Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Faut que ça soit en rapport avec la photo ? C'est trop transparent, là !
Invité- Invité
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Non, juste avec la couleurcoline Dé a écrit:Faut que ça soit en rapport avec la photo ? C'est trop transparent, là !
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
c'est des fois que tu saurais pas ce que c'est jaune, bleu ou rouge, comme couleur...
:-))
:-))
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
......the Consignes facultatives pour Lili, Marielle, et autres si le coeur vous en dit
(ça c'est un titre qui claque)
- Il y aura au moins trois de ces objets: un sapin de noël, une scie sauteuse, un fer à repasser, un paic citron, une civière.
- Il y aura une allitération et/ou une paire d’alexandrins parfaits.
- Un haïku peut pimenter le texte.
- Enfin, tous ceux qui aiment l’expression « sakawoulé » sont invités à la faire partager.
(ça c'est un titre qui claque)
- Il y aura au moins trois de ces objets: un sapin de noël, une scie sauteuse, un fer à repasser, un paic citron, une civière.
- Il y aura une allitération et/ou une paire d’alexandrins parfaits.
- Un haïku peut pimenter le texte.
- Enfin, tous ceux qui aiment l’expression « sakawoulé » sont invités à la faire partager.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Ben si la photo peut servir d'inspiration c'est pas mal...Evanescent a écrit:Non, juste avec la couleurcoline Dé a écrit:Faut que ça soit en rapport avec la photo ? C'est trop transparent, là !
Bon, je vais essayer de condenser les consignes en un message pour la lisibilité.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
eva en frissonne déjà :-)Chako Noir a écrit:......the Consignes facultatives pour Lili, Marielle, et autres si le coeur vous en dit
(ça c'est un titre qui claque)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
bonne idée pour les retardatairesChako Noir a écrit:Bon, je vais essayer de condenser les consignes en un message pour la lisibilité.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Bonsoir ici.
J'aimerai participer s'il n'est pas trop tard. :-)
Les contraintes, c'est ma grande passion. :-p
J'aimerai participer s'il n'est pas trop tard. :-)
Les contraintes, c'est ma grande passion. :-p
Mure- Nombre de messages : 1478
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Yes ! :-)Mure a écrit:J'aimerai participer s'il n'est pas trop tard. :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
CONSIGNES DEFINITIVES
1) Choisissez l’une des trois couleurs: rouge, bleu ou jaune.
Gardez l’info pour vous, ne la révélez à personne, pas même en début de texte.
La couleur choisie se laisse deviner au fil du texte, mais le mot la désignant ne doit pas apparaître.
2) Pour vous aider, je vous donne une photo correspondant à l’une des trois couleurs.
3) Consignes facultatives:
- Il y aura au moins trois de ces objets: un sapin de noël, une scie sauteuse, un fer à repasser, un paic citron, une civière.
- Il y aura une allitération et/ou une paire d’alexandrins parfaits.
- Caser l’expression « Il était une fois ».
- Un haïku peut pimenter le texte.
- Enfin, tous ceux qui aiment l’expression « sakawoulé » sont invités à la faire partager.
.....the Photos
(cliquez sur le lien pour les voir en grand)
rouge: https://i.servimg.com/u/f88/12/38/74/66/ciel_r10.jpg
bleu: https://i.servimg.com/u/f88/12/38/74/66/papill10.jpg
jaune: https://i.servimg.com/u/f88/12/38/74/66/vilac-10.jpg
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Ho ben oui va...Evanescent a écrit:On a une heure, comme d'hab ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
oui, une heure.
si quelqu'un pouvait m'attribuer une couleur..?
(je prends la première réponse... test de rapidité les filles?)
si quelqu'un pouvait m'attribuer une couleur..?
(je prends la première réponse... test de rapidité les filles?)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Ouch ! Y a masse de facultatif... c'est bien bon. :-)))
C'est parti !
C'est parti !
Mure- Nombre de messages : 1478
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
bleuChako Noir a écrit:oui, une heure.
si quelqu'un pouvait m'attribuer une couleur..?
(je prends la première réponse... test de rapidité les filles?)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
merci Marielle =)
à vos claviers!
à vos claviers!
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Ben je croyvais qu'y fallait donner à deviner la couleur choisie...!!!!
Là, on aura beaucoup de mal à deviner, Chako ! T'aurais mieux fait de tirer au sort !! ^^
Là, on aura beaucoup de mal à deviner, Chako ! T'aurais mieux fait de tirer au sort !! ^^
Invité- Invité
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
^Marielle, je te soupçonne d'avoir une méthode de lecture/écriture rapide !
Invité- Invité
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
ha oui, c'est pas faux ça !coline Dé a écrit:Ben je croyvais qu'y fallait donner à deviner la couleur choisie...!!!!
Là, on aura beaucoup de mal à deviner, Chako ! T'aurais mieux fait de tirer au sort !! ^^
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
heu, rapide... sur ce coup, j'ai mis trois minutes à lui répondre... Usain Bolt a de beaux jours devant lui :-)))coline Dé a écrit:^Marielle, je te soupçonne d'avoir une méthode de lecture/écriture rapide !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Ah ben zut c'est pas faux ça... Quel couillon suis-je!coline Dé a écrit:Ben je croyvais qu'y fallait donner à deviner la couleur choisie...!!!!
Là, on aura beaucoup de mal à deviner, Chako ! T'aurais mieux fait de tirer au sort !! ^^
Bon je vais tirer au sort.
(enfin y a quand même 33% de chance pour que ça reste bleu)
Je risque de poster un peu en retard!
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
moi idem, j'y avais pas pensé non plus...Chako Noir a écrit:Ah ben zut c'est pas faux ça... Quel couillon suis-je!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
hé ! mentor ! t'as vu l'heure ?!mentor a écrit:hé ! ça va plus !? t'as vu l'heure !Sahkti a écrit:HOP HOP !!
Chako, t'es fin prêt ? :-)
:-)))
:-((((((((((((
combien de pages à lire ??
pffff
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
ha te voilà !mentor a écrit:hé ! mentor ! t'as vu l'heure ?!
:-((((((((((((
Lis juste les contraintes récapitulées ci-dessus, ça suffira :-)combien de pages à lire ??
pffff
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
ha oui !
sympa le Chako !
il me file un morpho bleu (pléonasme) et sakawoulé
du sur mesure
sympa le Chako !
il me file un morpho bleu (pléonasme) et sakawoulé
du sur mesure
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Bah, fais à ton aise
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Du mal que l’on se donne.
Du plus loin que je me souvienne, elle a toujours été ma préférée.
Celle qui attirait mon œil, celle qui désignait ma colère, celle qui signifiait ma honte aussi, bien trop souvent.
Je pourrais en écrire des lignes et des lignes, oui, je pourrais.
Mais, ce n’est pas d’elle que je vais vous parler.
Non, elle, je la réserve désormais pour mes lèvres, lorsque je veux paraître sensuelle.
Je la fais briller au fond de mon œil quand certains mots me font battre le cœur à tout rompre.
Je la porte aussi, parfois, sur mes seins, pour un rendez-vous improvisé, cachée mais, se laissant deviner.
