Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
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Lyra will
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Kilis
Chako Noir
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Halicante
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Procuste
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Halicante, j'ai adoré : en quelques lignes, vous campez un personnage inquiétant et émouvant !
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Dur, dur, 6h du matin, je pars travailler !
En fait, là, je mens un peu parce que c'est pas si dur. D'abord, à 6h du mat', y a souvent personne sur la route, tu traces à l'aise, pas trop de camions pour se doubler à 2 kilomètres à l'heure et pas encore non plus les pressés d'arriver à 8h tapantes au boulot.
Oui, ça a du bon. Sans compter que quand j'arrive, y a pas encore grand-monde au bureau et les emmerdeurs, y a pas d'heure pour s'en passer !
J'ai juste un souci avec le concierge. Celui-là, rien à faire, faut toujours qu'il me questionne sur le pourquoi du comment j'arrive si tôt au travail, si j'ai personne dans ma vie, un animal dont m'occuper, une plante verte à arroser. Y a des fois, je n'ai qu'une envie, l'étrangler en le regardant droit dans les yeux et en lui hurlant "tu me fais chier !!". Mais bon, j'ai de l'éducation, je sais que ça se fait pas, donc je ferme ma boîte et je monte tranquillou bosser après avoir répondu un peu n'importe quoi.
Enfin bosser... c'est un grand mot parce qu'à cette heure matinale, à moins d'appeler en Asie, t'as personne qui répond. Alors c'est pas compliqué, je range mon bureau (le plus nickel propre de toute la boîte !), je fais de la place pour mon journal et hop, une heure au moins de lecture sans personne pour venir reluquer au-dessus de ton épaule ou te demander ce que tu es en train de faire. Comme si ça ne se voyait pas...
J'aime ce moment de la matinée, lire la rubrique nécrologie et le programme télé en dernière page avec la météo. Faire les mots croisés aussi. Sauf quand ils sont compliqués.
Puis arrive le moment où je mets une cuillère de Van Houten dans un bol blanc, 8H00.
Et là, tu peux être sûr que c'est précisément ce moment que va choisir mon chef pour débarquer et me raconter sa soirée de la veille. Sans même faire attention au fait que j'étais en train de lire la gazette et que j'allais boire un chocolat chaud. Que je ne bosse pas dès que j'arrive, il s'en fout, tant que les chiffres s'alignent correctement à la fin de la semaine. J'aime bien ça.
Tout comme j'aime le moment où je fais ma première pause café-cigarette vers 10h30. Mais attention hein ! Je ne vais pas dans la cantine couleur hosto où tout le monde se retrouve. Un café-flotte au distributeur du rez-de-chaussée, un bout de trottoir et j'ai ce qu'il me faut. Loin des autres, loin de la foule des casse-pieds qui te causent foot ou caca du petit dernier.
Mais y a toujours ce maudit concierge. Il doit sentir que je suis dehors, pas possible autrement ! Il sort avec son balai pour ramasser des mégots, il râle contre les crottes de clébard, il se lamente parce qu'il n'a plu depuis dix jours et voilà comment je me fais bousiller ma pause de 10h30 par un casse-bonbon que, c'est certain, je finirai un jour par étranger. Et au diable ma bonne éducation ! Qu'est-ce que j'en ai marre de ce type toujours fourré partout à se mêler de tout et surtout de ce qui ne le regarde pas.
Y a des fois, ça tourne à obsession dans ma tête. Je le vois partout.
Le moment où je fais la queue à la cafét pour le déjeuner, vers 12h40. Un sandwich vite expédié, pas envie de traîner à une table en solitaire.
Le moment où je cherche mon courrier, 13h. Là, une fois sur quatre, pire... une fois sur trois, je le croise dans les ascenseurs. Et ça m'énerve, alors je le questionne sur ce qu'il fiche là. Imperturbable, il me répond qu'il fait ses rondes de surveillance. Tu parles ! En pleine journée... il fouine, oui !
Faut que je me le fasse, vraiment. Par n'importe quel moyen.
Demain, tiens ! J'arrive à 4h au lieu de 6h, il va venir voir ce qui se trame et je lui règle son compte. Je ne sais pas encore comment, mais je trouverai. Y a qu'à y penser quand arrive le moment où je me couche (enfin) (23 heures 00).
Le moment où après avoir arrangé mes oreillers selon un protocole invariable, je me coule dans mon lit, puis fais glisser mes chaussettes tour à tour avec la pointe de l'autre pied. Entre onze heures du soir et minuit trente.
J'ai toujours pensé que c'était un des meilleurs moments de la journée, quand on sent ses muscles qui se décrispent et que l'esprit part dans tous les sens. Ce soir, je n'aurai qu'à penser au concierge et demain à coup sûr, je saurai comment faire pour qu'il arrête de me faire chier à être tout le temps dans mon champ de vision.
Et comme ça, demain, je sens bien que je vais savourer le moment où je mets une cuillère de Van Houten dans un bol blanc, 8H00. Même si mon chef débarque.
En fait, là, je mens un peu parce que c'est pas si dur. D'abord, à 6h du mat', y a souvent personne sur la route, tu traces à l'aise, pas trop de camions pour se doubler à 2 kilomètres à l'heure et pas encore non plus les pressés d'arriver à 8h tapantes au boulot.
Oui, ça a du bon. Sans compter que quand j'arrive, y a pas encore grand-monde au bureau et les emmerdeurs, y a pas d'heure pour s'en passer !
J'ai juste un souci avec le concierge. Celui-là, rien à faire, faut toujours qu'il me questionne sur le pourquoi du comment j'arrive si tôt au travail, si j'ai personne dans ma vie, un animal dont m'occuper, une plante verte à arroser. Y a des fois, je n'ai qu'une envie, l'étrangler en le regardant droit dans les yeux et en lui hurlant "tu me fais chier !!". Mais bon, j'ai de l'éducation, je sais que ça se fait pas, donc je ferme ma boîte et je monte tranquillou bosser après avoir répondu un peu n'importe quoi.
Enfin bosser... c'est un grand mot parce qu'à cette heure matinale, à moins d'appeler en Asie, t'as personne qui répond. Alors c'est pas compliqué, je range mon bureau (le plus nickel propre de toute la boîte !), je fais de la place pour mon journal et hop, une heure au moins de lecture sans personne pour venir reluquer au-dessus de ton épaule ou te demander ce que tu es en train de faire. Comme si ça ne se voyait pas...
J'aime ce moment de la matinée, lire la rubrique nécrologie et le programme télé en dernière page avec la météo. Faire les mots croisés aussi. Sauf quand ils sont compliqués.
Puis arrive le moment où je mets une cuillère de Van Houten dans un bol blanc, 8H00.
Et là, tu peux être sûr que c'est précisément ce moment que va choisir mon chef pour débarquer et me raconter sa soirée de la veille. Sans même faire attention au fait que j'étais en train de lire la gazette et que j'allais boire un chocolat chaud. Que je ne bosse pas dès que j'arrive, il s'en fout, tant que les chiffres s'alignent correctement à la fin de la semaine. J'aime bien ça.
Tout comme j'aime le moment où je fais ma première pause café-cigarette vers 10h30. Mais attention hein ! Je ne vais pas dans la cantine couleur hosto où tout le monde se retrouve. Un café-flotte au distributeur du rez-de-chaussée, un bout de trottoir et j'ai ce qu'il me faut. Loin des autres, loin de la foule des casse-pieds qui te causent foot ou caca du petit dernier.
Mais y a toujours ce maudit concierge. Il doit sentir que je suis dehors, pas possible autrement ! Il sort avec son balai pour ramasser des mégots, il râle contre les crottes de clébard, il se lamente parce qu'il n'a plu depuis dix jours et voilà comment je me fais bousiller ma pause de 10h30 par un casse-bonbon que, c'est certain, je finirai un jour par étranger. Et au diable ma bonne éducation ! Qu'est-ce que j'en ai marre de ce type toujours fourré partout à se mêler de tout et surtout de ce qui ne le regarde pas.
Y a des fois, ça tourne à obsession dans ma tête. Je le vois partout.
Le moment où je fais la queue à la cafét pour le déjeuner, vers 12h40. Un sandwich vite expédié, pas envie de traîner à une table en solitaire.
Le moment où je cherche mon courrier, 13h. Là, une fois sur quatre, pire... une fois sur trois, je le croise dans les ascenseurs. Et ça m'énerve, alors je le questionne sur ce qu'il fiche là. Imperturbable, il me répond qu'il fait ses rondes de surveillance. Tu parles ! En pleine journée... il fouine, oui !
Faut que je me le fasse, vraiment. Par n'importe quel moyen.
