Figures de style : Quelque chose comme ça
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Figures de style : Quelque chose comme ça
.
Quelque chose comme ça
Jo n’était pas complètement idiot, mais il mélangeait les lettres, les mots et n’avait pas bonne mémoire. Depuis qu’il était tombé, tout petit, la tête la première sur le carrelage, il souffrait d’armistice partielle comme disaient les médecins. Ou quelque chose comme ça. Aussi, il n’avait pas fait long feu à l’école et le peu qu’il y était resté, il avait beaucoup pâti des railleries de ses camarades, des commentaires acerbes de ses professeurs, et d’une manière générale, de ce qu’il appelait la crudité humaine. Ou quelque chose comme ça.
Il était entré dans la vie active à seize ans pour devenir réparateur de câbles. Il avait choisi ce métier parmi d’autres, comme on choisit une pizza aux anchois plutôt que sans, un peu au hasard, avec l’incertaine conviction que ce n’était pas pire qu’autre chose. Avec le temps, Jo s’était fait à l’idée que ce n’était pas non plus mieux qu’autre chose.
Ce que Jo aimait par dessus tout, ce n’était pas tant son travail que les trajets en voiture, entre les interventions. Lorsqu’il prenait l’autoroute, il écoutait de la musique et pensait à tout, à rien, mais de préférence aux filles. Parfois, cela provoquait comme une éruption dans son pantalon. Il se sentait drôle mais se souvenait alors de ses cours de catéchisme et ça le rassurait. Tout ça, c’était à cause d’Eve, d’Adam, de leur erreur de Genèse. Ou quelque chose comme ça. Lorsqu’il lâchait d’une main le volant pour d’un geste impudique accompagner ses rêveries, Jo pensait souvent à Tiphaine et à leur histoire qu’aurait presque pu commencer. Presque seulement. Il la tenait en odeur de sainteté, alors il avait voulu toucher son aréole. Ou quelque chose comme ça. Elle l’avait giflé ; ils n’étaient pas sur la même longueur d’ongle. Au moment où sa main était entrée en contact avec la joue de Jo, il avait ressenti une fierté honteuse à l’idée que leur chair était restée collée l’espace d’un instant.
Il se demandait s’il allait devenir sourd à cause de Tiphaine et de tout ce que sa mère lui disait sur ses plaisirs solitaires. Ça le travaillait beaucoup et à force de se triturer le pique-feu et les méninges, Jo entendait des bruits. Ça sifflait, ça chuintait dans sa caboche ; c’était psychique.
Evidemment, il aurait préféré être comme ces types au lycée, ceux qui faisaient frémir les filles, ces Don Juans, Casanovas et autres gentlemen charmeurs. Dans sa voiture, il devenait parfois prince, le temps d’un trajet, le temps d’un rêve. Il enfourchait son cheval pour rejoindre Tiphaine au son des claquements de sabots. Dans un ultime pataclac, il sautait vaillamment à terre pour se précipiter dans les bras de sa belle. Ils s’embrassaient alors ardemment, jusqu’à s’épuiser, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à tomber au sol pour s’étendre, l’un contre l’autre, dans un coucher de sommeil. Ou quelque chose comme ça.
Et puis Jo revenait à la réalité, moche réalité, mais il prenait les choses du bon côté. Il cafouillait du ciboulot, certes, mais peut-être qu’un jour ça lui servirait à quelque chose. Ainsi, à toutes fins futiles, il avait pris l’habitude de noter ses cafouillages dans des petits calepins, sur le ton de l’humour. Parfois, il les relisait et souriait en se disant que ça ferait un chouette recueil d’euphorismes. Ou quelque chose comme ça. Peut-être même qu’un jour on tirerait ses calepins à des milliers d’exemplaires, peut-être qu’il deviendrait riche et n’aurait plus besoin de réparer les câbles. Peut-être même qu’il gagnerait le prix concours.
Ou quelque chose comme ça.
Il était entré dans la vie active à seize ans pour devenir réparateur de câbles. Il avait choisi ce métier parmi d’autres, comme on choisit une pizza aux anchois plutôt que sans, un peu au hasard, avec l’incertaine conviction que ce n’était pas pire qu’autre chose. Avec le temps, Jo s’était fait à l’idée que ce n’était pas non plus mieux qu’autre chose.
Ce que Jo aimait par dessus tout, ce n’était pas tant son travail que les trajets en voiture, entre les interventions. Lorsqu’il prenait l’autoroute, il écoutait de la musique et pensait à tout, à rien, mais de préférence aux filles. Parfois, cela provoquait comme une éruption dans son pantalon. Il se sentait drôle mais se souvenait alors de ses cours de catéchisme et ça le rassurait. Tout ça, c’était à cause d’Eve, d’Adam, de leur erreur de Genèse. Ou quelque chose comme ça. Lorsqu’il lâchait d’une main le volant pour d’un geste impudique accompagner ses rêveries, Jo pensait souvent à Tiphaine et à leur histoire qu’aurait presque pu commencer. Presque seulement. Il la tenait en odeur de sainteté, alors il avait voulu toucher son aréole. Ou quelque chose comme ça. Elle l’avait giflé ; ils n’étaient pas sur la même longueur d’ongle. Au moment où sa main était entrée en contact avec la joue de Jo, il avait ressenti une fierté honteuse à l’idée que leur chair était restée collée l’espace d’un instant.
Il se demandait s’il allait devenir sourd à cause de Tiphaine et de tout ce que sa mère lui disait sur ses plaisirs solitaires. Ça le travaillait beaucoup et à force de se triturer le pique-feu et les méninges, Jo entendait des bruits. Ça sifflait, ça chuintait dans sa caboche ; c’était psychique.
