Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
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Lucy
Arielle
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Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Dans notre village cinq ou six familles, tout au plus, se partageaient le petit cimetière paroissial juché sur la colline à l'ombre du clocher.
Chaque année aux alentours de la Toussaint, à pas menus entre les tombes, on entendait gravillonner une poignée de petites vieilles. Elles trottinaient parmi les "très chers parents", les "inoubliables" et les "bienaimés" qui, au fil du temps et des alliances, les avaient faites toutes plus ou moins cousines … Pas étonnant qu'elles se ressemblent tant avec leur petit arrosoir et leur binette à l'identique!
Ces dernières décennies nous avions vu notre population s'enrichir de nouveaux arrivants. Venus de la ville pour la plupart, c'était de jeunes couples avec ou sans enfants, avides de renifler notre air pur en se rinçant les poumons et les méninges des miasmes urbains.
On mourait peu parmi ces gens-là et sous leurs dalles de granit, nos anciens demeuraient tranquillement entre eux comme seigneurs en leur donjon tandis qu'à leurs pieds s'agitait le petit peuple des vivants.
Et ils s'agitaient joliment, les vivants, en cette veille d'élections municipales!
A la mairie d'abord où on transformait la grande salle des mariages en bureau de vote. Le gros aquarium de l'urne trônant au centre de la table du conseil, l'isoloir entre ses deux armoires, coquettement drapé de cretonne fleurie … Au bistrot ensuite, où on s'empoignait ferme malgré la liste unique qu'on eut trouvé inconcevable de laisser telle quelle :
- L'Antoine … Plutôt crever, tiens, que de lui faire cadeau d'une seule voix ! Et ma femme et ma belle-mère sont d'accord avec moi, pour une fois!
- Et la Martine … Qu'est ce que c'est que ces conneries maintenant ? Une bonne femme à la mairie, on aura tout vu ! Aux fourneaux la Martine, comme les autres, études ou pas ! La politique c'est une affaire d'hommes !
Et on rayait, et on rayait.
A mesure que les pastis et les panachés se bousculaient sur le comptoir, la liste, qui n'était déjà pas bien longue, s'amenuisait, rétrécissait au-delà du raisonnable. Alors on partait d'un grand rire, tous en chœur, autour d'un nom rajouté au feutre rouge … Celui du Bébert par exemple, notre Diogène local, dont le tonneau s'apparentait à une vieille caravane où il vivait au milieu d'une tripotée de chats, relégué derrière le hangar communal. D'autres noms s'ajoutaient, déclenchant chaque fois la même hilarité ou les protestations les plus véhémentes.
On semblait ne s'accorder sérieusement que sur un seul nom.
Celui-là avait été l'adjoint de l'ancien maire pendant son dernier mandat et on l'avait vu à l'œuvre, épaulant le vieux Schmidt qui le présentait comme son poulain.
Celui-là, si les anciens du cimetière, là-haut, avaient pu donner leur avis, ils l'auraient reconnu comme héritier de leurs valeurs : Petit-fils ou neveu, petit cousin à divers degrés, il avait un lien de parenté avec chacun de nos morts. Christian Valet était un gars du pays et un bon gars, chacun pouvait en témoigner.
Personne ne s'étonna donc de lui voir passer l'écharpe dès le mercredi suivant lors de la première réunion du nouveau Conseil. Un vin d'honneur suivit, rassemblant au Bon Chasseur, comme il se doit, tous les amis du jeune maire. Autant dire que les neuf- dixièmes du village se retrouvèrent à "l'Annexe" comme on appelait entre nous le bistrot jouxtant la mairie.
Si l'élection du Christian à la tête de notre commune avait fait la quasi-unanimité de ses administrés, c'est curieusement dans sa propre famille qu'elle avait provoqué le plus de sarcasmes et d'incompréhension.
Des quatre enfants qu'avaient eus les époux Valet, le petit Christian était bien le dernier à qui ils auraient pensé qu'on puisse donner un jour du "Monsieur le Maire" !
Gamin timide et discret, il avait grandi dans l'ombre écrasante de son frère aîné. Il partageait d'ailleurs l'admiration béate de leurs géniteurs pour ce premier né, cet héritier mâle, sûr de son droit, toujours enclin à le faire respecter par ses cadets, à grands coups de gueule et de brimades variées.
Le Damien n'avait, hélas, manifesté aucun goût pour les études et il avait bien fallu que les parents se fassent une raison : Leur "Grand" avait trop de sang pour s'étioler sur des bouquins à longueur de journée! Damien entra donc à l'atelier de tôlerie, chez Renault, comme l'avait fait son père en son temps. Ni plus, ni moins.
Quant au cadet, un maraîcher, qui venait de s'installer dans le coin, accepta de le former, promettant de l'embaucher par la suite s'il donnait satisfaction.
En faisant les marchés avec son patron, Christian s'était trouvé une petite femme douce et délicate comme un bouquet d'anémones. Elle nous avait paru fragile et un peu pâle, à nous qui cultivons plutôt la grosse laitue bien pommée, mais elle lui avait fait trois beaux rejetons qui avaient poussé sans histoire et commençaient à voler de leurs propres ailes.
Dès son élection le Christian prit son rôle très au sérieux. A peine avait-il quitté ses serres, qu'on le voyait s'enfermer dans le petit bureau de la mairie ou filer en réunions au chef-lieu du canton. Il lui poussait des ailes pour visiter tour à tour le grippé morfondu et le barbon relégué au placard de l'hospice qu'il aidait à épousseter ses souvenirs.
Il n'était pas rare non plus de le voir, le samedi , en train de fendre un stère de bois dans la cour de l'une ou l'autre de nos veuves ou dégageant à la pelle à neige le trottoir devant leur porte … Le Bébert, enfin, surnommé "Pipi-de-chat" à cause du parfum tenace qui l'estampillait, trouvait toujours table ouverte chez lui et sa petite femme.
Il s'occupait également d'un gamin du village. A onze ans, Le Loriot était capable de reproduire, sur n'importe quel instrument, les mélodies qu'on lui réclamait lors des fêtes. Sa mère, élevant seule sa nichée de marmots, n'avait ni le temps ni les moyens de faire fructifier le don de Nicolas.
Christian s' arrangea avec la vieille Amélie. Avant de se mettre à vibrer elle-même comme une corde de violon, celle-ci avait été soliste dans un orchestre et se désolait de voir son instrument condamné au silence de son étui. Le maire l'avait convaincue sans peine d'enseigner au gamin les rudiments de son art. Il l'inscrivit ensuite à l'école de musique du canton où il le conduisait deux fois par semaine comme s'il s'était agit de son propre fils.
Quand on vantait devant lui les mérites de son cadet, le Damien ricanait, narquois:
- C'est pas maraîcher qu'il aurait dû faire mon frangin, je l'ai toujours dit, c'est assistante sociale!
Il avait lui-même changé de métier et c'était désormais au volant d'un semi-remorque qu'on le voyait traverser le village. Ne manquant jamais de faire une pause au Bon Chasseur, histoire d'épater un peu la galerie des désœuvrés, chômeurs ou retraités chevillés au bar. Notre fier camionneur ne rechignait pas, bien au contraire, à faire visiter son outil de travail à tous ces oisifs. Il se régalait de les voir bâiller d'admiration mais dès qu'il avait claqué la portière et remis en route son mastodonte ils rigolaient entre eux:
- C'est quand même plus impressionnant qu'une écharpe tricolore, hein, un engin pareil !
- Il lui fallait bien ça, au Damien, pour ne pas être en reste derrière son petit frère!
Personne n'était dupe bien sûr. L'aîné des Valet digérait mal, de voir grandir la popularité de son puiné. Depuis l'élection de celui-ci, en privé comme en public, il ne s'adressait plus à lui autrement que par un cérémonieux "Monsieur le Maire".
