Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)

Lizzie a écrit:Je ne sais pas trop où poster ceci, donc je le dépose ici. Je suis plongée dans « Naissance d’un pont », de Maylis de Kerangal, et dans la série : « les phrases longues des auteurs contemporains », ce livre vaut son pesant de cacahouètes.

C’est irritant, mais finalement envoutant. Je ne sais pas si un extrait vous « parlera », mais rien que de la copier, cette phrase, c’était un vrai exercice de mémoire (par petits bouts, bien sûr ;)…

« Rouler lentement, d’abord longer le fleuve, sur deux miles suivre la piste asphaltée noire qui faufile la rivière gelée, ferme et intense comme si tracée à l’encre de Chine contre le glauque incertain des eaux statiques, passer le Financial District juvénile, coruscant, hérissé de ses grues trop hautes, trop rouges, trop neuves, un adolescent en pleine poussée de croissance voilà à quoi il fait penser, laisser le Park à main gauche, se promettre d’aller y trainer au retour des beaux jours, d’aller voir si on y troque autant qu’on le dit- une imprimante HP contre un pouf marocain clouté à Meknès, une édition du Village Voice contre des moules à muffins, une pipe à eau contre une couette Ikéa-, si on y trafique, si on s’y prostitue autant qu’on le dit, si on s’y dépense – arts martiaux en sous-bois, cerfs-volants en prairie, balle aux prisonniers, course et foot partout-, si on y fait l’amour dans des vapeurs de joints, compactés dans des trips d’acide sur fond de musique planante ou désolidarisés alanguis sous les amples feuilles vertes, molles et très accueillantes des bananiers, si on y entend des poètes en jean baggy et tongs fluo psalmodier la langue des hiboux tressée dans celle des capitalistes, si on s’y organise politiquement, si on y danse sur des tombes indiennes, si on y prie, voire enfin si la zone fabrique une utopie au cœur de Coca, une clairière où fluctuerait la parole débridée, une trouée où se reformulerait le monde, et Diderot qui pédale de mieux en mieux caresse du regard ses frondaisons poudrées de neige, les Black Oaks de Californie aux reflets de bronze et l’or crayeux des ginkgos, file contre la muraille qui respire, floconneuse, et ceinture ce parc sans grille et sans grillage -, alors prendre son élan et s’engager sur le boulevard qui serpente à flanc de vallée, respirer et inspirer régulièrement, ne pas forcer surtout, ne pas gaspiller ses forces, ne pas se précipiter, mais grimper en cadence, attendre pour changer de vitesse, quand la côte atteint un pourcentage idoine, basculer sur le plateau adéquat sans pour autant pédaler plus fort, profiter des virages, passer les Mac Donald’s, les Trader Joe’s, les Wallgreen et les Safeways, et une fois parvenu en haut du boulevard, alors seulement, tourner à droite et gagner le promontoire circulaire qui avance dans le vide, balcon qui domine la vallée, la ville, le fleuve, le dôme de la forêt derrière, descendre de vélo, décrocher la gourde et boire l’eau qui aura pris ce goût de métal qui est pour Diderot la saveur même de Coca, embrasser le paysage blanchi, scintillant sous le soleil dur, et mesurer le chemin parcouru, c’est la première halte. »

Voilà. Franchement, n’est-ce-pas exagéré ? En même temps, lisez-le à haute voix, ça se tient, non ?

Lizzie a écrit:Tout à fait d'accord avec toi. Réhabilitons le point virgule ! Quand je tente de l'utiliser, j'ai l'impression de jouer à la snob, et pourtant, ni point, ni virgule, respiration et continuité: je ne comprends pas sa désaffection.
Bon, en même temps, les phrases courtes, pour une débutante, c'est tout de même moins casse-gueule...

Lizzie a écrit:Tout à fait d'accord avec toi. Réhabilitons le point virgule ! Quand je tente de l'utiliser, j'ai l'impression de jouer à la snob, et pourtant, ni point, ni virgule, respiration et continuité: je ne comprends pas sa désaffection.
Bon, en même temps, les phrases courtes, pour une débutante, c'est tout de même moins casse-gueule...

Yali a écrit:Bonjour toutes et tous,
cette semaine ça commence un mardi et fini un vendredi. La semaine prochaine ça commence un vendredi et fini un… vendredi :-)

Yali a écrit:La semaine prochaine ça commence un vendredi et fini un… vendredi :-)

Spoiler:

coline Dé a écrit:

Spoiler:

grieg a écrit:bonjour

je bosse un texte que je n'écrirai jamais pour que bertrand me commente

Yali a écrit:Bon, on va se la boire cette mousse Pierre ?