Quelque chose de beau

Aujourd'hui j'aurais voulu écrire quelque chose de beau
Trouver des mots aux goûts de fruits et d'aurores
Comme une source nouvelle
Comme l'ombre d'un oiseau qui frôle un nuage

Il y aurait eu des moments de calme et de couleurs
Des instants d'étoiles entre les nénuphars
Le surgissement très doux d'une odeur très rare
et un regard, à peine entrevu, entre les herbes hautes

J'aurais su dire le murmure assourdi d'une envie
L'or d'un rire qui résonne au loin
La douceur pleine de la mousse quand elle est fière
Et le souffle d'une feuille qui s'endort

J'aurais décrit le tapis de brindilles quand il craque
La nuit dans chacun de ses noirs
Et le voeu que l'on porte en soi depuis des siècles
Jusqu'à ce qu'il devienne une porte, un chemin, ou un arbre mort

J'aurais voulu écrire quelque chose de beau
Le graver sur une écorce neuve
Ou le dessiner dans un recoin du ciel
Avec le bleu très pur des cascades et des rêves

Ajax,

Voilà qui est poétique, trop peut-être...

A force d'images de choses qui "auraient pu être " nous avons là un récit éthéré, à la limite (pour moi) du mièvre, ce d'autant que vous n'avez pas lésiné sur le cliché...de luxe, il est vrai :

mots aux goûts de fruits et d'aurores
source nouvelle
d'étoiles entre les nénuphars
le bleu très pur des cascades et des rêves ( mais quand va-t-on cesser de colorer systêmatiquyement les rêves en bleu ?)

A côté, il y a des images intéressantes :

La douceur pleine de la mousse quand elle est fière
Et le souffle d'une feuille qui s'endort

Et puis, le procédé même du poème me gêne un peu tant il suggère une fausse modestie de principe : ce conditionnel qui laisse entendre que l'auteur n'est pas à la hauteur de son projet mais que, quand même, il va vous en mettre plein la vue. En clair cela me parait finalement relever d'une certaine naïveté stylistique.

Cela dit, si vous voulez bien me pardonner cette vilaine imitation du procédé critiqué, il n'en reste pas moins quelque chose que j'aimerais bien si votre écriture s'avérait moins complaisante.

En dépit de cet accueil un peu mitigé de ma part, je vous souhaite cordialement bienvenue, cher Ajax, et demeure impatiente de vous lire à nouveau.

Aujourd'hui j'aurais voulu écrire quelque chose de beau

Personnellement je trouve qu'on peut ôter le conditionnel.

Tout d'accord avec Hellian. Dans l'ensemble, je trouve le poème maniéré ; le sujet m'agace fort (une tarte à la crème, pour moi), mais c'est personnel.

"le vœu que l'on porte en soi"

Je trouve trop appuyée la volonté de "faire poétique" dans ce texte qui utilise lle vocabulaire, les images convenues du genre.
Je trouve infiniment plus poétique dans sa simplicité le texte que vous avez publié en prose sous le titre "aventure minuscule" dans lequel vous êtes parvenu à rendre émouvante la banalité du quotidien.
Bienvenue sur Vos Ecrits !

Trop poétique ou pas assez, c'est bien dur de trouver le juste milieu, c'est vrai que dans ton texte tu as mis la dose en poétique et qu'elle est trop chargée, mais des images restent plaisantes : le souffle de la feuille par exemple.


Bienvenue ici, c'est dur et surprenant au début (sourire)mais ils ont tous raison dans leurs commentaires, merci à eux !

Oui réellement un peu trop chargé, je me demande si quelque part vous n'avez pas eu le sentiment d'écrire quelque chose de vraiment beau, je ne dis pas que ce poème soit mauvais, loin de moi cette idée. Simple ressenti personnel. Mais en épurant, il y a sans doute sujet à faire plus réaliste. Ne prenez pas mon commentaire à mal, comme je l'ai dit précédemment c'est juste un ressenti.
Bienvenue à vous
Phil

Que donnerait ce poème sans le conditionnel ?
De temps en temps j'aime lire un poème où ne butiner que des extraits de beauté me rapproche de l'essence de la nature...ensuite je retourne vers la réalité.

Quelle drôle d'idée ! Un procédé qui tient de la prétérition : j'en parle d'autant plus que je prétends ne pas en parler.
De belles images qu'il faudrait essayer de diluer, d'assembler, d'associer autrement peut-être pour éviter ce qui me fait l'effet d'une énumération.

Il y a à mes yeux un côté excessif dans ce texte, une sensation de vouloir en faire trop, en particulier dans le choix d'images poétiques "sucrées" qui finit par lasser, voire écœurer.
Car à travers ce souhait, le narrateur étale ce qu'il peut faire et ce pourrait n'est que prétexte à démontration. Un peu lourde la démontration, je trouve.
Le poème y gagnerait sans doute à se délester de quelques-unes de ses images sirupeuses et toutes faites; ça n'en serait que meilleur.