Il s'était offert depuis quelques mois la compagnie d'un grand chien, dogue-allemand mâtiné de lévrier dont il était presque aussi fier que de son camion. Il allait régulièrement "l'entraîner", comme il disait, sur les petits chemins de terre quadrillant les champs de maïs. Il le faisait courir derrière sa moto, annonçant à qui voulait l'entendre au retour :
- Des pointes de soixante à l'heure, sans problème, je vous dis !
Le Garou vagabondait librement dans les rues du village. C'était une brave bête, pas agressive pour deux sous mais d'un tempérament facétieux. Goguenard, son maître encourageait son jeu favori, celui-ci consistant à effrayer les groupes de cavaliers qui traversent régulièrement nos vallons. Tapi sous une haie, le molosse surgissait brusquement au cœur du troupeau, provoquant une belle panique parmi les montures ainsi que quelques jolies chutes pour les moins expérimentés des écuyers.
Notre maire eut droit, bien entendu, aux réclamations du centre équestre. Mais quand il fit part à son frère des menaces de fourrière à l'encontre du Garou, pour divagations sur la voie publique, le Damien refusa tout net de contraindre son chien à la moindre discipline:
- Cow-boys de mes deux! Explosa-t-il. Quand on sait pas tenir un cheval, on fait de la trottinette! Mon Garou est chez lui dans ce village et ces guignols ne viendront pas faire la loi chez moi ! Quant à toi, Monsieur le Maire, tu n'as pas intérêt à marcher dans leurs combines sous prétexte que tu dois faire régner l'ordre public …Tu sais très bien qu'il est doux comme un agneau, mon chien, mais que c'est avec un flingue, moi, que j'irais le récupérer à la fourrière.
Les choses en étaient restées là, le Garou n'ayant pas eu l'occasion d'organiser de nouveaux rodéos ni de provoquer de nouvelles plaintes. Cependant, le Damien inventa bientôt un nouveau jeu.
Il s'arrangeait dans ses tournées pour traverser de plus en plus souvent notre village au volant de son camion. Passant devant chez lui, il se signalait par un vigoureux coup de klaxon qu'apprit très vite à reconnaître son chien. Celui-ci déboulait alors à toute allure et fonçait dans le sillage du semi-remorque jusqu'au Bon Chasseur où s'arrêtait le Damien. Sautant de sa cabine, le chauffeur félicitait son mâtin en précisant à la cantonade la vitesse à laquelle le Garou venait de dévaler la pente de la grand-rue. Les 50 km/h autorisés en agglomération étaient, bien entendu, le dernier de ses soucis.
Christian, lui, rongeait son frein face à ces provocations répétées, indécis quant à la manière de réagir au mieux sans déclencher la fureur de son aîné. Mais les choses allaient, hélas, se régler d'elles-mêmes.
Ce mercredi-là, il revenait de la ville où il avait accompagné le Nicolas à sa leçon de violon. Le Loriot était particulièrement heureux et volubile, lui ayant détaillé, tout au long du trajet, les diverses étapes de l'examen dont il sortait avec les félicitations et les encouragements des profs de l'école de musique. Il avait hâte d'aller faire son compte-rendu à la vieille Amélie qui suivait de très près les progrès de son protégé.
Christian venait de déposer le jeune musicien sur le trottoir, en face de chez Amélie, quand le klaxon du semi-remorque lui vrilla les tympans.
Il vit son frère derrière le volant, les yeux braqués sur son rétroviseur dans lequel devait s'encadrer son chien … Il ne vit pas le gamin qui se précipitait sous les roues de l'engin. Il ne vit que le violon qui prenait son envol, qui s'élevait, lui sembla-t-il, avec une incroyable lenteur, avant de retomber aux pieds de la vieille dame sortie pour accueillir Nicolas.
Elle hurlait, hurlait à présent, secouée du haut en bas par un spasme qu'aucun remède ne parviendrait plus jamais à apaiser.
Bien que n'étant pas originaire de notre village la mère de Nicolas tint à ce que son fils fut enterré dans notre cimetière. Nos anciens durent se pousser un peu pour accueillir parmi eux le petit cercueil de bois blanc dans lequel on avait glissé les restes disloqués du violon à côté de ceux du violoniste.
Les petites vieilles qui ont continué à désherber et astiquer les tombes chuchotent que parfois, le soir, quand elles repoussent la grille derrière elles, il leur arrive d'entendre … mais ce sont de vieilles folles radoteuses et d'ailleurs sourdes, pour la plupart !
Notre maire termina péniblement son mandat, n'étant plus que l'ombre de lui-même. Il avait recueilli le Garou. Ils tenaient souvent ensemble de longs conciliabules. Le chien semblait tenir le rôle de celui qui exige et décide, le Christian se contentant de secouer la tête d'un air soumis et résigné.
Chaque année aux alentours de la Toussaint, à pas menus entre les tombes, on entendait gravillonner une poignée de petites vieilles. Elles trottinaient parmi les "très chers parents", les "inoubliables" et les "bienaimés" qui, au fil du temps et des alliances, les avaient faites toutes plus ou moins cousines … Pas étonnant qu'elles se ressemblent tant avec leur petit arrosoir et leur binette à l'identique!
Ces dernières décennies nous avions vu notre population s'enrichir de nouveaux arrivants. Venus de la ville pour la plupart, c'était de jeunes couples avec ou sans enfants, avides de renifler notre air pur en se rinçant les poumons et les méninges des miasmes urbains.
On mourait peu parmi ces gens-là et sous leurs dalles de granit, nos anciens demeuraient tranquillement entre eux comme seigneurs en leur donjon tandis qu'à leurs pieds s'agitait le petit peuple des vivants.
Et ils s'agitaient joliment, les vivants, en cette veille d'élections municipales!
A la mairie d'abord où on transformait la grande salle des mariages en bureau de vote. Le gros aquarium de l'urne trônant au centre de la table du conseil, l'isoloir entre ses deux armoires, coquettement drapé de cretonne fleurie … Au bistrot ensuite, où on s'empoignait ferme malgré la liste unique qu'on eut trouvé inconcevable de laisser telle quelle :
- L'Antoine … Plutôt crever, tiens, que de lui faire cadeau d'une seule voix ! Et ma femme et ma belle-mère sont d'accord avec moi, pour une fois!
- Et la Martine … Qu'est ce que c'est que ces conneries maintenant ? Une bonne femme à la mairie, on aura tout vu ! Aux fourneaux la Martine, comme les autres, études ou pas ! La politique c'est une affaire d'hommes !
Et on rayait, et on rayait.
A mesure que les pastis et les panachés se bousculaient sur le comptoir, la liste, qui n'était déjà pas bien longue, s'amenuisait, rétrécissait au-delà du raisonnable. Alors on partait d'un grand rire, tous en chœur, autour d'un nom rajouté au feutre rouge … Celui du Bébert par exemple, notre Diogène local, dont le tonneau s'apparentait à une vieille caravane où il vivait au milieu d'une tripotée de chats, relégué derrière le hangar communal. D'autres noms s'ajoutaient, déclenchant chaque fois la même hilarité ou les protestations les plus véhémentes.
On semblait ne s'accorder sérieusement que sur un seul nom.
Celui-là avait été l'adjoint de l'ancien maire pendant son dernier mandat et on l'avait vu à l'œuvre, épaulant le vieux Schmidt qui le présentait comme son poulain.
Celui-là, si les anciens du cimetière, là-haut, avaient pu donner leur avis, ils l'auraient reconnu comme héritier de leurs valeurs : Petit-fils ou neveu, petit cousin à divers degrés, il avait un lien de parenté avec chacun de nos morts. Christian Valet était un gars du pays et un bon gars, chacun pouvait en témoigner.
