Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
+19
Jérémie
Kash Prex
Yali
monique
Gobu
midnightrambler
bertrand-môgendre
Sahkti
Chako Noir
Charles
elea
mentor
Rêvelin
Kilis
demi-lune
Rebecca
Aire__Azul
Plotine
abstract
23 participants
Page 9 sur 10
Page 9 sur 10 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Pas eu la force de faire plus long. Je vous lis demain, je vais aller dormir, je tombe d'épuisement. Merci à tous, c'était très sympa.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
- Un homme la quarantaine, maori au passé violent, caractère méprisable, prétentieux et vulgaire, d’Auckland. Rencontre un trentenaire longs doigts, rentier, ténébreux
- Mots à placer : neige - savoir - carrée
Les longs doigts fébriles trituraient le prospectus depuis un bon quart d’heure quand, n’y tenant plus, Bob le leur arracha.
— Voyons voir un peu, qu’est-ce qu’ils disent là-dedans ?
Le 27 juillet 1939 Auckland vécut la seule chute de neige de son histoire, lut-il haut et fort.
— Ben mon gars, voilà un renseignement qu’il est utile !
Puis, abattant un bras gros comme un jambon sur les frêles épaules du gars en question : « T’arrives tout droit de l’aéroport, s’pas ? Tu viens d’où ? C’est quoi ton nom ? »
— Euh…oui. De France. Eric.
— France, Paris Tour Eiffel… 300 mètres !
Puis s’adressant à la serveuse : « Tu nous mets deux whisky, Mabel, pendant que je vais pisser ? Et toi, en profite pas pour filer, hein ? La chérie te tiens à l’œil, compris ? «
Et il tapa plusieurs fois dans ses mains de manière sonore et le corps d’Eric fut traversé d’un chapelet de tressautements.
« Pour une fois que je tiens un petit blanc tout frais ! », l’entendit-on encore marmonner , en s’engageant bruyamment dans le couloir des toilettes.
Dès qu’il eut disparu, la dénommée Mabel se pencha vers Eric par dessus le comptoir et faisant rouler ses gros yeux charbonneux.
— Faut pas avoir peur mon chou, chuchota-t-elle. Bob est une tête carrée, mais suffit de le saouler.
— …
— Faut surtout éviter le sujet du sport, ça faut le savoir…
— …
— C’est un ancien des All Blacks qu’a mal tourné, si tu vois…
— …
— Oui, ça faut le savoir, répéta-t-elle. Puis : « Alors, si Dieu le veut, tout ira bien. »
Y a pas à dire, elle savait rassurer, cette Mabel, pensa le petit blanc.
- Mots à placer : neige - savoir - carrée
Faut le savoir
Les longs doigts fébriles trituraient le prospectus depuis un bon quart d’heure quand, n’y tenant plus, Bob le leur arracha.
— Voyons voir un peu, qu’est-ce qu’ils disent là-dedans ?
Le 27 juillet 1939 Auckland vécut la seule chute de neige de son histoire, lut-il haut et fort.
— Ben mon gars, voilà un renseignement qu’il est utile !
Puis, abattant un bras gros comme un jambon sur les frêles épaules du gars en question : « T’arrives tout droit de l’aéroport, s’pas ? Tu viens d’où ? C’est quoi ton nom ? »
— Euh…oui. De France. Eric.
— France, Paris Tour Eiffel… 300 mètres !
Puis s’adressant à la serveuse : « Tu nous mets deux whisky, Mabel, pendant que je vais pisser ? Et toi, en profite pas pour filer, hein ? La chérie te tiens à l’œil, compris ? «
Et il tapa plusieurs fois dans ses mains de manière sonore et le corps d’Eric fut traversé d’un chapelet de tressautements.
« Pour une fois que je tiens un petit blanc tout frais ! », l’entendit-on encore marmonner , en s’engageant bruyamment dans le couloir des toilettes.
Dès qu’il eut disparu, la dénommée Mabel se pencha vers Eric par dessus le comptoir et faisant rouler ses gros yeux charbonneux.
— Faut pas avoir peur mon chou, chuchota-t-elle. Bob est une tête carrée, mais suffit de le saouler.
— …
— Faut surtout éviter le sujet du sport, ça faut le savoir…
— …
— C’est un ancien des All Blacks qu’a mal tourné, si tu vois…
— …
— Oui, ça faut le savoir, répéta-t-elle. Puis : « Alors, si Dieu le veut, tout ira bien. »
Y a pas à dire, elle savait rassurer, cette Mabel, pensa le petit blanc.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
10 - Homme la quarantaine (?), fatigué, USA. policier - assourdir - ancien
11 - Garçon, adolescent, dix-sept ans, fier, Paris. juke-box - arriver - fort
EXO 04052010
RENCONTRE PARISIENNE AUTOUR DE LA BOUFFE
Je tiens d’emblée à éviter tout malentendu : mon obsession pour la bonne chère et la cuisine n’a rien de répréhensible.
Manquerait plus que ça !
Ceci étant, les jouissifs excès de table auxquels je me livre (trop) régulièrement, même si je n’ai pas dépassé la quarantaine, m’ont conféré la rondeur et le poli d’une boule de billard, ainsi que l’air fatigué d’un flic de terrain ayant planqué toute la nuit dans un bouge de quartier chaud. On me prend souvent pour le garde du corps de mes potes acteurs célèbres, surtout quand je les précède dans le hall de l’hôtel avec une main dans la poche intérieure du veston. Après tout, personne n’est censé savoir qu’elle serre seulement une boîte de cachous.
Ce soir-là, c’était Jack. Nous avions pris le Concorde pour voler plus vite de New York jusqu’à nos cambuses favorites de Paris. Mon agent avalerait sa perruque si je lui envoyais ma note de frais, mais avec Jack, pas de risque. Comme il gagne à peu près cent fois autant que moi – et encore, les bonnes années, pour moi naturellement – il prend tous les frais à sa charge. Cela évite des dépenses de gastro-entérologue à mon éditeur. Même avec beaucoup de ketchup, ça glisse mal, une perruque.
Il est difficile de passer inaperçu en compagnie de Jack. Même lorsqu’il dissimule son visage sous d’énormes lunettes de rock star. Du coup on le prend pour Elton John et c’est encore pire. Le détective du palace a voulu à toute force comparer son arme de service à la mienne, mais j’ai prétexté une ankylose du poignet pour n’avoir pas à dégainer ma boîte de cachous. Il a pris un air renfrogné, et Jack lui a proposé une coupe de Cristal pour atténuer sa déception, mais il a décliné en disant qu’il ne buvait jamais. Selon moi il n’était pas français. Un Français ne refuse jamais un verre, même s’il fait seulement mine d’y goûter. Question d’éducation.
Comme une camarilla de paparazzi guettait mon pote dans le hall principal telle une nuée de vautours autour d’une mesa sur laquelle agonise un coyote, nous avoyons soudoyé le chasseur pour qu’il nous évacue discrètement par l’issue de service, là où rentrent les putes, détail qui n’a pas échappé à l’œil surentraîné de Jack.
Nous avions décidé ce soir-là de nous encanailler dans un Paris que Jack ne connaissait pas encore. Foin des bars à la mode où le cocktail maison sent la pisse de bouc parfumée au gingembre ou des cantines branchées dans lesquelles on vous sert trois rondelles de kiwis surmontées d’une lamelle de surimi en guise de plat de résistance. Sans parler du silence assourdissant des conversations de tablées. Non. Ce qu’il nous fallait, pour commencer, c’était quelques verres de blanc à la bonne franquette sur un coin de comptoir en zinc. J’ai dit au chauffeur de taxi de nous conduire aux Caves Angevines. Le blanc y était frais et fruité, et le patron n’avait pas son pareil pour effiler au laguiole de longues languettes de pain Poilâne qu’il garnissait de saucisse sèche d’Auvergne, de rillettes de la Sarthe ou de jambon de Bayonne. Au troisième verre, Jack m’a fait un clin d’œil. Personne ne l’avait reconnu. Ca s’arrosait. Et va pour un quatrième.
Le juke-box distillait du suave. Valses musette et javas à l’accordéon, langoureuses complaintes réalistes des années cinquante, tout ce qu’il nous fallait pour oublier le beat hystérique de la Grosse Pomme. Un jeune garçon en long manteau noir de poète le nourrissait assidûment de ferraille, à tel point que Jack a tendu un billet au patron pour qu’il lui donne de la monnaie. Le garçon a refusé l’aumône d’un air de vierge effarouchée. Jack n’avait pas encore bien compris à quel point le Français est fier, surtout quand il est jeune et ressemble à Rimbaud. Il est sorti en redressant les épaules comme s’il s’apprêtait à affronter Don Gormas en personne.
Il fallait maintenant songer à souper. La cuisine des Caves était excellente, mais ils ne servaient plus après sept heures du soir. J’ai décidé d’embarquer Jack chez Thoumieux, dans le VIIème arrondissement. Une maison tout ce qu’il y a de respectable où ne viennent s’attabler que des militaires en civil, des civils endimanchés et quelques touristes au parfum des usages. Bref une clientèle sérieuse et qui ne risquait pas de se ruer sur notre table pour arracher notre chemise dès l’apéritif. Enfin surtout celle de Jack. Je ne pense pas faire aux dames le même effet qu’un acteur plusieurs fois oscarisé.
J’avais l’intention de lui faire goûter un peu de tout. Le programme lui convenait. Lorsque le maître d’hôtel est arrivé, nous avons reconnu avec surprise le fier jeune homme du juke-box. Il avait troqué sa redingote de poète contre un impeccable complet d’alpaga et ses chaussures reflétaient la lueur des chandelles décorant notre table. En France, la fierté se niche souvent dans le quotidien. Et ces messieurs prendront quoi ? Ces messieurs prendront des sardines grillées pour commencer, des escargots, du foie gras et puis une pintade rôtie et peut-être du cassoulet et aussi une belle entrecôte. Plus les fromages et quelques desserts. Sans parler du Meursault, du Pommard et de la Côte-Rôtie. Le serveur, toute fierté mise à part, nous regardait d’un air légèrement atterré, mais son chef de rang, qui me connaissait, est venu le rassurer. Nous n’étions que de paisibles artistes américains destinés à rentrer bientôt chez eux dans l’Ouest sauvage, loin de toutes les merveilles de la gastronomie française. Cela le rasséréna : il ne pouvait pas nous donner tort.
J.H.
Pcc/Gobu
.
11 - Garçon, adolescent, dix-sept ans, fier, Paris. juke-box - arriver - fort
EXO 04052010
RENCONTRE PARISIENNE AUTOUR DE LA BOUFFE
Je tiens d’emblée à éviter tout malentendu : mon obsession pour la bonne chère et la cuisine n’a rien de répréhensible.
Manquerait plus que ça !
Ceci étant, les jouissifs excès de table auxquels je me livre (trop) régulièrement, même si je n’ai pas dépassé la quarantaine, m’ont conféré la rondeur et le poli d’une boule de billard, ainsi que l’air fatigué d’un flic de terrain ayant planqué toute la nuit dans un bouge de quartier chaud. On me prend souvent pour le garde du corps de mes potes acteurs célèbres, surtout quand je les précède dans le hall de l’hôtel avec une main dans la poche intérieure du veston. Après tout, personne n’est censé savoir qu’elle serre seulement une boîte de cachous.
Ce soir-là, c’était Jack. Nous avions pris le Concorde pour voler plus vite de New York jusqu’à nos cambuses favorites de Paris. Mon agent avalerait sa perruque si je lui envoyais ma note de frais, mais avec Jack, pas de risque. Comme il gagne à peu près cent fois autant que moi – et encore, les bonnes années, pour moi naturellement – il prend tous les frais à sa charge. Cela évite des dépenses de gastro-entérologue à mon éditeur. Même avec beaucoup de ketchup, ça glisse mal, une perruque.
Il est difficile de passer inaperçu en compagnie de Jack. Même lorsqu’il dissimule son visage sous d’énormes lunettes de rock star. Du coup on le prend pour Elton John et c’est encore pire. Le détective du palace a voulu à toute force comparer son arme de service à la mienne, mais j’ai prétexté une ankylose du poignet pour n’avoir pas à dégainer ma boîte de cachous. Il a pris un air renfrogné, et Jack lui a proposé une coupe de Cristal pour atténuer sa déception, mais il a décliné en disant qu’il ne buvait jamais. Selon moi il n’était pas français. Un Français ne refuse jamais un verre, même s’il fait seulement mine d’y goûter. Question d’éducation.
Comme une camarilla de paparazzi guettait mon pote dans le hall principal telle une nuée de vautours autour d’une mesa sur laquelle agonise un coyote, nous avoyons soudoyé le chasseur pour qu’il nous évacue discrètement par l’issue de service, là où rentrent les putes, détail qui n’a pas échappé à l’œil surentraîné de Jack.
Nous avions décidé ce soir-là de nous encanailler dans un Paris que Jack ne connaissait pas encore. Foin des bars à la mode où le cocktail maison sent la pisse de bouc parfumée au gingembre ou des cantines branchées dans lesquelles on vous sert trois rondelles de kiwis surmontées d’une lamelle de surimi en guise de plat de résistance. Sans parler du silence assourdissant des conversations de tablées. Non. Ce qu’il nous fallait, pour commencer, c’était quelques verres de blanc à la bonne franquette sur un coin de comptoir en zinc. J’ai dit au chauffeur de taxi de nous conduire aux Caves Angevines. Le blanc y était frais et fruité, et le patron n’avait pas son pareil pour effiler au laguiole de longues languettes de pain Poilâne qu’il garnissait de saucisse sèche d’Auvergne, de rillettes de la Sarthe ou de jambon de Bayonne. Au troisième verre, Jack m’a fait un clin d’œil. Personne ne l’avait reconnu. Ca s’arrosait. Et va pour un quatrième.
Le juke-box distillait du suave. Valses musette et javas à l’accordéon, langoureuses complaintes réalistes des années cinquante, tout ce qu’il nous fallait pour oublier le beat hystérique de la Grosse Pomme. Un jeune garçon en long manteau noir de poète le nourrissait assidûment de ferraille, à tel point que Jack a tendu un billet au patron pour qu’il lui donne de la monnaie. Le garçon a refusé l’aumône d’un air de vierge effarouchée. Jack n’avait pas encore bien compris à quel point le Français est fier, surtout quand il est jeune et ressemble à Rimbaud. Il est sorti en redressant les épaules comme s’il s’apprêtait à affronter Don Gormas en personne.
