Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
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Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre), (poème en prose)
Ah, marcher avec vous dans les rues d'une ville, sans avoir le droit de nous toucher. Faux amants condamnés à puiser leur plaisir dans l'inédit d'une histoire à peine esquissée, amoureux malhabiles à jouir de leur promiscuité... Deviner votre attirance sans pouvoir rien en dire de peur de … vous perdre? Qu'il est délicat de sentir jusqu'où se comprennent les phrases allusives!
Je cherche dans cette promenade le point exact où le sens bascule, où le référent devient intelligible... il faut vous laisser le loisir de mentir, de sembler pudiquement n'avoir pas saisi le sens de mes paroles, et voir dans votre démarche, vos yeux, et la régularité de votre souffle, ce sursaut, ce frisson qu'on a quand on comprend que cela nous concerne.
Dire que la chaîne ininterrompue de mes mots pénètre votre esprit, votre discernement! Dans ce jeu de l'implication, je n'ai pas de droit à l'erreur. Tout ce que signifient mes paroles pénètre régulièrement en vous, une allusion trop grossière, et je me perds à jamais.
Je vous parle et vous n'entendez pas que mes paroles crient « trop signifier c'est tout perdre ». Tout perdre de ce désir latent, si irréalisable que le simple son de son nom arbitraire l'abolirait à jamais. Il me faut toujours vous laisser le droit de penser que ces paroles, tout emplies de vous, ne vous concernent pas comme objet du discours, tout au plus comme cet interlocuteur distant qui entend sans juger, placide et indolent.
Mais ce disant en marchant un pan de votre manteau a effleuré ma cuisse, et ce désir, si précieux tout à l'heure qu'il me fallait le conserver de toute force, devient oppressant, demande à s'accomplir dans le monde, et qu'on le laisse, repu et moribond, tranquille enfin! Je n'en peux maintenant plus d'endurer encore cette exaspérante chaleur qui émane de vous, votre belle indifférence et votre superbe altérité m'insupportent. Je voudrais façonner votre corps de mes mains pour le rendre palpable, le voir exultant de ce plaisir délétère dont on sait qu'il amène au dégoût, j'aspire à vous dire clairement cette insoutenable envie que j'ai de vous... perdre?
Ah, marcher avec vous dans les rues d'une ville, sans avoir le droit de nous toucher. Faux amants condamnés à puiser leur plaisir dans l'inédit d'une histoire à peine esquissée, amoureux malhabiles à jouir de leur promiscuité... Deviner votre attirance sans pouvoir rien en dire de peur de … vous perdre? Qu'il est délicat de sentir jusqu'où se comprennent les phrases allusives!
Je cherche dans cette promenade le point exact où le sens bascule, où le référent devient intelligible... il faut vous laisser le loisir de mentir, de sembler pudiquement n'avoir pas saisi le sens de mes paroles, et voir dans votre démarche, vos yeux, et la régularité de votre souffle, ce sursaut, ce frisson qu'on a quand on comprend que cela nous concerne.
Dire que la chaîne ininterrompue de mes mots pénètre votre esprit, votre discernement! Dans ce jeu de l'implication, je n'ai pas de droit à l'erreur. Tout ce que signifient mes paroles pénètre régulièrement en vous, une allusion trop grossière, et je me perds à jamais.
Je vous parle et vous n'entendez pas que mes paroles crient « trop signifier c'est tout perdre ». Tout perdre de ce désir latent, si irréalisable que le simple son de son nom arbitraire l'abolirait à jamais. Il me faut toujours vous laisser le droit de penser que ces paroles, tout emplies de vous, ne vous concernent pas comme objet du discours, tout au plus comme cet interlocuteur distant qui entend sans juger, placide et indolent.
Mais ce disant en marchant un pan de votre manteau a effleuré ma cuisse, et ce désir, si précieux tout à l'heure qu'il me fallait le conserver de toute force, devient oppressant, demande à s'accomplir dans le monde, et qu'on le laisse, repu et moribond, tranquille enfin! Je n'en peux maintenant plus d'endurer encore cette exaspérante chaleur qui émane de vous, votre belle indifférence et votre superbe altérité m'insupportent. Je voudrais façonner votre corps de mes mains pour le rendre palpable, le voir exultant de ce plaisir délétère dont on sait qu'il amène au dégoût, j'aspire à vous dire clairement cette insoutenable envie que j'ai de vous... perdre?
Philomène- Nombre de messages : 114
Age : 43
Date d'inscription : 12/12/2009
Re: Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Bonsoir Philomène,
Belle écriture, je trouve, et surtout une description réelle du désir, et de ses circonvolutions difficiles à comprendre.
Il me semble que ton texte dit bien cet état d'âme ; celui d'avoir du désir, ou même davantage, mais de ne rien devoir transparaître ; puisque le dire, ce serait perdre le droit de continuer une relation, une sorte d'amitié qui n'en est pas une, mais au moins, qui existe, comme relation.
Il me semble connaître cela, batailler avec cela.
Bonne nuit,
-Celeron
Belle écriture, je trouve, et surtout une description réelle du désir, et de ses circonvolutions difficiles à comprendre.
Il me semble que ton texte dit bien cet état d'âme ; celui d'avoir du désir, ou même davantage, mais de ne rien devoir transparaître ; puisque le dire, ce serait perdre le droit de continuer une relation, une sorte d'amitié qui n'en est pas une, mais au moins, qui existe, comme relation.
Il me semble connaître cela, batailler avec cela.
Bonne nuit,
-Celeron
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Superbe expression de sentiments contradictoires. Désir étouffant, réprimé, de peur de perdre l'être convoité...
Le dernier paragraphe est très réussi.
Le dernier paragraphe est très réussi.
Invité- Invité
Re: Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Je ne dirai pas mieux que les précédents : c'est superbe. Une observation fine du désir qu'on s'impose de taire, alors qu'un détail ferait tout basculer.
Et ce choix du "vous" qui renforce l'interdit en quelque sorte.
Beaucoup de plaisir à te lire, Philomène.
Et ce choix du "vous" qui renforce l'interdit en quelque sorte.
Beaucoup de plaisir à te lire, Philomène.
Invité- Invité
Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Texte plein de contradictions qui sont les contradictions de l'amour et du désir.
Amicalement
Claire d'Orée
Amicalement
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Cette insoutenable envie que j'ai de vous (perdre)
Beaucoup de circonvolutions dans ce JE qui s'exprime à travers un VOUS, vit à travers l'autre sans oser l'affronter. Cela est plutôt bien maîtrisé sur le fond.
Sur la forme, je pense que davantage de distance aurait sans doute renforcé le propos mais déjà là, comme ça, l'écriture se veut subtile et légère; c'est bien.
Sur la forme, je pense que davantage de distance aurait sans doute renforcé le propos mais déjà là, comme ça, l'écriture se veut subtile et légère; c'est bien.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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