Demain, tiens ! J'arrive à 4h au lieu de 6h, il va venir voir ce qui se trame et je lui règle son compte. Je ne sais pas encore comment, mais je trouverai. Y a qu'à y penser quand arrive le moment où je me couche (enfin) (23 heures 00).
Le moment où après avoir arrangé mes oreillers selon un protocole invariable, je me coule dans mon lit, puis fais glisser mes chaussettes tour à tour avec la pointe de l'autre pied. Entre onze heures du soir et minuit trente.
J'ai toujours pensé que c'était un des meilleurs moments de la journée, quand on sent ses muscles qui se décrispent et que l'esprit part dans tous les sens. Ce soir, je n'aurai qu'à penser au concierge et demain à coup sûr, je saurai comment faire pour qu'il arrête de me faire chier à être tout le temps dans mon champ de vision.
Et comme ça, demain, je sens bien que je vais savourer le moment où je mets une cuillère de Van Houten dans un bol blanc, 8H00. Même si mon chef débarque.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Halicante, pas mal du tout ! Ce personnage qui tourne à névrose, ce mystère du courrier disparu, ces TIC et ces TOC... tout se tient et en quelques lignes, c'est une histoire bien dense que tu racontes.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
bon, c'est très sans intérêt mais je suis fatigué. commenterai demain. bonne fin de soirée à tous.
20 heures. Le moment où je donne à manger à mes chats : 20 heures.
On va peut-être m'accuser de faire du bon placement, mais : Whiskas.
Oui, la pub n'a rien à faire là, mais ils refusent de manger quoi que ce soit d'autre, Whiskas sélection de viandes en sauce, Whiskas filet du pêcheur en gelée, Whiskas délices de volaille toujours en gelée...
Ils ont faim mes trois brigands, Winky, Dinky et Roland Barthes.
Je sais, on m'a toujours dit que c'était bizarre un chat qui s'appelle Roland Barthes, un ami lettré a même plaisanté un jour à ce sujet en disant : « Il aurait fallu l'appeler Socrate, car Socrate est un chat ! » mais c'est comme ça. Winky et Dinky sont deux petites jumelles blanches mouchetées, Roland Barthes est un vieux chat tout gris au poil épais.
Je ne sais pas, ce chat est spécial.
Comme d'habitude, les petites foncent droit dans leur gamelle à peine la pâtée servie, lui reste assis stoïquement, perché sur le frigo, à regarder sans ciller la nourriture se déplacer. Il attend que les filles aient fini, qu'elles commencent à se lécher, et il descend sans un bruit, finit les restes.
Oui, j'aurais peut-être dû l'appeler Socrate.
En revanche, quand je donne le lait, il est toujours le premier à se presser, mais il n'en prend que trois lampées, puis laisse les minettes s'en donner à cœur-joie.
Je ne me souviens plus pourquoi il s'appelle Roland Barthes.
Je lui demande : « Et toi, tu sais pourquoi tu t'appelles Roland Barthes ? »
Les pupilles du chat se dilate, les yeux s'écarquillent, effarés, le poil se dresse, ébouriffé.
Sans crier gare, Roland feule, toutes griffes dehors, crache du haut du frigo, tempête comme un chat furieux, un chat qu'on aurait frappé.
Puis, il se tire. Merde, la fenêtre ouverte !
Roland Barthes est dehors.
« Eh bien, où vas-tu ? Minet, reviens ! »
Je ne sais pas ce qui lui prend.
Ce soir, pour la première fois, il reste de la nourriture au fond de la gamelle.
Je me demande quel goût ça a, Whiskas.
Après tout.
20 heures. Le moment où je donne à manger à mes chats : 20 heures.
On va peut-être m'accuser de faire du bon placement, mais : Whiskas.
Oui, la pub n'a rien à faire là, mais ils refusent de manger quoi que ce soit d'autre, Whiskas sélection de viandes en sauce, Whiskas filet du pêcheur en gelée, Whiskas délices de volaille toujours en gelée...
Ils ont faim mes trois brigands, Winky, Dinky et Roland Barthes.
Je sais, on m'a toujours dit que c'était bizarre un chat qui s'appelle Roland Barthes, un ami lettré a même plaisanté un jour à ce sujet en disant : « Il aurait fallu l'appeler Socrate, car Socrate est un chat ! » mais c'est comme ça. Winky et Dinky sont deux petites jumelles blanches mouchetées, Roland Barthes est un vieux chat tout gris au poil épais.
Je ne sais pas, ce chat est spécial.
Comme d'habitude, les petites foncent droit dans leur gamelle à peine la pâtée servie, lui reste assis stoïquement, perché sur le frigo, à regarder sans ciller la nourriture se déplacer. Il attend que les filles aient fini, qu'elles commencent à se lécher, et il descend sans un bruit, finit les restes.
Oui, j'aurais peut-être dû l'appeler Socrate.
En revanche, quand je donne le lait, il est toujours le premier à se presser, mais il n'en prend que trois lampées, puis laisse les minettes s'en donner à cœur-joie.
Je ne me souviens plus pourquoi il s'appelle Roland Barthes.
Je lui demande : « Et toi, tu sais pourquoi tu t'appelles Roland Barthes ? »
Les pupilles du chat se dilate, les yeux s'écarquillent, effarés, le poil se dresse, ébouriffé.
Sans crier gare, Roland feule, toutes griffes dehors, crache du haut du frigo, tempête comme un chat furieux, un chat qu'on aurait frappé.
Puis, il se tire. Merde, la fenêtre ouverte !
Roland Barthes est dehors.
« Eh bien, où vas-tu ? Minet, reviens ! »
Je ne sais pas ce qui lui prend.
Ce soir, pour la première fois, il reste de la nourriture au fond de la gamelle.
Je me demande quel goût ça a, Whiskas.
Après tout.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Sahkti, un bon texte sur l'obsession ordinaire, qui monte peu à peu.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Procuste, j'aime beaucoup les petites allusions, l'apparition de House ou encore la perfidie des platanes mal karmés, sans parler de "La Beauté. Sans majuscule, faut pas déconner." C'est un art chez toi que de glisser l'un ou l'autre objet tranchant dans le tas.
Avec l'apparition de la beauté, je me suis tout de même demandée si notre narrateur n'était pas masculinisé mais en relisant, rien ne lève le doute et au contraire, cette ambiguïté joue bien le jeu.
Avec l'apparition de la beauté, je me suis tout de même demandée si notre narrateur n'était pas masculinisé mais en relisant, rien ne lève le doute et au contraire, cette ambiguïté joue bien le jeu.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Chako Noir, très drôle, fin ! J'ai beaucoup aimé.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Je rentre. Le violon dans ma voiture égrène ses dernières notes déchirantes et déjà les premières brumes nocturnes envahissent les champs, enveloppent d'un manteau givré les rares épis de maïs qui ont échappé à la moissonneuse. Je m'en fous, je ne les vois même pas. C'est la route que j'observe avec attention, à l'affut de la moindre plaque de verglas qui m'enverrait valdinguer comme une vulgaire poupée de chiffons. Une ultime respiration dans l'habitacle enfumé de mon véhicule, le poison lent et insidieux de la cigarette, objet de vice et de délit totalement interdit de séjour dans la maison. Je savoure donc ce moment de détente empreint d'une once de culpabilité, le calme avant la tempête. La terre s'est arrêtée. Seuls voltigent au plafond les ronds de fumée que j'exhale. Je les examine avec contentement crever au plafond. Parce que j'aimerais être à leur place et crever silencieusement. La nuque contre l'appuie-tête, je retarde le moment où inéluctablement, je sortirai de ma matrice, je renaîtrai au monde et à son stress et je franchirai d'un pas apparemment assuré le seuil de ma maison. Ma fille dort, bordéee dans son lit comme un oisillon sous les plumes . Bien au chaud, paisible. Mon arrivée est accueillie par deux ou trois ronflements, mon assiette sous cellophane brille sur la table, elle finira dans la gamelle du chien. J'ai laissé mes cigarettes dans ma voiture, je ne rêve que d'une seule chose : retourner me lover sur le siège avant, à la place du mort. Mettre le contact et démarrer le moteur. Entrouvrir les fenêtres pour accueillir les gaz d'échappement et sombrer dans un sommeil sans rêves, sans fin. A la place, j'ôte mes chaussures. Pieds nus sur le carrelage, je contemple le capharnaüm, la silhouette hostile qui roupille dans le canapé. Comme chaque soir, c'est le moment où je ramasse les jouets de ma fille éparpillés dans toute la maison; vers 21 heures. Chaque légo que je ramasse m'ancre un peu plus dans la réalité. Comme chaque soir, c'est le moment où je cède, où je remets à demain ma délivrance.