Il fallait maintenant songer à souper. La cuisine des Caves était excellente, mais ils ne servaient plus après sept heures du soir. J’ai décidé d’embarquer Jack chez Thoumieux, dans le VIIème arrondissement. Une maison tout ce qu’il y a de respectable où ne viennent s’attabler que des militaires en civil, des civils endimanchés et quelques touristes au parfum des usages. Bref une clientèle sérieuse et qui ne risquait pas de se ruer sur notre table pour arracher notre chemise dès l’apéritif. Enfin surtout celle de Jack. Je ne pense pas faire aux dames le même effet qu’un acteur plusieurs fois oscarisé.
J’avais l’intention de lui faire goûter un peu de tout. Le programme lui convenait. Lorsque le maître d’hôtel est arrivé, nous avons reconnu avec surprise le fier jeune homme du juke-box. Il avait troqué sa redingote de poète contre un impeccable complet d’alpaga et ses chaussures reflétaient la lueur des chandelles décorant notre table. En France, la fierté se niche souvent dans le quotidien. Et ces messieurs prendront quoi ? Ces messieurs prendront des sardines grillées pour commencer, des escargots, du foie gras et puis une pintade rôtie et peut-être du cassoulet et aussi une belle entrecôte. Plus les fromages et quelques desserts. Sans parler du Meursault, du Pommard et de la Côte-Rôtie. Le serveur, toute fierté mise à part, nous regardait d’un air légèrement atterré, mais son chef de rang, qui me connaissait, est venu le rassurer. Nous n’étions que de paisibles artistes américains destinés à rentrer bientôt chez eux dans l’Ouest sauvage, loin de toutes les merveilles de la gastronomie française. Cela le rasséréna : il ne pouvait pas nous donner tort.
J.H.
Pcc/Gobu
.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Oups !
voici mes contraintes:
Un homme la quarantaine, maori au passé violent, caractère méprisable, prétentieux et vulgaire d’Auckland rencontre un trentenaire longs doigts, rentier ténébreux
Mots à placer : neige savoir carrée
Si un gentil modo...
< Fait >
.
voici mes contraintes:
Un homme la quarantaine, maori au passé violent, caractère méprisable, prétentieux et vulgaire d’Auckland rencontre un trentenaire longs doigts, rentier ténébreux
Mots à placer : neige savoir carrée
Si un gentil modo...
< Fait >
.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Bin aux lires de ces premières compos, je vais me couper les doigts meme ceux des pieds, ça me fait chier le talent chez les autres, chier genre diarrhées sanglantes.
Jérémie- Nombre de messages : 412
Age : 47
Localisation : Sixfeetunder
Date d'inscription : 27/03/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
yo !!! j'suis là trèèèèèèèès en retard.
y a moyen de ?
y a moyen de ?
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
coline Dé a écrit:Tu ne veux pas prendre la relève, Boc ? Je te file mon début et on fait un quatre mains ?
Désolé j'étais parti..j'ai envoyé un pdf à l'impression et je passe mon temps à chercher un problème depuis...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Chako Noir a écrit:yo !!! j'suis là trèèèèèèèès en retard.
y a moyen de ?
Oui, Chako il est encore temps !
abstract est allée dormir mais je prends le relais.
Donne-moi un chiffre entre 1 à 15
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Allo! mon chako ?
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
désolé !!
heu.. 9 !
heu.. 9 !
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
(allô ma Pili ?)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Chako Noir a écrit:désolé !!
heu.. 9 !
Le thème de l'exo est : Rencontre
Ton personnage principal est un jeune homme dans les année cinquante, en Asie.
Il rencontre un policier américain et fatigué dans la cinquantaine
Mots à placer: chambre, emménager, boueux.
Voili !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Ouch !
Merci ^^
Merci ^^
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Un grand merci à abstract dont c'était le baptème MC et qui s'en est sortie haut la main.
Une belle et douce nuit à tous les participants que je commenterai... plus tard.
Une belle et douce nuit à tous les participants que je commenterai... plus tard.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
- Ah ! Monsieur Robert, voilà bien une semaine qu’on ne vous avait pas vu, une queue de bœuf comme d’habitude ?
Monsieur Robert venait manger dans ce troquet de la quarantième depuis bien longtemps. Toujours, ça avait été des femmes qui l’avait tenu. Des femmes Noires, chaleureuses, brûlantes parfois comme leurs épices et il aimait leur présence, leur compagnie. Enfin, ici on ne se branlait pas l’esprit, disait-il comme avec ces pédants qui venaient lui magouiller ses livres.
- Donnez-moi une bière Fatih please, demanda-t-il en fixant une autre jeune femme qui se tenait à sa place habituelle. Ne venait-il pas ici hors des horaires pour avoir sa place et être tranquille ? Seulement elle avait l’air bien triste cette femme là. Ses cernes marquaient la douleur et peut-être les coups.
Fatih lui apporta sa bière et le sépara de son chapeau anglais et de son pardessus. En passant, elle souleva sa jupe verte toute bariolée sous son nez pour le titiller un peu. Il n’y avait pas de dessert dans ce restaurant mais de temps en temps quelques douceurs. A cette heure d’habitude, il n’y avait personne et les enfants dormaient devant la télé sur un matelas dépouillé qui traînait derrière le bar.
Fatih ria bruyamment, elle se moquait du vieux qui regardait la femme au coin, avec des yeux de loup de vingt ans. Oh ! Elle n’était pas jalouse, et la femme lui faisait pitié.
- Mam a le cœur qu’a foutu le camp, dit-elle à l’écrivain. Un beau salop d’ivrogne celui-là et vlà qu’elle pleure pour qu’il revienne lui taper dessus !
La femme baissa la tête, elle aurait sans doute voulu se cacher sous la table.
- Pleurez pas ma mignonne, elle lui dit en lui relevant le menton et en essuyant ses yeux de sa manche infecte. Mr Robert, il peut vous faire un poème, même que c’est plus beau qu’un oiseau sauf qui s’envolera pas celui-là.
La jeune femme releva un peu les yeux vers lui, timide, et sourit. Lui sourit aussi, attendri, comme un enfant. Une âme de poète sensible, ça ne se refait pas.
- Hein ! Monsieur Robert, elle ne va pas rester toute seule, vous allez me l’emmener.
Et les voilà qu’ils se retrouvent bras dessus, bras dessous, le cyclone Fatih les ayant regroupé et foutu dehors.
Alors, ils se regardent. Et ses mots sont des fleurs. Et son cœur est une source qui n’a pas tarie. Et s’en vont ainsi attendre la mort.
Monsieur Robert venait manger dans ce troquet de la quarantième depuis bien longtemps. Toujours, ça avait été des femmes qui l’avait tenu. Des femmes Noires, chaleureuses, brûlantes parfois comme leurs épices et il aimait leur présence, leur compagnie. Enfin, ici on ne se branlait pas l’esprit, disait-il comme avec ces pédants qui venaient lui magouiller ses livres.
- Donnez-moi une bière Fatih please, demanda-t-il en fixant une autre jeune femme qui se tenait à sa place habituelle. Ne venait-il pas ici hors des horaires pour avoir sa place et être tranquille ? Seulement elle avait l’air bien triste cette femme là. Ses cernes marquaient la douleur et peut-être les coups.
Fatih lui apporta sa bière et le sépara de son chapeau anglais et de son pardessus. En passant, elle souleva sa jupe verte toute bariolée sous son nez pour le titiller un peu. Il n’y avait pas de dessert dans ce restaurant mais de temps en temps quelques douceurs. A cette heure d’habitude, il n’y avait personne et les enfants dormaient devant la télé sur un matelas dépouillé qui traînait derrière le bar.
Fatih ria bruyamment, elle se moquait du vieux qui regardait la femme au coin, avec des yeux de loup de vingt ans. Oh ! Elle n’était pas jalouse, et la femme lui faisait pitié.
- Mam a le cœur qu’a foutu le camp, dit-elle à l’écrivain. Un beau salop d’ivrogne celui-là et vlà qu’elle pleure pour qu’il revienne lui taper dessus !
La femme baissa la tête, elle aurait sans doute voulu se cacher sous la table.
- Pleurez pas ma mignonne, elle lui dit en lui relevant le menton et en essuyant ses yeux de sa manche infecte. Mr Robert, il peut vous faire un poème, même que c’est plus beau qu’un oiseau sauf qui s’envolera pas celui-là.
La jeune femme releva un peu les yeux vers lui, timide, et sourit. Lui sourit aussi, attendri, comme un enfant. Une âme de poète sensible, ça ne se refait pas.
- Hein ! Monsieur Robert, elle ne va pas rester toute seule, vous allez me l’emmener.
Et les voilà qu’ils se retrouvent bras dessus, bras dessous, le cyclone Fatih les ayant regroupé et foutu dehors.
Alors, ils se regardent. Et ses mots sont des fleurs. Et son cœur est une source qui n’a pas tarie. Et s’en vont ainsi attendre la mort.
Dilo- Nombre de messages : 65
Age : 46
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Je poste mais je lirai demain : HS ! ET merci Abstract !
--------------------------------------------------------------------------------------
- Adolescent dix-sept ans, fier (PARIS)
- Jeune français soldat au sortir de la guerre, aimant rendre service, peu prudent et même téméraire.
Mots contraintes : Juke-box, arriver, fort.
--------------------------------------------------------------------------------------
Paris 62
La porte avait claqué : tellement d’élan, d’énergie qu’il fallait consumer, à chaque instant. Il ne marchait plus, il bondissait et les rues de Paris l’attendaient toutes, lui, ses dix-sept ans et ses envies.
Franck et Alain devaient déjà être installés près du juke-box, ou peut-être au baby si les filles n’étaient pas encore là. Il y avait, avant d’arriver, la vitrine sombre du marbrier où l’on pouvait, geste réflexe, vérifier sa coiffure d’un coup d’œil et rajuster au besoin la mèche un peu rebelle mais soigneusement peignée en arrière.
La salle du Balto était déjà très enfumée. Ça s’annonçait mal : Michel et ses potes avaient déjà investi la place, parlant fort, cigarette aux lèvres, les yeux mi-clos, sûrs d’eux. Pure provocation, ils ne venaient que pour ça bien sûr, Vincent en était certain, pour chercher la bagarre. Il n’était cependant pas du genre à se défiler, non : on a sa fierté, surtout dans son propre fief et puis ils l’avaient peut-être vu arriver bien que rien ne le laissât penser.
Alain et Franck n’allaient pas tarder, ils seraient trois contre trois et pas gringalets, surtout Alain avec son mètre quatre-vingt-cinq. Ça gueulerait un peu, on se bousculerait, s’insulterait et les choses en resteraient peut-être là. Les autres n’arrivaient pas. Au fond, Sylvie venait de s’asseoir avec ses amies.
Quand il tourna la tête, Michel l’observait, goguenard : « T’as perdu quelque chose, mec ? ». Vincent se força à l’ignorer. Les autres étaient toujours là les premiers, d’habitude. Ses mâchoires se contractaient, ses poings le démangeaient. « T’as perdu ta maman ? » continuait l’autre, encouragé par les rires serviles qui saluaient chacune de ses sorties. Vincent avait pâli. D’un bond, il avait rejoint leur table et saisi Michel par la chemise. Les trois s’étaient aussitôt levés, repoussant Vincent contre le juke-box qui égrenait impertubable « Belle, belle, belle… ».
Et puis la pression se relâcha soudain : un type jeune, le cheveu court, l’air décidé, était intervenu sans un mot, arrachant deux des braillards tandis que Vincent se débarrassait de Michel, fort en gueule mais petit gabarit. L’affaire en resta là sur un « Dégagez ! » à peine murmuré et la volonté affichée d’ignorer les insultes gromelées par le trio en déroute.
Manu se présenta et Vincent insista pour lui offrir à boire, en remerciement. Plus âgé que Vincent, il rentrait d’Algérie, ne supportait plus les grandes gueules, la provocation, à vrai dire, ne supportait plus grand-chose, pas même l’alcool. Il voulait tout savoir, qui étaient ces trois guignols, où ils crèchaient. On n’allait pas en rester là, il les avait bien entendu insulter Vincent en partant. Le garçon tentait en vain de calmer son aîné et s’essaya à dévier la conversation sur l’Algérie. L’ex-soldat se mura aussitôt dans un silence buté et revint à son verre qu’il vida d’un trait. « Salopards ! Viens, on va leur casser la gueule ! ».
Si on allait chercher Michel dans son repaire, ce n’était pas seulement lui, Christian et Serge qu’on allait trouver, mais toute la bande, au grand-complet. Manu ne semblait pas impressionné : T’en fais pas, on va les nettoyer, toi et moi ! ». Et les autres : Alain, Franck, ils étaient passés où ? Il fut pourtant impossible de retenir Manu qui partait à l’attaque, sans bien savoir où mais qui voulait en découdre et dévalait la ruelle à toute allure.
Et puis il trébucha, s’affala et ne bougea plus. Vincent s’était précipité et s’affola en voyant soudain le colosse s’agiter en sursauts brusques. Il cria, le retourna avec terreur. Sous ses yeux agrandis par l’effroi, le géant pleurait à chaudes larmes, vidait sur le trottoir souillé, son alcool et sa détresse.
--------------------------------------------------------------------------------------
- Adolescent dix-sept ans, fier (PARIS)
- Jeune français soldat au sortir de la guerre, aimant rendre service, peu prudent et même téméraire.
Mots contraintes : Juke-box, arriver, fort.
--------------------------------------------------------------------------------------
Paris 62
La porte avait claqué : tellement d’élan, d’énergie qu’il fallait consumer, à chaque instant. Il ne marchait plus, il bondissait et les rues de Paris l’attendaient toutes, lui, ses dix-sept ans et ses envies.
Franck et Alain devaient déjà être installés près du juke-box, ou peut-être au baby si les filles n’étaient pas encore là. Il y avait, avant d’arriver, la vitrine sombre du marbrier où l’on pouvait, geste réflexe, vérifier sa coiffure d’un coup d’œil et rajuster au besoin la mèche un peu rebelle mais soigneusement peignée en arrière.
La salle du Balto était déjà très enfumée. Ça s’annonçait mal : Michel et ses potes avaient déjà investi la place, parlant fort, cigarette aux lèvres, les yeux mi-clos, sûrs d’eux. Pure provocation, ils ne venaient que pour ça bien sûr, Vincent en était certain, pour chercher la bagarre. Il n’était cependant pas du genre à se défiler, non : on a sa fierté, surtout dans son propre fief et puis ils l’avaient peut-être vu arriver bien que rien ne le laissât penser.
