La nuit

La nuit

Douze coups au clocher, un vent léger se lève.
Ma fenêtre, squattée pour cause d’insomnie,
Est cadre improvisé pour un tableau de rêve.
La lune débonnaire sourit, épanouie,
Aux ombres des statues qui doucement s’allongent.
L’eau du bassin, joueuse, ondule en friselis,
Torturant le reflet du saule échevelé.
Comme tout paraît gai, si calme et accueillant !
Seul le rire du merle me manque à cet instant.
La grenouille s'est tue déjà au crépuscule
Mais mille petits bruits, craquements minuscules
Me disent que la vie palpite en cet endroit.
Demain le grand soleil la vie et son vacarme
Investiront les lieux, auront droit de cité.
Je fermerai les yeux, feindrai la cécité,
Attendant de la nuit retrouver tous les charmes.

embellie

C'est un texte tout en douceur qui est un partage intime ... L'apparition furtive de vers impose une douceur , une certaine somnolence en rapport avec le sujet , pour ma part je n'aurais mis que des minuscules pour creer l'effet chuchoté ...

amitiés ...

Ca me fait l'effet d'une rose ancienne : des couleurs pâles mais magnifiques, des pétales serrés et bien rangés. Et puis pour y aller franc balancé, une odeur toute douce, joli rêve d'été!

Sur le ton de la confidence, à mi-voix. L'atmosphère est bien rendue. Vive l'insomnie!

J'aime, que dire de plus...

C'est vrai que c'est empreint de douceur, peut-être un brin trop sage dans la forme... Le début, jusqu'au merle en fait, me plaît beaucoup, après, je trouve qu'on bascule dans du plus conventionnel, moins réussi dans l'expression.
Ici, je me demande s'il n'y a pas une certaine incohérence dans le choix des mots, entre "échevelé" et "gai" et "calme" :

"Torturant le reflet du saule échevelé.
Comme tout paraît gai, si calme et accueillant !"

Poussetontraineau, pas mal l'idée des minuscules. Je n'y ai pas pensé.
Tu as raison Easter, cette gêne m'avait effleurée. C'est le mot torturant qui n'est pas adéquat dans ce contexte.
"S'amusant du reflet du saule échevelé" serait mieux, mais j'ai alors "du, du" qui n'est pas très heureux. Ciel ! que c'est difficile d'écrire en vers, mais je veux insister un peu, c'est passionnant. Merci à tous pour vos commentaires. A +. embellie

Tendre et parfumée, une nuit d'aquarelle ...
Laisse un peu la fenêtre ouverte

Une belle évocation. L'atmosphère d'un monde ensommeillé s'impose à l'esprit par le choix d'un vocabulaire efficace qui fait comme surgir de l'ombre des tableaux dont la peinture impressionniste possède le secret... L'oeil assimilé à un projecteur chargé de révéler l'insoupçonnable.
Cordialement.

embellie a écrit:"S'amusant du reflet du saule échevelé" serait mieux, mais j'ai alors "du, du" qui n'est pas très heureux

Peut-être S'amusant du reflet d'un saule échevelé pour supprimer un des du, mais je ne suis pas sûre que ce soit beaucoup plus heureux.

J'ai aimé la douceur de l'ensemble, même si je la trouve convenue. Il y a un côté suranné dans tout cela qui me plaît, c'est désuet tout en étant intimiste et puis il y a de la torpeur qui s'en dégage, c'est agréable. De plus, c'est visuel, on imagine aisément la tableau avec l'impression de vivre soi-même la scène.

Merci Sahkti. Ton intervention m'a obligée à réfléchir encore et je crois que j'ai trouvé :
"L'eau du bassin, joueuse, ondule en friselis,
Titillant le reflet du saule échevelé."
Là, elle est vraiment joueuse cette eau, non ?
Et plus de "torturant" et plus de "du-du" !

Taquinant, plutôt que titillant ? :-)

Youpy ! Encore mieux ! MERCI.

Pourquoi pas ébouriffé au lieu d'échevelé pour le saule, puisque l'image gênait un peu?

Mais c'est bien sûr ! Ebouriffé c'est parfait.
Je remarque, en relisant le tout, corrigé, qu'il y a beaucoup de "R" dans ce texte et ce sont, en partie, ces sonotités arrondies, roulantes, qui doivent lui conférer une certaine douceur, comme il m'a été dit.
On se croirait dans un atelier d'écriture. C'en est un, en fait. Merci à tous pour votre collaboration. Je n'interviens plus, à présent. Faut pas abuser du remonte-pente.

Oserais-je solliciter ton avis sur mon dernier texte en prose, qui évoque le plus beau métier du monde -je te concède volontiers que le tien vient immédiatement derrière?