Exo live jeudi 20 mai 2010 à 20h30

Bonsoir les retardataires !
Oui ce soir, Bertrand, je serai (je l'espère) maitre de jeux (de mots) drôles.
Et non Alex, cela n'a pas commencé, choisissez juste une couleur entre rouge, verte et noire et je donnerai le top départ...

Bonsoir toutes et tous !

Le violet s'il n'est pas pris.

Boc, vous pouvez me tutoyer !

Allez c'est parti :

Essayez de glisser au moins dix des termes ou expressions suivants
(essentiellement hérités du monde économique et/ou libéral) dans votre
texte. Vos dialogues devront s'y tailler la part du lion.

-Plus value
-objectif
-concurrence
-rentable
-engagement
-investissement/s'investir
-contrat
-bilan
-résultat
-dévalué
-compensation
-action
-capital
-usure
-dividende
-fusion
-délocaliser
-exporter
-importer
-faillite
-redressement
-pas solvable
-passer par pertes et profit
-consolider



Les trois couleurs :

-Rouge : opportunité
Un/une trader obnubilé(e) par son travail connait subitement la grâce de
la passion dans le cadre de votre choix. Il/elle tente (avec toute la
maladresse que vous saurez transcrire) de séduire celui/celle qui
représente subitement tout pour lui/elle.
Lapsus, actes manqués et autres mots mals choisis devraient à votre gré
faire de cette tentative de séduction un moment comique, pathétique ou
simplement navrant.
N'oubliez pas que le/la trader, quoiqu'enchainée à sa fonction (et à son
champ lexical), n'en bénéficie pas moins du souffle de la passion.

-Vert : croissance

Un jeune couple, n'ayant aucun rapport avec le milieu bancaire ou
financier, est tout à sa joie de vivre le bonheur d'être parents pour la
première fois. Ils s'aiment et établissent des projets d'avenir radieux,
pour eux et/ou leur progéniture.

-Noir : marasme

Un couple se déchire en se reprochant mutuellement la fail... (pardon
l'échec) de leur couple.




Le tout doit faire entre 1500 et 3000 signes et être rendu (mais seulement si cela vous stimule particulièrement) avant 22H45 précises.

Plotine a écrit:Le violet s'il n'est pas pris.

Mhhhh...non seulement il n'est pas pris mais il n'existe pas ;o)
Comme nous n'avons pas de bleu non plus, je considère que tu as pris le rouge...

Mais pourquoi j'ai pris rouge moi?
Sacré challenge, je tente, à plus tard...

Et le MC il a pris quoi comme couleur?

O.K. ça tombe bien, il y a justement DSK sur la Une.

C'est parti alors !
Le rouge est mon thème préféré des trois, ça tombe bien... mais je ne promets rien... Trêve de bavardages, j'y vais.
Bonne idée, boc.

Je n'avais pas pensé participer à l'écriture mais...si vous voulez m'imposer une couleur je ne dis pas non ;o)

Horrible !
Des mots à faire tourner le lait d'une nourrice.
Tant pis, je prends.

Pour Boc... Le noir, rien qu'à voir ton image. Ok?

elea a écrit:Mais pourquoi j'ai pris rouge moi?

Parce qu'il n'y avait pas de pilule bleue je suppose ;o)

Aire__Azul a écrit:Pour Boc... Le noir, rien qu'à voir ton image. Ok?

Ok...je vais rendre en décalé...
Pour quelque temps, je préfère rester scotché sur le fil pour accueillir les éventuels retardataires ou répondre aux questions, recevoir les plaintes etc...
C'est mon job pour la soirée après tout...

Je suis là !!!!

Mille excuse ! Je peut encore jouer ?

bien sur !
Choisis vite une couleur entre rouge, verte et noire et tu pourras ensuite lire les autres contraintes...

Bah le vert bien sur

Sacré MC ! content d'avoir pris vert, té ^^ mais d'abord, je mange.. à toute à l'heure !

ok

Je viens de lire les consignes, donc je doit rédiger l'histoire de couple ?