Personne ne s'étonna donc de lui voir passer l'écharpe dès le mercredi suivant lors de la première réunion du nouveau Conseil. Un vin d'honneur suivit, rassemblant au Bon Chasseur, comme il se doit, tous les amis du jeune maire. Autant dire que les neuf- dixièmes du village se retrouvèrent à "l'Annexe" comme on appelait entre nous le bistrot jouxtant la mairie.
Si l'élection du Christian à la tête de notre commune avait fait la quasi-unanimité de ses administrés, c'est curieusement dans sa propre famille qu'elle avait provoqué le plus de sarcasmes et d'incompréhension.
Des quatre enfants qu'avaient eus les époux Valet, le petit Christian était bien le dernier à qui ils auraient pensé qu'on puisse donner un jour du "Monsieur le Maire" !
Gamin timide et discret, il avait grandi dans l'ombre écrasante de son frère aîné. Il partageait d'ailleurs l'admiration béate de leurs géniteurs pour ce premier né, cet héritier mâle, sûr de son droit, toujours enclin à le faire respecter par ses cadets, à grands coups de gueule et de brimades variées.
Le Damien n'avait, hélas, manifesté aucun goût pour les études et il avait bien fallu que les parents se fassent une raison : Leur "Grand" avait trop de sang pour s'étioler sur des bouquins à longueur de journée! Damien entra donc à l'atelier de tôlerie, chez Renault, comme l'avait fait son père en son temps. Ni plus, ni moins.
Quant au cadet, un maraîcher, qui venait de s'installer dans le coin, accepta de le former, promettant de l'embaucher par la suite s'il donnait satisfaction.
En faisant les marchés avec son patron, Christian s'était trouvé une petite femme douce et délicate comme un bouquet d'anémones. Elle nous avait paru fragile et un peu pâle, à nous qui cultivons plutôt la grosse laitue bien pommée, mais elle lui avait fait trois beaux rejetons qui avaient poussé sans histoire et commençaient à voler de leurs propres ailes.
Dès son élection le Christian prit son rôle très au sérieux. A peine avait-il quitté ses serres, qu'on le voyait s'enfermer dans le petit bureau de la mairie ou filer en réunions au chef-lieu du canton. Il lui poussait des ailes pour visiter tour à tour le grippé morfondu et le barbon relégué au placard de l'hospice qu'il aidait à épousseter ses souvenirs.
Il n'était pas rare non plus de le voir, le samedi , en train de fendre un stère de bois dans la cour de l'une ou l'autre de nos veuves ou dégageant à la pelle à neige le trottoir devant leur porte … Le Bébert, enfin, surnommé "Pipi-de-chat" à cause du parfum tenace qui l'estampillait, trouvait toujours table ouverte chez lui et sa petite femme.
Il s'occupait également d'un gamin du village. A onze ans, Le Loriot était capable de reproduire, sur n'importe quel instrument, les mélodies qu'on lui réclamait lors des fêtes. Sa mère, élevant seule sa nichée de marmots, n'avait ni le temps ni les moyens de faire fructifier le don de Nicolas.
Christian s' arrangea avec la vieille Amélie. Avant de se mettre à vibrer elle-même comme une corde de violon, celle-ci avait été soliste dans un orchestre et se désolait de voir son instrument condamné au silence de son étui. Le maire l'avait convaincue sans peine d'enseigner au gamin les rudiments de son art. Il l'inscrivit ensuite à l'école de musique du canton où il le conduisait deux fois par semaine comme s'il s'était agit de son propre fils.
Quand on vantait devant lui les mérites de son cadet, le Damien ricanait, narquois:
- C'est pas maraîcher qu'il aurait dû faire mon frangin, je l'ai toujours dit, c'est assistante sociale!
Il avait lui-même changé de métier et c'était désormais au volant d'un semi-remorque qu'on le voyait traverser le village. Ne manquant jamais de faire une pause au Bon Chasseur, histoire d'épater un peu la galerie des désœuvrés, chômeurs ou retraités chevillés au bar. Notre fier camionneur ne rechignait pas, bien au contraire, à faire visiter son outil de travail à tous ces oisifs. Il se régalait de les voir bâiller d'admiration mais dès qu'il avait claqué la portière et remis en route son mastodonte ils rigolaient entre eux:
- C'est quand même plus impressionnant qu'une écharpe tricolore, hein, un engin pareil !
- Il lui fallait bien ça, au Damien, pour ne pas être en reste derrière son petit frère!
Personne n'était dupe bien sûr. L'aîné des Valet digérait mal, de voir grandir la popularité de son puiné. Depuis l'élection de celui-ci, en privé comme en public, il ne s'adressait plus à lui autrement que par un cérémonieux "Monsieur le Maire".
Il s'était offert depuis quelques mois la compagnie d'un grand chien, dogue-allemand mâtiné de lévrier dont il était presque aussi fier que de son camion. Il allait régulièrement "l'entraîner", comme il disait, sur les petits chemins de terre quadrillant les champs de maïs. Il le faisait courir derrière sa moto, annonçant à qui voulait l'entendre au retour :
- Des pointes de soixante à l'heure, sans problème, je vous dis !
Le Garou vagabondait librement dans les rues du village. C'était une brave bête, pas agressive pour deux sous mais d'un tempérament facétieux. Goguenard, son maître encourageait son jeu favori, celui-ci consistant à effrayer les groupes de cavaliers qui traversent régulièrement nos vallons. Tapi sous une haie, le molosse surgissait brusquement au cœur du troupeau, provoquant une belle panique parmi les montures ainsi que quelques jolies chutes pour les moins expérimentés des écuyers.
Notre maire eut droit, bien entendu, aux réclamations du centre équestre. Mais quand il fit part à son frère des menaces de fourrière à l'encontre du Garou, pour divagations sur la voie publique, le Damien refusa tout net de contraindre son chien à la moindre discipline:
- Cow-boys de mes deux! Explosa-t-il. Quand on sait pas tenir un cheval, on fait de la trottinette! Mon Garou est chez lui dans ce village et ces guignols ne viendront pas faire la loi chez moi ! Quant à toi, Monsieur le Maire, tu n'as pas intérêt à marcher dans leurs combines sous prétexte que tu dois faire régner l'ordre public …Tu sais très bien qu'il est doux comme un agneau, mon chien, mais que c'est avec un flingue, moi, que j'irais le récupérer à la fourrière.
Les choses en étaient restées là, le Garou n'ayant pas eu l'occasion d'organiser de nouveaux rodéos ni de provoquer de nouvelles plaintes. Cependant, le Damien inventa bientôt un nouveau jeu.
Il s'arrangeait dans ses tournées pour traverser de plus en plus souvent notre village au volant de son camion. Passant devant chez lui, il se signalait par un vigoureux coup de klaxon qu'apprit très vite à reconnaître son chien. Celui-ci déboulait alors à toute allure et fonçait dans le sillage du semi-remorque jusqu'au Bon Chasseur où s'arrêtait le Damien. Sautant de sa cabine, le chauffeur félicitait son mâtin en précisant à la cantonade la vitesse à laquelle le Garou venait de dévaler la pente de la grand-rue. Les 50 km/h autorisés en agglomération étaient, bien entendu, le dernier de ses soucis.
Christian, lui, rongeait son frein face à ces provocations répétées, indécis quant à la manière de réagir au mieux sans déclencher la fureur de son aîné. Mais les choses allaient, hélas, se régler d'elles-mêmes.
Ce mercredi-là, il revenait de la ville où il avait accompagné le Nicolas à sa leçon de violon. Le Loriot était particulièrement heureux et volubile, lui ayant détaillé, tout au long du trajet, les diverses étapes de l'examen dont il sortait avec les félicitations et les encouragements des profs de l'école de musique. Il avait hâte d'aller faire son compte-rendu à la vieille Amélie qui suivait de très près les progrès de son protégé.
Christian venait de déposer le jeune musicien sur le trottoir, en face de chez Amélie, quand le klaxon du semi-remorque lui vrilla les tympans.
