Exo lettre d'insulte : A la moue de dégoût

Je ne l’aime pas non, ta bouche assassine, quand elle est tordue comme ça, quand elle me bouffe de toute sa condescendance boulimique, prête à vomir tous les rebonds de mon corps indigeste. Et même parfois, elle me fend, ta moue déchirée comme un mot, tortueux, inaudible, et tonitruant comme une pierre jetée à la ricoche incessante. Incisive et incessante. Et je ne l’aime pas plus, non, l’écho qui l’accompagne, le bruit circulaire, métallique et circulaire, de l’amour propre balancé à la machine à boue. Lessivée, essorée, encore et encore, et encore, sous la voute de tes pieds. J’en ai –le matin le soir la nuit -le corps qui tressaille, d’entendre la porte d’entrée, le bruit des pas dans l’escalier, la voiture qui se gare. Les bruits d’arrivée. Tous les symptômes sonores. Les épiphénomènes d’avant la moue. Et d’entendre mon corps-leucocyte qui se tend et qui se voute pour l’accueillir, l’amortir, la laisser glisser puis se fracasser quelque part entre mon pied et le sol carrelé. Non, je ne l’aime pas la moue, comme si chaque pore de ma peau prenait la tienne en otage, la mitraillait de décharges, courants, messages électriques jusqu’à ce qu’elle se torde de douleur, d’un contact qui te torture au plus profond. Alors dis-moi comment la supporter cette putain de moue, quand je sais que derrière cette torsion minime, derrière cette bouche asymétrique, maîtrisée à peine, à grand peine, se cache un flot interminable de mots que tu dégueulerais bien, et que tu ravales à grand verre de bienséance ou de foutu respect ou retenue ou d’un je ne sais quoi que t’as ressorti soudain du tréfonds de je ne sais d’où, ramassé au puits de l’éducation peut-être, ou du peu de considération que je t’évoque encore quelques fois. Un flot oui, un flot. Mais que je te force à ravaler. Mais que je te force à ravaler tout au fond de ton gosier que j’écœure de mon corps crépon qui dans sa chute vient sans cesse s’effilocher contre les parois de ta gorge râpeuse et se suspendre comme un cadavre de chiffon au piège de tes branches de chair. Et ce que je déteste le plus là dedans, si tu veux savoir, c’est la mienne de moue qui écrit ces mots là, en repensant à la tienne de moue qui me grignote, et à mon corps, et à mon abord du monde, et à mon être-là-devant-toi qui la provoquent, m’arrêtant d’un demi-mot à l’autre au coin des phrases noueuses, paralysée d’un mal à pleurer, là, de tant de rancœur tout à coup alors que peut-être cette moue là c’est pas tout ça qu’elle voulait dire au fond, c’est pas un flot interminable qu’elle cache là derrière, mais tout au plus une distance, tout juste comme tu regarderais dériver un morceau de pont mort qui flotte à l’eau, exhibant son cadavre de bois. J’aime pas ta moue parce qu’au final elle se tait comme si je l’avais étouffée de moi, et que j’aurais préféré quelques fois un ou deux flots de mots, même assassins, même à en crever, même à ne s’en pas relever, mais enfin, quelque chose d’audible.

gnagnagna.

J’aime pas ta moue parce qu’au final elle se tait comme si je l’avais étouffée de moi

Le rêve, la féérie. Avatar, woodywoodpecker "derrière la porte verte" ... Les aventure des orphelins Baudelaire... Jessie Slaughter, Nicolas Sarkosy. Yeah !

On dirait Yali avec une scarlatine qui s'emmerde tellement qu'il essaye la contrainte. C'est vrai. je déconne pas.

J'aime bien, c'est expressif.

Mes remarques :
J’en ai –le matin le soir la nuit -le corps qui tressaille : typographie, selon les normes françaises, le trait d’union « - » ne suffit pas à fermer une incise, il faut prévoir le demi cadratin ou le gngngn cadratin (je ne connais pas le terme), « – » ou « — » ; par ailleurs, il faut prévoir une espace après les tirets ouvrant et fermant l’incise
Et d’entendre mon corps-leucocyte qui se tend : typographies, selon les normes françaises, le trait d’union « - » ne suffit pas à fermer une incise, il faut prévoir le demi cadratin ou le gngngn cadratin (je ne connais pas le terme), « – » ou « — » ; par ailleurs, il faut prévoir une espace avant et après le tiret ouvrant et l’incise
« maîtrisée à peine, à grand-peine (trait d’union) »
« du peu de considération que je t’évoque encore quelquefois (et non « quelques fois ») »
« ce que je déteste le plus là-dedans (trait d’union) »
« la mienne de moue qui écrit ces mots-là (trait d’union) »
« j’aurais préféré quelquefois (et non « quelques fois ») un ou deux flots de mots »

c'est l'esprit de clan ! : -)))

Je crois que tu te trompes sur le côté esprit de clan ; je ne connais pas l'auteur.

