JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
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JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Il était arrivé à Trieste par le premier train du matin. La ville s’éveillait au son des balayeuses automatiques passant dans les rues encore vides. Un halo vaporeux s’échappait du goudron fraîchement nettoyé, déjà chauffé par les premiers rayons du soleil.
D’habitude, il détestait découvrir une ville par le quartier de la gare. Ça lui donnait à chaque fois une impression de crasse et de misère dont il n’arrivait pas à se défaire sur le reste de son séjour. Trieste faisait exception. La gare centrale récemment rénovée et lumineuse s’ouvrait sur une place bordée de palmiers. Il se sentait heureux, déjà plus léger, plus reposé. L’année académique avait été particulièrement pénible et il se demandait combien de temps encore il serait capable de supporter ça. Les étudiants dont l’arrogance croissait parallèlement à leur ignorance, le travail administratif à l’expansion infinie, les budgets consacrés à l’étude de l’art contemporain sans cesse diminués, tranchés, coupés sec. A quarante ans à peine, n’avait-il pas d’autres buts dans la vie que cette chaire d’esthétique dans une université oubliée du Nord. Ne devrait-il pas se consacrer entièrement à son œuvre ? C’est donc habité par le doute qu’il avait accepté la proposition d’un collègue italien de venir donner un cycle de conférences pendant le mois de juillet. Ça tombait à pic. Il avait un cruel besoin de changer d’air, de quitter son bureau trop sombre. C’était, de plus correctement payé. Il trouva facilement un taxi pour le conduire à la maison que le vieux professeur lui avait mise à disposition. C’était une belle villa de vacances du début du vingtième siècle, peinte en rose avec un hibiscus sur la façade, typique des rives de l’Adriatique. Quelle différence avec son petit appartement du centre ville. Son collègue lui avait laissé un mémo de plus de cinq pages dactylographiées, allant du fonctionnement de la machine à lessiver, aux horaires des administrations et commerces. Il pouvait également utiliser la vieille Fiat qui dormait dans le garage attenant à la maison. Visiblement à Trieste on a le sens de l’hospitalité. Les deux premiers jours il s’installa, profitant au mieux du jardin et de la vue sur la mer pour préparer ses conférences. Son logement étant un peu à l’écart du centre la petite auto était une vraie bénédiction. Il découvrait le plaisir de rouler toutes vitres baissées à la tombée du jour. Les routes sinueuses de la région lui offraient des panoramas magnifiques même s’il se faisait de grosses frayeurs lorsqu’il fallait croiser un camion ou un car.
Sa première conférence sur Carl André fut catastrophique, un bon quart de ses étudiants avaient disparus à la pause. Il avait l’habitude de donner ses cours en anglais et ne s’était pas du tout attendu à ce que son public ne maîtrise pas la langue. Il allait devoir réactiver sa connaissance de l’italien et transcrire ses notes.
Il trouva assez facilement la grande librairie sur la Piazza della Libertà. Là il pourrait acheter un dictionnaire bilingue suffisamment complet pour l’aider dans son travail de traduction. Il était étonné par le gigantisme du commerce qui comportait quatre étages bien remplis. Bien que l’université soit très fréquentée, Trieste restait une petite ville de province, coincée entre la mer et les montagnes, perdue entre deux cultures. Il ne s’attendait donc pas à y découvrir une telle surabondance de livres.
Le département des littératures étrangères s’étendait sur le deuxième étage. Il pouvait y trouver quasiment les mêmes ouvrages qu’en France. Il eut même un instant l’impression de ne pas avoir quitté sa ville. A cette heure de l’après-midi, les clients se faisaient plutôt rares. Seule, une jeune femme feuilletait distraitement le catalogue des éditions Minuit. Un visage de petite souris, jolie sans être une véritable beauté. Caché par le présentoir de l’encyclopédie Larousse, il pouvait l’observer sans être vu. Ses cheveux foncés étaient tirés dans une stricte queue de cheval qui la vieillissait un peu. Certainement une étudiante studieuse. Elle avait maintenant l’air particulièrement intéressée par le dernier prix Goncourt. Il décida de sortir de l’ombre.
Dans un italien encore un peu hésitant il se lança :
— Bonjour, je suis Français, je peux vous conseiller un livre si vous voulez ?
Elle le regardait sans répondre, l’air dubitatif
— Je suis désolé de vous avoir dérangée, mon italien est vraiment mauvais et …
— Non, non vous ne me dérangez pas, au contraire ! Je suis très heureuse de rencontrer un Français ici.
Elle lui tendit une main un peu trop osseuse.
— Marina, je suis d’origine bretonne mais je vis à Lyon, enfin pendant l‘année. Et vous êtes ?
— Jo, mes amis m’appellent Jo. Je donne cours d’esthétique ici à la faculté de lettres pendant l‘été.
— Ça alors, moi je suis ici pour travailler sur ma thèse sur Italo Svevo. Mais si j’ai un peu de temps, je viendrai écouter une de vos leçons.
— Dites-moi, jolie doctorante, vous allez peut-être pouvoir m‘aider. Je viens d‘arriver et je cherche quelqu‘un pour me guider en ville, je n‘arrive pas à trouver une supérette pour faire mes courses Allez, je vous offre un verre et on discute tranquillement de tout ça. Je vous laisse choisir votre terrasse préférée, je n’ai pas encore mes habitudes dans les cafés du coin.
Elle lui répondit un sourire aux lèvres :
— Avec plaisir, Monsieur Jo, ce n’est pas tous les jours que je me fais inviter par un expert en esthétique …
Pour le prix d’un Schweps agrumes, il sut tout d’elle. Son enfance, un peu grise, au bord de l’Atlantique, sa mère portugaise sacrifiant sa vie personnelle à la réussite de sa fille unique, sa découverte de la liberté lors de son installation à Lyon. Elle était passionnée par la littérature du XIXème siècle, les grands romans et les sagas. Et elle s’imaginait bien devenir professeur pour communiquer à son tour sa passion à ses élèves. Il apprit également comment son premier amour l’avait un beau matin laissée totalement brisée mais que maintenant, elle se sentait prête à rencontrer quelqu’un d’autre. Elle avait aujourd’hui une immense soif de vivre et de s’amuser.
Trois quart d’heure plus tard il avait l’impression de tout connaître d’elle. Il était surpris de la vitesse à laquelle elle s’était livrée à lui, de la confiance qu’elle pouvait donner à un parfait inconnu. Comme à chaque fois, il était épaté par la confiance qu‘il suscitait chez les jeunes femmes.
Il s’était contenté de l’écouter, appuyant de temps à autre ses affirmations, feignant l’indignation lorsqu’elle lui parlait du comportement honteux de son ex-fiancé. Plus il
l’observait, plus il la trouvait attirante. Il avait toujours apprécié les femmes petites et très fines mais celle-ci avec son visage de poupée et son corps presqu’enfantin l’émouvait plus que toute autre.
Elle lui fit découvrir tous les plus beaux endroits qu’elle connaissait à Trieste. Y habitant depuis plusieurs mois elle s’orientait avec beaucoup de facilité. Elle l’emmena dans des ruelles fraîches, lui montra les palais austères, les grandes villas bourgeoises cachées derrières leurs hauts murs d’enceinte, les places ombragées où elle aimait lire assise sur un banc.
Ce fut vraiment une après-midi délicieuse et lorsqu’ils se quittèrent, la soirée était déjà bien entamée. Ils se promirent de se revoir, dès le lendemain. Même endroit, même heure. Il l’embrassa sur la joue tout en la tenant un peu trop longtemps serrée contre lui.
Il prit ainsi l’habitude de retrouver Marina tous les après-midi après son cours. Il aimait sa spontanéité, sa manière si positive d’appréhender la vie alors que lui avait plutôt tendance à n’en voir que le côté sombre. Il avait vraiment l’impression qu’ici, avec elle, il allait pouvoir retrouver toute son énergie créatrice et se remettre à son travail. Sa grande œuvre qu’il avait entamée déjà depuis quelques années. Celle qui lui apporterait la postérité.
Après le troisième rendez-vous, il prit l’initiative d’inviter Marina à la trattoria Al Faro où l’on pouvait manger dans un jardin offrant une vue superbe sur la baie. Son invitée avait troqué son éternel jeans-t-shirt pour une petite robe noire bordée de dentelle. Avec ses ballerines argentées elle était à croquer. Le message était clair, elle était prête à se laisser séduire. La jeune femme lui posait toutes sortes de questions sur sa vie, ses goûts, ses centres d’intérêts. Il détestait ça mais était bien obligé de jouer le jeu s’il voulait avoir une chance de la ramener à la villa pour la nuit.
— Jo c’est quand même un nom bizarre pour un prof non ? C’est ton vrai nom ?
— Hum, enfin presque… c’est comme ça que tout le monde m’appelle. En fait mon vrai nom c’est Jean-Ode, mais c’est un peu lourd à porter au quotidien, alors on a pris l’habitude de dire JO…
A la fin du plat principal il lui tenait la main sous la table, au dessert il commanda une bouteille de prosecco pour accompagner leur premier baiser.