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Chako, mon chat déteste le Whiskas :-))
C'est assez morose comme atmosphère et en même temps, ça sent bon la vie, ce personnage avec ses chats qui observe leurs petites manies puis teste le coup du Roland Barthes en faisant fuir le grand chat. On ne saura pas pourquoi et c'est tant mieux, ça fonctionne très bien ainsi.
C'est assez morose comme atmosphère et en même temps, ça sent bon la vie, ce personnage avec ses chats qui observe leurs petites manies puis teste le coup du Roland Barthes en faisant fuir le grand chat. On ne saura pas pourquoi et c'est tant mieux, ça fonctionne très bien ainsi.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Yellow_Submarine, un texte convaincant dans son désespoir.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Yellow, voilà qui est bien noir et j'aime assez ça, surtout cette fin, ce revirement inéluctable avec une vie qui rentre dans son moule. Jusqu'à quand... c'est très bien décrit.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Procuste : J'ai bien aimé le ton de ton texte, ainsi que le fait qu'on ne sait pas vraiment si la vision du personnage était réelle ou non. Ça laisse une porte ouverte, ou une fenêtre, et c'est agréable.
Merci aussi pour les contraintes, même si j'ai fait un peu court (fatigue, fatigue !), j'ai apprécié !
On peut se tutoyer, si tu veux ?
Sahkti : savoureux ! Et, tiens, on dirait bien que mon personnage a atterri dans ton texte ! J'aime bien la fin, le retour du Van Houten, bien vu !
Chako : Ha, ha ! "Winky, Dinky et Roland Barthes"... La fin m'a un peu laissée sur ma faim. Roland Barthes reviendra-t-il ? S'est-il cassé une patte en sautant ? A-t-il fait une fugue ? Tant de questions qui demeureront sans réponse... ;-)
Yellow_Submarine: On commence avec le sourire aux lèvres (après Whiskas !), et on finit avec mal au bide... J'ai beaucoup aimé la façon dont la routine vole en éclats face aux pensées suicidaires de ton personnage, et puis la fin, aussi, tellement humaine... Très réussi.
Bonsoir à tous, je commenterai les autres textes demain (après avoir arrangé mes oreillers selon un protocole invariable, je vais me couler dans mon lit, puis faire glisser mes chaussettes tour à tour avec la pointe de l'autre pied... Le pied !)
Merci aussi pour les contraintes, même si j'ai fait un peu court (fatigue, fatigue !), j'ai apprécié !
On peut se tutoyer, si tu veux ?
Sahkti : savoureux ! Et, tiens, on dirait bien que mon personnage a atterri dans ton texte ! J'aime bien la fin, le retour du Van Houten, bien vu !
Chako : Ha, ha ! "Winky, Dinky et Roland Barthes"... La fin m'a un peu laissée sur ma faim. Roland Barthes reviendra-t-il ? S'est-il cassé une patte en sautant ? A-t-il fait une fugue ? Tant de questions qui demeureront sans réponse... ;-)
Yellow_Submarine: On commence avec le sourire aux lèvres (après Whiskas !), et on finit avec mal au bide... J'ai beaucoup aimé la façon dont la routine vole en éclats face aux pensées suicidaires de ton personnage, et puis la fin, aussi, tellement humaine... Très réussi.
Bonsoir à tous, je commenterai les autres textes demain (après avoir arrangé mes oreillers selon un protocole invariable, je vais me couler dans mon lit, puis faire glisser mes chaussettes tour à tour avec la pointe de l'autre pied... Le pied !)
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
OK, Halicante, soyons fous, disons-nous tu ! (Au fait, si Kilis passe dans le coin... seriez-vous d'accord pour qu'on se tutoie désormais ?)
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 62
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Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
La nécessité de trouver pitance jette journellement des millions d’individus hors de chez eux. Je ne fais pas exception à la règle, et moi aussi, je trouve cela fatigant. Nécessaire, sans doute, mais pas très exaltant. A l’adolescence, je m’étais juré de vivre en zig zag pour échapper à toute forme de routine.
Tintin.
Comme tout le monde.
Il y a le moment où je me lave les dents avant d’aller bosser ( 7heures 30), le moment où je cherche mon courrier, 12 heures, et où mademoiselle Cassin m’entreprend. Mademoiselle Cassin est la dernière personne à rencontrer si l'on est pressé. Avec son regard myope, elle s'approche de vous et entame une conversation absconse où il est question de personnes dont vous ignorez tout, les citant comme si elles étaient de vos intimes. Vous tentez désespérément de retrouver des bribes de souvenirs, vous creusez pour faire remonter un visage, cette "Geneviève", ce "Lucien" vous demeurent obstinément étrangers, et Mademoiselle Cassin continue à vous entretenir de ces nébuleux personnages en tournant entre ses doigts un des boutons de votre veste. Vous pensez avec agacement au nombre de boutons que vous avez dû recoudre. Mais il est impossible d'éconduire Mademoiselle Cassin. Elle a été institutrice, elle a mené des générations d'enfants à de belles carrières comme elle le dit avec fierté. Je regrette toujours de n'avoir pas fait partie de ses élèves.
Courrier ou pas, la jungle de l'après midi s'étend encore devant moi. Pour y faire face, je dois me forger un moral de tigre.
Enfin, il y a le moment béni où je rentre chez moi, un chez moi sécurisant que je n’aurais jamais dû quitter. Je tire la grille, je cadenasse la porte, je souffle.
La journée s’est révélée épuisante. Je fais partie de ces gens que personne n’aime rencontrer. Je ne me plains pas, nous sommes nombreux dans ce cas : flics, huissiers, croque-morts… Il en faut. Mais cette particularité rend la vie plus difficile ; aussi, j’ai besoin d’un moment de calme pour décompresser : tous les soirs j’écoute un morceau de musique. Du Saint Saens. Zig, zig et zag…
Ensuite, quand la sérénité est revenue, il y a le moment où je ramasse les jouets de ma fille, éparpillés dans toute la maison : ici un bras, là une jambe…
Ce soir, j’ai d’abord trouvé un truc inidentifiable : mou, blanchâtre, à moitié mâchouillé. Puis, près du canapé, un pied. Ma fille est encore petite, mais il va falloir que je lui apprenne à ne pas gaspiller comme ça. Enfin, près du canapé, sous la petite couverture qui depuis sa naissance lui sert de doudou, j’ai ramassé la tête de Mademoiselle Cassin. Ma benjamine a fait sa première chasse en solitaire, on dirait.
Demain, je n’irai pas ramasser mon courrier.
Je ne sais pourquoi, j’avais toujours espéré prendre des cours du soir avec Mademoiselle Cassin. Mais elle trouvait que je manquais de mordant.
Tintin.
Comme tout le monde.
Il y a le moment où je me lave les dents avant d’aller bosser ( 7heures 30), le moment où je cherche mon courrier, 12 heures, et où mademoiselle Cassin m’entreprend. Mademoiselle Cassin est la dernière personne à rencontrer si l'on est pressé. Avec son regard myope, elle s'approche de vous et entame une conversation absconse où il est question de personnes dont vous ignorez tout, les citant comme si elles étaient de vos intimes. Vous tentez désespérément de retrouver des bribes de souvenirs, vous creusez pour faire remonter un visage, cette "Geneviève", ce "Lucien" vous demeurent obstinément étrangers, et Mademoiselle Cassin continue à vous entretenir de ces nébuleux personnages en tournant entre ses doigts un des boutons de votre veste. Vous pensez avec agacement au nombre de boutons que vous avez dû recoudre. Mais il est impossible d'éconduire Mademoiselle Cassin. Elle a été institutrice, elle a mené des générations d'enfants à de belles carrières comme elle le dit avec fierté. Je regrette toujours de n'avoir pas fait partie de ses élèves.
Courrier ou pas, la jungle de l'après midi s'étend encore devant moi. Pour y faire face, je dois me forger un moral de tigre.
Enfin, il y a le moment béni où je rentre chez moi, un chez moi sécurisant que je n’aurais jamais dû quitter. Je tire la grille, je cadenasse la porte, je souffle.
La journée s’est révélée épuisante. Je fais partie de ces gens que personne n’aime rencontrer. Je ne me plains pas, nous sommes nombreux dans ce cas : flics, huissiers, croque-morts… Il en faut. Mais cette particularité rend la vie plus difficile ; aussi, j’ai besoin d’un moment de calme pour décompresser : tous les soirs j’écoute un morceau de musique. Du Saint Saens. Zig, zig et zag…
Ensuite, quand la sérénité est revenue, il y a le moment où je ramasse les jouets de ma fille, éparpillés dans toute la maison : ici un bras, là une jambe…
Ce soir, j’ai d’abord trouvé un truc inidentifiable : mou, blanchâtre, à moitié mâchouillé. Puis, près du canapé, un pied. Ma fille est encore petite, mais il va falloir que je lui apprenne à ne pas gaspiller comme ça. Enfin, près du canapé, sous la petite couverture qui depuis sa naissance lui sert de doudou, j’ai ramassé la tête de Mademoiselle Cassin. Ma benjamine a fait sa première chasse en solitaire, on dirait.