Je la laisse exprimer la fraîcheur de mon sang.
Tant de libertés que je lui octroie, alors qu’elle fût ma prisonnière, il y a longtemps.
Je me souviens.
C’était l’été, un soir de juillet, près du port.
Le soleil avait chanté d’une voix chaude sur nos peaux brunies.
Toi, tu avais la fatigue qui barrait ton visage et tes pas s’étaient arrêtés, soudain, en haut de la colline de nos soirs.
« Regarde ! Il va bientôt rejoindre sa couche. » M’avais-tu dis, d’un ton enfantin.
Moi, je ne voyais que tes yeux.
Ils brillaient à en éblouir la lune et j’aimais ça.
Ma main sur ta joue, j’avais embrassées tes lèvres et le piquant de ta barbe avait murmuré : encore.
Nous étions seuls.
Nos corps se sont perdus dans les herbes sèchent et nos chants se sont envolés dans les embruns que ton parfum couvrait avec délices.
Je mourus un peu, ce soir-là, oui, une partie de moi n’attendait que cet instant pour s’enterrer sous ta peau.
Le front chaud, tu observais encore ce foutu ciel qui me rendait jalouse.
Et tu as dit ces mots, les mots, tes mots, nos mots.
Tu es l’infini !
De feu et ce soir, de sang,
Mourrons pour ta vie.
Une larme a tracé le fil de mon émotion et j’ai fixé ce coucher solaire dans la pellicule de nos souvenirs.
Lorsque je regarde cette image, je te revoie, le torse nu et luisant de m’avoir aimée si fort.
Le regard si plein de cette couleur passion qui me faisait vibrer ce soir là, qui me fait penser aux histoires qui commençaient par « Il était une fois...».
J’entends encore ta voix crier « Sakawoulé » en te jetant du haut du rocher, pleine de rire.
Je ris, alors, moi aussi.
Puis, je m’arrête.
Du plus loin que je me souvienne, elle a toujours été ma préférée.
Celle qui attirait mon œil, celle qui désignait ma colère, celle qui signifiait ma honte aussi, bien trop souvent.
Je pourrais en écrire des lignes et des lignes, oui, je pourrais.
Mais, ce n’est pas d’elle que je vais vous parler.
Non, elle, je la réserve désormais pour mes lèvres, lorsque je veux paraître sensuelle.
Je la fais briller au fond de mon œil quand certains mots me font battre le cœur à tout rompre.
Je la porte aussi, parfois, sur mes seins, pour un rendez-vous improvisé, cachée mais, se laissant deviner.
Je la laisse exprimer la fraîcheur de mon sang.
Tant de libertés que je lui octroie, alors qu’elle fût ma prisonnière, il y a longtemps.
Je me souviens.
C’était l’été, un soir de juillet, près du port.
Le soleil avait chanté d’une voix chaude sur nos peaux brunies.
Toi, tu avais la fatigue qui barrait ton visage et tes pas s’étaient arrêtés, soudain, en haut de la colline de nos soirs.
« Regarde ! Il va bientôt rejoindre sa couche. » M’avais-tu dis, d’un ton enfantin.
Moi, je ne voyais que tes yeux.
Ils brillaient à en éblouir la lune et j’aimais ça.
Ma main sur ta joue, j’avais embrassées tes lèvres et le piquant de ta barbe avait murmuré : encore.
Nous étions seuls.
Nos corps se sont perdus dans les herbes sèchent et nos chants se sont envolés dans les embruns que ton parfum couvrait avec délices.
Je mourus un peu, ce soir-là, oui, une partie de moi n’attendait que cet instant pour s’enterrer sous ta peau.
Le front chaud, tu observais encore ce foutu ciel qui me rendait jalouse.
Et tu as dit ces mots, les mots, tes mots, nos mots.
Tu es l’infini !
De feu et ce soir, de sang,
Mourrons pour ta vie.
Une larme a tracé le fil de mon émotion et j’ai fixé ce coucher solaire dans la pellicule de nos souvenirs.
Lorsque je regarde cette image, je te revoie, le torse nu et luisant de m’avoir aimée si fort.
Le regard si plein de cette couleur passion qui me faisait vibrer ce soir là, qui me fait penser aux histoires qui commençaient par « Il était une fois...».
J’entends encore ta voix crier « Sakawoulé » en te jetant du haut du rocher, pleine de rire.
Je ris, alors, moi aussi.
Puis, je m’arrête.
Mure- Nombre de messages : 1478
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
La Paic - citron - dans les ménages
Il était une fois...
Un appartement.
Quelque part - on s'en fiche un peu de l'endroit à vrai dire - un vendredi soir...
Jocelyne est penchée au-dessus de la cuvette des WC.
Elle regarde - avec indifférence il faut le dire - le liquide verdâtre qui tapisse les parois.
Enfin verdâtre... plutôt couleur citron. Citron comme le Paic vaisselle.
Normal, elle vient de s'enfiler une demi-bouteille quelques minutes plus tôt. Dans le genre grand cru, elle repassera c'est certain, mais c'est un cas de force majeure. Du genre à avoir envie de sauter par la fenêtre ou se glisser la tête dans le four, mais en vivant au rez-de-chaussée et n'ayant qu'un micro-ondes, ça peut poser problème. Heureusement, il reste le Paic citron pour se tirer de cet embarras. Même si ça a un sale goût. Même si ça a un effet immédiat sur l'estomac.
Jocelyne prend conscience de tout cela en observant le fond de la cuvette.
C'est tout de même plus foncé que la couleur citron, ça vire au tournesol...
Pauvre conne, qu'est-ce qui m'a pris !
C'est en gros ce qu'elle pense à l'instant présent en réalisant ce qu'elle vient de faire.
Se suicider - enfin essayer - au Paic Citron, à cause d'un gars qui s'appelle Xavier et qui est un sale con...
Oui, un sale con se répète Jocelyne.
Tout ça parce que quelques heures plus tôt, Xavier s'est pointé à l'appartement en l'absence de Jocelyne et a ramassé toutes ses affaires. Il a juste laissé un mot avec une phrase aussi déchirante qu'une scie sauteuse en plein coeur: je ne t'aime plus. Même pas de majuscule à je, pourtant le gars s'aime bien.
Jocelyne par contre, ça fait un moment qu'elle le trouve encombrant. Mou et fadasse, sans éclat.
Tiens, un peu comme la couleur qui tapisse toujours les WC.
Pas tournesol, non... plutôt banane sur le chemin de la maturité.
Dans ce cas, pourquoi risquer la civière pour un mec couleur banane faisandée ?
Parce qu'il est parti avec le sapin de Noël. Et ça, rien à faire, Jocelyne ne pardonne pas.
Noël, c'est une fête magique avec des rires et des cadeaux, de la musique joyeuse, des petits bonhommes rouges, des...
Les petits bonhommes rouges, voilà toute la clé du problème.
Xavier déteste le rouge.
Le jour où Jocelyne a gagné ce sapin à la tombola de Noël de l'Intermarché, Xavier a repeint toutes les figurines avec une bombe de couleur... comment dire... couleur centre d'un oeuf pondu par une poule anémique.
