Même regard

Le même regard.

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Un matin ordinaire avec un soleil timide.
Tout le monde s’est levé comme le jour.
Tout le jour s’est levé comme le monde. Mais….
Mon chien était différent ce jour là.
Mon père aussi
Je lisais dans leurs pupilles respectives une inquiétude inhabituelle.
Bizarrement, mon père avait le même regard que mon chien.
J’avais descellé ça dès le réveil.
Mon père parlait peu le matin, mon chien aussi.
Ma mère, plus bavarde, s’occupait à ranger le petit déjeuner en débitant des conseils
pour la journée.

Nous l’écoutions tous même mon père.

Mon chien était différent ce matin là.
Mon père aussi.

C’est en regardant ma mère partir de dos dans la cuisine que j’ai ressenti l’inéluctable pressentiment pupillaire de mon père et de mon chien.

Je voyais ma mère, ma tendre et chère mère, pour la dernière fois.

Le sol s’est mis à trembler, les vases et les bibelots sont tombés et les voisins du dessus se sont invités chez nous dans un fracas de cris et de grincements macabres.

Quelques minutes de poussières et de tremblements.
Quelques minutes d’heures.

Puis quelques heures de « sommeil ».

Mon réveil …enfin ce qu’il en reste de ce réveil…
… dans un résidu de cauchemard avec le regard de mon père et de mon chien le matin !!

Ce fameux putain de matin !!!

Et ma mère partie de dos dans la cuisine.

Mon chien était différent ce jour là.
Mon père aussi.

Un réveil avec pour seul horizon une plaque de béton à quelques centimètres.
Des douleurs dans les jambes, des souvenirs du matin, de ma mère, de mon père, de mon chien.

Immobile des heures à crier.
Immobile des heures et des heures.

A penser mon esprit si jeune non préparé ?
Déjà penser à la mort ?
A l’au-delà ?

Non !!

Pour ne pas penser, j’ai crié, j’ai crié et j’ai crié encore du plus fort de mon tombeau provisoire, j’ai crié à me casser les cordes vocales.

Je me souviens du regard de mon sauveur quand je lui ai demandé où étaient mes parents et mon chien ?

Il a eut le même regard.

Mon chien était différent ce matin là.
Mon père aussi.

Aujourd’hui j’en tremble encore.