J'ai pas peur !

J'ai pas peur !

Parce que tu crois qu’il suffit de crier pour se faire entendre ?
T’as beau rouler tes yeux dans leur puits à sec, leur crissement j’ai pas peur, leur crissement j’ai pas peur !
T’as dedans l’araignée bleue des glaçons de ton cœur et t’as pas plus de cœur que les ciseaux de tes yeux, pendant que ton cri tranche l’air au lancer de ton poing
J’ai pas peur, t’entends, j’ai pas peur !

Un trou de rage, et tous ces éclats en papillons colère à percer les semelles
Déchirure brutale, c’était beau et ce n’est plus que sale sur le tapis d’éclairs
T’as le torse en orage
Les veines de ton cou comme un toro d’arènes
Mais t’es pas condamné si ce n’est à toi-même…

T’as beau vomir ta rage en écumant d’insultes et saisir de tes doigts la chair d’un plus petit
T’iras pas au podium des médaillés d’amour.
Que se tordent tes lèvres apocalypses blanches
D’entre tes dents siffle le verbe de va-t-en pendant que tu retiens entre les murs
La haine de toi-même

T’avales de la paume l’air qu’on pouvait respirer, bien serré étranglé entre tes doigts d’acier
Et lui docile de se rapetisser, pendant que bien droite je fais semblant l’immortalité
J’plierai pas, tu peux bien trembler les vitres et menacer plus fort
Intrusif à trancher la douceur de l’Enfant
Le broyer plus petit que le rien dans ton poing ramassé
Y’a pas le choix ; j’ai pas peur, t’entends, j’ai pas peur !

Toi c’est fini.
Il reste désormais
L’Enfant, moi
Et la vie


Romane

Rageuse et déterminée. Je n'aime pas tout ce que ce poème évoque, mais tu le fais bien, c'est diablement efficace, je les entends ces cris, je la ressens la puissance de cette colère.
Pas fan, jamais, des élisions.
En revanche j'ai relevé ceci bien trouvé : T’as le torse en orage

j'aime ce poème qui exprime si bien des pensées si douloureuses
mais et ce n'est que mon avis d'amateur
j'aurai personnellement préféré que les phrases si percutantes, soient scindées
j'aurai enlevé les "et" et les virgules
pour ne faire que des phrases courtes
exemple pour me faire comprendre:
Parce que tu crois qu’il suffit de crier pour se faire entendre ?
T’as beau rouler tes yeux dans leur puits à sec
leur crissement j’ai pas peur
leur crissement
j’ai pas peur !
T’as dedans l’araignée bleue des glaçons de ton cœur
t’as pas plus de cœur que les ciseaux de tes yeux
pendant que ton cri tranche l’air au lancer de ton poing
J’ai pas peur, t’entends,
j’ai pas peur ![/quote]
pas grand chose certes, mais pour la lecture, plus facile je pense et encore plus percutant aussi à mon goût
mais j'aime .....

Pas fan des élisions non plus mais elles ajoutent, ici, à la fragilité presque enfantine de la narratrice dressée contre ce bloc de colère et de haine.

T’as le torse en orage
Les veines de ton cou comme un toro d’arènes
Mais t’es pas condamné si ce n’est à toi-même…

Vraiment bien vu, frémissant de vie, j'aime !

Très fort, oral et musical à la fois, Romane. On sent bien ce cri et cette rage, tout cela est restitué avec habileté, grâce à ce langage vivant qui se démarque des traditionnels effets lyriques qu'on peut craindre quand on lit de telles suppliques.

Ha oui, je relis, il y a vraiment de jolies formules dont la beauté n'atténue pas la puissance du cri poussé, c'est réussi.

C'est un peu brouillon me semble-t-il. Mais sous le coup d'une colère apparemment justifiée, la parole échappe au contrôle. La scène de ménage entre en poésie comme le petit son dans la composition du pain complet.
Cordialement.

Marrant , ce passage :

Les veines de ton cou comme un toro d’arènes

a fait ressurgir tout un tas de trucs pas forcément positifs qui ont trait au Sud, à la Provence. Du coup, je suis plutôt complice de ta colère, je lis le tout avec le déplaisir que tu veux nous transmettre, avec plaisir.

Pouvoir mettre autant de force, de rage, de colère, de défi en poésie me paraît fabuleux.
J'admire cette prouesse.
Tu exprimes là ce que beaucoup de femmes, hélas, voudraient pouvoir extirper d'elles-mêmes, mais restent pourtant bouche close.
Merci pour elles, merci pour ton immense talent.
Embellie.

je n'ai pas trop aimé cette avalanche de mots et d'images assénées

et puis je l'ai lu à haute voix
et là tout change, une vague se soulève, et emporte tout
le rythme syncopé, le martèlement de la souffrance

Maelstrom de douleurs tues et de rancoeurs tenaces
un uppercut à la vie KO

Je n'avais pas vu vos interventions, toute prise que j'étais par la préparation des deux Nuits du Théâtre qui se sont achevées au petit-matin d'aujourd'hui. En tout cas, je les découvre ce matin, dans le petit tour que je me suis fixé de faire juste avant départ pour deux mois de mise au vert (faut c'qui faut, pour reprendre des forces). Et je tiens à tous vous remercier de votre passage ici et de vos commentaires.

@ Petit-doute : oui, j'aurais pu.
Mais je n'ai pas choisi cette simplicité là (car oui, ça aurait été plus facile, je l'ai déjà employée pour d'autres thèmes), parce que j'ai préféré restitué cette avalanche de mots qui viennent comme ça lorsqu'on les lâche d'un bloc. J'aurais aussi pu écrire tout le texte à la suite, sans ponctuation. Mais il aurait manqué la respiration, qui est très importante dans ce passage anarchique à la fois quand on le vit par les gestes et dans ce qu'on lâche verbalement.
Les moments chaos ne se traduisent pas comme quelque chose de rangé. Les phrases courtes et les retours à la ligne, le manque de ponctuation, je les ai soigneusement évités sciemment. Trop clean.
C'est pas propre, une scène comme ça. Faut qu'elle dérange. Faut qu'elle soit anarchique.
Sur scène, je sais exactement comment je le ferais dire, et ça passerait dans l'intention exacte que je lui donnerais.

Ben tiens, d'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je n'ai jamais abordé ce sujet sur scène. C'est une erreur. Je crois que je vais plancher là-dessus dès que j'aurai fini les trois trucs que j'ai en cours, tiens. J'aurais de quoi dire et je sais comment. pfff rien qu'en écrivant ces quelques lignes, j'ai déjà une pièce et sa mise en scène dans le crâne. Pétard, j'aurai jamais le temps de créer tout ce que j'ai dans la cervelle, je mourrai avant.

Merci d'être passés, tous Vous.