Alain et Franck n’allaient pas tarder, ils seraient trois contre trois et pas gringalets, surtout Alain avec son mètre quatre-vingt-cinq. Ça gueulerait un peu, on se bousculerait, s’insulterait et les choses en resteraient peut-être là. Les autres n’arrivaient pas. Au fond, Sylvie venait de s’asseoir avec ses amies.
Quand il tourna la tête, Michel l’observait, goguenard : « T’as perdu quelque chose, mec ? ». Vincent se força à l’ignorer. Les autres étaient toujours là les premiers, d’habitude. Ses mâchoires se contractaient, ses poings le démangeaient. « T’as perdu ta maman ? » continuait l’autre, encouragé par les rires serviles qui saluaient chacune de ses sorties. Vincent avait pâli. D’un bond, il avait rejoint leur table et saisi Michel par la chemise. Les trois s’étaient aussitôt levés, repoussant Vincent contre le juke-box qui égrenait impertubable « Belle, belle, belle… ».
Et puis la pression se relâcha soudain : un type jeune, le cheveu court, l’air décidé, était intervenu sans un mot, arrachant deux des braillards tandis que Vincent se débarrassait de Michel, fort en gueule mais petit gabarit. L’affaire en resta là sur un « Dégagez ! » à peine murmuré et la volonté affichée d’ignorer les insultes gromelées par le trio en déroute.
Manu se présenta et Vincent insista pour lui offrir à boire, en remerciement. Plus âgé que Vincent, il rentrait d’Algérie, ne supportait plus les grandes gueules, la provocation, à vrai dire, ne supportait plus grand-chose, pas même l’alcool. Il voulait tout savoir, qui étaient ces trois guignols, où ils crèchaient. On n’allait pas en rester là, il les avait bien entendu insulter Vincent en partant. Le garçon tentait en vain de calmer son aîné et s’essaya à dévier la conversation sur l’Algérie. L’ex-soldat se mura aussitôt dans un silence buté et revint à son verre qu’il vida d’un trait. « Salopards ! Viens, on va leur casser la gueule ! ».
Si on allait chercher Michel dans son repaire, ce n’était pas seulement lui, Christian et Serge qu’on allait trouver, mais toute la bande, au grand-complet. Manu ne semblait pas impressionné : T’en fais pas, on va les nettoyer, toi et moi ! ». Et les autres : Alain, Franck, ils étaient passés où ? Il fut pourtant impossible de retenir Manu qui partait à l’attaque, sans bien savoir où mais qui voulait en découdre et dévalait la ruelle à toute allure.
Et puis il trébucha, s’affala et ne bougea plus. Vincent s’était précipité et s’affola en voyant soudain le colosse s’agiter en sursauts brusques. Il cria, le retourna avec terreur. Sous ses yeux agrandis par l’effroi, le géant pleurait à chaudes larmes, vidait sur le trottoir souillé, son alcool et sa détresse.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
impossible de faire court.
Le texte arrivera plus tard, désolé.
Le texte arrivera plus tard, désolé.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Merci MC, à vous lire nombreux toute à l'heure!
Jérémie- Nombre de messages : 412
Age : 47
Localisation : Sixfeetunder
Date d'inscription : 27/03/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Je suis revenue en cours de route ...Désolée de vous avoir perdu une partie de la soirée mais obligations familiales !!! J'ai pu écrire mon texte...Je le poste et vous lirai demain...car je dois me lever tôt , réunion super chiante en perspective , et il est déjà tard.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Plan de travail pour
- Jeune français au sortir de la guerre, aimant rendre service, téméraire.
écriteau - prononcer - extraordinaire
- Homme du peuple un peu beaucoup aventurier, Crétois
Ecrire, décrire une rencontre…ordinaire ? Extraordinaire ?
La rencontre de Colas et Dimitri…en détails ou en ellipse ? Documentaire ? Fiction ?
Colas, brave et vaillant soldat durant la première guerre européenne, aujourd’hui envoyé par les Nations Unies d’Europe (plutôt désunies depuis le fameux krach grec qui les a mises en banqueroute illimitée) pour aider à la reconstruction d’un état, celui qu’il a contribué à ravager.
Dimitri, un homme que la paupérisation générale n’a guère touché car il a toujours vécu comme un vagabond errant sur les routes aux quatre coins de sa bohème , sa guitare et sa Crète natale en bandoulière mais que la guerre a peut-être détruit, en son for intérieur.
Faire le portrait de Dimitri ,avant, « avec sa gueule de métèque de juif errant , de pâtre grec et ses cheveux aux quatre vents, avec ses yeux tout délavés qui lui donnent l’air de rêver, lui qui ne rêve plus souvent , avec ses mains de maraudeur de musicien et de rôdeur » ?
Esquisser celui de Colas, avant, petit français insouciant et bienheureux de 25 printemps « avec sa peau qui s'est frottée au soleil de tous les étés et tout ce qui portait jupon , avec son cœur qui a cru faire souffrir autant qu’il a souffert » mais qui n’imaginait sans doute rien de ce que pouvait être la souffrance.
Colas et Dimitri, blessés tous deux, trahis dans leur mission : pour Colas rendre service, pompier occasionnel qui ne vit que pour éteindre les feux et a vu s’embraser un peuple, flamber la paix et se consumer ses illusions, pour Dimitri, apporter un peu de bonheur à autrui avec sa musique, obligé de prendre les armes sous le fracas des bombes.
Revisiter leur histoire, celle de champs de bataille sanglants, de chants de guerre patriotes, de deux pauvres mecs paumés qui n’entendent rien à cette Histoire et qui ne seront plus jamais les mêmes,se demander s’ils sauront encore un jour dire je t’aime, inventer de nouvelles chansons, brûler sous les feux de la rampe.
Raconter leurs blessures, leurs vertiges, leurs dégouts, ce qui les a séparés, chacun dans leur camps, ce qui les rassemble, l’un le théâtre, l’autre la musique
Mêler le tout, en faire un grand spectacle à grand guignol ou un théâtre d’ombres cruelles avec musique tonitruante, musique sanguinolente, musique en sourdine.
En faire peut-être un film, muet , en black and white comme ces mots sur cet écran, avec écriteaux à lire entre les images, avec la peur à écouter entre les silences, avec des changements progressifs de lumière, des changements de territoires, des changements de perspectives, des pertes de mémoire des puzzles en cours d'achèvement, des fantômes des anges et des démons de l’enfer, des réinterprétations plus ou moins sauvages des souvenirs, des mélodies en sous sol.
Eviter le mélo ? Deux anciens combattants C et D racontent ? Ensemble, chacun de leur côté ?
(ambiance Confidences et Désespoir, titre Carnage et Désillusion)
Le concevoir plus léger ? vu l'âge de nos protagonistes au début de l'histoire , le faire en comédie musicale plutôt .... est ...side story....les crétois en rivalité avec les ....français la banlieue d’Europe en prise avec les quartiers chics
(ambiance Contrastée Déchirante avec Cris et Décibels, titre Combats et Défis)
Plus palpitant ? la version thriller...lequel ment, lequel a tué l’autre sous un prétexte qui n’avait rien à voir avec la guerre mais l’espionnage et se fait passer pour lui auprès des services secrets ennemis ...et dans quel but ?
(ambiance Cachotteries et Duplicité, titre Cadavre Dérobé)
Futuriste ? direction fantasy , science -fiction .... nos héros suite à on ne sait quel machiavélique dessein issu d'un cerveau malade se retrouvent à devoir franchir les portes du temps et se rencontrent en 2073 sur les décombres irradiés de l’Acropole ou de la Tour Eiffel ...
(ambiance Contemplation et Désolation, titre Chronologie du Désastre)
Et puis laisser tomber tous les scénarios, modes de narration, ne pas trancher entre fiction et documentaire, ne pas se prononcer, ne rien dire du tout, cesser de raconter, laisser le lecteur imaginer où et quand chacun a pu plonger ses yeux dans ceux de l’autre, le laisser décider s’ils étaient plein de haine ou remplis de la fraternité retrouvée, s’ils s’étaient croisés avant pendant ou après cette guerre, après tout se taire, abandonner le lecteur où son rêve le portera, où il décidera que cette rencontre a eu lieu, sur une scène de théâtre, sur le théâtre des hostilités, dans un cerveau en ébullition, dans un hôpital de fortune, sur une plage , sur une ile grecque, en Ile de France, sur un sentier, dans une autre vie, sur une feuille de papier ou dans un Cyberespace comme un Dédale , décalqué décousu et délirant .
écriteau - prononcer - extraordinaire
- Homme du peuple un peu beaucoup aventurier, Crétois
Ecrire, décrire une rencontre…ordinaire ? Extraordinaire ?
La rencontre de Colas et Dimitri…en détails ou en ellipse ? Documentaire ? Fiction ?
Colas, brave et vaillant soldat durant la première guerre européenne, aujourd’hui envoyé par les Nations Unies d’Europe (plutôt désunies depuis le fameux krach grec qui les a mises en banqueroute illimitée) pour aider à la reconstruction d’un état, celui qu’il a contribué à ravager.
Dimitri, un homme que la paupérisation générale n’a guère touché car il a toujours vécu comme un vagabond errant sur les routes aux quatre coins de sa bohème , sa guitare et sa Crète natale en bandoulière mais que la guerre a peut-être détruit, en son for intérieur.
Faire le portrait de Dimitri ,avant, « avec sa gueule de métèque de juif errant , de pâtre grec et ses cheveux aux quatre vents, avec ses yeux tout délavés qui lui donnent l’air de rêver, lui qui ne rêve plus souvent , avec ses mains de maraudeur de musicien et de rôdeur » ?
Esquisser celui de Colas, avant, petit français insouciant et bienheureux de 25 printemps « avec sa peau qui s'est frottée au soleil de tous les étés et tout ce qui portait jupon , avec son cœur qui a cru faire souffrir autant qu’il a souffert » mais qui n’imaginait sans doute rien de ce que pouvait être la souffrance.
Colas et Dimitri, blessés tous deux, trahis dans leur mission : pour Colas rendre service, pompier occasionnel qui ne vit que pour éteindre les feux et a vu s’embraser un peuple, flamber la paix et se consumer ses illusions, pour Dimitri, apporter un peu de bonheur à autrui avec sa musique, obligé de prendre les armes sous le fracas des bombes.
Revisiter leur histoire, celle de champs de bataille sanglants, de chants de guerre patriotes, de deux pauvres mecs paumés qui n’entendent rien à cette Histoire et qui ne seront plus jamais les mêmes,se demander s’ils sauront encore un jour dire je t’aime, inventer de nouvelles chansons, brûler sous les feux de la rampe.
Raconter leurs blessures, leurs vertiges, leurs dégouts, ce qui les a séparés, chacun dans leur camps, ce qui les rassemble, l’un le théâtre, l’autre la musique
Mêler le tout, en faire un grand spectacle à grand guignol ou un théâtre d’ombres cruelles avec musique tonitruante, musique sanguinolente, musique en sourdine.
En faire peut-être un film, muet , en black and white comme ces mots sur cet écran, avec écriteaux à lire entre les images, avec la peur à écouter entre les silences, avec des changements progressifs de lumière, des changements de territoires, des changements de perspectives, des pertes de mémoire des puzzles en cours d'achèvement, des fantômes des anges et des démons de l’enfer, des réinterprétations plus ou moins sauvages des souvenirs, des mélodies en sous sol.
Eviter le mélo ? Deux anciens combattants C et D racontent ? Ensemble, chacun de leur côté ?
(ambiance Confidences et Désespoir, titre Carnage et Désillusion)
Le concevoir plus léger ? vu l'âge de nos protagonistes au début de l'histoire , le faire en comédie musicale plutôt .... est ...side story....les crétois en rivalité avec les ....français la banlieue d’Europe en prise avec les quartiers chics
(ambiance Contrastée Déchirante avec Cris et Décibels, titre Combats et Défis)
Plus palpitant ? la version thriller...lequel ment, lequel a tué l’autre sous un prétexte qui n’avait rien à voir avec la guerre mais l’espionnage et se fait passer pour lui auprès des services secrets ennemis ...et dans quel but ?
(ambiance Cachotteries et Duplicité, titre Cadavre Dérobé)
Futuriste ? direction fantasy , science -fiction .... nos héros suite à on ne sait quel machiavélique dessein issu d'un cerveau malade se retrouvent à devoir franchir les portes du temps et se rencontrent en 2073 sur les décombres irradiés de l’Acropole ou de la Tour Eiffel ...
(ambiance Contemplation et Désolation, titre Chronologie du Désastre)
Et puis laisser tomber tous les scénarios, modes de narration, ne pas trancher entre fiction et documentaire, ne pas se prononcer, ne rien dire du tout, cesser de raconter, laisser le lecteur imaginer où et quand chacun a pu plonger ses yeux dans ceux de l’autre, le laisser décider s’ils étaient plein de haine ou remplis de la fraternité retrouvée, s’ils s’étaient croisés avant pendant ou après cette guerre, après tout se taire, abandonner le lecteur où son rêve le portera, où il décidera que cette rencontre a eu lieu, sur une scène de théâtre, sur le théâtre des hostilités, dans un cerveau en ébullition, dans un hôpital de fortune, sur une plage , sur une ile grecque, en Ile de France, sur un sentier, dans une autre vie, sur une feuille de papier ou dans un Cyberespace comme un Dédale , décalqué décousu et délirant .
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Merci Abstract, c'était bien amusant...même si ça m'a emmenée tard !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Un beau bravo à abstract et aux participants.
Et merci additionnel à Pili qui m'a donné les consignes...
Consignes qui sont en train de m'emmener au delà du simple exercice en 1200 signes emballés pliés, là j'suis parti un peu plus loin...
Posterai d'ici quelques heures, le temps d'un sommeil, peut-être ici, peut-être en prose.
Tout ce que je puis dire, c'est que certains risquent d'en être un peu surpris...
Et merci additionnel à Pili qui m'a donné les consignes...
Consignes qui sont en train de m'emmener au delà du simple exercice en 1200 signes emballés pliés, là j'suis parti un peu plus loin...
Posterai d'ici quelques heures, le temps d'un sommeil, peut-être ici, peut-être en prose.
Tout ce que je puis dire, c'est que certains risquent d'en être un peu surpris...
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
'a y est, le texte est tout entier sorti de son œuf, dépassé les 11600 signes. Posterai demain, le temps d'une relecture à œil reposé. Bonne fin de nuitée.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Bonne nuit mon Chako...
