Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Ben on voulait une petite explication de Zou pour lagan... Je le vois pas dans le dico. Peut-êre un faute de frappe ?Sahkti a écrit:on y va?
Sinon on case quand même lagan, comme on veut, on se débrouille !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Un droit de cuissage maritime quoi
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
:0))))C'est Mimi qui a donné le nom, sa manière de participer ! Tu parles ! salaud !
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Ahahahah :-) Ben ça alors, merci mimi :-)Zou a écrit:lagan : privilège qu'avait le seigneur de s'approprier les objets apportés par la mer sur le littoral de son domaine
C'est Mimi qui a donné le nom, sa manière de participer ! Tu parles ! salaud !
Bon, vous caserez lagan comme vous voulez !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
mais ça va plus là?! Où on va avec ça??? P.... ça va être coton.Zou a écrit:lagan : privilège qu'avait le seigneur de s'approprier les objets apportés par la mer sur le littoral de son domaine
C'est Mimi qui a donné le nom, sa manière de participer ! Tu parles ! salaud !
:-)))))
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Tu récapitules Loup ?
Zou- Nombre de messages : 5470
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
RECAPITULATION
L'exercice consiste donc à écrire un texte de moins de 2500 caractères avec les contraintes suivantes :
Thème général : Un grand départ
Un des personnages : Un aveugle
Lieu : Dans une prison
Objet : Un bijou
Couleur : rouge
Animal : dahu
Les mots suivants devront apparaître dans le texte dans n'importe quel ordre.
Fragrances
Tuyauterie
Froid
Métro
Lagan (!)
Rendez-vous d'ici une heure pour poster votre texte ! Bon courage à tous !
L'exercice consiste donc à écrire un texte de moins de 2500 caractères avec les contraintes suivantes :
Thème général : Un grand départ
Un des personnages : Un aveugle
Lieu : Dans une prison
Objet : Un bijou
Couleur : rouge
Animal : dahu
Les mots suivants devront apparaître dans le texte dans n'importe quel ordre.
Fragrances
Tuyauterie
Froid
Métro
Lagan (!)
Rendez-vous d'ici une heure pour poster votre texte ! Bon courage à tous !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
On a le droit d'évincer une et une seule contrainte si on veut.Bluewitch a écrit:Loup, on a droit à évincer une contrainte? ;o)))))
Et on a le droit de contourner le sens du mot lagan :-) Même si vous vous faîtes prendre en lagan délit :-)
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
a tout à l'heure ; courage
grieg- Nombre de messages : 6156
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Ca marche pour tout le monde ?
S'il y a un souci, postez un message ici, je repasse régulièrement dans le coin.
S'il y a un souci, postez un message ici, je repasse régulièrement dans le coin.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Trains régionaux aux fragrances rances de pisse. Je suis sûr que la déco est toujours la même, toujours le même plastique orange des banquettes, les pictogrammes qui remplacent les « sporgersi » de mon enfance, les graffitis, tags, l'inévitable coup de couteau.
Les longues rangées de lumières blanches, jaunes, blanches encore, comme le message rencontres du troisième type, mais dénué de sens, la musique en moins.
La musique des roues qui rythme ma pensée et couvre les autres bruits, conversations, musique sans son d'un baladeur.
J'ose pas me lever de peur de rencontrer un mur.
Laisse-toi bercer. Pars loin, remonte à ton enfance, cherche un souvenir comme quand tu étais dans ta cage. Souviens-toi et revis tout ça. Tout le reste est dahu. Dis-toi ça ! te laisse pas piéger par les faux optimistes du bureau de réinsertion. Tu es seul dans le noir. L'espoir est mythologie, farce pour enfant. Ne vois pas rouge et regarde les choses en face. Tu l'as quittée la prison. Le fait que tu sois devenu aveugle t'as permis d'obtenir cette putain de libération anticipée. Maintenant que tu l'as, profite de l'instant et oublie les projets. Attends d'être dehors, sur le quai pour humer l'air frais, sentir le soleil et l'ombre. Ne vois pas trop grand puisque tu ne vois rien. Oublie tes idées absurdes qui t'ont conduit là d'où tu sors, ta cage. Cultive ton cerveau, voyage en interne, comme tu le faisais là-bas et contente toi de ce qu'on va te donner. Ton avenir c'est le quai, la correspondance - déjà une aventure - et le métro… Basta, ça te suffit pour l'instant. Ensuite, il faudra que tu repenses à tout ce qui fut assez remarquable pour former un souvenir, comme un écrivain avec ses héros. Ton passé est un bijou, ton avenir une chaîne, un boulet. Ton grand voyage, c'est un nouveau départ vers ton passé, tes souvenirs et ton imagination.
Je dois me trouver un bout de trottoir, m'octroyer un lagan du caniveau sur une parcelle de bitume piétonne. Les aveugles, ça marche bien pour la gratte. Je pourrais même me trouver un de ces manteaux rouges et blancs de Père Noël, que je mettrai qu'il fasse chaud ou froid, pour habiller le pathétique, mettre en scène la déroute. Je vais bouffer plein de trucs qui me feront tinter la tuyauterie, comme ça, même les autres aveugles sauront que je suis là.
Ton avenir c'est un bout de trottoir et le monde dans la tête.
Les longues rangées de lumières blanches, jaunes, blanches encore, comme le message rencontres du troisième type, mais dénué de sens, la musique en moins.
La musique des roues qui rythme ma pensée et couvre les autres bruits, conversations, musique sans son d'un baladeur.
J'ose pas me lever de peur de rencontrer un mur.
Laisse-toi bercer. Pars loin, remonte à ton enfance, cherche un souvenir comme quand tu étais dans ta cage. Souviens-toi et revis tout ça. Tout le reste est dahu. Dis-toi ça ! te laisse pas piéger par les faux optimistes du bureau de réinsertion. Tu es seul dans le noir. L'espoir est mythologie, farce pour enfant. Ne vois pas rouge et regarde les choses en face. Tu l'as quittée la prison. Le fait que tu sois devenu aveugle t'as permis d'obtenir cette putain de libération anticipée. Maintenant que tu l'as, profite de l'instant et oublie les projets. Attends d'être dehors, sur le quai pour humer l'air frais, sentir le soleil et l'ombre. Ne vois pas trop grand puisque tu ne vois rien. Oublie tes idées absurdes qui t'ont conduit là d'où tu sors, ta cage. Cultive ton cerveau, voyage en interne, comme tu le faisais là-bas et contente toi de ce qu'on va te donner. Ton avenir c'est le quai, la correspondance - déjà une aventure - et le métro… Basta, ça te suffit pour l'instant. Ensuite, il faudra que tu repenses à tout ce qui fut assez remarquable pour former un souvenir, comme un écrivain avec ses héros. Ton passé est un bijou, ton avenir une chaîne, un boulet. Ton grand voyage, c'est un nouveau départ vers ton passé, tes souvenirs et ton imagination.
Je dois me trouver un bout de trottoir, m'octroyer un lagan du caniveau sur une parcelle de bitume piétonne. Les aveugles, ça marche bien pour la gratte. Je pourrais même me trouver un de ces manteaux rouges et blancs de Père Noël, que je mettrai qu'il fasse chaud ou froid, pour habiller le pathétique, mettre en scène la déroute. Je vais bouffer plein de trucs qui me feront tinter la tuyauterie, comme ça, même les autres aveugles sauront que je suis là.
Ton avenir c'est un bout de trottoir et le monde dans la tête.
grieg- Nombre de messages : 6156
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Exorcisme...
Tout cela ressemblait à un grand départ. Un de plus. Tu m'as précédée de trois semaines. Quittant cette ville aux murs rouges qui nous avait unis l'espace de plusieurs mois aux fragrances instables. Un nouveau voyage. Vers une autre rive. Dérive des continents. Un retour aux sources pour toi. Dérive des sentiments. Une nouvelle errance pour moi.
Tu es parti sans un mot, la rage au ventre, les larmes dans les yeux. J'ai regardé cette voiture rouge s'éloigner de moi en serrant au creux de la main ce bijou d'un jour, baiser d'un soir, que nous avions gagné en nous laissant enfermer dans le parc. Les souvenirs sont revenus. Je suis rentrée chez moi. Troisième étage. Vue magnifique sur la place m'avait dit le propriétaire. Nous devions y vivre à deux, j'y ai emménagée seule un an plus tôt, la vie s'étant servie, en gourmande qu'elle a toujours été avec les miens. Est-ce cette solitude proche de l'amertume qui m'a conduit sur tes pas? Le hasard lance parfois ses dés d'une étrange manière. Une nuit de pleine lune, un verre, puis deux... un écran bleu... des lettres blanches... un nom... une tristesse... un silence commun. Les jours ont succédé aux nuits, les kilomètres de mots ont continué à se croiser jusqu'à ce qu'ils découvrent que les pas réels n'avaient que trois rues à franchir pour enfin se rencontrer. Etrange, oui. Le destin... Les regards froids se sont affrontés, les mots se sont tus, les soirées silencieuses ont pris le pli, riches de non-dits qui ont établi les correspondances entre deux âmes ayant perdu un morceau d'elles-mêmes, par désespoir ou par accident. Le métro de la vie ne s'arrête jamais, nous n'avons même pas essayé de le prendre en marche. Que pouvait-il se passer lorsque la mélancolie croise le chemin du désespoir? Des nuits d'attentes, des heures d'angoisses, des cris, des larmes, des gestes, des erreurs, des regrets. Le temps était devenu notre prison, celui qui enferme les souvenirs en laissant entendre le bruit de leurs ongles sur les barreaux. Dans cette antichambre de la mort, nous avons survécu chacun avec nos douleurs, refusant de les associer tout en n'hésitant pas à les lancer au visage de l'autre, le diable au corps, le rouge aux joues. Nuits d'ivresse, ivresse de la folie, folie des excès. L'amour nous a rendu aveugles. Pas le nôtre, celui-là n'existait pas, non. Celui que nous portions à des fantômes. Dans lequel nous nous sommes enfermés, manquant de résistance pour faire face à l'absurde, entretenant le culte de la souffrance à coups de violence. J'ai bercé tes nuits noires pendant que tu composais mes nocturnes blanchissantes. Prisonniers d'un cinq pièces à la tuyauterie bruyante, aux voisins suspicieux et à la sérénité oubliée. J'ai encouragé les délires et les rêves fébriles, j'ai écouté les chasses au dahu ou les récits de chevalerie dans lesquels le lagan était punissable de mort. La vie n'existait plus, elle était ailleurs. Dans ton esprit. Dans les bras de celle qui s'en était allée, te laissant au bord du chemin.