Jocelyne a trouvé ça très moche, elle l'a dit à Xavier. Ils se sont disputés. Xavier a accepté que Jocelyne peigne quelques décorations avec une couleur qu'elle aime bien.
Jocelyne a continué à trouver le sapin affreux mais les années ont passé, le sapin est resté.
Un homme mou du genou, un sapin garni de bonhommes au teint cirrhosé... est-ce que tout cela vaut une demi-bouteille - il n'y en avait en fait pas plus dans le flacon - de Paic citron?
C'est que ce sapin, c'est la seule chose que Jocelyne a gagné au jeu - à part un set d'éponges à récurer mais ça ne compte pas, elles étaient moisies dans l'emballage, elle a dû les jeter tout de suite - et pour elle, ça représente une forme de réussite.
Même si cette réussite a un ton de jaunisse.
Un peu comme la cuvette des WC sous le regard de Jocelyne...
Va falloir que je nettoie maintenant.
Quelle conne je suis, franchement.
Plus de sapin, plus d'homme, plus de Paic citron et un WC à récurer...
Jocelyn a gagné sa journée.
Moralité de l'histoire:
Si Dieu a inventé Paic, c'est pour la vaisselle
En cas de grande soif, bois donc une Guinness !
Il était une fois...
Un appartement.
Quelque part - on s'en fiche un peu de l'endroit à vrai dire - un vendredi soir...
Jocelyne est penchée au-dessus de la cuvette des WC.
Elle regarde - avec indifférence il faut le dire - le liquide verdâtre qui tapisse les parois.
Enfin verdâtre... plutôt couleur citron. Citron comme le Paic vaisselle.
Normal, elle vient de s'enfiler une demi-bouteille quelques minutes plus tôt. Dans le genre grand cru, elle repassera c'est certain, mais c'est un cas de force majeure. Du genre à avoir envie de sauter par la fenêtre ou se glisser la tête dans le four, mais en vivant au rez-de-chaussée et n'ayant qu'un micro-ondes, ça peut poser problème. Heureusement, il reste le Paic citron pour se tirer de cet embarras. Même si ça a un sale goût. Même si ça a un effet immédiat sur l'estomac.
Jocelyne prend conscience de tout cela en observant le fond de la cuvette.
C'est tout de même plus foncé que la couleur citron, ça vire au tournesol...
Pauvre conne, qu'est-ce qui m'a pris !
C'est en gros ce qu'elle pense à l'instant présent en réalisant ce qu'elle vient de faire.
Se suicider - enfin essayer - au Paic Citron, à cause d'un gars qui s'appelle Xavier et qui est un sale con...
Oui, un sale con se répète Jocelyne.
Tout ça parce que quelques heures plus tôt, Xavier s'est pointé à l'appartement en l'absence de Jocelyne et a ramassé toutes ses affaires. Il a juste laissé un mot avec une phrase aussi déchirante qu'une scie sauteuse en plein coeur: je ne t'aime plus. Même pas de majuscule à je, pourtant le gars s'aime bien.
Jocelyne par contre, ça fait un moment qu'elle le trouve encombrant. Mou et fadasse, sans éclat.
Tiens, un peu comme la couleur qui tapisse toujours les WC.
Pas tournesol, non... plutôt banane sur le chemin de la maturité.
Dans ce cas, pourquoi risquer la civière pour un mec couleur banane faisandée ?
Parce qu'il est parti avec le sapin de Noël. Et ça, rien à faire, Jocelyne ne pardonne pas.
Noël, c'est une fête magique avec des rires et des cadeaux, de la musique joyeuse, des petits bonhommes rouges, des...
Les petits bonhommes rouges, voilà toute la clé du problème.
Xavier déteste le rouge.
Le jour où Jocelyne a gagné ce sapin à la tombola de Noël de l'Intermarché, Xavier a repeint toutes les figurines avec une bombe de couleur... comment dire... couleur centre d'un oeuf pondu par une poule anémique.
Jocelyne a trouvé ça très moche, elle l'a dit à Xavier. Ils se sont disputés. Xavier a accepté que Jocelyne peigne quelques décorations avec une couleur qu'elle aime bien.
Jocelyne a continué à trouver le sapin affreux mais les années ont passé, le sapin est resté.
Un homme mou du genou, un sapin garni de bonhommes au teint cirrhosé... est-ce que tout cela vaut une demi-bouteille - il n'y en avait en fait pas plus dans le flacon - de Paic citron?
C'est que ce sapin, c'est la seule chose que Jocelyne a gagné au jeu - à part un set d'éponges à récurer mais ça ne compte pas, elles étaient moisies dans l'emballage, elle a dû les jeter tout de suite - et pour elle, ça représente une forme de réussite.
Même si cette réussite a un ton de jaunisse.
Un peu comme la cuvette des WC sous le regard de Jocelyne...
Va falloir que je nettoie maintenant.
Quelle conne je suis, franchement.
Plus de sapin, plus d'homme, plus de Paic citron et un WC à récurer...
Jocelyn a gagné sa journée.
Moralité de l'histoire:
Si Dieu a inventé Paic, c'est pour la vaisselle
En cas de grande soif, bois donc une Guinness !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
MURE
On devine de l'amertume et des regrets derrière cette passion à la couleur du feu dévastateur. C'est plus dramatique qu'il n'y paraît on dirait et je trouve que tu as glissé pas mal de gravité dans ton écriture, plus posée, maîtrisée. Si ce sujet ne rencontre généralement pas mes faveurs, j'apprécie ta manière de le déciner.
PS: herbes sèches et non sèchent :-)
PPS: "Non, elle, je la réserve désormais pour mes lèvres, lorsque je veux paraître sensuelle" T'oublies les chaussures aussi :-))
On devine de l'amertume et des regrets derrière cette passion à la couleur du feu dévastateur. C'est plus dramatique qu'il n'y paraît on dirait et je trouve que tu as glissé pas mal de gravité dans ton écriture, plus posée, maîtrisée. Si ce sujet ne rencontre généralement pas mes faveurs, j'apprécie ta manière de le déciner.
PS: herbes sèches et non sèchent :-)
PPS: "Non, elle, je la réserve désormais pour mes lèvres, lorsque je veux paraître sensuelle" T'oublies les chaussures aussi :-))
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
C’est Noël. Dehors, tout est blanc. Enfin, presque. Je vous assure, le béton est beaucoup plus clair à Noël, quoiqu’en dise Papa.
On installe le sapin de Noël (comme s’il y avait des sapins de Pâques ou de la Fête du Travail), et on met des guirlandes qui clignotent. On installe la crèche, sous le sapin, soigneusement. On a perdu le p’tit Jés mais il est tellement petit que l’on remarque à peine son absence. Puis on chante ces chants de Noël, tellement beaux, n’est-ce pas ? Il est né le divin enfant. On le saura. Scève et Rimbaud ne sont pas de la fête, c’est certain. Par les soirs blanc d’hiver, j’irai dans les sentiers, / Picoté par les houx, fouler la neige nue. Bon, on va garder le divin enfant, je crois.
