La lettre
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La lettre
Je poste ici un texte un peu ancien déjà, mais qui vient en prélude à une suite qui se dessine doucement. Je n'avais pas vraiment l'intention d'écrire quelque chose de construit, je suis plus poésie, mais les bouts de textes se rejoignant, je soumets le tout à votre critique.
Elle était assise à une petite table en bois. La pièce alentour était sombre. Seule une lampe au pied finement ouvragé d’entrelacs entourant ici et là des arbres dénudés éclairait des feuillets épars devant elle. Entre ses mains une tasse de tisane presque bouillante. Elle la serrait si fort qu’on eut dit qu’elle voulait aspirer toute la chaleur qui s’en dégageait. Elle avait si froid ! Elle la tenait tout contre ses lèvres et humait le parfum d’amande que le liquide exhalait sans pour autant y toucher. Ses pensées vagabondaient, revenant invariablement vers cette nuit qu’elle aurait voulu oublier. Alors que les larmes se mettaient à couler sur ses joues déjà humides, elle reposa la tasse, choisit en soupirant, parmi les plumes de calligraphie posées négligemment près d’un encrier, la plus large, et commença à dessiner des arabesques. Tracer ces ciselures noires de chine qui finissaient par former comme une dentelle sur le papier ambré l’apaisait. Elle devait se reprendre si elle voulait écrire. Elle voulait pouvoir expliquer clairement ce qu’elle ressentait et pourquoi elle en était arrivée là. Le dessin d’une salamandre s’insinua dans son esprit. Elle repensa à cette phrase qu’elle avait notée un jour qu’elle feuilletait un livre d’architecture. La salamandre devait inciter à trouver la paix et la confiance en Dieu quels que fussent les aléas de la vie. Elle ne croyait plus en Dieu, mais elle se souvenait de la paix et de la confiance. Elle se souvint de leur saveur, de leur parfum. Oui, elle dessinerait une salamandre. Peut-être saurait-elle de nouveau marcher dans le feu comme cet animal mythique ?
Son dessin terminé, elle mit la feuille de côté, posa sa plume et, munie d’un stylo, elle entreprit d’écrire le brouillon d’une lettre.
« Mon Ami, si je disparaissais aujourd’hui, tu serais le seul à n’éprouver que regrets et tristesse. Ta vie n’en serait pas affectée. Ne te resteraient en mémoire que quelques instants et quelques mots. Le lien n’a jamais été aussi fragile...»
Lentement, les mots s’espacèrent. La voix qui dictait la lettre se tut et des images prirent leur place, souvenirs de cette étrange nuit où vaincue, elle avait abandonné tout espoir. Elle se souvint qu’elle était sortie nu-pieds dans la froide obscurité. Depuis longtemps déjà l’été était passé et bien que les journées fissent oublier cela, l’herbe qui se couvrait d’une rosée glacée lorsque le soleil disparaissait, rappelait que l’hiver approchait. Elle avait même oublié de mettre une veste ou un gilet. Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée. Elle avait suivi une ombre. Elle ne pensait pas. Elle ne ressentait rien, pas plus la froidure nocturne que celle du chemin sous ses pieds. Elle n’avait pas réfléchi lorsqu’elle avait saisi en passant ces quelques feuilles. Elle les avait humées. Elle avait respiré l’arôme d’amande comme si cela avait été un parfum rare, avait goûté leur amertume et l’idée, absente l’instant d’avant, s’était imposée. Elle s’était rendu compte qu’il y en avait trop peu. Elle en avait alors cherché d’autres et puis, estimant qu’elle en avait assez, elle avait consciencieusement mâché les feuilles une par une pour en extraire jusqu’à la dernière goutte de suc, savourant presque ce poison. Elle se souvint de l’âpreté du goût et comment l’amertume, presque agréable au début avait explosé sur son palais, comment ses papilles s’étaient brusquement révoltées et la révulsion qui avait arrêté un instant son geste. Comment elle s’était forcée à continuer et comment elle avait été vaincue par la nausée qui l’avait empêchée de déglutir correctement alors qu’il lui restait encore deux ou trois feuilles dans la main.
