En attendant

En attendant la pluie
de loin elle s'entend
donner le change
faire écho au vent

sans mot dire
rêver de reverdir
l'a-plat empuzzlé
d'un coeur fissuré

En attendant la pluie
de loin elle se respire
lentes oscillations
de senteurs fleurantes

voiles blanches hissées haut
sur fond d'écran azuré
pour une rançon de larmes délivrée
sur une anse encalminée

En attendant la nuit
son chant de champ de coton
se délecter d'une pomme fruit
se cambrer sous l'éperon

de ressacs en vagues fluides
pour reformer la chrysalide
d'une unité androgyne
celle d'avant les origines.

A part l'"anse encalminée", que j'aime beaucoup, je trouve que ce poème pâtit de formules trop précieuses, qu'on dirait mises là exprès pour faire du "joli-poétique" ("senteurs fleurantes", "voiles blanches", "rançon de larmes"...).

Mon objection est pure affaire de goût et ne remet pas en cause la qualité de l'écriture, puisque je la trouve trop "léchée" !

Mais le pire de tous reste "senteur fleurante".
Le reste est agréable...mais le "senteur fleurante" me heurte vraiment...

J'ai un problème avec votre poème : les images qu'il fait naître, l'ambiance disons entre "pluie, vent et voyage" me séduit énormément, et je trouve que vous réussissez bien, en quatre vers à chaque fois, à faire naître, d'une même ambiance, un monde différent, un "ailleurs".

Mais, outre les expressions un peu hasardeuses que d'autres ont relevé, pour moi ce qui ne passe pas du tout c'est plutôt le "son chant de champ de coton", qui rompt complètement le rythme, et j'ai appris ici que le rythme faisait presque tout en poésie. Plusieurs "strophes" m'ont aussi paru maladroites, moins "poétiques", non seulement parce que mes yeux et ma langue se raccrochaient à certains mots (a-plat empuzzlé ou oscillations par exemple) mais aussi parce que je les trouve moins évocatrices, moins rythmées:

sans mot dire
rêver de reverdir
l'a-plat empuzzlé
d'un coeur fissuré

celui là est bien rythmé je pense, mais je trouve qu'il aborde un thème un peu "lourd" (avec ses rimes en "é") et à la lecture, je me suis demander ce qu'il faisait là.

En attendant la pluie
de loin elle se respire
lentes oscillations
de senteurs fleurantes

là, ce sont les senteurs fleurantes qui me heurtent, pas tant parce que cela ne veut pas dire grand chose que parce que cela rompt le rythme.

D'un autre côté, les thèmes que ces strophes abordent, dans cette déclinaison d'une ambiance que vous semblez vouloir faire, des choses importante : le rêve, la respiration, les senteurs... il serait peut-être sage de les retravailler en allégeant ?

Inutile de dire qu'en revanche j'ai adoré :

En attendant la pluie
de loin elle s'entend
donner le change
faire écho au vent

voiles blanches hissées haut
sur fond d'écran azuré
pour une rançon de larmes délivrée
sur une anse encalminée

En attendant la nuit
(son chant de champ de coton)
se délecter d'une pomme fruit
se cambrer sous l'éperon

de ressacs en vagues fluides
pour reformer la chrysalide
d'une unité androgyne
celle d'avant les origines.

De manière générale, j'ai moyennement apprécié le rythme et la structure qui me paraît par moments bancale. Les "fausses" rimes jouent un rôle là-dedans, c'est sûr, il y a des répétitions de sonorités difficiles à manier.

Par exemple:

Mélusine a écrit:En attendant la pluie
de loin elle s'entend
donner le change
faire écho au vent

sans mot dire
rêver de reverdir
l'a-plat empuzzlé
d'un coeur fissuré

Pour ces deux premières strophes, je trouve que ça fait déjà pas mal de sons qui se remarquent un peu trop à l'oreille (la mienne s'entend).


senteurs fleurantes n'est pas des plus heureux et puis il y a quelques formules faciles telles voiles blanches hissées haut / sur fond d'écran azuré qui se remarquent trop à côté d'autres vers plus complexes, comme chrysalide / d'une unité androgyne.

Dans l'ensemble donc, cela me paraît irrégulier tant sur la forme que dans la qualité. Ce texte mériterait d'être revu car il contient quelques idées plus fortes qu'il conviendrait de mettre en avant.

A bien y regarder, j'ai dû mettre un petit bonhomme difforme dans des habits trop grands et des chaussures trop petites. Les nombreuses dissonances (bien involontaires) lui donne cet air "claudiquant" et un peu ridicule à certains endroits. Je pourrais le corriger, je devrais le modifier, mais c'est comme d'hab' je finis par aimer le grain de poivre qui s'est subrepticement perdu dans un entremet sucré, ce n'est pas bon, mais ça explose les papilles et c'est ça qui est bon.

J'essaierai de faire mieux la prochaine fois mais rien n'est sûr !

Merci à tous pour votre présence et vos commentaires.