Il vit son frère derrière le volant, les yeux braqués sur son rétroviseur dans lequel devait s'encadrer son chien … Il ne vit pas le gamin qui se précipitait sous les roues de l'engin. Il ne vit que le violon qui prenait son envol, qui s'élevait, lui sembla-t-il, avec une incroyable lenteur, avant de retomber aux pieds de la vieille dame sortie pour accueillir Nicolas.
Elle hurlait, hurlait à présent, secouée du haut en bas par un spasme qu'aucun remède ne parviendrait plus jamais à apaiser.
Bien que n'étant pas originaire de notre village la mère de Nicolas tint à ce que son fils fut enterré dans notre cimetière. Nos anciens durent se pousser un peu pour accueillir parmi eux le petit cercueil de bois blanc dans lequel on avait glissé les restes disloqués du violon à côté de ceux du violoniste.
Les petites vieilles qui ont continué à désherber et astiquer les tombes chuchotent que parfois, le soir, quand elles repoussent la grille derrière elles, il leur arrive d'entendre … mais ce sont de vieilles folles radoteuses et d'ailleurs sourdes, pour la plupart !
Notre maire termina péniblement son mandat, n'étant plus que l'ombre de lui-même. Il avait recueilli le Garou. Ils tenaient souvent ensemble de longs conciliabules. Le chien semblait tenir le rôle de celui qui exige et décide, le Christian se contentant de secouer la tête d'un air soumis et résigné.
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Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Le cœur tranquille, Louis la Brouette menait son train de vieux garçon en compagnie d'un chat sans âge à qui, le soir en préparant sa soupe, il faisait la conversation :
- Le petit pêcher près de la remise est déjà tout en fleurs…Trop tôt, beaucoup trop tôt, mon vieux Roméo! Mais je pourrais déjà essayer de repiquer quelques laitues contre le mur, au sud … Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Tu t'en fous, hein, les pêches et les salades c'est pas ton rayon!
L'œil mi-clos, Roméo, sur sa chaise, attendait patiemment l'heure des infos à la télé, qui était celle des gratouilles derrière l'oreille.
- La vieille Amélie m'a demandé quelques boutures de mon géranium rose, j'irai lui porter demain … J'ai encore vu le Christian, assis, comme un vieux dans son jardin à prendre le soleil avec son chien… Si c'est pas malheureux de voir un gars comme lui se laisser aller à ce point! J'ai envie de lui proposer de m'accompagner chez la baronne pour lui retourner son potager … ça lui changerait les idées, pauvre garçon !
Des remords, des remords … C'est pas toi qu'en aurais à sa place, hein, Roméo! Moi non plus d'ailleurs, qu'est-ce qu'il pouvait faire pour éviter ça !
La baronne qui connaissait l'état de prostration dans lequel se morfondait le Christian, avait immédiatement souscrit à la proposition du Louis. Celui-ci présenta la chose à l'ancien maire comme un service qu'il lui demandait, son âge ne lui permettant plus de suffire à la tâche.
Deux fois par semaine Christian se rendit donc au Château après son travail.
De baron ni de baronne, pas plus que de château nous ne pouvons nous enorgueillir, vous pensez bien ! Mais nous avions, de tout temps, infligé comme un camouflet, ces fausses lettres de noblesse à une immense bâtisse surplombant notre village de toute sa laideur et de son arrogance. Ses occupants s'en trouvaient eux-mêmes anoblis au point qu'on en avait oublié leur nom.
Christian bêcha, ensemença le potager, tailla et traita les rosiers, tondit les pelouses.
Un soir, tout en buvant une bière avec elle sur le perron, il écoutait la baronne évoquer ses projets d'aménagements. Quand elle parla de remettre en état le petit pavillon derrière les écuries, il lui proposa de s'en charger.
Ce pavillon avait abrité pendant un an ou deux les amours du baron et d'un jeune" jardinier" qu'il avait installé là avec la bénédiction d'une épouse plutôt conciliante. Le jeune homme avait disparu un beau jour et depuis une quinzaine d'années personne n'avait remis les pieds dans la maisonnette.
Christian se souvenait très bien du beau Pietro qui descendait de temps en temps au Bon Chasseur, le soir, avec sa guitare sur l'épaule. Avec son teint mat et ses yeux clairs, la grâce du jeune manouche, penché sur son instrument, affolait les filles du village qui bourdonnaient autour comme des guêpes. Les mâles jetaient sur lui un tout autre regard !
Le Jeannot, que son quintal de muscles hargneux avait fait surnommer "la Brute", semblait particulièrement jaloux de ces succès auprès de la gent féminine :
- Regarde-moi ces chiennes en chaleurs, sifflait-il entre ses dents, Y serait bien emmerdé, le petit pédé, s'il lui en arrivait une dans son pieu, un de ces soirs!
A sa table on ricanait sans trop savoir. Il paraissait bien renseigné, celui-là, sur ce qui se passait dans les alcôves du Château!
A cette époque, nous aurions plutôt parié pour une amourette entre la baronne et le guitariste, mais on laissait dire le Jeannot, il devait avoir ses raisons …
En arrivant au pavillon ce jour-là, le Louis trouva Christian plongé dans la lecture de vieux journaux.
- C'est bizarre, ça, s'étonnait-il en montrant à la Brouette un exemplaire du Régional, on a découpé l'article sur la mort du Jeannot. On n'en avait pas beaucoup parlé à l'époque, tu te souviens mais il y avait eu, quand même, deux- trois articles avant que les gendarmes décident que c'était un suicide.
- J'y ai jamais trop cru, moi, à cette histoire de suicide…
Le Louis s'était mis à fouiller à son tour parmi les vieux journaux. Il brandit soudain un autre quotidien orné de la même petite fenêtre soigneusement évidée dans la colonne où auraient dû figurer les conclusions de l'enquête.
- Je me demande bien pourquoi le Pietro a découpé ces articles. En quoi ça le regardait cette histoire?
- Attends, j'ai autre chose à te montrer, tu vas voir … Christian se retourna, balayant des yeux l'ensemble de la pièce. Parmi les cartons et sacs-poubelles qu'il s'apprêtait à emmener à la déchèterie il avisa une boîte à chaussures qu'il ouvrit sous le nez du Louis ébahi :
- Ben ça alors!
Quatre petits cercueils de bois blanc reposaient côte à côte…
- Comme dans les films, hein! s'exclama le Christian, heureux de son effet.
Il y avait bien longtemps que le Louis n'avait pas vu son copain exprimer un tel intérêt pour quelque chose. Il en fut secrètement ravi. Il prit en main l'un des petits cercueils et le tournant entre ses doigts:
- Regarde, là … Il y a des initiales.
Grossièrement peintes en noir, on lisait effectivement, sur un des flancs du petit coffret les deux lettres P et D. Ils vérifièrent que les quatre cercueils portaient bien la même inscription.
- Tu crois que ça a un rapport, tout ça, avec la mort du Jeannot ? Emit le Louis un peu sceptique quand même.
- Ecoute, moi non plus j'ai jamais cru qu'il s'était tué, c'était pas son genre au Jeannot mais quand j'ai trouvé tout ça, caché au fond de l'armoire, sous un tas de vieux chiffons … Maintenant, je vois pas bien ce que vient faire le beau Pietro là-dedans. Ils s'aimaient pas beaucoup ces deux-là mais au point de se trucider… !
N'empêche, les flics se sont pas trop cassé la tête à l'époque et c'est un peu facile de suicider les gens comme ça ! J'ai envie d'aller faire un tour au bois des Tannières où on avait retrouvé le corps…
- Tu sais, quinze ans après, il doit pas rester beaucoup de traces… Mais Louis n'insista pas. Trop heureux de voir ressusciter son Christian, il l'aurait suivi au bout du monde!