Elle se souvint du rictus de dégoût, qu’elle avait imaginé hideux, dans lequel s’étaient crispées ses lèvres, premier signe de paralysie. Peu à peu chacun de ses traits s’étaient figés et ce fut tout son visage bientôt qu’elle ne senti plus sous ses doigts. Fascinée, elle avait lutté contre la nausée – elle ne voulait pas être malade – et avait attendu que la paralysie gagnât le reste de son corps. Son esprit déjà s’embrumait. Elle avait imaginé, espéré, sentir son cœur ralentir, ralentir jusqu’à ce qu’il n’eût plus assez de force pour faire circuler cette sève qui avait refusé de s’écouler par le passé. Rien de cela ne s’était produit. Elle avait continué de suivre l’ombre et arrivée à l’océan, la torpeur de la face n’était plus, l’air marin avait achevé de dissiper les brumes du cerveau. Ainsi, ce fut pleinement en vie qu’elle s’était tenue face aux rouleaux de cette eau aussi noire que le ciel. Seule l’écume des vagues révélait les mouvements de cette mer dont la violence inexplicable –il n’y avait pas de vent- faisait comme un pendant au vide assourdissant qui s’était fait en elle en étouffant le bruit qu’il faisait.
Comme un fantôme elle était restée sur le sable glacée, fascinée par ce ballet incessant, s’imaginant un instant aller de l’avant, aller vers le Sidh. Mais elle ne voulait déranger personne. Sa disparition aurait entraîné trop de remous, ceux de l’océan suffisaient et puis, l’ombre veillait. Elle avait laissé l’eau venir lécher ses pieds et les réchauffer d’une douceur inattendue. Une vague un peu plus audacieuse l’avait bousculée, l’invitant presque à les rejoindre elle et ses sœurs. Elle s’était détournée et avait continué de marcher sur la grève espérant assister au lever du soleil, ignorant le froid qui s’insinuait en elle. C’était le cœur de la nuit. L’astre solaire ne se montrerait pas avant plusieurs heures, alors elle avait renoncé, une fois de plus, à voir le jour se lever et était rentrée.
Elle huma la tasse du breuvage qui fumait toujours. Elle avait fait une décoction. La tisane était si sombre. Etait-ce là la couleur de l’amertume ? Elle hésitait. Son ami lui pardonnerait-il ? La première fois elle avait été comme possédée, mais là elle était pleinement consciente. Elle trempa ses lèvres dans le liquide encore chaud. Elle s’était habituée au goût. Elle avala de longues gorgées. Ses pensées se tournèrent de nouveau vers son ami. Il était le seul qui lui eût jamais donné l’envie de vivre quand tous les autres autour d’elle lui interdisaient de mourir, la culpabilisant sans cesse de l’abandon que cela signifiait. Il l’avait si souvent soutenue. Il avait lu ses mots, écouté et pansé ses maux. Elle reposa la tasse en repensant à toutes les fois où il avait été là, à toutes les fois où elle avait promis de s’accrocher à ce lien qui s’était tissé.
Elle s’était lancée dans l’étude des philosophies orientales, avait lu de grands maîtres soufis, de grands théologiens chrétiens, s’était intéressée à l’ésotérisme. Elle avait cru trouver des réponses et il avait été là pour la guider dans les méandres d’un chemin sur lequel plus d’une fois elle avait cru se perdre. Aujourd’hui c’est en elle-même qu’elle se perdait. A quel moment cela avait-il commencé ? Elle n’aurait su le dire avec certitude, mais ce fut cette nuit-là, certainement, que les derniers lambeaux d’espoir s’en étaient allés, qu'elle avait vraiment abandonné.
Tout plutôt que ce vide étourdissant. Elle reprit la tasse, avala de nouveau une gorgée du breuvage, tiède à présent. Un frisson lui parcourut le corps. Il lui semblait que cela devenait de plus en plus amer. Ses yeux se posèrent sur la lettre, puis sur le dessin de la salamandre. Celle-ci rampait vers le haut comme si elle eût voulu s’extraire de cette gangue espérant peut-être échapper aux ténèbres qui envahissaient la pièce, alors que la nuit s’avançait. Distraitement ses mains abandonnèrent la tasse de tisane, elle reprit son stylo. Si elle devait vraiment envoyer cette missive, elle ne la voulait pas plaintive. Elle s’imaginait combien il
devait être pénible de lire sa rechute. Il avait beau avoir l’habitude, il devait sûrement trouver un peu lourd qu’elle partageât ainsi ce mal-être morbide. Il avait sa vie lui aussi, avec tout ce qu’elle comportait de joies et de peines, de difficultés. Il n’avait nul besoin qu’elle vint la lui obscurcir. De plus, elle se sentait redevable envers lui. Elle lui avait promis de vivre et il avait cru en cette promesse, s’était réjoui du chemin parcouru, des moments partagés, sans jamais rien exiger d’autre d’elle que le fait qu’elle fût heureuse.