Oui...
Une histoire de couple essentiellement constituée de dialogues, et en utilisant au maximum les mots demandés.

Superbe socque !!!
En même pas trente minutes, vous avez même rajouté quelques mots car la liste que j'avais donnée ne vous suffisait pas !
Votre histoire est atrocement drôle, bravo !

"délocaliser leur reproduction"
Je n'y avais pas pensé à celle-là...

socque, magnifique ! ^^ ce maître Enfoiros, dont le nom m'évoque un sketch des inconnus, m'a évoqué une scène similaire dans Rouge, Noir & Ignorant d'Edward Bond avec un acheteur de bébé tout pareil, mais ici sur un ton beaucoup plus enjoué, beaucoup plus cynique et, finalement, beaucoup plus drôle. J'aime, j'aime, j'aime !

«  Favio, tu m'aimes ?
(L'homme tourne le bouton de la radio.
La culture s'écrase devant le rouleau compresseur qu'est la chronique d'Alexandre Adler)
— Dis, tu m'aimes ?
... la crise européenne est un passé immédiat, mais est un passé qui ne passe pas...tirer le bilan... les résultats catastrophiques...
— Moi aussi j'ai fait la Révolution, quand j'étais jeune.
...oui c'est incontestable...
— Je t'ai choisi pour tes idées anarchistes. Pourquoi ne pas continuer ?
... le spectre de la spéculation...
— Fatigué je suis
...plus value...
— Fainéant tu es !
...les mesures de sauvetage financier, les pays comme l'Espagne et le Portugal...
— Ne me pousse pas, tu risques de le regretter. Laisse-moi écouter les nouvelles du monde.
...la question centrale... engagement dans un gouvernement économique européen...
— Je vais te fourrer tes idées dans la gorge avec mon poing,
... investir dans une action plus rentable... je t'ouvrirai le ventre lorsque tu les auras digéré !...à condition pour certaines entreprises... délocaliser... exporter... avant la faillite...les contrats...
... mesures de redressement... pour un pays qui n'est pas solvable...
— Trop tard, il est trop tard pour nous deux... un consensus va donner des résultats... Entends-tu les sirènes !
...passer par pertes et profit, à moins de consolider...
— Éteints cette radio !
... compromis doivent s'établir car les anglais vont céder... sur les grandes places boursières...
... les taux d'intérêts... augmenter les recettes... . convergence monétaire...
— Éteints cette radio ou je pète les plombs ! »

Je patauge, c'est affreux. Je sens que je vais rendre copie vierge...

En attendant, bravo socque. Je vous commenterai plus tard.

Un peu brouillon, je trouve, bertrand-môgendre. Je lis ce texte comme une fenêtre sur un processus en cours : du coup, manque une direction au texte, une trajectoire avec début, cours, fin (clôture).

Je patauge aussi. Ça ne va pas être brillant, je vous préviens.

Bertrand, tu as contourné la difficulté avec élégance !
La scène de couple avec en fond sonore les nouvelles économiques et son vocabulaire "ad hoc" bien vu...
Et les deux se répondent parfaitement, aucun problème...
Une réussite à mon sens...

alex a écrit:Je patauge, c'est affreux. Je sens que je vais rendre copie vierge...

En attendant, bravo socque. Je vous commenterai plus tard.

Ne te bile pas, les contraintes ne sont pas si simples...
Tu peux rendre ton texte plus tard si tu veux ou laisser tomber si le thème ne t'inspire pas (ça nous est tous déjà arrivé...il n'y a obligation de rien du tout ici)

Plotine a écrit:Je patauge aussi. Ça ne va pas être brillant, je vous préviens.

Pas de complexes...moi j'ai rendu de ces trucs parfois lors d'un exo (l'histoire d'un boeing qui s'est détourné lui-même en Alaska, croyant qu'elle allait y pondre après avoir commis l'irréparable avec Falcon, je ne m'en remettrai jamais).

boc21fr a écrit:

Plotine a écrit:Je patauge aussi. Ça ne va pas être brillant, je vous préviens.