Moi je cherche encore la p'tite bête sur mon PC...
Moi je cherche encore la p'tite bête sur mon PC...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Pas évident, ça. C'est déjà plein de puces, un PC, alors... Enfin, peut-être ton chat s'y connait ?
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Pour renverser un verre bien rempli sur le clavier lors de ses chasses à la souris USB ça oui il connait...
Je déconseille l'usage des souris filaires, incompatibles à mon sens avec la détention de chats dits "domestiques"
Je déconseille l'usage des souris filaires, incompatibles à mon sens avec la détention de chats dits "domestiques"
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Gobu : Ah ! Maître Gobu dans ses œuvres. Et sous couvert — le mot est adéquat— d’une identité fameuse ; empruntée avec panache et … subtilité, ce qui n’est pas rien. Quel plaisir de découvrir les petits détails disséminés dans les encoignures de tes mots.
Et cette boîte de cachou si bienvenue !
Ah vraiment, quels talents, ces Gobu, JH et JN !
Commentaires des autres textes plus tard
Et cette boîte de cachou si bienvenue !
Ah vraiment, quels talents, ces Gobu, JH et JN !
Commentaires des autres textes plus tard
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Thème : une rencontre.
Contraintes :
- Une jeune femme, mariée et désœuvrée. Normandie (ou port en France), rapport - jeter - perplexe
- Un jeune homme sur la route, année 50, Asie. chambre - emménager - boueux
Situé en bord de mer, Le Normandy avait développé de longue date, un savoir faire important en matière de rééducation et d'hydro-kiné-balnéothérapie.
Malgré un programme individuel adapté à chaque cas, quel que soit le niveau du handicap, ici au centre, les maladies uniformisaient les âges des combattants en trois catégories : les jeunes, les moins jeunes, les vieux.
Sa peau de chagrin réduite à presque rien, lissait rose les traits de son visage tirés comme papier de soie. Marinette arrivait seule à conduire sa chariotte de la main droite. Elle avait les cheveux rares mais beaux qui repoussaient sur son crâne au large front dégagé. Elle arborait une fine tresse noire luisante. Le bonjour timide d'un résident dans l'allée du parc, lui renvoyait sa différence avec son appartenance au clan des roules-assis et de celui des marches-debout, titubants sur béquilles ou brinquebaler au rythme d'un déambulatoire incertain.
Ce jour d'anniversaire était le prétexte pour fêter ses 365 jours de sortie de coma prolongé.
Avant, bien avant l'incendie, elle était à la noce de son propre mariage, un évènement marqué d'une pierre blanche, en forme de dalle de caveau, celle sous laquelle reposait son mari consumé.
C'était il y a très longtemps, elle ne s'en souvenait plus. Jeune, belle et désirable elle s'était transformée en monstre inhumain. Reconstruire une vie sur un squelette amputé, c'était bâtir une citadelle dans un marécage boueux. Du vide emplissait son cœur, du noir charbon colorait son caractère qu'elle voulait hostile, méchant.
Ce garçon timide, c'était le Franck tout juste sorti de sa chambre après trois mois d'isolement complet dans le bâtiment baptisé "Asie". Il avait la parole rare, les yeux flottant bas. Le besoin de se déplacer, le propulsait une jambe après l'autre, hésitant entre le mouvement de la canne droite et celui de la gauche à réguler alternativement. Dépassant les limites imposées par la morphine, il réussit à atteindre le seuil de la salle d'animation, visa et se dirigea droit devant vers l'aboutissement de sa première sortie : un siège libre près du bar.
Mireille se présenta, lui souhaitant la bienvenue en lui demandant son prénom « ..anck ».
D'un mouvement des paupières, il accepta un petit café. Les doigts emballés par les gants compressifs, il tendit son enveloppe contenant un billet. Mireille lui rendit la monnaie. Elle déchira le papier du sucre qu'il désirait ajouter dans le liquide chaud, lui touilla le café. Franck, saisit à son tour la cuiller, et tenta de boire en fixant une tâche au bord supérieur de la sous-tasse. Avait-elle été bien nettoyée ? Qui sait si la vaisselle était propre ? Le protocole de désinfection était-il respecté ? Dans le doute, Franck cessa son mouvement et du seul geste étroit et maladroit autorisé par son orthèse, il repoussa la soucoupe loin de lui. Il récupéra son enveloppe entre le pouce et l'index, corna le papier, enroula le coin, le déroula plusieurs fois de suite, un geste nouveau qu'il ne manquerait pas de montrer à la prochaine séance d'ergothérapie. Il tendit l'oreille au hasard des conversations d'inconnus parlant trop, remuant vite.
« Franck, le café est tout froid, tu en veux un autre ?
— .on .erci ». Désolée, Mireille débarrassa la tasse, essuya la table.
Le couple d'en face avait baissé le volume de leur conversation. L'homme assis dans une chaise roulante sirotait son eau gazeuse. Casquette sur la tête, dos vouté, son rictus amusé trahissait les rides prononcées de son visage accusant ainsi les soixante-dix ans passés. Sa femme, vive, alerte, arborait une tenue vestimentaire ample et colorée. Un bonjour de loin ouvrit un semblant de relation.
Franck rendit la politesse en hochant la tête sans la relever, sans la baisser non plus, car sa minerve redressant son menton, donnait à son regard une impassibilité unidirectionnelle.
Les jours passaient au rythme des activités proposées par le centre. Rééducation, jeux collectifs, entretiens, promenades assistées sur la jetée, remise en forme, kiné. apprentissages. Marinette refusait tout en bloc. Elle attendait désœuvrée et comptait les semaines et les mois sur l'inconfort de son siège devant une grille de sudoku dont les cases toujours aussi vierge de chiffres ressemblaient à des gouffres infranchissables.
Son voisin de table Franck assis devant sa canette de bière sans alcool écrivait au crayon à papier sur une feuille blanche. Deux doigts valides lui permettaient de trouver une certaine aisance au bout d'un bras toujours aussi raide.
Il utilisait sa gomme après chaque demi-phrase inscrite bien appuyée sur le papier.
Posant son crayon, il levait la tête, perplexe, regardait ses voisins de la salle d'animation puis volontaire, énergique, jetait quelques mots les uns à la suite des autres.
Sur les pages à moitié griffonnées, il décidait d'effacer avec application un mot de trop, vérifiait son précédent texte, placé sous son attelle gauche. Le regard fixe il relisait ses phrases en dénombrant ses vers à pieds. Œil à l'affût, chaque saisie du crayon rythmait un débit saccadé de sa prose, alternant petite vérification avec gorgée de bière.
L'homme en chemise à carreaux concentré sur son devoir d'écriture, affichait environ vingt-cinq ans. Petite barbichette naissante sous son menton mal rasé, lui donnait un air studieux affairé. De la pointe de son crayon, il arrangeait ses lignes inégales ; le texte rédigé affichait une écriture scolaire à la recherche permanente de rimes parfois pauvres mais terriblement efficaces. Marinette l'interpella :
«Bonjour, tu écris toujours toi ?
— Bonjour, oui un peu, souvent. Et toi tu préfères les chiffres ?
— Pff, non ça m'emmerde. C'est une lettre à ton ex ?
— Oui et non, enfin voilà c'est plutôt des textes pour les chansons.
— Cool. Tu chantes aussi ?
— Oui, j'ai déjà enregistré. Voilà.
— Tu as gravé un cédé ?
— Pas encore, mais voilà, ça risque de se faire bientôt.
— Tu as envoyé tes chansons sur internet.
— Bientôt oui, ça risque de se faire rapidement.
— Et tu jouais d'un instrument dans un groupe ?
— Oui du clavier et de la guitare, mais voilà quoi, en solo.
— Quel genre de musique ?
— Un peu rock'n roll, des années cinquante tu vois genre Chuck Berry, Elvis, Buddy Holly, Jerry Lee Lewis ou Little Richard...
— Putain ça déménage alors ?
— On peut dire ça oui !
— Mais bon, rapport à tes tares, va falloir adapter tes instruments si tu veux re-pianoter un jour. C'est vrai quoi.»
Son sourire en coin jeta un froid. Pourtant, une barrière avait été franchie. Celle du premier contact.
«Alors, comme ça tu es auteur-compositeur interprète. Un véritable artiste quoi, méconnu. Au moins si t'es célèbre un jour, t'auras pas à partager.
— Oui, mais c'est pas facile de créer.
— Tu travailles sur quoi en ce moment ?
— Ah ! c'est compliqué. En fait, c'est simple. J'écris sur la personne qui m'a fait le plus de mal et qui me manque le plus.Voilà.
— L'amour, l'amour. Tu y crois toi à l'amour dans ton état ?
— Oui, mais moi c'est pas pareil. Je veux dire plein de choses, un peu à la Gainsbourrienne, tu vois ?
— Tu manques pas d'air.
— Faut avoir de l'ambition si je veux percer dans le métier. J'y travaille.
— Quel est le sujet du jour ?
— Classique, le genre je t'aime moi non plus, en mieux ?
— Amour mon cul oui ? C'est ta meuf qui t'a larguée non ?
— Ben comment tu sais ça ?
— C'est pas difficile à deviner. Tu écris, tu reçois jamais de courrier. C'était qu'une pouf, rien de plus. T'imagine quoi, en draguer une autre ? La prochaine, tu la feras fuir, tu crois qu'elle va supporter ce que tu ne peux pas cacher ?
— Les sentiments, y'a que ça de vrai.
— Arrête, tu délires, tu te mets le doigt dans l'œil et bien profond mon pote. On est comme des chiens abandonnés sur la route. T'as donc pas de miroir dans ta piaule ? Tu ferais mieux de tirer un trait si tu veux survivre.
Mireille la responsable leur signifia la fermeture des locaux.
— Oui, tu as peut-être raison, c'est un grand thème, mais j'y crois, voilà.
— Bon courage alors. À plus tard.»
Marinette sortit de la salle sans savoir comment orthographier le dernier “thème”, lancé comme une bouée.
Des appartements extérieurs au centre baptisés "Amérique" avaient été aménagés dans le but de permettre aux futurs sortants une ré-appropriation des outils nécessaires au quotidien.
Bien malgré elle, Marinette dut suivre les séances prévues. La préparation d'un repas ne lui déplaisait pas, tant qu'elle n'était pas obligée comme les autres d'aller au supermarché pour remplir son panier. Elle repoussait toujours la date de sa première sortie en milieu ordinaire.
Franck libéré d'une béquille lui proposa de l'accompagner. Par principe et pour confirmer sa mauvaise humeur, elle refusa son soutien moins catégoriquement qu'à son habitude.
Lorsque le jour suivant Marinette émit le désir de s'acheter une robe, l'ergothérapeute nota qu'un pas avait été franchi.
Contraintes :
- Une jeune femme, mariée et désœuvrée. Normandie (ou port en France), rapport - jeter - perplexe
- Un jeune homme sur la route, année 50, Asie. chambre - emménager - boueux
Marinette
Situé en bord de mer, Le Normandy avait développé de longue date, un savoir faire important en matière de rééducation et d'hydro-kiné-balnéothérapie.
Malgré un programme individuel adapté à chaque cas, quel que soit le niveau du handicap, ici au centre, les maladies uniformisaient les âges des combattants en trois catégories : les jeunes, les moins jeunes, les vieux.
Sa peau de chagrin réduite à presque rien, lissait rose les traits de son visage tirés comme papier de soie. Marinette arrivait seule à conduire sa chariotte de la main droite. Elle avait les cheveux rares mais beaux qui repoussaient sur son crâne au large front dégagé. Elle arborait une fine tresse noire luisante. Le bonjour timide d'un résident dans l'allée du parc, lui renvoyait sa différence avec son appartenance au clan des roules-assis et de celui des marches-debout, titubants sur béquilles ou brinquebaler au rythme d'un déambulatoire incertain.
Ce jour d'anniversaire était le prétexte pour fêter ses 365 jours de sortie de coma prolongé.
Avant, bien avant l'incendie, elle était à la noce de son propre mariage, un évènement marqué d'une pierre blanche, en forme de dalle de caveau, celle sous laquelle reposait son mari consumé.
C'était il y a très longtemps, elle ne s'en souvenait plus. Jeune, belle et désirable elle s'était transformée en monstre inhumain. Reconstruire une vie sur un squelette amputé, c'était bâtir une citadelle dans un marécage boueux. Du vide emplissait son cœur, du noir charbon colorait son caractère qu'elle voulait hostile, méchant.
Ce garçon timide, c'était le Franck tout juste sorti de sa chambre après trois mois d'isolement complet dans le bâtiment baptisé "Asie". Il avait la parole rare, les yeux flottant bas. Le besoin de se déplacer, le propulsait une jambe après l'autre, hésitant entre le mouvement de la canne droite et celui de la gauche à réguler alternativement. Dépassant les limites imposées par la morphine, il réussit à atteindre le seuil de la salle d'animation, visa et se dirigea droit devant vers l'aboutissement de sa première sortie : un siège libre près du bar.
Mireille se présenta, lui souhaitant la bienvenue en lui demandant son prénom « ..anck ».
D'un mouvement des paupières, il accepta un petit café. Les doigts emballés par les gants compressifs, il tendit son enveloppe contenant un billet. Mireille lui rendit la monnaie. Elle déchira le papier du sucre qu'il désirait ajouter dans le liquide chaud, lui touilla le café. Franck, saisit à son tour la cuiller, et tenta de boire en fixant une tâche au bord supérieur de la sous-tasse. Avait-elle été bien nettoyée ? Qui sait si la vaisselle était propre ? Le protocole de désinfection était-il respecté ? Dans le doute, Franck cessa son mouvement et du seul geste étroit et maladroit autorisé par son orthèse, il repoussa la soucoupe loin de lui. Il récupéra son enveloppe entre le pouce et l'index, corna le papier, enroula le coin, le déroula plusieurs fois de suite, un geste nouveau qu'il ne manquerait pas de montrer à la prochaine séance d'ergothérapie. Il tendit l'oreille au hasard des conversations d'inconnus parlant trop, remuant vite.
« Franck, le café est tout froid, tu en veux un autre ?
— .on .erci ». Désolée, Mireille débarrassa la tasse, essuya la table.
Le couple d'en face avait baissé le volume de leur conversation. L'homme assis dans une chaise roulante sirotait son eau gazeuse. Casquette sur la tête, dos vouté, son rictus amusé trahissait les rides prononcées de son visage accusant ainsi les soixante-dix ans passés. Sa femme, vive, alerte, arborait une tenue vestimentaire ample et colorée. Un bonjour de loin ouvrit un semblant de relation.
