Marine

Un nouvel extrait de ma construction poétique.



Dans quelle onde vivons nous, ce floue incessant m'impressionne. Ici, jamais rien n'est fini, jamais rien ne se fixe. Là, s'alternent mes désirs immobiles.

Pourtant, je ne peux faire autrement que de voyager. Au gré des vents je navigue; de page en page - tantôt capitaine, tantôt matelot - à la vigie comme à la barre, je chasse l'horizon de mes dernières phrases. Déboussolé, avec Venus comme unique cap, mes lignes houleuses me laissent dériver. Çà et là, quelques vagues pensées se brisent sur mon vaisseau de papier; impassible, il continue sa route.

Le souffle de l'esprit s'apaise; paisible la plume poursuit vers la terre. Du haut de la plateforme, je l'aperçois, belle et tellement lointaine. C'est un lieu irréel, où s'entassent mes rêves. C'est une île incroyable nourrie de mes attentes. Du bout de mes mots, j'ai l'impression de pouvoir la toucher. Elle s'évanouit aussitôt, insaisissable. Le ciel, se couvre alors de l'une de mes folies. L'horizon s'obscurcit. Surgit la tempête; le grain de l'impatience manque de me faire chavirer. Ma page se déchire.

Par quels écueils encore passerais-je avant de l'atteindre.



Hadrien Bortot

J'aime bien l'ampleur du texte, mais le sujet a tendance à m'agacer, enième mouture des affres du créateur littéraire !

Mes remarques :
« Dans quelle onde vivons-nous (trait d’union), ce flou (et non « floue ») incessant »
« Au gré des vents je navigue; (typographie, une espace avant le point virgule) de page en page - (typographie : on introduit une incise soit par « – », soit par « — », mais pas par le trait d’union « - ») tantôt capitaine, tantôt matelot - (typographie : on introduit une incise soit par « – », soit par « — », mais pas par le trait d’union « - ») à la vigie comme à la barre, je chasse l'horizon de mes dernières phrases. Déboussolé, avec Vénus comme unique cap, mes lignes houleuses me laissent dériver. Çà et là, quelques vagues pensées se brisent sur mon vaisseau de papier; (typographie, une espace avant le point virgule) »
« Le souffle de l'esprit s'apaise; » : typographie, une espace avant le point-virgule
« Le ciel, (pourquoi une virgule ici, entre le sujet et son verbe, sans même une incise entre les deux ?) se couvre alors de l'une de mes folies »
« Surgit la tempête; » : typographie, une espace avant le point-virgule
« Par quels écueils encore passerai-je (et non « passerais-je », je ne vois pas pourquoi il y aurait un conditionnel ici et non un futur) avant de l'atteindre »

La métaphore est un peu trop filée, ce qui affaiblit le texte malgré de belles trouvailles. J'ai beaucoup aimé le début :
Dans quelle onde vivons nous, ce flou incessant m'impressionne. Ici, jamais rien n'est fini, jamais rien ne se fixe. et je chasse l'horizon de mes dernières phrases. Le reste me semble plus laborieux.

Dans quelle onde vivons nous, ce flou incessant m'impressionne. Ici, jamais rien n'est fini, jamais rien ne se fixe.
La répétition des son "on", puis "ou" puis "ss" donne une sensation d'ondulation qui convient parfaitement à la métaphore maritime

L'Effarouchée a écrit:Un nouvel extrait de ma construction poétique.
(…)
Déboussolé, avec Venus comme unique cap…
Hadrien Bortot

J'aime bien ces jeunes écrits où l'inconscient affleure presque à chaque ligne.
Ce surnom "L'Éffarouchée" (enfin cet "avatar" comme on dit ici), que signifie-t-il si tu veux bien en parler Hadrien ?
Il me semble que tu cherches à te lâcher ; mais en publiant ici, tu risques d'obtenir l'effet inverse : te bloquer. En as-tu conscience ?

Je trouve ça assez joli , il y a là un certain bonheur d'expression. Voguer vers des paradis que l'on voudrait ne pas voir perdus, jeter l'ancre sur des plages déchiquetées...ce genre de choses me parle...

Un peu vu, je pense, mais c'est gentiment écrit. Si c'est de la construction poétique, comme il appert, ou du moins comme vous le revendiquez, oserai-je demander ce que ça fiche en prose ?