Le trajet en Fiat500 le long de la côte, bien qu’un peu cliché était suffisamment romantique pour définitivement convaincre Marina de passer la nuit avec lui.
Son corps était tel qu’il l’avait imaginé, encore plus mince peut-être. Elle ne devait même pas atteindre les 45 kilos. Son grain de peau était magnifique et il se dit qu’elle serait certainement très photogénique. Etendu à côté d’elle, il se remettait à songer à l’œuvre de sa vie. Il sentait que cette fois ce serait la bonne, qu’avec une telle muse il pourrait approcher de l’état de grâce. Il pensa alors à tous les artistes qu’il admirait, se demandant qu‘elle était leur source d‘inspiration. Un trop plein d’images et de sensations nouvelles l’envahissait, il ne trouva le sommeil qu’aux premières lueurs de l’aube.
Il passa une semaine idyllique aux côtés de la jeune femme qui restait maintenant toutes les nuits à la Villa. Elle l’aidait pour les traductions, lui la conseillait pour ses recherches. Lorsqu’il faisait trop chaud pour continuer à travailler ils jouaient aux touristes, visitant parcs et musées, allant même parfois nager dans l’Adriatique. Le soir, ils sortaient manger dans une des innombrables trattoria du centre ville avant de prendre un café dans le jardin face à la mer. Ensuite, ils faisaient immanquablement l’amour dans la grande chambre au papier peint désuet.
Il savait pourtant que toutes ces bonnes choses auraient une fin. Qu’il devrait bientôt reprendre son travail de création. Que Marina, serait séparée de lui pour aller vers son destin. Chaque matin il se faisait la promesse d’y arriver mais chaque nuit il désirait profiter encore de la douceur du corps de son amante.
Le samedi aux environs de 15 heures, alors qu’il somnolait à l’ombre d’un grand arbre Marina le réveilla.
— Jo, Jo. Réveille-toi. Regarde ce que j’ai trouvé.
Elle tenait à la main son vieux polaroïd.
— C’est super ce truc, je vais prendre des photos de toi…
— Arrête Marina, ce n’est pas drôle ! C’est un outil de travail, j’en ai besoin.
Deux instantanés étaient déjà sortis de la fente de plastique.
D’un geste brusque, JO arracha l’appareil des mains de la jeune femme. D’une voix furieuse il lui lança :
D’habitude, il détestait découvrir une ville par le quartier de la gare. Ça lui donnait à chaque fois une impression de crasse et de misère dont il n’arrivait pas à se défaire sur le reste de son séjour. Trieste faisait exception. La gare centrale récemment rénovée et lumineuse s’ouvrait sur une place bordée de palmiers. Il se sentait heureux, déjà plus léger, plus reposé. L’année académique avait été particulièrement pénible et il se demandait combien de temps encore il serait capable de supporter ça. Les étudiants dont l’arrogance croissait parallèlement à leur ignorance, le travail administratif à l’expansion infinie, les budgets consacrés à l’étude de l’art contemporain sans cesse diminués, tranchés, coupés sec. A quarante ans à peine, n’avait-il pas d’autres buts dans la vie que cette chaire d’esthétique dans une université oubliée du Nord. Ne devrait-il pas se consacrer entièrement à son œuvre ? C’est donc habité par le doute qu’il avait accepté la proposition d’un collègue italien de venir donner un cycle de conférences pendant le mois de juillet. Ça tombait à pic. Il avait un cruel besoin de changer d’air, de quitter son bureau trop sombre. C’était, de plus correctement payé. Il trouva facilement un taxi pour le conduire à la maison que le vieux professeur lui avait mise à disposition. C’était une belle villa de vacances du début du vingtième siècle, peinte en rose avec un hibiscus sur la façade, typique des rives de l’Adriatique. Quelle différence avec son petit appartement du centre ville. Son collègue lui avait laissé un mémo de plus de cinq pages dactylographiées, allant du fonctionnement de la machine à lessiver, aux horaires des administrations et commerces. Il pouvait également utiliser la vieille Fiat qui dormait dans le garage attenant à la maison. Visiblement à Trieste on a le sens de l’hospitalité. Les deux premiers jours il s’installa, profitant au mieux du jardin et de la vue sur la mer pour préparer ses conférences. Son logement étant un peu à l’écart du centre la petite auto était une vraie bénédiction. Il découvrait le plaisir de rouler toutes vitres baissées à la tombée du jour. Les routes sinueuses de la région lui offraient des panoramas magnifiques même s’il se faisait de grosses frayeurs lorsqu’il fallait croiser un camion ou un car.
Sa première conférence sur Carl André fut catastrophique, un bon quart de ses étudiants avaient disparus à la pause. Il avait l’habitude de donner ses cours en anglais et ne s’était pas du tout attendu à ce que son public ne maîtrise pas la langue. Il allait devoir réactiver sa connaissance de l’italien et transcrire ses notes.
Il trouva assez facilement la grande librairie sur la Piazza della Libertà. Là il pourrait acheter un dictionnaire bilingue suffisamment complet pour l’aider dans son travail de traduction. Il était étonné par le gigantisme du commerce qui comportait quatre étages bien remplis. Bien que l’université soit très fréquentée, Trieste restait une petite ville de province, coincée entre la mer et les montagnes, perdue entre deux cultures. Il ne s’attendait donc pas à y découvrir une telle surabondance de livres.
Le département des littératures étrangères s’étendait sur le deuxième étage. Il pouvait y trouver quasiment les mêmes ouvrages qu’en France. Il eut même un instant l’impression de ne pas avoir quitté sa ville. A cette heure de l’après-midi, les clients se faisaient plutôt rares. Seule, une jeune femme feuilletait distraitement le catalogue des éditions Minuit. Un visage de petite souris, jolie sans être une véritable beauté. Caché par le présentoir de l’encyclopédie Larousse, il pouvait l’observer sans être vu. Ses cheveux foncés étaient tirés dans une stricte queue de cheval qui la vieillissait un peu. Certainement une étudiante studieuse. Elle avait maintenant l’air particulièrement intéressée par le dernier prix Goncourt. Il décida de sortir de l’ombre.
Dans un italien encore un peu hésitant il se lança :
— Bonjour, je suis Français, je peux vous conseiller un livre si vous voulez ?
Elle le regardait sans répondre, l’air dubitatif
— Je suis désolé de vous avoir dérangée, mon italien est vraiment mauvais et …
— Non, non vous ne me dérangez pas, au contraire ! Je suis très heureuse de rencontrer un Français ici.
Elle lui tendit une main un peu trop osseuse.
— Marina, je suis d’origine bretonne mais je vis à Lyon, enfin pendant l‘année. Et vous êtes ?
— Jo, mes amis m’appellent Jo. Je donne cours d’esthétique ici à la faculté de lettres pendant l‘été.
— Ça alors, moi je suis ici pour travailler sur ma thèse sur Italo Svevo. Mais si j’ai un peu de temps, je viendrai écouter une de vos leçons.
— Dites-moi, jolie doctorante, vous allez peut-être pouvoir m‘aider. Je viens d‘arriver et je cherche quelqu‘un pour me guider en ville, je n‘arrive pas à trouver une supérette pour faire mes courses Allez, je vous offre un verre et on discute tranquillement de tout ça. Je vous laisse choisir votre terrasse préférée, je n’ai pas encore mes habitudes dans les cafés du coin.
Elle lui répondit un sourire aux lèvres :
— Avec plaisir, Monsieur Jo, ce n’est pas tous les jours que je me fais inviter par un expert en esthétique …
Pour le prix d’un Schweps agrumes, il sut tout d’elle. Son enfance, un peu grise, au bord de l’Atlantique, sa mère portugaise sacrifiant sa vie personnelle à la réussite de sa fille unique, sa découverte de la liberté lors de son installation à Lyon. Elle était passionnée par la littérature du XIXème siècle, les grands romans et les sagas. Et elle s’imaginait bien devenir professeur pour communiquer à son tour sa passion à ses élèves. Il apprit également comment son premier amour l’avait un beau matin laissée totalement brisée mais que maintenant, elle se sentait prête à rencontrer quelqu’un d’autre. Elle avait aujourd’hui une immense soif de vivre et de s’amuser.
Trois quart d’heure plus tard il avait l’impression de tout connaître d’elle. Il était surpris de la vitesse à laquelle elle s’était livrée à lui, de la confiance qu’elle pouvait donner à un parfait inconnu. Comme à chaque fois, il était épaté par la confiance qu‘il suscitait chez les jeunes femmes.
Il s’était contenté de l’écouter, appuyant de temps à autre ses affirmations, feignant l’indignation lorsqu’elle lui parlait du comportement honteux de son ex-fiancé. Plus il
l’observait, plus il la trouvait attirante. Il avait toujours apprécié les femmes petites et très fines mais celle-ci avec son visage de poupée et son corps presqu’enfantin l’émouvait plus que toute autre.