Elle prit une autre feuille. Elle ne ferait plus jamais de promesses. Si le lien n’était pas une entrave alors jamais il n’entraverait ses projets aussi funestes fussent-ils. Mais elle pouvait peut-être se laisser porter par lui. Elle pouvait essayer au moins. Lui donner une chance, se donner une chance.
Elle sentit que l’anesthésie provoquée par les gorgées qu’elle avait avalées disparaissait déjà. Il n’y avait même pas eu de nausées. C’était comme si son corps avait reconnu le poison et l’avait instantanément digéré. Il lui faudrait trouver autre chose pour essayer de séduire à nouveau la mort avec un tant soit peu d’élégance. Mais pour le moment elle avait envie de lui laisser une opportunité. Elle avait envie de savoir, elle devait d’abord balayer ses doutes. Elle prit la plume et sous le regard protecteur de la salamandre, elle entreprit d’écrire :
Mon Ami, le rêve comme une brume matinale s’est dissipé...
Elle était assise à une petite table en bois. La pièce alentour était sombre. Seule une lampe au pied finement ouvragé d’entrelacs entourant ici et là des arbres dénudés éclairait des feuillets épars devant elle. Entre ses mains une tasse de tisane presque bouillante. Elle la serrait si fort qu’on eut dit qu’elle voulait aspirer toute la chaleur qui s’en dégageait. Elle avait si froid ! Elle la tenait tout contre ses lèvres et humait le parfum d’amande que le liquide exhalait sans pour autant y toucher. Ses pensées vagabondaient, revenant invariablement vers cette nuit qu’elle aurait voulu oublier. Alors que les larmes se mettaient à couler sur ses joues déjà humides, elle reposa la tasse, choisit en soupirant, parmi les plumes de calligraphie posées négligemment près d’un encrier, la plus large, et commença à dessiner des arabesques. Tracer ces ciselures noires de chine qui finissaient par former comme une dentelle sur le papier ambré l’apaisait. Elle devait se reprendre si elle voulait écrire. Elle voulait pouvoir expliquer clairement ce qu’elle ressentait et pourquoi elle en était arrivée là. Le dessin d’une salamandre s’insinua dans son esprit. Elle repensa à cette phrase qu’elle avait notée un jour qu’elle feuilletait un livre d’architecture. La salamandre devait inciter à trouver la paix et la confiance en Dieu quels que fussent les aléas de la vie. Elle ne croyait plus en Dieu, mais elle se souvenait de la paix et de la confiance. Elle se souvint de leur saveur, de leur parfum. Oui, elle dessinerait une salamandre. Peut-être saurait-elle de nouveau marcher dans le feu comme cet animal mythique ?
Son dessin terminé, elle mit la feuille de côté, posa sa plume et, munie d’un stylo, elle entreprit d’écrire le brouillon d’une lettre.
« Mon Ami, si je disparaissais aujourd’hui, tu serais le seul à n’éprouver que regrets et tristesse. Ta vie n’en serait pas affectée. Ne te resteraient en mémoire que quelques instants et quelques mots. Le lien n’a jamais été aussi fragile...»
Lentement, les mots s’espacèrent. La voix qui dictait la lettre se tut et des images prirent leur place, souvenirs de cette étrange nuit où vaincue, elle avait abandonné tout espoir. Elle se souvint qu’elle était sortie nu-pieds dans la froide obscurité. Depuis longtemps déjà l’été était passé et bien que les journées fissent oublier cela, l’herbe qui se couvrait d’une rosée glacée lorsque le soleil disparaissait, rappelait que l’hiver approchait. Elle avait même oublié de mettre une veste ou un gilet. Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée. Elle avait suivi une ombre. Elle ne pensait pas. Elle ne ressentait rien, pas plus la froidure nocturne que celle du chemin sous ses pieds. Elle n’avait pas réfléchi lorsqu’elle avait saisi en passant ces quelques feuilles. Elle les avait humées. Elle avait respiré l’arôme d’amande comme si cela avait été un parfum rare, avait goûté leur amertume et l’idée, absente l’instant d’avant, s’était imposée. Elle s’était rendu compte qu’il y en avait trop peu. Elle en avait alors cherché d’autres et puis, estimant qu’elle en avait assez, elle avait consciencieusement mâché les feuilles une par une pour en extraire jusqu’à la dernière goutte de suc, savourant presque ce poison. Elle se souvint de l’âpreté du goût et comment l’amertume, presque agréable au début avait explosé sur son palais, comment ses papilles s’étaient brusquement révoltées et la révulsion qui avait arrêté un instant son geste. Comment elle s’était forcée à continuer et comment elle avait été vaincue par la nausée qui l’avait empêchée de déglutir correctement alors qu’il lui restait encore deux ou trois feuilles dans la main.
