Sens interdit

J’ai croisé la route d’un sens interdit.
De nuit bien sûr, ces sens là ne se révèlent vivants que la nuit, ils se sentent libres, sans interdit.
Il n’était que l’éclaireur de toute une bande de joyeux sens uniques.
Un peu limités, pas bien indiqués, certains déjà bien défraîchis mais heureux de leur existence, sans conscience de leur peu de valeur, pensez donc, un sens unique pourquoi pas un non-sens?
Encore qu’un sens unique ça peut avoir de la gueule face à un double sens.
Le double sens c’est fourbe, ça donne envie de passer son chemin sans le suivre, de peur de se tromper de sens et de s’égarer.
Le sens unique au moins est clair et franc, il tient la route, il sait où il va même s’il ne peut y aller que dans un sens sous peine de faire un vilain contresens.
Mais mon sens interdit lui, il avait fière allure, planté droit comme un I sur son socle, prêt à en découdre avec tous ceux qui oseraient braver son sens de la conduite.
Quand je l’ai croisé, j’en ai été interdite à mon tour, comme en panne des sens.
Un arrêt net pour marquer un stop.
Je lui ai cédé le passage sans broncher, sans même esquisser une petite marche arrière, il s’en est allé et je n’ai pas pu faire demi-tour, sens interdit!