Un jour elle est sortie. De ta tête. De ton corps. Alors tu t'es levé. Tu as regardé cette ville offrant les reflets de ses toits rouges à l'aube naissante et tu as dit que tu n'aimerais jamais cet endroit, que ce n'était pas chez toi. Et que ça ne serait jamais non plus chez moi. Tu as décidé de t'en aller. Et tu es parti. Me laissant de nouveaux souvenirs. Et un autre départ à préparer. Alors je suis partie. A mon tour. Ailleurs... Et aujourd'hui tu reviens. Par hasard. Avec de nouveaux fantômes. Le hasard existe-t-il...
Tu es parti sans un mot, la rage au ventre, les larmes dans les yeux. J'ai regardé cette voiture rouge s'éloigner de moi en serrant au creux de la main ce bijou d'un jour, baiser d'un soir, que nous avions gagné en nous laissant enfermer dans le parc. Les souvenirs sont revenus. Je suis rentrée chez moi. Troisième étage. Vue magnifique sur la place m'avait dit le propriétaire. Nous devions y vivre à deux, j'y ai emménagée seule un an plus tôt, la vie s'étant servie, en gourmande qu'elle a toujours été avec les miens. Est-ce cette solitude proche de l'amertume qui m'a conduit sur tes pas? Le hasard lance parfois ses dés d'une étrange manière. Une nuit de pleine lune, un verre, puis deux... un écran bleu... des lettres blanches... un nom... une tristesse... un silence commun. Les jours ont succédé aux nuits, les kilomètres de mots ont continué à se croiser jusqu'à ce qu'ils découvrent que les pas réels n'avaient que trois rues à franchir pour enfin se rencontrer. Etrange, oui. Le destin... Les regards froids se sont affrontés, les mots se sont tus, les soirées silencieuses ont pris le pli, riches de non-dits qui ont établi les correspondances entre deux âmes ayant perdu un morceau d'elles-mêmes, par désespoir ou par accident. Le métro de la vie ne s'arrête jamais, nous n'avons même pas essayé de le prendre en marche. Que pouvait-il se passer lorsque la mélancolie croise le chemin du désespoir? Des nuits d'attentes, des heures d'angoisses, des cris, des larmes, des gestes, des erreurs, des regrets. Le temps était devenu notre prison, celui qui enferme les souvenirs en laissant entendre le bruit de leurs ongles sur les barreaux. Dans cette antichambre de la mort, nous avons survécu chacun avec nos douleurs, refusant de les associer tout en n'hésitant pas à les lancer au visage de l'autre, le diable au corps, le rouge aux joues. Nuits d'ivresse, ivresse de la folie, folie des excès. L'amour nous a rendu aveugles. Pas le nôtre, celui-là n'existait pas, non. Celui que nous portions à des fantômes. Dans lequel nous nous sommes enfermés, manquant de résistance pour faire face à l'absurde, entretenant le culte de la souffrance à coups de violence. J'ai bercé tes nuits noires pendant que tu composais mes nocturnes blanchissantes. Prisonniers d'un cinq pièces à la tuyauterie bruyante, aux voisins suspicieux et à la sérénité oubliée. J'ai encouragé les délires et les rêves fébriles, j'ai écouté les chasses au dahu ou les récits de chevalerie dans lesquels le lagan était punissable de mort. La vie n'existait plus, elle était ailleurs. Dans ton esprit. Dans les bras de celle qui s'en était allée, te laissant au bord du chemin.
Un jour elle est sortie. De ta tête. De ton corps. Alors tu t'es levé. Tu as regardé cette ville offrant les reflets de ses toits rouges à l'aube naissante et tu as dit que tu n'aimerais jamais cet endroit, que ce n'était pas chez toi. Et que ça ne serait jamais non plus chez moi. Tu as décidé de t'en aller. Et tu es parti. Me laissant de nouveaux souvenirs. Et un autre départ à préparer. Alors je suis partie. A mon tour. Ailleurs... Et aujourd'hui tu reviens. Par hasard. Avec de nouveaux fantômes. Le hasard existe-t-il...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Parti mais trop tôt…
« Je serai pendu demain matin. Ma vie n’était pas faite pour les châteaux. Tout est arrivé ce soir de Juin, on donnait une fête dans le château. Un bal. Je me cachais derrière la fenêtre, je la regardais danser, sa poitrine légère qui berçait un bijou carmin. Elle était belle et blonde, comme un froid d’hiver, et ça me faisait chaud dedans. De temps en temps, croisement d’éclairs noirs, ses yeux, que déjà j’avais pris en flagrant délit quelques fois. Moi le servant, moi le fou, quelque chose me faisait exister.
Je savais qu’elle viendrait me retrouver, après les mots susurrés dans la fragrance de sa nuque, après les mains moites du fiancé rougeaud, elle viendrait me retrouver, peut-être qu’on referait cet amour pas encore tranquille qui nous évitait de nous parler. Presque pas de mots, peut-être dix depuis le début. Peut-être même pas du tout. Je ne sais plus.
Elle est venue. Je jouissais toujours les poings serrés, pour camoufler la haine. Pour la tordre et l’évincer. Et là, mes poings étaient déjà serrés, parce que c’était la dernière fois, parce que son insouciance me laissait nu, parce qu’elle ne viendrait plus, parce que j’étais l’objet trouvé, ensablé sur ses rivages, qu’elle m’avait usé, abusé et qu’elle me rejetait loin dans l’amer. Je me sentais couler, alors je me suis accroché, débattu, dans son corps, j’ai bu la tasse et j’ai perdu pieds. Quand le sol est revenu, ses yeux étaient clos, parsemés de perles écarlates que j’ai essuyés avec la langue.
Il n’y avait plus que la petite musique lointaine du château. Fini de danser, pour Jane et son fiancé.
Ils m’ont poursuivi mais je n’étais qu’un dahu dans la plaine. J’ai perdu. Pas tout, pas la grâce. Demain, je danserai au bout de ma corde. Avec elle. »
Il se demanda si le vieil aveugle qui mâchonnait en face de lui était sourd, aussi. Possible, après tout. Illusion d’humanité. Complicité de dernière minute impossible. Il se contenta de marteler la tuyauterie du bout des doigts, un trois temps, une valse.
« Je serai pendu demain matin. Ma vie n’était pas faite pour les châteaux. Tout est arrivé ce soir de Juin, on donnait une fête dans le château. Un bal. Je me cachais derrière la fenêtre, je la regardais danser, sa poitrine légère qui berçait un bijou carmin. Elle était belle et blonde, comme un froid d’hiver, et ça me faisait chaud dedans. De temps en temps, croisement d’éclairs noirs, ses yeux, que déjà j’avais pris en flagrant délit quelques fois. Moi le servant, moi le fou, quelque chose me faisait exister.
Je savais qu’elle viendrait me retrouver, après les mots susurrés dans la fragrance de sa nuque, après les mains moites du fiancé rougeaud, elle viendrait me retrouver, peut-être qu’on referait cet amour pas encore tranquille qui nous évitait de nous parler. Presque pas de mots, peut-être dix depuis le début. Peut-être même pas du tout. Je ne sais plus.
Elle est venue. Je jouissais toujours les poings serrés, pour camoufler la haine. Pour la tordre et l’évincer. Et là, mes poings étaient déjà serrés, parce que c’était la dernière fois, parce que son insouciance me laissait nu, parce qu’elle ne viendrait plus, parce que j’étais l’objet trouvé, ensablé sur ses rivages, qu’elle m’avait usé, abusé et qu’elle me rejetait loin dans l’amer. Je me sentais couler, alors je me suis accroché, débattu, dans son corps, j’ai bu la tasse et j’ai perdu pieds. Quand le sol est revenu, ses yeux étaient clos, parsemés de perles écarlates que j’ai essuyés avec la langue.
Il n’y avait plus que la petite musique lointaine du château. Fini de danser, pour Jane et son fiancé.
Ils m’ont poursuivi mais je n’étais qu’un dahu dans la plaine. J’ai perdu. Pas tout, pas la grâce. Demain, je danserai au bout de ma corde. Avec elle. »
Il se demanda si le vieil aveugle qui mâchonnait en face de lui était sourd, aussi. Possible, après tout. Illusion d’humanité. Complicité de dernière minute impossible. Il se contenta de marteler la tuyauterie du bout des doigts, un trois temps, une valse.
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
J'ai fait court et je pars tôt, mille pardons, je commente demain, après recharge.
Merci Loup et bonne soirée les fous!!
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Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
La grande évasion
Ca faisait maintenant quelques mois que Paul grattait le mur friable de ce qui lui servait de geôle. Des années qu'il croupissait dans ce 2 mètre sur 3 , dans le froid et la saleté de l'une des prisons les mieux gardées d'Irlande, située sur une petite iîle inhospitalière à quelques encablures de la côte. Ses seuls voisins, des paumés de la pire engeance : braqueurs, violeurs, meurtriers. Lui, on l'avait enfermé pour moins que ça. : quelques menus larcins. Mais la récidive, ça vient à bout des petits voleurs et ça suffit à les enfermer pour longtemps. Marre de cet univers résolument fermé, de cette liberté qui lui semblait si lointaine. Mais c'était fini à présent. Il fallait réagir sous peine de devenir fou. Une nuit, il eut une idée lumineuse. Il avait remarqué que le mur de sa cellule était rongé par l'humidité et devenait friable. De plus, un gardien lui avait un jour dit que derrière se trouvait tout le système de tuyauterie du sinistre bâtiment. Bref, le passeport idéal pour la liberté. A condition d'atteindre cet autre côté.
Pour creuser, il disposait d'une petite cuiller en argent, dernier vestige familial, son porte-bonheur. L'un des seuls objets que les autorités lui avaient permis de conserver. Toutes les nuits, patiemment, il creusait, progressait comme un aveugle au milieu de la nuit pénitentiaire. Comme Clint Eastwood, son acteur préféré, dans "L'évadé dAlcatraz" Petit morceau par petit morceau, le trou s'agrandissait. Paul remplissait ses poches de ces morceaux de briques et de poussière pour les vider discrètement lors de la promenade quotidienne dans la cour.
Pour couvrir le trou, Paul avait disposé un gigantesque poster d'une plantureuse sauveteuse de Malibu posant fièrement dans son maillot rouge. On laissait quand même le droit aux prisonniers de décorer leur cellule à leur libre convenance. Une nuit le trou fut assez large pour tenter la grande aventure. Il fallait se dépêcher. Il disposait de trois heures avant que la garde ne fasse son tour d'inspection. Il s'engouffra dans l'ouverture, sentant monter l'adrénaline. Il avait chaud, ses joues viraient au rouge Devant lui se trouvait maintenant un tuyau d'évacuation, très étroit. Ce n'était évidemment pas un tunnel de métro! Fallait pas rêver! Il se servit de sa fidèle cuiller, aujourd'hui en bien triste état, pour dévisser l'une des bouches qui permettait de se glisser à l'intérieur du petit tuyau. A l'intérieur, une odeur pestilentielle. Le prix à payer pour quitter ces années de privation et d'humiliation. Même cette odeur était moins pire que d'où il revenait. Quelques mètres encore à ramper à l'aveuglette. Il ne sentait plus les écorchures sur ses coudes rouges et ses genoux blessés. Quand soudain, une lumière aveuglante. Il le voyait enfin le bout de son tunnel. Devant lui la plage. Merveilleuse fragrance que celle de la liberté et de cette mer qui s'offrait maintenant à lui. La chance était définitivement de son côté en cette nuit magique. Il y avait un ponton sur lequel était amarrée un petit zodiac rouge. Il démarra énergiquement le moteur, comme si toute sa vie future en dépendait. Et elle en dépendait, il en était sûr! La mer ne le recracherait pas. Jamais cette île ne le récupérerait et n'exercerait ainsi son droit de lagan à son égard. Il se souvenait à présent du dahu. Cet étrange animal dont les innombrables tentatives de l'homme pour le capturer se sont fréquemment par des échecs cuisants. A partir de ce jour, il se comporterait comme le dahu. Définitivement libre!