Quand on a tout préparé, on mange, chez moi. Les cadeaux, c’est après. On mange le repas couleur cuisse de nymphe (c’est plus classe que de dire bêtement : « on mange des cuisses de dinde », non ?), et du saumon. Après, le saumon, parce que le temps que Papa organise l’apéro dans les petites assiettes et le vin blanc et tout ; ben le repas refroidit déjà. Une fois, une fois seulement, la dinde cuisait encore quand on a décrété l’heure de l’apéro venue. Mais comme on avait voulu la faire cuire dans la cheminée elle s’est enflammée ; plus la moindre cuisse de nymphe à l’horizon. Plutôt des cuisses de homard amoureux.
Cette fois on dîne sans ennui, puis on picole sans ennui, dans nos chemises toutes belles parce que Maman pense qu’elle doit s’acharner sur son fer à repasser avant Noël même si l’on est que tous les trois et que depuis le temps on ne s’arrête plus sur les plis des autres. Alors on est hyper bien habillés dans la cuisine sale, Maman a son foulard fuchsia, Papa l’air effaré. Et on attend, rosissant dans l’air surchauffé ; jusqu’à ce que notre rosissement rougisse. Ça me rappelle un pseudo haïku que j’ai écris quand il était une de ces fois où l’on s’invente à l’autre bout du monde : Spirale entêtante / Fine aiguill’ pointant la neige / Le vert, l’or. Refrain (c’était censé parler du temps qui passe). On ouvre les cadeaux, Maman ? « Non mon chéri, pas tout de suite ». Elle le fait exprès, vous savez. Elle a pris ce ton de scie sauteuse qui m’insupporte pour dire ça. Sakawoulé, Maman. Ou quelque chose s’en rapprochant. Je n’ai pas bien compris le sens de l’expression. Pas d’importance, les expressions bien placées ça fait cool, mal placées ça fait intelligent. Pour faire semblant, j’ai envoyé dans sa direction la première chose qui m’est tombée sous la main, le paic citron ; comme à chaque Noël : je ne me permettrais pas de rompre la tradition.
Après, après… J’ai loupé Maman, j’ai touché Bernard. Il s’est cogné la tête et s’est écroulé tout plein de sang sur le tapis vert. Carmin sur absinthe, les couleurs de Noël.
On m’a envoyé dans ma chambre mais j’ai joué toute la soirée à mettre Bernard sur une civière pour l’emmener à l’hôpital des Playmobils.
Noël prochain, je veux un autre hamster.
On installe le sapin de Noël (comme s’il y avait des sapins de Pâques ou de la Fête du Travail), et on met des guirlandes qui clignotent. On installe la crèche, sous le sapin, soigneusement. On a perdu le p’tit Jés mais il est tellement petit que l’on remarque à peine son absence. Puis on chante ces chants de Noël, tellement beaux, n’est-ce pas ? Il est né le divin enfant. On le saura. Scève et Rimbaud ne sont pas de la fête, c’est certain. Par les soirs blanc d’hiver, j’irai dans les sentiers, / Picoté par les houx, fouler la neige nue. Bon, on va garder le divin enfant, je crois.
Quand on a tout préparé, on mange, chez moi. Les cadeaux, c’est après. On mange le repas couleur cuisse de nymphe (c’est plus classe que de dire bêtement : « on mange des cuisses de dinde », non ?), et du saumon. Après, le saumon, parce que le temps que Papa organise l’apéro dans les petites assiettes et le vin blanc et tout ; ben le repas refroidit déjà. Une fois, une fois seulement, la dinde cuisait encore quand on a décrété l’heure de l’apéro venue. Mais comme on avait voulu la faire cuire dans la cheminée elle s’est enflammée ; plus la moindre cuisse de nymphe à l’horizon. Plutôt des cuisses de homard amoureux.
Cette fois on dîne sans ennui, puis on picole sans ennui, dans nos chemises toutes belles parce que Maman pense qu’elle doit s’acharner sur son fer à repasser avant Noël même si l’on est que tous les trois et que depuis le temps on ne s’arrête plus sur les plis des autres. Alors on est hyper bien habillés dans la cuisine sale, Maman a son foulard fuchsia, Papa l’air effaré. Et on attend, rosissant dans l’air surchauffé ; jusqu’à ce que notre rosissement rougisse. Ça me rappelle un pseudo haïku que j’ai écris quand il était une de ces fois où l’on s’invente à l’autre bout du monde : Spirale entêtante / Fine aiguill’ pointant la neige / Le vert, l’or. Refrain (c’était censé parler du temps qui passe). On ouvre les cadeaux, Maman ? « Non mon chéri, pas tout de suite ». Elle le fait exprès, vous savez. Elle a pris ce ton de scie sauteuse qui m’insupporte pour dire ça. Sakawoulé, Maman. Ou quelque chose s’en rapprochant. Je n’ai pas bien compris le sens de l’expression. Pas d’importance, les expressions bien placées ça fait cool, mal placées ça fait intelligent. Pour faire semblant, j’ai envoyé dans sa direction la première chose qui m’est tombée sous la main, le paic citron ; comme à chaque Noël : je ne me permettrais pas de rompre la tradition.
Après, après… J’ai loupé Maman, j’ai touché Bernard. Il s’est cogné la tête et s’est écroulé tout plein de sang sur le tapis vert. Carmin sur absinthe, les couleurs de Noël.
On m’a envoyé dans ma chambre mais j’ai joué toute la soirée à mettre Bernard sur une civière pour l’emmener à l’hôpital des Playmobils.
Noël prochain, je veux un autre hamster.
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Mure : Bravo, le sujet n'est pas facile. On risque toujours de faire du bâché et rabâché. Tu as réussi à... euh... quote Sahkti : glisser pas mal de gravité.
Sahkti : J'adore ! :-)) Bravo ! En plus, sur le suicide : je ne savais même pas qu'on pouvait faire quelque chose d'original là dessus. Chapeau bas, et je m'en vais le relire.
Sahkti : J'adore ! :-)) Bravo ! En plus, sur le suicide : je ne savais même pas qu'on pouvait faire quelque chose d'original là dessus. Chapeau bas, et je m'en vais le relire.
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
EVA
Les arbres de Pâques, ça existe, si si :-)) Mais un sapin de la Fête du Travail, c'est une bonne idée !
J'aime bien le ton désabusé de ton texte et puis ces fêtes obligées, c'est bien restitué, avec cette douce-amertume dans la cuisine et le hamster qui se ramasse le Paic sur la tronche... le pauvre :-)
Le personnage de la mère est réussi, je trouve.
Les arbres de Pâques, ça existe, si si :-)) Mais un sapin de la Fête du Travail, c'est une bonne idée !
J'aime bien le ton désabusé de ton texte et puis ces fêtes obligées, c'est bien restitué, avec cette douce-amertume dans la cuisine et le hamster qui se ramasse le Paic sur la tronche... le pauvre :-)
Le personnage de la mère est réussi, je trouve.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
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East Side Story ou le sang des jonques.
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Il était une fois les jonques au couchant, couchées.
Il était une fois les jonques accouchant de bateliers perdus.