Demain, je n’irai pas ramasser mon courrier.
Je ne sais pourquoi, j’avais toujours espéré prendre des cours du soir avec Mademoiselle Cassin. Mais elle trouvait que je manquais de mordant.
Invité- Invité
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Bonsoir, je commenterai les textes demain. Mais je voulais remercier Procuste pour cet exo auquel j'ai participé avec beaucoup de plaisir
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Coliné... hé bé, dis donc ! Une fin qui n'est pas pour me déplaire, bien amenée, sans qu'on s'y attende vraiment et même si sur le fond, ça paraît un peu surréaliste, je trouve que ça se tient tout de même très bien.
alex, attention qu'avec "encore un peu fatigué", on devine le sexe du narrateur :-)
La phrase finale me paraît être à sa juste place et clôture bien ce texte qui hésitait un peu, cherchant sa voie.
alex, attention qu'avec "encore un peu fatigué", on devine le sexe du narrateur :-)
La phrase finale me paraît être à sa juste place et clôture bien ce texte qui hésitait un peu, cherchant sa voie.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
6h30 du matin, je traverse la plaine des sports. Je laisse derrière moi la barre d'immeubles qui bouche l'horizon de ma putain de vie. Cité des Tarterêts, toute mon existence. J'ai grandi et pleuré dans cet univers de béton. Aujourd'hui je veux m'en sortir. J'en ai marre de dealer du mauvais chit, marre de mes potes défoncés du matin au soir, marre de pas pouvoir toucher Leïla quand j'en ai envie, marre que les français me renvoient ma couleur dès que je leur parle.
Ca va changer. J'ai rendez-vous aujourd'hui avec le patron d'une boîte de coursier. Un job sympa, qui me correspond et relativement bien payé m'a dit la femme de Pôle Emploi.
On va voir, moi j'y crois.
Je m'approche de l'arrêt de bus quand arrive le camion-benne.
« Oh Seyni, qu'est-ce tu fous à c't'heure ? T'es tombé du lit ou quoi !! » me lance Kader, hilare.
« Arrête tes conneries, j'vais pour un taf ! »
« Sérieux ? Bonne chance gamin ! »
Accroché d'une main au camion, il repart dans une odeur de gasoil et de poubelles en hochant la tête d'un air admiratif.
Alors j'attends.
J'attends.
Des gens commencent à arriver, de plus en plus. C'est bientôt tout le Maghreb qui s'agglutine autour de l'abri de bus. Au départ amorphes, les conversations s'animent. Quelque chose ne va pas, le bus devrait être là depuis longtemps. Des bras se lèvent au ciel, des invectives fusent. Inquiètes, les fatimas ont déjà pris le chemin de l'école à pieds, tirant avec force leurs enfants hagards.
Puis, un par un, les gens retournent vers la cité, sans plus un mot.
J'ai compris, pas la peine de chercher bien loin. Les bus sont en grève.
Je crois que j'ai eu le blues jusqu'en milieu de matinée, le moment où je fais ma première pause café-cigarette, vers 10h30.
Ca va changer. J'ai rendez-vous aujourd'hui avec le patron d'une boîte de coursier. Un job sympa, qui me correspond et relativement bien payé m'a dit la femme de Pôle Emploi.
On va voir, moi j'y crois.
Je m'approche de l'arrêt de bus quand arrive le camion-benne.
« Oh Seyni, qu'est-ce tu fous à c't'heure ? T'es tombé du lit ou quoi !! » me lance Kader, hilare.
« Arrête tes conneries, j'vais pour un taf ! »
« Sérieux ? Bonne chance gamin ! »
Accroché d'une main au camion, il repart dans une odeur de gasoil et de poubelles en hochant la tête d'un air admiratif.
Alors j'attends.
J'attends.
Des gens commencent à arriver, de plus en plus. C'est bientôt tout le Maghreb qui s'agglutine autour de l'abri de bus. Au départ amorphes, les conversations s'animent. Quelque chose ne va pas, le bus devrait être là depuis longtemps. Des bras se lèvent au ciel, des invectives fusent. Inquiètes, les fatimas ont déjà pris le chemin de l'école à pieds, tirant avec force leurs enfants hagards.
Puis, un par un, les gens retournent vers la cité, sans plus un mot.
J'ai compris, pas la peine de chercher bien loin. Les bus sont en grève.
Je crois que j'ai eu le blues jusqu'en milieu de matinée, le moment où je fais ma première pause café-cigarette, vers 10h30.
Jano- Nombre de messages : 1000
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Jano, tu as zappé la seule contrainte du texte ( moments exceptés) : ne pas laisser deviner le sexe du narrateur !
Je ne me sens pas de commenter ce soir, bonne nuit !
Je ne me sens pas de commenter ce soir, bonne nuit !
Invité- Invité
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
coline Dé, j'ai trouvé que l'absurde ne fonctionnait pas bien dans le texte.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
6h20 : Le réveil. Déjà.
Ça va faire deux mois que je travaille dans ce cabinet d’architecte, et je ne pensais vraiment pas accumuler autant de stress en si peu de temps. Le projet du nouvel aquarium de Nîmes est important, tant sur le plan financier que pour la réputation de la ville. La nuit avait donc été courte, une fois de plus.
6h40 : J’arrive à m’extirper de la chaleur bienfaitrice de ma couette. Il fait très froid dans la petite chambre. Je décide alors de traverser le couloir vers la salle de bain en courant. Dès que j’entre, j’allume le petit radiateur électrique qui transforme rapidement la pièce carrelée en sauna, comme si cet hiver froid n’avait jamais existé.
J’aime prendre mon temps sous une douche bouillante, mais comme d’habitude je suis en retard, alors ça ne sera pas pour aujourd’hui.
7h10 : Tout est en ordre. Je suis en condition pour partir au travail. Un petit coup d’œil dans la glace de l’entrée et je file en coup de vent.
7h16 : Trop de monde à la boulangerie, tant pis, je devrai prendre un croissant dégueulasse à la cafétéria du boulot.
7h23 : Il y a deux péruviens en train de jouer de la flute sur le quai du métro. Je remarque qu’ils jouent exactement le même air que des autres péruviens que j’avais croisés lors d’un de mes voyages d’affaires en Grande Bretagne.
7h25 : Le métro arrive et couvre le son de leurs instruments. Par chance il n’y a pas trop de monde, je trouve une place assise. Je déplie le journal gratuit distribué sur le quai et me plonge dans la lecture d’un article politique.
7h55 : J’arrive enfin au cabinet d’architecte. Je monte directement à mon petit bureau situé au 2ème étage. Comme d’habitude je prends les escaliers, pas envie d’attendre un des deux ascenseurs pendant cinq minutes.
7h58 : Je profite de ma chaise de bureau pour souffler une seconde. Une grosse réunion m’attend à 10h pour le projet de l’aquarium, il me reste quelques points à préparer.
8h : Je sors mon bol blanc de ma petite armoire et y verse une grande cuillère de Van Houten. Je mets ensuite la bouilloire à chauffer.
8h03 : Enfin je peux commencer à déguster ma boisson chaude. Le souci est qu’elle est trop chaude justement. Le contact de la boisson avec le bout de mes lèvres provoque en moi un frisson et me fait renverser un peu de la boisson chocolatée sur le bureau et sur le sol.
8h06 : Heureusement, je garde toujours un rouleau d’essuie-tout en haut de mon armoire. Alors, comme d’habitude, pour atteindre le haut de mon armoire, je décide de prendre ma chaise de bureau comme escabeau.
8h09 : Je me hisse sur ma chaise et je saisi l’essuie-tout. Mais pile à cet instant, quelqu’un rentre dans mon bureau. Je tourne brusquement la tête vers l’entrée voir si il s’agit du patron.
8h52 : J’arrive péniblement à ouvrir les yeux. Il y a beaucoup de bruits et de gens autour de moi. Je ne suis plus dans mon bureau. Je me rendors.
-------------------------------------------------------
8h00 : L’infirmière m’amène le café horrible de l’hôpital. Je le bois en repensant à mon accident la semaine dernière.
D’après les premiers retours entendu ici et là, je serai tombé de la chaise après un mouvement brusque et l’arrière de ma tête aurait heurté violement le coin de mon bureau dans ma chute.
Ça m’apprendra à prendre une chaise à roulettes comme escabeau. A partir de maintenant, je serai sur roulettes toute ma vie.
En finissant mon café, je ne peux m’empêcher de repenser à ce moment où je mets une cuillère de Van Houten dans mon bol blanc, à 8h00, le moment déclencheur, le dernier moment de ma vie de valide.