Ca faisait maintenant quelques mois que Paul grattait le mur friable de ce qui lui servait de geôle. Des années qu'il croupissait dans ce 2 mètre sur 3 , dans le froid et la saleté de l'une des prisons les mieux gardées d'Irlande, située sur une petite iîle inhospitalière à quelques encablures de la côte. Ses seuls voisins, des paumés de la pire engeance : braqueurs, violeurs, meurtriers. Lui, on l'avait enfermé pour moins que ça. : quelques menus larcins. Mais la récidive, ça vient à bout des petits voleurs et ça suffit à les enfermer pour longtemps. Marre de cet univers résolument fermé, de cette liberté qui lui semblait si lointaine. Mais c'était fini à présent. Il fallait réagir sous peine de devenir fou. Une nuit, il eut une idée lumineuse. Il avait remarqué que le mur de sa cellule était rongé par l'humidité et devenait friable. De plus, un gardien lui avait un jour dit que derrière se trouvait tout le système de tuyauterie du sinistre bâtiment. Bref, le passeport idéal pour la liberté. A condition d'atteindre cet autre côté.
Pour creuser, il disposait d'une petite cuiller en argent, dernier vestige familial, son porte-bonheur. L'un des seuls objets que les autorités lui avaient permis de conserver. Toutes les nuits, patiemment, il creusait, progressait comme un aveugle au milieu de la nuit pénitentiaire. Comme Clint Eastwood, son acteur préféré, dans "L'évadé dAlcatraz" Petit morceau par petit morceau, le trou s'agrandissait. Paul remplissait ses poches de ces morceaux de briques et de poussière pour les vider discrètement lors de la promenade quotidienne dans la cour.
Pour couvrir le trou, Paul avait disposé un gigantesque poster d'une plantureuse sauveteuse de Malibu posant fièrement dans son maillot rouge. On laissait quand même le droit aux prisonniers de décorer leur cellule à leur libre convenance. Une nuit le trou fut assez large pour tenter la grande aventure. Il fallait se dépêcher. Il disposait de trois heures avant que la garde ne fasse son tour d'inspection. Il s'engouffra dans l'ouverture, sentant monter l'adrénaline. Il avait chaud, ses joues viraient au rouge Devant lui se trouvait maintenant un tuyau d'évacuation, très étroit. Ce n'était évidemment pas un tunnel de métro! Fallait pas rêver! Il se servit de sa fidèle cuiller, aujourd'hui en bien triste état, pour dévisser l'une des bouches qui permettait de se glisser à l'intérieur du petit tuyau. A l'intérieur, une odeur pestilentielle. Le prix à payer pour quitter ces années de privation et d'humiliation. Même cette odeur était moins pire que d'où il revenait. Quelques mètres encore à ramper à l'aveuglette. Il ne sentait plus les écorchures sur ses coudes rouges et ses genoux blessés. Quand soudain, une lumière aveuglante. Il le voyait enfin le bout de son tunnel. Devant lui la plage. Merveilleuse fragrance que celle de la liberté et de cette mer qui s'offrait maintenant à lui. La chance était définitivement de son côté en cette nuit magique. Il y avait un ponton sur lequel était amarrée un petit zodiac rouge. Il démarra énergiquement le moteur, comme si toute sa vie future en dépendait. Et elle en dépendait, il en était sûr! La mer ne le recracherait pas. Jamais cette île ne le récupérerait et n'exercerait ainsi son droit de lagan à son égard. Il se souvenait à présent du dahu. Cet étrange animal dont les innombrables tentatives de l'homme pour le capturer se sont fréquemment par des échecs cuisants. A partir de ce jour, il se comporterait comme le dahu. Définitivement libre!
Nothingman- Nombre de messages : 747
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Confessions de JJules Lagan dit depuis le P'tit Julues
C’est qu’il m’a fait partir loin ce grand con, bordel, j’ai du mal à m’en remettre tellement c’était grand. Même si ça a déboulé comme le métro et même si j’ai la tuyauterie pas franchement aux normes pour ce genre d’exercice, bien obligé d’admettre : faudrait être aveugle pour ignorer ce moment bijou plaisir.
Redescendu d’un étage, de sept en vérité, mais de nouveau sur mon lit, honteux, cigarette au bec, fragrances bleutées en volutes sous le nez, j’y pense. J’y pense parce que bien sûr, j’ai vu rouge lorsqu’il me l’a proposé, qu’il m’a dit :
— Tu sais nous reste 10 ans, alors bon, un peu de plaisir de temps en temps, c’est pas un crime non plus.
Pas un crime, l’en a de bonnes lui qu’est là pour pas moins de sept, paraîtrait même d’avantage, bien d’avantage…
Mais ses mains, sa voix chaude…
Le grand Dahu on le surnomme, juste parce qu’il claudique un peu des suites d’une échauffourée avec la flicaille. Enfin, c’est ce qu’on raconte, mais on raconte tellement de conneries… À propos de ça, de l’homosexualité, de l’amour, de tout…
J’écrase ma clope, sans lui j’ai froid.
Ma honte, avec la derrière bouffée bleutée je me l’avale, puis me dis que demain serra un autre jour, le même pendant encore dix ans sûrement, et je grimpe le rejoindre pour lui compter les cicatrices.
Puis si je peux, j’oublierais aussi qu’un jour, y’a pas si longtemps de ça, j’ai buté un type juste parce qu’il me traitait de Pédé.
J’oublierais dans ses bras que j’ai tué un devin.
Un devin, merde c'est pas rien !
Redescendu d’un étage, de sept en vérité, mais de nouveau sur mon lit, honteux, cigarette au bec, fragrances bleutées en volutes sous le nez, j’y pense. J’y pense parce que bien sûr, j’ai vu rouge lorsqu’il me l’a proposé, qu’il m’a dit :
— Tu sais nous reste 10 ans, alors bon, un peu de plaisir de temps en temps, c’est pas un crime non plus.
Pas un crime, l’en a de bonnes lui qu’est là pour pas moins de sept, paraîtrait même d’avantage, bien d’avantage…
Mais ses mains, sa voix chaude…
Le grand Dahu on le surnomme, juste parce qu’il claudique un peu des suites d’une échauffourée avec la flicaille. Enfin, c’est ce qu’on raconte, mais on raconte tellement de conneries… À propos de ça, de l’homosexualité, de l’amour, de tout…
J’écrase ma clope, sans lui j’ai froid.
Ma honte, avec la derrière bouffée bleutée je me l’avale, puis me dis que demain serra un autre jour, le même pendant encore dix ans sûrement, et je grimpe le rejoindre pour lui compter les cicatrices.
Puis si je peux, j’oublierais aussi qu’un jour, y’a pas si longtemps de ça, j’ai buté un type juste parce qu’il me traitait de Pédé.
J’oublierais dans ses bras que j’ai tué un devin.
Un devin, merde c'est pas rien !
Yali- Nombre de messages : 8624
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Ce coup ci c’est sûr je le quitte ! La preuve, j’ai fait mes valises. Le grand départ quoi ! Quand on s’est rencontré, la première fois, il m’a dit :
- Je m’appelle Lagan, je viens d’Amérique. T’sais que t’as des yeux à faire tomber les braguettes, toi ?!
Là j’ai fondu ! Pas tant pour le coup de la braguette que pour son accent hollywoodien. Il m’a raconté sa vie là-bas, ses débuts sur les planches, ses premiers rôles au cinéma, sa vie de roi. Et puis il m’a glissé à l’oreille quelques compliments à faire rougir un stroumpf et je lui ai proposé de venir vivre chez moi.
Il s’est installé mais m’a tout de suite dit qu’il resterait pas, que la vie d’acteur c’était pas stable, que bientôt il partirait pour Rome ou Lima. Et puis le climat parisien ne lui convenait pas. Trop froid, trop pluvieux. Il perdait sa bonne mine, c’était pas bon pour son avenir de star. L’idée qu’il s’en aille me faisait tellement peur que j’étais aux p’tits oignons. Je me levais à l’aube pour tartiner son déjeuner, j’ai pris un abonnement à TVfoot et je me suis mise à repasser ses chaussettes. Forcément, financièrement c’était un peu dur, il disait que le cinéma français ne voulait pas de lui à cause de son accent. D’après lui, même Brad Pitt aurait pas pu faire carrière ici tellement les français n’aimaient pas les states. Pourtant, Brad Pitt, c’est pas rien comme Ricain !
C’était dur donc, mais Lagan trouvait toujours le moyen de me faire plaisir : il me ramenait souvent ces petits bijoux colorés qui tombent des tirettes derrière les caisses des supermarchés quand on met une pièce d’un euro. Des rouges, des bleues, des jaunes… il a bien dû m’en offrir une demi-douzaine en tout ! J’étais aux anges.
Il faisait tout ce qu’il pouvait pour s’en sortir : plusieurs fois par semaine il partait pour dégotter un contrat et revenait tard, parfois au petit matin avec le premier métro, l’air épuisé, mal fagotté mais toujours il gardait le sourire. Jamais je n’ai douté de lui. Une fois, peut-être, quand il s’est glissé dans le lit ivre mort embaumant les draps de fragrances vanillées, je lui ai demandé avec qui il était :
- le Dahu, il a dit. J’ai pas compris mais comme il s’est endormi, j’ai pas insisté. Je me faisais des idées sans doute.
J’ai toujours eu dix-dixièmes à chaque œil, pourtant, il me disait que j’y voyais rien. Une métaphore sans doute. L’amour rend aveugle parait-il. J’avais l’impression d’y voir clair pourtant, en rose peut-être, mais clair. Lui il voyait rouge de plus en plus fréquemment. Il étouffait me disait-il, se sentait comme en prison. J’ai redoublé d’efforts, multiplié les abonnements aux chaînes câblées, mouliné le café à la main, et appris à cuisiner californien. Mais rien n’y fit. Je crois bien qu’une star, pour briller, ça a besoin de liberté.