Ils eurent beau gratter parmi les ronces et les broussailles, l'ancienne clairière du bois des Tannières ne leur révéla aucun secret. Sous les planches pourries de la vieille cabane incendiée ils ne trouvèrent … que des clous !
En retournant à la voiture, le Christian réfléchissait à voix haute.
- La mort du Jeannot, ça remonte à peu près à l'époque où le baron s'était présenté au Conseil Général, hein ?
- Ouais, je me souviens que quand le Pietro arrivait à l'Annexe, le Jeannot se gondolait en saluant la secrétaire du futur Conseiller.
On venait juste de l'enterrer quand le baron a été battu aux élections.
- Ca doit être deux ou trois mois après qu'il s'est envolé le Pietro. Je me demande ce qu'il est devenu.
- Il a dû retourner dans sa tribu. Tu sais, ces gars-là ne se fixent jamais très longtemps au même endroit, même dans un château ils se sentent vite à l'étroit!
Après le drame, quand la veuve était partie pour la Normandie avec ses poulinières, elle n'avait pas vendu la petite maison où ils avaient vécu, le Jeannot et elle. Christian, alors maire du village, avait reçu la garde des clés de la propriété. Il s'y rendait de temps en temps pour constater que tout était en ordre. Il persuada la Brouette de l'accompagner sur les lieux, lors de sa prochaine visite "pour voir" suggéra-t-il …
Ils eurent du mal à débloquer les fenêtres et à pousser les volets que le lierre retenait dans ses griffes.
- Quinze ans sans être habitée, c'est mauvais pour une maison, constata le Louis. Pourquoi elle vend pas son bien, la Nicole?
Il regardait autour de lui, gêné d'être là et attristé par l'état du logis. Christian après un instant d'hésitation avait entrepris une fouille systématique des placards.
Dans la cave où il était descendu, Louis avait moins l'impression d'entrer par effraction dans une intimité qui ne le regardait pas. Il ouvrait les tiroirs de l'établi, déplaçait les boites de clous et de vis, caressant au passage les vieux outils poussiéreux. Il alla jusqu'à donner quelques coups de pelle dans le tas de charbon, Il avait vu faire ça dans un film …
- Si encore on savait ce qu'on cherche! grommelait-il.
Il allait remonter, bredouille, quand il avisa une série de boîtes métalliques, de celles qui décoraient autrefois le manteau des cheminées : Farine, sucre, épices … Il renversa la première sur l'établi. Une pluie de vieux boutons roula sur le bois rugueux … mais quelque chose restait accroché au fond : une enveloppe serrée par un élastique qui lui claqua entre les doigts.
A l'intérieur il trouva les six photos prises au polaroïd.
Ils sont assis devant deux bières bien fraîches dans la cuisine du Louis. Les photos étalées sur la table témoignent d'une histoire assez sordide dont le Christian raconte l'épilogue pour la troisième fois, au moins, en affinant chaque fois les détails.
- Toi qui disais qu'un manouche ça reste jamais longtemps au même endroit !
Quand j'ai appris, par la concierge, que ça faisait neuf ans qu'il avait pas quitté cette adresse, je me suis dit que je m'étais trompé, que c'était pas mon bonhomme. Et puis ce nom que j'avais trouvé dans les registres de la mairie : Reinhardt, qui collait pas avec les initiales sur les cercueils … Alors j'ai attendu qu'il sorte de chez lui, pour voir… Et là, mon vieux, ben j'ai eu du mal à le reconnaître le beau Pietro!
Il avait avalé une partie de sa belle crinière d'autrefois et ça lui faisait un petit coussin tout rond sur l'estomac ! Mais c'était bien toujours la même démarche, une manière qu'il avait de danser sur des nuages, tu te rappelles?
J'avais les photos dans la poche mais je ne savais pas comment l'aborder. Je me suis mis à le suivre. Quand il s'est arrêté devant l'école ça m'a fait tout drôle mais quand les deux gamins se sont jetés dans ses jambes en gueulant "papa!" j'ai pas pu m'empêcher de reculer, trois pas en arrière, et j'ai fait celui qui comptait les tulipes dans la vitrine du fleuriste…
Je les ai regardés s'en aller tous les trois, ils avaient l'air d'avoir un tas de trucs à se dire.
La journée d'un môme à cet âge-là c'est plein d'aventures à raconter le soir, quand y a quelqu'un pour écouter !
Et il écoutait le Pietro, ah oui ! Il prenait part … Je me sentais vraiment de trop sur ce trottoir.
Le Louis hoche la tête et approuve sans sourire.
Cette sale histoire qu'aurait mise en branle le Jeannot après avoir surpris le baron et son prétendu jardinier. Ces photos compromettantes qu'il aurait prises pour faire chanter le candidat au Conseil Général. Les petits cercueils qu'il envoyait au Pietro pour l'impressionner et le faire déguerpir, ce sale petit pédé ! Tout ça pour arriver à cette "explication" qui aurait mal tourné dans la cabane au fond des Tannières. Le crime maquillé en suicide. Le peu d'enthousiasme des gendarmes pour une véritable enquête …
Ils se disent en sirotant leurs bières qu'ils n'ont certainement pas rêvé tout ça mais que, de toute manière ils ne ressusciteraient personne en allant raconter leurs salades à la justice et que la paix, le bonheur de deux gamins vaut bien qu'on laisse, pour une fois, la vérité au fond de son puits.
Christian ramasse la poignée de photos et sort son briquet :
- Y a quand même un truc que je comprends pas . Pourquoi le Jeannot il avait mis les initiales P.D. sur les cercueils ? Le Pietro s'appelle Reinhardt avec un R, ça colle pas …
Le Louis réfléchit un moment et glousse soudain, levant le nez de son verre:
- Tu sais, il avait pas fait les grandes écoles ce con-là ! Pour lui, pédé, ça s'écrivait au plus simple: un P et un D, faut pas chercher plus loin!
- Le petit pêcher près de la remise est déjà tout en fleurs…Trop tôt, beaucoup trop tôt, mon vieux Roméo! Mais je pourrais déjà essayer de repiquer quelques laitues contre le mur, au sud … Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Tu t'en fous, hein, les pêches et les salades c'est pas ton rayon!
L'œil mi-clos, Roméo, sur sa chaise, attendait patiemment l'heure des infos à la télé, qui était celle des gratouilles derrière l'oreille.
- La vieille Amélie m'a demandé quelques boutures de mon géranium rose, j'irai lui porter demain … J'ai encore vu le Christian, assis, comme un vieux dans son jardin à prendre le soleil avec son chien… Si c'est pas malheureux de voir un gars comme lui se laisser aller à ce point! J'ai envie de lui proposer de m'accompagner chez la baronne pour lui retourner son potager … ça lui changerait les idées, pauvre garçon !
Des remords, des remords … C'est pas toi qu'en aurais à sa place, hein, Roméo! Moi non plus d'ailleurs, qu'est-ce qu'il pouvait faire pour éviter ça !
La baronne qui connaissait l'état de prostration dans lequel se morfondait le Christian, avait immédiatement souscrit à la proposition du Louis. Celui-ci présenta la chose à l'ancien maire comme un service qu'il lui demandait, son âge ne lui permettant plus de suffire à la tâche.
Deux fois par semaine Christian se rendit donc au Château après son travail.
De baron ni de baronne, pas plus que de château nous ne pouvons nous enorgueillir, vous pensez bien ! Mais nous avions, de tout temps, infligé comme un camouflet, ces fausses lettres de noblesse à une immense bâtisse surplombant notre village de toute sa laideur et de son arrogance. Ses occupants s'en trouvaient eux-mêmes anoblis au point qu'on en avait oublié leur nom.
Christian bêcha, ensemença le potager, tailla et traita les rosiers, tondit les pelouses.
Un soir, tout en buvant une bière avec elle sur le perron, il écoutait la baronne évoquer ses projets d'aménagements. Quand elle parla de remettre en état le petit pavillon derrière les écuries, il lui proposa de s'en charger.
