Parle moi

Parle moi doucement de ces terres d’enfance
Où chaque peur domptée est une délivrance
Cailloux blancs égrenés et nos cœurs qui s’élancent

Parle moi tendrement de ces amours naissantes
Ces rêves de conquête pour de belles passantes
Des caresses échangées aux paroles blessantes

Parle moi sans pudeur de ces amitiés franches
Ces rires partagés et ces pleurs qu’on épanche
Ces appels dans la nuit quand on glisse des branches

Parle moi du malheur de ces guerres passées
Jeunesses sacrifiées et nos frères blessés
Ces charniers que l’on traîne sous nos drapeaux dressés

Parle moi de ces temps où les enfants fleurissent
Tendres sorties d’école au parfum de réglisse
Au fond de ce tiroir des photos qui jaunissent

Parle moi de la seule qui brisa ton armure
Cette beauté troublante au seuil d’un âge mûr
Ces amours indécentes pour tous ceux qui murmurent

Ce soir dans ce grand lit ton corps semble apaisé
Des souvenirs de vie s’accrochent à tes pensées
Parle moi

Je ne sais pas si les tercets expriment le trio d'un couple avec une absente "la seule" dans ce poème silencieux aussi, ça parle de pensées à côté d'une personne endormie. J'ai trouvé que le rythme collait bien avec les intentions que j'y ai trouvé en tous cas.

Doux, tendre et froid à la fois (la chute)... J'ai beaucoup aimé, et trouve que le propos aurait mérité que vous vous astreignissiez (eh vouais) à l'alexandrin classique, qui aurait convenu admirablement !

Ces appels dans la nuit quand on glisse des branches

Un si beau vers, une ambiance si bien recréée auraient, en effet, mérité un peu plus de rigueur dans la versification ... peu de choses, en regard de ce que tu nous offres mais je trouve dommage de trébucher à la lecture de certains vers !

Très prenant. Admirable travail.

J'aime beaucoup le ton mélancolique et désabusé qui se dégage de ce texte, malgré l'espoir qu'il contient, sa violence aussi.

Le découpage me paraît réussi, accentuant le poids des images.
Ceci dit, question longueur, une strophe en moins peut-être... goûts personnels ça, bien sûr.

Arielle a écrit:Ces appels dans la nuit quand on glisse des branches

Un si beau vers, une ambiance si bien recréée auraient, en effet, mérité un peu plus de rigueur dans la versification ... peu de choses, en regard de ce que tu nous offres mais je trouve dommage de trébucher à la lecture de certains vers !

Idem tout pareil.

très beau texte, vraiment : ample régulier et prenant

je suis dans un hotel seul dans un grand lit et ce texte m'émeut par une histoire dont j'entrevois le fil, le tissage en est universel

J'ai beaucoup aimé ce poème tendre et mélancolique.

Beau! Beau! Des vagues d'émotions s'échappent de ce poème.
C'est sûr, des alexandrins pour parfaire cette composition dont chaque strophe est travaillée à la rime aurait été le summum.


J'ai une grande tendresse pour cette strophe:

Parle moi de ces temps où les enfants fleurissent
Tendres sorties d’école au parfum de réglisse
Au fond de ce tiroir des photos qui jaunissent


Bravo Mitsuko!