Alors voilà, c’est le grand départ. Je le quitte et retourne vivre chez Maman. Il m’a dit que l’appartement avait de très gros problèmes de tuyauterie mais il s’est quand même dévoué pour continuer à l’habiter et arroser les plantes. C’est quelqu’un de bien quand même Lagan !
- Je m’appelle Lagan, je viens d’Amérique. T’sais que t’as des yeux à faire tomber les braguettes, toi ?!
Là j’ai fondu ! Pas tant pour le coup de la braguette que pour son accent hollywoodien. Il m’a raconté sa vie là-bas, ses débuts sur les planches, ses premiers rôles au cinéma, sa vie de roi. Et puis il m’a glissé à l’oreille quelques compliments à faire rougir un stroumpf et je lui ai proposé de venir vivre chez moi.
Il s’est installé mais m’a tout de suite dit qu’il resterait pas, que la vie d’acteur c’était pas stable, que bientôt il partirait pour Rome ou Lima. Et puis le climat parisien ne lui convenait pas. Trop froid, trop pluvieux. Il perdait sa bonne mine, c’était pas bon pour son avenir de star. L’idée qu’il s’en aille me faisait tellement peur que j’étais aux p’tits oignons. Je me levais à l’aube pour tartiner son déjeuner, j’ai pris un abonnement à TVfoot et je me suis mise à repasser ses chaussettes. Forcément, financièrement c’était un peu dur, il disait que le cinéma français ne voulait pas de lui à cause de son accent. D’après lui, même Brad Pitt aurait pas pu faire carrière ici tellement les français n’aimaient pas les states. Pourtant, Brad Pitt, c’est pas rien comme Ricain !
C’était dur donc, mais Lagan trouvait toujours le moyen de me faire plaisir : il me ramenait souvent ces petits bijoux colorés qui tombent des tirettes derrière les caisses des supermarchés quand on met une pièce d’un euro. Des rouges, des bleues, des jaunes… il a bien dû m’en offrir une demi-douzaine en tout ! J’étais aux anges.
Il faisait tout ce qu’il pouvait pour s’en sortir : plusieurs fois par semaine il partait pour dégotter un contrat et revenait tard, parfois au petit matin avec le premier métro, l’air épuisé, mal fagotté mais toujours il gardait le sourire. Jamais je n’ai douté de lui. Une fois, peut-être, quand il s’est glissé dans le lit ivre mort embaumant les draps de fragrances vanillées, je lui ai demandé avec qui il était :
- le Dahu, il a dit. J’ai pas compris mais comme il s’est endormi, j’ai pas insisté. Je me faisais des idées sans doute.
J’ai toujours eu dix-dixièmes à chaque œil, pourtant, il me disait que j’y voyais rien. Une métaphore sans doute. L’amour rend aveugle parait-il. J’avais l’impression d’y voir clair pourtant, en rose peut-être, mais clair. Lui il voyait rouge de plus en plus fréquemment. Il étouffait me disait-il, se sentait comme en prison. J’ai redoublé d’efforts, multiplié les abonnements aux chaînes câblées, mouliné le café à la main, et appris à cuisiner californien. Mais rien n’y fit. Je crois bien qu’une star, pour briller, ça a besoin de liberté.
Alors voilà, c’est le grand départ. Je le quitte et retourne vivre chez Maman. Il m’a dit que l’appartement avait de très gros problèmes de tuyauterie mais il s’est quand même dévoué pour continuer à l’habiter et arroser les plantes. C’est quelqu’un de bien quand même Lagan !
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Mon titre ???? Je refais
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
J’ai décidé qu’aujourd’hui serait la dernière fois. Je ne dirai rien, je partirai comme d’habitude, tu ne sauras pas. Des jours et des jours passeront avant que tu constates, que tu te rendes à l’évidence de ça : ne plus me voir. Et le mot « jamais » s’inscrira dans ta chair comme au fer rouge.
Voici un an que je viens deux ou trois fois par semaine, que je te vois, que je te parle derrière cette vitre. Tu me demandes de dire de raconter la vie dehors et aussi nos souvenirs. Un an ! Un an que je vois les larmes à chaque fois inonder ton visage. Tu me demandes de plaquer ma main contre la vitre et tu humes ma paume : « Ce que tu sens bon , me dis-tu». Pourtant tu ne sens rien. C’est juste ton imagination. Tu vois mon parapluie que j’ai posé sur la tablette : « Il pleut dehors ? », m’interroges-tu. Puis : « Ce parapluie, ce n’est pas celui que nous avions acheté à ce vendeur aveugle à Lisbonne au coin de la Praça Pedro IV ? ». Je dis que oui, que c’est bien celui-là. Mais tu veux que je raconte encore et encore, tu veux te souvenir du nom du restaurant où nous avions dîner ce jour-là et que je nomme les plats que nous avions choisis. Quand on vient te chercher tu dis : « Je t’aime » puis tu disparais derrière cette porte rouge, clac. J’ai froid.
Je ne viendrai plus. Aujourd’hui est la dernière fois.
— Bonjour, mon amour.
Voici un an que je viens deux ou trois fois par semaine, que je te vois, que je te parle derrière cette vitre. Tu me demandes de dire de raconter la vie dehors et aussi nos souvenirs. Un an ! Un an que je vois les larmes à chaque fois inonder ton visage. Tu me demandes de plaquer ma main contre la vitre et tu humes ma paume : « Ce que tu sens bon , me dis-tu». Pourtant tu ne sens rien. C’est juste ton imagination. Tu vois mon parapluie que j’ai posé sur la tablette : « Il pleut dehors ? », m’interroges-tu. Puis : « Ce parapluie, ce n’est pas celui que nous avions acheté à ce vendeur aveugle à Lisbonne au coin de la Praça Pedro IV ? ». Je dis que oui, que c’est bien celui-là. Mais tu veux que je raconte encore et encore, tu veux te souvenir du nom du restaurant où nous avions dîner ce jour-là et que je nomme les plats que nous avions choisis. Quand on vient te chercher tu dis : « Je t’aime » puis tu disparais derrière cette porte rouge, clac. J’ai froid.
Je ne viendrai plus. Aujourd’hui est la dernière fois.
— Bonjour, mon amour.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Confession de Jules Lagan dis depuis le P'tit Jules
C’est qu’il m’a fait partir loin ce grand con, bordel, j’ai du mal à m’en remettre tellement c’était grand. Même si ça a déboulé comme le métro et même si j’ai la tuyauterie pas franchement aux normes pour ce genre d’exercice, bien obligé d’admettre : faudrait être aveugle pour ignorer ce moment bijou plaisir.
Redescendu d’un étage, de sept en vérité, mais de nouveau sur mon lit, honteux, cigarette au bec, fragrances bleutées en volutes sous le nez, j’y pense. J’y pense parce que bien sûr, j’ai vu rouge lorsqu’il me l’a proposé, qu’il m’a dit :
— Tu sais nous reste 10 ans, alors bon, un peu de plaisir de temps en temps, c’est pas un crime non plus.
Pas un crime, l’en a de bonnes lui qu’est là pour pas moins de six, paraîtrait même d’avantage, bien d’avantage…
Mais ses mains, sa voix chaude…
Le grand Dahu on le surnomme, juste parce qu’il claudique un peu des suites d’une échauffourée avec la flicaille. Enfin, c’est ce qu’on raconte, mais on raconte tellement de conneries… À propos de ça, de l’homosexualité, de l’amour, de tout…
J’écrase ma clope, sans lui j’ai froid.
Ma honte, avec la derrière bouffée bleutée je me l’avale, puis me dis que demain serra un autre jour, le même pendant encore dix ans sûrement, et je grimpe le rejoindre pour lui compter les cicatrices.
Puis si je peux, j’oublierais aussi qu’un jour, y’a pas si longtemps de ça, j’ai buté un type juste parce qu’il me traitait de Pédé.
J’oublierais dans ses bras que j’ai tué un devin.
C’est qu’il m’a fait partir loin ce grand con, bordel, j’ai du mal à m’en remettre tellement c’était grand. Même si ça a déboulé comme le métro et même si j’ai la tuyauterie pas franchement aux normes pour ce genre d’exercice, bien obligé d’admettre : faudrait être aveugle pour ignorer ce moment bijou plaisir.
Redescendu d’un étage, de sept en vérité, mais de nouveau sur mon lit, honteux, cigarette au bec, fragrances bleutées en volutes sous le nez, j’y pense. J’y pense parce que bien sûr, j’ai vu rouge lorsqu’il me l’a proposé, qu’il m’a dit :
— Tu sais nous reste 10 ans, alors bon, un peu de plaisir de temps en temps, c’est pas un crime non plus.
Pas un crime, l’en a de bonnes lui qu’est là pour pas moins de six, paraîtrait même d’avantage, bien d’avantage…
Mais ses mains, sa voix chaude…
Le grand Dahu on le surnomme, juste parce qu’il claudique un peu des suites d’une échauffourée avec la flicaille. Enfin, c’est ce qu’on raconte, mais on raconte tellement de conneries… À propos de ça, de l’homosexualité, de l’amour, de tout…
J’écrase ma clope, sans lui j’ai froid.
Ma honte, avec la derrière bouffée bleutée je me l’avale, puis me dis que demain serra un autre jour, le même pendant encore dix ans sûrement, et je grimpe le rejoindre pour lui compter les cicatrices.
Puis si je peux, j’oublierais aussi qu’un jour, y’a pas si longtemps de ça, j’ai buté un type juste parce qu’il me traitait de Pédé.
J’oublierais dans ses bras que j’ai tué un devin.
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Dans montexte dernière phrase, il faut lire se sont défintivement soldées par des échecs cuisants -(
Nothingman- Nombre de messages : 747
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Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
La troisième fois que Jojo se retrouvait en taule, et toujours pas dans le quartier de haute sécurité. Faut dire, la contrefaçon de tickets de métro, c’est pas non plus le détournement du train postal.
Trois fois de suite que c’était la même cellule. Alors cette fois, c’était décidé: je m’installe, il s’était dit. Il s’était mis des photos au mur, des bibelots sur l’étagère, et même une nappe à carreaux blanc et rouge. Bref, il était comme chez maman. Et fallait avouer, sans sa femme qui l'engueulait, c’était plus reposant.
Les copains lui avaient bien proposé de s’évader, ils lui avaient fait miroiter un gros coup : la contrebande d’andouillettes de dahu avec la Belgique. Ah, la fragrance de l’andouillette, le midi, dans les bistrots… Il s’en serait bien mis une dans la tuyauterie...
Il avait sympathisé avec Edouard Lagan, le gardien de la prison. Le soir, ils se retrouvaient pour taper le carton. Chaque soir, il le plumait, le Lagan, ce bigleux voyait jamais les as qu’il planquait sous la table. Il avait même réussi à lui piquer sa montre, un bijou de famille ! Lagan, à sa décharge, il avait moins de problème d’astigmatisme que de daltonisme : le gros rouge, il y allait comme avec du petit lait.