Franck rendit la politesse en hochant la tête sans la relever, sans la baisser non plus, car sa minerve redressant son menton, donnait à son regard une impassibilité unidirectionnelle.
Les jours passaient au rythme des activités proposées par le centre. Rééducation, jeux collectifs, entretiens, promenades assistées sur la jetée, remise en forme, kiné. apprentissages. Marinette refusait tout en bloc. Elle attendait désœuvrée et comptait les semaines et les mois sur l'inconfort de son siège devant une grille de sudoku dont les cases toujours aussi vierge de chiffres ressemblaient à des gouffres infranchissables.
Son voisin de table Franck assis devant sa canette de bière sans alcool écrivait au crayon à papier sur une feuille blanche. Deux doigts valides lui permettaient de trouver une certaine aisance au bout d'un bras toujours aussi raide.
Il utilisait sa gomme après chaque demi-phrase inscrite bien appuyée sur le papier.
Posant son crayon, il levait la tête, perplexe, regardait ses voisins de la salle d'animation puis volontaire, énergique, jetait quelques mots les uns à la suite des autres.
Sur les pages à moitié griffonnées, il décidait d'effacer avec application un mot de trop, vérifiait son précédent texte, placé sous son attelle gauche. Le regard fixe il relisait ses phrases en dénombrant ses vers à pieds. Œil à l'affût, chaque saisie du crayon rythmait un débit saccadé de sa prose, alternant petite vérification avec gorgée de bière.
L'homme en chemise à carreaux concentré sur son devoir d'écriture, affichait environ vingt-cinq ans. Petite barbichette naissante sous son menton mal rasé, lui donnait un air studieux affairé. De la pointe de son crayon, il arrangeait ses lignes inégales ; le texte rédigé affichait une écriture scolaire à la recherche permanente de rimes parfois pauvres mais terriblement efficaces. Marinette l'interpella :
«Bonjour, tu écris toujours toi ?
— Bonjour, oui un peu, souvent. Et toi tu préfères les chiffres ?
— Pff, non ça m'emmerde. C'est une lettre à ton ex ?
— Oui et non, enfin voilà c'est plutôt des textes pour les chansons.
— Cool. Tu chantes aussi ?
— Oui, j'ai déjà enregistré. Voilà.
— Tu as gravé un cédé ?
— Pas encore, mais voilà, ça risque de se faire bientôt.
— Tu as envoyé tes chansons sur internet.
— Bientôt oui, ça risque de se faire rapidement.
— Et tu jouais d'un instrument dans un groupe ?
— Oui du clavier et de la guitare, mais voilà quoi, en solo.
— Quel genre de musique ?
— Un peu rock'n roll, des années cinquante tu vois genre Chuck Berry, Elvis, Buddy Holly, Jerry Lee Lewis ou Little Richard...
— Putain ça déménage alors ?
— On peut dire ça oui !
— Mais bon, rapport à tes tares, va falloir adapter tes instruments si tu veux re-pianoter un jour. C'est vrai quoi.»
Son sourire en coin jeta un froid. Pourtant, une barrière avait été franchie. Celle du premier contact.
«Alors, comme ça tu es auteur-compositeur interprète. Un véritable artiste quoi, méconnu. Au moins si t'es célèbre un jour, t'auras pas à partager.
— Oui, mais c'est pas facile de créer.
— Tu travailles sur quoi en ce moment ?
— Ah ! c'est compliqué. En fait, c'est simple. J'écris sur la personne qui m'a fait le plus de mal et qui me manque le plus.Voilà.
— L'amour, l'amour. Tu y crois toi à l'amour dans ton état ?
— Oui, mais moi c'est pas pareil. Je veux dire plein de choses, un peu à la Gainsbourrienne, tu vois ?
— Tu manques pas d'air.
— Faut avoir de l'ambition si je veux percer dans le métier. J'y travaille.
— Quel est le sujet du jour ?
— Classique, le genre je t'aime moi non plus, en mieux ?
— Amour mon cul oui ? C'est ta meuf qui t'a larguée non ?
— Ben comment tu sais ça ?
— C'est pas difficile à deviner. Tu écris, tu reçois jamais de courrier. C'était qu'une pouf, rien de plus. T'imagine quoi, en draguer une autre ? La prochaine, tu la feras fuir, tu crois qu'elle va supporter ce que tu ne peux pas cacher ?
— Les sentiments, y'a que ça de vrai.
— Arrête, tu délires, tu te mets le doigt dans l'œil et bien profond mon pote. On est comme des chiens abandonnés sur la route. T'as donc pas de miroir dans ta piaule ? Tu ferais mieux de tirer un trait si tu veux survivre.
Mireille la responsable leur signifia la fermeture des locaux.
— Oui, tu as peut-être raison, c'est un grand thème, mais j'y crois, voilà.
— Bon courage alors. À plus tard.»
Marinette sortit de la salle sans savoir comment orthographier le dernier “thème”, lancé comme une bouée.
Des appartements extérieurs au centre baptisés "Amérique" avaient été aménagés dans le but de permettre aux futurs sortants une ré-appropriation des outils nécessaires au quotidien.
Bien malgré elle, Marinette dut suivre les séances prévues. La préparation d'un repas ne lui déplaisait pas, tant qu'elle n'était pas obligée comme les autres d'aller au supermarché pour remplir son panier. Elle repoussait toujours la date de sa première sortie en milieu ordinaire.
Franck libéré d'une béquille lui proposa de l'accompagner. Par principe et pour confirmer sa mauvaise humeur, elle refusa son soutien moins catégoriquement qu'à son habitude.
Lorsque le jour suivant Marinette émit le désir de s'acheter une robe, l'ergothérapeute nota qu'un pas avait été franchi.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
il manque encore des textes ?
j'aimerais bien grouper mes commentaires, comme d'hab
en tout cas, bravo pour la participation
et merci encore abstract
j'aimerais bien grouper mes commentaires, comme d'hab
en tout cas, bravo pour la participation
et merci encore abstract
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
mentor : Tes personnages auraient pu s'appeler Harold et Maud, aussi. Toi, l'homme aux contraintes (référence aux mots dits), tu réussis l'exercice avec une redoutable qualité : celle de respecter l'horaire.
Une question de fond me préoccupe : pourquoi les suicidaires multi récidivistes ne pensent pas aux énergies renouvelables ? Quelques pistes : le saut de l'éolienne, le four solaire, l'électrification photovoltaique, la corde de chanvre, l'intoxication alimentaire avec du bio périmé etc...
Ce que j'en dit moi, c'est juste pour donner un petit coup de main.
Jérémie : oulà ! C'est une véritable aventure, avec des personnages qui sortent de tous les coins. ça fuse, ça va vite, on dirait la retranscription d'un délire à haute voix.
Plotine: bel exercice maîtrisé avec le talent d'une conteuse. La conclusion est un peu classique, mais au moins toi aussi, tu as respecté l'horaire.
Sahkti et sa mornitude : je n'avais jamais employé ce terme, mais il est convaincant dans ce texte teinté d'ironie surtout lorsqu'il débouche sur les cours de danse à distance. Bien vu car original et fort bien conduit. Mes contraintes contenaient également une Jeune femme, mariée et désœuvrée. Asie. Je n'imaginais pas la rencontrer dans cette vie, où alors si, c'était sa vie avant l'accident, la télé qui a brûlé.
Une question de fond me préoccupe : pourquoi les suicidaires multi récidivistes ne pensent pas aux énergies renouvelables ? Quelques pistes : le saut de l'éolienne, le four solaire, l'électrification photovoltaique, la corde de chanvre, l'intoxication alimentaire avec du bio périmé etc...
Ce que j'en dit moi, c'est juste pour donner un petit coup de main.
Jérémie : oulà ! C'est une véritable aventure, avec des personnages qui sortent de tous les coins. ça fuse, ça va vite, on dirait la retranscription d'un délire à haute voix.
Plotine: bel exercice maîtrisé avec le talent d'une conteuse. La conclusion est un peu classique, mais au moins toi aussi, tu as respecté l'horaire.
Sahkti et sa mornitude : je n'avais jamais employé ce terme, mais il est convaincant dans ce texte teinté d'ironie surtout lorsqu'il débouche sur les cours de danse à distance. Bien vu car original et fort bien conduit. Mes contraintes contenaient également une Jeune femme, mariée et désœuvrée. Asie. Je n'imaginais pas la rencontrer dans cette vie, où alors si, c'était sa vie avant l'accident, la télé qui a brûlé.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Cher tous, soucis et fatigue... je ne vous commenterai peut-être pas aujourd'hui. Je préfère être en forme pour avoir le plaisir de vous lire attentivement .
A plus.
A plus.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Bonjour à tous,
Encore une fois, je suis bluffée par la qualité des textes produits en si peu de temps ! Et j'ai passé un bon moment hier soir (à vrai dire, un peu entrecoupé par des contraintes d'un autre genre, à savoir faire le taxi pour ma fille, mais bon...)
Jérémie : Ah ce séduisant jeune homme grec ! Bien, bien. Moi non plus, je n'y résiste pas ! J'ai bien aimé cette rencontre et beaucoup le début (sur le nom du héros).
Mentor : Bien aimé aussi, les contraintes sont habilement intégrées. Juste la fin qui ne m'a pas totalement convaincue, enfin je veux dire qu'elle n'apparaît pas vraiment comme une chute.
Plotine : Très humoristique et bien écrit. Pas bien compris si l'éclair foudroyant était LE coup de foudre ou si le ténébreux jeune homme était assez endommagé pour s'accorder désormais parfaitement avec son aimée ?
Sahkti : Super trouvaille, très drôle et bien ficelée avec cette création télévisuelle pas si excitante que ça mais tellement appréciée et l'histoire du libellé carte bancaire m'a bien fait rire aussi !
Yellow : Bonne histoire (décidément, on est chez les friqués avec toi et Sahkti !), très agréable à lire. Un petit passage pas très clair sur la fin (enfin, pour moi), à partir de "Manière de.." : je ne savais plus de qui on parlait.
Abstract : Un ton qui colle parfaitement à l'esprit du héros lendemain de soirée arrosée et le malentendu avec la fille au matin, vu par lui, est rapporté de telle manière qu'on visualise parfaitement la scène à travers son regard à lui. Bien vu !
Pili : Mise en bouche et me voila frustrée par la brièveté du texte qui s'annonce si drôle et nous laisse si vite sur le carreau. On veut la suite !
Gobu : On retrouve bien ton style et cela rappelle bien sûr ton dernier texte. Très réussi et, oui, très marrant cette histoire de la boîte de cachous. Tu t'es habilement mis dans la peau de ces américains à Paris !
Dilo : Là encore, c'est dans ton type de texte ! Cela te ressemble ! Un bon texte, néanmoins la fin m'a semblé un peu trop rapide et "conte de fées"..
Rebecca : L'idée de traiter le texte sur la base des consignes était intéressante mais ça donne une structure trop rigide à mon goût et l'usage quasi-exclusif d'infinitifs rend le ton un peu répétitif. Et on est frustré par la "démission" du narrateur qui nous renvoie la balle avec x pistes : "lecteur, débrouille-toi avec ça, fais-en ta propre histoire". Enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti, donc pas vraiment accroché.
Bertrand-Môgendre : De belles trouvailles (la pierre blanche en forme de caveau entre autres) et un regard attentif sur les petits détails des gestes du quotidien soudain si importants qui m'a séduite. L'histoire se tient bien même si quelques phrases ici et là me paraissent un peu trop exclusivement "techniquement explicatives" du fonctionnement et de la structure du centre. La dernière phrase du 2ème paragraphe m'a semblé peu claire ("Le bonjour timide..."). L'ensemble est très réaliste et véhicule de belles émotions, une certaine foi en l'avenir. Une mention spéciale au dialogue, très réussi.
Encore une fois, je suis bluffée par la qualité des textes produits en si peu de temps ! Et j'ai passé un bon moment hier soir (à vrai dire, un peu entrecoupé par des contraintes d'un autre genre, à savoir faire le taxi pour ma fille, mais bon...)
Jérémie : Ah ce séduisant jeune homme grec ! Bien, bien. Moi non plus, je n'y résiste pas ! J'ai bien aimé cette rencontre et beaucoup le début (sur le nom du héros).
Mentor : Bien aimé aussi, les contraintes sont habilement intégrées. Juste la fin qui ne m'a pas totalement convaincue, enfin je veux dire qu'elle n'apparaît pas vraiment comme une chute.
Plotine : Très humoristique et bien écrit. Pas bien compris si l'éclair foudroyant était LE coup de foudre ou si le ténébreux jeune homme était assez endommagé pour s'accorder désormais parfaitement avec son aimée ?
Sahkti : Super trouvaille, très drôle et bien ficelée avec cette création télévisuelle pas si excitante que ça mais tellement appréciée et l'histoire du libellé carte bancaire m'a bien fait rire aussi !
Yellow : Bonne histoire (décidément, on est chez les friqués avec toi et Sahkti !), très agréable à lire. Un petit passage pas très clair sur la fin (enfin, pour moi), à partir de "Manière de.." : je ne savais plus de qui on parlait.
Abstract : Un ton qui colle parfaitement à l'esprit du héros lendemain de soirée arrosée et le malentendu avec la fille au matin, vu par lui, est rapporté de telle manière qu'on visualise parfaitement la scène à travers son regard à lui. Bien vu !
Pili : Mise en bouche et me voila frustrée par la brièveté du texte qui s'annonce si drôle et nous laisse si vite sur le carreau. On veut la suite !
Gobu : On retrouve bien ton style et cela rappelle bien sûr ton dernier texte. Très réussi et, oui, très marrant cette histoire de la boîte de cachous. Tu t'es habilement mis dans la peau de ces américains à Paris !
Dilo : Là encore, c'est dans ton type de texte ! Cela te ressemble ! Un bon texte, néanmoins la fin m'a semblé un peu trop rapide et "conte de fées"..
Rebecca : L'idée de traiter le texte sur la base des consignes était intéressante mais ça donne une structure trop rigide à mon goût et l'usage quasi-exclusif d'infinitifs rend le ton un peu répétitif. Et on est frustré par la "démission" du narrateur qui nous renvoie la balle avec x pistes : "lecteur, débrouille-toi avec ça, fais-en ta propre histoire". Enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti, donc pas vraiment accroché.