Il était une fois des jonques attouchées au soleil couché.
Il était une fois les jonques accostées au reflet égaré.
Il était une fois les jonques aux yeux endormis.
Il était une fois des jonques aux cœurs des palmiers.
Il était une fois les jonques en rade, avachies de mousses et de sel.
Il était une fois les jonques : des jonquilles sombres, allongées.
Il était une fois des jonques d'acajou, de teck, d'oranger.
Il était une fois les jonques juchées sur l'eau devenu le ciel.
Il était une fois des jonques et quelques lumières.
On avait souvent jugé sain de jeter de sanguines jaspes lors du jaugeage des jonques pour jeunes mariés. Puis on les avait laissés seuls.
L'éclat de joailler dans leurs regards joints n'avait de témoins que quelques jourdins, mis à sécher aux vents d'entre les palétuviers, à la proue.
Ils avaient tatoué de craie leurs joues juste rosies par le feu de l'air tombé dans l'eau.
Il était une fois des jonques, l'une d'elle aux jeunes époux.
Les lampadaires du village tentaient mais en vain de leur tenir chandelle. Ils ne virent jamais les pétales de jasmin qui jonchaient leur natte ni les joviales joutes qui les jetèrent au jusant de leurs enfances.
Le jour n'était bientôt plus qu'un joli souvenir à l'oeil de jondelle.
Au port les vieux crachèrent le bétel jusqu'à l'insomnie .
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East Side Story ou le sang des jonques.
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Il était une fois les jonques au couchant, couchées.
Il était une fois les jonques accouchant de bateliers perdus.
Il était une fois des jonques attouchées au soleil couché.
Il était une fois les jonques accostées au reflet égaré.
Il était une fois les jonques aux yeux endormis.
Il était une fois des jonques aux cœurs des palmiers.
Il était une fois les jonques en rade, avachies de mousses et de sel.
Il était une fois les jonques : des jonquilles sombres, allongées.
Il était une fois des jonques d'acajou, de teck, d'oranger.
Il était une fois les jonques juchées sur l'eau devenu le ciel.
Il était une fois des jonques et quelques lumières.
On avait souvent jugé sain de jeter de sanguines jaspes lors du jaugeage des jonques pour jeunes mariés. Puis on les avait laissés seuls.
L'éclat de joailler dans leurs regards joints n'avait de témoins que quelques jourdins, mis à sécher aux vents d'entre les palétuviers, à la proue.
Ils avaient tatoué de craie leurs joues juste rosies par le feu de l'air tombé dans l'eau.
Il était une fois des jonques, l'une d'elle aux jeunes époux.
Les lampadaires du village tentaient mais en vain de leur tenir chandelle. Ils ne virent jamais les pétales de jasmin qui jonchaient leur natte ni les joviales joutes qui les jetèrent au jusant de leurs enfances.
Le jour n'était bientôt plus qu'un joli souvenir à l'oeil de jondelle.
Au port les vieux crachèrent le bétel jusqu'à l'insomnie .
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purée...- Nombre de messages : 54
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
P...
T'es en belle forme, là, dis donc !
Une sonorité pas simple à manier et tu t'en sors haut la main.
J'aime beaucoup:
On avait souvent jugé sain de jeter de sanguines jaspes lors du jaugeage des jonques pour jeunes mariés. Puis on les avait laissés seuls.
L'éclat de joailler dans leurs regards joints n'avait de témoins que quelques jourdins, mis à sécher aux vents d'entre les palétuviers, à la proue.
Ils avaient tatoué de craie leurs joues juste rosies par le feu de l'air tombé dans l'eau.
Il était une fois des jonques, l'une d'elle aux jeunes époux.
T'es en belle forme, là, dis donc !
Une sonorité pas simple à manier et tu t'en sors haut la main.
J'aime beaucoup:
On avait souvent jugé sain de jeter de sanguines jaspes lors du jaugeage des jonques pour jeunes mariés. Puis on les avait laissés seuls.
L'éclat de joailler dans leurs regards joints n'avait de témoins que quelques jourdins, mis à sécher aux vents d'entre les palétuviers, à la proue.
Ils avaient tatoué de craie leurs joues juste rosies par le feu de l'air tombé dans l'eau.
Il était une fois des jonques, l'une d'elle aux jeunes époux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
La rogne la redresse. Elle replie soigneusement le papier. Le range. Elle n'a pas envie de réfléchir, il lui semble que seule l'action, là tout de suite, rapide, peut l'empêcher de penser.
Un grand verre de quelque chose de fort serait le bienvenu, mais elle n'a que la caisse de bordeaux que Damien lui avait mis sous le sapin pour Noël. C'est tout lui, ça ! Tu vas voir, il avait dit : un vin sublime ! Elle a quand même réussi à la caser, en l'attachant sur la fenêtre, la gouttière est assez large… Et le froid avait bousillé les bouteilles, il parait que ça casse complètement le vin, elle ; elle s'en fout, elle n'aime pas ça !
Aujourd'hui, de toute façon, le bordeaux, ça n'aurait pas suffi, elle le pressent.
Elle ne se voit pas non plus rester dans ses onze mètres carrés : besoin de bouger, d'évacuer. …Et si elle prenait le taureau par les cornes ? L'idée n'est qu'un embryon, même pas, mais ça la séduit, elle cherche dans son placard : toutes ces fringues, c'est bien trop sage…une paire de ciseaux, elle va améliorer le look !
Après avoir troué, lacéré, écourté là où il faut, elle s'admire dans la minuscule glace du lavabo, en montant sur la chaise pour tout voir, morceau par morceau. Pas mal. Bandant. Elle se fait des yeux charbonnés, le bleu limpide ressort encore mieux.
Et il y a un moment de flottement : elle se trouve belle, mais ce n'est pas elle, on dirait tout à fait les filles qu'il drague d'habitude. Celles qu'elle a toujours détestées. Les bombes. Les plans cul. Celles dont il disait : "Mais ça ne compte pas, tu vois bien, c'est rien que des chattes en chaleur ! Toi, c'est autre chose…"
Elle était si fière d'être autre chose ! Quoi ? Elle ne s'était pas posé la question sur le moment.
Mais petit à petit… Ce n'était pas sa culture qui l'attirait : il tombait de sommeil devant les films où l'action n'apportait pas son tonneau d'hémoglobine. Pas question de théatre : il était allergique rien qu'à l'idée d'un lever de rideau. Et lire lui donnait des crampes d'estomac. Authentique ! Mais il lui pardonnait d'être étudiante en lettres : elle, c'était autre chose…
Toi, t'es mon conte de fées, disait Damien, en glissant sa grosse patte sous sa jupe.
Il était une fois un prince charmant, quelle blague !
Elle va se faire une tête de sorcière, tiens ! Défriser ses cheveux au fer à repasser, se peindre les lèvres en noir…
Elle court dans l'escalier, la pute du premier est déjà à son poste et la regarde avec stupéfaction, Melly s'en fout des regards des autres aujourd'hui.
