L'histoire sans fin

Il m’arrive souvent de penser à elle, au grain de sa peau, aux lignes encore pures qui dessinaient son visage avant Moi.

Moi le porc, Moi le chien, Moi l’animal.

*

La Gare De Lyon était une pierre creuse, et les Hommes, souvent pressés, s’entassaient dedans avec les secondes,
comme des bâtons, comme des marques profondes sur le mur d’une cellule.
J’étais assis sur un siège en plastique, rouge je crois. J’avais une bière dans la main gauche, ou droite peut-être.
Je doutais.
Je doutais d’à peu près tout, de la vitesse des trains, de la sincérité des horloges, du nombre de centilitres que contiendrait la prochaine bière que je n’achèterais sans doute pas ; de ma façon d’être.
Comment devrais-je me tenir lorsqu’elle viendra ?
D’expérience, je sais que les femmes n’aiment pas les points d’interrogations.
Alors je rentrerai ma scoliose dans mon dos, mon excès de graisse dans mon ventre et je laisserai mes doutes sur le plastique rouge, ou orange, pour le prochain connard qui tremble comme moi.
J’allumerai une cigarette. Ça rend l’air important…


Les trains sont très lents lorsqu’ils entrent en gare. On a envie de les pousser.
Le sien
Oui juste le sien, était encore plus lent que tous les trains lents qui n’ont jamais butté contre la masse grise du quai M.

Je crois qu’a ce moment, je me sentais seul et un peu triste devant 300 000 tonnes de métal.


La voilà qui marche sur le quai, elle est toute belle, un petit sac marron dans la main. Sa petite main.
Je pense qu’elle a vingt ans, tout au plus. Les gens autour n’existent pas. Quels gens autour ?
J’ai froid. Ma veste n’est pas suffisamment épaisse pour la saison.
Peut-être que si je la débarrasse de son sac je ferais bonne impression ?
Peut-être devrais-je partir…

Elle me regarde. Je la regarde. C’est maintenant trop tard.
Et c’est ici que notre histoire commence.
.

Ça rend l’air important -> Cela donne/confère un air important.

Mis à part cette petite faute de français, ce petit texte est parfaitement crédible et sensible, bien écrit, le témoignage d'un instant intense...
Une réussitte à mon avis Milo.

Ah ben, j'attends avec impatience qu'elle commence cette histoire !
J'en ai l'eau à la bouche là.
J'aime beaucoup le passage sur le doute... très bien décrit avec beaucoup de simplicité, chose qui n'est pas aisée pour un sentiment aussi confus.

Merci et à boire s'il te plait milo !

Dis-donc boc21fr, t'as fini de commenter en même temps que moi oui ? ^o^
"Ça rend l'air important" ne me donne pas l'impression d'une faute de français... mais qui suis-je pour juger de cela ?
Enfin, selon moi, j'aime comme c'est.
Car, ça pourrait être l'air que l'on respire aussi...

Mure a écrit:Dis-donc boc21fr, t'as fini de commenter en même temps que moi oui ? ^o^
"Ça rend l'air important" ne me donne pas l'impression d'une faute de français... mais qui suis-je pour juger de cela ?
Enfin, selon moi, j'aime comme c'est.
Car, ça pourrait être l'air que l'on respire aussi...

Tu as parfaitement raison Mure !!!!
J'aurais du me douter qu'une seule faute isolée et si flagrante c'était pas possible...

Donc Milo prière de ne pas tenir compte de ma correction totalemennt idiote et bravo tout court
Merci Mure !

Les trains sont très lents lorsqu’ils entrent en gare. On a envie de les pousser
Hou, que cela est vrai !!

Une angoisse bien rendue, sensible mais sans pathos, avec une histoire à venir. L'avenir leur dira si elle sera ou non belle mais quoi qu'il en soit, elle aura valu la peine, un jour, d'être et c'est ça qui compte. Une importance qui transparaît bien dans ton texte.

Moi le porc, Moi le chien, Moi l’animal.

Le propos serait encore plus fort en virant la majuscule du moi.
Il faut savoir laisser le lecteur se débrouiller.

Bonjour milo,

lire un texte comme le votre dès le matin ne peut que me mettre de bonne humeur. Une histoire simple, écrite simplement et pourtant, il y a un petit je ne sais quoi qui fait toute la différence. Le titre me plaît beaucoup, je n'ai pas envie de connaître la suite ou la fin de cette histoire (toutes les histoires ne sont pas obligées d'avoir une fin !), telle qu'elle est, aussi brève et concise, me suffit amplement et laisse la place à mon imaginaire, je crois qu'une suite me décevrait forcément, belle réussite en tout cas.

très sympa de bon matin!!! ^^ C'est vrai qu'on sent toute l'importance de l'histoire/future histoire en peu de mots... "Sans pathos" dit Sakhti, je vais donc te relire pour voir comment tu as fait et essayer moi-même de ne pus tomber dans ce travers...
En ce qui concerne le "ça rend l'air important" la tournure me parait bizarre à moi aussi, je ne l'avais jamais rencontrée... En fait ça me fait penser à quand j'entends parler mon ami québecois! =D
Et pour la couleur du siège... Dans toutes les gares que je connais c'est orange!!

D'accord avec Panda : virer les majuscules du "moi" , toujours petit, quoi qu'on en dise.
D'accord avec Peter Pan : on se fout de la suite. Ce qui compte, c'est là maintenant, cet instant que tes mots ont immortalisé.
Beau Milo, beau beau beau.

J'adort le rythme =), le style de ton texte est si coulant, en le lisant j'ai eu l'impression que mon regard glissait et que ma tête s'arrêtait sur des images comme la chaise, le sac a main, etc.

En gros : belle ambiance !

Nanaki a écrit:J'adort le rythme =), le style de ton texte est si coulant, en le lisant j'ai eu l'impression que mon regard glissait et que ma tête s'arrêtait sur des images comme la chaise, le sac a main, etc.

En gros : belle ambiance !

Pardon : J'adore*

J'aime le ton, l'écriture -preuve que je suis capable d'apprécier des textes à l'opposé de ma marque de fabrique- mais je sens une dimension tragique dans ce que tu écris, que je décrypte comme un récit de loser, qui raconte l'histoire qui ne va pas se passer, ou qui va foirer, misérablement et pathétiquement.
Est-ce que ce déficit effrayant de l'estime de soi, tu as vraiment voulu le mettre, et est-ce la coloration que tu veux à ton texte, qui laisse à penser que la suite, si suite il y a, risque d'être grinçante?
De toutes façons, avec une bière dans le cornet, on renifle du goulot

Une belle histoire, sobre et poignante. Je trouve que les deux lignes après "Peut-être devrais-je partir…" ne sont pas forcément utiles.