Elle se souvint du rictus de dégoût, qu’elle avait imaginé hideux, dans lequel s’étaient crispées ses lèvres, premier signe de paralysie. Peu à peu chacun de ses traits s’étaient figés et ce fut tout son visage bientôt qu’elle ne senti plus sous ses doigts. Fascinée, elle avait lutté contre la nausée – elle ne voulait pas être malade – et avait attendu que la paralysie gagnât le reste de son corps. Son esprit déjà s’embrumait. Elle avait imaginé, espéré, sentir son cœur ralentir, ralentir jusqu’à ce qu’il n’eût plus assez de force pour faire circuler cette sève qui avait refusé de s’écouler par le passé. Rien de cela ne s’était produit. Elle avait continué de suivre l’ombre et arrivée à l’océan, la torpeur de la face n’était plus, l’air marin avait achevé de dissiper les brumes du cerveau. Ainsi, ce fut pleinement en vie qu’elle s’était tenue face aux rouleaux de cette eau aussi noire que le ciel. Seule l’écume des vagues révélait les mouvements de cette mer dont la violence inexplicable –il n’y avait pas de vent- faisait comme un pendant au vide assourdissant qui s’était fait en elle en étouffant le bruit qu’il faisait.
Comme un fantôme elle était restée sur le sable glacée, fascinée par ce ballet incessant, s’imaginant un instant aller de l’avant, aller vers le Sidh. Mais elle ne voulait déranger personne. Sa disparition aurait entraîné trop de remous, ceux de l’océan suffisaient et puis, l’ombre veillait. Elle avait laissé l’eau venir lécher ses pieds et les réchauffer d’une douceur inattendue. Une vague un peu plus audacieuse l’avait bousculée, l’invitant presque à les rejoindre elle et ses sœurs. Elle s’était détournée et avait continué de marcher sur la grève espérant assister au lever du soleil, ignorant le froid qui s’insinuait en elle. C’était le cœur de la nuit. L’astre solaire ne se montrerait pas avant plusieurs heures, alors elle avait renoncé, une fois de plus, à voir le jour se lever et était rentrée.
Elle huma la tasse du breuvage qui fumait toujours. Elle avait fait une décoction. La tisane était si sombre. Etait-ce là la couleur de l’amertume ? Elle hésitait. Son ami lui pardonnerait-il ? La première fois elle avait été comme possédée, mais là elle était pleinement consciente. Elle trempa ses lèvres dans le liquide encore chaud. Elle s’était habituée au goût. Elle avala de longues gorgées. Ses pensées se tournèrent de nouveau vers son ami. Il était le seul qui lui eût jamais donné l’envie de vivre quand tous les autres autour d’elle lui interdisaient de mourir, la culpabilisant sans cesse de l’abandon que cela signifiait. Il l’avait si souvent soutenue. Il avait lu ses mots, écouté et pansé ses maux. Elle reposa la tasse en repensant à toutes les fois où il avait été là, à toutes les fois où elle avait promis de s’accrocher à ce lien qui s’était tissé.
Elle s’était lancée dans l’étude des philosophies orientales, avait lu de grands maîtres soufis, de grands théologiens chrétiens, s’était intéressée à l’ésotérisme. Elle avait cru trouver des réponses et il avait été là pour la guider dans les méandres d’un chemin sur lequel plus d’une fois elle avait cru se perdre. Aujourd’hui c’est en elle-même qu’elle se perdait. A quel moment cela avait-il commencé ? Elle n’aurait su le dire avec certitude, mais ce fut cette nuit-là, certainement, que les derniers lambeaux d’espoir s’en étaient allés, qu'elle avait vraiment abandonné.