Elle lui fit découvrir tous les plus beaux endroits qu’elle connaissait à Trieste. Y habitant depuis plusieurs mois elle s’orientait avec beaucoup de facilité. Elle l’emmena dans des ruelles fraîches, lui montra les palais austères, les grandes villas bourgeoises cachées derrières leurs hauts murs d’enceinte, les places ombragées où elle aimait lire assise sur un banc.
Ce fut vraiment une après-midi délicieuse et lorsqu’ils se quittèrent, la soirée était déjà bien entamée. Ils se promirent de se revoir, dès le lendemain. Même endroit, même heure. Il l’embrassa sur la joue tout en la tenant un peu trop longtemps serrée contre lui.
Il prit ainsi l’habitude de retrouver Marina tous les après-midi après son cours. Il aimait sa spontanéité, sa manière si positive d’appréhender la vie alors que lui avait plutôt tendance à n’en voir que le côté sombre. Il avait vraiment l’impression qu’ici, avec elle, il allait pouvoir retrouver toute son énergie créatrice et se remettre à son travail. Sa grande œuvre qu’il avait entamée déjà depuis quelques années. Celle qui lui apporterait la postérité.
Après le troisième rendez-vous, il prit l’initiative d’inviter Marina à la trattoria Al Faro où l’on pouvait manger dans un jardin offrant une vue superbe sur la baie. Son invitée avait troqué son éternel jeans-t-shirt pour une petite robe noire bordée de dentelle. Avec ses ballerines argentées elle était à croquer. Le message était clair, elle était prête à se laisser séduire. La jeune femme lui posait toutes sortes de questions sur sa vie, ses goûts, ses centres d’intérêts. Il détestait ça mais était bien obligé de jouer le jeu s’il voulait avoir une chance de la ramener à la villa pour la nuit.
— Jo c’est quand même un nom bizarre pour un prof non ? C’est ton vrai nom ?
— Hum, enfin presque… c’est comme ça que tout le monde m’appelle. En fait mon vrai nom c’est Jean-Ode, mais c’est un peu lourd à porter au quotidien, alors on a pris l’habitude de dire JO…
A la fin du plat principal il lui tenait la main sous la table, au dessert il commanda une bouteille de prosecco pour accompagner leur premier baiser.
Le trajet en Fiat500 le long de la côte, bien qu’un peu cliché était suffisamment romantique pour définitivement convaincre Marina de passer la nuit avec lui.
Son corps était tel qu’il l’avait imaginé, encore plus mince peut-être. Elle ne devait même pas atteindre les 45 kilos. Son grain de peau était magnifique et il se dit qu’elle serait certainement très photogénique. Etendu à côté d’elle, il se remettait à songer à l’œuvre de sa vie. Il sentait que cette fois ce serait la bonne, qu’avec une telle muse il pourrait approcher de l’état de grâce. Il pensa alors à tous les artistes qu’il admirait, se demandant qu‘elle était leur source d‘inspiration. Un trop plein d’images et de sensations nouvelles l’envahissait, il ne trouva le sommeil qu’aux premières lueurs de l’aube.
Il passa une semaine idyllique aux côtés de la jeune femme qui restait maintenant toutes les nuits à la Villa. Elle l’aidait pour les traductions, lui la conseillait pour ses recherches. Lorsqu’il faisait trop chaud pour continuer à travailler ils jouaient aux touristes, visitant parcs et musées, allant même parfois nager dans l’Adriatique. Le soir, ils sortaient manger dans une des innombrables trattoria du centre ville avant de prendre un café dans le jardin face à la mer. Ensuite, ils faisaient immanquablement l’amour dans la grande chambre au papier peint désuet.
Il savait pourtant que toutes ces bonnes choses auraient une fin. Qu’il devrait bientôt reprendre son travail de création. Que Marina, serait séparée de lui pour aller vers son destin. Chaque matin il se faisait la promesse d’y arriver mais chaque nuit il désirait profiter encore de la douceur du corps de son amante.
Le samedi aux environs de 15 heures, alors qu’il somnolait à l’ombre d’un grand arbre Marina le réveilla.
— Jo, Jo. Réveille-toi. Regarde ce que j’ai trouvé.
Elle tenait à la main son vieux polaroïd.
— C’est super ce truc, je vais prendre des photos de toi…
— Arrête Marina, ce n’est pas drôle ! C’est un outil de travail, j’en ai besoin.
Deux instantanés étaient déjà sortis de la fente de plastique.
D’un geste brusque, JO arracha l’appareil des mains de la jeune femme. D’une voix furieuse il lui lança :
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
— Quand je demande quelque chose, tu m’obéis compris ! Cet appareil m’est précieux. Les cartouches de pellicule sont introuvables, je ne peux pas te laisser les gâcher.
Marina était blême, elle ne l’avait jamais vu dans cet état. Elle bafouilla quelques mots d’excuse entrecoupés de sanglots
— Je suis désolée, Jo je ne savais pas…
Jo comprit qu’il allait finir par l’effrayer. Il se calma aussi tôt.
— Non Marina, c’est à moi de m’excuser, je n’aurais pas du m’emporter. Je vais tout faire pour que tu me pardonnes.
Il la prit avec douceur contre lui et l’embrassa. Il la couvrait de baisers tout en lui chuchotant :
— Excuse-moi, ma chérie. Je t’aime tant. J’ai une idée pour te faire oublier ma mauvaise humeur. Monte dans la chambre, déshabille-toi, et attends-moi. J’arrive tout de suite.
Une dizaine de minutes plus tard, il admirait depuis la cage d’escalier, le corps nu et juvénile couché sur le grand lit. Elle feuilletait un magazine en l’attendant. Cette vision de l’abandon l’inspira profondément. Il profita encore quelques secondes du spectacle magnifique qu’elle lui offrait pour la dernière fois.
Quand il entra dans la pièce, Marina avait ce petit air espiègle qui lui aiguisait les particulièrement les sens.
— J’ai failli m’endormir en t’attendant
Dit-elle le sourire dans la voix.
— Oh mais ça valait la peine, tu vas voir. Laisse-toi faire.
Tout en la caressant il lui banda les yeux d’un foulard.
— Fais-confiance, allonge-toi. Oui comme ça et donne moi tes mains.
Sans cesser de poser des baisers sur son corps il lui attacha les mains.
— Jo, mais non, que fais-tu ?
— Chutttt, tu as confiance en moi non? Laisse toi faire.
Marina obéit, l’excitation l’emportant sur ses craintes.
Il attacha alors ses jambes bien solidement aux montants du lit. Marina ne protesta pas. Elle l’attendait.
Il lui fit l’amour avec une infinie douceur. Elle gémissait de plaisir, son corps s’arc-boutant pour mieux s’offrir. Puis, les sens enflammés par l’image de ce corps livré, il s’exalta de plus en plus. Les gémissements de Marina firent place à des cris. Elle le suppliait d’arrêter, il lui faisait mal. Elle essayait de lui échapper mais ses membres entravés lui rendaient la tâche impossible. Il lui envoya une telle gifle qu’il l’assomma à moitié. Il plaqua de toutes ses forces une main contre sa bouche alors que l’autre lui maintenait le cou. Il retira alors le bandeau des yeux.
— Ecoute moi-bien Domenica, tu va te tenir bien sagement et accepter le destin que je t’ai réservé.
Marina tenta de protester mais les sons ne sortaient que faiblement de sa gorge
— Jo, c’est moi Marina. Je ne suis pas Domenica
Il augmenta encore un peu plus la pression de ses doigts sur son cou.
— Tais-toi, je t’ai dit. Tu es Domenica parce que je le veux. Tu es à moi Domenica et je ne te livrerai aux autres que quand tu seras parfaite.
Il la bâillonna pour l’empêcher de crier.
Marina était terrorisée. Elle ne reconnaissait plus le gentleman qui l’avait séduite dix jours plus tôt. Elle tentait vainement de trouver une échappatoire. Jo était sorti de la pièce elle l’entendait descendre l’escalier puis se déplacer sur le parquet du salon. Elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire en bas. Pourquoi l’avait-il laissée seule comme ça. Qu’allait-il faire d’elle. Elle fut surprise de revoir sa silhouette dans l’embrasure de la porte. Il tenait l’appareil photo à la main. Doucement, il s’approcha d’elle, passa la main sur son visage et déposa un baiser sur son front. De manière tout à fait naturelle comme si la situation était normale. Elle voulait hurler mais le tissu était trop profondément enfoncé dans sa gorge.
Debout sur une chaise placée aux pieds du lit, il prenait des instantanés de la scène. Entièrement nu, il se masturbait en la photographiant.
— Regarde-moi Domenica. Si tu savais comme tu es belle. Ta peau est tellement lumineuse. Depuis le début je savais que tu serais photogénique. Elle sentit son sperme se répandre sur son ventre. Les yeux fermés, elle trembla de dégoût.