Ça va faire deux mois que je travaille dans ce cabinet d’architecte, et je ne pensais vraiment pas accumuler autant de stress en si peu de temps. Le projet du nouvel aquarium de Nîmes est important, tant sur le plan financier que pour la réputation de la ville. La nuit avait donc été courte, une fois de plus.
6h40 : J’arrive à m’extirper de la chaleur bienfaitrice de ma couette. Il fait très froid dans la petite chambre. Je décide alors de traverser le couloir vers la salle de bain en courant. Dès que j’entre, j’allume le petit radiateur électrique qui transforme rapidement la pièce carrelée en sauna, comme si cet hiver froid n’avait jamais existé.
J’aime prendre mon temps sous une douche bouillante, mais comme d’habitude je suis en retard, alors ça ne sera pas pour aujourd’hui.
7h10 : Tout est en ordre. Je suis en condition pour partir au travail. Un petit coup d’œil dans la glace de l’entrée et je file en coup de vent.
7h16 : Trop de monde à la boulangerie, tant pis, je devrai prendre un croissant dégueulasse à la cafétéria du boulot.
7h23 : Il y a deux péruviens en train de jouer de la flute sur le quai du métro. Je remarque qu’ils jouent exactement le même air que des autres péruviens que j’avais croisés lors d’un de mes voyages d’affaires en Grande Bretagne.
7h25 : Le métro arrive et couvre le son de leurs instruments. Par chance il n’y a pas trop de monde, je trouve une place assise. Je déplie le journal gratuit distribué sur le quai et me plonge dans la lecture d’un article politique.
7h55 : J’arrive enfin au cabinet d’architecte. Je monte directement à mon petit bureau situé au 2ème étage. Comme d’habitude je prends les escaliers, pas envie d’attendre un des deux ascenseurs pendant cinq minutes.
7h58 : Je profite de ma chaise de bureau pour souffler une seconde. Une grosse réunion m’attend à 10h pour le projet de l’aquarium, il me reste quelques points à préparer.
8h : Je sors mon bol blanc de ma petite armoire et y verse une grande cuillère de Van Houten. Je mets ensuite la bouilloire à chauffer.
8h03 : Enfin je peux commencer à déguster ma boisson chaude. Le souci est qu’elle est trop chaude justement. Le contact de la boisson avec le bout de mes lèvres provoque en moi un frisson et me fait renverser un peu de la boisson chocolatée sur le bureau et sur le sol.
8h06 : Heureusement, je garde toujours un rouleau d’essuie-tout en haut de mon armoire. Alors, comme d’habitude, pour atteindre le haut de mon armoire, je décide de prendre ma chaise de bureau comme escabeau.
8h09 : Je me hisse sur ma chaise et je saisi l’essuie-tout. Mais pile à cet instant, quelqu’un rentre dans mon bureau. Je tourne brusquement la tête vers l’entrée voir si il s’agit du patron.
8h52 : J’arrive péniblement à ouvrir les yeux. Il y a beaucoup de bruits et de gens autour de moi. Je ne suis plus dans mon bureau. Je me rendors.
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8h00 : L’infirmière m’amène le café horrible de l’hôpital. Je le bois en repensant à mon accident la semaine dernière.
D’après les premiers retours entendu ici et là, je serai tombé de la chaise après un mouvement brusque et l’arrière de ma tête aurait heurté violement le coin de mon bureau dans ma chute.
Ça m’apprendra à prendre une chaise à roulettes comme escabeau. A partir de maintenant, je serai sur roulettes toute ma vie.
En finissant mon café, je ne peux m’empêcher de repenser à ce moment où je mets une cuillère de Van Houten dans mon bol blanc, à 8h00, le moment déclencheur, le dernier moment de ma vie de valide.
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
alex, un texte touchant, attendrissant... et qui fait retomber brutalement sur terre ! Très bonne chute. Je n'ai pas trop compris la digression sur le côté commère.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Sahkti a écrit:Coliné... hé bé, dis donc ! Une fin qui n'est pas pour me déplaire, bien amenée, sans qu'on s'y attende vraiment et même si sur le fond, ça paraît un peu surréaliste, je trouve que ça se tient tout de même très bien.
alex, attention qu'avec "encore un peu fatigué", on devine le sexe du narrateur :-)
La phrase finale me paraît être à sa juste place et clôture bien ce texte qui hésitait un peu, cherchant sa voie.
Ah oui, flûte ! "Encore un peu dans le vague", alors, tiens, dans l'œil !
Bon, sinon, j'ai lu tout le monde, mais je ne me sens pas la force d'écrire des commentaires dignes de ce nom ce soir. Surtout quand je constate le carnage, comparé à vos bons textes !
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Jano, dommage pour le zapping de la contrainte "sexe de la narration", ça épiçait l'exercice.
Un texte intéressant mais qui mériterait un développement un tout petit peu plus long, histoire de bien poser cette ambiance sombre que tu évoques à travers cette scène de vie et ces personnages qui se cherchent. A peine esquissé et hop, c'est déjà terminé, il me manque un petit quelque chose.
Un texte intéressant mais qui mériterait un développement un tout petit peu plus long, histoire de bien poser cette ambiance sombre que tu évoques à travers cette scène de vie et ces personnages qui se cherchent. A peine esquissé et hop, c'est déjà terminé, il me manque un petit quelque chose.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Jano, j'ai bien aimé, mais dommage que vous ne respectiez pas la contrainte, c'était quasiment la seule !
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Lordstan, j'ai bien aimé cette description d'une catastrophe toute bête et si plausible.
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Lordstan, j'aime bien cette boucle et cette manière de revenir au Van Houten. Même si la contrainte de citer la phrase telle qu'indiquée dans les contraintes n'est pas respectée, ce découpage est efficace et permet au rythme du texte d'emporter avec lui le lecteur. J'ai aimé ça.
Attention à je saisi --> je saisis, je serai tombé --> je serais, violement --> violemment
Attention à je saisi --> je saisis, je serai tombé --> je serais, violement --> violemment
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Mince, j'étais tellement concentré sur les phrases à insérer que j'en ai oublié l'anonymat. C'est ma première participation. Jai bien aimé me faire chauffer les neurones, pourtant je n'aime pas écrire dans la précipitation.
Je relirais plus attentivement les autres textes demain, certains m'ont semblé plein d'originalités.
Je relirais plus attentivement les autres textes demain, certains m'ont semblé plein d'originalités.
Jano- Nombre de messages : 1000
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Exo 261010
Les Chats
Il est un moment dont je me délecte dans mes journées. La vingtième heure du jour. Le moment où je donne à manger aux Chats.
Les autres moments de mes journées ne me laissent pas dans la bouche la même saveur de triomphe ni dans le cœur le même frémissement de sang. Ou inversement.
Les autres moments de mes journées se ressemblent à tel point que je ne les saurais distinguer les uns des autres si un implacable rituel ne tronçonnait mon temps, sans doute pour me rappeler que, si élevé que fût mon piédestal, je me dois soumettre à une Loi plus haute encore.
Cette Loi est celle de mon peuple. Je ne sais plus – l’ai-je jamais su ? – s’il est mon peuple parce qu’il m’appartient ou parce que je lui appartiens. Nous sommes si semblables que je me dis parfois que j’aurais aussi bien pu le créer. Peut-être l’ai-je fait, mais je ne m’en souviens plus.
La Loi de mon peuple est une Loi jalouse. Et cette jalousie, c’est moi qui l’incarne. C’est pourquoi s’élèvent vers mes narines tous les encens, se courbent devant mon trône toutes les échines et, s’il m’en vient la fantaisie, s’ouvrent pour moi toutes les couches. La jalousie suprême ne tolère pas la jalousie des autres.
C’est peu dire que mon peuple voue un culte au chat. Tout foyer qui se respecte en possède au moins un. Ne pas avoir de chat constitue un signe de déchéance sociale, de dérangement mental voire d’impiété. Et notre Loi ne badine pas avec l’impiété. On s’en doute.
Rien n’est trop beau pour le chat. Chez nous, les hommes attrapent les souris et le chat les dédaigne. Le chat se prélasse sur le lit du maître tandis que celui-ci s’étend avec des craquements sur une natte à même le sol. Le chat déguste les meilleures bouchées quand la maisonnée se nourrit de bas morceaux. Quand il en reste.
On admire tout dans le chat. Sa grâce. Sa puissance. Son mystère. Mon peuple a soif de mystère. Comme tous les peuples, à vrai dire, mais la plupart l’ont oublié. On admire aussi du chat sa férocité. La férocité fascine.