Tout plutôt que ce vide étourdissant. Elle reprit la tasse, avala de nouveau une gorgée du breuvage, tiède à présent. Un frisson lui parcourut le corps. Il lui semblait que cela devenait de plus en plus amer. Ses yeux se posèrent sur la lettre, puis sur le dessin de la salamandre. Celle-ci rampait vers le haut comme si elle eût voulu s’extraire de cette gangue espérant peut-être échapper aux ténèbres qui envahissaient la pièce, alors que la nuit s’avançait. Distraitement ses mains abandonnèrent la tasse de tisane, elle reprit son stylo. Si elle devait vraiment envoyer cette missive, elle ne la voulait pas plaintive. Elle s’imaginait combien il
devait être pénible de lire sa rechute. Il avait beau avoir l’habitude, il devait sûrement trouver un peu lourd qu’elle partageât ainsi ce mal-être morbide. Il avait sa vie lui aussi, avec tout ce qu’elle comportait de joies et de peines, de difficultés. Il n’avait nul besoin qu’elle vint la lui obscurcir. De plus, elle se sentait redevable envers lui. Elle lui avait promis de vivre et il avait cru en cette promesse, s’était réjoui du chemin parcouru, des moments partagés, sans jamais rien exiger d’autre d’elle que le fait qu’elle fût heureuse.
Elle prit une autre feuille. Elle ne ferait plus jamais de promesses. Si le lien n’était pas une entrave alors jamais il n’entraverait ses projets aussi funestes fussent-ils. Mais elle pouvait peut-être se laisser porter par lui. Elle pouvait essayer au moins. Lui donner une chance, se donner une chance.
Elle sentit que l’anesthésie provoquée par les gorgées qu’elle avait avalées disparaissait déjà. Il n’y avait même pas eu de nausées. C’était comme si son corps avait reconnu le poison et l’avait instantanément digéré. Il lui faudrait trouver autre chose pour essayer de séduire à nouveau la mort avec un tant soit peu d’élégance. Mais pour le moment elle avait envie de lui laisser une opportunité. Elle avait envie de savoir, elle devait d’abord balayer ses doutes. Elle prit la plume et sous le regard protecteur de la salamandre, elle entreprit d’écrire :
Mon Ami, le rêve comme une brume matinale s’est dissipé...
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 59
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: La lettre
Une belle écriture classique mais j'ai l'impression toute personnelle de me débattre au coeur d'une forêt vierge tant tout cela est touffu, abondant, luxuriant, au point d'y perdre le fil du récit.
Il y a à mon avis un fort déséquilibre dans ce texte entre l'argument, le sujet du récit qui disparaît, étouffé par la densité de l'expression, noyé dans les longues phrases, les circonvolutions du style, la répétition obsédante du "elle" aussi.
Je ne dis pas que c'est mauvais, je dis que ça ne correspond pas à mon goût, à ce que je recherche dans mes lectures. J'espère que les avis suivants seront plus encourageants.
Il y a à mon avis un fort déséquilibre dans ce texte entre l'argument, le sujet du récit qui disparaît, étouffé par la densité de l'expression, noyé dans les longues phrases, les circonvolutions du style, la répétition obsédante du "elle" aussi.
Je ne dis pas que c'est mauvais, je dis que ça ne correspond pas à mon goût, à ce que je recherche dans mes lectures. J'espère que les avis suivants seront plus encourageants.
Invité- Invité
Re: La lettre
Bonjour MirOirObscur,
C'est bien fait.
J'ai cependant relevé une répétition : "... qu'elle ne sentit plus... Elle avait imaginé... sentir..." et un rapprochement malheureux : "Sa disparition aurait provoqué trop de remous, ceux de l'océan suffisait...". A mon modeste avis seulement
La progression de l'héroïne dans la dépression est bien montrée ainsi que son combat pour tenter d'échapper à cette torpeur et aux idées suicidaires qui la hantent figurées par cette absorption manquée de feuilles d'amande. Actes manqués qui laissent présager une lueur d'espoir, la salamandre qui prend vie dans l'ombre ne va-t-elle pas devenir son animal totémique ? Pour le moins l'héroïne se bat.
Ce texte, bien construit, sombre, demande une suite...
C'est bien fait.
