La folle marche du rêveur réveillé

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C'était la nuit.
On était dimanche soir, des nuages noirs enveloppaient tout le paysage et, comme dans les mauvais films d'horreur, des éclairs illuminaient la ville à intervalles réguliers. Soudain, des trombes d'eau se mirent à frapper les vitres et les toits des maisons, et leur force, accentuée par le vent de Normandie, était impressionnante. C'était même carrément effrayant, et le petit Charlie se blottit contre sa maman. Ca allait déjà mieux. Au fond, c'était même plutôt agréable. Et le petit Charlie se détendit, apaisé, comme protégé du terrible monde de dehors. Ce monde de dehors que ses parents disaient si dangereux, avec tous ces délinquants sexuels (il ne savait pas ce que ça voulait dire, mais son père disait que c'était dangereux) et tous ces gens qui enlèvent des enfants, et qui font du mal aux .... aux ... aux qui ? Il ne put finir sa réflexion, et tomba dans le monde des songes.

Son sommeil fut fort agité.
Il fit un rêve étrange, si étrange qu'il avait du mal à y croire, et, des idées qui ne l'avaient jusqu'alors même pas effleuré lui vinrent à l'esprit.

Ca commençait comme une journée de crèche ordinaire. Sa mère l'y accompagnait, et, devant les gardiennes, le tatouait de deux bisous au rouge-à-lèvres. Il s'éloigna de celle qui l'avait mis au monde en la saluant de sa petite main, et, avec sa démarche habituelle de pingouin à moitié endormi, Charlie se dirigea vers ses potes. Il alla s'affaler dans "la mare aux coussins" et, pendant près d'une demie-heure, il somnola en marmonnant avec ses camarades des paroles incompréhensibles pour tout être humain âgé de plus de 5 ans (on appelle ça le langage bébé). Tout à coup, on se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond. C'était peut-être la bave qu'ils pouvaient allègrement répandre par terre sans se faire réprimander ou l'odeur de couche non changée qui leur mit la puce à l'oreille, mais quelque chose ne tournait pas rond dans cette crèche.

C'était ça. Les gardiennes avaient mystérieusement disparu. Et c'était visiblement le cas de toutes les personnes de plus de cinq ans parce que mêmes les grands de la troisième maternelle avaient disparu. La panique s'empara de Charlie. Mes parents ont disparu, ouin... ouin... Et là il revint à la réalité ... ou plutôt au rêve ! Ce qu'il vivait était bien un rêve, et il pouvait faire n'importe quoi, carrément n'importe quoi, et ça n'aurait aucune conséquence ... à part l'amuser bien sûr. Et, c'est vrai, durant ce rêve, le petit Charlie s'amusa follement. Il se déguisa en superman, conduit un bus, sauta de l'Empire State Building sans une égratignure, parla avec des chats et des chiens, explora les égouts, et j'en passe et des meilleures. On pouvait donc vivre sans adultes, sans parents et s'amuser encore plus ?

C'est sur cette conclusion réjouissante qu'il se réveilla. Ou plutôt que son père le réveilla ... Le rêve est déjà fini ? Ca passe vite quand on s'amuse ! « Et oui, la vie est injuste mon pauvre Charlie, dit son père lui enlevant la couverture du corps, finis les beaux rêves, place à la vraie vie. » Il contesta vivement cette décision. « C'est possible de vivre sans adultes, c'est scientifiquement prouvé, dit-il, parfaitement convaincu de ce qu'il disait » (il ne savait pas ce que ça voulait dire mais visiblement ça faisait vendre des Actimels, donc bon, ça peut aussi marcher pour ne pas aller à la crèche)

Il dut finalement céder, son argument choc n'ayant visiblement pas réussi à convaincre son paternel. Il avait perdu une bataille, mais pas la guerre. Et il la gagnerait cette guerre: il réussirait à vivre une journée sans ses parents. Charlie-le-stratège y était déterminé.

Fourbe, il se laissa docilement guider jusqu'à la crèche, apprécia le bisou baveux de sa maman, mais, dès que celle-ci eût le dos tourné, il se mit à inspecter les lieux et les comportements pour savoir comment sortir de la crèche et atteindre son objectif. Comment allait-il sortir de cette fichue crèche ? Par la porte ? En se cachant dans un grand sac ? Oui, c'est ça, en se cachant dans un grand sac, bonne idée. C'était un grand sac de sport qu'il avait trouvé dans un coin de la salle principale, et il s'y sentait bien. Il était à quatre pattes en dessous, et, dès que les surveillantes ne regardaient pas dans sa direction (il les surveillait à travers la tirette à moitié ouverte du sac), il avançait de quelque pas. Et ça fonctionna, étonnamment rapidement même. Ha ! Il se sentait trop fort là, le Charlie. Il se débarrassa du sac dès qu'il fut dehors et se sentait géant (lui qui mesurait moins d'un mètre)

Et ce n'était rien par rapport à ce qu'il ressentit lorsqu'il traversa la rue au rouge, qu'il alla s'acheter à manger tout seul au carrefour, comme un grand, et surtout quand prit le bus tout seul. C'était vraiment grisant comme expérience, et le petit se sentait fier, et puissant. Mais en fait, ça n'a été amusant que quelques minutes, et très vite, il s'est mis à paniquer. Et il est tombé de son nuage.