Ce pavillon avait abrité pendant un an ou deux les amours du baron et d'un jeune" jardinier" qu'il avait installé là avec la bénédiction d'une épouse plutôt conciliante. Le jeune homme avait disparu un beau jour et depuis une quinzaine d'années personne n'avait remis les pieds dans la maisonnette.
Christian se souvenait très bien du beau Pietro qui descendait de temps en temps au Bon Chasseur, le soir, avec sa guitare sur l'épaule. Avec son teint mat et ses yeux clairs, la grâce du jeune manouche, penché sur son instrument, affolait les filles du village qui bourdonnaient autour comme des guêpes. Les mâles jetaient sur lui un tout autre regard !
Le Jeannot, que son quintal de muscles hargneux avait fait surnommer "la Brute", semblait particulièrement jaloux de ces succès auprès de la gent féminine :
- Regarde-moi ces chiennes en chaleurs, sifflait-il entre ses dents, Y serait bien emmerdé, le petit pédé, s'il lui en arrivait une dans son pieu, un de ces soirs!
A sa table on ricanait sans trop savoir. Il paraissait bien renseigné, celui-là, sur ce qui se passait dans les alcôves du Château!
A cette époque, nous aurions plutôt parié pour une amourette entre la baronne et le guitariste, mais on laissait dire le Jeannot, il devait avoir ses raisons …
***
En arrivant au pavillon ce jour-là, le Louis trouva Christian plongé dans la lecture de vieux journaux.
- C'est bizarre, ça, s'étonnait-il en montrant à la Brouette un exemplaire du Régional, on a découpé l'article sur la mort du Jeannot. On n'en avait pas beaucoup parlé à l'époque, tu te souviens mais il y avait eu, quand même, deux- trois articles avant que les gendarmes décident que c'était un suicide.
- J'y ai jamais trop cru, moi, à cette histoire de suicide…
Le Louis s'était mis à fouiller à son tour parmi les vieux journaux. Il brandit soudain un autre quotidien orné de la même petite fenêtre soigneusement évidée dans la colonne où auraient dû figurer les conclusions de l'enquête.
- Je me demande bien pourquoi le Pietro a découpé ces articles. En quoi ça le regardait cette histoire?
- Attends, j'ai autre chose à te montrer, tu vas voir … Christian se retourna, balayant des yeux l'ensemble de la pièce. Parmi les cartons et sacs-poubelles qu'il s'apprêtait à emmener à la déchèterie il avisa une boîte à chaussures qu'il ouvrit sous le nez du Louis ébahi :
- Ben ça alors!
Quatre petits cercueils de bois blanc reposaient côte à côte…
- Comme dans les films, hein! s'exclama le Christian, heureux de son effet.
Il y avait bien longtemps que le Louis n'avait pas vu son copain exprimer un tel intérêt pour quelque chose. Il en fut secrètement ravi. Il prit en main l'un des petits cercueils et le tournant entre ses doigts:
- Regarde, là … Il y a des initiales.
Grossièrement peintes en noir, on lisait effectivement, sur un des flancs du petit coffret les deux lettres P et D. Ils vérifièrent que les quatre cercueils portaient bien la même inscription.
- Tu crois que ça a un rapport, tout ça, avec la mort du Jeannot ? Emit le Louis un peu sceptique quand même.
- Ecoute, moi non plus j'ai jamais cru qu'il s'était tué, c'était pas son genre au Jeannot mais quand j'ai trouvé tout ça, caché au fond de l'armoire, sous un tas de vieux chiffons … Maintenant, je vois pas bien ce que vient faire le beau Pietro là-dedans. Ils s'aimaient pas beaucoup ces deux-là mais au point de se trucider… !
N'empêche, les flics se sont pas trop cassé la tête à l'époque et c'est un peu facile de suicider les gens comme ça ! J'ai envie d'aller faire un tour au bois des Tannières où on avait retrouvé le corps…
- Tu sais, quinze ans après, il doit pas rester beaucoup de traces… Mais Louis n'insista pas. Trop heureux de voir ressusciter son Christian, il l'aurait suivi au bout du monde!
***
Ils eurent beau gratter parmi les ronces et les broussailles, l'ancienne clairière du bois des Tannières ne leur révéla aucun secret. Sous les planches pourries de la vieille cabane incendiée ils ne trouvèrent … que des clous !
En retournant à la voiture, le Christian réfléchissait à voix haute.
- La mort du Jeannot, ça remonte à peu près à l'époque où le baron s'était présenté au Conseil Général, hein ?
- Ouais, je me souviens que quand le Pietro arrivait à l'Annexe, le Jeannot se gondolait en saluant la secrétaire du futur Conseiller.
On venait juste de l'enterrer quand le baron a été battu aux élections.
- Ca doit être deux ou trois mois après qu'il s'est envolé le Pietro. Je me demande ce qu'il est devenu.
- Il a dû retourner dans sa tribu. Tu sais, ces gars-là ne se fixent jamais très longtemps au même endroit, même dans un château ils se sentent vite à l'étroit!
Après le drame, quand la veuve était partie pour la Normandie avec ses poulinières, elle n'avait pas vendu la petite maison où ils avaient vécu, le Jeannot et elle. Christian, alors maire du village, avait reçu la garde des clés de la propriété. Il s'y rendait de temps en temps pour constater que tout était en ordre. Il persuada la Brouette de l'accompagner sur les lieux, lors de sa prochaine visite "pour voir" suggéra-t-il …
Ils eurent du mal à débloquer les fenêtres et à pousser les volets que le lierre retenait dans ses griffes.
- Quinze ans sans être habitée, c'est mauvais pour une maison, constata le Louis. Pourquoi elle vend pas son bien, la Nicole?
Il regardait autour de lui, gêné d'être là et attristé par l'état du logis. Christian après un instant d'hésitation avait entrepris une fouille systématique des placards.
Dans la cave où il était descendu, Louis avait moins l'impression d'entrer par effraction dans une intimité qui ne le regardait pas. Il ouvrait les tiroirs de l'établi, déplaçait les boites de clous et de vis, caressant au passage les vieux outils poussiéreux. Il alla jusqu'à donner quelques coups de pelle dans le tas de charbon, Il avait vu faire ça dans un film …
- Si encore on savait ce qu'on cherche! grommelait-il.
Il allait remonter, bredouille, quand il avisa une série de boîtes métalliques, de celles qui décoraient autrefois le manteau des cheminées : Farine, sucre, épices … Il renversa la première sur l'établi. Une pluie de vieux boutons roula sur le bois rugueux … mais quelque chose restait accroché au fond : une enveloppe serrée par un élastique qui lui claqua entre les doigts.
A l'intérieur il trouva les six photos prises au polaroïd.
***
Ils sont assis devant deux bières bien fraîches dans la cuisine du Louis. Les photos étalées sur la table témoignent d'une histoire assez sordide dont le Christian raconte l'épilogue pour la troisième fois, au moins, en affinant chaque fois les détails.
- Toi qui disais qu'un manouche ça reste jamais longtemps au même endroit !
Quand j'ai appris, par la concierge, que ça faisait neuf ans qu'il avait pas quitté cette adresse, je me suis dit que je m'étais trompé, que c'était pas mon bonhomme. Et puis ce nom que j'avais trouvé dans les registres de la mairie : Reinhardt, qui collait pas avec les initiales sur les cercueils … Alors j'ai attendu qu'il sorte de chez lui, pour voir… Et là, mon vieux, ben j'ai eu du mal à le reconnaître le beau Pietro!
Il avait avalé une partie de sa belle crinière d'autrefois et ça lui faisait un petit coussin tout rond sur l'estomac ! Mais c'était bien toujours la même démarche, une manière qu'il avait de danser sur des nuages, tu te rappelles?