Mais ce soir là…
- T’es à la bourre Lagan ?
Bourlinguant. Le même vieux calembour vaseux qu’il lui servait tous les soirs. Mais ce soir là, Lagan était tout rouge, il soufflait comme un âne, et il tremblait comme s’il crevait de froid.
- Jojo, tu devineras pas ce qui m’arrive !
- Assied-toi, assied-toi… Allez… Raconte !
- J’en peux plus Jojo ! Cette vie à la con… Voilà, j’ai décidé de me barrer. Faut qu’tu m’aides Jojo.
Lagan puait le vin, mais il avait de la sincérité dans la voix.
- Comment ça ?
- Je m’casse dans une heure. J’ai le billet de train, regarde !
C’était pas le transsibérien, c’était un billet pour Marseille ; et de là, Zanzibar. Jojo n’osa pas lui demander pourquoi Zanzibar, à vrai dire il savait plus bien si c’était vers la Mer Rouge ou dans les Carpates.
- Voilà, c’est un service d’ami que je te demande. Je dois partir tout de suite. Alors je te laisse les clés, et tu finis ma ronde ?
Lagan parti, Jojo resta interloqué, les clés des cellules sur la table. Machinalement, il les prit. Il fit une petite ronde, timide, tout le monde dormait, tout était calme. Puis il retourna dans la cellule, s’asseoir à sa table.
Et ça le prit là, pile au creux du ventre : comme une envie d’andouillette.
Trois fois de suite que c’était la même cellule. Alors cette fois, c’était décidé: je m’installe, il s’était dit. Il s’était mis des photos au mur, des bibelots sur l’étagère, et même une nappe à carreaux blanc et rouge. Bref, il était comme chez maman. Et fallait avouer, sans sa femme qui l'engueulait, c’était plus reposant.
Les copains lui avaient bien proposé de s’évader, ils lui avaient fait miroiter un gros coup : la contrebande d’andouillettes de dahu avec la Belgique. Ah, la fragrance de l’andouillette, le midi, dans les bistrots… Il s’en serait bien mis une dans la tuyauterie...
Il avait sympathisé avec Edouard Lagan, le gardien de la prison. Le soir, ils se retrouvaient pour taper le carton. Chaque soir, il le plumait, le Lagan, ce bigleux voyait jamais les as qu’il planquait sous la table. Il avait même réussi à lui piquer sa montre, un bijou de famille ! Lagan, à sa décharge, il avait moins de problème d’astigmatisme que de daltonisme : le gros rouge, il y allait comme avec du petit lait.
Mais ce soir là…
- T’es à la bourre Lagan ?
Bourlinguant. Le même vieux calembour vaseux qu’il lui servait tous les soirs. Mais ce soir là, Lagan était tout rouge, il soufflait comme un âne, et il tremblait comme s’il crevait de froid.
- Jojo, tu devineras pas ce qui m’arrive !
- Assied-toi, assied-toi… Allez… Raconte !
- J’en peux plus Jojo ! Cette vie à la con… Voilà, j’ai décidé de me barrer. Faut qu’tu m’aides Jojo.
Lagan puait le vin, mais il avait de la sincérité dans la voix.
- Comment ça ?
- Je m’casse dans une heure. J’ai le billet de train, regarde !
C’était pas le transsibérien, c’était un billet pour Marseille ; et de là, Zanzibar. Jojo n’osa pas lui demander pourquoi Zanzibar, à vrai dire il savait plus bien si c’était vers la Mer Rouge ou dans les Carpates.
- Voilà, c’est un service d’ami que je te demande. Je dois partir tout de suite. Alors je te laisse les clés, et tu finis ma ronde ?
Lagan parti, Jojo resta interloqué, les clés des cellules sur la table. Machinalement, il les prit. Il fit une petite ronde, timide, tout le monde dormait, tout était calme. Puis il retourna dans la cellule, s’asseoir à sa table.
Et ça le prit là, pile au creux du ventre : comme une envie d’andouillette.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Et Loup s'offre le 500ième message ! Bonne nuit à tous, je vous lis demain.
Kicilou- Nombre de messages : 290
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"Le grand départ"
.
Mille ! MILLE ! MILLE ! 1000, ce nombre l’obsédait. Serait-il par hasard le numéro 1000 ? Le millième homme à sortir de là à l’horizontale ? Celui qui, après 28 ans de bagne aurait, comme punition suprême, à subir l’épreuve de la tête sur le billot ?
Joseph serrait cette pauvre tête entre ses mains crispées, les paupières fermées, assis à même le sol de sa cellule humide au plafond grillagé ouvert sur le ciel.
Enfermé là à 19 ans, Après 28 années passées à trimer sous les coups de fouets des gardiens, à suer sous une chaleur suffocante de jour comme de nuit, à grignoter des denrées infâmes et ingurgiter des soupes moisies, l’Administration Pénitentiaire ne venait-elle pas de l’informer le matin même que sa peine était exécutoire ? Plus aucun recours, pas de commutation en enfermement à vie, pas le moindre signe de clémence. C’était fichu.
Le papier qu’on lui avait remis ce matin était à ses pieds. Il l’avait lu dix fois, vingt fois, il ne rêvait pas : l’exécution était prévue pour le lendemain matin à 6 heures.
Il finit par se lever en s’accrochant à la tuyauterie au mur et appela un gardien d’une voix affaiblie par la fatigue et l’émotion.
Un bruit de clé, la porte qui s’ouvre avec un grincement sinistre, un colosse dans l’encadrement. Le « porte-clés » arabe (1) :
- Qu’est-ce que tu veux Joseph ?
- J’ai soif Hassan. Et puis je voudrais faire un tour de cour, une dernière fois.
Bon prince, le surveillant prit la main que lui tendait Joseph, le souleva comme une plume, décrocha une gourde de sa ceinture et la lui tendit.
Il faisait beau, comme toujours pendant ces 6 mois de saison sèche, mais le taux d’humidité persistait jour et nuit, entretenant les rhumatismes, favorisant l’éclosion perpétuelle de moustiques avides, rendant tout effort plus pénible chaque jour.
Joseph - atteint de cécité 2 ans auparavant à cause d’un ver parasite très courant dans les eaux croupies – parvint à déboucher le flacon et but de longues gorgées bienfaisantes. Les 55° du rhum blanc de Saint Laurent ne le firent pas tiquer, au contraire : il en ressentit un grand bien-être et remercia Hassan d’un sourire. Chaque prisonnier recevait chaque jour un litre d’alcool. C’était la ration. La seule façon de tenir sous le soleil implacable lorsque lui et ses compagnons d’infortune cassaient des cailloux pour entretenir les pistes de latérite, lorsque dans les marécages jusqu’à la ceinture, attaqués par les sangsues, il devait curer les bouches d’égouts de la ville qui dégueulaient dans le Maroni.
Aujourd’hui il était dispensé de corvées. Exceptionnellement…
Hassan lui tenait le coude et avançait avec lui pas à pas le long d’une sorte de quai qui faisait tout le tour de cette cour rectangulaire bordées de cellules individuelles sur trois côtés. Une extrémité des bâtiments comportait une forte grille permettant les entrées et sorties vers l’Administration. A l’autre extrémité, 200 mètres plus loin, là bas, au bout de cette grande cour d’herbe brûlée, trônait l’engin.
Joseph ne le voyait pas. La guillotine avait été apportée là durant la nuit et assemblée sans bruit.
Joseph ne la voyait pas, mais il savait. On lui avait dit, tout le monde savait. Chacun avait déjà, un jour ou l’autre, été obligé d’assister à une décapitation « publique ». On lui racontait, après, après qu’il ait entendu les préparatifs, la lecture de la sentence, les cris ou les pleurs du malheureux condamné. Et puis le glissement, le frottement du métal, jusqu’au CLAC ! final, brutal, définitif. On lui avait dépeint le jaillissement pourpre de la vie qui s’évadait.
Des fragrances de bougainvillées et de roses de porcelaine faisaient frémir les narines de Joseph, des ibis rouges passaient en formation au dessus de la prison mais il ne les voyait pas. En revanche il devinait le battement infiniment rapide des ailes du colibri, en suspension devant un hibiscus sauvage dont il tirait les sucs de son bec effilé.
Le tour de la cour a été effectué et Hassan a pris soin de passer au large de l’engin. Joseph lui en a été gré en lui serrant légèrement le bras au passage.
Joseph est retourné sur la paillasse de sa cellule. Il s’est allongé, le visage tourné vers la lumière qu’il devine à travers les barreaux du plafond. Il a pensé quelques minutes à sa fille, son trésor, son bijou, si loin là bas, en métropole. Qui ne saurait sans doute jamais rien. Qui serait sans doute dans le métro, demain à 6 heures, pour partir travailler. Travailler… Il s’est endormi.
C’est le froid qui le réveille. Les 20 ou 22° du petit matin, la rosée qui recouvre tout, y compris ses vêtements. Il devine la clarté du jour qui point. Il doit être pas loin de 6 heures.
Pourtant rien ne bouge. Même les bruits habituels de l’établissement sont absents. Pas de cavalcades à l’extérieur, pas de sons de vaisselle, aucun échange d’invectives ou d’ordres lancés par les gardiens, rien.
Joseph étire ses membres engourdis et se lève, pose sa main sur le battant de bois de la porte, comme tous les matins.
La porte ne résiste pas et s’ouvre… Vers l’extérieur…
Joseph connaît si bien les lieux qu’il s’enhardit à mettre un pied sur le quai qui surplombe la cour herbeuse. Il n’ose appeler. Son instinct d’aveugle lui affirme qu’il est seul. Il se met à longer le bâtiment, touchant de la main chaque porte de chaque cellule au passage, pour les compter. Se sachant parvenu à la grande grille d’entrée, il ose empoigner l’énorme loquet habituellement pourvu d’un cadenas impressionnant. La grille cède à son tour, pivotant sans peine et laissant le passage à un Joseph abasourdi.
Celui-ci, se fiant à son sens olfactif, trouve sans peine la porte qui jouxte celle des cuisines. Il sait que celle-là donne dehors. DEHORS ! Se pourrait-il ?… Il hésite. Et puis ? Pourquoi pas ? Au point où il en est ! La dernière porte s’ouvre, Joseph met un pied sur le seuil. Il ne se passe rien.
Il continue d’avancer, fait plusieurs pas, méfiant car cet environnement ne lui est plus familier.
Bien lui en prend car un coup de klaxon aigu le fait presque perdre l’équilibre tandis qu’un bruit de freinage lui prouve qu’une voiture vient de s’arrêter à sa hauteur.
- Eh bien grand-père ! Tu montes ? T’as une drôle de tête ! Allez, viens, on va se réchauffer l’estomac, monte donc !
