je boirai de ton sang le nectar éclatant »…
Plus tard encore, plus saoul encore, sans même un regard pour la noria motorisée, j’ai traversé la rue, sur les passages cloutés, et, longuement, vainement, j’ai dégueulé.

Anne Veillac a écrit:

mentor a écrit: c'était super (long à démarrer), vraiment, tu as été géniale !
merci grande MC

Oui, c'est vrai.
Finalement, plus la consigne est compliquée, plus c'est marrant.

Merci :-)

Personne a une 'tite fille de 5 ans pour la prochaine fois ?^^

Une impasse, évidemment. Un peu bouffées, les rayures du passage clouté semblaient constellées de cartes géographiques. Pour rêver d'ailleurs.
Et le mec continuait à pérorer : "Très bien agencé…vous verrez, on peut y caser tout ce dont une jeune fille a besoin…"
Elle s'amusait de son tic, un geste bref devant son nez, comme s'il chassait des mouches. Quarante deux fois. Compter ce genre de chose l'empêchait de céder au cafard.
Un escalier violet et vert. Les propriétaires du lieu avaient du goût. Ou un stock de peinture au rabais ?
Une fente dans le bois manifestait que la porte avait subi quelques sévices. Il avait monté l'escalier derrière elle − aucun scrupule à lorgner ses cuisses, mais elle s'en foutait.
Maintenant il jurait entre ses dents en s'escrimant sur la serrure, lui laissant tout loisir de détailler ce palier morose. Qui avait laissé cette cage ? un truc rond dédoré complètement kitsch, surmonté d'un bulbe en fil de fer tortillé fin, un cauchemar de colibri !
− Et voilà
Il entrait avant elle, déployant un geste large pour faire spacieux, " vous voyez on peut tout caser ici…sauf si vous avez un vaste piano …"
Sa plaisanterie le faisait rire, elle entendait son estomac. Dans ce métier, c'est l'ulcère qui prévaut, bouffer n'importe quand n'importe quoi, dès trente ans, ils ont du bide, une graisse tenace à la ceinture.
− Alors, comment vous trouvez ?
Difficile de trouver ça folichon. Mais au moins, il y avait une vue sur l'impasse. Avec ses géographies secrètes.
Des cris s'échappaient de l'étage en dessous. Il eut l'air gêné et dit très vite " en fait, elle n'est pas souvent là, elle passe plus de la moitié du temps à l'HP… C'est seulement quand elle est restée un certain temps sans prendre ses médicaments… Et là, ils l'hospitalisent… Bon, c'est pour ça que le loyer est à ce prix-là, aussi !"
L'air pressé tout d'un coup, il rentra sa chemise dont les boutons bâillaient.
− Alors, vous le prenez ?
Elle jeta un dernier coup d'œil par la fenêtre. Sur les rayures du passage clouté l'ombre d'un très jeune couple.
− Oui, je prends
Le ventre gargouilla bruyamment, soulagé. Il la poussait presque dans l'escalier. Elle crut apercevoir la masse agile d'un rat au ras des canalisations…
Comme elle passait devant la porte de la folle, elle sentit une main l'accrocher.
− Enfant ? Amour, enfant ? interrogeait un visage anxieux. La main s'éleva, lui caressa les cheveux. Amour ?
Pendouillait à sa main un marteau rose.
Amour oui.
Amour.
L'autre, déjà en bas, lui demandait si elle avait besoin d'aide, d'un ton hargneux.
−Je passerai à l'agence demain pour signer.
S'en débarrasser. Il s'éloigna, escorté de ses gargouillis.
Au sortir de l'impasse, elle avisa un troquet, jaune. Elle y entra, besoin de couleurs. Commanda un jus d'abricot. Et elle attendit l'ombre en buvant doucement le nectar éclatant.

Je pensais que tu avais triché... Le marteau transformé en manteau. Mais, finalement, il était à la fin du texte.