Elle s'arrête au sas du Blue Bean, il n'y a pas encore grand monde, elle repère tout de suite la pouffe qui sirote un truc plein de couleurs, au bar, en gonflant les lèvres sur la paille de façon obscène, et Damien qui la frôle en allant chercher son flacon de paic citron pour laver les verres, et la fille qui glousse…
Melly laisse grandir sa résolution, elle va leur faire une entrée fracassante ! Damien ne l'a pas reconnue, il a l'œil qui s'attarde sur tous les trous, déguste toutes les fentes, apprécie chaque centimètre de peau découverte…
Melly exulte, elle ferait bien un strip tease, tiens, ce soir ! Pas du tout conte de fée! Elle se sent sexy et danse déjà sa revanche ; danse sur le paic citron et valdingue dans le décor… Bon, Melly, c'est Carnaval ou quoi, demande Damien agacé en relevant le tabouret de bar. La pouffe se marre. C'est qui, la môme, là ?
Putain, c'est pas vrai… voilà qu'en plus, elle saigne du nez !
Un grand verre de quelque chose de fort serait le bienvenu, mais elle n'a que la caisse de bordeaux que Damien lui avait mis sous le sapin pour Noël. C'est tout lui, ça ! Tu vas voir, il avait dit : un vin sublime ! Elle a quand même réussi à la caser, en l'attachant sur la fenêtre, la gouttière est assez large… Et le froid avait bousillé les bouteilles, il parait que ça casse complètement le vin, elle ; elle s'en fout, elle n'aime pas ça !
Aujourd'hui, de toute façon, le bordeaux, ça n'aurait pas suffi, elle le pressent.
Elle ne se voit pas non plus rester dans ses onze mètres carrés : besoin de bouger, d'évacuer. …Et si elle prenait le taureau par les cornes ? L'idée n'est qu'un embryon, même pas, mais ça la séduit, elle cherche dans son placard : toutes ces fringues, c'est bien trop sage…une paire de ciseaux, elle va améliorer le look !
Après avoir troué, lacéré, écourté là où il faut, elle s'admire dans la minuscule glace du lavabo, en montant sur la chaise pour tout voir, morceau par morceau. Pas mal. Bandant. Elle se fait des yeux charbonnés, le bleu limpide ressort encore mieux.
Et il y a un moment de flottement : elle se trouve belle, mais ce n'est pas elle, on dirait tout à fait les filles qu'il drague d'habitude. Celles qu'elle a toujours détestées. Les bombes. Les plans cul. Celles dont il disait : "Mais ça ne compte pas, tu vois bien, c'est rien que des chattes en chaleur ! Toi, c'est autre chose…"
Elle était si fière d'être autre chose ! Quoi ? Elle ne s'était pas posé la question sur le moment.
Mais petit à petit… Ce n'était pas sa culture qui l'attirait : il tombait de sommeil devant les films où l'action n'apportait pas son tonneau d'hémoglobine. Pas question de théatre : il était allergique rien qu'à l'idée d'un lever de rideau. Et lire lui donnait des crampes d'estomac. Authentique ! Mais il lui pardonnait d'être étudiante en lettres : elle, c'était autre chose…
Toi, t'es mon conte de fées, disait Damien, en glissant sa grosse patte sous sa jupe.
Il était une fois un prince charmant, quelle blague !
Elle va se faire une tête de sorcière, tiens ! Défriser ses cheveux au fer à repasser, se peindre les lèvres en noir…
Elle court dans l'escalier, la pute du premier est déjà à son poste et la regarde avec stupéfaction, Melly s'en fout des regards des autres aujourd'hui.
Elle s'arrête au sas du Blue Bean, il n'y a pas encore grand monde, elle repère tout de suite la pouffe qui sirote un truc plein de couleurs, au bar, en gonflant les lèvres sur la paille de façon obscène, et Damien qui la frôle en allant chercher son flacon de paic citron pour laver les verres, et la fille qui glousse…
Melly laisse grandir sa résolution, elle va leur faire une entrée fracassante ! Damien ne l'a pas reconnue, il a l'œil qui s'attarde sur tous les trous, déguste toutes les fentes, apprécie chaque centimètre de peau découverte…
Melly exulte, elle ferait bien un strip tease, tiens, ce soir ! Pas du tout conte de fée! Elle se sent sexy et danse déjà sa revanche ; danse sur le paic citron et valdingue dans le décor… Bon, Melly, c'est Carnaval ou quoi, demande Damien agacé en relevant le tabouret de bar. La pouffe se marre. C'est qui, la môme, là ?
Putain, c'est pas vrai… voilà qu'en plus, elle saigne du nez !
Invité- Invité
Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
Nocturne
Swingue, swingue,
Petit papillon
Chante et danse
Sur le rythm’n’blue
Swingue, swingue,
Petit papillon
La piste brûlante
Est toute à nous
Il était une fois, dans un petit bocal, perdu sur une nappe entre deux pots de fleur…
Quelles fleurs, dit, raconte ?
Eh bien, des fleurs, tu vois, des jonquilles. De belles jonquilles toutes jaunes, un peu de crème et un peu d’or. Et dans le bocal…
Un bocal en verre ?
Oui, oui, un bocal en verre. Eh bien dans ce bocal…
Brise cette tanière petit papillon
Dis-toi que la lumière n’est qu’une illusion
Car l’œil est un aveugle
Sourd et autoritaire
Qui jamais ne sait taire
Alors écoute
Papillon
La musique, elle seule
La musique et le vent
Dans tes ailes
Tes ailes
Tes ailes
La chenille s’acculait au verre. Y rampait, y glissait, l’engluait.
Beuark !
Tais-toi donc. Et donc, tout en s’accrochant à cette paroi impossible polie au paic citron, la chenille songeait au dehors. Les fleurs, leur vase, la nappe, puis plus loin, le réfrigérateur, l’évier, les poêles, casseroles et autres instruments nécessaires à la cuisine. Encore plus loin, le canapé, le tapis, la télé. Dans une autre pièce, le lave-linge et la table à repasser, fer à l’appui. Puis la chambre et son lit, les toilettes et leur lavabo…
Tout un monde !
C’est ça.
Entends-tu le jazz ?
Respires-tu les notes
Comme un vent marin ?
Le petit garçon l’avait mise là-dedans. Il l’avait demandé pour noël, personne ne savait pourquoi. Et du pied du sapin, elle s’était retrouvée dans le bocal. Il lui donnait une feuille de temps en temps, pour qu’elle ne meure pas.
Et elle n’est pas morte ?
Non, mais elle s’est endormie. Un beau jour, sans prévenir, elle a tissé son cocon. Elle s’est momifiée au fond de son trou.
Trésor papillon
Minuscule
La nuit t’appartient
Chenille d’abord, chrysalide ensuite, ce qui devait arriver arriva : elle devint papillon. Un superbe morpho.
C’est chouette ! Et le petit garçon a été content ?
Non, il a été tout triste. Il n’avait pas mis de couvercle sur le bocal, et le morpho, sitôt ses ailes déployées, comme un voleur s’en est allé. Il est allé voir le réfrigérateur, l’évier, la télé, le fer à repasser, puis est parti vers la lumière. Le monde ne lui suffisait pas.