Il venait de rendre compte qu'il ne savait absolument pas (mais alors vraiment pas du tout) où il se situait, où était la crèche ni où était sa maison. Heureusement, lorsqu'un passager du bus dans lequel il se trouvait le vit se rouler par terre en pleurant, il appela la seule crèche de la ville et ses parents l'y retrouvèrent.

Charlie se sentait coupable, triste, et s'était décidément rendu compte que la vie n'était pas un rêve et que les rêves n'étaient pas la vie. Il ne recommencerait plus, il ne fuguerait plus et ne jouerait plus au grand, s'était-il dit, du moins pas avant qu'il soit un grand (c'est-à-dire plus de 6 ans)

Ils rentrèrent à la maison, Charlie s'apprêtant à se faire enguirlander, les quatre membres tremblants. Mais il n'en fut rien. Ses parents avaient-ils compris ? Certainement.

Ce soir là, son père, sa mère et lui, enlacés, s'endormirent paisiblement. Le ciel était bleu et une brise rafraîchissante soufflait sur les côtes de Normandie.
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Une mignonne histoire, avec un humour bienvenu, mais desservie, à mon avis, par un manque de travail sur le texte qui vous a fait par moments céder à la facilité, au premier mot qui vous venait. Je pense ici à l'abondance de conjugaisons du verbe "être". Attention, je ne suis pas pour l'éradication de ce verbe, loin de là, il ne faut pas que l'écriture devienne artificielle à force de chercher à éviter de l'employer, mais il importe que les répétitions n'arrêtent pas la lecture. Ici, pour moi, elles le font.
Je compare le phénomène des répétitions dans un texte à celui de la saturation chimique d'un produit dans un liquide : à un moment, et tout d'un coup, des cristaux apparaissent, alors que juste avant, avec une quantité de produit à peine moindre, on ne voyait rien. Souvent il s'en faut de très peu pour que tout coule sans problème...

Bienvenue sur Vos Écrits en tout cas, à vous lire bientôt !

Ci-dessous les diverses erreurs de langue ou maladresses que j'ai relevées dans votre texte, notamment les occurrences de "être" qui m'ont gênée.
« C'était la nuit.
On était dimanche soir »
« leur force, accentuée par le vent de Normandie, était impressionnante. C'était même carrément effrayant, et le petit Charlie se blottit contre sa maman. Ça allait déjà mieux. Au fond, c'était même plutôt agréable »
« Il fit un rêve étrange, si étrange qu'il avait du mal à y croire, et, (pourquoi cette virgule ici, pourquoi isoler « et » ?) des idées qui ne l'avaient jusqu'alors même pas effleuré lui vinrent à l'esprit. »
« Ça commençait comme une journée de crèche »
« deux bisous au rouge-à-lèvres (et non « rouge-à-lèvres ») »
« pendant près d'une demi-heure (et non « demie-heure ») »
« la bave qu'ils pouvaient allégrement répandre par terre »
« Il se déguisa en superman, conduisit un bus »
« Ça passe vite quand on s'amuse »
« Eh oui, la vie est injuste »
« dit-il, parfaitement convaincu de ce qu'il disait » (il ne savait pas ce que ça voulait dire »
« dès que celle-ci eut (et non « eût » qui est la forme du subjonctif imparfait) le dos tourné »
« C'était un grand sac de sport qu'il avait trouvé dans un coin de la salle principale, et il s'y sentait bien. Il était à quatre pattes »
« qu'il alla s'acheter à manger tout seul au carrefour, comme un grand, et surtout quand (« il » ?) prit le bus tout seul »
« Il venait de (« se » ?) rendre compte »
« où était la crèche ni où était sa maison. Heureusement, lorsqu'un passager du bus dans lequel il se trouvait le vit se rouler par terre en pleurant, il appela la seule crèche de la ville et ses parents l'y retrouvèrent.