Jo disposa les polaroids sur le lit, entourant sa victime des images de son supplice. Puis il se rhabilla et parti sans un mot.
Le bruit des pneus de la Fiat crissant sur les graviers fut le dernier son qui lui parvint. Après tout fut calme. La douleur de ses bras attachés au-dessus de sa tête se faisait de plus en plus ressentir. Elle perdait la notion du temps. Depuis combien de temps était-elle là ? La lumière déclinait dans la pièce mais quelle heure pouvait-il bien être ?
Le bruit de la porte d’entrée la sortit de sa torpeur. Elle avait du s’endormir. Il faisait complètement noir maintenant.
Chargés de deux grands sacs de commissions Jo entra dans la chambre.
— Je n’ai pas été trop long ma douce ? Tu sais il y avait un monde fou en ville et je devais faire les courses pour tout le week-end. J’ai aussi acheté un tas de choses pour te rendre encore plus belle.
Il déballa une grande bâche de plastique, comme celle que les peintres utilisent pour protéger le sol. Il la fit glisser sous le corps de Marina pour protéger le lit.
- Voilà, comme ça tu ne risques pas de tout salir. C’est un peu moins confortable mais tu comprendras bien que je dois rendre la villa en parfait état.
Marina était terrorisée mais plus elle essayait de hurler plus le bâillon l’étouffait. Et, de toute façon, qui pourrait l’entendre dans cette maison isolée ?
Jo s’assit à califourchon sur son corps et pris son visage entre ses mains. Il lui parlait comme à un enfant.
— Domenica chérie, tu vas prendre tes médicaments. Ce n’est que du Sorbitole, rien de grave. Tu vas être une gentille fille, obéissante, et tu ne recracheras rien. Compris ?
Lui maintenant fermement la gorge, il retira le tissu de sa bouche et tenta d’y enfourner une bonne dizaine de gélules. Marina se débattait, essayait de crier et de le mordre. Jo jura quand les incisives de la jeune femme pénétrèrent dans le dos de sa main.
— Vilaine fille !
Il lui envoya alors un coup de poing qui la laissa groggy. Il en profita pour lui ouvrir grand la bouche et enfoncer à l’aide de trois doigts les capsules presque au fond de sa trachée. Elle eut un haut le cœur mais ça n’empêcha pas Jo de lui remettre le bâillon bien serré.
— Maintenant il faut laisser ton corps se purger et dans deux ou trois jours tu seras prête. Je passerai te voir de temps en temps, ne t’inquiète pas ma chérie, je ne suis pas loin.
Elle avait l’impression que ses membres pesaient des tonnes, surtout ses bras en extension au dessus de sa tête. Son œil avait aussi pas mal encaissé suite au coup de poing. Il avait peut-être réussi à lui éclater l’arcade sourcilière. Elle sentait maintenant ses intestins se contracter sous l’effet des laxatifs et comprit immédiatement l’utilité de la bâche qu’il avait disposée sous elle. En plus de la peur et de la douleur elle devait maintenant subir l’humiliation d’être souillée par ses matières fécales et sa propre urine. Quand est-ce que tout ça prendrait fin ? Combien de temps son organisme allait-il résister ? En sortirait-elle vivante ? Elle finit par s’endormir sans avoir trouvé de réponses à ses questions.
Les premiers rayons du soleil la réveillèrent. On devait être dimanche aujourd’hui. La maison était encore calme, aucun bruit ne lui parvenait du rez-de-chaussée. Elle avait soif, très soif même. Elle fit rapidement le calcul, ça faisait au moins 18 heures qu’elle n’avait rien bu. Sa langue était entièrement rêche et ses lèvres commençaient à se craqueler de toutes parts. Elle se rappelait avoir lu qu’un être humain ne pouvait survivre qu’au maximum trois jours sans eau. Trois jours moins 18 heures, c’est ce qu’il devait lui rester à vivre...Des bruits en provenance de la cuisine lui parvinrent. Elle reconnaissait le clapotis du percolateur, le grille pain-aussi. Ce salopard vivait sa petite vie comme si de rien était. Elle aurait donné cher pour avoir une tasse de thé ou de café.
— Bonjour Domenica adorée, bien dormi ? Tu as une odeur épouvantable ma belle, on va arranger tout ça.
Il partit dans la salle de bain pour en revenir aussi tôt avec une bassine d’eau et du savon. Ces objets du quotidien paraissaient incongrus dans la scène d’horreur qui était en train de se jouer. Jo entreprit de laver la jeune-femme avec beaucoup de délicatesse comme on le ferait avec un nouveau né. Il s’inquiétait de savoir si l’eau n’était pas trop chaude, si le parfum de la savonnette lui plaisait. Il retira la bâche souillée d’urine et d’excréments pour la remplacer par une neuve. Marina gémissait faiblement à travers son bâillon.
— Ecoute-moi, tu as l’air plus sage aujourd’hui. Si tu promets de ne pas crier, je veux bien retirer le bandeau.
Elle lui répondit par un signe de la tête, sa gorge était de toute façon trop sèche pour sortir un son.
— Voilà ma belle, comme ça je peux profiter de ta jolie bouche
D’une voix à peine audible Marina réussit à articuler
— Soif, de l’eau s’il te…
— Non non non, petite créature, ce n’est pas bon pour toi. Je sais que ça doit être pénible mais tu ne peux pas boire. Tu risquerais de tout gâcher. Bon, par ce que je t’aime et que je ne suis pas cruel je vais t’aider un peu.
Il prit un brumisateur dans le tiroir de la table de nuit et aspergea le visage de la jeune femme exactement comme il l’avait fait lors de l’accouchement de sa première épouse. Marina, bouche grand ouverte essayait en vain de capter la moindre molécule d’eau qui s’évaporait inexorablement au contact de l’air tiède de la pièce. La douleur de ses lèvres s’atténua quelque peu.
Son répit fut de courte durée car alors qu’elle ne s’y attendait pas, Jo lui enfonça à nouveau plusieurs gélules laxatives au fond de la gorge. Elle crut bien étouffer mais finalement finit par les avaler.
— Voilà ma chérie, je dois te laisser. Certains doivent bien travailler alors que les autres se prélassent toute la journée au lit. Je passerai te revoir dans le courant de l’après-midi.
Elle entendait s’installer à la table du jardin et se souvint qu’il devait préparer son cours pour le lendemain. Et dire qu’elle l’avait patiemment aidé à traduire ces notes…
Quand Jo revint en milieu d’après-midi, Marina ne se réveilla même pas gisant dans ses défécations brouillées de sang. . Les élancements de ses intestins irrités par les doses massives de laxatif l’avaient laissée presque inconsciente.
Marina était blême, elle ne l’avait jamais vu dans cet état. Elle bafouilla quelques mots d’excuse entrecoupés de sanglots
— Je suis désolée, Jo je ne savais pas…
Jo comprit qu’il allait finir par l’effrayer. Il se calma aussi tôt.
— Non Marina, c’est à moi de m’excuser, je n’aurais pas du m’emporter. Je vais tout faire pour que tu me pardonnes.
Il la prit avec douceur contre lui et l’embrassa. Il la couvrait de baisers tout en lui chuchotant :
— Excuse-moi, ma chérie. Je t’aime tant. J’ai une idée pour te faire oublier ma mauvaise humeur. Monte dans la chambre, déshabille-toi, et attends-moi. J’arrive tout de suite.
Une dizaine de minutes plus tard, il admirait depuis la cage d’escalier, le corps nu et juvénile couché sur le grand lit. Elle feuilletait un magazine en l’attendant. Cette vision de l’abandon l’inspira profondément. Il profita encore quelques secondes du spectacle magnifique qu’elle lui offrait pour la dernière fois.
Quand il entra dans la pièce, Marina avait ce petit air espiègle qui lui aiguisait les particulièrement les sens.
— J’ai failli m’endormir en t’attendant
Dit-elle le sourire dans la voix.
— Oh mais ça valait la peine, tu vas voir. Laisse-toi faire.
Tout en la caressant il lui banda les yeux d’un foulard.
— Fais-confiance, allonge-toi. Oui comme ça et donne moi tes mains.
Sans cesser de poser des baisers sur son corps il lui attacha les mains.
— Jo, mais non, que fais-tu ?
— Chutttt, tu as confiance en moi non? Laisse toi faire.
Marina obéit, l’excitation l’emportant sur ses craintes.
Il attacha alors ses jambes bien solidement aux montants du lit. Marina ne protesta pas. Elle l’attendait.
Il lui fit l’amour avec une infinie douceur. Elle gémissait de plaisir, son corps s’arc-boutant pour mieux s’offrir. Puis, les sens enflammés par l’image de ce corps livré, il s’exalta de plus en plus. Les gémissements de Marina firent place à des cris. Elle le suppliait d’arrêter, il lui faisait mal. Elle essayait de lui échapper mais ses membres entravés lui rendaient la tâche impossible. Il lui envoya une telle gifle qu’il l’assomma à moitié. Il plaqua de toutes ses forces une main contre sa bouche alors que l’autre lui maintenait le cou. Il retira alors le bandeau des yeux.