Swingue, swingue,
Petit papillon
Le vent te porte
Sakawoulé.
Swingue, swingue,
Petit papillon
Chante et danse
Sur le rythm’n’blue
Swingue, swingue,
Petit papillon
La piste brûlante
Est toute à nous
Il était une fois, dans un petit bocal, perdu sur une nappe entre deux pots de fleur…
Quelles fleurs, dit, raconte ?
Eh bien, des fleurs, tu vois, des jonquilles. De belles jonquilles toutes jaunes, un peu de crème et un peu d’or. Et dans le bocal…
Un bocal en verre ?
Oui, oui, un bocal en verre. Eh bien dans ce bocal…
Brise cette tanière petit papillon
Dis-toi que la lumière n’est qu’une illusion
Car l’œil est un aveugle
Sourd et autoritaire
Qui jamais ne sait taire
Alors écoute
Papillon
La musique, elle seule
La musique et le vent
Dans tes ailes
Tes ailes
Tes ailes
La chenille s’acculait au verre. Y rampait, y glissait, l’engluait.
Beuark !
Tais-toi donc. Et donc, tout en s’accrochant à cette paroi impossible polie au paic citron, la chenille songeait au dehors. Les fleurs, leur vase, la nappe, puis plus loin, le réfrigérateur, l’évier, les poêles, casseroles et autres instruments nécessaires à la cuisine. Encore plus loin, le canapé, le tapis, la télé. Dans une autre pièce, le lave-linge et la table à repasser, fer à l’appui. Puis la chambre et son lit, les toilettes et leur lavabo…
Tout un monde !
C’est ça.
Entends-tu le jazz ?
Respires-tu les notes
Comme un vent marin ?
Le petit garçon l’avait mise là-dedans. Il l’avait demandé pour noël, personne ne savait pourquoi. Et du pied du sapin, elle s’était retrouvée dans le bocal. Il lui donnait une feuille de temps en temps, pour qu’elle ne meure pas.
Et elle n’est pas morte ?
Non, mais elle s’est endormie. Un beau jour, sans prévenir, elle a tissé son cocon. Elle s’est momifiée au fond de son trou.
Trésor papillon
Minuscule
La nuit t’appartient
Chenille d’abord, chrysalide ensuite, ce qui devait arriver arriva : elle devint papillon. Un superbe morpho.
C’est chouette ! Et le petit garçon a été content ?
Non, il a été tout triste. Il n’avait pas mis de couvercle sur le bocal, et le morpho, sitôt ses ailes déployées, comme un voleur s’en est allé. Il est allé voir le réfrigérateur, l’évier, la télé, le fer à repasser, puis est parti vers la lumière. Le monde ne lui suffisait pas.
Swingue, swingue,
Petit papillon
Le vent te porte
Sakawoulé.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct : jeudi 20 août 2009 à 21h
J’ai un vrai fichu putain de problème de couleur y parait.
J’aime ce qui est beau, vraiment beau, intensément beau, extrêmement beau : beau à en mourir.
Le reste…c’est le patron et ses recettes insipides.
Allez, maintenant que la table est dressée, laissez-moi vous conter ce qui s’est passé en cuisine.
Le bleu est merveilleux,
le jaune est stone,
le vert est amer,
Je me souviens…
La photo d’un papillon, à la réalité aussi douteuse que la branche sur laquelle il reposait :
C’est ça l’âme humaine ? que je lui ai dit au « patron ».
Elle est belle, elle est lisse, elle brasse beaucoup de vent mais la plupart du temps elle se pose et se repose sur un rien, à peine plus réel qu’elle si tu veux mon avis.
Si c’était moi, je ferais autrement que je lui ai dit.
Il m’a répondu, avec son sourire radieux :
Pourtant c’est beau, c’est enchanteur, c’est bleu…
C’est merveilleux.
Lorsque j’ai regardé le patron, lui qui était jusque là toujours habillé en blouse blanche et qui jurait que par le blanc, j’ai remarqué pour la première fois que ses yeux étaient bleus.
Il parlait que de ça, il jurait qu’avec ça avant : la lumière de l’esprit, la conscience qui doit se répandre dans les zones d’ombres et tout le Saint Frusquin…
Putain je pensais pas qu’il pouvait inventer pire !
Après il m’a montré une autre photo, complètement naze : encore un bidule sans passion, un truc sans vie, un machin qui est censé faire avancer mais qui fatigue encore plus que de marcher.
J’ai dû ouvrir de grands yeux parce que le patron m’a demandé de sa nouvelle voix tout de miel : Tu ne vois pas ce que c’est mon petit ?
Je voyais bien ce que c’était moi : un jouet, c’est comme ça que ça s’appelait le machin que le patron m’a collé sous les mirettes. Un truc pour détourner les gamins de ce qui les excite vraiment et les empêcher de faire de vraies et belles conneries de leur âge.
Alors ? S’impatienta le patron avec des yeux tous facétieux et fiers de leur nouvelle trouvaille.
Moi je l’entendais, mais j’étais encore sous choc, je voyais les conséquences de ce putain de truc :
Après, en grandissant, les hommes ne penseraient plus qu’à une chose : à se marrer comme quand ils étaient petits sur leur jouet débile. Ils iraient bosser comme des cons sous le soleil et trimer en faisant des trucs sans intérêt pour s’acheter leur machin qui roule et faire les cons avec.
Ah bien sûr il y aura la vitesse, l’ivresse, les chocs…
Des accidents, seulement des accidents…
Et la passion, les désirs, les meurtres, la joyeuse copulation de la guerre, oubliés ?
Et le patron me regardait en souriant de toutes ses dents toutes jaunes. Pour sur il se foutait de ma gueule.
C’est ça l’âme humaine que je lui ai encore dit ? ça sert à rien, c’est débile, ça avance pas et ça pense qu’à jouer : c’est n’importe quoi si tu veux mon avis !
Si c’était moi, je ferais autrement que je lui ai encore dit.
Pourtant c’est drôle, qu’il m’a répondu le patron :
c’est joyeux, c’est facétieux, c’est jaune,
C’est stone.
Et là il m’a montré les deux pilules.
Une jaune et une bleue.
Jamais je n’avalerai ces putains de trucs que je lui ai dit !
Il m’a regardé avec un air bizarre le patron, et puis il s’est mis à me répéter, comme si je n’avais pas compris :
Le bleu est merveilleux
le jaune est Stone,
Alors je sais pas pourquoi, mais j’ai presque eu l’impression que les deux couleurs se mélangeaient dans ma tête et dans mon ventre et alors le patron, finalement, il me foutait un peu les boules.
Le bleu est merveilleux
Le jaune est Stone,
Je sais pas pourquoi, mais à ce moment, alors qu’Il me parlait et que Sa parole s’imprégnait encore plus en moi, j’ai senti un bouillonnement, une révolte, un désir de rester moi et je lui ai répondu :
Et le vert c’est ta mère ?
Je ne savais pas qu’il avait des problèmes perso avec sa génitrice le patron, faut dire que l’on en sait si peu sur lui.
En tout cas, j’ai toujours eu le chic pour taper pile où il faut.
