Hommage

Hommage

Depuis le temps que t’étais là à couiner. A me regarder avec tes yeux ronds sans que je sache si c’était vraiment de la stupidité ou si tu me jetais des sorts. Toujours là devant la porte à m’attendre. Mon dieu, que je suis tranquille maintenant, seul, sans bruit, sans être dérangé par tes cris. Je te l’avais dit : arrête de me pousser à bout, fais ta vie et lâche-moi. Mais non, t’es restée là sans comprendre, sans changer de comportement.

Alors j’ai caché mon couteau dans ma poche et me suis approché de toi. Tu faisais le dos rond en souvenir de l’autre gros con qui te sautait si violemment que tu en saignais, que ces marques que tu portes sur le dos ne se cicatrisèrent jamais. A sang, il te violait et tu aimais ça. Salope ! Et moi je regardais caché derrière mon rideau. J’avais des frissons en t’entendant hurler. Ta sœur se cachait, elle. Et toi tu subissais. Toujours à côté de lui, à croire que tu l’aimais. Moi je ne pouvais pas le voir, il me faisait peur. Puis, ils sont venus nous en débarrasser. Ta sœur a pu sortir de sa cachette. Quel soulagement ça été pour nous. Mais toi tu ne disais rien. Pas même une honte, un soupir, un désespoir. Non, pas l’ombre d’un sentiment.

Alors je t’ai saisie et j’ai serré ton cou plus fort encore pour t’évanouir. Mais tu bougeais trop. Tu as réussi à me griffer. Tu te battais et ne voulais pas mourir. Il m’aurait fallu trois bras ou quatre pour que tu ne souffres pas. J’ai dû m’asseoir sur toi et d’un revers mal assuré sortir ma lame et l’approcher. Tu gueulais plus fort en la voyant et toujours tu parvenais à la repousser.

Enfin, j’ai senti la carotide et suis passé derrière avec mon couteau avant de le ramener vers moi d’un coup sec. C’est venu avec un filet de sang. Plus ton cœur battait plus le sang jaillissait sur moi, ton corps si frêle parvenait à me soulever dans d’horribles soubresauts, tes yeux sortaient alors de leur orbite. A un moment je n’ai pu te retenir et tu m’as giflé très fort à m’arracher l’œil. Mais bientôt j’ai senti la fin. Ton souffle se faisait plus court et tes spasmes moins puissants. Le sang continuait par saccade de sortir du trou béant, presque noir. Au dessus de toi, je sentais ma force, mon courage. Et puis tes yeux se sont figés sur moi et les derniers soubresauts nerveux de ton corps s’estompèrent comme une plainte. Leurs vagues ne me soulevaient plus. Mais j’attendais encore. C’est très long à venir la mort, plus long que dans les films. Je n’avais pas confiance et avais peur que tu t’envoles comme par magie. Je suis resté longtemps sur toi, tu étais encore chaude mais j’ai pu desserrer l’étau de mes mains et couvrir ta blessure dont la vue m’était insupportable.

Et puis, je ne sais pas ce qui m’a pris, enragé, je t’ai ouvert le ventre et j’ai fouillé dedans pour en extraire les entrailles. Enfin j’ai saisi ton cœur. Et je l’ai soulevé très haut. Je crois que j’ai pensé un moment le manger, cru comme les Indiens. Mais non, en vrai ça sent trop la merde et la peur, ça m’a coupé l’appétit. Et puis à défaut de te prendre ta force, je n’aurai hérité que de ta stupidité, c’est certain et j’en ai déjà assez.

Je t’ai alors pris dans mes bras comme quelqu’un qui dort ou qui est évanoui, ta tête pendait à l’abandon. Et j’ai dit : « maintenant tu fais moins la maligne , hein ! cot cot cot ». Et puis je me suis couché. Besoin de me reposer, de silence. Non vraiment je n’aurai plus jamais de poules.