Merci pour vos commentaires.

à Silene82

ce que ça fiche en prose ?

Et bien, je l'ai posté ici, parce qu'on pourrait me demander ce que fait une prose poétique en poésie. C'est une forme qui ne trouve pas vraiment de place ici, comme ailleurs.

à Narbah

Je ne cherche pas du tout à me lâcher. Enfin, je n'en ai pas l'impression. Je ne veux pas écrire sur moi. C'est quelque chose que je m'interdis formellement. D'abord parce que ça n'a strictement aucun intérêt, ensuite parce que je ne vois pas bien ce que je pourrais raconter sur moi, enfin parce que je pense qu'écrire sur soi est le plus souvent extrêmement raté. Il est alors nécessaire de passer par un avatar Jean-Jacques par exemple ou le petit Marcel. Celui qui raconte ce n'est pas moi, même si j'écris à la première personne du singulier, la plus part du temps ce n'est qu'un Jeu. Je dissémine un peu de moi dans chaque texte, pour autant j'en suis très détaché. Les critiques ne me touche donc pas entant que personne, mais comme celui qui écrit. J'aspire donc à des remarques uniquement "techniques ou idéologiques" (portant sur les idées, les concepts, les images). Voilà pourquoi je ne pense pas qu'écrire ici comme ailleurs me bloquera. L'écriture n'est pour moi ni une thérapie, ni un exorcisme. Je n'ai pas de démon. Je cherche juste à toucher un petit quelque chose qui tient à l'universel, au beau. Appelez ça comme vous voulez =)

Pour ce qui est de l'avatar, c'est le titre d'une plateforme en ligne que j'anime avec mon ami aurélien. Nous y publions nos textes et les textes d'amis, pour s'entraider dans ce voyage qu'est l'écriture.

[b]à Coline Dé [/b]

Cette première phrase m'a tiré du lit il y a deux jours, je réfléchissais déjà à une marine, un peu écrasé sous le poids des ainés l'albatros, le bateau ivre. Ayant posé la plume, cette phrase m'est venue. Je l'ai gardé pour en faire un exergue. C'est peut être une erreur, il serait peut être préférable de terminer avec cette image plutôt que de la mette tant en avant. Elle a peut être tendance à écraser le reste, je n'en sais encore rien. Ce texte sera sûrement exploité un autre jour.

à socque

Je sais que vous avez du mal avec mes textes qui portent sur le poète et sur l'écriture. Pourtant, comment commencer autrement à écrire? J'ai l'impression que du haut de mes vingts printemps, je ne peux pas faire grand chose d'autre. Pour autant, je ne le fais pas deux fois de la même façons, je n'exprime pas non plus les mêmes choses. Pardonnez la jeunesse de l'entreprise.
(Merci beaucoup pour ces corrections, je dois revoir mes conditionnels.)

à Rebecca

Je suis ravi que mes images trouvent quelques échos chez vous.

L'Effarouchée a écrit:
à Narbah
Je ne cherche pas du tout à me lâcher. Enfin, je n'en ai pas l'impression. Je ne veux pas écrire sur moi. C'est quelque chose que je m'interdis formellement.

Tu ne m'as pas compris. Tu déplaces "se lâcher" et l'interprète comme "écrire sur soi". Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Je voulais dire "te lâcher en écrivant".
Le lâcher prise c'est essentiel de mon point de vue ; c'est un stade préalable me semble-t-il pour pouvoir accéder un jour à une maîtrise. C'est ça que je voulais dire. ce n'est pas une critique dans ma bouche : bien au contraire.

J'ai trouvé ce texte ni mauvais, ni transcendant. Un sujet déjà surexploité, c'est sûr, mais ça ne m'a pas dérangée plus que ça. Certaines images sont bien trouvées, j'ai cependant eu du mal avec le rythme ( les virgules en début de phrase "cassent" un peu l'ambiance générale du texte, je trouve ).

Tiens, ce soir, 19h15, j'ai lu 1915, comme quoi. Je lis ces impressions de navigation métaphorique et elles me parlent, bien entendu je ne cherche pas l'erreur, la modification, ce petit quelque chose qui rendrait les mots plus ou moins, non, juste l'impression dans le déclin du jour me suffit amplement. C'est tout, le reste est affaire de cuisine secrète et très temporelle.