Pour ce que j’en dis, à mon avis, quand on a des problèmes de cette nature, on ne fait pas le boulot qu’il fait.
Toujours est-il que le patron, il m’en a collé une sur la joue droite.
Fallait pas s’attendre à ce que je lui tende la gauche.
Au lieu de ça, j’ai regardé droit dans ses yeux bleus et j’y ai vu naitre sur ma joue la couleur qui allait battre dans mes veines jusqu’à la fin des temps.
L’inspiratrice, ma Muse, ma révélation…
Oui, c’est comme ça que je vais faire !
Je lui ai hurlé ça juste avant que le désir, l’envie et la rage ne me fasse repeindre le bureau du patron avec ma toute nouvelle couleur à moi.
Putain ce que je lui ai mis !
Après, ben je suis redescendu vous rendre une petite visite, sur votre jolie planète avec son ciel tout bleu tout merveilleux éclairé par son soleil bien stone.
Y’en a même un qui a pris une photo à ce moment là :
Elle est toute belle, toute remplie de cette couleur que j’aime, comme si le monde accouchait enfin de sa vérité :
Il était une fois la couleur de la vie, la représentation de votre désir, le symbole de la passion, la résultante du meurtre : Mon emblème.
Je suis là, avec vous, parmi vous,
Ça va saigner…Messie messie.
Vous pouvez toujours rêver.
Le bleu est merveilleux
Le jaune est stone
Le vert est amer
Le rouge est mis.
J’aime ce qui est beau, vraiment beau, intensément beau, extrêmement beau : beau à en mourir.
Le reste…c’est le patron et ses recettes insipides.
Allez, maintenant que la table est dressée, laissez-moi vous conter ce qui s’est passé en cuisine.
Le bleu est merveilleux,
le jaune est stone,
le vert est amer,
Je me souviens…
La photo d’un papillon, à la réalité aussi douteuse que la branche sur laquelle il reposait :
C’est ça l’âme humaine ? que je lui ai dit au « patron ».
Elle est belle, elle est lisse, elle brasse beaucoup de vent mais la plupart du temps elle se pose et se repose sur un rien, à peine plus réel qu’elle si tu veux mon avis.
Si c’était moi, je ferais autrement que je lui ai dit.
Il m’a répondu, avec son sourire radieux :
Pourtant c’est beau, c’est enchanteur, c’est bleu…
C’est merveilleux.
Lorsque j’ai regardé le patron, lui qui était jusque là toujours habillé en blouse blanche et qui jurait que par le blanc, j’ai remarqué pour la première fois que ses yeux étaient bleus.
Il parlait que de ça, il jurait qu’avec ça avant : la lumière de l’esprit, la conscience qui doit se répandre dans les zones d’ombres et tout le Saint Frusquin…
Putain je pensais pas qu’il pouvait inventer pire !
Après il m’a montré une autre photo, complètement naze : encore un bidule sans passion, un truc sans vie, un machin qui est censé faire avancer mais qui fatigue encore plus que de marcher.
J’ai dû ouvrir de grands yeux parce que le patron m’a demandé de sa nouvelle voix tout de miel : Tu ne vois pas ce que c’est mon petit ?
Je voyais bien ce que c’était moi : un jouet, c’est comme ça que ça s’appelait le machin que le patron m’a collé sous les mirettes. Un truc pour détourner les gamins de ce qui les excite vraiment et les empêcher de faire de vraies et belles conneries de leur âge.
Alors ? S’impatienta le patron avec des yeux tous facétieux et fiers de leur nouvelle trouvaille.
Moi je l’entendais, mais j’étais encore sous choc, je voyais les conséquences de ce putain de truc :
Après, en grandissant, les hommes ne penseraient plus qu’à une chose : à se marrer comme quand ils étaient petits sur leur jouet débile. Ils iraient bosser comme des cons sous le soleil et trimer en faisant des trucs sans intérêt pour s’acheter leur machin qui roule et faire les cons avec.
Ah bien sûr il y aura la vitesse, l’ivresse, les chocs…
Des accidents, seulement des accidents…
Et la passion, les désirs, les meurtres, la joyeuse copulation de la guerre, oubliés ?
Et le patron me regardait en souriant de toutes ses dents toutes jaunes. Pour sur il se foutait de ma gueule.
C’est ça l’âme humaine que je lui ai encore dit ? ça sert à rien, c’est débile, ça avance pas et ça pense qu’à jouer : c’est n’importe quoi si tu veux mon avis !
Si c’était moi, je ferais autrement que je lui ai encore dit.
Pourtant c’est drôle, qu’il m’a répondu le patron :
c’est joyeux, c’est facétieux, c’est jaune,
C’est stone.
Et là il m’a montré les deux pilules.
Une jaune et une bleue.
Jamais je n’avalerai ces putains de trucs que je lui ai dit !
Il m’a regardé avec un air bizarre le patron, et puis il s’est mis à me répéter, comme si je n’avais pas compris :
Le bleu est merveilleux
le jaune est Stone,
Alors je sais pas pourquoi, mais j’ai presque eu l’impression que les deux couleurs se mélangeaient dans ma tête et dans mon ventre et alors le patron, finalement, il me foutait un peu les boules.
Le bleu est merveilleux
Le jaune est Stone,
Je sais pas pourquoi, mais à ce moment, alors qu’Il me parlait et que Sa parole s’imprégnait encore plus en moi, j’ai senti un bouillonnement, une révolte, un désir de rester moi et je lui ai répondu :
Et le vert c’est ta mère ?
Je ne savais pas qu’il avait des problèmes perso avec sa génitrice le patron, faut dire que l’on en sait si peu sur lui.
En tout cas, j’ai toujours eu le chic pour taper pile où il faut.
Pour ce que j’en dis, à mon avis, quand on a des problèmes de cette nature, on ne fait pas le boulot qu’il fait.
Toujours est-il que le patron, il m’en a collé une sur la joue droite.
Fallait pas s’attendre à ce que je lui tende la gauche.
Au lieu de ça, j’ai regardé droit dans ses yeux bleus et j’y ai vu naitre sur ma joue la couleur qui allait battre dans mes veines jusqu’à la fin des temps.
L’inspiratrice, ma Muse, ma révélation…
Oui, c’est comme ça que je vais faire !
Je lui ai hurlé ça juste avant que le désir, l’envie et la rage ne me fasse repeindre le bureau du patron avec ma toute nouvelle couleur à moi.
Putain ce que je lui ai mis !
Après, ben je suis redescendu vous rendre une petite visite, sur votre jolie planète avec son ciel tout bleu tout merveilleux éclairé par son soleil bien stone.
Y’en a même un qui a pris une photo à ce moment là :
Elle est toute belle, toute remplie de cette couleur que j’aime, comme si le monde accouchait enfin de sa vérité :
Il était une fois la couleur de la vie, la représentation de votre désir, le symbole de la passion, la résultante du meurtre : Mon emblème.
Je suis là, avec vous, parmi vous,
Ça va saigner…Messie messie.
Vous pouvez toujours rêver.
Le bleu est merveilleux
Le jaune est stone
Le vert est amer
Le rouge est mis.
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