C’est pourquoi, tous les jours, à la vingtième heure, arrive le moment où je donne à manger aux Chats. Ce ne sont que tourbillons de fumée d’encens, mers d’échines prosternées et promesses de couches béantes. Et s’avance la foule misérable des déchus, des dérangés mentaux et des impies, nue, enchaînée, tremblante. Alors j’ouvre les grilles, et le moment est venu, les Chats mangent. Et une saveur de sang inonde ma bouche et un frémissement de triomphe empoigne mon cœur, tandis que je lèche mon poil soyeux et que frétillent d’allégresse mes moustaches…
Gobu
Les Chats
Il est un moment dont je me délecte dans mes journées. La vingtième heure du jour. Le moment où je donne à manger aux Chats.
Les autres moments de mes journées ne me laissent pas dans la bouche la même saveur de triomphe ni dans le cœur le même frémissement de sang. Ou inversement.
Les autres moments de mes journées se ressemblent à tel point que je ne les saurais distinguer les uns des autres si un implacable rituel ne tronçonnait mon temps, sans doute pour me rappeler que, si élevé que fût mon piédestal, je me dois soumettre à une Loi plus haute encore.
Cette Loi est celle de mon peuple. Je ne sais plus – l’ai-je jamais su ? – s’il est mon peuple parce qu’il m’appartient ou parce que je lui appartiens. Nous sommes si semblables que je me dis parfois que j’aurais aussi bien pu le créer. Peut-être l’ai-je fait, mais je ne m’en souviens plus.
La Loi de mon peuple est une Loi jalouse. Et cette jalousie, c’est moi qui l’incarne. C’est pourquoi s’élèvent vers mes narines tous les encens, se courbent devant mon trône toutes les échines et, s’il m’en vient la fantaisie, s’ouvrent pour moi toutes les couches. La jalousie suprême ne tolère pas la jalousie des autres.
C’est peu dire que mon peuple voue un culte au chat. Tout foyer qui se respecte en possède au moins un. Ne pas avoir de chat constitue un signe de déchéance sociale, de dérangement mental voire d’impiété. Et notre Loi ne badine pas avec l’impiété. On s’en doute.
Rien n’est trop beau pour le chat. Chez nous, les hommes attrapent les souris et le chat les dédaigne. Le chat se prélasse sur le lit du maître tandis que celui-ci s’étend avec des craquements sur une natte à même le sol. Le chat déguste les meilleures bouchées quand la maisonnée se nourrit de bas morceaux. Quand il en reste.
On admire tout dans le chat. Sa grâce. Sa puissance. Son mystère. Mon peuple a soif de mystère. Comme tous les peuples, à vrai dire, mais la plupart l’ont oublié. On admire aussi du chat sa férocité. La férocité fascine.
C’est pourquoi, tous les jours, à la vingtième heure, arrive le moment où je donne à manger aux Chats. Ce ne sont que tourbillons de fumée d’encens, mers d’échines prosternées et promesses de couches béantes. Et s’avance la foule misérable des déchus, des dérangés mentaux et des impies, nue, enchaînée, tremblante. Alors j’ouvre les grilles, et le moment est venu, les Chats mangent. Et une saveur de sang inonde ma bouche et un frémissement de triomphe empoigne mon cœur, tandis que je lèche mon poil soyeux et que frétillent d’allégresse mes moustaches…
Gobu
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Elu
Je regarde l’objet noir de mon désarroi.
Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver chez moi, m’arriver à moi… Je veux dire maintenant que je suis retraité, alors que j’ai la vie la plus lisse que l’on puisse imaginer.
Jugez-en. Mon réveil-radio sonne à 8h. Je me lave, m’habille. Un bol de café suivi d’un bol d’air sur le balcon. Là, je jauge le ciel et j’allume la première cigarette, histoire de ne pas risquer un trop plein d’oxygène.
Et puis vaguement, je vaque : un peu d’ordre dans le studio, refermer le lit, une petite vaisselle laissée de la veille, une lessive à faire tourner, un coup de fil à passer … il est déjà midi. Je me fais deux œufs sur le plat. Non, pas tous les jours ! J’alterne. Le jour suivant, je réchauffe une boîte de ravioli.
Après manger, je m’installe confortablement dans le canapé et j’attends. J’attends l’annonce du journal. Pas pour l’écouter, mais c’est le signal. Le signal que le facteur est passé, le moment où je cherche mon courrier 13h. Alors j’abandonne mes pantoufles pour chausser mes souliers de ville—j’y mets un point d’honneur— et je descends. Dans le hall d’entrée, il n’est pas rare que je croise la concierge. Le mardi, c’est toujours le cas, elle nettoie l’affreux carrelage jaune pisseux de l’entrée. Mais hier, lundi, non, il n’y avait personne quand j’ai ouvert ma boîte aux lettres, que j’ai plongé la main dans l’obscurité de la niche, que ma main a tressailli au contact de la chose froide avant que l’information passe du bout de mes doigts à mes neurones et que mon corps entier tressaille à son tour.
Depuis, je tourne en rond à me poser des questions. J’essaie de me convaincre que la chose à faire serait de contacter la police. Pourtant j’hésite, je tergiverse. J’ai l’impression que j’ai été choisi, élu car après tout, c’était ma boîte entre toutes les boîtes. Et ce n’est pas tous les jours que l’on trouve un revolver dans sa boîte aux lettre.
Je regarde l’objet noir de mon désarroi.
Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver chez moi, m’arriver à moi… Je veux dire maintenant que je suis retraité, alors que j’ai la vie la plus lisse que l’on puisse imaginer.
Jugez-en. Mon réveil-radio sonne à 8h. Je me lave, m’habille. Un bol de café suivi d’un bol d’air sur le balcon. Là, je jauge le ciel et j’allume la première cigarette, histoire de ne pas risquer un trop plein d’oxygène.
Et puis vaguement, je vaque : un peu d’ordre dans le studio, refermer le lit, une petite vaisselle laissée de la veille, une lessive à faire tourner, un coup de fil à passer … il est déjà midi. Je me fais deux œufs sur le plat. Non, pas tous les jours ! J’alterne. Le jour suivant, je réchauffe une boîte de ravioli.
Après manger, je m’installe confortablement dans le canapé et j’attends. J’attends l’annonce du journal. Pas pour l’écouter, mais c’est le signal. Le signal que le facteur est passé, le moment où je cherche mon courrier 13h. Alors j’abandonne mes pantoufles pour chausser mes souliers de ville—j’y mets un point d’honneur— et je descends. Dans le hall d’entrée, il n’est pas rare que je croise la concierge. Le mardi, c’est toujours le cas, elle nettoie l’affreux carrelage jaune pisseux de l’entrée. Mais hier, lundi, non, il n’y avait personne quand j’ai ouvert ma boîte aux lettres, que j’ai plongé la main dans l’obscurité de la niche, que ma main a tressailli au contact de la chose froide avant que l’information passe du bout de mes doigts à mes neurones et que mon corps entier tressaille à son tour.
Depuis, je tourne en rond à me poser des questions. J’essaie de me convaincre que la chose à faire serait de contacter la police. Pourtant j’hésite, je tergiverse. J’ai l’impression que j’ai été choisi, élu car après tout, c’était ma boîte entre toutes les boîtes. Et ce n’est pas tous les jours que l’on trouve un revolver dans sa boîte aux lettre.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Il est quelle heure déjà ?
Dur, dur, 6h du matin, je pars travailler.
Non en fait ce n’est pas si dur. Pas plus dur que le bruit de l’œuf sur le comptoir. A cette heure ci, j’ai encore l’impression de faire partie de ce monde. Tout me semble calme et comment dire, normal. Unité de lieu, d’action. Neurones en éveil. Le troquet.
6h30 du matin, je traverse la plaine des sports, je devrai dire la plaie des sports. Ce n’est pas mon truc. J’suis pas physique. Remarquez ça tombe bien, mon doc il me recommande plutôt l’entrainement cérébral.
Le moment où je me pose sur ma chaise de classe pour la première fois de la journée, le regard dans le vide, et il est seulement 7h50, est celui de la journée que je préférais. Avant.
Je me préparais comme on se prépare pour une corrida, j’enfilais mon habit de lumière et alignais mes banderilles. Ah ils pouvaient piaffer les jeunes taurillons, ils ne savaient jamais à l’avance comment tournerait l’affrontement et les heures s’écoulaient vaillantes et puissantes. Le soir, je quittais l’arène ensanglantée sous les hourras de la foule.
Maintenant, je fais juste en sorte de colmater les brèches. Je dispose mes notes sur mon bureau, au tableau mes antisèches, je ne travaille plus qu’à mi temps, quart de temps thérapeutique ils disent. Heureusement, ça fait trente ans que j’suis prof de maths, et résoudre des équations à plusieurs inconnues pour moi c’est du nanan, c’est me retrouver en lieu sur, émarger sur le terre ferme . Loin des replis secrets de l’espace temps qui m’hébergent parfois, de plus en plus souvent, en des lieux marécageux où rien n’est logique ni géométrique.