Je plaisante, je suis bourré, vois-tu. Et c'est agréable.

t'as tes ragnagnas on dirait

sorry pour le comm de comm

je reviendrai commenter...là je ne sais quoi penser de ce texte... j'suis entre deux sentiments...

Tu auras compris, au-delà de l'insolence, que cette direction de l'écriture moderne m'inquiète, parce qu'elle bluffe , vraiment bien, elle donne du plaisir,
ludique, jouissive, mais elle laisse en évidence le doute, aussi, de n'avoir rien à dire, rien à enseigner, rien à communiquer, encore moins à raconter, rien à rêver. Alors quel parti soutenir ? Quel parti prendre ? Je n'ai pas personnellement la réponse.

Voilà. Je sais, jaon doe.
Moi aussi je fais la moue comme si tu m'avais étouffé de mots.
Alors d'un côté c'est pas mal, peut-être habile peut-être virtuose que le fond et la forme s'épousent ainsi, d'autre part ça devient indigeste et pléonasmique.
J'aurai préféré plus de contraste sans doute. Un ton froid voire glacial pour raconter cette colère de l'autre, déguisée en soumission .
Bon en même temps ce silence évoqué en cataractes de mots est un contraste. Certes.
Faut que j'affine ma critique.

J’aime pas ta moue parce qu’au final elle se tait comme si je l’avais étouffée de moi,

C'est du Franck Ribery. J'ai retourné la phrase dans toute sa splendeur. C'est du Franck Ribery.

Bon, Panda, s'il te plait

Hé ben ! Je ne sais que dire du coup. Juste que je me doute bien parce que c'est sensible, que ce texte n'est pas qu'une logorrhée primaire, que ces mots n'ont pas été jetés en désordre au fur et à mesure qu'ils venaient à l'esprit du narrateur ; non, ces lignes sont le fruit d'un gros travail sur l'expression, c'est sensible à plusieurs endroits. Evidence, me diras-tu. Evidemment.
De façon générale, je suis très preneuse de ces textes gueuloirs, vomitoires, ; concernant celui-ci en particulier, j'aurais juste peut-être aimé précisément un peu moins de maîtrise dans l'expression, plus de désordre ; mais c'est vraiment histoire de dire parce que je trouve quand même que dans le genre, c'est réussi.

Oui, c'est vrai, c'est un peu aller trop loin dans le vertige. Je présente mes excuse à l'auteur pour cette phrase extraite et assortie d'une comparaison débile. Pour le fond du propos, ivre ou pas, le débat sur la communication est trop lourd.

Que de tralala... pas vu ni les insultes, ni les contraintes. Le tout m'a paru verbeux et laborieux, un peu plus d'énergie se serait très bien supportée, à mon avis, primaire, brutale, sarcastique, méchante, ignoble si possible. Là, j'ai l'impression d'une eau qui s'étale, marécageusement. Ca se défend très bien en soi, mais alors il ne faut pas le mettre en exo Lettre d'insultes, c'est complètement hors sujet.

Hé bé... j'aimerais pas me prendre ça dans la tronche parce que c'est plus vicelard qu'un poing. Sous les effets et fioritures de langage (pas inutiles à mes yeux) sourd une vraie violence qui fait mal, s'insinue pour ronger de l'intérieur. Ouaip, de l'insulte pas belle que celle-ci parce quelle s'adresse à quelqu'un soucieux de lui et/ou de son apparence je le ressens de la sorte) et ça ne peut que blesser.

Bon j'ai dû passer à côté de quelque chose ! je croyais que c'était un exo d'insultes, et là je n'en lis guère : on est plutôt dans le fiel et la bile, dégoulinants, certes, mais loin de ce que j'imaginais .
Pour moi, l'insulte est une sorte de slogan qui percute par sa méchanceté et son côté inattendu , pas un pot de glu jeté sur l'autre.( C'est vrai que la méchanceté est ici au rendez-vous, mais sous sa forme sournoise, comme le souligne Sahkti)

Voilà pour le fond, quand à la forme, j'ai trouvé quelques formules très travaillés mais étouffées quand même dans la masse.
Le traitement "en bloc compact" va bien avec le sujet, certes, mais c'est un peu répulsif .

Voilà, je ne regrette pas mon effort pour avoir vaincu lu ce texte, il en valait la peine .