J'avais les photos dans la poche mais je ne savais pas comment l'aborder. Je me suis mis à le suivre. Quand il s'est arrêté devant l'école ça m'a fait tout drôle mais quand les deux gamins se sont jetés dans ses jambes en gueulant "papa!" j'ai pas pu m'empêcher de reculer, trois pas en arrière, et j'ai fait celui qui comptait les tulipes dans la vitrine du fleuriste…
Je les ai regardés s'en aller tous les trois, ils avaient l'air d'avoir un tas de trucs à se dire.
La journée d'un môme à cet âge-là c'est plein d'aventures à raconter le soir, quand y a quelqu'un pour écouter !
Et il écoutait le Pietro, ah oui ! Il prenait part … Je me sentais vraiment de trop sur ce trottoir.
Le Louis hoche la tête et approuve sans sourire.
Cette sale histoire qu'aurait mise en branle le Jeannot après avoir surpris le baron et son prétendu jardinier. Ces photos compromettantes qu'il aurait prises pour faire chanter le candidat au Conseil Général. Les petits cercueils qu'il envoyait au Pietro pour l'impressionner et le faire déguerpir, ce sale petit pédé ! Tout ça pour arriver à cette "explication" qui aurait mal tourné dans la cabane au fond des Tannières. Le crime maquillé en suicide. Le peu d'enthousiasme des gendarmes pour une véritable enquête …
Ils se disent en sirotant leurs bières qu'ils n'ont certainement pas rêvé tout ça mais que, de toute manière ils ne ressusciteraient personne en allant raconter leurs salades à la justice et que la paix, le bonheur de deux gamins vaut bien qu'on laisse, pour une fois, la vérité au fond de son puits.
Christian ramasse la poignée de photos et sort son briquet :
- Y a quand même un truc que je comprends pas . Pourquoi le Jeannot il avait mis les initiales P.D. sur les cercueils ? Le Pietro s'appelle Reinhardt avec un R, ça colle pas …
Le Louis réfléchit un moment et glousse soudain, levant le nez de son verre:
- Tu sais, il avait pas fait les grandes écoles ce con-là ! Pour lui, pédé, ça s'écrivait au plus simple: un P et un D, faut pas chercher plus loin!
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Mes remarques, y compris ce qui relève de la typographie :
« (guillemets français) très chers parents » (guillemets français)[/b], les « (guillemets français) inoubliables » (guillemets français)[/b] et les « (guillemets français) bienaimés (« bien-aimés » ?) » (guillemets français)
« leur binette à l'identique ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« Venus de la ville pour la plupart, c'était (« c’étaient » ?) de jeunes couples avec ou sans enfants »
« en cette veille d'élections municipales ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« la liste unique qu'on eût trouvé inconcevable »
« — (cadratin introduisant une réplique) L'Antoine »
« ma femme et ma belle-mère sont d'accord avec moi, pour une fois ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« — (cadratin introduisant une réplique) Et la Martine … Qu'est-ce que c'est »
Autant dire que les neuf dixièmes (et non « les neuf- dixièmes ») du village se retrouvèrent à « (guillemets français) l'Annexe » (guillemets français)
qu'on puisse donner un jour du « (guillemets français) Monsieur le Maire » (guillemets français)
« l'admiration béate de leurs géniteurs pour ce premier-né »
une raison : leur « (guillemets français) Grand » (guillemets français) avait trop de sang
« s'étioler sur des bouquins à longueur de journée ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« A peine avait-il quitté ses serres, (je ne suis pas sûre de l’utilité de cette virgule) qu'on le voyait s'enfermer »
« (guillemets français) Pipi-de-chat » (guillemets français)
« Christian s'arrangea (et non « s’ arrangea ») »
« comme s'il s'était agi (et non « agit ») de son propre fils »
« le Damien ricanait, narquois : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) C'est pas maraîcher »
« c'est assistante sociale ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« Il se régalait de les voir bayer (ou « béer ») d'admiration »
« ils rigolaient entre eux : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) C'est quand même plus impressionnant »
« — (cadratin introduisant une réplique) Il lui fallait bien ça »
« ne pas être en reste derrière son petit frère ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« L'aîné des Valet digérait mal, (pourquoi une virgule ici ?) de voir grandir la popularité de son puîné »
un cérémonieux « (guillemets français) Monsieur le Maire » (guillemets français)
Il allait régulièrement « (guillemets français) l'entraîner » (guillemets français)
« — (cadratin introduisant une réplique) Des pointes de soixante à l'heure »
« contraindre son chien à la moindre discipline : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) Cow-boys de mes deux ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« on fait de la trottinette ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« la mère de Nicolas tint à ce que son fils fût enterré »
« (guillemets français) très chers parents » (guillemets français)[/b], les « (guillemets français) inoubliables » (guillemets français)[/b] et les « (guillemets français) bienaimés (« bien-aimés » ?) » (guillemets français)
« leur binette à l'identique ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« Venus de la ville pour la plupart, c'était (« c’étaient » ?) de jeunes couples avec ou sans enfants »
« en cette veille d'élections municipales ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« la liste unique qu'on eût trouvé inconcevable »
« — (cadratin introduisant une réplique) L'Antoine »
« ma femme et ma belle-mère sont d'accord avec moi, pour une fois ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« — (cadratin introduisant une réplique) Et la Martine … Qu'est-ce que c'est »
Autant dire que les neuf dixièmes (et non « les neuf- dixièmes ») du village se retrouvèrent à « (guillemets français) l'Annexe » (guillemets français)
qu'on puisse donner un jour du « (guillemets français) Monsieur le Maire » (guillemets français)
« l'admiration béate de leurs géniteurs pour ce premier-né »
une raison : leur « (guillemets français) Grand » (guillemets français) avait trop de sang
« s'étioler sur des bouquins à longueur de journée ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« A peine avait-il quitté ses serres, (je ne suis pas sûre de l’utilité de cette virgule) qu'on le voyait s'enfermer »
« (guillemets français) Pipi-de-chat » (guillemets français)
« Christian s'arrangea (et non « s’ arrangea ») »
« comme s'il s'était agi (et non « agit ») de son propre fils »
« le Damien ricanait, narquois : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) C'est pas maraîcher »
« c'est assistante sociale ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« Il se régalait de les voir bayer (ou « béer ») d'admiration »
« ils rigolaient entre eux : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) C'est quand même plus impressionnant »
« — (cadratin introduisant une réplique) Il lui fallait bien ça »
« ne pas être en reste derrière son petit frère ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« L'aîné des Valet digérait mal, (pourquoi une virgule ici ?) de voir grandir la popularité de son puîné »
un cérémonieux « (guillemets français) Monsieur le Maire » (guillemets français)
Il allait régulièrement « (guillemets français) l'entraîner » (guillemets français)
« — (cadratin introduisant une réplique) Des pointes de soixante à l'heure »
« contraindre son chien à la moindre discipline : » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « : »)
« — (cadratin introduisant une réplique) Cow-boys de mes deux ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« on fait de la trottinette ! » (les conventions typographiques veulent un espace insécable avant le « ! »)
« la mère de Nicolas tint à ce que son fils fût enterré »
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Ces deux nouvelles, je me souviens les avoir lues et appréciées. Arielle, y en aurait-il d'autres du même cru ? Parce qu'à elles seules, elles mériteraient bien un recueil. Ce que j'en dis...
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
J'en suis restée à la première, un " violon " assassiné ayant bien suffi. On s'y croirait dans ces villages retirés et pourtant vitrines de la profonde imbécilité qui nous habite.
On y est de fait.