Ça gicle, ça dégouline, ça fait froid dans le dos. Glauque, sordide, j'aime assez cette ambiance.
socque avait raison : tu ne commets presque plus de fautes de langues !
Je liste vite fait celles que j'ai pu remarquer :

- Quel soulagement ça été pour nous. -> ça a été.
- Au dessus de toi -> au-dessus.
- dans d’horribles soubresauts / derniers soubresauts : répétition à deux/trois lignes d'intervalle.
- je n’aurai hérité -> je n'aurais hérité. (Conditionnel et non futur).
- Je t’ai alors pris -> je t'ai prise.
- tu fais moins la maligne , -> typographie : pas d'espace avant la virgule.
- cot cot -> Majuscule : Cot cot.
- trop de "et (puis)" sur la fin.

Je n'ai pas compris la chute ! On parlait d'une poule depuis le début ? Ça me semble invraisemblable a priori.

Merci Alex pour la correction.
Il y a juste le verbe "gifler" qui colle pas.
Sinon pour moi ça se tient.

Hum ! Dubitative. Ce n'est pas le genre d'humour qui m'emballe.
Le trait est forcé, on a du mal à y croire, la fin est vraiment très inattendue.

Faut te mettre au culturisme, mon lapin, tu manques vraiment de puissance...
Mais j'ai trouvé ça bien mené, hormis quelques broutilles, et la chute bien amenée. Keep going

Ah oui on est saisi à la fin ! C'est pas mal foutu !

bah moi je ne dirai qu'une chose : pov' bête !!!

Un peu sadique et même si ce n'est qu'un texte ainsi d'ailleurs qu'une poule j'avoue ne pas adhérer.

Sûr il est efficace on ressent la haine de l'homme face aux désespoirs de la poule.

Un point noir pour moi :

"Alors je t’ai saisie et j’ai serré ton cou plus fort encore pour t’évanouir. Mais tu bougeais trop. Tu as réussi à me griffer. Tu te battais et ne voulais pas mourir. Il m’aurait fallu trois bras ou quatre pour que tu ne souffres pas. J’ai dû m’asseoir sur toi et d’un revers mal assuré sortir ma lame et l’approcher. Tu gueulais plus fort en la voyant et toujours tu parvenais à la repousser."

je trouve ce paragraphe mal foutu.

J'ai du mal à dire mon sentiment. Il évolue au fil de la lecture. Au début, une certaine efficacité, basée sur des effets massifs, mais qui fonctionnent. Avec le temps, l'impression d'une redite, d'une dilution, d'un désir d'en rajouter, je ne sais pas. Trop direct, explicite, trop gore. Rien n'est aussi puissant que lorsque on évoque une chose en gardant une part de retenue - enfin, c'est ce que je ressens. Dépasser une certaine limite, c'est se condamner à faire un effet facile qui certes agit, mais déprécie le texte.

Bon, j'insiste : c'est mon ressenti personnel. A mon goût, le texte aurait gagné à être plus court, plus ramassé et allusif. Mais ceci n'engage que moi.

Ubik.

Hommage à La Grammaire de Dieu de Stefano Benni ?

Une des nouvelles de ce recueil traitait d'un dialogue entre une poule et un fermier, celle-ci vivant ses derniers instants. Cela m'a directement évoqué cette nouvelle...

Non, connais pas Stefano Benni.
Juste je n'arrive pas à me résoudre à la tuer. C'était une façon de me préparer mentalement... avec quelques souvenirs de la mort du fameux coq qui les violentait et dont j'ai du me séparer il y a quelque temps, avec l'aide d'un voisin qui m'a montré comment on s'y prenait. En l'occurrence, mon amie rentre juste de l'étranger, peut-être y-a-t-il une coïncidence...

Ha dis donc... c'est efficace, y a pas à dire mais j'ai tout de même le sentiment que par moments, le trait est forcé et que tu en fais trop. Je comprends la volonté de renforcer l'émotion décrite mais je me demande si tant qu'à faire, ça ne serait pas mal d'insérer ci et là une place pour que le lecteur puisse réellement sentir l'effroi, le dégoût, que sais-je, autre chose que simplement observer d'un oeil curieux (presque voyeur) ce qui se passe.

Dilo a écrit:Non, connais pas Stefano Benni.

une chouette plume !