Pas de complexes...moi j'ai rendu de ces trucs parfois lors d'un exo (l'histoire d'un boeing qui s'est détourné lui-même en Alaska, croyant qu'elle allait y pondre après avoir commis l'irréparable avec Falcon, je ne m'en remettrai jamais).

Quel thème quand même ! Tu ne serais pas un peu pervers ?

couleur noire

Nancy et Roger avaient gardé de leurs origines le gout des plateaux télé que ventilaient des conversations économalcooliques. Dans leur France natale, les assertions éminemment politiques trouvaient fondement dans la farandole de faciès que les chaines publiques distillaient. Seuls quelques initiés, certainement écorchés par une sensibilité archaïque, s’occupaient à faire reluire la res. Il leur avait fallu une naissance ou de l’obstination à ces intellectuels pour percer la croute du secret, mais ni Nancy, ni Roger n’étaient de ceux là. Et si je m’attarde à les faire revenir, c’est qu’ils ont, en quelque sorte, été convoqués, non pour leur authentique francitude, mais pour un aspect international de leur personne, ils étaient forcenés du mirage capitaliste. A tel point qu’au sortir d’une MSG/MBA comptabilité internationale et restructuration drastique contre les rouges, ils fuirent aux pays des merveilles de l’usure et des start up rentables : les stattttès-ça se prononce comme ça. Naturellement fondus l’un comme l’autre de la chasse à la plus value, ils s’investirent corps et rien- ça n’a pas d’âme un libéral-dans le cabinet Fredrick Goldman et Jones, où ils parachevèrent leur déshumanisation, profitant des faillites et délocalisations pour accroitre les sacrosaints dividendes.
La trentaine frémissante, le port fier limite arrogant, on eut dit les prototypes des futurs humains, hermétiques nombrilistes, un I-phone à la place du cœur. Mais bon je m’éloigne, je devrais cesser de faire la part belle à mes sentiments et laisser les vôtres juger des leurs.

(Nous sommes au repas, rappelez-vous, Bloomberg TV égraine des chapelets de cotes)

« -T’as vu, Paris a perdu plus 44% en trois ans, putain et moi qu’ai mis mes billes dans Air France-KLM.
-Roger, tu te rappelles que notre contrat de mariage stipule, entre autre, une clause d’accroissement minimum de notre patrimoine de 7% an ?
-Sperian rachète Honeywell, tu parles d’une fusion. Et l’inflation de la zone euro…
-Roger, tu sais la Chine attaque le France sur le marché du porc ? Enfin je veux dire, tu m’as saisi quoi.
-Pardon ?
-Et bien, la Chine va être au-to-ri-sée à mettre la Bretagne à mal… tu es breton.
-Tu me dis ça depuis Renault et Nissan, à chaque fois que tu fais mine de prendre un amant, résultat l’année dernière, j’ai explosé l’objectif : bilan 13%.
-Roger, ça fat combien de temps ?
-Combien de qu..
-Roger ça fait combien de temps que tu passes tes lubies en pertes et profits, France telecom, Brasilcel et Apple bientôt ?
-Bin, c’est à la marge, merde c’est pas représentatif ! Le Multimedia c’est mon dada, c’est n’importe quoi, tu vends rien que des rumeurs et ça gonfle et ça gonfle…
-Pas comme ta queue !
-Pardon ?
-Ce que je veux te dire, c’est que demain Steve l’asiatique de chez Cisco, je pars avec lui ! »