Le moment où je fais ma première pause café-cigarette vers 10h30, se profilent mes premiers tremblements, mes premières défaillances, oh imperceptibles…
Souvent, je m’en rends compte, je ne sais plus répondre quand un collègue me demande combien de sucres je veux. Quelle importance ? Quelle drôle d’idée de mettre du sucre dans son café comme de mettre de l’eau dans le gaz non, comme de sucrer les fraises.
Je sais que la fatigue accélère le processus et les heures qui tournent sur l’horloge me précipitent vers ce no man’s land , ce no mémories land où tout se complique. Je cherche mes allumettes. En vain. Je ne sais pas ce que je fais de mes allumettes. J’en prends tous les matins pourtant au troquet. Oui. Enfin je crois. Peut-être les ai-je troquées …
Enfin arrive le moment où je fais la queue à la cafét pour le déjeuner, vers 12h40. Et là parfois j’ai la tentation de faire demi-tour. Car je ne sais plus pourquoi j’ai décidé de ne plus manger à la cantine ! Et ça m’agace. Oh ça va me revenir. Suffit de réfléchir. Réfléchir. Mais ce n’est plus l’heure. Il faut alors que je rentre vite à la maison avant d’atteindre le point de non-retour.
J’aime bien le moment où je cherche mon courrier 13h. Ou 14 h. Quoique. C’est pas plutôt le soir qu’il passe le tracteur ? Non le facteur.
Hier il s’est passé un truc inouï. J’ai reçu une lettre à mon nom tout bien sauf qu’au dos il y avait le nom de quelqu’un que je ne connais pas ! Faudra qu’il m’explique comment il a pu intervertir une enveloppe et son contenu l’acteur !!! Je n’aurai pas du lire. Mais la curiosité ! C’était signé ton fils qui pense à toi . Mais moi je n’ai pas de fils ! Faudra que je lui dise au percepteur. Ceci dit, ça m’a quand même fichu un sacré coup. Je ne sais pas pourquoi.
Le moment où je donne à manger aux chats : 20 heures est un moment qui me relaxe un peu. On dit que la compagnie des animaux, ç’est bon pour le moral. Et pour le mental.
Je confirme.
Ah sur, c’est pas comme la compagnie des humains. Regardez ma voisine. Ces derniers temps, tous les soirs elle m’attend dans notre courette commune. Pour le plaisir de m’assener ce scoop: je n’aurais pas de chats !!! Bon, c’est vrai en ce moment je ne les vois pas souvent, ils ont du trouver charmante compagnie. Pourvu qu’ils ne se fassent pas écraser !
Il y a des moments, j’ai l’impression de m’enfoncer dans la nuit dés le début de l’après midi. C’est curieux. Et angoissant. Les médicaments que je prends ?
Ah c’est bizarre de vieillir. Chaque jour qui passe, je me fatigue plus vite.
Je ne retrouve un peu d’énergie et de présence d’esprit qu’au moment où je me connecte sur vos écrits pour l’exercice environ 20 heures soixante quinze.
On pourrait aussi bien dire que je m’y déconnecte j’avoue ! L’écran me happe et m’aspire, je perds toute identité et les exos me font faire plein de choses incongrues (ce soir exo « Pédaler dans la choucroute ») ça me détend et tiens j’oublie tout à fait que la secrétaire mercredi dernier a prévenu mon doc de mon arrivée en lui disant : « c’est l’Alzheimer ».
Non c’est pas ça mon nom de famille ! Je me souviens encore de mon nom de famille quand même !
C’est pas grave ça peut arriver à tout le monde de se tromper.
En attendant, moi j’oublie la réalité jusqu’à au moins 23h quatre vingt douze. Et ça me relaxe les neurones.
Dur, dur, 6h du matin, je pars travailler.
Non en fait ce n’est pas si dur. Pas plus dur que le bruit de l’œuf sur le comptoir. A cette heure ci, j’ai encore l’impression de faire partie de ce monde. Tout me semble calme et comment dire, normal. Unité de lieu, d’action. Neurones en éveil. Le troquet.
6h30 du matin, je traverse la plaine des sports, je devrai dire la plaie des sports. Ce n’est pas mon truc. J’suis pas physique. Remarquez ça tombe bien, mon doc il me recommande plutôt l’entrainement cérébral.
Le moment où je me pose sur ma chaise de classe pour la première fois de la journée, le regard dans le vide, et il est seulement 7h50, est celui de la journée que je préférais. Avant.
Je me préparais comme on se prépare pour une corrida, j’enfilais mon habit de lumière et alignais mes banderilles. Ah ils pouvaient piaffer les jeunes taurillons, ils ne savaient jamais à l’avance comment tournerait l’affrontement et les heures s’écoulaient vaillantes et puissantes. Le soir, je quittais l’arène ensanglantée sous les hourras de la foule.
Maintenant, je fais juste en sorte de colmater les brèches. Je dispose mes notes sur mon bureau, au tableau mes antisèches, je ne travaille plus qu’à mi temps, quart de temps thérapeutique ils disent. Heureusement, ça fait trente ans que j’suis prof de maths, et résoudre des équations à plusieurs inconnues pour moi c’est du nanan, c’est me retrouver en lieu sur, émarger sur le terre ferme . Loin des replis secrets de l’espace temps qui m’hébergent parfois, de plus en plus souvent, en des lieux marécageux où rien n’est logique ni géométrique.
Le moment où je fais ma première pause café-cigarette vers 10h30, se profilent mes premiers tremblements, mes premières défaillances, oh imperceptibles…
Souvent, je m’en rends compte, je ne sais plus répondre quand un collègue me demande combien de sucres je veux. Quelle importance ? Quelle drôle d’idée de mettre du sucre dans son café comme de mettre de l’eau dans le gaz non, comme de sucrer les fraises.
Je sais que la fatigue accélère le processus et les heures qui tournent sur l’horloge me précipitent vers ce no man’s land , ce no mémories land où tout se complique. Je cherche mes allumettes. En vain. Je ne sais pas ce que je fais de mes allumettes. J’en prends tous les matins pourtant au troquet. Oui. Enfin je crois. Peut-être les ai-je troquées …
Enfin arrive le moment où je fais la queue à la cafét pour le déjeuner, vers 12h40. Et là parfois j’ai la tentation de faire demi-tour. Car je ne sais plus pourquoi j’ai décidé de ne plus manger à la cantine ! Et ça m’agace. Oh ça va me revenir. Suffit de réfléchir. Réfléchir. Mais ce n’est plus l’heure. Il faut alors que je rentre vite à la maison avant d’atteindre le point de non-retour.
J’aime bien le moment où je cherche mon courrier 13h. Ou 14 h. Quoique. C’est pas plutôt le soir qu’il passe le tracteur ? Non le facteur.
Hier il s’est passé un truc inouï. J’ai reçu une lettre à mon nom tout bien sauf qu’au dos il y avait le nom de quelqu’un que je ne connais pas ! Faudra qu’il m’explique comment il a pu intervertir une enveloppe et son contenu l’acteur !!! Je n’aurai pas du lire. Mais la curiosité ! C’était signé ton fils qui pense à toi . Mais moi je n’ai pas de fils ! Faudra que je lui dise au percepteur. Ceci dit, ça m’a quand même fichu un sacré coup. Je ne sais pas pourquoi.
Le moment où je donne à manger aux chats : 20 heures est un moment qui me relaxe un peu. On dit que la compagnie des animaux, ç’est bon pour le moral. Et pour le mental.
Je confirme.
Ah sur, c’est pas comme la compagnie des humains. Regardez ma voisine. Ces derniers temps, tous les soirs elle m’attend dans notre courette commune. Pour le plaisir de m’assener ce scoop: je n’aurais pas de chats !!! Bon, c’est vrai en ce moment je ne les vois pas souvent, ils ont du trouver charmante compagnie. Pourvu qu’ils ne se fassent pas écraser !
Il y a des moments, j’ai l’impression de m’enfoncer dans la nuit dés le début de l’après midi. C’est curieux. Et angoissant. Les médicaments que je prends ?
Ah c’est bizarre de vieillir. Chaque jour qui passe, je me fatigue plus vite.
Je ne retrouve un peu d’énergie et de présence d’esprit qu’au moment où je me connecte sur vos écrits pour l’exercice environ 20 heures soixante quinze.
On pourrait aussi bien dire que je m’y déconnecte j’avoue ! L’écran me happe et m’aspire, je perds toute identité et les exos me font faire plein de choses incongrues (ce soir exo « Pédaler dans la choucroute ») ça me détend et tiens j’oublie tout à fait que la secrétaire mercredi dernier a prévenu mon doc de mon arrivée en lui disant : « c’est l’Alzheimer ».