Grand-père ? Joseph ne comprend rien, il montre ses yeux en secouant la main pour expliquer son handicap. L’homme rit, gêné, descend de son véhicule et installe Joseph à côté de lui. Il démarre en trombe et crie, en tentant de surmonter le bruit de sa mécanique :
- On dirait que tu sortais du bagne là, je me trompe ? Tu as squatté là dedans ? Tu n’as pas où dormir grand-père ?
- Euh, c’est-à-dire, parvient à articuler le pauvre Joseph, j’ai vraiment l’air d’un grand-père ? Et puis non, je n’ai pas où aller à vrai dire.
- Alors c’est tout trouvé grand-père ! Aujourd’hui c’est Noël, il ne sera pas dit que tu resteras seul ! Tu vas même te rendre utile : je t’emmène chez moi, tu enfileras ma tenue et tu feras le Père Noël à ma place pour les enfants de l’école, okay ?! Tiens, bois un coup va, t’as pas l’air dans ton assiette. Avec ça, tout ira mieux !
Et Joseph siffla la bouteille à lui tout seul en moins de 10 minutes comme s’il avait fait ça toute sa vie, pendant 28 ans, une bouteille par jour, tous les jours, sans sourciller…
.
Mille ! MILLE ! MILLE ! 1000, ce nombre l’obsédait. Serait-il par hasard le numéro 1000 ? Le millième homme à sortir de là à l’horizontale ? Celui qui, après 28 ans de bagne aurait, comme punition suprême, à subir l’épreuve de la tête sur le billot ?
Joseph serrait cette pauvre tête entre ses mains crispées, les paupières fermées, assis à même le sol de sa cellule humide au plafond grillagé ouvert sur le ciel.
Enfermé là à 19 ans, Après 28 années passées à trimer sous les coups de fouets des gardiens, à suer sous une chaleur suffocante de jour comme de nuit, à grignoter des denrées infâmes et ingurgiter des soupes moisies, l’Administration Pénitentiaire ne venait-elle pas de l’informer le matin même que sa peine était exécutoire ? Plus aucun recours, pas de commutation en enfermement à vie, pas le moindre signe de clémence. C’était fichu.
Le papier qu’on lui avait remis ce matin était à ses pieds. Il l’avait lu dix fois, vingt fois, il ne rêvait pas : l’exécution était prévue pour le lendemain matin à 6 heures.
Il finit par se lever en s’accrochant à la tuyauterie au mur et appela un gardien d’une voix affaiblie par la fatigue et l’émotion.
Un bruit de clé, la porte qui s’ouvre avec un grincement sinistre, un colosse dans l’encadrement. Le « porte-clés » arabe (1) :
- Qu’est-ce que tu veux Joseph ?
- J’ai soif Hassan. Et puis je voudrais faire un tour de cour, une dernière fois.
Bon prince, le surveillant prit la main que lui tendait Joseph, le souleva comme une plume, décrocha une gourde de sa ceinture et la lui tendit.
Il faisait beau, comme toujours pendant ces 6 mois de saison sèche, mais le taux d’humidité persistait jour et nuit, entretenant les rhumatismes, favorisant l’éclosion perpétuelle de moustiques avides, rendant tout effort plus pénible chaque jour.
Joseph - atteint de cécité 2 ans auparavant à cause d’un ver parasite très courant dans les eaux croupies – parvint à déboucher le flacon et but de longues gorgées bienfaisantes. Les 55° du rhum blanc de Saint Laurent ne le firent pas tiquer, au contraire : il en ressentit un grand bien-être et remercia Hassan d’un sourire. Chaque prisonnier recevait chaque jour un litre d’alcool. C’était la ration. La seule façon de tenir sous le soleil implacable lorsque lui et ses compagnons d’infortune cassaient des cailloux pour entretenir les pistes de latérite, lorsque dans les marécages jusqu’à la ceinture, attaqués par les sangsues, il devait curer les bouches d’égouts de la ville qui dégueulaient dans le Maroni.
Aujourd’hui il était dispensé de corvées. Exceptionnellement…
Hassan lui tenait le coude et avançait avec lui pas à pas le long d’une sorte de quai qui faisait tout le tour de cette cour rectangulaire bordées de cellules individuelles sur trois côtés. Une extrémité des bâtiments comportait une forte grille permettant les entrées et sorties vers l’Administration. A l’autre extrémité, 200 mètres plus loin, là bas, au bout de cette grande cour d’herbe brûlée, trônait l’engin.
Joseph ne le voyait pas. La guillotine avait été apportée là durant la nuit et assemblée sans bruit.
Joseph ne la voyait pas, mais il savait. On lui avait dit, tout le monde savait. Chacun avait déjà, un jour ou l’autre, été obligé d’assister à une décapitation « publique ». On lui racontait, après, après qu’il ait entendu les préparatifs, la lecture de la sentence, les cris ou les pleurs du malheureux condamné. Et puis le glissement, le frottement du métal, jusqu’au CLAC ! final, brutal, définitif. On lui avait dépeint le jaillissement pourpre de la vie qui s’évadait.
Des fragrances de bougainvillées et de roses de porcelaine faisaient frémir les narines de Joseph, des ibis rouges passaient en formation au dessus de la prison mais il ne les voyait pas. En revanche il devinait le battement infiniment rapide des ailes du colibri, en suspension devant un hibiscus sauvage dont il tirait les sucs de son bec effilé.
Le tour de la cour a été effectué et Hassan a pris soin de passer au large de l’engin. Joseph lui en a été gré en lui serrant légèrement le bras au passage.
Joseph est retourné sur la paillasse de sa cellule. Il s’est allongé, le visage tourné vers la lumière qu’il devine à travers les barreaux du plafond. Il a pensé quelques minutes à sa fille, son trésor, son bijou, si loin là bas, en métropole. Qui ne saurait sans doute jamais rien. Qui serait sans doute dans le métro, demain à 6 heures, pour partir travailler. Travailler… Il s’est endormi.
C’est le froid qui le réveille. Les 20 ou 22° du petit matin, la rosée qui recouvre tout, y compris ses vêtements. Il devine la clarté du jour qui point. Il doit être pas loin de 6 heures.
Pourtant rien ne bouge. Même les bruits habituels de l’établissement sont absents. Pas de cavalcades à l’extérieur, pas de sons de vaisselle, aucun échange d’invectives ou d’ordres lancés par les gardiens, rien.
Joseph étire ses membres engourdis et se lève, pose sa main sur le battant de bois de la porte, comme tous les matins.
La porte ne résiste pas et s’ouvre… Vers l’extérieur…
Joseph connaît si bien les lieux qu’il s’enhardit à mettre un pied sur le quai qui surplombe la cour herbeuse. Il n’ose appeler. Son instinct d’aveugle lui affirme qu’il est seul. Il se met à longer le bâtiment, touchant de la main chaque porte de chaque cellule au passage, pour les compter. Se sachant parvenu à la grande grille d’entrée, il ose empoigner l’énorme loquet habituellement pourvu d’un cadenas impressionnant. La grille cède à son tour, pivotant sans peine et laissant le passage à un Joseph abasourdi.
Celui-ci, se fiant à son sens olfactif, trouve sans peine la porte qui jouxte celle des cuisines. Il sait que celle-là donne dehors. DEHORS ! Se pourrait-il ?… Il hésite. Et puis ? Pourquoi pas ? Au point où il en est ! La dernière porte s’ouvre, Joseph met un pied sur le seuil. Il ne se passe rien.
Il continue d’avancer, fait plusieurs pas, méfiant car cet environnement ne lui est plus familier.
Bien lui en prend car un coup de klaxon aigu le fait presque perdre l’équilibre tandis qu’un bruit de freinage lui prouve qu’une voiture vient de s’arrêter à sa hauteur.
- Eh bien grand-père ! Tu montes ? T’as une drôle de tête ! Allez, viens, on va se réchauffer l’estomac, monte donc !
Grand-père ? Joseph ne comprend rien, il montre ses yeux en secouant la main pour expliquer son handicap. L’homme rit, gêné, descend de son véhicule et installe Joseph à côté de lui. Il démarre en trombe et crie, en tentant de surmonter le bruit de sa mécanique :
- On dirait que tu sortais du bagne là, je me trompe ? Tu as squatté là dedans ? Tu n’as pas où dormir grand-père ?
- Euh, c’est-à-dire, parvient à articuler le pauvre Joseph, j’ai vraiment l’air d’un grand-père ? Et puis non, je n’ai pas où aller à vrai dire.
- Alors c’est tout trouvé grand-père ! Aujourd’hui c’est Noël, il ne sera pas dit que tu resteras seul ! Tu vas même te rendre utile : je t’emmène chez moi, tu enfileras ma tenue et tu feras le Père Noël à ma place pour les enfants de l’école, okay ?! Tiens, bois un coup va, t’as pas l’air dans ton assiette. Avec ça, tout ira mieux !
Et Joseph siffla la bouteille à lui tout seul en moins de 10 minutes comme s’il avait fait ça toute sa vie, pendant 28 ans, une bouteille par jour, tous les jours, sans sourciller…
.
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Il fait un peu froid ce matin.
Et bientôt il faudra sortir.
Je serre un peu plus son bracelet, comme pour me rassurer, me dire que si lui a tenu le choc pendant toutes ces années, certainement qu’elle aussi, dehors, a tenu le coup. Je reste là, assis, à regarder le bracelet, à imaginer son poignet, à presque sentir sa menotte sous mes doigts maladroits… les barreaux n’ont jamais eu besoin que je sois délicat… Il faudra réapprendre ?
Seulement un nouveau départ ça se prépare, j’ai peur de le louper. C’est un peu comme le train de la dernière chance, tellement attendu, mais trop rapide, je n’ai pas le temps de regarder par la fenêtre, d’observer chaque élément, de reconstruire un paysage, d’appréhender un univers qui a évolué sans moi. Alors je vais arriver à destination, mais qu’elle destination ? Je ne connais plus rien. Je me sens comme un dahu qui s’est cassé la gueule tout en bas de la montagne, et qui après un long coma, retrouve une plaine. C’est bien une plaine, mais quand on a toujours vécu en montagne, il faut réapprendre à marcher. Il faut que je me scie les deux longues pattes qui ont cessée d’être utile quand j’ai quitté la montagne. Me séparer de mes habitudes, de tout ce qui faisait ma vie, puisque je ne reverrais plus jamais ce qui était il y’a dix ans. Scier une partie des souvenirs, faire le ménage là-dedans, qu’il y’ait plus de place pour le futur, et moins pour la nostalgie. Tout a du tellement changer. Il faudrait que je remonte le temps… me faufile dans la tuyauterie du grand mécanisme, bricole, retourne le sablier, et alors il n’y aurait plus besoin de départ. Le fait est que le temps s’est écoulé, que j’ai coulé avec lui, qu’il est maintenant temps pour moi de refaire surface, et de ne plus le laisser s’échapper. Quitte à nager à contre-courant, du moment que je sors la tête et respire.
Je regarde son bracelet.