— Ecoute moi-bien Domenica, tu va te tenir bien sagement et accepter le destin que je t’ai réservé.
Marina tenta de protester mais les sons ne sortaient que faiblement de sa gorge
— Jo, c’est moi Marina. Je ne suis pas Domenica
Il augmenta encore un peu plus la pression de ses doigts sur son cou.
— Tais-toi, je t’ai dit. Tu es Domenica parce que je le veux. Tu es à moi Domenica et je ne te livrerai aux autres que quand tu seras parfaite.
Il la bâillonna pour l’empêcher de crier.
Marina était terrorisée. Elle ne reconnaissait plus le gentleman qui l’avait séduite dix jours plus tôt. Elle tentait vainement de trouver une échappatoire. Jo était sorti de la pièce elle l’entendait descendre l’escalier puis se déplacer sur le parquet du salon. Elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire en bas. Pourquoi l’avait-il laissée seule comme ça. Qu’allait-il faire d’elle. Elle fut surprise de revoir sa silhouette dans l’embrasure de la porte. Il tenait l’appareil photo à la main. Doucement, il s’approcha d’elle, passa la main sur son visage et déposa un baiser sur son front. De manière tout à fait naturelle comme si la situation était normale. Elle voulait hurler mais le tissu était trop profondément enfoncé dans sa gorge.
Debout sur une chaise placée aux pieds du lit, il prenait des instantanés de la scène. Entièrement nu, il se masturbait en la photographiant.
— Regarde-moi Domenica. Si tu savais comme tu es belle. Ta peau est tellement lumineuse. Depuis le début je savais que tu serais photogénique. Elle sentit son sperme se répandre sur son ventre. Les yeux fermés, elle trembla de dégoût.
Jo disposa les polaroids sur le lit, entourant sa victime des images de son supplice. Puis il se rhabilla et parti sans un mot.
Le bruit des pneus de la Fiat crissant sur les graviers fut le dernier son qui lui parvint. Après tout fut calme. La douleur de ses bras attachés au-dessus de sa tête se faisait de plus en plus ressentir. Elle perdait la notion du temps. Depuis combien de temps était-elle là ? La lumière déclinait dans la pièce mais quelle heure pouvait-il bien être ?
Le bruit de la porte d’entrée la sortit de sa torpeur. Elle avait du s’endormir. Il faisait complètement noir maintenant.
Chargés de deux grands sacs de commissions Jo entra dans la chambre.
— Je n’ai pas été trop long ma douce ? Tu sais il y avait un monde fou en ville et je devais faire les courses pour tout le week-end. J’ai aussi acheté un tas de choses pour te rendre encore plus belle.
Il déballa une grande bâche de plastique, comme celle que les peintres utilisent pour protéger le sol. Il la fit glisser sous le corps de Marina pour protéger le lit.
- Voilà, comme ça tu ne risques pas de tout salir. C’est un peu moins confortable mais tu comprendras bien que je dois rendre la villa en parfait état.
Marina était terrorisée mais plus elle essayait de hurler plus le bâillon l’étouffait. Et, de toute façon, qui pourrait l’entendre dans cette maison isolée ?
Jo s’assit à califourchon sur son corps et pris son visage entre ses mains. Il lui parlait comme à un enfant.
— Domenica chérie, tu vas prendre tes médicaments. Ce n’est que du Sorbitole, rien de grave. Tu vas être une gentille fille, obéissante, et tu ne recracheras rien. Compris ?
Lui maintenant fermement la gorge, il retira le tissu de sa bouche et tenta d’y enfourner une bonne dizaine de gélules. Marina se débattait, essayait de crier et de le mordre. Jo jura quand les incisives de la jeune femme pénétrèrent dans le dos de sa main.
— Vilaine fille !
Il lui envoya alors un coup de poing qui la laissa groggy. Il en profita pour lui ouvrir grand la bouche et enfoncer à l’aide de trois doigts les capsules presque au fond de sa trachée. Elle eut un haut le cœur mais ça n’empêcha pas Jo de lui remettre le bâillon bien serré.
— Maintenant il faut laisser ton corps se purger et dans deux ou trois jours tu seras prête. Je passerai te voir de temps en temps, ne t’inquiète pas ma chérie, je ne suis pas loin.
Elle avait l’impression que ses membres pesaient des tonnes, surtout ses bras en extension au dessus de sa tête. Son œil avait aussi pas mal encaissé suite au coup de poing. Il avait peut-être réussi à lui éclater l’arcade sourcilière. Elle sentait maintenant ses intestins se contracter sous l’effet des laxatifs et comprit immédiatement l’utilité de la bâche qu’il avait disposée sous elle. En plus de la peur et de la douleur elle devait maintenant subir l’humiliation d’être souillée par ses matières fécales et sa propre urine. Quand est-ce que tout ça prendrait fin ? Combien de temps son organisme allait-il résister ? En sortirait-elle vivante ? Elle finit par s’endormir sans avoir trouvé de réponses à ses questions.
Les premiers rayons du soleil la réveillèrent. On devait être dimanche aujourd’hui. La maison était encore calme, aucun bruit ne lui parvenait du rez-de-chaussée. Elle avait soif, très soif même. Elle fit rapidement le calcul, ça faisait au moins 18 heures qu’elle n’avait rien bu. Sa langue était entièrement rêche et ses lèvres commençaient à se craqueler de toutes parts. Elle se rappelait avoir lu qu’un être humain ne pouvait survivre qu’au maximum trois jours sans eau. Trois jours moins 18 heures, c’est ce qu’il devait lui rester à vivre...Des bruits en provenance de la cuisine lui parvinrent. Elle reconnaissait le clapotis du percolateur, le grille pain-aussi. Ce salopard vivait sa petite vie comme si de rien était. Elle aurait donné cher pour avoir une tasse de thé ou de café.
— Bonjour Domenica adorée, bien dormi ? Tu as une odeur épouvantable ma belle, on va arranger tout ça.
Il partit dans la salle de bain pour en revenir aussi tôt avec une bassine d’eau et du savon. Ces objets du quotidien paraissaient incongrus dans la scène d’horreur qui était en train de se jouer. Jo entreprit de laver la jeune-femme avec beaucoup de délicatesse comme on le ferait avec un nouveau né. Il s’inquiétait de savoir si l’eau n’était pas trop chaude, si le parfum de la savonnette lui plaisait. Il retira la bâche souillée d’urine et d’excréments pour la remplacer par une neuve. Marina gémissait faiblement à travers son bâillon.
— Ecoute-moi, tu as l’air plus sage aujourd’hui. Si tu promets de ne pas crier, je veux bien retirer le bandeau.
Elle lui répondit par un signe de la tête, sa gorge était de toute façon trop sèche pour sortir un son.
— Voilà ma belle, comme ça je peux profiter de ta jolie bouche
D’une voix à peine audible Marina réussit à articuler
— Soif, de l’eau s’il te…
— Non non non, petite créature, ce n’est pas bon pour toi. Je sais que ça doit être pénible mais tu ne peux pas boire. Tu risquerais de tout gâcher. Bon, par ce que je t’aime et que je ne suis pas cruel je vais t’aider un peu.
Il prit un brumisateur dans le tiroir de la table de nuit et aspergea le visage de la jeune femme exactement comme il l’avait fait lors de l’accouchement de sa première épouse. Marina, bouche grand ouverte essayait en vain de capter la moindre molécule d’eau qui s’évaporait inexorablement au contact de l’air tiède de la pièce. La douleur de ses lèvres s’atténua quelque peu.
Son répit fut de courte durée car alors qu’elle ne s’y attendait pas, Jo lui enfonça à nouveau plusieurs gélules laxatives au fond de la gorge. Elle crut bien étouffer mais finalement finit par les avaler.
— Voilà ma chérie, je dois te laisser. Certains doivent bien travailler alors que les autres se prélassent toute la journée au lit. Je passerai te revoir dans le courant de l’après-midi.
Elle entendait s’installer à la table du jardin et se souvint qu’il devait préparer son cours pour le lendemain. Et dire qu’elle l’avait patiemment aidé à traduire ces notes…
Quand Jo revint en milieu d’après-midi, Marina ne se réveilla même pas gisant dans ses défécations brouillées de sang. . Les élancements de ses intestins irrités par les doses massives de laxatif l’avaient laissée presque inconsciente.
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Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
— Domenica, ma chérie, mais tu as vu dans quel état tu t’es mise ! Je vais devoir te re-nettoyer.
Jo refis alors les mêmes gestes que le matin, avec la même attention et la même douceur, changea à nouveau la bâche plastique.
— Voilà, tu es à nouveau toute belle, mais il va falloir aérer cette pièce, c’est épouvantable cette odeur, je me demande comment tu tiens là dedans ?