Texte sans nectar

.....Il est dit qu'un maire employait Jules, un travailleur communal affecté à l'entretien des routes. Ce sympathique individu au service de la population, lui était si fidèle qu'il le considérait presque comme un ami.
..... Un jour, lors d'une tournée préparatrice au classement du village dans la catégorie première Rose des villages fleuris, le maire s'arrêta près du seul passage piéton abîmé par le flux permanent des véhicules. Il utilisa son pinceau pour réparer l'ouvrage détérioré. Il était sur le point de finir son travail en appliquant une ultime touche de peinture éclatante, lorsque Jules s'empara du récipient et le jeta dans le caniveau. Le maire, fort mécontent, traita son employé un peu durement.
.....Puis, quand il fut un peu calmé, il se remit à peaufiner son ouvrage. Mais pour la seconde fois, Jules vint réduire ses efforts à néant au dernier instant. Le maire, d'autant plus furieux que la chaleur lui tapait sur les nerfs, sortit ses menaces qui ne lui ressemblaient pas. Il promit à l'individu que s'il recommençait à se jouer de lui, il serait licencié.
.....Le maire, une nouvelle fois, tenta d'achever son oeuvre picturale. Et une nouvelle fois, l'employé communal vint taper le seau de son pied pour le faire tomber. Dans un hurlement de colère, le maire s'emporta, et d'un geste bref de la main comme pour chasser une mouche, congédia Jules sur le champ.
.....Accablé par ce qu'il venait de faire, il se retira, haletant, à l'ombre d'un arbre, ordonnant à l'un de ses adjoint d'achever l'entreprise. L'homme désigné s'acquitta de sa tâche, mais lorsqu'il se pencha pour peindre la partie manquante, un gros véhicule quatre roues motrices lancé à toute allure faucha le premier adjoint qui s'effondra sans vie quelques secondes plus tard.
.....Le maire réalisa alors, mais trop tard, que son ami Jules n'avait fait que le protéger d'une mort certaine.

.....On dit que le maire, marteau en main, entra s'enfermer dans un isoloir à côté du vaste piano de la cantine scolaire et n'en bougea plus, incapable de contempler le ciel, jusqu'à ce qu'il meurt de chagrin.

pfiou... tous ces textes, et leurs richesses...

Anne Veillac a écrit:Je pensais que tu avais triché... Le marteau transformé en manteau. Mais, finalement, il était à la fin du texte.

Ce message était pou Mouss

.

Y avait des fissures dans le macadam, tout le long de la petite route qui menait à la plage. Parfois, du creux de la brèche jaillissait une touffe d’herbe. On se demandait, Alice et moi, si c’était l’herbe qui venait briser l’asphalte ou bien si elle profitait juste de l’orifice pour pousser là.
Je penchais pour la première solution, j’aimais l’idée de cette pression de la masse végétale — masse que j’imaginais agile et fragile tout à la fois — sur le monde minéral, brut, massif, dominant. Ça me semblait être une juste revanche et j’étais pas loin de penser que la lutte des classes se jouait là, juste sous mes pas. Mais je n’avais pas lu Karl Marx. Pas encore.
Il fallait traverser le passage clouté pour voir la mer, et Alice et moi, ça nous faisait marrer de regarder à gauche, à droite avant de nous élancer. Plus aucune voiture ne passait là depuis qu’ils avaient coupé la route, après l’effondrement d’une partie de la falaise. Mais on faisait comme si...
Il y avait eu un mort, mais c’était il y a longtemps, mais on s’en fichait. Tout le monde trouvait le lieu morose. Pas nous. Ce qu’on aimait par dessus tout, c’était la route ensemble, courir sur le bitume et prendre soin de ne pas écraser les touffes d’herbes. Parfois on comptait nos foulées et parfois on s’arrêtait au milieu de la route pour respirer. Alice posait sa paume sur la droite de son abdomen pour calmer un point de côté. Et puis d’un geste de la main, elle évacuait la douleur comme on chasse une mouche, et on repartait.
Arrivées au pied de la falaise, on jouait à des tas de jeux qu’occupaient nos après-midis. On associait des noms, des adjectifs, on collait un « vaste piano » à un « nectar éclatant » ou un « marteau rose » pour inventer la phrase la plus insolite , la plus biscornue et la plus longue de tous les temps, celle qu’il nous serait impossible de retenir en dépit de nos efforts insensés pour la mémoriser.

Je suis revenue dans le coin, bien des années après. La route est devenue une piste cyclable que les touristes empruntent pour aller à la plage. J’y ai emmené ma fille et elle s’est émue devant un brin d’herbe qui semblait avoir brisé l’asphalte pour pousser là. Elle m’a demandé si c’était possible. Je n’ai pas voulu lui dire que non. Et je me suis demandée si plus tard, quand elle lirait Karl Marx, j’aurais le cœur de lui dire que ça non plus ce n’était pas possible.
Je l’ai regardée effleurer le brin d'herbe du bout des doigts, tout doucement, pour ne pas l'abîmer, et je me suis me dit que j’avais encore un peu de temps pour réfléchir à la question.