J'ai cependant relevé une répétition : "... qu'elle ne sentit plus... Elle avait imaginé... sentir..." et un rapprochement malheureux : "Sa disparition aurait provoqué trop de remous, ceux de l'océan suffisait...". A mon modeste avis seulement
La progression de l'héroïne dans la dépression est bien montrée ainsi que son combat pour tenter d'échapper à cette torpeur et aux idées suicidaires qui la hantent figurées par cette absorption manquée de feuilles d'amande. Actes manqués qui laissent présager une lueur d'espoir, la salamandre qui prend vie dans l'ombre ne va-t-elle pas devenir son animal totémique ? Pour le moins l'héroïne se bat.
Ce texte, bien construit, sombre, demande une suite...
brabant- Nombre de messages : 159
Age : 80
Localisation : Nord
Date d'inscription : 27/02/2012
Re: La lettre
Une belle écriture classique. Je ne m'exprimerait pas sur le fond mais sur la forme et en particulier la profusion du pronom "elle" (utilisé plus de 100 fois sur un texte de 1647 mots) ; quelques exemples et quelques "possibles" (en toute subjectivité) :
- "Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée. Elle avait suivi une ombre. Elle ne pensait pas. Elle ne ressentait rien" : Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée, avait suivi une ombre, ne pensant pas, ne ressentant rien…
- "Elle en avait alors cherché d’autres et puis, estimant qu’elle en avait assez, elle avait consciencieusement mâché les feuilles une par une…" : Elle en avait alors cherché d’autres, puis, estimant en avoir assez, avait consciencieusement mâché les feuilles une par une…
Des lourdeurs (qu'elle…qu'elle) me semble-t-il ; exemple :
"Elle repensa à cette phrase qu’elle avait notée un jour qu’elle feuilletait un livre d’architecture" : Elle repensa à cette phrase notée un jour alors qu’elle feuilletait un livre d’architecture.
Parfois les phrases gagneraient à être plus courtes.
Cordialement
- "Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée. Elle avait suivi une ombre. Elle ne pensait pas. Elle ne ressentait rien" : Elle était sortie comme hypnotisée, anesthésiée, avait suivi une ombre, ne pensant pas, ne ressentant rien…
- "Elle en avait alors cherché d’autres et puis, estimant qu’elle en avait assez, elle avait consciencieusement mâché les feuilles une par une…" : Elle en avait alors cherché d’autres, puis, estimant en avoir assez, avait consciencieusement mâché les feuilles une par une…
Des lourdeurs (qu'elle…qu'elle) me semble-t-il ; exemple :
"Elle repensa à cette phrase qu’elle avait notée un jour qu’elle feuilletait un livre d’architecture" : Elle repensa à cette phrase notée un jour alors qu’elle feuilletait un livre d’architecture.
Parfois les phrases gagneraient à être plus courtes.
Cordialement
Invité- Invité
Re: La lettre
Rupture sentimentale ? Mal-être ? Et cette salamandre ? Beaucoup d'éléments obscurs qui nuisent à la fluidité du récit. Si ce n'est qu'un début, j'imagine que tout va se mettre en place par la suite. Pour l'instant je patauge.
L'écriture est particulièrement dense, privilégiant l'introspection d'où l'omniprésence du "elle" qui n'est qu'un "je" déguisé. Attention à ne pas sombrer dans trop de narcissisme mélancolique qui repousserait le lecteur !
Une phrase lourde à revoir je pense :"Seule l’écume des vagues révélait les mouvements de cette mer dont la violence inexplicable –il n’y avait pas de vent- faisait comme un pendant au vide assourdissant qui s’était fait en elle en étouffant le bruit qu’il faisait."
Dans l'attente que le voile se lève ...
L'écriture est particulièrement dense, privilégiant l'introspection d'où l'omniprésence du "elle" qui n'est qu'un "je" déguisé. Attention à ne pas sombrer dans trop de narcissisme mélancolique qui repousserait le lecteur !
Une phrase lourde à revoir je pense :"Seule l’écume des vagues révélait les mouvements de cette mer dont la violence inexplicable –il n’y avait pas de vent- faisait comme un pendant au vide assourdissant qui s’était fait en elle en étouffant le bruit qu’il faisait."
Dans l'attente que le voile se lève ...
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: La lettre
Je vous remercie d'avoir lu et critiqué.
Le commentaire lourd, touffu donc nuisible à la lecture revient d'une manière ou d'une autre, aussi je me permets de répondre afin d'apporter quelques éléments.
En fait je ne sais pas où je vais dans l'écriture de cette histoire. Elle est née d'une rencontre, puis d'un voyage dans un train poussif et bondé.