Marina l’entendait à peine, elle voyait juste à travers ses paupières presque closes, son ombre circuler dans la pièce.
— Puisque tu es calme aujourd’hui, je vais te détacher, car j’ai besoin que tu puisses garder les bras le long de ton corps, sinon ça n’ira pas.
Il commença à défaire les liens de ses chevilles, puis détacha ses poignets de la tête du lit. Marina sortit de sa torpeur lorsqu’il voulut rabattre ses membres contre ses flancs. Elle trouva même l’énergie de pousser un cri de douleur tant elle avait mal. Elle avait l’impression que le haut de son corps s’était figé, comme pris dans la glace. Combien de temps était-elle restée dans cette position ? Deux jours ? Peut-être trois. Elle ne savait plus.
Jo était toujours armé de son polaroïd. Il prenait encore des photos d’elle, meurtrie, recroquevillée sur le lit. Puis les alignait avec les autres sur la commode. Il devait maintenant y en avoir plusieurs dizaines.
— Ma chérie, pardonne-moi, je vais encore devoir te laisser. Je dois préparer mes notes pour demain et faire quelques recherches. J’espère que tu ne m’en veux pas de te laisser ainsi. Mais tu vois, maintenant j’ai confiance en toi, tu es libre d’aller où tu veux.
Elle entendit son rire s’évanouir dans la cage l’escalier et replongea dans un demi-coma.
C’est le son de la radio provenant de la cuisine qui la sortit de son sommeil sans rêve. Même si la soif était devenue intolérable elle avait réussi à récupérer un peu de force en dormant. Elle se souvint qu’elle était libre maintenant. Ce serait trop bête de ne rien tenter pour échapper à ce malade. Avant toute chose elle devait atteindre la salle de bain pour trouver un peu d’eau. Il fallait qu’elle rassemble ses forces dans cet ultime effort. Elle se fit rouler sur le côté pour rejoindre le bord du lit. Elle sentait bien qu’elle serait incapable de tenir debout mais elle pouvait toujours se laisser glisser pour descendre jusqu’au plancher et ensuite ramper jusqu’à la baignoire. Ce n’était pas aussi simple qu’elle l’avait imaginé. Une fois sur le sol, elle ne parvenait pas à se traîner. Le bas de son dos était raidi par la douleur, ses reins devaient certainement commencer à se bloquer. Ses bras n’avait plus la force de tirer son corps. Elle avait atteint le milieu de la chambre quand elle s’évanouit.
Jo fut étonné de ne pas la retrouver sur le lit. Elle était moins faible qu’il ne le pensait. A chaque fois il était émerveillé des ressources que ses victimes déployaient pour survivre alors qu’elles savaient pertinemment bien que l’issue serait fatale. Parfois l’art mérite certains sacrifices.
— Et bien ma belle captive essaye de retrouver la liberté ? Trop tard ma chérie, tu arrives presque au bout de ta vie terrestre, mais, je te rassure, la postérité va t’accueillir à bras ouverts.
Il déposa la jeune femme sur le matelas et vaporisa son visage pour la faire revenir à elle. Marina savoura la brume d’eau qui se posait sur ses lèvres et entrouvrit les paupières.
— Domenica bella, c’est important maintenant. Il faut que tu restes éveillée, j’ai besoin de ta participation pour la phase finale. C’est vraiment très important que tu y prennes part. C’est pour te rendre hommage que je fais tout ça quand même.
Elle n’essayait plus de comprendre ses paroles, juste lui échapper au moins par la pensée.
— Nan, garde les yeux ouverts vilaine fille. Tu dois pouvoir admirer mon travail. Attends, je vais t’aider…
Il farfouilla dans un sac au pied du lit pour en sortir un petit tube de colle chirurgicale. C’est fou tout ce qu’on peut faire avec ces nouveaux pansements. Il appliqua le liquide sur la paupière gauche de sa prisonnière puis à l’aide du pouce et de l’index maintint son œil grand ouvert toute une minute.
— Voilà, c’est bien comme ça. A l’autre maintenant.
Marina restant sans réaction, il opéra de la même manière pour le deuxième côté.
— Magnifique ! Une vraie poupée, rien que pour moi. Je vais encore te prendre en photo.
Jo jouait avec elle, la coiffait, la maquillait, lui faisait prendre la pose. Les instantanés accumulaient sur la commode. Marina restait docile, tout espoir de s’en sortir avait maintenant disparu. Elle désirait juste ne plus souffrir, que tout aille vite.
— Courage ma chérie c’est presque terminé. Encore juste quelques petits éléments à apporter et tu seras fin prête. Et regarde ce que je t’ai trouvé, elle est jolie non.
Jo lui montrait une petite boîte de forme oblongue en bois laqué de rouge. Il l’ouvrit et y déposa un rectangle blanc de carton sur lequel était parfaitement calligraphié JO-DOMENICA 1.4
— Tu vois ma belle, c’est la signature qui fait l’œuvre. Maintenant et pour tout jamais tu seras ma plus belle création.
Jo s’installa à genoux sur le lit entre les jambes de la jeune femme de manière à ce qu’elle ne puisse les refermer.
Il enfonça brutalement, l’étui carmin et son symbolique contenu dans le vagin de Marina. Son corps ne réagit même plus face à cette intrusion. Jo commença à perdre patience alors qu’il tenta d’enfiler un fil à broder de même couleur. Il y arriva enfin et entrepris de coudre avec soin les lèvres du sexe de la jeune femme qui avait eu le tort de croire à ses mensonges. Le corps de Marina se couvrit d’un léger film de sueur.
— Voilà, maintenant tu es prête à participer activement à une grande œuvre. Profite bien de ce moment, peu de personnes l’ont vécu. J’espère que tu te rends compte de la chance que je te donne.
La jeune femme ne l’entendait plus. Ses yeux grand ouverts ne reflétaient plus que le vide immense.
Jo emballa le corps de Marina dans une fine couche de cellophane rose fuchsia. Seule sa figure était encore à l’air libre. Il embrassa une dernière fois sa victime avant de continuer à l’emmailloter. Lorsqu’il couvrit le visage immobile avec le plastique, un petit rond de buée se forma à l’emplacement de sa bouche, il disparu en quelques secondes. Marina avait cessé de vivre sans même un ultime soubresaut.
Jo continuait à s’activer sur la dépouille qui prenait des allures de momie du troisième millénaire. Il en était maintenant au placement de la dernière couche d’emballage, la plus difficile à mettre. Il avait trouvé une toile plastique ocre, très fine et élastique, un peu comme une seconde peau qui lui permettait de réaliser les drapés qu’il souhaitait. La position allongée du cadavre ne lui facilitait pas le travail et malgré les 40 petits kilos de sa victime, Jo commençait à s’épuiser à retourner continuellement le corps pour arranger la toile. Il devrait en tenir compte pour la prochaine fois, essayer de trouver un stratagème pour que les filles meurent debout. Ainsi il pourrait plus facilement travailler. Il touchait enfin à son but. Il ne lui restait plus qu’à sangler le tout à l’aide de cordes qu’il avait confectionnées dans la même toile. Il s’était intéressé au bondage japonais et savait exactement à quoi il voulait arriver. Une fois qu’on maîtrise la technique ce n’est pas plus compliqué qu’autre chose. Il était heureux, sa composition était telle qu’il l’avait imaginée. Il se mit à espérer qu’un jour son art serait reconnu, qu’il serait étudié parmi les plus grands, que des étudiants le choisirait comme sujet de recherche.
Il penserait à tout ça plus tard. Maintenant, il fallait profiter de l’obscurité pour aller placer sa Domenica en ville. Le choix du premier lieu d’exposition faisant finalement aussi partie de l’œuvre.
L’excitation qu’il ressentait était telle qu’il arriva à descendre le corps presque sans peine. Heureusement qu’elle était si petite, sans quoi il aurait été incapable de la transporter dans la Fiat 500 même avec la banquette rabattue. Il avait repéré l’endroit idéal sur le grand canal lors de ses balades avec Marina. Alors qu’elle lui parlait de ses projets futurs, il avait consciemment choisi le lieu où il livrerait sa dépouille.
L’embarcation choisie était bien là, amarrée le long du quai. Il s’agissait d’une barque à moteur, comme il y en avait des dizaines à cet endroit. Il l’avait préférée aux autres car c’était la seule qui était d’un blanc immaculé. Ce ne fut pas évident pour Jo de disposer le corps sur le bateau. Il jura lorsque par mégarde il arracha un morceau de la toile ocre en faisant basculer l’œuvre à l’arrière de l’embarcation. Heureusement c’était dans le dos et ça ne se verrait pratiquement pas. Il réajusta le drapé ainsi que les entrecroisements du bondage qui s’étaient déplacés pendant le transport. Une fois qu’il jugea le résultat conforme à l’idée qu’il s’en faisait il poussa la barque vers le milieu de l’eau. Il se réjouissait de venir demain matin aux premières lueurs du jour pour photographier son œuvre. Il était certain que la silhouette orange abandonnée entre le bleu du ciel et de l’eau serait du meilleur effet. Il retourna à sa voiture un sourire aux lèvres, son prochain exposé sur Christo serait une réussite.