Bertrand-Môgendre : De belles trouvailles (la pierre blanche en forme de caveau entre autres) et un regard attentif sur les petits détails des gestes du quotidien soudain si importants qui m'a séduite. L'histoire se tient bien même si quelques phrases ici et là me paraissent un peu trop exclusivement "techniquement explicatives" du fonctionnement et de la structure du centre. La dernière phrase du 2ème paragraphe m'a semblé peu claire ("Le bonjour timide..."). L'ensemble est très réaliste et véhicule de belles émotions, une certaine foi en l'avenir. Une mention spéciale au dialogue, très réussi.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Le thème de l'exo est : Rencontre
Ton personnage principal est un jeune homme dans les année cinquante, en Asie.
Il rencontre un policier américain et fatigué dans la cinquantaine
Mots à placer: chambre, emménager, boueux.
Encodable dans un autre exo, bien plus ancien celui-là, peut-être..?
FRED LOISEAU ET LE DAHU
Boueuses, aujourd'hui, les hutong, ces ruelles pékinoises qui sillonnent la capitale de la nouvelle République populaire de Chine. Toute la nuit avait mouillé, précipitations estivales obligent.
La première chose que s’était demandé Fred Loiseau en emménageant dans une chambrette poussiéreuse d'un hôtel lambda de Nanchizi, c’était de savoir si on pouvait encore trouver des rouleaux de printemps en juillet.
L’hôtel, lambda, n'en était même pas vraiment un : il s'agissait en fait d'une petite dépendance d'une siheyuan, ancienne chambre de bonne reconvertie pour accueillir le voyageur. Au regard de l'hospitalité chinoise telle qu'il la supposait, Loiseau se serait attendu à un traitement d'invité de marque, mais après tout, il n'était pas un invité, simplement un touriste - enfin, il passait pour un touriste.
En réalité, il était là... pour quoi donc, au juste ?
Loiseau fouilla dans la poche de son manteau, en tira des miettes de sandwich au thon, deux ou trois piécettes chinoises et un papier chiffonné. Il relut le télégramme.
« Monsieur Loiseau, veuillez... » et caetera, et caetera.
Son employeur l’avait mandaté pour se rendre là et trouver un certain "John Dao".
Son employeur, membre éminent du PCF, mais ça c'était secret, Loiseau ne connaissait et n'était connu que de peu d’autres membres. Après huit mois passés à rédiger des articles pour la gazette du parti, voilà qu’on lui confiait, à sa demande, un peu de terrain à explorer.
Cependant, il se serait attendu à tout sauf à ça.
Des semaines à ne plus savoir compter à bord d'un paquebot, débarquement dans il ne savait quel port chinois, et le train à vapeur jusqu'à Pékin, avec dans les bagages une petite quantité de yuans, un couteau suisse, quelques vêtements de rechange et une adresse.
En trois jours, il s'était efforcé de ne pas trop se perdre, constatant que la barrière langagière n'allait pas l'aider, et s'était muni il ne savait trop comment d'un plan du quartier, suffisamment gigantesque pour que l'on mette trois jours à y trouver une adresse.
C'est sous la pluie que Fred Loiseau, enfin, avait trouvé la siheyuan indiquée. Une imposante bâtisse, un grand mur aveugle et gris surmonté d’un toit noir qui dépassait d'un ou deux bons mètres celui des maisons voisines.
Il avait frappé vigoureusement à la porte, pressé d'être au sec. Deux secondes après il avait songé à l’air bête qu’il aurait s’il s’était trompé de maison, qu’il serait incapable de dire un mot compréhensible pour la soubrette qui n'allait pas tarder à ouvrir, qu'il était peut-être temps de reconsidérer la mission, une bien étrange mission pour un bleu comme lui, et de partir au Népal élever des yacks en prévision de la future vague hippie qui finirait tôt ou tard par y arriver, et qui aurait bien besoin de nourriture et de vêtements, la céleste Lucie au diamants ne suffisant pas à assurer la survie de toute une communauté.
Mais on s’égare.
Sans mot dire, la servante l’avait conduit dans un petit cabinet, duquel il pouvait admirer au travers d’une fenêtre la cour intérieure et le magnifique jujubier qui y trônait. Elle, n’y prêtait guère attention : c’était son décor, si pittoresque soit-il, de tous les jours. Elle s’était contenté de saisir sur la table du cabinet une missive, rédigée en anglais, qu’elle tendit à Loiseau, et lui avait juste laissé le temps de la lire avant de le reconduire, non sans lui avoir offert une tasse de thé pour la lecture.
On lui faisait savoir que John Dao n’était pas au domicile qu’on lui avait indiqué, mais planqué ailleurs pour des raisons de sécurité. Encore une adresse, encore une journée de recherche.
Et en cette chaude journée où les hutong étaient boueuses, Loiseau approchait enfin du but : la planque de ce fichu John Dao qu’il devait rencontrer pour il ne savait plus quel motif, d’ailleurs il s’était promis de demander au John Dao de le lui signifier - s’il parvenait enfin à le rencontrer !
Trois heures de l’après-midi, fuseau horaire pékinois.
Fred Loiseau avait enfin trouvé la planque de la missive du cabinet. Qui n’avait rien d’une siheyuan, mais ressemblait plutôt à la dépendance miteuse dans laquelle lui-même logeait. Un vague taudis en bois à moitié pourri et dont le toit avait perdu une partie de son anatomie, le genre de cabane que le gouvernement transformerait certainement en béton dès qu’il poserait l’œil dessus.
Loiseau poussa la porte du taudis en priant pour qu’elle ne s’effrite pas entre ses doigts. L’ouverture donnait sur une cage d’escalier sombre, un escalier dont on ne voyait que les deux premières marches et qui se dirigeait vers un probable sous-sol.
Loiseau fouilla dans sa sacoche… il devait bien avoir une lampe torche quelque part, outil indispensable pour l’exploration des endroits sombres typiques du périple d’un aventurier… qui, d’un autre côté, n’avait pas prévu grand-chose de ce qui lui arrivait : ce serait une boîte d’allumettes, point barre.
La boîte dans la main gauche, une allumette dans la droite, il descendit les marches le plus lentement possible, son attention concentrée sur la faible lueur de la timide flamme. Arrivé en bas, il se trouva de nouveau face à une porte. Aucune lumière. Loiseau craqua une autre allumette, la première s’étant éteinte, et manqua de la consumer trop vite en tremblant de peur. Ses genoux dansaient le twist, lui n’avait pas envie de rire. Il changea son allumette de main et, plongeant ses doigts libérés dans sa sacoche, se saisit fébrilement de son couteau suisse, piètre réconfortant, mais toujours mieux que rien en pareille situation.
À peine eût-il, après avoir avalé sa salive plusieurs fois, adressé quelques pensées à sa mère et ses plus proches amis, craqué une nouvelle allumette et retenu une pressante envie d’uriner, à peine eût-il poussé la porte qu’une grosse main surgit de l’entrebâillement et le saisit au collet tandis qu’une autre s’empressait de coller le canon d’un pistolet sur la tempe du malheureux qui, de stupeur, avait lâché et son couteau suisse et l’allumette qui s’était éteinte illico, plongeant le décor dans le noir quasi complet.
« What’s your name ? » grogna une voix gutturale.
« H-h-hein ? Heu… heu… M-m-moi ? »
« What is your name ? » répéta la voix, marquant un accent prononcé sur la syllabe rajoutée, accent prononcé du déclic du chien du pistolet.
« F-f-f… F-f-f…Red L-loiz… Oiseau ! »
« Red what ? »
« Fred Loiseau !!! Pitié !!! »
Pour parvenir à dire enfin son nom sans bégayer, Fred avait hurlé de toutes ses forces.
À sa grande surprise, il entendit le chien jouer de nouveau, sentit le canon quitter ses tempes et, par-dessus tout, eut le bonheur de voir enfin la lumière d’une lampe que l’homme venait d’allumer.
« A froggy, right ? », dit l’homme, mais on pouvait soudain entendre une once de sourire dans sa voix.
Loiseau considéra le mot froggy, et répondit par un timide yes, supposant qu’il ne fallait pas répondre no.
L’homme était un individu de petite taille en hauteur mais de grande en largeur, adoptant la physionomie d’un ballon de rugby. Une foisonnante barbe rousse masquait son double-menton, mais la calvitie naissante surlignait assez désagréablement deux yeux porcins à l’iris vert de gris. Et un fort accent du Midwest états-unien.
« You know what ? »
Loiseau fit non de la tête, espérant que l’homme ne parlait pas que l’anglais.
« Si tu m’avais dit un nom en Ling ou en Tchang ou autre truc de jaune, à l’heure qu’il est tu serais allé manger les pissenlits par la racine ».
Loiseau ne savait pas s’il fallait en priorité rire de ce qu’il ne savait pas s’il fallait considérer comme une plaisanterie, ou bien s’il fallait pousser un long soupir de soulagement, ou encore plus simplement s’évanouir.
« Are you… heu… »
Il considéra que l’homme maîtrisait le français. Que peut-être même c’était sa langue natale, soyons fou.
« Êtes-vous John Dao ? »
L’interpellé répondit par un rire tonitruant.
« Oui, oui, John Dao… John Dahu, ils devraient m’appeler, tellement il faut être completely silly pour venir me chercher. »
Il ria encore un peu, provoquant involontairement une montée excessive de honte et d’agacement chez Loiseau.
« Oui, ce sont les rouges de ton pays qui t’envoient, je sais, je sais, ce n’est pas drôle pour toi. Poor boy, je suppose qu’ils t’ont envoyé parce qu’ils t’ont jugé assez bonne poire pour accepter une mission dont personne n’aurait voulu en espérant jouer les héros, et cependant assez digne de confiance pour aller et venir sans créer de problème. »
Loiseau ne savait pas quoi répondre, paralysé par la gêne.
« Allons, assieds-toi, tu es trempé mon pauvre ami. Ah, la pluie, isn’t it ? Quel pays, quel pays…»
Le Français n’osait pas dire qu’au dehors il faisait beau et que sa liquéfaction ne provenait que de l’extrême peur qu’il venait d’essuyer.
« Take it, a good glass of strong brandy », dit John Dao en lui tendant un verre.
« Strong, but nice », commenta-t-il en vidant le sien d’un trait.
Fred ne répondit pas, trempant à peine les lèvres dans l’obscur liquide.
« Eh bien, froggy, tu ne dis rien ? » s’esclaffa l’Américain en lui claquant une grande tape dans le dos. « Ah, les affaires, les affaires… Assez parlé, hein ? »
Loiseau hocha la tête un peu dans tous les sens, se disant que quitte à passer pour une andouille, autant se la boucler au risque d’aggraver son cas. Il s’était collé depuis une minute un embryon de rictus aux lèvres, le genre d’expression relativement neutre qui s’adapte à toute situation, pouvant aussi bien vouloir dire « Mais ce brandy n’est pas mauvais du tout ! » que « J’approuve absolument votre plan d’exécution du voisin et de toute sa famille par lacération ventrale » ou encore « Je ne sais si vos propos sont manifestes d’une grande intelligence ou de la plus parfaite stupidité, mais je les écoute avec attention. »
John Dao n’esquissa pas la moindre réflexion quant à la signification de ce rictus. Il se dirigea vers un petit coffre et en sortit un gros volume de paperasse à la couverture rouge sang.
« Puisque tu ne dis rien, je vais te donner ce pourquoi tu es venu. Tu leur diras que j’ai calculé la potentielle évolution démographique du pays, les bénéfices du gouvernement sur les trois prochaines années, et surtout que j’ai étudié en détail les positions de Mao en matière de politique extérieure, et que j’ai répertorié quelques unes des actions qu’il a commise en clamant ouvertement qu’il n’avait pas l’intention de les commettre. Le reste, ça ne te regarde pas non plus. »
Loiseau sentit le poids du dossier que l’Américain venait de lâcher sur ses avant-bras.
« Tu es ici pour combien de temps encore ? »
« Mon bateau part dans huit jours », dit Fred, retrouvant soudain l’usage de sa langue.
« Bien. Que vas-tu faire ? »
« Aucune idée, le tourisme ne me tente pas trop, je me suis déjà perdu un certain nombre de fois, trop pour les compter sur mes doigts, je considère que ça suffit. »
« Tu peux rester travailler avec moi, si tu veux. »
Loiseau considéra à plusieurs reprises la proposition, et répondit, tendant la main comme si c’était nécessaire d’ajouter le geste à la parole, « Avec plaisir ».
Une fois revenu en France, Fred Loiseau ne mit pas longtemps à cesser toute affaire courante avec le parti. Il y avait adhéré par soif de gloire, par concomitance avec l’idéologie, et s’était au final senti manipulé, et pour, il en avait l’impression, des clopinettes. Néanmoins, pendant le voyage du retour, il s’était promis d’appeler son fils Fred, si un jour il devait en avoir un, en mémoire de ce prénom qui l’avait sauvé d’une balle dans la cervelle. Et lorsque, au hasard d’une rue parisienne, il tombait sur un restaurant chinois, l’odeur des rouleaux de printemps lui rappellerait pour toujours le souvenir de la plus belle peur de sa vie.
Ton personnage principal est un jeune homme dans les année cinquante, en Asie.
Il rencontre un policier américain et fatigué dans la cinquantaine
Mots à placer: chambre, emménager, boueux.
Encodable dans un autre exo, bien plus ancien celui-là, peut-être..?
FRED LOISEAU ET LE DAHU
Boueuses, aujourd'hui, les hutong, ces ruelles pékinoises qui sillonnent la capitale de la nouvelle République populaire de Chine. Toute la nuit avait mouillé, précipitations estivales obligent.
La première chose que s’était demandé Fred Loiseau en emménageant dans une chambrette poussiéreuse d'un hôtel lambda de Nanchizi, c’était de savoir si on pouvait encore trouver des rouleaux de printemps en juillet.
L’hôtel, lambda, n'en était même pas vraiment un : il s'agissait en fait d'une petite dépendance d'une siheyuan, ancienne chambre de bonne reconvertie pour accueillir le voyageur. Au regard de l'hospitalité chinoise telle qu'il la supposait, Loiseau se serait attendu à un traitement d'invité de marque, mais après tout, il n'était pas un invité, simplement un touriste - enfin, il passait pour un touriste.
En réalité, il était là... pour quoi donc, au juste ?
Loiseau fouilla dans la poche de son manteau, en tira des miettes de sandwich au thon, deux ou trois piécettes chinoises et un papier chiffonné. Il relut le télégramme.
« Monsieur Loiseau, veuillez... » et caetera, et caetera.