Evidemment, il aurait préféré être comme ces types au lycée, ceux qui faisaient frémir les filles, ces Don Juans, Casanovas et autres gentlemen charmeurs. Dans sa voiture, il devenait parfois prince, le temps d’un trajet, le temps d’un rêve. Il enfourchait son cheval pour rejoindre Tiphaine au son des claquements de sabots. Dans un ultime pataclac, il sautait vaillamment à terre pour se précipiter dans les bras de sa belle. Ils s’embrassaient alors ardemment, jusqu’à s’épuiser, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à tomber au sol pour s’étendre, l’un contre l’autre, dans un coucher de sommeil. Ou quelque chose comme ça.
Et puis Jo revenait à la réalité, moche réalité, mais il prenait les choses du bon côté. Il cafouillait du ciboulot, certes, mais peut-être qu’un jour ça lui servirait à quelque chose. Ainsi, à toutes fins futiles, il avait pris l’habitude de noter ses cafouillages dans des petits calepins, sur le ton de l’humour. Parfois, il les relisait et souriait en se disant que ça ferait un chouette recueil d’euphorismes. Ou quelque chose comme ça. Peut-être même qu’un jour on tirerait ses calepins à des milliers d’exemplaires, peut-être qu’il deviendrait riche et n’aurait plus besoin de réparer les câbles. Peut-être même qu’il gagnerait le prix concours.
Ou quelque chose comme ça.
Dernière édition par Krystelle le Sam 7 Fév 2009 - 17:53, édité 2 fois
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Excellent ! Le personnage est touchant et crédible...
Invité- Invité
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
C'est bien quelque chose comme ça. C'est très bien même. J'ai souri tout le large, ou quelque chose comme ça :-)
Invité- Invité
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
:-)))
Passe très très très bien :-)
Un gentil personnage mignon tout plein. Ou quelque chose comme ça.
Passe très très très bien :-)
Un gentil personnage mignon tout plein. Ou quelque chose comme ça.
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Jo est-il un héro récurrent ? Je crois bien l'avoir déjà croisé dans le métro. ou quelque chose comme ça. en tout cas, c'est précisément bien emballé.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Voilà Kristelle qui prend de l'avance pour le prochain exercice : Un idiot qui se triture le pique-feu avec tendresse, je n'y aurais pas pensé !
Pas si idiot que ça d'ailleurs, le Jo, l'histoire des petits calepins dans lesquels on peut toujours aller fouiller est à retenir ...
Pas si idiot que ça d'ailleurs, le Jo, l'histoire des petits calepins dans lesquels on peut toujours aller fouiller est à retenir ...
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
magiquestral ou quelque chose comme ça !
c'est la fête à la paronomase
j'ai pris mon pied dans la gueule
c'est la fête à la paronomase
j'ai pris mon pied dans la gueule
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
j'ai oublié de dire: "mention spéciale" à "l'erreur de genèse"
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Génial l'erreur de genèse et la transplantation de l'auréole....
J'avoue avoir bien rigolé à la lecture de cet exercice. Très plaisant tout cela, continuons....
J'avoue avoir bien rigolé à la lecture de cet exercice. Très plaisant tout cela, continuons....
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
C’est délicieux !
L’idée est simplement bonne et emballée avec beaucoup de charme.
C’est pesé, c’est vendu, j’achète.
Le texte est juste à bonne mesure, plus court serait peu, plus long serait trop.
Bravo Chris !
J’ai un gros faible pour « le coucher de sommeil »
L’idée est simplement bonne et emballée avec beaucoup de charme.
C’est pesé, c’est vendu, j’achète.
Le texte est juste à bonne mesure, plus court serait peu, plus long serait trop.
Bravo Chris !
J’ai un gros faible pour « le coucher de sommeil »
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Remarquable et touchant.
C'est énorme; c'est tout; tout y est.
Petite-FRAP - maître, enseignez moi!
C'est énorme; c'est tout; tout y est.
Petite-FRAP - maître, enseignez moi!
Petite-FRAP- Nombre de messages : 87
Age : 46
Localisation : Derrière la vitre
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Oui oui et oui !
Amusé et conquis.
Tu devrais écrire plus souvent.
Amusé et conquis.
Tu devrais écrire plus souvent.
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Un vrai régal ! Paronomasons peu mais paronomasons bien. Une réussite !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
mais je n'avais pas commenté ici ! :-((
ben voilà encore un texte tout plein de trouvailles, de jeux de mots comme tu sais si bien jongler avec, et ce Jo que tu rends attachant dès que tu le présentes.
contraintes respectées et même multipliées, plus un contournement habile avec les gentlemen charmeurs
réussi !
ben voilà encore un texte tout plein de trouvailles, de jeux de mots comme tu sais si bien jongler avec, et ce Jo que tu rends attachant dès que tu le présentes.
contraintes respectées et même multipliées, plus un contournement habile avec les gentlemen charmeurs
réussi !
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Quelques belles trouvailles, un personnage attachant, un bon format... plein de bonnes choses, mais il me manque un tout petit truc, que je n'arrive pas vraiment à identifier. Je cherche... J'y reviendrai.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Une merveille. Une pépite.
Une bouchée succulente.
J'adore sans réserve.
Seul texte de la série que j'ai lu, je pense que je vais m'arrêter là.
Plus besoin de rien pour aujourd'hui.
Une bouchée succulente.
J'adore sans réserve.
Seul texte de la série que j'ai lu, je pense que je vais m'arrêter là.
Plus besoin de rien pour aujourd'hui.
Re: Figures de style : Quelque chose comme ça
Deuxième lecture, toujours pareil.
Ton texte est dans mon top VE.
Ton texte est dans mon top VE.
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