Jo refis alors les mêmes gestes que le matin, avec la même attention et la même douceur, changea à nouveau la bâche plastique.
— Voilà, tu es à nouveau toute belle, mais il va falloir aérer cette pièce, c’est épouvantable cette odeur, je me demande comment tu tiens là dedans ?
Marina l’entendait à peine, elle voyait juste à travers ses paupières presque closes, son ombre circuler dans la pièce.
— Puisque tu es calme aujourd’hui, je vais te détacher, car j’ai besoin que tu puisses garder les bras le long de ton corps, sinon ça n’ira pas.
Il commença à défaire les liens de ses chevilles, puis détacha ses poignets de la tête du lit. Marina sortit de sa torpeur lorsqu’il voulut rabattre ses membres contre ses flancs. Elle trouva même l’énergie de pousser un cri de douleur tant elle avait mal. Elle avait l’impression que le haut de son corps s’était figé, comme pris dans la glace. Combien de temps était-elle restée dans cette position ? Deux jours ? Peut-être trois. Elle ne savait plus.
Jo était toujours armé de son polaroïd. Il prenait encore des photos d’elle, meurtrie, recroquevillée sur le lit. Puis les alignait avec les autres sur la commode. Il devait maintenant y en avoir plusieurs dizaines.
— Ma chérie, pardonne-moi, je vais encore devoir te laisser. Je dois préparer mes notes pour demain et faire quelques recherches. J’espère que tu ne m’en veux pas de te laisser ainsi. Mais tu vois, maintenant j’ai confiance en toi, tu es libre d’aller où tu veux.
Elle entendit son rire s’évanouir dans la cage l’escalier et replongea dans un demi-coma.
C’est le son de la radio provenant de la cuisine qui la sortit de son sommeil sans rêve. Même si la soif était devenue intolérable elle avait réussi à récupérer un peu de force en dormant. Elle se souvint qu’elle était libre maintenant. Ce serait trop bête de ne rien tenter pour échapper à ce malade. Avant toute chose elle devait atteindre la salle de bain pour trouver un peu d’eau. Il fallait qu’elle rassemble ses forces dans cet ultime effort. Elle se fit rouler sur le côté pour rejoindre le bord du lit. Elle sentait bien qu’elle serait incapable de tenir debout mais elle pouvait toujours se laisser glisser pour descendre jusqu’au plancher et ensuite ramper jusqu’à la baignoire. Ce n’était pas aussi simple qu’elle l’avait imaginé. Une fois sur le sol, elle ne parvenait pas à se traîner. Le bas de son dos était raidi par la douleur, ses reins devaient certainement commencer à se bloquer. Ses bras n’avait plus la force de tirer son corps. Elle avait atteint le milieu de la chambre quand elle s’évanouit.
Jo fut étonné de ne pas la retrouver sur le lit. Elle était moins faible qu’il ne le pensait. A chaque fois il était émerveillé des ressources que ses victimes déployaient pour survivre alors qu’elles savaient pertinemment bien que l’issue serait fatale. Parfois l’art mérite certains sacrifices.
— Et bien ma belle captive essaye de retrouver la liberté ? Trop tard ma chérie, tu arrives presque au bout de ta vie terrestre, mais, je te rassure, la postérité va t’accueillir à bras ouverts.
Il déposa la jeune femme sur le matelas et vaporisa son visage pour la faire revenir à elle. Marina savoura la brume d’eau qui se posait sur ses lèvres et entrouvrit les paupières.
— Domenica bella, c’est important maintenant. Il faut que tu restes éveillée, j’ai besoin de ta participation pour la phase finale. C’est vraiment très important que tu y prennes part. C’est pour te rendre hommage que je fais tout ça quand même.
Elle n’essayait plus de comprendre ses paroles, juste lui échapper au moins par la pensée.
— Nan, garde les yeux ouverts vilaine fille. Tu dois pouvoir admirer mon travail. Attends, je vais t’aider…
Il farfouilla dans un sac au pied du lit pour en sortir un petit tube de colle chirurgicale. C’est fou tout ce qu’on peut faire avec ces nouveaux pansements. Il appliqua le liquide sur la paupière gauche de sa prisonnière puis à l’aide du pouce et de l’index maintint son œil grand ouvert toute une minute.
— Voilà, c’est bien comme ça. A l’autre maintenant.
Marina restant sans réaction, il opéra de la même manière pour le deuxième côté.
— Magnifique ! Une vraie poupée, rien que pour moi. Je vais encore te prendre en photo.
Jo jouait avec elle, la coiffait, la maquillait, lui faisait prendre la pose. Les instantanés accumulaient sur la commode. Marina restait docile, tout espoir de s’en sortir avait maintenant disparu. Elle désirait juste ne plus souffrir, que tout aille vite.
— Courage ma chérie c’est presque terminé. Encore juste quelques petits éléments à apporter et tu seras fin prête. Et regarde ce que je t’ai trouvé, elle est jolie non.
Jo lui montrait une petite boîte de forme oblongue en bois laqué de rouge. Il l’ouvrit et y déposa un rectangle blanc de carton sur lequel était parfaitement calligraphié JO-DOMENICA 1.4
— Tu vois ma belle, c’est la signature qui fait l’œuvre. Maintenant et pour tout jamais tu seras ma plus belle création.
Jo s’installa à genoux sur le lit entre les jambes de la jeune femme de manière à ce qu’elle ne puisse les refermer.
Il enfonça brutalement, l’étui carmin et son symbolique contenu dans le vagin de Marina. Son corps ne réagit même plus face à cette intrusion. Jo commença à perdre patience alors qu’il tenta d’enfiler un fil à broder de même couleur. Il y arriva enfin et entrepris de coudre avec soin les lèvres du sexe de la jeune femme qui avait eu le tort de croire à ses mensonges. Le corps de Marina se couvrit d’un léger film de sueur.
— Voilà, maintenant tu es prête à participer activement à une grande œuvre. Profite bien de ce moment, peu de personnes l’ont vécu. J’espère que tu te rends compte de la chance que je te donne.
La jeune femme ne l’entendait plus. Ses yeux grand ouverts ne reflétaient plus que le vide immense.
Jo emballa le corps de Marina dans une fine couche de cellophane rose fuchsia. Seule sa figure était encore à l’air libre. Il embrassa une dernière fois sa victime avant de continuer à l’emmailloter. Lorsqu’il couvrit le visage immobile avec le plastique, un petit rond de buée se forma à l’emplacement de sa bouche, il disparu en quelques secondes. Marina avait cessé de vivre sans même un ultime soubresaut.
Jo continuait à s’activer sur la dépouille qui prenait des allures de momie du troisième millénaire. Il en était maintenant au placement de la dernière couche d’emballage, la plus difficile à mettre. Il avait trouvé une toile plastique ocre, très fine et élastique, un peu comme une seconde peau qui lui permettait de réaliser les drapés qu’il souhaitait. La position allongée du cadavre ne lui facilitait pas le travail et malgré les 40 petits kilos de sa victime, Jo commençait à s’épuiser à retourner continuellement le corps pour arranger la toile. Il devrait en tenir compte pour la prochaine fois, essayer de trouver un stratagème pour que les filles meurent debout. Ainsi il pourrait plus facilement travailler. Il touchait enfin à son but. Il ne lui restait plus qu’à sangler le tout à l’aide de cordes qu’il avait confectionnées dans la même toile. Il s’était intéressé au bondage japonais et savait exactement à quoi il voulait arriver. Une fois qu’on maîtrise la technique ce n’est pas plus compliqué qu’autre chose. Il était heureux, sa composition était telle qu’il l’avait imaginée. Il se mit à espérer qu’un jour son art serait reconnu, qu’il serait étudié parmi les plus grands, que des étudiants le choisirait comme sujet de recherche.
Il penserait à tout ça plus tard. Maintenant, il fallait profiter de l’obscurité pour aller placer sa Domenica en ville. Le choix du premier lieu d’exposition faisant finalement aussi partie de l’œuvre.
L’excitation qu’il ressentait était telle qu’il arriva à descendre le corps presque sans peine. Heureusement qu’elle était si petite, sans quoi il aurait été incapable de la transporter dans la Fiat 500 même avec la banquette rabattue. Il avait repéré l’endroit idéal sur le grand canal lors de ses balades avec Marina. Alors qu’elle lui parlait de ses projets futurs, il avait consciemment choisi le lieu où il livrerait sa dépouille.