On y est de fait.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Mes remarques, toujours d'un point de vue typographique :
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Le petit pêcher
mon vieux Roméo ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
c'est pas ton rayon ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) La vieille Amélie
se laisser aller à ce point ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
hein, Roméo ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
Mais nous avions, de tout temps, infligé comme un camouflet, (je ne suis pas sûer de l’utilité de la virgule ici) ces fausses lettres de noblesse
les amours du baron et d'un jeune « (guillemets français) jardinier » (guillemets français)
que son quintal de muscles hargneux avait fait surnommer « (guillemets français) la Brute » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Regarde-moi ces chiennes
un de ces soirs ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
ce qui se passait dans les alcôves du Château ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) C'est bizarre, ça
deux-trois (et non « deux- trois ») articles
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) J'y ai jamais trop cru
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Je me demande bien pourquoi le Pietro
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Attends, j'ai autre chose à te montrer, tu vas voir … Christian se retourna (attention, si finalement la convention des dialogues est de ne faire entretenir aucun guillemets, il vaut mieux revenir à la ligne quand on passe du dialogue à une didascalie longue)
[b]— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ben ça alors ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Comme dans les films, hein ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
le tournant entre ses doigts : (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « : »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Regarde, là
Grossièrement peintes en noir, on lisait effectivement, sur un des flancs du petit coffret (je pense qu’ici une autre virgule serait préférable) les deux lettres P et D
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu crois que ça a un rapport
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ecoute, moi non plus
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu sais, quinze ans après,
il l'aurait suivi au bout du monde ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) La mort du Jeannot, ça remonte
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ouais, je me souviens
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ça doit être deux ou trois mois
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Il a dû retourner dans sa tribu.
ils se sentent vite à l'étroit ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
lors de sa prochaine visite « (guillemets français) pour voir » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Quinze ans sans être habitée
Pourquoi elle vend pas son bien, la Nicole ? (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ? »)
déplaçait les boîtes de clous et de vis
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Si encore on savait ce qu'on cherche ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Toi qui disais qu'un manouche ça reste jamais longtemps au même endroit !
Quand j'ai appris, (toujours dans l’hypothèse où il n’y a pas de guillemets dans les dialogues, il importe tout de même de marquer typographiquement le passage à la ligne à l’intérieur d’une réplique ; il s’agit d’un choix typographique qui devrait être constant au cours du recueil) par la concierge,
j'ai eu du mal à le reconnaître le beau Pietro ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
une manière qu'il avait de danser sur des nuages, tu te rappelles ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
quand les deux gamins se sont jetés dans ses jambes en gueulant « (guillemets français) papa ! » (espace insécable avant « ! », et guillemets français)
Tout ça pour arriver à cette gueulant « (guillemets français) explication » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Y a quand même un truc que je comprends pas
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu sais, il avait pas fait les grandes écoles
faut pas chercher plus loin ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Le petit pêcher
mon vieux Roméo ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
c'est pas ton rayon ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) La vieille Amélie
se laisser aller à ce point ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
hein, Roméo ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
Mais nous avions, de tout temps, infligé comme un camouflet, (je ne suis pas sûer de l’utilité de la virgule ici) ces fausses lettres de noblesse
les amours du baron et d'un jeune « (guillemets français) jardinier » (guillemets français)
que son quintal de muscles hargneux avait fait surnommer « (guillemets français) la Brute » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Regarde-moi ces chiennes
un de ces soirs ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
ce qui se passait dans les alcôves du Château ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) C'est bizarre, ça
deux-trois (et non « deux- trois ») articles
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) J'y ai jamais trop cru
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Je me demande bien pourquoi le Pietro
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Attends, j'ai autre chose à te montrer, tu vas voir … Christian se retourna (attention, si finalement la convention des dialogues est de ne faire entretenir aucun guillemets, il vaut mieux revenir à la ligne quand on passe du dialogue à une didascalie longue)
[b]— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ben ça alors ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Comme dans les films, hein ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
le tournant entre ses doigts : (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « : »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Regarde, là
Grossièrement peintes en noir, on lisait effectivement, sur un des flancs du petit coffret (je pense qu’ici une autre virgule serait préférable) les deux lettres P et D
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu crois que ça a un rapport
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ecoute, moi non plus
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu sais, quinze ans après,
il l'aurait suivi au bout du monde ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) La mort du Jeannot, ça remonte
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ouais, je me souviens
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Ça doit être deux ou trois mois
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Il a dû retourner dans sa tribu.
ils se sentent vite à l'étroit ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
lors de sa prochaine visite « (guillemets français) pour voir » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Quinze ans sans être habitée
Pourquoi elle vend pas son bien, la Nicole ? (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ? »)
déplaçait les boîtes de clous et de vis
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Si encore on savait ce qu'on cherche ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Toi qui disais qu'un manouche ça reste jamais longtemps au même endroit !
Quand j'ai appris, (toujours dans l’hypothèse où il n’y a pas de guillemets dans les dialogues, il importe tout de même de marquer typographiquement le passage à la ligne à l’intérieur d’une réplique ; il s’agit d’un choix typographique qui devrait être constant au cours du recueil) par la concierge,
j'ai eu du mal à le reconnaître le beau Pietro ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
une manière qu'il avait de danser sur des nuages, tu te rappelles ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
quand les deux gamins se sont jetés dans ses jambes en gueulant « (guillemets français) papa ! » (espace insécable avant « ! », et guillemets français)
Tout ça pour arriver à cette gueulant « (guillemets français) explication » (guillemets français)
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Y a quand même un truc que je comprends pas
— (pour l’introduction d’une réplique de dialogue – typographie) Tu sais, il avait pas fait les grandes écoles
faut pas chercher plus loin ! (les conventions typographiques demandent un espace insécable avant « ! »)
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Lucy a écrit:Ces deux nouvelles, je me souviens les avoir lues et appréciées. Arielle, y en aurait-il d'autres du même cru ? Parce qu'à elles seules, elles mériteraient bien un recueil. Ce que j'en dis...
On va d'abord essayer de boucler le premier et, si ça fonctionne bien, rien n'interdit d'envisager la suite... ;-)
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Projet d'édition 1 - Chroniques rustiques
Première fois que je lis du Arielle. Ah aha pas vraiment le rayon dans lequel je vais piocher mes bouquins mais bon...
Clap clap clap pour le style simple et lisible. On arrive au bout sans regarder l'heure et ça, c'est déjà l'essentiel. J'ai préféré le premier que le second parce qu'il m'a paru plus original, plus saillant au niveau des anecdotes (le camion et le chien...). Les dialogues m'ont semblé très naturels. Après...bon ben après c'est de l'histoire divertissante quoi, je suis pas sûr que je ne me fatiguerai pas de tout un recueil. Surtout que dans le genre conte rustique nous avons Maupassant, Mirbaut et d'autres types qui sont encore quelques crans au dessus.
Je crois que tu gagnerais à inclure plus de détails du quotidien, des choses que nous autres, citoyens buvant du champagne et dansant dans les clubs, ne connaissont pas, afin de nous faire voyager...
Ah oui, comme je suis sensible, j'ai senti une montée de larme au dernier tiers des deux textes. Ca m'a emu. Bravo, il y a un processus.
Clap clap clap pour le style simple et lisible. On arrive au bout sans regarder l'heure et ça, c'est déjà l'essentiel. J'ai préféré le premier que le second parce qu'il m'a paru plus original, plus saillant au niveau des anecdotes (le camion et le chien...). Les dialogues m'ont semblé très naturels. Après...bon ben après c'est de l'histoire divertissante quoi, je suis pas sûr que je ne me fatiguerai pas de tout un recueil. Surtout que dans le genre conte rustique nous avons Maupassant, Mirbaut et d'autres types qui sont encore quelques crans au dessus.
Je crois que tu gagnerais à inclure plus de détails du quotidien, des choses que nous autres, citoyens buvant du champagne et dansant dans les clubs, ne connaissont pas, afin de nous faire voyager...
Ah oui, comme je suis sensible, j'ai senti une montée de larme au dernier tiers des deux textes. Ca m'a emu. Bravo, il y a un processus.
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