Une pluie de rire mélangé de bonheur versait dans l'appartement. Tendrement étendu sur le matelas, le couple s'échangeait des rêves passionnés. Quelque temps auparavant, elle venait de rentrer du pôle emploi. Son visage traçait un sourire, c'est ainsi qu'elle lui annonça la nouvelle :
« Chéri ! Je suis enceinte ! ».
« Oh, c'est merveilleux, depuis le temps qu'on s'entrainait, il y a donc un bon Dieu ! »
Amoureusement, ils s'étaient enlacés, les bras l'un dans l'autre, formant une boule ovale au milieu de la pièce, savourant cet instant magique où l'univers a un sens. Elle versa une larme et continua :
« Oh, je suis si heureuse, enfin on pourra toucher le RMI ! »
« Il était temps, j'en avais marre de travailler. Ce genre de truc, c'est trop compliqué ! » Soulagé, le jeune homme reprit, plus doucement :
« Bien sur, il s'agit de ne pas se faire couillonner, la paperasserie, on a vite fait de se faire baiser. » Ils berçaient le ventre de caresse et le regardaient avec passion. Elle déclara :
« Au commencement il est bien rentable, mais dévalué par la suite, il perd son capital avec l'âge. C'est une perte de profit qu'il faudra anticiper, nous aurons tout loisir d'y réfléchir. »
Le jeune papa n'avait pas quitté le ventre du regard. Il redressa la tête et lui murmura à l'oreille :
« Si tu t'y prends bien, nous aurons un bonus ! » La jeune maman resta muette un moment, puis, à la lueur d'une caresse, finit par comprendre.
« Oui c'est une excellent idée. J'irai voir le médecin, il pourra me conseiller toutes ces choses qu'il ne faut pas prendre. » Elle alluma une cigarette, il lui prépara un rail de coc, poursuivant : « C'est un investissement et il va falloir bien doser, pour que tu soit en forme la prochaine fois. Avec trois ou quatre, on multiplie les bénéfices. Après on pourra exporter. D'abord étudier la concurrence, les fluctuations. Il faut évaluer le marché, les indices de progressions et... » Elle lui avait posé la main devant la bouche :
« Chut. Plus tard les questions, c'est un moment de bonheur. »

Il avait passé une semaine épuisante. Les marchés étaient devenus subitement fous et il avait beau mettre ses neurones à dure épreuve, les actions faisaient du yoyo et il fallait avoir l'œil de l'excellent trader qu'il était pour parvenir au résultat fixé par son employeur la Banque Smith brothers, à savoir : faire un maximum de pognon.
Mais rien à dire, son résultat, sur les derniers jours, avait était particulièrement brillant au point de faire pâlir de jalousie ses collègues. Néanmoins la période avait été rude. Il avait la tête vide à tel point qu'il se rendit compte qu'il était sur l'autoroute du Sud, alors qu'il habitait Vaucresson.
Lorsqu'il s'en aperçut il se dit qu'il fallait qu'il sorte le plus rapidement possible mais il avait déjà parcouru beaucoup de chemin, en véritable zombi, puisque la prochaine sortie était à Ury, ce qui tombait assez bien, il faut le dire.
Là, arrivé à Ury, son cerveau lui fit de nouveau défaut et au lieu de se retrouver sur l'autoroute mais, dans l'autre sens, il s'aperçut qu'il roulait en rase campagne.
On était en Juin et, en ce début de soirée, les jeunes blés ondoyaient sous une légère brise qui les transformait en autant de vagues, passant du vert foncé au vert clair et c'était d'une beauté à couper le souffle. Il arrêta sa voiture sur le bas-côté et se mit à pleurer.
C'était l'heure où Aurore, sur sa mobylette, revenait de la boulangerie où elle travaillait et regagnait la ferme familiale. Surprise de voir une voiture qu'elle crut échouée dans le fossé et nonobstant les conseils de ses parents qui lui avaient maintes fois répété qu'il ne fallait pas s'arrêter sur le chemin du retour, son bon cœur ne fit qu'un tour quand elle vit le conducteur affalé sur le volant.
- Ça va Monsieur ? demanda-t-elle, en priant le ciel qu'elle ne soit pas en train de parler à un mort.
A ces mots, notre trader revint à lui et fut littéralement subjugué par la beauté d'Aurore. Il faut dire qu'il n'avait pas vu de femme sur une mobylette depuis très longtemps.
Hébété, il ne sut que lui répondre que le bilan était bon. Il ajouta qu'il la trouvait très belle et lui demanda s'il avait de la concurrence. Après quoi il lui annonça tout de go qu'il était prêt à s'engager par contrat en vue d'une fusion entre elle et lui. Il était prêt à s'investir à 100 % sans aucune compensation si ce n'est qu'il espérait que le redressement qu'il sentait poindre soit rentabilisé et ne soit pas bêtement dévalué par la faillite de sa démarche. Quant à l'usure, il ne fallait pas en parler, le capital n'avait pour ainsi jamais servi.
On n'avait jamais tenu de tel discours à Aurore. Elle ne savait que répondre mais il était si touchant qu'elle déposa un baiser sur sa joue.

