Une saison parmi d’autres

Il pose dans la vague, frêle
Au petit matin frileux
Son père tendu règle
Le numérique bigleux

Ni l’un ni l’autre accoutumé
A l’air cossu des bords de mer
Ne voit le cliché costumé
De ses travers

Les galets roulent en ricanant
Le ressac du clic éternel
L’estive claque au moutonnant
Pris pour une brêle

Pas d’enfant rose au rire d’agate
Pas d’instants pris sur le malheur
L’écume morte dépose plate
Ses bulles tièdes dans la sueur

Des jours secs rongés d’acide
L’été se tue au dérisoire
Besoin de gagner sur le vide
Un pas de plus dans l’illusoire

Pari de vivre.

Largement inspiré par Arielle et mes virées matinales en carte postale.

Ne serait-ce la mention du numérique, je trouve à ces vers un côté complètement intemporel. La légèreté est de mise, c'est les vacances après tout, mais ciel que cette dernière strophe sait remettre les pendules à l'heure !

ça commence comme une fable gentillette, un peu Martine à la plage pour se terminer sur ce magistral

L’été se tue au dérisoire
Besoin de gagner sur le vide
Un pas de plus dans l’illusoire

Pari de vivre.

J'aime beaucoup malgré un bémol concernant la découpe des strophes et un enjambement un peu surprenant : la sueur des jours secs

Sans comprendre vraiment le sens de ces deux vers
L’estive claque au moutonnant
Pris pour une brêle
je leur trouve beaucoup d'allure

Et vive le ricanement des galets !

Quelques vers que j'aime beaucoup :
"Les galets roulent en ricanant"
"L’été se tue au dérisoire" (mais je trouve trop facile la rime avec "illusoire"),
cela dit manque pour moi une unité au poème, un fil de sens à suivre. Un bon rythme, je trouve.

Sans vouloir faire remonter ce texte " suite ", je partage votre avis Socque sur la rime facile de "l'illusoire" qui m'a bien fait suer. Me sont venus " soir, ostensoir, ostentatoire " des restes de Baudelaire trop pillé. Dur parfois d'accorder une note originale.
Arielle les étés acides déroulent d'interminables " jours secs " pourtant baignés de sueur, en tout cas sur la Côte. Sinon plaisir de jouer avec les " cliques et les claques " et l'énorme exploitation touristique de ces pauvre hères.
Le père et le fils sont vrais, même que le père au moment de la photographie bombait le torse les deux poings sur les hanches, pendant qu'une dame âgée, entièrement perdue dans une combinaison de plongée, casquette vissée sur la tête et lunettes de soleil s'apprêtait à prendre son bain matinal pas loin du Négresco vers les 8h30 du matin.
Que de portraits délicieux se perdent...

touché ...j'y suis ...

J'aime beaucoup les deux dernières strophes et plus particulièrement Pas d’enfant rose au rire d’agate / Pas d’instants pris sur le malheur.

Tout comme j'aime le côté faussement décousu de l'ensemble, l'amertume déguisée de cette mélancolie nostalgique... j'aime tout en fait :-)