Non c’est pas ça mon nom de famille ! Je me souviens encore de mon nom de famille quand même !
C’est pas grave ça peut arriver à tout le monde de se tromper.
En attendant, moi j’oublie la réalité jusqu’à au moins 23h quatre vingt douze. Et ça me relaxe les neurones.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Gobu, un ton ironique et solennel à la fois, chapeau ! Mais, pour moi, cela n'apporte rien que le narrateur soit apparemment un chat, en fin de compte, au contraire je trouve que ça gâche quelque chose.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
19H40. L’heure où ma petite femme sort de la bouche de métro pour rejoindre l’appart, en théorie. Ou boire un verre, ça dépend. Ce jour là je l’attendais, c’était son anniversaire et donc une surprise. J’avais un bouquet de gros tournesols qui jetaient leurs pétales jaunes à la figure grise de la ville, c’était drôle et triste, ça sentait l’été et le diffuseur électrique du salon. Je n’osais pas descendre dans la bouche béante du métro, de peur que la grisaille, l’odeur poisseuse et moite, et le teint cireux des voyageurs ne viennent ternir mes fleurs. Au bout d’une heure et à contrecœur, je me résolus à aller à la presque-rencontre de Jeanne, ne la voyant pas venir. Je regardais les gens frappés par le poids de leur journée, happés par le bout de la langue-escalator. « Ils ne m’auront pas ! » je me disais. J’empruntai alors les escaliers, esquivant les têtes, au dessus desquelles se balançaient joyeusement les tournesols. Mais, les deux pieds enfin au sol, quelque chose me chiffonna. Je décidai alors de remonter et de redescendre. Même sensation. Je décidai alors de remonter et de redescendre à nouveau. J'avais compris. Il n’y avait que 31 marches, au lieu des 32 habituelles. « 31 ! » je m’exclamai. C’était impossible, les escaliers étaient toujours pairs. Celui-là avait toujours eu 32 marches, depuis que j’étais gosse. Il y avait un ouvrier avec un casque jaune.
- Excusez-moi, vous n’avez pas vu la dernière marche ?
- La dernière marche ? Il me dit.
- Oui ? Il y en avait 32, il en manque une là
- Ah ?
- Oui, il faudrait peut-être faire quelque chose
- Ben je ne sais pas, vous savez, moi, je suis un exécutant, il faudrait voir ça avec mon responsable, on n’est pas concertés nous, pour toutes ces affaires là.
- Bon… Je vais écrire au service de disparition, et signaler ça.
C’était un comble quand même, ces marches qui disparaissaient. Sans compter que je me demandais où pouvaient bien être les personnes qui étaient pile dessus à la seconde où elles avaient disparues. Mangés par la rame ? Réincarnés en tickets ? Retenus en otage par des terroristes aux méthodes physico-nucléaires ?
C’était inquiétant quand même, prendre le métro et disparaitre comme ça. On ne sait même pas où.
Peut-être valait-il mieux prendre l’ascenseur dorénavant.
J’attendais près de la bouche d’aération pour ne pas trop traumatiser les tournesols, en faisant des rotations régulières pour que chacune des fleurs ait son bol filtré d’air pur.
Je commençais un peu à m’inquiéter de ce retard, qui n’était pas dans ses habitudes. Et puis soudain une idée m’a glacé le sang. Oui, c’était ça, j’avais comme des blocs de glace dans les membres qui m’empêchaient de bouger et, s’entrechoquant, qui me faisaient trembler de la tête aux pieds.
Les tournesols sont tombés dans un fracas léger.
J’ai composé son numéro de mes doigts froids, m’y reprenant à deux fois. Ou dix fois peut-être. Il y a pas eu de tonalité mais une voix mécanique m’a répondu « nous sommes désolés, votre correspondant n’existe pas ».
- Excusez-moi, vous n’avez pas vu la dernière marche ?
- La dernière marche ? Il me dit.
- Oui ? Il y en avait 32, il en manque une là
- Ah ?
- Oui, il faudrait peut-être faire quelque chose
- Ben je ne sais pas, vous savez, moi, je suis un exécutant, il faudrait voir ça avec mon responsable, on n’est pas concertés nous, pour toutes ces affaires là.
- Bon… Je vais écrire au service de disparition, et signaler ça.
C’était un comble quand même, ces marches qui disparaissaient. Sans compter que je me demandais où pouvaient bien être les personnes qui étaient pile dessus à la seconde où elles avaient disparues. Mangés par la rame ? Réincarnés en tickets ? Retenus en otage par des terroristes aux méthodes physico-nucléaires ?
C’était inquiétant quand même, prendre le métro et disparaitre comme ça. On ne sait même pas où.
Peut-être valait-il mieux prendre l’ascenseur dorénavant.
J’attendais près de la bouche d’aération pour ne pas trop traumatiser les tournesols, en faisant des rotations régulières pour que chacune des fleurs ait son bol filtré d’air pur.
Je commençais un peu à m’inquiéter de ce retard, qui n’était pas dans ses habitudes. Et puis soudain une idée m’a glacé le sang. Oui, c’était ça, j’avais comme des blocs de glace dans les membres qui m’empêchaient de bouger et, s’entrechoquant, qui me faisaient trembler de la tête aux pieds.
Les tournesols sont tombés dans un fracas léger.
J’ai composé son numéro de mes doigts froids, m’y reprenant à deux fois. Ou dix fois peut-être. Il y a pas eu de tonalité mais une voix mécanique m’a répondu « nous sommes désolés, votre correspondant n’existe pas ».
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Kilis, dommage, le gars est "retraité"... Sinon, le texte lui-même ne m'a guère convaincue, je n'ai pas trop vu l'intérêt.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Rebecca, j'ai beaucoup aimé la progression du texte ! Bien vu, je trouve.
Procuste- Nombre de messages : 482
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Gobu, pour une fois, me voici un peu moins séduite que d'habitude avec toi. Non pas que la démonstration ne tienne pas la route, mais je la trouve un peu trop limpide, trop démonstrative aussi, manquant de subtilité et de mystère. Question de goûts et rien d'autre, bien sûr, mais ça me parle moins, même si j'aime cette insistance sur un moment précis.
Kilis, avec "je suis retraité", le sexe de la narration transparaît. Idem avec "j’ai été choisi, élu". Dommage.
Ceci mis à part, j'aime bien le déroulement de cette histoire faussement simple, cette existence routinière qui prend un tour nouveau. Et je n'ai pas de suite pensé à un revolver en te lisant mais à un morceau de chair, entre autres.
Kilis, avec "je suis retraité", le sexe de la narration transparaît. Idem avec "j’ai été choisi, élu". Dommage.
Ceci mis à part, j'aime bien le déroulement de cette histoire faussement simple, cette existence routinière qui prend un tour nouveau. Et je n'ai pas de suite pensé à un revolver en te lisant mais à un morceau de chair, entre autres.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Lyra will, une histoire comme j'aime ! (Sauf le dialogue à la Devos qui m'a un poil agacée, mais c'est moi.)
Procuste- Nombre de messages : 482
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Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Hali !
J'aime bien! D'autant que la fin laisse la liberté d'imaginer qu'il est persécuté par les méchants voisins et inconnus, ou, plus probable, qu'il ne reçoit jamais rien. Du coup ça laisse un goût amer, un peu triste, mais le ton du gars un peu bourru, sur la défensive et duquel on perçoit un bout de fragilité, j'aime bien tout ça :0)
J'aime bien! D'autant que la fin laisse la liberté d'imaginer qu'il est persécuté par les méchants voisins et inconnus, ou, plus probable, qu'il ne reçoit jamais rien. Du coup ça laisse un goût amer, un peu triste, mais le ton du gars un peu bourru, sur la défensive et duquel on perçoit un bout de fragilité, j'aime bien tout ça :0)
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
ah je connais pas assez Devos :0)Procuste a écrit:Lyra will, une histoire comme j'aime ! (Sauf le dialogue à la Devos qui m'a un poil agacée, mais c'est moi.)
mais il faut que j'aille voir!
Re: Exercice en direct mardi 26 octobre 2010, 20 heures 30
Je dis ça, c'est marrant j'ai identifié direct ton personnage à un homme, mais je ne crois pas que tu l'avais suggéré :0)Lyra will a écrit:Hali !
J'aime bien! D'autant que la fin laisse la liberté d'imaginer qu'il est persécuté par les méchants voisins et inconnus, ou, plus probable, qu'il ne reçoit jamais rien. Du coup ça laisse un goût amer, un peu triste, mais le ton du gars un peu bourru, sur la défensive et duquel on perçoit un bout de fragilité, j'aime bien tout ça :0)
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