Une pierre dans ce jardin

Une pierre dans ce jardin

C'est un jeu d'enfant, les ciseaux
Sont forts de couper le papier
Qui peut envelopper la pierre.

Pour autant on jette la pierre
Les cheveux tombent des ciseaux
On fait la chasse au sans papier.

Passeport, poème, un papier
Pèse au jardin moins qu'une pierre
Les obiers moins que les ciseaux.

Annie

Alors là, chapeau ! C'est léger et grave à la fois, un peu mystérieux... j'ai beaucoup aimé.

Un assez joli jeu de mot entre ce jeu des enfants dans les jardins et ces jardins où sont les sans papiers.

Bel exemple de concision : tant de choses profondes sont dites en peu de mots, et de façon si subtile !
Bravo. Une réussite. Une sensibilité mise à nu d'une façon très discrète, artistique et efficace.

J'ai aimé cette concision, ces allusions à pierre-ciseaux-feuille...qui renvoient à la légèreté avec laquelle sont traités les sans-papiers, au coeur et à la vie si lourde.

J'aime bien cette récupération du jeu enfantin... ça donne un rythme, mais ce n'est jamais lourd dans la formulation, et puis ça parvient à faire sens, tout en évoquant pas mal d'images
réussi oui!

Une façon astucieuse d'associer innocence et gravité, du double sens habilement distillé (la pierre pesante du jardin à la fin me paraît particulièrement parlante en creux).

Comme quoi, voilà, pas besoin d'artillerie lourde pour faire mouche !
Subtil et agréable, on sourit béatement au début et ...jaune à la fin ! bravo.

Une belle (et édifiante) idée, mais le traitement ne m'a pas totalement convaincu.

Ah ! Que j'aime cette apparente légèreté derrière laquelle les mots menacent de tout leur poids.
A l'image de ces jardins japonais dans lesquels chaque grain de sable est à sa juste place sans bavardage inutile.

Joli aussi le jeu astucieux des rimes qui pèse si peu qu'on ne le remarque pas à la première lecture (c'est pourquoi j'y reviens ;-))

Pas gras, pas chiffonnés, pas cocottes, ces " papiers-là " valent qu'on les ramasse sans les jeter.

Qui peut envelopper la pierre.



Pour envelopper la pierre

c'est plus léger.

belle idée
la gravité se pare de fausse insouciance

du mal sur la sonorité du 2° ver

moi, je suis sous le charme

Joli ! Sans fioritures, subtil, élégant, bien dit. Ah oui, vraiment bien dit. Je félicite !

Merci à toutes et à tous,
je ne sais pas pourquoi certains mots apparaissent en caractères gras, je ne l'ai pas demandé.

Oh, Modération, vous y allez fort, c'est la première fois qu'Annie répond sur ce texte ! Cela ne me choque pas qu'elle remercie, quand même...

Je me réserve le droit de réagir quand Modération, selon mon opinion, y va fort. Cela ne me paraît pas excéder mon rôle de membre de la communauté. Je ne pense pas avoir été agressive dans mon intervention ; dans le cas contraire, si Modération a cru percevoir de l'agressivité, je présente mes excuses.
En tout cas, je ne pense pas qu'il soit souhaitable, ni sain, qu'on s'interdise de piper le moindre mot quand Modération a parlé.

Annie a écrit:Merci à toutes et à tous,
je ne sais pas pourquoi certains mots apparaissent en caractères gras, je ne l'ai pas demandé.

...

Quels mots ? Sur mon écran, rien à signaler, tout est parfait !

un petit texte qui va droit au but et fait mouche, mine de rien. Plaisant

Pour les mots en gras, peut-être un bug. Ou alors ont-ils été remis correctement en forme par un modérateur, je ne suis pas au courant

C'est superbe Annie, je n'ai rien d'autre à dire. Tout est là, dit en quelques mots, quelle belle et forte concision, vraiment.

Au-delà du glissement des trois mots obligés à la rime dans chacun des tercets et de la disparition du "p" dans les trois vers où apparaît le troisième mot ("ciseaux"), ce poème attire l'attention par son extrême concision. Comment parviens-tu à nous faire respirer, à nous faire voir tant de choses dans un resserrement aussi manifeste ? J'admire chez toi cette faculté-là de condenser.

Dans la petite histoire du début, les trois objets apparaissent au sens propre du terme, solidaires les uns des autres par la magie du geste, dans un jeu fascinant à trois temps, sans conséquences, un jeu éternel de l'enfance. Au fil des deux tercets suivants, ton glissement vers le sens figuré (élargissement de la définition première du mot "papier", ouverture de ce mot à divers supports de l'écrit, expressions courantes autour du mot "pierre") montre que le langage, sous des dehors a priori inoffensifs, peut rapidement devenir inquiétant, briser la solidarité première, orienter l'ostracisme, la discrimination.

Merci pour ce partage !