Charlie se sentait coupable, triste, et s'était décidément rendu compte que la vie n'était pas un rêve et que les rêves n'étaient pas la vie »

J'ai beaucoup aimé, j'ai bien ri, en particulier sur ça :C'était un grand sac de sport qu'il avait trouvé dans un coin de la salle principale, et il s'y sentait bien. Il était à quatre pattes en dessous, et, dès que les surveillantes ne regardaient pas dans sa direction (il les surveillait à travers la tirette à moitié ouverte du sac), il avançait de quelque pas. Et ça fonctionna, étonnamment rapidement même. Ha ! Il se sentait trop fort là, le Charlie. Il se débarrassa du sac dès qu'il fut dehors et se sentait géant (lui qui mesurait moins d'un mètre)
J'imagine la scène !
Mais il y a quand même un truc qui ne va pas : la crèche.
En France, la crèche ne prend pas d'enfants au-delà de deux ans. Je vois mal notre Charlie, âgé de moins de deux ans, aller s'acheter un pain au chocolat.
Je m'aperçois que j'ai fantasmé, il n'y est pas question de pain au chocolat mais bref il est censé s'acheter à manger.
Il s'agit d'école maternelle. Mais c'est un détail.

Merci à vous deux pour vos commentaires intéressants et sympathiques !

@Socque : J'espère que "c'était" pas trop lourd à lire ! Je promets de faire attention aux répétitions la prochaine fois ! Avez-vous une astuce particulière pour s'en rendre compte ? (j'avoue, à la relecture - certes il était tard quand je l'ai relu - je ne m'en étais pas rendu compte) Je sais que certains auteurs se relisent à haute voix pour vérifier le rythme et éviter les répétitions. Comment faites-vous de votre côté ?

@Plotine : Merci de commentaire ! Ca fait plaisir que l'humour que j'ai mis dans le texte t'ai touché et que le texte t'ai plus (je peux te tutoyer, au fait? :p) J'en suis ému ! (honnêtement !) =D
Le problème de la crèche. Mmmh... Pas faux, en plus, on ne peut pas dire que je suis le plus grand expert dans ce domaine. Pour que l'histoire colle à la réalité, disons-nous que Charlie est un petit garçon assez ... spécial ! Qu'en penses-tu ? Mais c'est un détail, en effet =)

Pour vous répondre, je ne relis jamais à voix haute. Mais je relis, oui, et, de par mon métier (traductrice) j'ai une sensibilité particulière à cet aspect des choses, la répétition. Je suppose que l'œil devient de plus en plus exercé avec la pratique, et qu'on en vient à repérer assez vite le plus gros des maladresses...

LibertyJack a écrit:Merci à vous deux pour vos commentaires intéressants et sympathiques !

@Plotine : Merci de commentaire ! Ca fait plaisir que l'humour que j'ai mis dans le texte t'ai touché et que le texte t'ai plus (je peux te tutoyer, au fait? :p) J'en suis ému ! (honnêtement !) =D
Le problème de la crèche. Mmmh... Pas faux, en plus, on ne peut pas dire que je suis le plus grand expert dans ce domaine. Pour que l'histoire colle à la réalité, disons-nous que Charlie est un petit garçon assez ... spécial ! Qu'en penses-tu ? Mais c'est un détail, en effet =)

Ah oui, bien sûr, il est "spécial" et le reste on s'en fout, tu as raison.

On s'est mal compris...

Ce que je voulais dire :
"Si jamais on devait ne pas modifier le texte et le faire coller le plus possible à la réalité, il faudrait faire admettre au lecteur que Charlie est un petit garçon qui dispose de capacités spéciales. Mais dans le cas où on pourrait modifier le texte, il faudra en effet mettre Charlie en classe supérieure, car il est fort peu probable qu'un petit garçon allant encore à la crèche puisse s'acheter seul de la nourriture"

Désolé du malentendu et encore merci de tes remarques.

Je viens de voir qu'il existait un sujet "réponse aux commentaires prose" dont je n'avais pas connaissance... La prochaine fois je répondrai aux commentaires dedans, si c'est préférable.

Oui, en effet, c'est l'habitude.

LibertyJack a écrit:Désolé du malentendu et encore merci de tes remarques.

Il n'y a pas de malentendu. Je comprends. C'était de l'humour de ma part.

Une petite histoire sympa, une fin toute douce ; et des longueurs dans le texte qui m'ont gênée plus que les invraisemblances qui peuvent en effet devenir tout à fait réelles. Il suffit d'y croire ! ;-)

C'est un texte qui se laisse facilement lire. L'histoire d'un petit garçon peu ordinaire.
Pour info, orienter ses rêves, ça se fait. On parle alors de rêves 'lucides' ou 'éveillés'. Ça s'apprend même comme ça peut être inné chez certaines personnes.

Pas mal de bonne choses, une histoire amusante, des idées qui ouvrent plein de portes...; tout ça, c'est très bien.
Reste peut-être à donner encore plus de cohésion à l'ensemble en fignolant certaines parties, en tentant de virer quelques longueurs, histoire d'équilibrer le rythme (qui l'est déjà pas mal).
Sinon, j'ai aimé lire ce récit et les aventures de cet étonnant garçon.