Anne : Ben c'était bien la peine que je me prenne la tête avec ces ** de contraintes ! =D Un peu simple, mais j'aime beaucoup ton personnage, et le ton, distant, vaguement intéressé, pas mal ennuyé.

Mentor : Ah ah ! J'aime lire tes délires noirs. (j'ai juste doute sur le "vaste" qui colle pas vraiment avec le ton). Bonne soirée !

Sahkti : Bravo ! J'ai même pas vu le marteau rose tellement il passe bien. (sauf que mon piano il était pas rose, il était vaste^^) J'adore la chute :-) Un bon moment et un grand sourire.

Oui Evanescent, j'ai peut-être un petit peu choisi la solution de facilité. Mais bon.. je n'en ai pas trouvé d'autre.

En tout cas, je prends beaucoup de plaisir à lire tous ces textes. Je finirai demain.
Bonsoir à tous.

ANNE VEILLAC : Simple anecdote où ce texte cache-t-il quelque chose de plus profond que je ne vois pas?
EVANESCENT : On dirait du Tristan avec tous ces espaces, ces silences. Du beau travail!
MENTOR : Beaucoup de références que je ne comprends pas. M’a l’air amusant ton texte, mais je n’y comprends pas grand chose sinon le fil narratif de base.
SAHKTI : Amusant dialogue! Bien joué!
ROMANE : Une poésie un peu lourde par moments que tu aurais certainement pu alléger s’il n’y avait pas eu de contrainte de temps.
MOUSS : Une histoire dont le ton oscille entre la poésie prosaïque et le fait divers. Pas mal.
COLINE DÉ : Joli texte, bien écrit. Les contraintes sont un peu forcées, mais on ne t’en voudra pas. Dans l’ensemble, c’est réussi!
BERTRAND : Il m’a plu ce texte aux apparences de conte avec morale.
KRYSTELLE : Magnifique. Absolument magnifique. Il m’a touché ce texte. Bravo.
YALI : Encore du Yali savoureux. J’ai repéré quelques fautes que tu n’as pas pu corriger, fautes de temps. Du beau travail, tout de même! Joli texte!

Anne Veillac a écrit:Un type était en train de traverser le boulevard St Germain.../...Et puis plus rien.

Un instant de vie pris au vol, comme ça. J'entendrais presque les bruits alentours, pour un peu. Et puis le mouvement du monde. Des souvenirs me sont remontés en mémoire, du temps de Paris.

Joliment écrit, une chronique savoureuse.

Evanescent a écrit:Après les courses et les dédales de vie.../...de l’hypocrite passage piéton

Sensible à la poésie qui se dégage de ton texte, Evanescent. Des images vraiment belles et vivantes. J'ai adoré le passage au nectar éclatant de toutes ses forces dans le texte !

Comm demain, mais qu'est-ce que ça a bien marché,vu comme ça, au premier coup d'oeil !

Bonne nuit à tous !

Jonjon : Le début est un peu facile, je trouve. Un peu remplissage pour amener la fin. Et la fin, j'adore !

Il s’arrêta. Son estomac lui creusait la cervelle. Le soleil lui brûlait le front. Il baissa les yeux. Il se tenait sur une traverse de piétons et les lignes blanches ressemblaient au clavier d’un vaste piano. Dans les notes crevassées de sa marche funèbre, il tomba à genoux.
Ce fut à cet instant qu’elle apparut, au bout de ce clavier, frêle, suante, suintante de solitude. Il cessa de chasser les mouches. Il cessa de compter les heures. La ville se ranima d’elle-même, se repeupla. Les voix, les ombres des gens qui passent, l’odeur de la vie en essaims. Il entendit le klaxon d’une voiture qui voulait passer.
Et tandis qu’il la rejoignait coin Port-Neuf et Chapleau, sa montre sonna midi.

en particulier "dans les notes crevassées de sa marche funèbre, il tomba à genoux". Chapeau !

Romane : De la poésie sympathique, de belles phrases, mais un peu "trop". Dommage, la faute au timing.

Mouss : J'aime beaucoup le ton. J'aurais bien du mal à le définir, mais je l'aime (c'est déjà ça ^^). Beau texte, je ne sais pas comment tu as fait pour l'écrire sans tomber ni dans le pathos, ni dans une indifférence détestable, ni un peu trop vers l'un, un peu trop vers l'autre, mais pile au milieu. Tout bon.

mentor a écrit:- Saleté de pays !.../...Koh-Lanta va faire un tabac cette année

Je me suis marrée durant toute la lecture. Pierre Richard. Voilà. Pierre Richard je verrais bien là. T'es cinglé, mais change pas, Mentos. J'adore !