Ils se marièrent et formèrent un charmant couple. Lui parlant de choses auxquelles elle ne comprenait rien et elle l'admirant d'autant plus.

Plotine a écrit:
Quel thème quand même ! Tu ne serais pas un peu pervers ?

Comme disais Gandalf le gris "Je n'ai pas à m'excuser car le noir parler du mordor peut-être entendu dans tous les recoins de l'ouest".

Nechez : très amusant ! J'ai vraiment aimé.
Jérémie : je trouve dommage, effectivement, que vous annonciez dans l'introduction que le couple est à détester, au lieu de nous en laisser nous rendre compte tout seuls... bonne fin je trouve, efficace.
Plotine : joli ! Seriez-vous, en fait, une indécrottable romantique ?

J'ai pataugé aussi (5 débuts différents avant de démarrer !) Pas trop contente de moi, mais bon...
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— J’ai les résultats de votre bilan, Monsieur. Rien d’alarmant. Nous allons traiter ça.
Elle irradie dans sa blouse blanche au milieu des infirmières. C’est elle. Il l’a compris à l’instant où il l’a vue entrer dans la chambre.
— Docteur, il faut que je vous dise…c’est capital ! Je suis au bord de la faillite…sentimentale s’entend ! Je vous vois et je me sens tout drôle : dévalué, en plein krach émotionnel…
— Un peu de surmenage côté CAC40, mmmh ?
— Je vous propose un accord, un contrat avec moi : je serai votre chevalier blanc, sabre au clair et cœur en fusion….Dites, elle sont pas solvables vos pastilles !
— Solubles, vous voulez dire ?
— Foin de la concurrence, telle est ma devise ! Je vous veux pour seul objectif, j’investis, je passe à l’action : je suis un homme d’engagement.
Elle l’observe en silence, mains dans les poches, songeuse.
Trop de compétition…Phénomène de compensation..murmure-t-elle pour elle-même.
— Je vous aime au delà de toute plus-value, au delà du taux d’usure, importez-moi dans votre cœur !
— Vous lui donnerez un Temesta. Prévenez le Dr Jones que la crise s’accélère. Si ça ne s ‘arrange pas on délocalise en psy.

Je n’étais pas un homme tactile. Je ne ressentais pour ainsi dire jamais le besoin de toucher et encore moins celui d’apprécier des mains étrangères sur mon corps. Cet état était probablement à mettre au bilan d’une éducation particulièrement rigide.
Pourtant, face à ce petit être de chair rose, je ne pouvais m’empêcher de palper, pétrir, tripoter sans fin. À tel point que Nathalie me demandait souvent si mon objectif était de le caresser jusqu’à l’usure.
J’avais éprouvé le sentiment d’être sur la touche pendant les neuf mois de grossesse, l’exclu désigné de la fusion naturelle d’une mère et de l’enfant qu’elle porte en son sein. Depuis j’exigeais des compensations, l’enfant était le mien, mon trésor le plus estimé, mon capital le plus précieux.
Peu m’importais les regards courroucés de ma femme quand je le chérissais un peu trop, me pliais à ses caprices incessants. Je ne me souciais guère de ses critiques acerbes de femme dépossédée. Elle me prêchait que si je continuais ainsi le résultat en serait de rendre l’enfant insupportable. Et que, bien entendu, c’était à elle que reviendrait le redressement de son éducation.
Nous en avions encore le temps. J’étais tout à mon bonheur de père, émerveillé de sentir les petits doigts fragiles de mon fils s’agripper aux miens. Pour la première fois de ma vie, je me sentais prêt à m’investir sans rien attendre en retour.
Un rayon de soleil traçait une ligne couleur de miel sur le plancher cérusé de notre salon. Le printemps arrivait enfin.