Son employeur l’avait mandaté pour se rendre là et trouver un certain "John Dao".
Son employeur, membre éminent du PCF, mais ça c'était secret, Loiseau ne connaissait et n'était connu que de peu d’autres membres. Après huit mois passés à rédiger des articles pour la gazette du parti, voilà qu’on lui confiait, à sa demande, un peu de terrain à explorer.
Cependant, il se serait attendu à tout sauf à ça.
Des semaines à ne plus savoir compter à bord d'un paquebot, débarquement dans il ne savait quel port chinois, et le train à vapeur jusqu'à Pékin, avec dans les bagages une petite quantité de yuans, un couteau suisse, quelques vêtements de rechange et une adresse.
En trois jours, il s'était efforcé de ne pas trop se perdre, constatant que la barrière langagière n'allait pas l'aider, et s'était muni il ne savait trop comment d'un plan du quartier, suffisamment gigantesque pour que l'on mette trois jours à y trouver une adresse.
C'est sous la pluie que Fred Loiseau, enfin, avait trouvé la siheyuan indiquée. Une imposante bâtisse, un grand mur aveugle et gris surmonté d’un toit noir qui dépassait d'un ou deux bons mètres celui des maisons voisines.
Il avait frappé vigoureusement à la porte, pressé d'être au sec. Deux secondes après il avait songé à l’air bête qu’il aurait s’il s’était trompé de maison, qu’il serait incapable de dire un mot compréhensible pour la soubrette qui n'allait pas tarder à ouvrir, qu'il était peut-être temps de reconsidérer la mission, une bien étrange mission pour un bleu comme lui, et de partir au Népal élever des yacks en prévision de la future vague hippie qui finirait tôt ou tard par y arriver, et qui aurait bien besoin de nourriture et de vêtements, la céleste Lucie au diamants ne suffisant pas à assurer la survie de toute une communauté.
Mais on s’égare.
Sans mot dire, la servante l’avait conduit dans un petit cabinet, duquel il pouvait admirer au travers d’une fenêtre la cour intérieure et le magnifique jujubier qui y trônait. Elle, n’y prêtait guère attention : c’était son décor, si pittoresque soit-il, de tous les jours. Elle s’était contenté de saisir sur la table du cabinet une missive, rédigée en anglais, qu’elle tendit à Loiseau, et lui avait juste laissé le temps de la lire avant de le reconduire, non sans lui avoir offert une tasse de thé pour la lecture.
On lui faisait savoir que John Dao n’était pas au domicile qu’on lui avait indiqué, mais planqué ailleurs pour des raisons de sécurité. Encore une adresse, encore une journée de recherche.
Et en cette chaude journée où les hutong étaient boueuses, Loiseau approchait enfin du but : la planque de ce fichu John Dao qu’il devait rencontrer pour il ne savait plus quel motif, d’ailleurs il s’était promis de demander au John Dao de le lui signifier - s’il parvenait enfin à le rencontrer !
Trois heures de l’après-midi, fuseau horaire pékinois.
Fred Loiseau avait enfin trouvé la planque de la missive du cabinet. Qui n’avait rien d’une siheyuan, mais ressemblait plutôt à la dépendance miteuse dans laquelle lui-même logeait. Un vague taudis en bois à moitié pourri et dont le toit avait perdu une partie de son anatomie, le genre de cabane que le gouvernement transformerait certainement en béton dès qu’il poserait l’œil dessus.
Loiseau poussa la porte du taudis en priant pour qu’elle ne s’effrite pas entre ses doigts. L’ouverture donnait sur une cage d’escalier sombre, un escalier dont on ne voyait que les deux premières marches et qui se dirigeait vers un probable sous-sol.
Loiseau fouilla dans sa sacoche… il devait bien avoir une lampe torche quelque part, outil indispensable pour l’exploration des endroits sombres typiques du périple d’un aventurier… qui, d’un autre côté, n’avait pas prévu grand-chose de ce qui lui arrivait : ce serait une boîte d’allumettes, point barre.
La boîte dans la main gauche, une allumette dans la droite, il descendit les marches le plus lentement possible, son attention concentrée sur la faible lueur de la timide flamme. Arrivé en bas, il se trouva de nouveau face à une porte. Aucune lumière. Loiseau craqua une autre allumette, la première s’étant éteinte, et manqua de la consumer trop vite en tremblant de peur. Ses genoux dansaient le twist, lui n’avait pas envie de rire. Il changea son allumette de main et, plongeant ses doigts libérés dans sa sacoche, se saisit fébrilement de son couteau suisse, piètre réconfortant, mais toujours mieux que rien en pareille situation.
À peine eût-il, après avoir avalé sa salive plusieurs fois, adressé quelques pensées à sa mère et ses plus proches amis, craqué une nouvelle allumette et retenu une pressante envie d’uriner, à peine eût-il poussé la porte qu’une grosse main surgit de l’entrebâillement et le saisit au collet tandis qu’une autre s’empressait de coller le canon d’un pistolet sur la tempe du malheureux qui, de stupeur, avait lâché et son couteau suisse et l’allumette qui s’était éteinte illico, plongeant le décor dans le noir quasi complet.
« What’s your name ? » grogna une voix gutturale.
« H-h-hein ? Heu… heu… M-m-moi ? »
« What is your name ? » répéta la voix, marquant un accent prononcé sur la syllabe rajoutée, accent prononcé du déclic du chien du pistolet.
« F-f-f… F-f-f…Red L-loiz… Oiseau ! »
« Red what ? »
« Fred Loiseau !!! Pitié !!! »
Pour parvenir à dire enfin son nom sans bégayer, Fred avait hurlé de toutes ses forces.
À sa grande surprise, il entendit le chien jouer de nouveau, sentit le canon quitter ses tempes et, par-dessus tout, eut le bonheur de voir enfin la lumière d’une lampe que l’homme venait d’allumer.
« A froggy, right ? », dit l’homme, mais on pouvait soudain entendre une once de sourire dans sa voix.
Loiseau considéra le mot froggy, et répondit par un timide yes, supposant qu’il ne fallait pas répondre no.
L’homme était un individu de petite taille en hauteur mais de grande en largeur, adoptant la physionomie d’un ballon de rugby. Une foisonnante barbe rousse masquait son double-menton, mais la calvitie naissante surlignait assez désagréablement deux yeux porcins à l’iris vert de gris. Et un fort accent du Midwest états-unien.
« You know what ? »
Loiseau fit non de la tête, espérant que l’homme ne parlait pas que l’anglais.
« Si tu m’avais dit un nom en Ling ou en Tchang ou autre truc de jaune, à l’heure qu’il est tu serais allé manger les pissenlits par la racine ».
Loiseau ne savait pas s’il fallait en priorité rire de ce qu’il ne savait pas s’il fallait considérer comme une plaisanterie, ou bien s’il fallait pousser un long soupir de soulagement, ou encore plus simplement s’évanouir.
« Are you… heu… »
Il considéra que l’homme maîtrisait le français. Que peut-être même c’était sa langue natale, soyons fou.
« Êtes-vous John Dao ? »
L’interpellé répondit par un rire tonitruant.
« Oui, oui, John Dao… John Dahu, ils devraient m’appeler, tellement il faut être completely silly pour venir me chercher. »
Il ria encore un peu, provoquant involontairement une montée excessive de honte et d’agacement chez Loiseau.
« Oui, ce sont les rouges de ton pays qui t’envoient, je sais, je sais, ce n’est pas drôle pour toi. Poor boy, je suppose qu’ils t’ont envoyé parce qu’ils t’ont jugé assez bonne poire pour accepter une mission dont personne n’aurait voulu en espérant jouer les héros, et cependant assez digne de confiance pour aller et venir sans créer de problème. »
Loiseau ne savait pas quoi répondre, paralysé par la gêne.
« Allons, assieds-toi, tu es trempé mon pauvre ami. Ah, la pluie, isn’t it ? Quel pays, quel pays…»
Le Français n’osait pas dire qu’au dehors il faisait beau et que sa liquéfaction ne provenait que de l’extrême peur qu’il venait d’essuyer.
« Take it, a good glass of strong brandy », dit John Dao en lui tendant un verre.
« Strong, but nice », commenta-t-il en vidant le sien d’un trait.
Fred ne répondit pas, trempant à peine les lèvres dans l’obscur liquide.
« Eh bien, froggy, tu ne dis rien ? » s’esclaffa l’Américain en lui claquant une grande tape dans le dos. « Ah, les affaires, les affaires… Assez parlé, hein ? »
Loiseau hocha la tête un peu dans tous les sens, se disant que quitte à passer pour une andouille, autant se la boucler au risque d’aggraver son cas. Il s’était collé depuis une minute un embryon de rictus aux lèvres, le genre d’expression relativement neutre qui s’adapte à toute situation, pouvant aussi bien vouloir dire « Mais ce brandy n’est pas mauvais du tout ! » que « J’approuve absolument votre plan d’exécution du voisin et de toute sa famille par lacération ventrale » ou encore « Je ne sais si vos propos sont manifestes d’une grande intelligence ou de la plus parfaite stupidité, mais je les écoute avec attention. »
John Dao n’esquissa pas la moindre réflexion quant à la signification de ce rictus. Il se dirigea vers un petit coffre et en sortit un gros volume de paperasse à la couverture rouge sang.
« Puisque tu ne dis rien, je vais te donner ce pourquoi tu es venu. Tu leur diras que j’ai calculé la potentielle évolution démographique du pays, les bénéfices du gouvernement sur les trois prochaines années, et surtout que j’ai étudié en détail les positions de Mao en matière de politique extérieure, et que j’ai répertorié quelques unes des actions qu’il a commise en clamant ouvertement qu’il n’avait pas l’intention de les commettre. Le reste, ça ne te regarde pas non plus. »
Loiseau sentit le poids du dossier que l’Américain venait de lâcher sur ses avant-bras.
« Tu es ici pour combien de temps encore ? »
« Mon bateau part dans huit jours », dit Fred, retrouvant soudain l’usage de sa langue.
« Bien. Que vas-tu faire ? »
« Aucune idée, le tourisme ne me tente pas trop, je me suis déjà perdu un certain nombre de fois, trop pour les compter sur mes doigts, je considère que ça suffit. »
« Tu peux rester travailler avec moi, si tu veux. »
Loiseau considéra à plusieurs reprises la proposition, et répondit, tendant la main comme si c’était nécessaire d’ajouter le geste à la parole, « Avec plaisir ».
Une fois revenu en France, Fred Loiseau ne mit pas longtemps à cesser toute affaire courante avec le parti. Il y avait adhéré par soif de gloire, par concomitance avec l’idéologie, et s’était au final senti manipulé, et pour, il en avait l’impression, des clopinettes. Néanmoins, pendant le voyage du retour, il s’était promis d’appeler son fils Fred, si un jour il devait en avoir un, en mémoire de ce prénom qui l’avait sauvé d’une balle dans la cervelle. Et lorsque, au hasard d’une rue parisienne, il tombait sur un restaurant chinois, l’odeur des rouleaux de printemps lui rappellerait pour toujours le souvenir de la plus belle peur de sa vie.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Yellowinattendue comme ambiance avec le petit côté donneur de leçon qui n'est pas sans me déplaire. Le format court sabre trop vite l'atmosphère bien installée. Tu possèdes là matière à développer le sujet.
abstractla rencontre est à peine ébauchée. Sinon le personnage bien campé dans son rôle de jouisseur ne me donne pas l'envie de recommander la plage de Guéthary à mon entourage.
Pili : Tu as tout bon sauf la référence à la France. Le seul monument connu là-bas est Chabal, connu et respecté. Un exercice qui en dit long sur tes blancs. La suite de cette rencontre promet d'être animée.
Gobu : L'exercice te convient à merveille. Mais attention à la censure. Après la cigarette de Lucky luke, la pipe de Tati, le mégot d'André Malraux, le clope de Jacques Prévert, le CONseil des BOnnes Familles (CONdeBOF) va bientôt entrer en campagne pour éliminer toute propagande destinée à promouvoir les plaisirs de la table. Les productions des auteurs seront détruites, la soupe populaire obligatoire.
Dilo : Tu parviens à installer une ambiance très particulière, un je ne sais quoi de chaleureux, lancinant. Dommage que la personne rencontrée soit restée si effacée, à croire que Fatih emplisse trop la salle.
abstractla rencontre est à peine ébauchée. Sinon le personnage bien campé dans son rôle de jouisseur ne me donne pas l'envie de recommander la plage de Guéthary à mon entourage.
Pili : Tu as tout bon sauf la référence à la France. Le seul monument connu là-bas est Chabal, connu et respecté. Un exercice qui en dit long sur tes blancs. La suite de cette rencontre promet d'être animée.
Gobu : L'exercice te convient à merveille. Mais attention à la censure. Après la cigarette de Lucky luke, la pipe de Tati, le mégot d'André Malraux, le clope de Jacques Prévert, le CONseil des BOnnes Familles (CONdeBOF) va bientôt entrer en campagne pour éliminer toute propagande destinée à promouvoir les plaisirs de la table. Les productions des auteurs seront détruites, la soupe populaire obligatoire.
Dilo : Tu parviens à installer une ambiance très particulière, un je ne sais quoi de chaleureux, lancinant. Dommage que la personne rencontrée soit restée si effacée, à croire que Fatih emplisse trop la salle.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
demi-lune : Que de monde dans ce bar. Les personnages valsent dans le décor mais heureusement l'apparition de Manu vient calmer le jeu. Subtile, la fin est bien amenée.
Rebecca : Ton histoire comme tes personnages ont l'air de se construire au rythme de ton écriture. Hésitation, certitude, prospection, retour en arrière, nouvelle tentative, puis le laisser faire on verra bien. J'ai eu un peu de mal à suivre ton chemin, sans doute parce que j'ai besoin d'un guide.
Chako : ton Loiseau donne l'envie de s'échapper un instant de notre quotidien, et présentement des contraintes de ce jeu. L'aventure à bon goût d'exotisme, la rencontre amusante même si appuyée par des références qui n'auront pas échappées aux habitués du lieu.
Bien joué l'ami.
Rebecca : Ton histoire comme tes personnages ont l'air de se construire au rythme de ton écriture. Hésitation, certitude, prospection, retour en arrière, nouvelle tentative, puis le laisser faire on verra bien. J'ai eu un peu de mal à suivre ton chemin, sans doute parce que j'ai besoin d'un guide.
