La poésie au bord du vide

Les rues étaient désertes et la terre chantait
Le ciel se dessinait au creux des lunes rousses
Eclairant chaque pas d’une douce clarté
Au ventre de la nuit déambulait ma brousse

Trajectoire irréelle comme une traînée sombre
Mes pensées convergeaient au point de non retour
Charnier de mes envies assaillies par les ombres
Tous ces mots écorchés jetés du haut des tours

Déchirer les guenilles qui habillaient mon âme
Déterrant chaque ver pour trouver la lumière
Aux passions redoutées qui enfantent les drames
J’écrirai sur ta peau mon ultime prière

A l’aube, délivré des sombres sortilèges
Sur le fil du destin se perchaient mes envies
Rêves d’Abyssinie avec pour seul cortège
Ces illuminations qui embrasaient ma vie

Bien balancé, ample... J'aime toujours lire de beaux alexandrins.
("Déchirer les guenilles qui habillaient mon âme" n'en est pas un.)

Un rythme qui permet de réciter ce texte à haute voix en lui donnant fière allure, pas vraiment musicale mais presque emphatique.

Je ne suis pas fan d'images parfois trop convenues comme les lunes rousses, les rues désertes ou l'ultime prière, mais celles-ci réussissent à se glisser au milieu d'idées plus fortes et ça compense largement.

C'était quand ? que s'est-t'il passé ensuite?

voilà le sentiment qui me vient à cette lecture

un poème envahissant l'esprit par sa prégnance

On retrouve et le fond et la forme parmi les dangereux écueils des traîtres alexandrins !

Arthur, Arthur, tu n'es pas mort ...
Un bel hommage !

Rêves d’Abyssinie avec pour seul cortège
Ces illuminations qui embrasaient ma vie

Vraiment réussi.

(s)ombre et lumière rimbaldiennes et envoûtantes, forcément.

belle inspiration, profonde et sombre.

images fortes et bien venues :

« Tous ces mots écorchés jetés du haut des tours"

C'est vrai que l'on a envie d'en savoir plus...

Avec en résonance :

"l'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles
l'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
la mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
et l'homme saigné noir à ton flanc souverain"
AR

C'est pas mal du tout même si c'est pas forcément ma tasse de thé.

En somme, c'est réussi.

Saisissant contraste entre la douce clarté et l'âme torturée qui peine à se décharger de ses douleurs tellement qu'il lui faut aller jusqu'au bout de la nuit pour s'en délivrer.

La forme majestueuse des alexandrins (sauf un , c'est vrai) que l'on a envie de déclamer ,sert admirablement le sujet.

De la poésie comme je l'aime!

Belle mélopée lyrique !

mitsouko a écrit:Rêves d’Abyssinie avec pour seul cortège
Ces illuminations qui embrasaient ma vie

Deux allusions à Arthur Rimbaud (l'Abyssinie et les Illumination) ?

Côté stylistique pure, je noterais que chacun des premiers vers de chaque strophe compte une syllabe de trop pour être alexandrin, sauf pour la dernière...intentionnel ?