J'ai du mal à écrire sous forme de récit. Le personnage de cette histoire n'aurait jamais du dépasser 20 lignes !
Donc oui c'est touffu (certains passages sont en fait des poèmes remis en forme) : je vais m'appliquer à alléger.
Le "Elle" qui revient souvent c'est juste parce que tout simplement je ne sais pas qui "elle" est, je ne connais pas son histoire. Un "je" déguisé ? Intéressant ! Je ne crois pas, mais je vais explorer l'idée ! En tout cas depuis bientôt six mois, des bouts de son histoire s'écrivent. J'avoue que je n'avais jamais vécu cela : être prise par un personnage !!!
L'idée de la salamandre, vient du fait que lorsque j'écris une lettre je calligraphie une en-tête. Quelques jours avant j'en avait dessiné une. La symbolique m'est apparue intéressante dans ce contexte.
Suite à la rencontre que j'ai faite, j'avais juste envie d'explorer cette limite que j'ai vu chez une jeune femme. Elle n'était pas vraiment dépressive et avait une conscience en décalage avec ce qui l'entourait. Parfois en l'écoutant, je la sentais à la limite de la folie. J'ai vu le film Borderline et cette jeune femme m'a fait penser à l'héroïne de ce film.
Voilà pour les quelques éclaircissements que je peux apporter.
J'ai écrit la lettre, dont la première phrase termine le texte. Mais au vu de vos critiques, je vais la retravailler avant de vous la proposer à la lecture.
Le commentaire lourd, touffu donc nuisible à la lecture revient d'une manière ou d'une autre, aussi je me permets de répondre afin d'apporter quelques éléments.
En fait je ne sais pas où je vais dans l'écriture de cette histoire. Elle est née d'une rencontre, puis d'un voyage dans un train poussif et bondé.
J'ai du mal à écrire sous forme de récit. Le personnage de cette histoire n'aurait jamais du dépasser 20 lignes !
Donc oui c'est touffu (certains passages sont en fait des poèmes remis en forme) : je vais m'appliquer à alléger.
Le "Elle" qui revient souvent c'est juste parce que tout simplement je ne sais pas qui "elle" est, je ne connais pas son histoire. Un "je" déguisé ? Intéressant ! Je ne crois pas, mais je vais explorer l'idée ! En tout cas depuis bientôt six mois, des bouts de son histoire s'écrivent. J'avoue que je n'avais jamais vécu cela : être prise par un personnage !!!
L'idée de la salamandre, vient du fait que lorsque j'écris une lettre je calligraphie une en-tête. Quelques jours avant j'en avait dessiné une. La symbolique m'est apparue intéressante dans ce contexte.
Suite à la rencontre que j'ai faite, j'avais juste envie d'explorer cette limite que j'ai vu chez une jeune femme. Elle n'était pas vraiment dépressive et avait une conscience en décalage avec ce qui l'entourait. Parfois en l'écoutant, je la sentais à la limite de la folie. J'ai vu le film Borderline et cette jeune femme m'a fait penser à l'héroïne de ce film.
Voilà pour les quelques éclaircissements que je peux apporter.
J'ai écrit la lettre, dont la première phrase termine le texte. Mais au vu de vos critiques, je vais la retravailler avant de vous la proposer à la lecture.
mir0ir0bscur- Nombre de messages : 91
Age : 59
Date d'inscription : 05/11/2010
Re: La lettre
Bonsoir,
A mon avis, l'écriture ample et dense convient très bien à cette introspection ... au cours de laquelle "elle" ne trouve rien d'autre qu'une promesse qui la retienne de ne pas se rendre à son rendez-vous avec l'éternité.
Les deux passages imaginés vers l'autre rive s'annulent : les effets trop faibles du poison sont anihilés par l'air de l'océan qui ne se refermera pas sur "elle".
La salamandre, quant à elle, ne sera immortelle que sur le papier ...
Amicalement,
midnightrambler
A mon avis, l'écriture ample et dense convient très bien à cette introspection ... au cours de laquelle "elle" ne trouve rien d'autre qu'une promesse qui la retienne de ne pas se rendre à son rendez-vous avec l'éternité.
Les deux passages imaginés vers l'autre rive s'annulent : les effets trop faibles du poison sont anihilés par l'air de l'océan qui ne se refermera pas sur "elle".
La salamandre, quant à elle, ne sera immortelle que sur le papier ...
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
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