Et oui…tant qu’elle ne me noie pas. Tant qu’elle ne file pas comme le temps. Qu’elle reste avec moi, qu’elle est là comme au premier jour, que je ressens son soutien, sa tendresse, la fragrance de sa peau tout prés de la mienne. Tant que sa main n’est jamais bien loin. Que mes doigts retrouvent les siens. Que le bracelet nous attache ensemble, nous emprisonne, à cette condition seulement je veux bien qu’on m’enferme à nouveau.
Si aveuglé depuis des années. La cécité de tout, du noir partout, et la nécessité de retrouver au plus vite la vue, du rouge, de la passion, de l’émotion. On se sent vide ici, je comprends mieux Joël quand il disait que les barreaux ne te gâchent pas la vue, mais que tu l’as dans l’œil. Tu ne vois plus que ça, tout te relie à ça, la petite tache noire envahie tout, peu à peu, si bien que j’ai peur d’être éblouie par trop de couleurs. J’ai peur de sortir, et que trop de bonheur me tue, m’achève. Et j’ai peur de passer à côté, de rester en vie en ayant laissé passer l’occasion de mourir de trop de joie.
Et de finir ma vie comme un dahu qui recherche la montagne, au lieu d’adopter et d’aimer la plaine.
Non… je dois me laisser apprivoiser par le monde que j’ai laissé en sursaut, qui m’a laissé en sursis, et qui aujourd’hui va me voir repartir une nouvelle fois.
Un nouveau et dernier départ… baissez les barreaux, emmenez moi à la gare, et ouvrez la porte que je file me retrouver.
Et bientôt il faudra sortir.
Je serre un peu plus son bracelet, comme pour me rassurer, me dire que si lui a tenu le choc pendant toutes ces années, certainement qu’elle aussi, dehors, a tenu le coup. Je reste là, assis, à regarder le bracelet, à imaginer son poignet, à presque sentir sa menotte sous mes doigts maladroits… les barreaux n’ont jamais eu besoin que je sois délicat… Il faudra réapprendre ?
Seulement un nouveau départ ça se prépare, j’ai peur de le louper. C’est un peu comme le train de la dernière chance, tellement attendu, mais trop rapide, je n’ai pas le temps de regarder par la fenêtre, d’observer chaque élément, de reconstruire un paysage, d’appréhender un univers qui a évolué sans moi. Alors je vais arriver à destination, mais qu’elle destination ? Je ne connais plus rien. Je me sens comme un dahu qui s’est cassé la gueule tout en bas de la montagne, et qui après un long coma, retrouve une plaine. C’est bien une plaine, mais quand on a toujours vécu en montagne, il faut réapprendre à marcher. Il faut que je me scie les deux longues pattes qui ont cessée d’être utile quand j’ai quitté la montagne. Me séparer de mes habitudes, de tout ce qui faisait ma vie, puisque je ne reverrais plus jamais ce qui était il y’a dix ans. Scier une partie des souvenirs, faire le ménage là-dedans, qu’il y’ait plus de place pour le futur, et moins pour la nostalgie. Tout a du tellement changer. Il faudrait que je remonte le temps… me faufile dans la tuyauterie du grand mécanisme, bricole, retourne le sablier, et alors il n’y aurait plus besoin de départ. Le fait est que le temps s’est écoulé, que j’ai coulé avec lui, qu’il est maintenant temps pour moi de refaire surface, et de ne plus le laisser s’échapper. Quitte à nager à contre-courant, du moment que je sors la tête et respire.
Je regarde son bracelet.
Et oui…tant qu’elle ne me noie pas. Tant qu’elle ne file pas comme le temps. Qu’elle reste avec moi, qu’elle est là comme au premier jour, que je ressens son soutien, sa tendresse, la fragrance de sa peau tout prés de la mienne. Tant que sa main n’est jamais bien loin. Que mes doigts retrouvent les siens. Que le bracelet nous attache ensemble, nous emprisonne, à cette condition seulement je veux bien qu’on m’enferme à nouveau.
Si aveuglé depuis des années. La cécité de tout, du noir partout, et la nécessité de retrouver au plus vite la vue, du rouge, de la passion, de l’émotion. On se sent vide ici, je comprends mieux Joël quand il disait que les barreaux ne te gâchent pas la vue, mais que tu l’as dans l’œil. Tu ne vois plus que ça, tout te relie à ça, la petite tache noire envahie tout, peu à peu, si bien que j’ai peur d’être éblouie par trop de couleurs. J’ai peur de sortir, et que trop de bonheur me tue, m’achève. Et j’ai peur de passer à côté, de rester en vie en ayant laissé passer l’occasion de mourir de trop de joie.
Et de finir ma vie comme un dahu qui recherche la montagne, au lieu d’adopter et d’aimer la plaine.
Non… je dois me laisser apprivoiser par le monde que j’ai laissé en sursaut, qui m’a laissé en sursis, et qui aujourd’hui va me voir repartir une nouvelle fois.
Un nouveau et dernier départ… baissez les barreaux, emmenez moi à la gare, et ouvrez la porte que je file me retrouver.
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Ah ah ah Loup, j'ai failli mettre Jojo puis finalement j'ai mis Joël, les clichés qu'on a ! :0)))
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Je vous dis bonne nuit, j'en peux plus, vais me coucher :0)
Je lis plus tard.
Bisous et merci Loup, toujours aussi sympa les exos :0)
Je lis plus tard.
Bisous et merci Loup, toujours aussi sympa les exos :0)
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
On y est.
Le grand Sam, le petit Robert et moi.
Les cagoules tricotées par la marraine du petit Robert venaient à point.
Nous avions bien fait de projeter notre petite promenade pour après la Noël.
Les colis des familles n’étaient pas trop fouillés à cette occasion.
Le petit Robert a quand même fait une drôle de tronche quand il a vu qu’elles étaient rouges.
Pas discret pour un sou.
Les pompons on a bien réussi à s’en débarrasser. On les refilé à ceux de préventive pour leur spectacle de clowns, ils manquaient de nez. Mais on a monnayé. Pas de petits profits. C’est le grand Sam qui a eu l’idée. Faut dire que le grand Sam il a toujours eu le sens du commerce. Même quand sa boîte à fait faillite, il a quand même réussi à se tirer avec la caisse. Faut le faire quand même. Juste qu’il est vite tombé à court et puis tombé tout court.
Donc nous voilà avec nos cagoules rouges dans ce putain de souterrain qui doit nous mener à l’air frais.
Opération Dahu qu’on a appelé ça. Juste parce que la liberté on l’a pas beaucoup connue en fait. Aucun. Et que le dahu on sait pas trop ce que c’est, non plus.
Les matons ont pas trop opposé de résistance. Là faut remercier la mamy du grand Sam. Ils avaient tellement apprécié son thé de Noël l’année dernière, qu’ils en avaient recommandé cette année. Le grand Sam, il a économisé ses portions de laitues pendant tout l’été, les a faites sècher et puis en a fourré plein le thé. Les matons étaient ravis surtout que le grand Sam et c’était pas son habitude leur a fait un prix. Effet somnifère pour eux et tranquillos pour nous. Avec tout ça le grand Sam il a le teint gris. Mais bon, on se fout des vitamines quand à la clé y a la biguine. Evidemment ça va pas faire la pub de l’administration pénitentiaire. Voilà qu’il commence à faire froid. Comme on est privé de promenades pour bonne conduite depuis des semaines, on s’est pas rendu compte que dehors c’était l’hiver vu que pour nous aussi avec tous ces préparatifs ça ressemblait plutôt aux vacances. Finalement on fait d’une cagoule, deux coups : l’incognito et le froid. Merci Marraine !
Bon, vlà ma tuyauterie qui fait du foin maintenant ! Ils nous ont sûrement servi de la dinde frelatée au souper. Merde, pas pensé à purger avant de partir. Mais ça fait tellement longtemps que je purge, on peut comprendre que j’en avais marre. N’empêche que c’est chiant. Oui, oui j’arrive. Courrez pas non plus ! On a pas un métro à prendre. Punaise, qu’est ce qu’il fait noir ! Y a qu’un aveugle qui s’y retrouverait ici. Et encore un aveugle de naissance. A ça non plus on n’est plus habitué. Ils nous foutent l’éclairage 24 heures sur 24 dans la cellule, histoire de mieux nous repérer. Dans nos couvertures la nuit , on doit bien ressembler à des pains saucisse dans un distributeur. Et bien, les pains saucisse, ils se tirent sinon c’est la péremption assurée. La prescription, on l’a pas eue et la rédemption, faut pas rêver non plus.
On devrait arriver là, d’après nos plans. On avait chronométré dans nos têtes. Oui, oui, ça y est ! Je vois quelque chose briller ! Sûrement les bijoux de la marraine du petit Robert. Elle a jamais fait dans la discrétion non plus celle-là ! On l’a bien vu avec les cagoules rouges déjà. P’être qu’elle a voulu faire discret en fait, se caméléoniser en sapin de Noël. Elle mérite la canonisation tiens pour ça. Je vais te l’embrasser déjà, tu vas voir.
A non, merde, ça a pas l’air d’être ça. C’est pas son odeur, non plus. Question fragrances, là, c’est pas « Evasion » de Cartier ! Tiens ça me rappelle quelque chose ?
Merde, les miroirs des waters du sous-sol ! Et puis non, ça tombe bien, vais pouvoir purger. Tracasse, grand Sam, on jette pas le gant….ni les cagoules non plus On repart juste à vide à la Saint Silvestre !
Le grand Sam, le petit Robert et moi.
Les cagoules tricotées par la marraine du petit Robert venaient à point.
Nous avions bien fait de projeter notre petite promenade pour après la Noël.
Les colis des familles n’étaient pas trop fouillés à cette occasion.
Le petit Robert a quand même fait une drôle de tronche quand il a vu qu’elles étaient rouges.
Pas discret pour un sou.
Les pompons on a bien réussi à s’en débarrasser. On les refilé à ceux de préventive pour leur spectacle de clowns, ils manquaient de nez. Mais on a monnayé. Pas de petits profits. C’est le grand Sam qui a eu l’idée. Faut dire que le grand Sam il a toujours eu le sens du commerce. Même quand sa boîte à fait faillite, il a quand même réussi à se tirer avec la caisse. Faut le faire quand même. Juste qu’il est vite tombé à court et puis tombé tout court.
Donc nous voilà avec nos cagoules rouges dans ce putain de souterrain qui doit nous mener à l’air frais.
Opération Dahu qu’on a appelé ça. Juste parce que la liberté on l’a pas beaucoup connue en fait. Aucun. Et que le dahu on sait pas trop ce que c’est, non plus.