L’embarcation choisie était bien là, amarrée le long du quai. Il s’agissait d’une barque à moteur, comme il y en avait des dizaines à cet endroit. Il l’avait préférée aux autres car c’était la seule qui était d’un blanc immaculé. Ce ne fut pas évident pour Jo de disposer le corps sur le bateau. Il jura lorsque par mégarde il arracha un morceau de la toile ocre en faisant basculer l’œuvre à l’arrière de l’embarcation. Heureusement c’était dans le dos et ça ne se verrait pratiquement pas. Il réajusta le drapé ainsi que les entrecroisements du bondage qui s’étaient déplacés pendant le transport. Une fois qu’il jugea le résultat conforme à l’idée qu’il s’en faisait il poussa la barque vers le milieu de l’eau. Il se réjouissait de venir demain matin aux premières lueurs du jour pour photographier son œuvre. Il était certain que la silhouette orange abandonnée entre le bleu du ciel et de l’eau serait du meilleur effet. Il retourna à sa voiture un sourire aux lèvres, son prochain exposé sur Christo serait une réussite.
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Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
J'aime beaucoup ce genre d'histoire, et l'ai trouvée bien menée en l'occurrence, sauf que l'exposition (avant que la situation bascule) m'a paru un peu longue, et que je trouve inutile de faire chier la pauvre Marina une deuxième fois. Bref, à mon avis le texte gagnerait à être resserré.
A un moment, la victime s'appelle Monica (je ne sais plus où au juste).
A un moment, la victime s'appelle Monica (je ne sais plus où au juste).
Invité- Invité
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
On ne répond habituellement pas aux commentaires mais ici, l'exception est faite pour aider :
Monica était terrorisée.
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Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Si un gentil modérateur veux bien corriger le Monica en Marina , c'est à peu près au milieu du deuxième post.
Merci
< Fait ! Et une deuxième fois dans "Monica se débattait, essayait de crier et de le mordre". ;:) >
Merci
< Fait ! Et une deuxième fois dans "Monica se débattait, essayait de crier et de le mordre". ;:) >
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Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Vraiment trop fatiguée ce soir : veut pas veux ...
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Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Je savais bien que les profs...Bon, les fins d'histoire à la pygmalion serial douleur moyen pour moi.
J'aimerais un peu l'inverse.
J'aimerais un peu l'inverse.
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Date d'inscription : 08/02/2009
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Mon Dieu ! Quelle horreur !
Où vas-tu chercher tout ça ?
Vite,vite un peu d'eau fraîche.
J'aurai tant voulu vaquer sur le port pour arracher les yeux de cet individu.
Les frissons me parcourent le corps ce qui signifie que l'exercice proposé est excellent.
Où vas-tu chercher tout ça ?
Vite,vite un peu d'eau fraîche.
J'aurai tant voulu vaquer sur le port pour arracher les yeux de cet individu.
Les frissons me parcourent le corps ce qui signifie que l'exercice proposé est excellent.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
c'est dégueu, pour le moins
quelle imagination !
une histoire qui commençait si bien !
j'ai regretté quelques descriptions un peu trop précises, cliniques, une rédaction plus suggérée m'aurait mieux convenu, mais bon
dis, tu as bien dépassé les 2 fois 15000 signes ou je me trompe ? :-))
enfin, la nouvelle est bien emballée ;-)
quelle imagination !
une histoire qui commençait si bien !
j'ai regretté quelques descriptions un peu trop précises, cliniques, une rédaction plus suggérée m'aurait mieux convenu, mais bon
dis, tu as bien dépassé les 2 fois 15000 signes ou je me trompe ? :-))
enfin, la nouvelle est bien emballée ;-)
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
abstract a écrit: de la jeune femme qui avait eu le tort de croire à ses mensonges.
Un peu incongru au milieu de ce joyeux festival, non? J'avoue un faible pour ce genre, de surcroît fort bien écrit. Transgressant allègrement les contraintes de longueur, mais il fallait installer le climat sans alerter le lecteur. Pour moi, une gourmandise.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
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Date d'inscription : 30/05/2009
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Jo à contrepied c'est une surprise !
Je n'aime pas de façon générale les thrillers et autres policiers mais je dois quand même avouer avoir été scotchée malgré moi par cette lecture. Ce sentiment à peine diffus d'avoir cédé à des tendances voyeuristes...
Je n'aime pas de façon générale les thrillers et autres policiers mais je dois quand même avouer avoir été scotchée malgré moi par cette lecture. Ce sentiment à peine diffus d'avoir cédé à des tendances voyeuristes...
Invité- Invité
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Précision : je n'ai pas de tendances voyeuristes :-), mais le texte m'a fait l'effet de cultiver cette potentialité chez le lecteur.
Invité- Invité
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Comme le fait remarquer Socque, je crois, le début est plutôt long et assez soporifique. En le parcourant, je me suis cru dans un marc Levy avec rencontre fortuite romantico-fantasmée ... bref, la caricature.
et puis de marc Levy, on bascule vers du gore style grangé ou chattam ... le lecteur y gagne en intérêt et c'est vrai que le reste se lit vite, on a envie de savoir la suite ...
ceci étant, je ne suis pas fan du genre non plus. comme Mentor, j'aurais préféré moins de détails et plus de suggestions. de manière générale, je trouve que le recours aux descriptions morbides, au gore, n'apporte rien à l'histoire. bien sûr, ça horrifie le lecteur peu habitué au genre mais après lecture de plusieurs romans / nouvelles du même acabit, le procédé n'a plus d'effet sur ce lecteur. je préfère grandement l'art d'éveiller le suspense, la tension par la suggestion, par le langage. le maître en la matière étant pour moi le vieux Lovecraft.
voilà pour mon avis ;-)
et puis de marc Levy, on bascule vers du gore style grangé ou chattam ... le lecteur y gagne en intérêt et c'est vrai que le reste se lit vite, on a envie de savoir la suite ...
ceci étant, je ne suis pas fan du genre non plus. comme Mentor, j'aurais préféré moins de détails et plus de suggestions. de manière générale, je trouve que le recours aux descriptions morbides, au gore, n'apporte rien à l'histoire. bien sûr, ça horrifie le lecteur peu habitué au genre mais après lecture de plusieurs romans / nouvelles du même acabit, le procédé n'a plus d'effet sur ce lecteur. je préfère grandement l'art d'éveiller le suspense, la tension par la suggestion, par le langage. le maître en la matière étant pour moi le vieux Lovecraft.
voilà pour mon avis ;-)
Charles- Nombre de messages : 6288
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Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
abstract, que dire si ce n'est que j'ai adoré ton texte!
Au début, je me suis demandée où tu m'emmenais, j'ai craint l'histoire d'amour nunuche entre un prof maladroit et une femme timide (je soupirais déjà, hum) et puis, en y allant efficacement et crescendo, tu montes une histoire froide et cruelle, dans laquelle tu parviens à bien faire ressentir la perverse folie de cet homme mais aussi sa naïveté, son éblouissement devant l'accomplissent de l'oeuvre d'art finale. Tu es arrivée à me faire ressentir ce qu'elle ou lui pouvaient éprouver, à vivre cette tension et à regarder cette histoire avec un tiraillement dans l'estomac. Bien joué, bien mené, avec une écriture soignée et agréable. Merci :-)
Au début, je me suis demandée où tu m'emmenais, j'ai craint l'histoire d'amour nunuche entre un prof maladroit et une femme timide (je soupirais déjà, hum) et puis, en y allant efficacement et crescendo, tu montes une histoire froide et cruelle, dans laquelle tu parviens à bien faire ressentir la perverse folie de cet homme mais aussi sa naïveté, son éblouissement devant l'accomplissent de l'oeuvre d'art finale. Tu es arrivée à me faire ressentir ce qu'elle ou lui pouvaient éprouver, à vivre cette tension et à regarder cette histoire avec un tiraillement dans l'estomac. Bien joué, bien mené, avec une écriture soignée et agréable. Merci :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
voilà quelqu'un que je dois encore explorer !Charles a écrit:et puis de marc Levy, on bascule vers du gore style grangé ou chattam ...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Un récit très bien écrit, à part quelques problèmes de ponctuation… Il m’a laissé un sentiment de malaise, c’est le genre d’histoires que je n’aime plus lire, mais c’est réussi. J’aurais aimé que Jo meure à la fin, et pas seulement parce que cela faisait partie des consignes.
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Je comprends bien ton désir de voir mourir JO mais la consigne était d’assister à la mort de Jo-Domenica, pas celle de Jo. Et comme Jo-Domenica doit normalement revivre dans un prochain épisode c’est la seule astuce que j’ai trouvée. Je dois reconnaitre que j’ai vraiment dû me creuser les méninges pour trouver le moyen de le/la tuer tout en lui permettant de revivre à chaque fois. C’est en lisant vos textes que je me suis aperçue être la seule à comprendre ainsi la consigne… En ce qui concerne la ponctuation, j’essaye de faire un effort pour l’améliorer mais il y a encore du travail.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: JO DOMENICA : TRIESTE - Série 1.4
Un sacré casse-tête en effet ! Une bien belle prouesse pour le coup ! :-)abstract a écrit:Je comprends bien ton désir de voir mourir JO mais la consigne était d’assister à la mort de Jo-Domenica, pas celle de Jo.
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