Chako : ton Loiseau donne l'envie de s'échapper un instant de notre quotidien, et présentement des contraintes de ce jeu. L'aventure à bon goût d'exotisme, la rencontre amusante même si appuyée par des références qui n'auront pas échappées aux habitués du lieu.
Bien joué l'ami.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Navrée, mais j'ai une grosse panne de plume ! J'ai essayé... j'ai merdouillé !
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Évidement, j’ai oublié de mettre mes contraintes comme tout le monde.
C’était : Homme, 72 ans, écrivain, solitaire, incontinent
New York
bœuf dépouillé vert
Rencontre Jeune femme, mariée et désœuvrée
(Le livre que j’avais, c’était Nicolas Bouvier : Poisson Scorpion, je vous le conseille, beaucoup d'humour !)
Pour ce premier exercice en Live, je n’avais rien compris. Et j’ai bien mis une heure pour me lancer. Ce qui m’a aidé a été de trouver un autre live où j’ai pu voir le genre de texte et le style que vous utilisiez. Mais en fait, comme d’hab.
Ce n’est pas évident quand même de pondre un texte comme ça. Un peu de pression peut-être. Enfin ça m’a permis d’écrire autre chose.
Bref, je vais maintenant essayer de parler un peu de vos textes. J’aime pas trop. C’est difficile.
Mentor : à peine une heure pour sortir un texte qui ne manque pas d’humour entre autre. Les services sociaux financent les suicides… J’adore la fin : « Il faut se suicider jeune si on veut profiter de la mort »
Jérémie : Ça ne manque pas de vivacité et de fantaisie. J’ai pas toujours tout saisi, ça va un peu vite. Pas compris l’histoire du canard par exemple ?
Plotine : T’as même réussi à caler le « farpaitement » en plus des mots que tu t’es rajoutés. Trop facile pour toi on dirait. D’ailleurs ça se ressent un peu comme si tu ne t’étais pas foulée.
Sahkti : Je pensais que ce genre de programme était plus « pro ». Mais en fait je vais m’abonner aussi.
Y-S : ça bouge dans cette soirée. Un ancien back pack reconverti en trader, la honte ! et puis le sextoy pour golden boys, sympa, il est bien tombé.
Abstract : ce texte ne m’a pas trop touché ni surpris pourtant il est bien mené, l’ambiance est là, je sais pas.
Pili : J’aime bien ce court texte, j’y ressens tout de suite l’angoisse de tomber sur un gros lourd. Pas de fin mais ça laisse l’intrigue.
Gobu : Excellent. C’est comme tiré directement d’un livre. Limpide, efficace, sympa. Rebondissement, humour et belles trouvailles…
Dilo : Manque un peu de maîtrise mon ami. Faut bosser encore. « Mon type de texte », dit Demi-Lune. Ah oui ? Alors j’aurais un « style » ?!!! « Qui me ressemble », en plus…
Demi-Lune : Là aussi, c’est nickel, une ambiance très bien décrite. La violence inutile. Les bandes de ces années là (quelle comparaison avec aujourd’hui ?) Et puis, l’Algérie, le mutisme de Manu, sa détresse, pas besoin d’en dire plus. Merci.
Rebecca : Voilà une autre perspective. C’est les questions que tu t’es posées ? Enfin, bien extrapolé. J’ai trouvé ça très imagé, ça saute aux yeux ! On comprend les possibilités infinies, à nous de choisir.
Vous aimez bien cette idée : écouter le silence ou « entre les silences ». De même pour Gobu : « silence assourdissant »…
Bertrand : Marinette. Quelle précision. Tous ces détails donnent vraiment la véracité de l’histoire. (c’est Français ce que je dis ?) C’est bien fait. Une sensibilité. Même « la méchanceté » de la fille est bien décrite et je pense que ce n’était pas évident sans tomber dans l'exagération. De même pour la fin de l’histoire.
Chako : J’ai quand même l’impression qu’on est sorti du « live » avec ce texte. Manque l’imperfection de la spontanéité, je trouve. M’enfin, bon petit suspens style « silence des agneaux ».
Merci à tous d’encourager la participation des petits nouveaux et de faire vivre ce site d’une façon, je pense, qui me pousse à m’améliorer et qui, c’est important, ne manque pas d’humour, même sarcastique parfois, c’est le jeu ma pov Lucette…
Bien à vous.
C’était : Homme, 72 ans, écrivain, solitaire, incontinent
New York
bœuf dépouillé vert
Rencontre Jeune femme, mariée et désœuvrée
(Le livre que j’avais, c’était Nicolas Bouvier : Poisson Scorpion, je vous le conseille, beaucoup d'humour !)
Pour ce premier exercice en Live, je n’avais rien compris. Et j’ai bien mis une heure pour me lancer. Ce qui m’a aidé a été de trouver un autre live où j’ai pu voir le genre de texte et le style que vous utilisiez. Mais en fait, comme d’hab.
Ce n’est pas évident quand même de pondre un texte comme ça. Un peu de pression peut-être. Enfin ça m’a permis d’écrire autre chose.
Bref, je vais maintenant essayer de parler un peu de vos textes. J’aime pas trop. C’est difficile.
Mentor : à peine une heure pour sortir un texte qui ne manque pas d’humour entre autre. Les services sociaux financent les suicides… J’adore la fin : « Il faut se suicider jeune si on veut profiter de la mort »
Jérémie : Ça ne manque pas de vivacité et de fantaisie. J’ai pas toujours tout saisi, ça va un peu vite. Pas compris l’histoire du canard par exemple ?
Plotine : T’as même réussi à caler le « farpaitement » en plus des mots que tu t’es rajoutés. Trop facile pour toi on dirait. D’ailleurs ça se ressent un peu comme si tu ne t’étais pas foulée.
Sahkti : Je pensais que ce genre de programme était plus « pro ». Mais en fait je vais m’abonner aussi.
Y-S : ça bouge dans cette soirée. Un ancien back pack reconverti en trader, la honte ! et puis le sextoy pour golden boys, sympa, il est bien tombé.
Abstract : ce texte ne m’a pas trop touché ni surpris pourtant il est bien mené, l’ambiance est là, je sais pas.
Pili : J’aime bien ce court texte, j’y ressens tout de suite l’angoisse de tomber sur un gros lourd. Pas de fin mais ça laisse l’intrigue.
Gobu : Excellent. C’est comme tiré directement d’un livre. Limpide, efficace, sympa. Rebondissement, humour et belles trouvailles…
Dilo : Manque un peu de maîtrise mon ami. Faut bosser encore. « Mon type de texte », dit Demi-Lune. Ah oui ? Alors j’aurais un « style » ?!!! « Qui me ressemble », en plus…
Demi-Lune : Là aussi, c’est nickel, une ambiance très bien décrite. La violence inutile. Les bandes de ces années là (quelle comparaison avec aujourd’hui ?) Et puis, l’Algérie, le mutisme de Manu, sa détresse, pas besoin d’en dire plus. Merci.
Rebecca : Voilà une autre perspective. C’est les questions que tu t’es posées ? Enfin, bien extrapolé. J’ai trouvé ça très imagé, ça saute aux yeux ! On comprend les possibilités infinies, à nous de choisir.
Vous aimez bien cette idée : écouter le silence ou « entre les silences ». De même pour Gobu : « silence assourdissant »…
Bertrand : Marinette. Quelle précision. Tous ces détails donnent vraiment la véracité de l’histoire. (c’est Français ce que je dis ?) C’est bien fait. Une sensibilité. Même « la méchanceté » de la fille est bien décrite et je pense que ce n’était pas évident sans tomber dans l'exagération. De même pour la fin de l’histoire.
Chako : J’ai quand même l’impression qu’on est sorti du « live » avec ce texte. Manque l’imperfection de la spontanéité, je trouve. M’enfin, bon petit suspens style « silence des agneaux ».
Merci à tous d’encourager la participation des petits nouveaux et de faire vivre ce site d’une façon, je pense, qui me pousse à m’améliorer et qui, c’est important, ne manque pas d’humour, même sarcastique parfois, c’est le jeu ma pov Lucette…
Bien à vous.
Dilo- Nombre de messages : 65
Age : 46
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Mentor : Le chapelier azimuté, mention spéciale pour « un homme d'une quarantaine d'années, complet mauve, cravate rose, chaussures jaunes, casquette verte.. Il semblait débarquer de la planète Mars », vous m’avez bien fait riz au lait.
Jérémie : Naldo Keuhd > Donald duck ; faire le canard, c’est faire le connard en faisant coin-coin.
Plotine : Trop facile pour vous « m’emmerdez pas, ça fait 5 vies que je les fais ces exos », moi je vous interdirais de les faire pendant un an, histoire de vous désintoxiquer.
Sahkti : Ca se partageait entre "Les petits des animaux", "Fitness 7/7" et "La cuisine de nos ancêtres" légèreté d’une bulle de Guiness, enivrant, nourrissant bref vous devriez bosser sur le catalogue et faire moins d’ombre aux nouveaux.
Yellow : Revanche sociale sur fonds de partouze, le seul à dealer sa force de travail c’est le sex toy, désopilant, petit frisson, rire jaune. Une sensibilité dont j’espère que l’exercice ne contraint pas trop l’expression.
Abstract : Chirurgical, la mièvrerie de certaines et le pseudo détachement d’autres par un trou de serrure, bref un condensé de l’humain royaume.
Pili : L’âme des guerriers, y a pas que des poils qui font marrer la dedans, y a du Jean Yanne…
Gobu : Zéro talent, aucune facilité, je m’étonne que vous vous évertuiez à écrire, ça me dépasse vraiment, quoique… à ingurgiter toutes ces calories…mais c’est bien sûr fonce à la cuisine se faire une tartine de choucroute, cassoulet
Dilo : Toni Morrison francophone, Fatih est la plus humaine des personnages de cet exo, félicitation sur la profondeur donnée en peu de temps, moi j’ai déjà réservé pour la semaine prochaine, table 7, n’hésitez pas à passer.
Demi-Lune : Merde, jeune appelé désœuvré…jonction entre adolescence et vie adulte, inexistante pour certains, en blouson noir et banane pour d’autres, la quelle de ces deux options est la plus violente ?
Rebecca : boule à facette, prisme sensible, brain storming partagé et puis tiens débrouille toi, je t’ai stimulé, j’ai fait mon travail, j’aime bien cette façon d’envoyer paitre les contraintes, la plus lourde étant le lecteur.
B-Mo : (pawdon, vous êtes le seul que j’ampute réellement) Je pensais être cru, cruel, crucifiant à droite à gauche… ben nan. Rencontre à demi -corps et mots dits, jolie trouvaille.
Chako : Bob Moran contre tous les chacals, et oui la Chine à défaut d’indo… marrante cette mission pas possible, anti héros à la sudation débridée.
Voilou
Jérémie : Naldo Keuhd > Donald duck ; faire le canard, c’est faire le connard en faisant coin-coin.
Plotine : Trop facile pour vous « m’emmerdez pas, ça fait 5 vies que je les fais ces exos », moi je vous interdirais de les faire pendant un an, histoire de vous désintoxiquer.
Sahkti : Ca se partageait entre "Les petits des animaux", "Fitness 7/7" et "La cuisine de nos ancêtres" légèreté d’une bulle de Guiness, enivrant, nourrissant bref vous devriez bosser sur le catalogue et faire moins d’ombre aux nouveaux.
Yellow : Revanche sociale sur fonds de partouze, le seul à dealer sa force de travail c’est le sex toy, désopilant, petit frisson, rire jaune. Une sensibilité dont j’espère que l’exercice ne contraint pas trop l’expression.
Abstract : Chirurgical, la mièvrerie de certaines et le pseudo détachement d’autres par un trou de serrure, bref un condensé de l’humain royaume.
Pili : L’âme des guerriers, y a pas que des poils qui font marrer la dedans, y a du Jean Yanne…
Gobu : Zéro talent, aucune facilité, je m’étonne que vous vous évertuiez à écrire, ça me dépasse vraiment, quoique… à ingurgiter toutes ces calories…mais c’est bien sûr fonce à la cuisine se faire une tartine de choucroute, cassoulet
Dilo : Toni Morrison francophone, Fatih est la plus humaine des personnages de cet exo, félicitation sur la profondeur donnée en peu de temps, moi j’ai déjà réservé pour la semaine prochaine, table 7, n’hésitez pas à passer.
Demi-Lune : Merde, jeune appelé désœuvré…jonction entre adolescence et vie adulte, inexistante pour certains, en blouson noir et banane pour d’autres, la quelle de ces deux options est la plus violente ?
Rebecca : boule à facette, prisme sensible, brain storming partagé et puis tiens débrouille toi, je t’ai stimulé, j’ai fait mon travail, j’aime bien cette façon d’envoyer paitre les contraintes, la plus lourde étant le lecteur.
B-Mo : (pawdon, vous êtes le seul que j’ampute réellement) Je pensais être cru, cruel, crucifiant à droite à gauche… ben nan. Rencontre à demi -corps et mots dits, jolie trouvaille.
Chako : Bob Moran contre tous les chacals, et oui la Chine à défaut d’indo… marrante cette mission pas possible, anti héros à la sudation débridée.
Voilou
Jérémie- Nombre de messages : 412
Age : 47
Localisation : Sixfeetunder
Date d'inscription : 27/03/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Le canard : joliment interprété par Dominique Pinon dans Dikkenek.
Je vois maintenant. Tout un symbole.
Je vois maintenant. Tout un symbole.
Dilo- Nombre de messages : 65
Age : 46
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Exo live mardi 4 mai 2010 à 20h30
Pour Dilo,
Ce n'est pas tant par le style que le texte ressemble à tes écrits que par le sujet choisi pour traiter les contraintes...
PS : Toi et Chako avez le même problème avec le verbe Rire : au passé simple, c'est "il rit" pas "il ria" !!!
Ce n'est pas tant par le style que le texte ressemble à tes écrits que par le sujet choisi pour traiter les contraintes...
PS : Toi et Chako avez le même problème avec le verbe Rire : au passé simple, c'est "il rit" pas "il ria" !!!
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Page 9 sur 10 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Sujets similaires
» Exo live mardi 27 juillet 2010 à 20h30
» Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
» Exo live jeudi 13 mai 2010 à 20h30
» Exo live jeudi 20 mai 2010 à 20h30
» Exo live le mardi 21 juin 2011 à 20h30
» Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
» Exo live jeudi 13 mai 2010 à 20h30
» Exo live jeudi 20 mai 2010 à 20h30
» Exo live le mardi 21 juin 2011 à 20h30
Page 9 sur 10
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum