A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
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A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
A celles qui se reconnaitront, salut.
Je fus adorable. Merci !
Mon épouse a reconnu dès qu’elle se fût remise à respirer moins encombré.
Passage réussi !
J’étais resté tout au long de l’ « Affaire » du plus parfait correct !
Compliments de la maison.
C’est vrai, j'aurais pu être, sans difficulté aucune, mille fois pire ! Mais le sachant, je m’étais retenu.
Donc, admirable de surcroit !
Je n’eus point à forcer :
Dès qu’arrivés au château, je nous étais trouvés tous, autant que nous fûmes, transportés XVIII ème en diable.
Cela suffît à me mettre en humeur.
Tout allait du mieux, lorsqu’une calèche, moyeux brisé, aux portes du palais, nous déversa trois fées de tous horizons venues voir la mer. A moins que ce ne fût Brocéliande ou les rives enchantées de la Rance. Comment savoir ? Il pousse à ces diablotines de si curieuses envies.
Devant la roue catastrophe, elles eurent beau s’agiter de toutes leurs baguettes en désastre, rien n’y fit.
Le bois brisé de leur essieu resta de marbre.
Jamais décidément roseau fut-il pensant ne pliera le chêne !
Il leur fallait se résigner à faire étape.
Heureusement Guenièvre et Arthur, son monarque dont nous étions les hôtes, baissèrent le pont levis, toute affaire cessante, leur offrant tout grand gîte et couvert !
C’est ainsi que nous les vîmes nous tomber tout en tornades, babilles d’émois et autres éclats.
Mais quel inattendu et mirifique arrivage !
Assis entre ce roi de légende engoncé dionysiaque en sa barbe cathèdre et ces envoûtantes sorceleuses, prie de croire, je me sentais menu petit.
D’autant que Viviane du Val sans retour, ma mie, toujours prête à taper du pied manquant entre deux vers, veillait au grain.
Pour une fois qu’elle avait consenti à m’extraire, certes dument menotté, du château de verre où elle me garde prisonnier, autant que je tienne à carreau mon arbalète et ne distille point trop en piques mes venins secrets et hermétiques connaissances !
Maintenant qu’était sur tréteaux la table dressée, il y avait urgence à distraire, ravir et amuser, si possible sans heurter, ces fées déconfites d’avoir à patienter leurs hâtes d’infinis le temps du dépanné.
Aller au charron, changer la roue… c’était des heures !
Par trop m’encanailler eût sur le champ paru démesure, rester coi au pied de ma geôlière, me montrer par trop soumis !
Quel dilemme !
Le roi lui-même, bien qu’au regard en envies de polissonnes bacchanales, par tant de grâces assemblées semblait dépassé !
D’ici que nous finissions menuet, rigodon ou virelai cochon, il n’y avait qu’un pas…mais de deux … c’eût été trop !
Aussi nous contentâmes-nous de tenir salon façon impénétrables "Récamières".
Pur régal !
Par amour excessif de l'écrit, d'aucunes de ses charmantes s'étaient habillées … en pages.
Blanches ? Non !
Mais jusqu’aux braies courtes-pointes et hauts-de-chausses. Rien de moins !
Ce qui ne les empêcha nullement, bonnes fées faisant mauvaise foi, de protester de l’intention et de se prétendre sans honte aucune, tout banalement "enrobées".
Mais l’œil était là, qui faisait la différence. Le coquin avait compris !
Ces fées-là étaient prêtes, parées à tous les artifices!
C’est en cela, foutre Dieu, que git la femme véritable et son génie ! N’y voulant point revenir, je n’en pense pas moins !
XVIIIème, comme nous étions ficelés, nous n’allions pas quand même, anachronisme interdit, refaire la guerre de 14, une fois de plus saigner Céline, compter poux et bigoudis à Colette ou questionner la gare de Perpignan, centre du monde, oui ou non ?
Aussi, la dispute roula-t-elle sans qu’on eût à l’y pousser et sans en écraser aucun, sur les sujets les plus universellement indiscutables.
Tant forts nous nous sentions en nombre qu’il nous arrivait, sans hésite, d’en attaquer plusieurs de front et à la fois !
Nous devisâmes avec la dernière violence, entre petits fours, liqueurs et alambics, tisanes et jouvences de billevesées débattues à l’infini ! La vie, la mort et l’amour.
L’amour existerait-il seulement ?
Bite ou pas trop bite ?
C’était bien sûr pas là, la question, foutre non !
C’est de cœur que nous parlions !
Ainsi naquirent empathies de nymphes à manants, de Mélusine à Lusignan, et grandes sympathies de Muses en amuses…entre sagesse royale et fricotage de baguettes.
Cependant, pas qu’on imagine !... point de cantharide !
N'est pas Sade qui veut !
Nous avions, fin de compte, réussi à éviter les rigoles à Rousseau, à peine entrevu Voltaire, et nous dûmes à la présence de Molière en ses délires, de finir, par des biais que je ne conte pas,… en causeries d'amour courtois.
L’amour courtois ! Mais comment donc :
Après vous mon ami… ainsi au moins, ne piétinerez-vous point ma traine !
L’amour courtois :
Mais où donc fallait-il déposer l’épée ?
Entre, à tort ou de travers ? Plus grave encore : devant ou derrière ?
Déjà, je voyais ma Viviane grimacer d’inquiétude :
« D’ici qu’il me sorte, mon Merlin, de mes tiroirs tous les secrets ! »
J’avoue n’en avoir pas été loin, Viviane, mon amour, mais fort heureusement, la promesse faite de ne rien dévoiler de nous me retint !
De cul en chemise, nous en étions arrivés à nous pencher sur l’épineuse question du « rôle de la sodomie hétérosexuelle dans l'art de la contraception au Moyen Age ».
Sujet qui ne demandait qu'à être creusé.….
D’autant qu’il n’est que fort rarement abordé !...Et pourtant, que de bûchers en son nom!
Pensez !
Oser jouir sans se reproduire !
Mais, hélas et patatras !... on venait nous prévenir :
Le carrosse était redressé !
Derrière les vitres, le roi des aulnes aux squelettes des arbres faisait la fête!
Chevaux et cochers piaffaient aux intempéries !
Tout cela tombait vraiment fort bête.
La fête déjà était finie.
Je fus adorable. Merci !
Mon épouse a reconnu dès qu’elle se fût remise à respirer moins encombré.
Passage réussi !
J’étais resté tout au long de l’ « Affaire » du plus parfait correct !
Compliments de la maison.
C’est vrai, j'aurais pu être, sans difficulté aucune, mille fois pire ! Mais le sachant, je m’étais retenu.
Donc, admirable de surcroit !
Je n’eus point à forcer :
Dès qu’arrivés au château, je nous étais trouvés tous, autant que nous fûmes, transportés XVIII ème en diable.
Cela suffît à me mettre en humeur.
Tout allait du mieux, lorsqu’une calèche, moyeux brisé, aux portes du palais, nous déversa trois fées de tous horizons venues voir la mer. A moins que ce ne fût Brocéliande ou les rives enchantées de la Rance. Comment savoir ? Il pousse à ces diablotines de si curieuses envies.
Devant la roue catastrophe, elles eurent beau s’agiter de toutes leurs baguettes en désastre, rien n’y fit.
Le bois brisé de leur essieu resta de marbre.
Jamais décidément roseau fut-il pensant ne pliera le chêne !
Il leur fallait se résigner à faire étape.
Heureusement Guenièvre et Arthur, son monarque dont nous étions les hôtes, baissèrent le pont levis, toute affaire cessante, leur offrant tout grand gîte et couvert !
C’est ainsi que nous les vîmes nous tomber tout en tornades, babilles d’émois et autres éclats.
Mais quel inattendu et mirifique arrivage !
Assis entre ce roi de légende engoncé dionysiaque en sa barbe cathèdre et ces envoûtantes sorceleuses, prie de croire, je me sentais menu petit.
D’autant que Viviane du Val sans retour, ma mie, toujours prête à taper du pied manquant entre deux vers, veillait au grain.
Pour une fois qu’elle avait consenti à m’extraire, certes dument menotté, du château de verre où elle me garde prisonnier, autant que je tienne à carreau mon arbalète et ne distille point trop en piques mes venins secrets et hermétiques connaissances !
Maintenant qu’était sur tréteaux la table dressée, il y avait urgence à distraire, ravir et amuser, si possible sans heurter, ces fées déconfites d’avoir à patienter leurs hâtes d’infinis le temps du dépanné.
Aller au charron, changer la roue… c’était des heures !
Par trop m’encanailler eût sur le champ paru démesure, rester coi au pied de ma geôlière, me montrer par trop soumis !
Quel dilemme !
Le roi lui-même, bien qu’au regard en envies de polissonnes bacchanales, par tant de grâces assemblées semblait dépassé !
D’ici que nous finissions menuet, rigodon ou virelai cochon, il n’y avait qu’un pas…mais de deux … c’eût été trop !
Aussi nous contentâmes-nous de tenir salon façon impénétrables "Récamières".
Pur régal !
Par amour excessif de l'écrit, d'aucunes de ses charmantes s'étaient habillées … en pages.
Blanches ? Non !
Mais jusqu’aux braies courtes-pointes et hauts-de-chausses. Rien de moins !
Ce qui ne les empêcha nullement, bonnes fées faisant mauvaise foi, de protester de l’intention et de se prétendre sans honte aucune, tout banalement "enrobées".
Mais l’œil était là, qui faisait la différence. Le coquin avait compris !
Ces fées-là étaient prêtes, parées à tous les artifices!
C’est en cela, foutre Dieu, que git la femme véritable et son génie ! N’y voulant point revenir, je n’en pense pas moins !
XVIIIème, comme nous étions ficelés, nous n’allions pas quand même, anachronisme interdit, refaire la guerre de 14, une fois de plus saigner Céline, compter poux et bigoudis à Colette ou questionner la gare de Perpignan, centre du monde, oui ou non ?
Aussi, la dispute roula-t-elle sans qu’on eût à l’y pousser et sans en écraser aucun, sur les sujets les plus universellement indiscutables.
Tant forts nous nous sentions en nombre qu’il nous arrivait, sans hésite, d’en attaquer plusieurs de front et à la fois !
Nous devisâmes avec la dernière violence, entre petits fours, liqueurs et alambics, tisanes et jouvences de billevesées débattues à l’infini ! La vie, la mort et l’amour.
L’amour existerait-il seulement ?
Bite ou pas trop bite ?
C’était bien sûr pas là, la question, foutre non !
C’est de cœur que nous parlions !
Ainsi naquirent empathies de nymphes à manants, de Mélusine à Lusignan, et grandes sympathies de Muses en amuses…entre sagesse royale et fricotage de baguettes.
Cependant, pas qu’on imagine !... point de cantharide !
N'est pas Sade qui veut !
Nous avions, fin de compte, réussi à éviter les rigoles à Rousseau, à peine entrevu Voltaire, et nous dûmes à la présence de Molière en ses délires, de finir, par des biais que je ne conte pas,… en causeries d'amour courtois.
L’amour courtois ! Mais comment donc :
Après vous mon ami… ainsi au moins, ne piétinerez-vous point ma traine !
L’amour courtois :
Mais où donc fallait-il déposer l’épée ?
Entre, à tort ou de travers ? Plus grave encore : devant ou derrière ?
Déjà, je voyais ma Viviane grimacer d’inquiétude :
« D’ici qu’il me sorte, mon Merlin, de mes tiroirs tous les secrets ! »
J’avoue n’en avoir pas été loin, Viviane, mon amour, mais fort heureusement, la promesse faite de ne rien dévoiler de nous me retint !
De cul en chemise, nous en étions arrivés à nous pencher sur l’épineuse question du « rôle de la sodomie hétérosexuelle dans l'art de la contraception au Moyen Age ».
Sujet qui ne demandait qu'à être creusé.….
D’autant qu’il n’est que fort rarement abordé !...Et pourtant, que de bûchers en son nom!
Pensez !
Oser jouir sans se reproduire !
Mais, hélas et patatras !... on venait nous prévenir :
Le carrosse était redressé !
Derrière les vitres, le roi des aulnes aux squelettes des arbres faisait la fête!
Chevaux et cochers piaffaient aux intempéries !
Tout cela tombait vraiment fort bête.
La fête déjà était finie.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Mais quelle folie vous habite mon ami ? Que tout cela est délicieusement dit. J'en desserre les lacets de mon corset pour laisser le plaisir m'enlacer.
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Un vrai bonheur de lecture, et une vraie respiration se dit le lecteur esbaudi de tant d'impétueuse ardeur à trouver le mot qui met en joie et fait fondre de plaisir.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
j'aimerais tant savoir qui est qui
étonnant comme dans un langage d'une autre époque, ton style ressort en plein
étonnant comme dans un langage d'une autre époque, ton style ressort en plein
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Impossible ici de ne point tirer de révérence
devant de si irrévérencieux propos évités
et saluer Monsieur dans de si nobles paroles
las! le sage page et la soubrette court
devant de si irrévérencieux propos évités
et saluer Monsieur dans de si nobles paroles
las! le sage page et la soubrette court
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Le texte aussi, hélas. Et pourtant, je ris si facilement que je riais de bon cœur... Sacré Outretemps !La fête déjà était finie.
Invité- Invité
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Tiens, tiens, me suis-je dis... Outretemps de retour ? Voila un moment qu'on ne l'avait croisé ici. Voyons voir ce qu'il nous a rapporté. Je vois que je ne suis pas la seule à m'être dépêchée de venir lire la nouveauté ! Pas déçue au demeurant. Toujours cette truculence de bon aloi, cette langue joyeuse. Un plaisir.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Un pur plaisir de lecture ! Merci, Outretemps !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Viviane du Val sans retour, ma mie, toujours prête à taper du pied manquant entre deux vers, veillait au grain.
Pour une fois qu’elle avait consenti à m’extraire, certes dument menotté, du château de verre où elle me garde prisonnier ...
Pauvre Merlin ! Quelle garce cette Viviane quand même !
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
J'attends que quelqu'un trouve les clés. J'ai la flemme de les chercher.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Les clés ne sont pas loin, mais où diable est passée la serrure ? !
Invité- Invité
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
J'ai passé un bon moment à lire ta langue goûteuse.
Mazette! Quelle vigueur dans les mots!
Mazette! Quelle vigueur dans les mots!
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Et c'est avis de connoisseuse...Arielle a écrit:Pauvre Merlin ! Quelle garce cette Viviane quand même !
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Ah ! Ce délire d'Outretemps, qui gicle à jet continu et pulsé, cette anarchie langagière, qui tisse, sans orthodoxie, une tenture à ramages, pétante, chatoyante, et cependant structurée...
En plus, je trouve que ton temps de repos a renouvelé ta jactance, et j'en suis bien aise pour nous - pour toi à l'extrême rigueur -, quoique d'une jalousie bien jaune.
Je donnerais cher pour pouvoir jouer ces arabesques jazzistiques; peu d'espoir, la fréquentation des grimoires ne produit pas de Django.
Cela posé, tu voulais en venir où, au fait ?
Quand tu parlais de l'Affaire, je craignais que ce ne fût ta santé qui fît la gueule.
Ouf !
Ah, la contraception dont tu parles était fort usitée dans l'Italie des joyeuses luronnes telles que Lucrèce Borgia, offrant l'avantage de contenter à peu près tout le monde...
En plus, je trouve que ton temps de repos a renouvelé ta jactance, et j'en suis bien aise pour nous - pour toi à l'extrême rigueur -, quoique d'une jalousie bien jaune.
Je donnerais cher pour pouvoir jouer ces arabesques jazzistiques; peu d'espoir, la fréquentation des grimoires ne produit pas de Django.
Cela posé, tu voulais en venir où, au fait ?
Quand tu parlais de l'Affaire, je craignais que ce ne fût ta santé qui fît la gueule.
Ouf !
Ah, la contraception dont tu parles était fort usitée dans l'Italie des joyeuses luronnes telles que Lucrèce Borgia, offrant l'avantage de contenter à peu près tout le monde...
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Un jouisseur de mots + un gourmet de la syntaxe+ un raffiné de l'humour, ça fait beaucoup pour un seul homme ,mais Outretemps se joue du "trop" avec une élégance impertinente.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Dites-moi, ma mie: Tel Amour est-il?
Dites-moi, ma mie, tel Amour est-il ?
Quand Merlin fut en sa claire demeure revenu, force lui fut de constater que d’un château l’autre, il n’avait rien gagné
On a beau se mêler au monde, on ne reste jamais que chacun bien chez soi.
Et c’était, somme toute, fort bien ainsi ! Cette exceptionnelle sortie lui avait permis de se rassurer. Si son esprit n’était plus ce qu’il fut, il en restait encore quelques bribes à rigoler :
- Viendrez-vous, Vivianne, ma mie, ce soir bretter avec moi ?
- Je ne sais, Messire, mais vais y songer !
- Ne tardez guère, ma douce, car n’oubliez point : Amour, pour être vrai, se doit jouer !... et l’on y joue jeune, bien mieux que vieux !
A ces mots, dernier sourire, Vivianne prestement en ses appartements s’éclipsa.
C’est là, le premier des secrets. Le temps ne se rattrape pas. Que de rimailleurs après moi se lamenteront, d’avoir par trop tardé, de n’avoir osé point l’audace, quand elle se présenta ?
Le regret toujours tue quand il tenaille, car toujours il dit : trop tard !
Mais Vivianne à sa façon, avait la science des choses :
A regarder en bassecour dindons et paons en leurs roues, au ciel les oiseaux, les autres bêtes en leurs fêtes, nul doute :
Amour n’est que jeu, Merlin l’avait bien dit, et mieux que prison, rien ne vaut théâtre pour faire mari honnête !
Encore, pour jouer bien, se faut-il mettre en scène du mieux, se dit-elle !
A bon amant nul poil aux dents !
Et il doit, pour femmes, en aller de même !
C’est là le secret second dont le comble veut que tout en le sachant très bien, fort peu s’y prêtent !
Dès que pensée cette évidence, d’un coup de baguette, elle fit de ses chausses … des bas qu’aussitôt elle enfila. Puis, foin d’orgueil, fi de poulaines, brisant son sceptre, elle en planta les aiguilles en ses talons.
C’était là, choses fort neuves pour lors.
Routines d’Amour, pour tourner bien, plutôt que de vent brasser, tourbillonnez, voletez en pirouettes!... Par vos tournures aux éclats, é-to-nnez-moi !
Tiers Secret que trop souvent l’on néglige et qui Merlin fort enchanta.
Cette vie vaut-elle, si je ne vois Vivianne ?
Tu es le théâtre, le spectacle que moi seul, je goûte.
Le théâtre, où de Justine à Miranda
De Sade à Roméo je suis, Vivianne, serviteur !
Cette vie faut-il, si je ne fous Vivianne ?
Que brûle la femme, que vienne la mort, nectar ou poison, je serai ta coupe !
Sur ton ordre j’expire
A ton désir je renais !
Tu es le théâtre que je bâtis et l’invers’ si tu veux !
Après qu’en majuscules, ils se fussent aimés, et aimés encore, une fois finies toutes ces cabrioles, Vivianne, vannée s’avachit sur sa couche.
- Ben, mon doux salaud, vous m’en avez foutu là d’un bien sacré coup ! Dieu que ce fut bon ! Mais dites-moi : est-ce là Amour véritable ?
- Aussi vrai qu’amants se doivent d’un même pertuis être les battants, j’affirme que oui, ma mie : Tel est Amour !
De fol à putain, en tout pareil ! M’en feriez-vous plainte, ma toute belle?
- Oh que nenni, oh que nenni, messire ! J’en ai encore le cul en feu !... Le feu au cul aussi, si j’osais dire !
- Moi qui pensais vous avoir éteinte, Vivianne ! … Vous m’avez tout vidé, le croirez-vous ?
Vivianne en rit.
Son corps, tour à tour, éblouit ou nimbe de mystère sa beauté aux lueurs léchantes de l’âtre.
Au sang des flammes, ses cheveux sur le drap en nébuleuse d’or s’étalent :
Juste ciel ! Vient-elle d’où tombent les étoiles ?
Merlin qui de son côté ne mène pas large pour autant, peine à ramasser ses os !
Se mettre en plaisir n’est guère prendre le repos !
Mais déjà, Vivianne, la belle, bien que « toute chose » encore, fait son ébouriffée curieuse :
- Mais dites-moi encore, mon doux Merlin… vous aviez là une fort arrogante épée dont je ne sens plus que le pommeau …
- C’est que, ma mie,… d’épée n’ai plus !… Vous me l’avez tout à l’heure toute fondue et si tant élimée que c’est à peine s’il m’en reste … pas même l’épaisseur d’une rapière … et en sa longueur …à peine un canif !
- Une rapière ? Un canif ?… Il me sied qu’il en soit ainsi !… Venez à moi, mon bel ami, donnez ! Donnez ! et vous verrez comment je vais de ce reste en mon fournil, vous forger de quoi, comme de tout neuf, à la guise fourrager !
Quand Merlin fut en sa claire demeure revenu, force lui fut de constater que d’un château l’autre, il n’avait rien gagné
On a beau se mêler au monde, on ne reste jamais que chacun bien chez soi.
Et c’était, somme toute, fort bien ainsi ! Cette exceptionnelle sortie lui avait permis de se rassurer. Si son esprit n’était plus ce qu’il fut, il en restait encore quelques bribes à rigoler :
- Viendrez-vous, Vivianne, ma mie, ce soir bretter avec moi ?
- Je ne sais, Messire, mais vais y songer !
- Ne tardez guère, ma douce, car n’oubliez point : Amour, pour être vrai, se doit jouer !... et l’on y joue jeune, bien mieux que vieux !
A ces mots, dernier sourire, Vivianne prestement en ses appartements s’éclipsa.
C’est là, le premier des secrets. Le temps ne se rattrape pas. Que de rimailleurs après moi se lamenteront, d’avoir par trop tardé, de n’avoir osé point l’audace, quand elle se présenta ?
Le regret toujours tue quand il tenaille, car toujours il dit : trop tard !
Mais Vivianne à sa façon, avait la science des choses :
A regarder en bassecour dindons et paons en leurs roues, au ciel les oiseaux, les autres bêtes en leurs fêtes, nul doute :
Amour n’est que jeu, Merlin l’avait bien dit, et mieux que prison, rien ne vaut théâtre pour faire mari honnête !
Encore, pour jouer bien, se faut-il mettre en scène du mieux, se dit-elle !
A bon amant nul poil aux dents !
Et il doit, pour femmes, en aller de même !
C’est là le secret second dont le comble veut que tout en le sachant très bien, fort peu s’y prêtent !
Dès que pensée cette évidence, d’un coup de baguette, elle fit de ses chausses … des bas qu’aussitôt elle enfila. Puis, foin d’orgueil, fi de poulaines, brisant son sceptre, elle en planta les aiguilles en ses talons.
C’était là, choses fort neuves pour lors.
Routines d’Amour, pour tourner bien, plutôt que de vent brasser, tourbillonnez, voletez en pirouettes!... Par vos tournures aux éclats, é-to-nnez-moi !
Tiers Secret que trop souvent l’on néglige et qui Merlin fort enchanta.
Cette vie vaut-elle, si je ne vois Vivianne ?
Tu es le théâtre, le spectacle que moi seul, je goûte.
Le théâtre, où de Justine à Miranda
De Sade à Roméo je suis, Vivianne, serviteur !
Cette vie faut-il, si je ne fous Vivianne ?
Que brûle la femme, que vienne la mort, nectar ou poison, je serai ta coupe !
Sur ton ordre j’expire
A ton désir je renais !
Tu es le théâtre que je bâtis et l’invers’ si tu veux !
Après qu’en majuscules, ils se fussent aimés, et aimés encore, une fois finies toutes ces cabrioles, Vivianne, vannée s’avachit sur sa couche.
- Ben, mon doux salaud, vous m’en avez foutu là d’un bien sacré coup ! Dieu que ce fut bon ! Mais dites-moi : est-ce là Amour véritable ?
- Aussi vrai qu’amants se doivent d’un même pertuis être les battants, j’affirme que oui, ma mie : Tel est Amour !
De fol à putain, en tout pareil ! M’en feriez-vous plainte, ma toute belle?
- Oh que nenni, oh que nenni, messire ! J’en ai encore le cul en feu !... Le feu au cul aussi, si j’osais dire !
- Moi qui pensais vous avoir éteinte, Vivianne ! … Vous m’avez tout vidé, le croirez-vous ?
Vivianne en rit.
Son corps, tour à tour, éblouit ou nimbe de mystère sa beauté aux lueurs léchantes de l’âtre.
Au sang des flammes, ses cheveux sur le drap en nébuleuse d’or s’étalent :
Juste ciel ! Vient-elle d’où tombent les étoiles ?
Merlin qui de son côté ne mène pas large pour autant, peine à ramasser ses os !
Se mettre en plaisir n’est guère prendre le repos !
Mais déjà, Vivianne, la belle, bien que « toute chose » encore, fait son ébouriffée curieuse :
- Mais dites-moi encore, mon doux Merlin… vous aviez là une fort arrogante épée dont je ne sens plus que le pommeau …
- C’est que, ma mie,… d’épée n’ai plus !… Vous me l’avez tout à l’heure toute fondue et si tant élimée que c’est à peine s’il m’en reste … pas même l’épaisseur d’une rapière … et en sa longueur …à peine un canif !
- Une rapière ? Un canif ?… Il me sied qu’il en soit ainsi !… Venez à moi, mon bel ami, donnez ! Donnez ! et vous verrez comment je vais de ce reste en mon fournil, vous forger de quoi, comme de tout neuf, à la guise fourrager !
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
d'accord !
oublions les noms
oublions les noms
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
L'avachissement de Viviane lui fut-il bénéfique, comme on peut le penser ? Je ne suis pas sûr que la terminologie appliquée soit nécessairement perçue comme évoquant le doux regard de la Salers, à l'oeil égyptien de belle fille, ou la royale Hathor, féconde infiniment.
Mais quelle foutue belle langue tu as, mon bonhomme ! Apte à aller dans les coins. Elle se mâche comme un beau fruit, et gicle en bouche des arômes de Thélème, ou peut-être mieux. Une langue non trafiquée, inventive, complexe, chatoyante et délicieuse.
Je lui trouve, dans ce nouveau cru, un piquant, dû vraisemblablement à l'heureuse cuvaison ordonnée par le maître de chai, qui la rend aimable au palais et donnant grand goût de revenez-y.
Ne nous laissez point trop tarder, beau sire.
Mais quelle foutue belle langue tu as, mon bonhomme ! Apte à aller dans les coins. Elle se mâche comme un beau fruit, et gicle en bouche des arômes de Thélème, ou peut-être mieux. Une langue non trafiquée, inventive, complexe, chatoyante et délicieuse.
Je lui trouve, dans ce nouveau cru, un piquant, dû vraisemblablement à l'heureuse cuvaison ordonnée par le maître de chai, qui la rend aimable au palais et donnant grand goût de revenez-y.
Ne nous laissez point trop tarder, beau sire.
silene82- Nombre de messages : 3553
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Date d'inscription : 30/05/2009
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
A cré vains dieux ! J'en veux tous les jours de ce tonneau là ! La ruelle de mon lit va me sembler bien abandonnée à la nuit venue.
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Précipitation précoce Outretemps ?outretemps a écrit:Ah l'empressement, la mauvaise conseillère ! Il faut lire:Son corps, tour à tour, éblouit ou nimbe de mystère sa beauté aux lueurs léchantes de l’âtre.
Son corps git, tour à tour...
Et la ponctuation partout catastrophe:
Ah, l'urgence!!!
N'empêche, quelle santé ce Merlin !!!
Invité- Invité
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
le merlin est une masse. Un instrument contendant, si j'ose dire !
Invité- Invité
Re: A l'enseigne des cinq muses aux deux larrons
Voilà qu'en cet assaut, Vivianne gagne deux NN !
"Honni soit qui mal y pense" la voilà donc membre du très noble ordre de la Jarretière ...
(Heu, je crois bien qu'à l'origine la devise ne prenait qu'un N mais peu nous chaut, doux sire, seules vos intentions nous touchent ...quoique)
"Honni soit qui mal y pense" la voilà donc membre du très noble ordre de la Jarretière ...
(Heu, je crois bien qu'à l'origine la devise ne prenait qu'un N mais peu nous chaut, doux sire, seules vos intentions nous touchent ...quoique)
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