Les matons ont pas trop opposé de résistance. Là faut remercier la mamy du grand Sam. Ils avaient tellement apprécié son thé de Noël l’année dernière, qu’ils en avaient recommandé cette année. Le grand Sam, il a économisé ses portions de laitues pendant tout l’été, les a faites sècher et puis en a fourré plein le thé. Les matons étaient ravis surtout que le grand Sam et c’était pas son habitude leur a fait un prix. Effet somnifère pour eux et tranquillos pour nous. Avec tout ça le grand Sam il a le teint gris. Mais bon, on se fout des vitamines quand à la clé y a la biguine. Evidemment ça va pas faire la pub de l’administration pénitentiaire. Voilà qu’il commence à faire froid. Comme on est privé de promenades pour bonne conduite depuis des semaines, on s’est pas rendu compte que dehors c’était l’hiver vu que pour nous aussi avec tous ces préparatifs ça ressemblait plutôt aux vacances. Finalement on fait d’une cagoule, deux coups : l’incognito et le froid. Merci Marraine !
Bon, vlà ma tuyauterie qui fait du foin maintenant ! Ils nous ont sûrement servi de la dinde frelatée au souper. Merde, pas pensé à purger avant de partir. Mais ça fait tellement longtemps que je purge, on peut comprendre que j’en avais marre. N’empêche que c’est chiant. Oui, oui j’arrive. Courrez pas non plus ! On a pas un métro à prendre. Punaise, qu’est ce qu’il fait noir ! Y a qu’un aveugle qui s’y retrouverait ici. Et encore un aveugle de naissance. A ça non plus on n’est plus habitué. Ils nous foutent l’éclairage 24 heures sur 24 dans la cellule, histoire de mieux nous repérer. Dans nos couvertures la nuit , on doit bien ressembler à des pains saucisse dans un distributeur. Et bien, les pains saucisse, ils se tirent sinon c’est la péremption assurée. La prescription, on l’a pas eue et la rédemption, faut pas rêver non plus.
On devrait arriver là, d’après nos plans. On avait chronométré dans nos têtes. Oui, oui, ça y est ! Je vois quelque chose briller ! Sûrement les bijoux de la marraine du petit Robert. Elle a jamais fait dans la discrétion non plus celle-là ! On l’a bien vu avec les cagoules rouges déjà. P’être qu’elle a voulu faire discret en fait, se caméléoniser en sapin de Noël. Elle mérite la canonisation tiens pour ça. Je vais te l’embrasser déjà, tu vas voir.
A non, merde, ça a pas l’air d’être ça. C’est pas son odeur, non plus. Question fragrances, là, c’est pas « Evasion » de Cartier ! Tiens ça me rappelle quelque chose ?
Merde, les miroirs des waters du sous-sol ! Et puis non, ça tombe bien, vais pouvoir purger. Tracasse, grand Sam, on jette pas le gant….ni les cagoules non plus On repart juste à vide à la Saint Silvestre !
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Je crois que tout le monde a posté ?
Merci à tous pour votre participation ! Ca fait chaud au coeur de pouvoir se refaire un exercice ici !
N'hésitez pas chacun à donner un retour sur le fonctionnement du site pendant l'exercice.
Je vous lis tous demain et je mettrai un petit mot pour chacun, comme d'habitude :-)
Encore mille mercis à tous pour votre participation !
Merci à tous pour votre participation ! Ca fait chaud au coeur de pouvoir se refaire un exercice ici !
N'hésitez pas chacun à donner un retour sur le fonctionnement du site pendant l'exercice.
Je vous lis tous demain et je mettrai un petit mot pour chacun, comme d'habitude :-)
Encore mille mercis à tous pour votre participation !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Merci à toi Loup pour t'être décarcassé toute cette journée, et pas seulement ce soir!
C'est super.
Moi aussi, je lis et commente demain.
Bonne nuit à chacune-chacun!
;-)
C'est super.
Moi aussi, je lis et commente demain.
Bonne nuit à chacune-chacun!
;-)
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
pour une fois, je ne commenterai pas sur le vif, mais demain, pas la tête à ça ce soir, désolée
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Commentaires demain aussi. Mais d'ores et déjà bravo à tous!!!
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
pas le courage non plus, demain, sans fièvre
merci le loup
et bonne nuit tous
merci le loup
et bonne nuit tous
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Pareil que mes petits camarades, je lis demain et file au lit.
Merci Loup
Merci Loup
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
A la fin de mon texte, j'aurais dû ajouter le renvoi (1).
Précipitation oblige. Voici l'explication:
(1) On appelait ainsi les anciens bagnards arabes ayant purgé leur peine et embauchés ensuite comme gardiens.
Allez, je commence mes lectures. ;-)
Précipitation oblige. Voici l'explication:
(1) On appelait ainsi les anciens bagnards arabes ayant purgé leur peine et embauchés ensuite comme gardiens.
Allez, je commence mes lectures. ;-)
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Blue
Terrible et poétique.
J'ai épinglé "Demain, je danserai au bout de la corde. Avec elle"et aussi Il se contenta de marteler la tuyauterie du bout des doigts, un trois temps, une valse"
Kill
Le passé en guise de futur. Quel pessimisme me disais je et puis cette phrase Ton avenir c'est un bout de trottoir et le monde en tête Ouf ! J'ai bien aimé les fragrances rances et habiller le pathétique Mais quand même dur dur aussi ce texte. On est plus dans le conte de Noël là !
Kilis
Un petit bijou.
Ce n'est pas seulement pour celui qui est dedans que les visites sont les plus pénibles et tu le décris bien Kilis. Et puis le [/i]-Bonjour, mon amour qui tue ! Suis pas certaine qu'elle n'y retournera pas !
Voilà je poursuivrai pour les suivants, un peu plus tard.
Terrible et poétique.
J'ai épinglé "Demain, je danserai au bout de la corde. Avec elle"et aussi Il se contenta de marteler la tuyauterie du bout des doigts, un trois temps, une valse"
Kill
Le passé en guise de futur. Quel pessimisme me disais je et puis cette phrase Ton avenir c'est un bout de trottoir et le monde en tête Ouf ! J'ai bien aimé les fragrances rances et habiller le pathétique Mais quand même dur dur aussi ce texte. On est plus dans le conte de Noël là !
Kilis
Un petit bijou.
Ce n'est pas seulement pour celui qui est dedans que les visites sont les plus pénibles et tu le décris bien Kilis. Et puis le [/i]-Bonjour, mon amour qui tue ! Suis pas certaine qu'elle n'y retournera pas !
Voilà je poursuivrai pour les suivants, un peu plus tard.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Sahkti
Dense, trop dense, comme si tu avais évacué un tas de choses, d'un seul coup.
Et pourtant pleins de belles choses. Et un rythme soutenu. Ce texte mériterait d'être travaillé.
Blue
Polnareff n'est pas aveugle, il porte seulement de grosses lunettes.
Comme d'habitude, tu as le sens du mot, de la belle phrase. Dans la tête, j'avais la musique aussi. Mais il me manque un petit quelque chose pour apprécier vraiment.
Dense, trop dense, comme si tu avais évacué un tas de choses, d'un seul coup.
Et pourtant pleins de belles choses. Et un rythme soutenu. Ce texte mériterait d'être travaillé.
Blue
Polnareff n'est pas aveugle, il porte seulement de grosses lunettes.
Comme d'habitude, tu as le sens du mot, de la belle phrase. Dans la tête, j'avais la musique aussi. Mais il me manque un petit quelque chose pour apprécier vraiment.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct du 13 Décembre 2005, 21h !
Killgrieg : pas convaincue par le monologue intérieur en italique, trop explicatif, pas assez fort à mes yeux. Par contre, bravo pour la suite, le dernier paragraphe et la phrase finale dégagent beaucoup de puissance. Vraiment t’as terminé en beauté.
Sahkti : Il y a de belles tournures de phrases et ton texte nous berce dans une mélancolie un peu amère. Mais j’ai trouvé le ton parfois trop monotone et je m’en suis un peu lassée à la lecture.
Blue : Encore une fois la tonalité est très poétique et le texte est agréable à lire. J’aime aussi beaucoup les quelques mots de la fin. J’ai néanmoins trouvé que tes mots dansaient un peu moins que d’habitude.
Julien : La grande évasion version petite cuillère ! Pas très réaliste tout ça à moins que ce ne soit, comme le dahu, une grande illusion ? Une histoire racontée sans heurt, qui se lit bien mais qui reste un peu lisse je trouve.
Yali : Sais pas comment tu fais, tu me surprend toujours. Encore une belle histoire racontée avec le talent qu’on te connaît.
Kilis : Un petit morceau de texte qui en dit long pourtant. Quelques lignes à peine et tant de choses passent entre les mots…
Loup : Il me plait beaucoup ton texte. Une histoire drôle et touchante à la fois comme tu sais les raconter. Toujours ce grain de folie qui me plait de plus en plus…. Chapeau Loup !
Mentor : Une histoire sombre et triste racontée d’une manière posée. Je trouve encore une fois que la narration n’est pas suffisamment incisive pour vraiment impliquer le lecteur.
Lyra : Tu as décliné le nouveau départ, le réapprentissage de la vie, l’apprivoisement du retour sous toutes ses formes… Il y a de belles images et tes mots coulent plutôt bien mais je trouve que tu tournes un peu en rond. Ton texte me donne l’impression d’être un peu fermé sur lui-même et j’aurais aimé que ça s’envole à un moment donné.
Sahkti : Il y a de belles tournures de phrases et ton texte nous berce dans une mélancolie un peu amère. Mais j’ai trouvé le ton parfois trop monotone et je m’en suis un peu lassée à la lecture.
Blue : Encore une fois la tonalité est très poétique et le texte est agréable à lire. J’aime aussi beaucoup les quelques mots de la fin. J’ai néanmoins trouvé que tes mots dansaient un peu moins que d’habitude.
Julien : La grande évasion version petite cuillère ! Pas très réaliste tout ça à moins que ce ne soit, comme le dahu, une grande illusion ? Une histoire racontée sans heurt, qui se lit bien mais qui reste un peu lisse je trouve.
Yali : Sais pas comment tu fais, tu me surprend toujours. Encore une belle histoire racontée avec le talent qu’on te connaît.
Kilis : Un petit morceau de texte qui en dit long pourtant. Quelques lignes à peine et tant de choses passent entre les mots…
Loup : Il me plait beaucoup ton texte. Une histoire drôle et touchante à la fois comme tu sais les raconter. Toujours ce grain de folie qui me plait de plus en plus…. Chapeau Loup !
Mentor : Une histoire sombre et triste racontée d’une manière posée. Je trouve encore une fois que la narration n’est pas suffisamment incisive pour vraiment impliquer le lecteur.
Lyra : Tu as décliné le nouveau départ, le réapprentissage de la vie, l’apprivoisement du retour sous toutes ses formes… Il y a de belles images et tes mots coulent plutôt bien mais je trouve que tu tournes un peu en rond. Ton texte me donne l’impression d’être un peu fermé sur lui-même et j’aurais aimé que ça s’envole à un moment donné.
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